Homélie du pape François lors de la veillée de prière pour la Famille

Pope-Francis-Prayer-Vigil

Le 4 octobre 2014, le pape François a présidé une vigile de prières précédant le Synode extraordinaire des évêques sur la famille. Ci-dessous, le texte intégral de son discours

Chères familles, bonsoir !

Le soir descend désormais sur notre assemblée. C’est l’heure où l’on rentre volontiers chez soi pour se retrouver à la même table, entouré par la présence des liens d’affection, du bien accompli et reçu, des rencontres qui réchauffent le cœur et le font croître, comme un bon vin qui anticipe au cours de l’existence de l’homme la fête sans crépuscule.

C’est aussi l’heure la plus douloureuse pour celui qui se retrouve en tête à tête avec sa propre solitude, dans le crépuscule amer de rêves et de projets brisés : combien de personnes traînent-elles leurs journées sur la voie sans issue de la résignation, de l’abandon, voire de la rancœur ; dans combien de maisons est venu à manquer le vin de la joie et donc la saveur — la sagesse même — de la vie… Ce soir, nous nous faisons la voix des uns et des autres à travers notre prière, une prière pour tous.

Il est significatif que — également dans la culture individualiste qui dénature et rend les liens éphémères — en chaque personne née d’une femme demeure vivant un besoin essentiel de stabilité, d’une porte ouverte, de quelqu’un avec qui tisser et partager le récit de la vie, d’une histoire à laquelle appartenir. La communion de vie assumée par les époux, leur ouverture au don de la vie, la protection réciproque, la rencontre et la mémoire des générations, l’accompagnement éducatif, la transmission de la foi chrétienne aux enfants… : à travers tout cela la famille continue à être une école sans égal d’humanité, contribution indispensable à une société juste et solidaire (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, nn. 66-68). Et plus ses racines sont profondes, plus il est possible de sortir et d’aller loin dans la vie, sans s’égarer ni se sentir étranger dans aucune terre. Cet horizon nous aide à saisir l’importance de l’Assemblée synodale qui s’ouvre demain.

Le fait de convenire in unum autour de l’Évêque de Rome est déjà un événement de grâce, dans lequel la collégialité épiscopale se manifeste sur un chemin de discernement spirituel et pastoral. Pour rechercher ce qu’aujourd’hui, le Seigneur demande à son Église, nous devons prêter l’oreille au pouls de cette époque et percevoir l’« odeur » des hommes d’aujourd’hui, jusqu’à rester imprégnés de leurs joies et de leurs espérances, de leurs tristesses et de leurs angoisses (cf. Gaudium et spes, n. 1). C’est alors que nous saurons proposer de manière crédible la bonne nouvelle sur la famille.

En effet, nous savons que dans l’Évangile, il existe une force et une tendresse capables de vaincre ce qui suscite la tristesse et la violence. Oui, dans l’Évangile se trouve le salut qui comble les besoins les plus profonds de l’homme ! De ce salut — œuvre de la miséricorde de Dieu et de sa grâce —, nous sommes en tant qu’Église le signe et l’instrument, le sacrement vivant et efficace (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 112). S’il n’en était pas ainsi, notre édifice ne serait qu’un château de cartes et les pasteurs se réduiraient à des clercs de la fonction publique, sur les lèvres desquels le peuple chercherait en vain la fraîcheur et le « parfum de l’Évangile » (ibid., n. 39).

C’est ainsi qu’apparaissent, dans ce cadre, les contenus de notre prière. Nous demandons tout d’abord à l’Esprit Saint pour les pères synodaux, le don de l’écoute : écoute de Dieu jusqu’à entendre avec Lui le cri du peuple ; écoute du peuple, jusqu’à y respirer la volonté à laquelle Dieu nous appelle. À côté de l’écoute, nous invoquons la disponibilité à une confrontation sincère, ouverte et fraternelle, qui nous conduise à prendre en charge avec responsabilité pastorale les interrogations que ce changement d’époque apporte avec lui. Laissons-les se déverser dans notre cœur, sans jamais perdre la paix, mais avec la confiance sereine que le moment venu le Seigneur ne manquera pas de reconduire à l’unité. L’histoire de l’Église — nous le savons — ne nous raconte-t-elle pas tant de situations semblables, que nos pères ont su surmonter avec une patience obstinée et créativité ?

Le secret se trouve dans un regard : et il s’agit du troisième don que nous implorons par notre prière. Car, si nous voulons vraiment contrôler notre allure sur le terrain des défis contemporains, la condition décisive est de garder le regard fixé sur Jésus Christ, de s’arrêter dans la contemplation et dans l’adoration de sa face. Si nous assumons sa manière de penser, de vivre et de se mettre en relation, nous n’aurons pas de difficultés à traduire le travail synodal en orientations et en parcours pour la pastorale de la personne et de la famille. En effet, chaque fois que nous revenons à la source de l’expérience chrétienne, de nouvelles routes et des possibilités impensables s’ouvrent. C’est ce que laisse deviner l’indication évangélique : « Tout ce qu’il vous dit, faites-le » (Jn 2, 5). Ce sont des mots qui contiennent le testament spirituel de Marie, « l’amie toujours attentive pour que le vin ne manque pas dans notre vie » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 286). Faisons-les nôtres !

Dès lors, les trois choses: notre écoute et notre confrontation sur la famille, aimée avec le regard du Christ, deviendront une occasion providentielle pour renouveler — à l’exemple de saint François — l’Église et la société. Avec la joie de l’Évangile, nous retrouverons l’allure d’une Église réconciliée et miséricordieuse, pauvre et amie des pauvres ; une Église en mesure de «vaincre dans la patience et la charité les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans» (Conc. œcum. Vat. ii, Const. dogm. sur l’Église Lumen gentium, n. 8).

Que le Vent de la Pentecôte puisse souffler sur les travaux synodaux, sur l’Église, sur l’humanité tout entière. Qu’il dénoue les nœuds qui empêchent les personnes de se rencontrer, qu’il guérisse les blessures qui saignent tant, qu’il rallume l’espérance ; il y a tant de personnes sans espérance ! Qu’il nous accorde cette charité créative qui permet d’aimer comme Jésus a aimé. Et notre annonce retrouvera la vivacité et le dynamisme des premiers missionnaires de l’Évangile.

Homélie du pape François (messe d’action de grâce pour saints François de Laval et Marie de l’Incarnation)

francis_maryDimanche 12 octobre 2014

Nous avons écouté la prophétie d’Isaïe : « Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages… » (Is 25, 8). Ces paroles, pleines de l’espérance de Dieu, indiquent le but, montrent l’avenir vers lequel nous sommes en chemin. Sur cette route, les saints nous précèdent et nous guident. Ces paroles esquissent aussi la vocation des hommes et des femmes missionnaires.

Les missionnaires sont ceux qui, dociles à l’Esprit Saint, ont le courage de vivre l’Évangile. Et aussi cet Évangile que nous venons d’entendre : « Allez donc aux croisées des chemins » – dit le roi à ses serviteurs (Mt 22, 9). Et les serviteurs sortirent et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvaient, « les mauvais comme les bons », pour les conduire au banquet des noces du roi (cf. v. 10).

Les missionnaires ont accueilli cet appel : ils sont sortis pour appeler tous les gens, aux carrefours du monde ; et ainsi ils ont fait beaucoup de bien à l’Église, parce que si l’Église s’arrête et se ferme, elle tombe malade, on peut la corrompre, aussi bien par les péchés que par la fausse science séparée de Dieu, qu’est le sécularisme mondain.

Les missionnaires ont tourné leur regard vers le Christ crucifié, ils ont accueilli sa grâce et ils ne l’ont pas gardée pour eux. Comme saint Paul, ils se sont faits tout à tous ; ils ont su vivre dans la pauvreté et dans l’abondance, être rassasiés et souffrir de la faim ; ils pouvaient tout en celui qui leur donnait la force (cf. Ph 4, 12-13). Et avec cette force de Dieu, ils ont eu le courage de “sortir” sur les routes du monde mettant leur confiance dans le Seigneur qui appelle. Telle est la vie d’un missionnaire, d’une missionnaire… Et pour ensuite finir loin de la maison, loin de sa propre patrie ; tant de fois tués, assassinés ! Comme c’est arrivé, ces derniers jours, à tant de nos frères et sœurs.

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Célébration eucharistique à l’occasion du 350e anniversaire de fondation de la paroisse Notre-Dame de Québec

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Homélie de Monsieur le Cardinal Jaime Lucas Ortega y Alamino
Archevêque de San Cristobal de La Havane
Envoyé spécial de Sa Sainteté le Pape François

Basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, Québec, le 14 septembre 2014

Chers frères et sœurs, chers amis,

À la veille de la date qui commémore le 350e anniversaire de l’établissement de la première paroisse en Amérique du Nord, au nord des colonies espagnoles, l’Église célèbre la Fête de la Croix Glorieuse. La croix, comme instrument de torture, dans le temps où les vieux empires l’ont employée comme supplice des délinquants, ennemis ou pauvres déclassés, condamnés à mort, a toujours été signe d’ignominie, de cruauté et de haine. Quand on évoque, par contre, un événe- ment glorieux comme le triomphe d’un artiste ou la réussite d’un homme de science, dont ses découvertes bénéficient à l’humanité, nos sentiments sont de gratitude, de joie, de louange.

C’est seulement après que le Christ eut souffert sur la Croix, en nous montrant les côtés les plus nobles de l’être humain : l’amour sans limites, le pardon, le don de soi, l’abandon dans les mains de Dieu, la paix spirituelle que nous avons pu concilier Croix et Gloire. Parce que Jésus nous a montré comment, dans l’abîme de la solitude et de la souffrance, nous pouvons trouver la gloire, si on laisse de côté le désespoir, l’angoisse, les réactions violentes et inutiles, pour rencon- trer la paix, là où la douleur est plus profonde et lacérante, quand la réalité devient décevante ou inexplicable et que l’on s’abandonne entre les mains de Dieu.

Seule la Croix peut concilier les contraires. C’est seulement en regardant vers la Croix que nous pouvons guérir nos blessures et retrouver l’espérance, comme l’a fait le peuple de Dieu au désert, quand Moïse a dressé au sommet d’un mât un serpent de bronze. Alors, tous ceux qui étaient mordus par les serpents guérissaient de leurs morsures empoisonnées en regardant vers ce signe.

La Croix nous abîme et nous redresse ; la Croix nous guérit et nous sauve. Jésus, élevé sur la Croix, nous attire. Son amour sans limites nous réconcilie avec nous-mêmes et avec les autres. Quand notre regard se fixe sur la Croix, nous sommes sauvés du naufrage de la vie. Nous deve- nons capables de reprendre courage pour trouver des réponses à nos questions toujours nouvelles, toujours les mêmes.

Chers frères et sœurs, il y a plus de 400 ans, sur le paysage exubérant des lacs et des mon- tagnes, des bois et des prairies de cette terre merveilleuse du Canada, blanche ou verte, rouge et jaune, fût dressée la Croix du Christ. Sur cette Croix, mise en haut par les évangélisateurs de la première heure, les porteurs eux-mêmes de la Bonne Nouvelle furent immolés. Ils ont subi le martyre, des années avant la création de la paroisse Notre-Dame de Québec. Leur sang a fécondé cette terre canadienne qui a produit tant de fruits de sainteté et d’amour chrétien. Les bénéfi- ciaires de cette récolte ont été, en premier lieu, les fils et les filles du peuple laborieux, braves et renchéris de la Nouvelle-France, qui a su faire face à la dureté du climat et aux avatars d’une his- toire particulière et pleine de changements, dans laquelle la foi chrétienne a été la flamme pour réchauffer la froideur des cœurs, la lumière qui, à travers les ombres des longs hivers, a empêché qu’on perde de vue l’amour familial, la valeur personnelle et sociale du travail, la solidarité comme peuple désireux de garder sa culture, sa langue, ses belles traditions qui se sont toutes affermies sur la foi catholique.

Cette foi a été vécue autour des églises paroissiales où les prêtres ont dû assumer alors, pour l’accompagnement pastoral de son peuple, beaucoup de rôles de suppléances. Ainsi, mon- sieur le curé était en même temps le médecin, le banquier, le juge et l’avocat. Dans des lieux voi- sins à l’église paroissiale, après la messe du dimanche, se réglaient entre chrétiens les problèmes des piquets de clôtures déplacés sur la propriété d’un autre cultivateur, ou se vendaient et s’achetaient des agneaux et des vaches. C’est le Canada français que j’ai encore connu dans les temps où mes confrères du Séminaire des Missions Étrangères de Pont-Viau m’invitaient chez- eux pour les vacances d’été et pour y « faire les foins » en famille. C’est sûrement un Québec merveilleux et dépassé, quand les familles étaient nombreuses et les soirées de famille inou- bliables. Là, on racontait des histoires et tous chantaient, les plus vieux avec nostalgie, et les plus jeunes avec espérance : «Le ciel est bleu, réveille-toi, c’est un jour nouveau qui commence ».

Chers frères et sœurs canadiens : 350 ans après l’établissement de la première paroisse du Québec, Mgr François de Laval, votre saint évêque fondateur, un missionnaire inlassable qui est mort en nous laissant le témoignage d’un grand pasteur, semble vous inviter à commencer un jour nouveau dans votre vie chrétienne. Avec lui, et avec le Pape François, je veux vous dire à chacun de vous, chers québécois, chers canadiens : « Réveille-toi, un jour nouveau commence » au vingt-et-unième siècle pour l’Église du Québec, pour l’Église du Canada. Cela ne veut pas dire que le passé doit être oublié et encore moins rejeté. Un peuple qui oublie ou rejette son passé peut se dissoudre dans les structures rigides et monotones d’un monde global sans visage, ni figure et perdre son identité.

Il y a des structures et des façons d’agir qui furent valables pour le temps passé, quoiqu’on y trouve aujourd’hui les ombres qui accompagnent toujours la lumière. Mais cela a été le moyen que les anciennes générations ont trouvés pour proposer et soutenir des valeurs personnelles, fa- miliales et sociales, pour développer des attitudes et comportements humains qui constituent au- jourd’hui le riche patrimoine de votre peuple, et pour cultiver chez les peuples les vertus chré- tiennes, vécues parfois de façon héroïque, comme en témoigne la vie lumineuse des premiers missionnaires, prêtres et religieuses, et d’autres chrétiens qui les ont suivis. Quelques-uns d’entre eux sont inscrits au catalogue des saints et saintes : Saint François de Laval, Sainte Marie de l’Incarnation et les bienheureuses Marie-Catherine de Saint-Augustin et Dina Bélanger.

Mais il y a aussi un bon nombre de prêtres, religieux, religieuses et laïcs, hommes et femmes, pères et mères de famille, qui se sont sanctifiés dans l’anonymat de la vie quotidienne. Ils ont dressé très haut la Croix glorieuse du Christ, et non pas seulement devant vous, Canadiens, car l’ombre de la Croix, portée par vos missionnaires, a couvert de vastes régions du monde. L’Amérique latine et les Caraïbes, l’Afrique et l’Asie ont connu l’ardeur missionnaire de l’Église du Québec à travers des prêtres, religieux et religieuses, qui sont venus partager la vie et la souf- france de ces peuples pour annoncer l’Évangile.

Ma présence ici est celle d’un bénéficiaire de cet esprit missionnaire de l’Église québécoise qui a amené à Cuba, aux années cinquante du siècle passé, presque une centaine de prêtres des Missions Étrangères de la Province de Québec et plus d’une centaine de religieuses de différentes congrégations de cette même Province. Les Prêtres des Missions Étrangères étaient responsables du Petit Séminaire de mon Diocèse où j’ai fait quatre ans d’études avant de venir à Montréal pour étudier la théologie chez-eux au Séminaire de Pont-Viau.

Tout cela a créé des liens d’amitié et de gratitude de ma part envers l’Église de la Province de Québec, et spécialement envers les chers prêtres missionnaires avec lesquels j’ai fait non pas seulement mes études, mais dont j’ai reçu, dans le climat missionnaire du Séminaire de Pont- Viau, l’esprit évangélisateur que j’ai conservé, grâce au Seigneur, jusqu’à mon cinquantième an- niversaire d’ordination sacerdotale.

C’est pourquoi le Pape François, connaisseur de ma relation spéciale à cette Église du Canada, a voulu me désigner son délégué pour cette célébration. Dans la lettre que le Saint-Père m’a adressée pour me confier cet honneur, il fait une référence concrète à la mission évangélisatrice de l’Église et me demande d’exhorter spécialement les prêtres à la mission. C’est ce que je fais en pensant plutôt à cette nouvelle évangélisation que vous devez déployer en votre pays. Le Québec, qui se trouve en Amérique et n’a pas beaucoup plus de 350 années de vie ecclésiale, est cepen- dant un pays de vieille chrétienté, parce qu’il fut fondé par des catholiques venus de la France, considérée en ce temps encore un pays catholique, car il n’avait pas subi les grands ébranlements produits dans d’autres régions de l’Europe par la réforme protestante. L’Église du Québec fut donc établie selon le modèle de vie ecclésiale existant en France. Mais plus tard, quand les mou- vements sociaux et la révolution ont agité la France et toute l’Europe continentale, l’Église du Québec fut protégée des effets de ces événements, car le Canada s’était détaché de la France avant qu’ils se produisent.

Donc, c’est le mouvement séculariste tardif du XXe siècle qui a secoué le Canada, et très spécialement le Québec, le responsable des conditions de déchristianisation qu’on y trouve. Celles-ci sont semblables à celles qu’on trouve dans d’autres parties du monde dans des pays de vieilles chrétientés, mais avec les particularités propres de votre histoire. C’est pourquoi, de façon semblable aux pays de vieille tradition chrétienne, il faut déployer ici un actif processus d’évangélisation. C’est cette seconde évangélisation à laquelle le Saint Père invite toute l’Église et très spécialement les prêtres qui doivent être les premiers évangélisateurs.

Chers prêtres : la mission commence aujourd’hui par les voisins du presbytère. Le Pape François emploie souvent la phrase : « il faut sortir », en référence aux prêtres et aux chrétiens qui intègrent les communautés catholiques. Oui, il faut sortir de l’église, il faut traverser la rue, il faut aller vers les quartiers éloignés pour rencontrer les gens, en commençant par les plus pauvres, les personnes âgées, les malades, les marginaux, les égarés, sans oublier évidemment les jeunes et les familles qui vous entourent.

Quand le Pape François nous envoie aux périphéries, il ne veut pas dire seulement les cein- tures de misère matérielle qui entourent les grandes villes. Le Saint Père parle aussi des périphé- ries culturelles, des périphéries de la foi, de l’incroyance, de l’addiction, du péché. Ces périphé- ries, on les découvre tout près de nous, quand nous « sortons de nous-mêmes » pour devenir ca- pables de voir, avec les yeux de la foi, les hommes et les femmes qui nous entourent. Nous com- prenons alors qu’ils nous attendent, sans même le savoir.

Chers frères et sœurs, la crise de l’Église dans le monde actuel est une crise de foi. La foi est en même temps don de Dieu et réponse de l’homme. Donc, nous devons la demander hum- blement : « Seigneur, je crois, mais augmente ma foi ». De notre part, nous devons nous propo- ser de vivre la foi, de cette foi en Jésus Christ, qui a vaincu la mort sur la Croix glorieuse qui se dresse devant nous en cette fête comme signe de salut et source d’espérance.

Tout près de la Croix était la Vierge Marie et le disciple que Jésus a tant aimé. Cette pre- mière paroisse du Québec a été mise sous la protection de Notre-Dame, la Vierge Marie. Jésus nous l’a donnée comme Mère du haut de la Croix. Marie est l’étoile qui, dans l’aube de l’évangélisation, précède toujours le Christ. Demandons à Notre-Dame d’ouvrir les chemins de l’Évangile aux disciples qui veulent s’engager ici, dans la foi, à cette nouvelle évangélisation, la deuxième annonce du Christ Sauveur que le peuple canadien attend de vous et dont il a besoin pour rencontrer le chemin de cette plénitude de vie et d’espérance qui peut venir seulement du Christ Sauveur.

À Lui tout honneur et toute gloire, dans les siècles des siècles.

Messe pour la Paix et la Réconciliation

Capture d’écran 2014-08-17 à 21.19.48Homélie de Sa Sainteté le Pape François
Cathédrale di Myeong-dong
Séoul
18 août 2014

Chers frères et soeurs,

Mon séjour en Corée arrive à son terme et je ne peux que remercier Dieu pour les nombreuses bénédictions qu’il a accordées à ce pays bien-aimé et, de manière particulière, à l’Église en Corée. Parmi ces bénédictions, je conserve particulièrement l’expérience, vécue ensemble ces derniers jours, de la présence de nombreux jeunes pèlerins provenant de toute l’Asie. Leur amour pour Jésus et leur enthousiasme pour la diffusion de son Règne ont été une inspiration pour tous.

À présent, ma visite culmine avec cette célébration de la Messe, au cours de laquelle nous implorons de Dieu la grâce de la paix et de la réconciliation. Cette prière a une résonnance particulière dans la péninsule coréenne. La messe d’aujourd’hui est surtout et principalement une prière pour la réconciliation de cette famille coréenne. Dans l’Évangile, Jésus nous dit combien puissante est notre prière quand deux ou trois sont réunis en son nom pour demander quelque chose (cf. Mt 18, 19-20). À plus forte raison quand un peuple entier élève sa supplication pressante vers le ciel !

La première lecture présente la promesse de Dieu de restaurer dans l’unité et dans la prospérité un peuple dispersé par le malheur et la division. Pour nous, comme pour le peuple d’Israël, c’est une promesse pleine d’espérance : elle indique un avenir que, dès à présent, Dieu prépare pour nous. Cependant, cette promesse est inséparablement liée à un commandement : le commandement de revenir vers Dieu et d’obéir de tout cœur à sa loi (cf. Dt 30, 2-3). Le don divin de la réconciliation, de l’unité et de la paix est inséparablement lié à la grâce de la conversion : il s’agit d’une transformation du cœur qui peut changer le cours de notre vie et de notre société, comme individus et comme peuple. [Read more…]

Messe de clôture de la Sixième Journée Asiatique de la Jeunesse

clsoing

Homélie de Sa Sainteté le Pape François

Messe de clôture de la Sixième Journée Asiatique de la Jeunesse
Haemi Castle
17 août 2014

Chers jeunes amis,

La gloire des martyrs brille sur vous ! Ces mots – une partie du thème de la Sixième Journée Asiatique de la Jeunesse – nous consolent et nous fortifient tous. Jeunes d’Asie : vous êtes les héritiers d’un grand témoignage, un témoignage précieux rendu au Christ. Il est la lumière du monde ; il est la lumière de nos vies ! Les martyrs de Corée – et d’innombrables autres à travers l’Asie – ont livré leurs corps aux persécuteurs ; à nous, ils ont offert un témoignage impérissable du fait que la lumière de la vérité du Christ dissipe toutes ténèbres et que l’amour du Christ est glorieusement triomphant. Avec la certitude de la victoire sur la mort et notre participation à cette victoire, nous pouvons affronter le défi d’être disciples du Christ aujourd’hui, dans des circonstances qui nous sont propres et en notre temps.

Les mots sur lesquels nous venons de réfléchir constituent une consolation. L’autre partie du thème de ce jour – Jeunesse de l’Asie, lève-toi ! – vous parle d’un devoir, d’une responsabilité. Considérons un moment chacune de ces paroles.

En premier lieu, le mot ‘‘Asiatique’’. Vous êtes réunis ici en Corée venant de toute l’Asie. Chacun d’entre vous a une place unique et une situation dans lesquelles vous êtes appelés à refléter l’amour de Dieu. Le continent asiatique, doté de riches traditions philosophiques et religieuses, reste un vaste domaine pour votre témoignage au Christ, ‘‘le chemin, la vérité et la vie’’ (Jn 14, 6). Comme jeunes non seulement en Asie, mais aussi comme fils et filles de ce grand continent, vous avez le droit et le devoir de prendre part à la vie de vos sociétés. N’ayez pas peur d’apporter la sagesse de la foi dans chaque domaine de la vie sociale ! [Read more…]

Messe et béatification de Paul Yun ji-Chung et de ses 123 compagnons martyrs

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Homélie de Sa Sainteté le pape François

Messe pour la béatification des martyrs de Corée
Séoul, 16 août 2014

« Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? » (Rm 8, 35). Par ces paroles, saint Paul nous parle de la gloire de notre foi en Jésus : non seulement le Christ est ressuscité des morts et est monté au ciel, mais il nous a unis à lui, nous rendant participants de sa vie éternelle. Le Christ est victorieux et sa victoire est la nôtre !

Aujourd’hui nous célébrons cette victoire en Paul Yun Ji-chung et en ses 123 compagnons. Leurs noms s’ajoutent à ceux des saints martyrs André Kim Taegon, Paul Chong Hasang et leurs compagnons, auxquels je viens de rendre hommage. Tous ont vécu et sont morts pour le Christ et maintenant ils règnent avec lui dans la joie et la gloire. Avec saint Paul ils nous disent que, dans la mort et la résurrection de son Fils, Dieu nous a donné la victoire la plus grande de toutes. En effet, « ni la mort, ni la vie, ni les hauteurs ni les abîmes, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 38-39).

La victoire des martyrs, leur témoignage rendu à la puissance de l’amour de Dieu, continuent à porter des fruits encore aujourd’hui en Corée, dans l’Église qui grandit par leur sacrifice. La célébration du bienheureux Paul et de ses compagnons nous donne l’occasion de revenir aux premiers moments, aux aurores de l’Église en Corée. Elle vous invite, catholiques coréens, à rappeler les grandes choses que Dieu a faites en cette terre, et à garder comme un trésor l’héritage de foi et de charité que vos ancêtres vous ont confié. [Read more…]

Messe de la Solennité de l’Assomption dans le stade de Daejeon

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Homélie de Sa Sainteté le Pape François
Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie
Daejeon, World Cup Stadium
15 août 2014

Chers frères et sœurs dans le Christ,

En union avec toute l’Église, nous célébrons l’Assomption de la Vierge Marie, corps et âme, dans la gloire du ciel. L’Assomption de Marie nous montre notre propre destinée comme enfants adoptifs de Dieu et membres du Corps du Christ. Comme Marie notre mère, nous sommes appelés à participer pleinement à la victoire du Seigneur sur le péché et sur la mort, et à régner avec lui dans son Royaume éternel.

Le ‘‘grand signe’’ présenté dans la première lecture – une femme vêtue de soleil et couronnée d’étoiles (cf. Ap 12, 1) – nous invite à contempler Marie intronisée dans la gloire à côté de son divin Fils. Il nous invite aussi à prendre conscience de l’avenir que, encore aujourd’hui, le Seigneur ressuscité ouvre devant nous. Traditionnellement, les Coréens célèbrent cette fête à la lumière de leur expérience historique, reconnaissant l’affectueuse intercession de Marie à l’œuvre dans l’histoire de la nation et dans la vie de son peuple. [Read more…]

Homélie du Pape François du 7 juillet 2014

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Lundi matin, le Pape a célébré la messe en la chapelle Sainte-Marthe avec six victimes de prêtres pédophiles venues d’Allemagne, d’Irlande et du Royaume-Uni, et avec les membres de la commission pontificale pour la protection des mineurs. Voici la traduction française de son homélie réalisée par Sel et Lumière :

L’image de Pierre qui, voyant sortir Jésus de l’interrogatoire, croisa son regard et se mit à pleurer me touche particulièrement aujourd’hui. En effet, votre regard m’arrive au cœur avec ceux de tant d’hommes et de femmes, de garçons et de filles. Je sens le regard de Jésus et je demande la grâce que l’Église puisse pleurer et faire réparation pour ces enfants qui ont trahi leur mission, qui ont abusé de personnes innocentes. Aujourd’hui je vous suis reconnaissant d’être venus jusqu’ici.

Depuis longtemps, je sens dans mon cœur une douleur profonde, une souffrance, longtemps cachée, dissimulée avec une complicité qui n’a pas d’explication, jusqu’à ce que quelqu’un sente le regard de Jésus, et un autre la même chose, et un autre la même chose… et ils ont eu le courage de soutenir ce regard. Ces petits qui ont commencé à pleurer, comme par contagion, ont réveillé notre conscience devant ce crime et ce péché grave.

Voilà mon tourment et ma douleur devant le fait que certains prêtres et évêques ont violé l’innocence de mineurs et ainsi leur propre vocation sacerdotale en les abusant sexuellement. Il s’agit de beaucoup plus que des actes répréhensibles. C’est comme un culte sacrilège car ces enfants ont été confiés au charisme sacerdotal pour être amenés vers Dieu, et eux les ont sacrifiés à l’idole de leur concupiscence. Ils ont profané l’image même de Dieu par laquelle nous avons été créés. L’enfance, nous le savons tous, est un trésor. Le cœur des jeunes, ouvert et plein de confiance, contemple les mystères de l’Amour de Dieu et se montre disponible à la foi d’une manière unique. Aujourd’hui, le cœur de l’Église regarde les yeux de Jésus dans ces jeunes enfants garçons et filles et veut pleurer. Elle demande la grâce de pleurer devant de tels actes exécrables d’abus perpétrés contre des mineurs. Des actes qui ont laissé des cicatrices pour toute la vie. [Read more…]

« Le Seigneur a envoyé son ange et il m’a arraché aux mains d’Hérode »

Homélie du Pape François pour la Solennité de Saints Pierre et Paul

En ce dimanche de la Solennité de Saint Pierre et Saint Paul, le Pape François a remis le pallium à 24 nouveaux archevêques métropolitains du monde entier. Le pallium est cette bande d’étoffe de laine blanche qui posée sur les épaules représente la brebis portée par le berger comme le Christ, et donc symbole de la charge pastorale de celui qui le porte. L’évêque de Rome la confère aux archevêques métropolitains et aux primats comme symbole de leur juridiction en communion avec le Siège de Pierre.

Au moment de l’homélie, le Pape a adressé quelques mots à la délégation du Patriarcat de Constantinople, à Rome, comme chaque année, pour cette solennité des Saints Pierre et Paul. Une délégation menée cette année par le Métropolite Jean de Pergame Zizioulas, déjà reçue samedi par le Pape au Vatican. « Prions le Seigneur, a déclaré François, pour que cette visite puisse renforcer nos liens fraternels dans le chemin vers la pleine communion entre les deux Eglises sœurs, une communion tellement désirée ». [Read more…]

Les prêtres doivent être avant tout des pasteurs

1_0_805106Des pasteurs avant d’être des érudits qui n’oublient jamais le Christ, leur « premier amour » et restent toujours ses fidèles : c’est le portrait qu’a dressé le Pape François, lors de l’homélie de la messe célébrée en la Chapelle de la maison Sainte Marthe, en parlant de tous ceux qui se consacrent à Dieu dans le sacerdoce. 

« Comment se porte mon premier amour ? » C’est-à-dire, suis-je amoureux de toi comme au premier jour ? Suis-je heureux avec toi ou est-ce que je t’ignore ? Ce sont des questions universelles qu’il convient de souvent se poser, nous dit le Pape François. Et pas seulement les conjoints à l’intérieur d’un couple mais aussi les prêtres et les évêques devant Jésus. Car c’est lui, affirme t’il, qui nous demande comme il le fit un jour avec Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? ». L’homélie du Pape prend précisément appui sur ce dialogue tiré de l’Évangile où le Christ demande par trois fois au premier des Apôtres s’il l’aime plus que les autres, une façon-observe t’il- de l’élever au rang de « premier amour ».

« C’est la question que je me pose à moi-même, à mes frères évêques et aux prêtres : Est-ce comme le premier amour? Suis-je amoureux comme le premier jour ? Ou le travail et les préoccupations me détournent vers d’autres choses et me font oublier un peu l’amour ? Mais les conjoints se disputent. C’est normal. Mais lorsqu’il n’y a pas d’amour, on ne se dispute pas : on rompt. »

Ne jamais oublier son premier amour

« Il ne faut jamais oublier son premier amour. Jamais », répète le Pape François qui met en relief trois autres aspects dont il faut tenir compte dans le dialogue entre un prêtre et Jésus. Être avant tout- avant l’étude, avant de vouloir devenir « un intellectuel de la philosophie, de la théologie ou de la patrologie » – un « pasteur », comme Jésus sollicita Pierre. « Fais paître mes brebis ». Le reste, soutient le Pape, vient « ensuite » :

« Fais paître. Avec la théologie, la philosophie la patrologie, avec ce que tu étudies mais fais paître. Sois un pasteur. Car le Seigneur nous a appelés pour cela. Et les mains de l’évêque sur notre tête, c’est pour être pasteur. C’est une deuxième question, non ? La première, c’est : Comment va ton premier amour ? Et la deuxième : « Suis-je un pasteur ou un employé de cette ONG qui s’appelle l’Église ? Il y a une différence. Suis-je un pasteur ? C’est une question que je dois me poser, que les évêques doivent se faire, même les prêtres : tous. Fais paître. Fais pâturer. Va de l’avant ».

Suivre le Christ, et être des pasteurs

Et il n’y a pas de « gloire » ni de « majesté », observe le Pape François, pour le pasteur qui s’est consacré à Jésus : « Non, frère. Le plus souvent, il finira de la façon la plus commune, la plus humiliante aussi : au lit alors qu’ils t’apportent à manger, qu’ils doivent te vêtir…Mais inutile, là, malade… ».Le destin, c’est « finir-répète t’il-comme Lui a fini » : « un amour qui meurt » comme « la semence du grain et ainsi viendra le fruit. Mais moi, je ne le verrai pas ». Finalement, le quatrième aspect, «la parole la plus forte », indique le Pape François avec laquelle Jésus conclut son dialogue avec Pierre, « suis-moi » :

« Si nous avons perdu l’orientation et que nous ne savons pas comment répondre à propos de l’amour, que nous ne savons pas comment répondre sur le fait d’être pasteur et que nous ne savons pas comment répondre ou que nous n’avons pas la certitude que le Seigneur ne nous laissera pas seuls dans les moments les plus graves de la vie, dans la maladie, il dit: “Suis-moi”. C’est cela, notre certitude. Marcher sur les empreintes de Jésus. Sur ce chemin. « Suis-moi « .»

Le Pape François termine par ces mots : « Que le Seigneur nous donne à tous, évêques et prêtres, la grâce de toujours trouver ou de se souvenir de notre premier amour, d’être des pasteurs, de ne pas avoir honte de finir humiliés sur un lit ou ayant perdu la tête. Et qu’il nous donne toujours la grâce de suivre Jésus, de marcher sur les empreintes de Jésus : la grâce de le suivre » [Read more…]

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