C’est sous le patronage de saint Jean-Paul II, initiateur des Journées Mondiales de la Jeunesse, que s’ouvre la 31ème édition des JMJ, sur sa terre natale, en Pologne.
Vidéo message du pape François pour les jeunes en Pologne
Photo: Catholic News Service
Plusieurs jours avant son Voyage apostolique en Pologne à l’occasion de la XXXIe Journée Mondiale de la Jeunesse, le pape François a envoyé un vidéo en italien aux jeunes de Pologne et qui fut télédiffusé à 8:00 pm à travers toute la nation polonaise. Ci-dessous, vous trouverez la traduction française du texte du Message du Saint-Père tel qu’il fut envoyé du Vatican en Pologne.
Chers frères et sœurs,
elle est désormais proche la trente-et-unième Journée mondiale de la Jeunesse, qui m’appelle à rencontrer les jeunes du monde, convoqués à Cracovie, et m’offre aussi l’heureuse occasion de rencontrer la chère nation polonaise. Tout sera sous le signe de la Miséricorde, en cette Année jubilaire, et dans la mémoire reconnaissante et fidèle de saint Jean-Paul II, qui a été l’artisan des Journées mondiales de la Jeunesse et a été le guide du peuple polonais sur son récent chemin historique vers la liberté.Chers jeunes polonais, je sais que depuis longtemps vous avez préparé, surtout par la prière, la grande rencontre de Cracovie. Je vous remercie de grand cœur pour tout ce que vous faites, et pour l’amour avec lequel vous le faites ; d’avance, je vous embrasse et je vous bénis.
Chers jeunes de toutes les parties de l’Europe, d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Océanie ! Je bénis aussi vos pays, vos désirs et vos pas vers Cracovie, afin qu’ils soient un pèlerinage de foi et de fraternité. Que le Seigneur Jésus vous accorde la grâce de faire en vous-mêmes l’expérience de sa parole : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7).
J’ai un grand désir de vous rencontrer, pour offrir au monde un nouveau signe d’harmonie, une mosaïque de visages divers, de tant de races, langues, peuples et cultures, mais tous unis dans le nom de Jésus, qui est le Visage de la Miséricorde.
Et maintenant je m’adresse à vous, chers fils et filles de la nation polonaise ! Je sens que c’est un grand don du Seigneur que celui de venir parmi vous, parce que vous êtes un peuple qui dans son histoire, a traversé tant d’épreuves, certaines très dures, et qui est allé de l’avant avec la force de la foi, soutenu par la main maternelle de la Vierge Marie. Je suis certain que le pèlerinage au sanctuaire de Częstochowa sera pour moi une immersion dans cette foi éprouvée, qui me fera beaucoup de bien. Je vous remercie de vos prières avec lesquelles vous préparez ma visite. Je remercie les Évêques et les prêtres, les religieux et les religieuses, les fidèles laïcs, spécialement les familles, auxquelles j’apporte en pensée l’Exhortation apostolique post synodale Amoris laetitia. La “santé” morale et spirituelle d’une nation se voit dans ses familles : pour cela, saint Jean-Paul II avait tant à cœur les fiancés, les jeunes époux et les familles. Continuez sur cette route !
Chers frères et sœurs, je vous envoie ce message comme gage de mon affection. Restons unis dans la prière. Et à bientôt en Pologne !
[01194-FR.01] [Texte original: Italien]
Vidéo message du pape François pour les jeunes de Pologne:
La croix et l’icône, symboles des JMJ
En confiant la croix du Christ aux jeunes du monde Jean-Paul II leur disait : « portez-la dans le monde entier comme signe de l’amour de notre Seigneur Jésus pour l’humanité ». Cette croix aujourd’hui, avec l’icône de Notre-Dame, fait partie des symboles des JMJ.
Histoire des Journées Mondiales de la Jeunesse
Les Journées Mondiales de la Jeunesse ont été lancées par Jean-Paul II en 1986. Depuis cette date, les jeunes du monde entier se retrouvent tous les 2 ou trois ans dans un pays différent, autour du Pape, sur un thème tiré du Nouveau Testament.
L’ambassadeur de la Pologne au Canada: ancien pèlerin des JMJ
Dans moins de deux semaines, des milliers de jeunes du monde entier se retrouveront à Cracovie en Pologne pour les Journée mondiale de la jeunesse. Ce n’est pas première fois que le pays accueille les JMJ. En 1991, le pape Jean-Paul II s’était rendu à Czestochowa pour la 6e JMJ. L’ambassadeur de la Pologne au Canada, M. Marcin Bosacki, y était en tant que pèlerin. Il a visité les studios de Sel + Lumière le 4 juillet dernier et Alicia Ambrosio, journaliste du département anglophone, a interviewé l’ambassadeur sur cette expérience marquante. Voici la traduction de cette entrevue :
Ambrosio : C’est la première fois que je mène une entrevue avec un diplomate étranger qui a déjà été pèlerin aux JMJ. Vous êtes déjà allé aux JMJ, parlez-nous de votre expérience…
Bosacki : C’était en 1991. J’avais 21 ans à l’époque. C’était à Czestochowa en Pologne donc je n’ai pas été obligé de voyager bien loin. Ma ville natale, Poznań, était à environ 250 km de Czestochowa. Ce n’était pas un très long voyage mais [ces JMJ] étaient (présidées) par le pape Jean-Paul II, un héro de ma jeunesse. C’était une expérience incroyable – spirituelle – où l’on rencontrait des gens de différents pays, cultures, races… au total, près de 2 millions étaient rassemblées. C’était aussi un moment très spécial car deux ans plus tôt, les polonais ont été témoins de la chute du communisme dans leur pays. [Les JMJ] étaient donc l’un des premiers événements majeurs à prendre place en Pologne démocratique.
Quelle est la signification des Journée mondiale de la jeunesse à Cracovie, par rapport aux JMJ à Czestochowa, pour la Pologne?
C’est difficile de les comparer. Ce sont deux époques différentes, générations différentes, des Papes différents !…
Oui, bien différent !
… Et même un lieu différent, comme vous l’avez mentionné. Mais je crois que ceux qui s’y rendront vont goûter le même accueil et la même chaleur du peuple polonais surtout les pèlerins qui resteront avec des familles polonaises… C’est important de découvrir d’autres cultures – bien sûr, la culture polonaise n’est pas si différente de la culture canadienne. Ne vous attendez pas à un choc culturel même s’il y a des différences. La Pologne est différente. La Pologne vient de célébrer 1050 ans d’histoire, depuis son baptême, et de son histoire en tant qu’État. Tandis que le Canada célébrera 150 ans l’année prochaine. L’impact d’une histoire et d’une culture ancienne – au niveau de l’architecture, de la musique, par exemple – est plus significative que celui des nouveaux pays comme le Canada. Je crois que vous aimerez [la Pologne]!
Le contexte mondial actuel est bien différent de celui que vous avez connu pendant les JMJ auxquelles vous avez participé ou auxquelles moi aussi j’ai participé… Certains parents de pèlerins, qui suivront le rassemblement, se soucient de la sécurité des jeunes – des centaines de milliers de jeunes. Que pouvez-vous dire à ces parents, qui laissent leur enfant partir en Pologne, pour les rassurer?
Je peux vous dire que les services de sécurité polonais, en collaboration avec d’autres services de sécurité étrangers, travaillent au meilleur de leurs habiletés pour assurer la sécurité à Cracovie et ailleurs dans le pays, partout où ces milliers de jeunes seront rassemblés. On s’attend à près d’1.5 millions, et peut-être même 2 millions, de pèlerins du monde entier. Nous avons aussi examiné minutieusement ceux qui ont soumis leur application, pour nos services consulaires, ici à Toronto et à Ottawa. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour que ces grandes journées à la fin de juillet puissent se dérouler avec aisance et en toute sécurité.
Presque 4 000 jeunes Canadiens se rendront en Pologne pour la Journée mondiale de la jeunesse 2016
***Cet article ci-dessous provient du site web de la CECC
(CECC – Ottawa)… La jeunesse du monde entier est attendue à Cracovie, en Pologne, du 25 au 31 juillet 2016, pour participer à la 31e Journée mondiale de la jeunesse (JMJ). Cracovie est la ville de Karol Wojtyla – saint Jean-Paul II – qui, dans ses premières années comme prêtre, aumônier universitaire, évêque et puis cardinal-archevêque a semé les graines de ce qui deviendra, dans les premières années de son pontificat, la Journée mondiale de la jeunesse.
Près de 3 750 jeunes pèlerins du Canada sont inscrits pour participer à ce rassemblement international sur le thème « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5,7). À l’exemple des JMJ 2011 à Madrid et 2013 à Rio de Janeiro, les pèlerins canadiens auront encore l’occasion de vivre une célébration nationale qui aura lieu le 26 juillet à 13 heures, en la fête de sainte Anne et saint Joachim, parents de la Vierge Marie. L’événement aura lieu à l’aréna Tauron de Cracovie qui sera le lieu principal pour les pèlerins de langue anglaise pendant les célébrations de la JMJ. Ce pavillon est parrainé par les Chevaliers de Colomb. Son Éminence M. le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, archevêque de Québec et primat du Canada, présidera le temps de prière qui impliquera des évêques, des prêtes, des personnes dans la vie consacrée, des agents de pastorale jeunesse, des musiciens, des artistes et plusieurs milliers de jeunes pèlerins Canadiens.
En plus des 3 750 jeunes, la délégation canadienne sera composée de neuf évêques du Canada. Le Conseil pontifical pour les laïcs a invité trois des évêques canadiens pour servir à titre de catéchètes auprès des jeunes pèlerins : M. le Cardinal Lacroix; Mgr Albert LeGatt, archevêque de Saint-Boniface; et Mgr Bryan Bayda, C.Ss.R., évêque éparchial ukrainien de Saskatoon. De jeunes Canadiens seront impliqués dans les diverses cérémonies, liturgies et événements de la Journée mondiale de la jeunesse de Cracovie. Du 20 au 25 juillet, plusieurs pèlerins canadiens auront également l’opportunité de participer aux diverses activités pour les journées dans les diocèses de la Pologne.
Pendant son voyage apostolique en ce pays, le pape François présidera plusieurs célébrations. Son horaire inclura l’eucharistie à l’occasion du 1050e anniversaire du baptême de la Pologne qui aura lieu sur le terrain du sanctuaire du couvent Jasna Góra en présence des autorités religieuses et civiles du pays; la cérémonie d’accueil de la JMJ (28 juillet) ; le Chemin de Croix du vendredi soir (29 juillet) au parc Blonia ; l’eucharistie avec les prêtres polonais, les religieux et religieuses, de même que les séminaristes au sanctuaire de saint Jean-Paul II (30 juillet) ; et la vigile de prière en soirée en plus de la messe de clôture du dimanche (31 juillet) sur le Campus Misericordiae. Le Saint-Père visitera également le camp de concentration d’Auschwitz où il priera dans la cellule du martyr saint Maximilien Kolbe, dont c’est le 75e anniversaire de la mort, en plus d’offrir une prière silencieuse devant le Monument international des victimes du camp d’extermination de Birkenau qui faisait partie du complexe d’Auschwitz. Parmi les 1.1 million de prisonniers qui sont morts à Auschwitz, il y avait sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein) et sa sœur, Rosa, également une religieuse carmélite.
L’horaire du Saint-Père pour la semaine comprendra également une célébration du sacrement de la réconciliation avec des jeunes qui participent à la JMJ ; une visite de l’Hôpital universitaire pour enfants ; une rencontre avec les évêques de la Pologne, une prière dans la chapelle du tombeau de sainte Faustine ; une bénédiction de deux bâtiments de la Caritas pour les pauvres et les personnes âgées, de même qu’une rencontre avec les bénévoles de la JMJ 2016 à l’aréna Tauron.
Programmation en direct sur Télévision Sel + Lumière
Le réseau national de télévision catholique canadien Sel et Lumière, qui est disponible par satellite et câble numérique à travers le Canada, de même qu’à travers le monde par Internet aux www.seletlumieretv.org ou www.saltandlighttv.org, sera en Pologne toute la semaine avec une équipe accompagnée du directeur général, le père Thomas Rosica, C.S.B. Sel + Lumière assurera une couverture en direct des plus importantes activités de la JMJ, incluant les catéchèses et plusieurs entrevues. La couverture de Sel + Lumière sera diffusée en Australie, par la Télévision catholique de Boston, par le Centre audiovisuel du diocèse de Hong Kong, de même que par l’Ordinariat militaire des États-Unis. Ayant précédemment agi à titre de directeur général de la Journée mondiale de la jeunesse de 2002 au Canada, le père Rosica est le coordonnateur national de la délégation canadienne à la JMJ 2016 en Pologne. Le site Internet www.wydcentral.org contiendra également de beaux souvenirs de la JMJ.
Homélie du pape François lors de la Messe de la Solennité des saints Pierre et Paul
Bénédiction des pallia et Messe de la Solennité des saints Pierre et Paul
Lors de la Messe de Solennité des saints Pierre et Paul à 9h30 am dans la basilique vaticane, le pape François a béni les Pallia (du singulier « Pallium ») tiré de la confession de l’apôtre Pierre pour les nouveaux Archevêques métropolitains nommés au cours de la dernière année. Le Pallium sera ensuite imposé sur chacun des archevêques métropolitains par le représentant pontifical dans leur siège métropolitain et pays respectifs.
Après le rite de bénédiction des Pallia, le Pape a présidé à la Messe accompagné des nouveaux archevêques métropolitains. Comme le veux la coutume à l’occasion de la Fête des saints apôtres Pierre et Paul, patrons de la ville de Rome, furent présent lors de la Sainte Messe une délégation du Patriarcat Œcuménique de Constantinople. À la tête de cette délégation se trouvait le Patriarche Bartholomé 1er, Son Éminence Méthodios, Métropolitain de Boston, Son Excellence Job, Archevêque de Telmessos ainsi que le Révérend Diacre Patriarche Nephon Tsimalis.
Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’homélie telle que prononcée par le pape François :
La Parole de Dieu de cette liturgie contient un binôme central : fermeture / ouverture. Nous pouvons rapprocher aussi de cette image le symbole des clefs, que Jésus promet à Simon Pierre pour qu’il puisse ouvrir l’entrée du Royaume des cieux, et certainement pas pour la fermer aux gens, comme le faisaient certains scribes et pharisiens hypocrites que Jésus réprimandait (cf. Mt 23, 13).
La lecture des Actes des Apôtres (12, 1-11) nous présente trois fermetures : celle de Pierre en prison ; celle de la communauté recueillie en prière ; et – dans le contexte immédiat de notre texte – celle de la maison de Marie, mère de Jean surnommé Marc, où Pierre va frapper à la porte après avoir été libéré.
En ce qui concerne les fermetures, la prière apparaît comme la voie de sortie principale : voie de sortie pour la communauté, qui risque de se replier sur elle-même à cause de la persécution et de la peur ; voie de sortie pour Pierre, qui, encore au début de la mission qui lui a été confiée par le Seigneur, est jeté en prison par Hérode et risque la condamnation à mort. Et tandis que Pierre était en prison, « l’Église priait Dieu pour lui incessamment » (Ac 12, 5). Et le Seigneur répond à la prière et envoie son ange le libérer, ‘‘en l’arrachant aux mains d’Hérode’’ (cf. v. 11). La prière, en tant qu’humble abandon à Dieu et à sa sainte volonté, est toujours la voie de sortie de nos fermetures personnelles et communautaires. C’est la grande voie de sortie des fermetures.
De même Paul, en écrivant à Timothée, parle de son expérience de libération, de sortie du danger d’être lui aussi condamné à mort ; au contraire, le Seigneur lui a été proche et lui a donné la force de pouvoir porter à son achèvement son œuvre d’évangélisation des peuples (cf. 2 Tm 4, 17). Mais Paul parle d’une ‘‘ouverture’’ bien plus grande, vers un horizon infiniment plus vaste : celui de la vie éternelle, qui l’attend à la fin de sa ‘‘course’’ terrestre. Il est beau alors de voir la vie de l’Apôtre toute ‘‘en sortie’’ grâce à
l’Évangile : toute projetée en avant, d’abord pour porter le Christ à ceux qui ne le connaissent pas, et ensuite pour se jeter, pour ainsi dire, dans ses bras, et être conduit par lui, sain et sauf au ciel, dans son Royaume (cf. v. 18).
Retournons à Pierre. Le récit évangélique (Mt 16, 13-19) de sa confession de foi et de la mission qui lui a été confiée ensuite par Jésus nous montre que la vie de Simon, pêcheur galiléen, – comme la vie de chacun de nous – s’ouvre, s’épanouit pleinement lorsqu’elle accueille de Dieu le Père la grâce de la foi. Alors Simon se met en route – une route longue et dure – qui le conduira à sortir de lui-même, de ses sécurités humaines, surtout de son orgueil mêlé de courage et d’altruisme généreux. Dans ce parcours de libération, la prière de Jésus est décisive : « J’ai prié pour toi [Simon] afin que ta foi ne défaille pas » (Lc 22, 32). Et également décisif est le regard plein de compassion du Seigneur après que Pierre l’a eu renié trois fois : un regard qui touche le cœur et fait sécher les larmes de repentir (cf. Lc 22, 61-62). Alors Simon Pierre a été libéré de la prison de son moi orgueilleux, de son moi peureux, et il a surmonté la tentation de se fermer à l’appel de Jésus à le suivre sur la voie de la croix.
Comme je le disais, dans le contexte immédiat du passage des Actes des Apôtres il y a un détail qu’il peut nous faire du bien de noter (cf. 12, 12-17). Lorsque Pierre se retrouve miraculeusement libre, hors de la prison d’Hérode, il se rend dans la maison de la mère de Jean surnommé Marc. Il frappe à la porte, et de l’intérieur répond une domestique du nom de Rhodè, qui, ayant reconnu la voix de Pierre, au lieu d’ouvrir la porte, à la fois incrédule et pleine de joie, court rapporter la chose à sa patronne. Le récit, qui peut sembler comique – et qui peut donner origine au soi-disant “complexe de Rhodè”-, nous fait percevoir le climat de peur dans lequel se trouvait la communauté chrétienne, qui demeurait enfermée à la maison, et fermée aussi aux surprises de Dieu. Pierre frappe à la porte. “Regarde !”. Il y a de la joie, il y a de la peur… “Nous ouvrons, nous n’ouvrons pas ?…”. Et lui est en danger, parce que la police peut le prendre. Mais la peur nous arrête, elle nous arrête toujours ; elle nous ferme, elle nous ferme aux surprises de Dieu. Ce détail nous parle de la tentation qui existe toujours pour l’Église : celle de se replier sur elle-même, face aux dangers. Mais il y a aussi ici la spirale à travers laquelle peut passer l’action de Dieu : Luc dit que dans cette maison « se trouvaient rassemblés un certain nombre de personnes qui priaient » (v. 12). La prière permet à la grâce d’ouvrir une voie de sortie : de la fermeture vers l’ouverture, de la peur vers le courage, de la tristesse vers la joie. Et nous pouvons ajouter : de la division vers l’unité. Oui, nous le disons aujourd’hui, confiants, avec nos frères de la Délégation envoyée par le cher Patriarche Œcuménique Bartholomée, pour participer à la fête des Saints Patrons de Rome. Une fête de communion pour toute l’Église, comme le met aussi en évidence la présence des Archevêques Métropolitains venus pour la bénédiction des Palliums, qui leur seront imposés par mes Représentants dans leurs Sièges respectifs.
Que les saints Pierre et Paul intercèdent pour nous, afin que nous puissions parcourir avec joie ce chemin, faire l’expérience de l’action libératrice de Dieu et en témoigner à tous.
[01119-FR.02] [Texte original: Italien]
Déclaration du Président de la CECC sur l’adoption récente du projet de loi C-14 qui légalise l’euthanasie et le suicide assisté
L’adoption récente du projet de loi C-14, qui légalise l’euthanasie et le suicide assisté dans notre pays, est une décision historique déplorable qui atteste l’échec de notre gouvernement et, en effet, de notre société d’assurer une protection humaine authentique pour les personnes souffrantes et vulnérables parmi nous.
Nous vivons dans un pays où la grande majorité des mourants n’ont pas accès à des soins palliatifs ou des soins à domicile de qualité, où le taux de suicide dans plusieurs communautés autochtones atteint des niveaux alarmants, et où on suggère que la vie de personnes chroniquement malades, vulnérables ou handicapées ne mérite pas d’être vécue. Il est paradoxal et très malheureux que la loi de notre société consacre désormais l’homicide comme une manière acceptable de mettre fin à la souffrance. On ne peut qu’être stupéfait et profondément troublé de constater que notre pays est de moins en moins capable de reconnaître le caractère sacré de la vie humaine.
Nulle institution, nul individu, nulle idéologie, nulle législation n’ont le droit de menacer ou de miner le caractère sacré de la dignité de chaque personne et du don de la vie elle-même. Nous sommes appelés, en tant que société formée d’individus capables de compassion, à respecter et à protéger la vie humaine de la conception à la mort naturelle en honorant une vision de la personne humaine qui embrasse aussi bien son existence terrestre actuelle que la vie outre-tombe. Les catholiques, comme toutes les personnes de bonne volonté, ont le devoir moral et social de protéger les personnes vulnérables, de consoler celles qui souffrent et d’accompagner celles qui sont à l’article de la mort. Les évêques du Canada prient et espèrent qu’avec tous nos sœurs et frères catholiques et nos concitoyennes et concitoyens canadiens, chacune et chacun de nous et l’ensemble de notre société puissent vivre une profonde conversion du cœur et en viennent à reconnaître l’image de Dieu imprimée profondément en chaque vie humaine, quel que soit l’état de la personne, son niveau de confort, son degré de productivité ou sa contribution à la société.
La mise à mort intentionnelle d’une vie humaine – qu’il s’agisse d’une personne âgée, d’un enfant, d’un adulte vulnérable, d’un embryon ou d’une personne mourante – est un acte grave et moralement injustifiable. Notre société doit rejeter tout ce qui porte atteinte à la vie elle-même : le meurtre, le génocide, le suicide, l’avortement, l’euthanasie et l’aide médicale à mourir. La suppression délibérée de la vie humaine par une intervention directe n’a rien d’un geste humanitaire. Il faut plutôt chercher à réduire au minimum la douleur et la souffrance des personnes mourantes et de celles qui sont tentées de s’enlever la vie, et non à supprimer leur existence. Efforçons-nous d’aider les personnes malades et handicapées à trouver un sens à leur vie, même et surtout dans leur souffrance. Consolons ceux et celles qui vivent une maladie terminale ou une condition chronique par notre présence authentique, un amour humain et l’aide médicale. Comme société et en tant qu’individus, choisissons de cheminer avec eux dans leur souffrance et ne contribuons pas à mettre fin au don de la vie.
Faire de l’aide médicale au suicide un « droit » n’est ni un vrai soin ni un gage d’humanité. C’est fondamentalement une forme faussée de pitié, une déformation de la bonté envers nos frères et sœurs. La nouvelle loi laisse entendre qu’un être humain, une personne, cesse d’être une personne et perd sa dignité simplement en raison de la perte ou de la diminution de certaines capacités physiques et mentales. C’est faux. La vérité, c’est que notre propre humanité se détériore quand nous omettons de prendre soin des faibles et des mourants, et quand nous évitons délibérément de voir en eux, avec leurs maladies et leurs limites, des personnes dignes de vivre. La vraie compassion humaine consiste à partager la douleur de l’autre, à l’accompagner dans son cheminement – et non à s’en débarrasser. Le suicide assisté est une insulte à ce qu’il y a de plus noble et de plus précieux dans l’existence humaine, et constitue une injustice grave et une violation de la dignité de chaque personne humaine dont la tendance naturelle et intrinsèque est de préserver la vie. Il faut entourer nos personnes malades, mourantes, vulnérables et handicapées, d’amour et d’attention, de sollicitude et d’une compassion vraiment porteuse de vie. C’est pourquoi les soins palliatifs restent incontestablement le seul choix moral, efficace et indispensable, la seule option de vraie compassion, maintenant que notre pays s’est engagé sur ce chemin périlleux.
Saint Joseph, patron du Canada et patron de la bonne mort, priez pour nous.
Mgr Douglas Crosby, OMI
Évêque de Hamilton
Président de la Conférence des évêques catholiques du CanadaLe 27 juin 2016
Pape François en Arménie: Discours lors de la Divine Liturgie à Etchmiadzin
Ce dimanche 26 juin 2016, le pape François a participé à la Divine Liturgie à Etchmiadzin présidée par le Patriarche suprême de tous les arméniens, Karékine Sa Sainteté le Catholicos II. Voici le texte complet de l’allocution du Saint Père:
Sainteté, chers Evêques,
Chers frères et sœurs,Au sommet de cette visite si désirée, et déjà pour moi inoubliable, je désire élever vers le Seigneur ma gratitude, que j’unis au grand hymne de louange et d’action de grâce qui est monté de cet Autel. Votre Sainteté, ces jours-ci, m’avez ouvert les portes de votre maison, et nous avons fait l’expérience combien « il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble » (Ps 133, 1). Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes embrassés fraternellement, nous avons prié ensemble, nous avons partagé les dons, les espérances et les préoccupations de l’Eglise du Christ dont nous percevons à l’unisson les battements du cœur, et que nous croyons et sentons une. « Une seule espérance, […] un seul Corps et un seul Esprit […] ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul Baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous et en tous » (Ep 4, 4-6) : nous pouvons vraiment faire nôtre avec joie ces paroles de l’Apôtre Paul ! C’est justement sous le signe des saints Apôtres que nous nous sommes rencontrés. Les saints Bartholomée et Thaddée, qui ont proclamé pour la première fois l’Evangile sur ces terres, et les saints Pierre et Paul, qui ont donné la vie pour le Seigneur à Rome, se réjouissent certainement, alors qu’ils règnent au ciel avec le Christ, de voir notre affection et notre aspiration concrète à la pleine communion. De tout cela je remercie le Seigneur, pour vous et avec vous : Park astutsò ! (Gloire à Dieu !)
Dans cette Divine Liturgie, le chant solennel du Trisagion s’est élevé vers le ciel, célébrant la sainteté de Dieu ; que la bénédiction abondante du Très Haut descende sur la terre, par l’intercession de la Mère de Dieu, des grands saints et docteurs, des martyrs, surtout des nombreux martyrs que vous avez canonisés l’année dernière en ce lieu. Que « le Fils unique qui est descendu ici » bénisse notre chemin. Que l’Esprit Saint fasse des croyants un seul cœur et une seule âme : qu’il vienne nous refonder dans l’unité. Pour cela je voudrais de nouveau l’invoquer, en faisant miennes quelques-unes des magnifiques paroles qui ont été introduites dans votre liturgie. Viens, ô Esprit, Toi « qui avec des gémissements incessants es notre intercesseur auprès du Père miséricordieux, Toi qui gardes les saints et purifies les pécheurs » ; répand sur nous ton feu d’amour et d’unité, et « que soient défaits par ce feu les raisons de notre scandale » (Grégoire de Narek, Livre des Lamentations, 33, 5), surtout le manque d’unité entre les disciples du Christ.
Que l’Eglise Arménienne marche dans la paix et que la communion entre nous soit pleine. Qu’en chacun surgisse un fort élan vers l’unité, une unité qui ne doit être « ni soumission de l’un à l’autre, ni absorption, mais plutôt accueil de tous les dons que Dieu a donnés à chacun pour manifester au monde entier le grand mystère du salut réalisé par le Christ Seigneur, par l’Esprit Saint » (Paroles du Saint-Père lors de la Divine Liturgie, Eglise Patriarcale Saint Georges, Istambul, 30 novembre 2014).
Accueillons l’appel des saints, écoutons la voix des humbles et des pauvres, de tant de victimes de la haine, qui ont souffert et sacrifié leur vie pour la foi ; tendons l’oreille aux jeunes générations qui implorent un avenir libéré des divisions du passé. Que, de ce lieu saint, se répande de nouveau une lumière radieuse. Qu’à la lumière de la foi, qui depuis saint Grégoire, votre père selon l’Évangile, a illuminé ces terres, s’unisse la lumière de l’amour qui pardonne et réconcilie.
Comme les Apôtres au matin de Pâques qui ont couru vers le lieu de la résurrection, attirés par l’aube heureuse d’une espérance nouvelle, malgré les doutes et les incertitudes (cf. Jn 20, 3-4), de même nous aussi, en ce saint dimanche, suivons l’appel de Dieu à la pleine communion et hâtons le pas vers elle.
Et maintenant, Sainteté, au nom de Dieu, je vous demande de me bénir, de me bénir ainsi que l’Eglise Catholique, de bénir notre course vers la pleine unité.
Pape François en Arménie: Discours lors de la rencontre œcuménique pour la paix à Yerevan
Ce samedi 25 juin 2016, après la Messe à Gyumri, le pape François a participé à une vigile de prière oecuménique pour la paix à Yerevan. Trouvez ci-dessous le texte complet du discours qu’il a prononcé:
Vénérable et cher Frère, Patriarche Suprême et Catholicos de tous les Arméniens,
Monsieur le Président,
Chers frères et sœurs,La bénédiction et la paix de Dieu soient avec vous !
J’ai tant désiré visiter cette terre aimée, votre pays qui le premier a embrassé la foi chrétienne. C’est une grâce pour moi de me trouver sur ces hauteurs, où, sous le regard du mont Ararat, même le silence semble nous parler ; où les khatchkar – les croix de pierre – racontent une histoire unique, imprégnée d’une foi solide comme le roc et d’une souffrance effroyable, une histoire riche en magnifiques témoignages de l’Évangile, dont vous êtes les héritiers. Je suis venu de Rome en pèlerin pour vous rencontrer et pour vous exprimer un sentiment qui jaillit des profondeurs du cœur : c’est l’affection de votre frère, c’est l’accolade fraternelle de l’Église catholique entière, qui vous aime et qui vous est proche.
Au cours des années écoulées les visites et les rencontres entre nos Églises, toujours si cordiales et souvent mémorables, se sont, grâce à Dieu, intensifiées ; la Providence veut que, exactement le jour où l’on célèbre ici les saints Apôtres du Christ, nous soyons de nouveau ensemble pour renforcer la communion apostolique entre nous. Je suis très reconnaissant à Dieu pour l’« unité réelle et intime » entre nos Églises (cf. Jean-Paul II, Homélie à l’occasion de la célébration œcuménique, Yerevan, 26 septembre 2001 : Insegnamenti XXIV, 2 [2001], p. 466) et je vous remercie pour votre fidélité à l’Évangile, souvent héroïque, qui est un don inestimable pour tous les chrétiens. Le fait de nous retrouver n’est pas un échange d’idées, c’est un échange de dons (cf. Id., Lett. enc. Ut unum sint, n. 28) : nous recueillons ce que l’Esprit a semé en nous comme un don pour chacun (cf. Exhort. Ap. Evangelii gaudium, n. 246). Nous partageons avec grande joie les nombreux pas d’un cheminement commun déjà très avancé, et nous regardons vraiment avec confiance vers le jour où, avec l’aide de Dieu, nous serons unis à l’autel du sacrifice du Christ, dans la plénitude de la communion eucharistique. Vers ce but tant désiré « nous sommes pèlerins, et […] nous pérégrinons ensemble. Pour cela il faut confier son cœur au compagnon de route sans [soupçons], sans méfiance » (ibid., n. 244).
Sur ce parcours nous précèdent et nous accompagnent beaucoup de témoins, en particulier les nombreux martyrs qui ont scellé par le sang la foi commune dans le Christ : ils sont nos étoiles au ciel, qui resplendissent sur nous et indiquent le chemin qu’il nous reste à parcourir sur la terre, vers la pleine communion. Parmi les Pères importants, je voudrais me référer au saint Catholicos Nersès Shnorhali. Il nourrissait un amour extraordinaire envers son peuple et envers ses traditions, et il était en même temps porté vers les autres Églises, inlassable dans la recherche de l’unité, désireux d’accomplir la volonté du Christ : que les croyants « soient un » (Jn 17, 21). L’unité n’est pas, en effet, un avantage stratégique à rechercher pour un intérêt mutuel, mais ce que Jésus nous demande et qu’il nous revient d’accomplir avec notre bonne volonté et de toutes nos forces, pour réaliser notre mission : donner au monde, avec cohérence, l’Évangile.
Pour réaliser l’unité nécessaire, selon saint Nersès, la bonne volonté d’une personne dans l’Église ne suffit pas : la prière de tous est indispensable. Il est beau d’être ici rassemblés pour prier les uns pour les autres, les uns avec les autres. Et c’est avant tout le don de la prière que je suis venu vous demander ce soir. Pour ma part, je vous assure que, en offrant le Pain et le Calice à l’autel, je ne manque pas de présenter au Seigneur l’Église d’Arménie et votre cher peuple.
Saint Nersès sentait aussi le besoin de faire grandir l’amour réciproque, car seule la charité est en mesure d’assainir la mémoire et de guérir les blessures du passé : seul l’amour efface les préjugés et permet de reconnaître que l’ouverture au frère purifie et rend meilleures les convictions personnelles. Pour ce saint Catholicos, sur le chemin vers l’unité il est essentiel d’imiter le style de l’amour du Christ, lui qui « est riche » (2 Co 8, 9) « s’est abaissé » (Ph 2, 8). À son exemple, nous sommes appelés à avoir le courage de laisser les convictions rigides et les intérêts particuliers, au nom de l’amour qui s’abaisse et se donne, au nom de l’amour humble : voilà l’huile bénie de la vie chrétienne, le précieux onguent spirituel qui guérit, fortifie et sanctifie. « Suppléons aux manquements par la charité unanime », écrivait saint Nersès (Lettere del signor Nersès Shnorhali, Catholicos degli Armeni, Venise 1873, p. 316), et même – faisait-il comprendre – avec une douceur particulière d’amour, qui adoucit la dureté des cœurs des chrétiens, eux aussi souvent repliés sur eux-mêmes et sur leurs propres intérêts. Ce ne sont pas les calculs ni les avantages, mais c’est l’amour humble et généreux qui attire la miséricorde du Père, la bénédiction du Christ et l’abondance de l’Esprit Saint. En priant et « en nous aimant intensément, d’un cœur pur, les uns les autres » (cf.1 P 1, 22), avec humilité et ouverture d’esprit, disposons-nous à recevoir le don divin de l’unité. Poursuivons notre chemin avec détermination, et même courrons vers la pleine communion entre nous !
« Je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jn 14, 27). Nous avons écouté ces paroles de l’Évangile, qui nous prédisposent à implorer de Dieu cette paix que le monde peine tant à trouver. Combien grands sont aujourd’hui les obstacles sur la voie de la paix, et que les conséquences des guerres sont tragiques ! Je pense aux populations contraintes à tout abandonner, en particulier au Moyen Orient, où beaucoup de nos frères et sœurs souffrent violence et persécution, à cause de la haine et de conflits toujours fomentés par le fléau de la prolifération et du commerce des armes, par la tentation de recourir à la force et par le manque de respect envers la personne humaine, spécialement envers les faibles, envers les pauvres et ceux qui ne demandent qu’une vie digne.
Je n’arrive pas à ne pas penser aux épreuves terribles dont votre peuple a fait l’expérience : à peine un siècle s’est-il écoulé depuis le ‘‘Grand Mal’’ qui s’est abattu sur vous ! Cette « effroyable et folle extermination » (Salut au commencement de la Sainte Messe pour les fidèles de rite arménien, 12 avril 2015), ce tragique mystère d’iniquité que votre peuple a vécu dans sa chair, demeure imprimé dans la mémoire et brûle dans le cœur. Je veux réaffirmer que vos souffrances nous appartiennent : « ce sont les blessures douloureuses infligées au Corps du Christ qui souffre » (Jean-Paul II, Lettre apostolique à l’occasion du 1700ème anniversaire du Baptême du peuple arménien : Insegnamenti XXIV, 1 [2001], p. 275) ; le rappeler n’est pas seulement opportun, c’est un devoir : qu’elles soient un avertissement en tout temps, pour que le monde ne retombe plus jamais dans la spirale de pareilles horreurs !
Je voudrais, en même temps, rappeler avec admiration comment la foi chrétienne « même lors des moments les plus tragiques de l’histoire arménienne, a été le moteur qui a marqué le début de la renaissance de ce peuple éprouvé » (ibid., p. 276). Elle est votre vraie force, qui permet de s’ouvrir à la voie mystérieuse et salvatrice de la Pâques : les blessures restées ouvertes et causées par la haine féroce et insensée, peuvent d’une certaine manière se configurer à celles du Christ ressuscité, à ces blessures qui lui ont été infligées et qu’il porte encore imprimées dans sa chair. Il les a montrées glorieuses à ses disciples le soir de Pâques (cf. Jn 20, 20) : ces terribles plaies de souffrance subie sur la croix, transfigurées par l’amour, sont devenues sources de pardon et de paix. Ainsi, même la douleur la plus grande, transformée par la puissance salvifique de la Croix, dont les Arméniens sont des hérauts et des témoins, peut devenir une semence de paix pour l’avenir.
La mémoire, imprégnée d’amour, devient en effet capable d’emprunter des sentiers nouveaux et surprenants, où les trames de haine se transforment en projets de réconciliation, où on peut espérer un avenir meilleur pour tous, où sont « heureux les artisans de paix » (Mt 5, 9). S’engager à poser les bases d’un avenir qui ne se laisse pas absorber par la force trompeuse de la vengeance fera du bien à tous ; un avenir où on ne se lasse jamais de créer les conditions pour la paix : un travail digne pour tous, le soin de ceux qui sont le plus dans le besoin et la lutte sans trêve contre la corruption, qui doit être extirpée.
Chers jeunes, cet avenir vous appartient : en tirant profit de la grande sagesse de vos personnes âgées, ayez l’ambition de devenir des constructeurs de paix : non pas des notaires du status quo, mais des promoteurs actifs d’une culture de la rencontre et de la réconciliation. Que Dieu bénisse votre avenir et vous « accorde que soit repris le chemin de la réconciliation entre le peuple arménien et le peuple turc, et que la paix advienne aussi au Nagorno Karabakh » (Message aux Arméniens, 12 avril 2015).
Dans cette optique, je voudrais enfin évoquer un autre grand témoin et artisan de la paix du Christ, saint Grégoire de Narek, que j’ai proclamé Docteur de l’Église. Il pourrait être aussi qualifié de ‘‘Docteur de la paix’’. Ainsi, il a écrit dans ce Livre extraordinaire que j’aime à considérer comme la ‘‘constitution spirituelle du peuple arménien’’ : « Souviens-Toi [Seigneur] de ceux aussi qui, parmi la race humaine, sont nos ennemis, mais pour leur faire du bien : accorde-leur pardon et miséricorde […] N’extermine pas ceux qui me mordent, mais change-les ; arrache-leur la mauvaise conduite terrestre, enracine la bonne en moi et en eux » (Livre de prières, 83, 1-2). Narek « par une connaissance profonde participe aux faiblesses de chacun » (ibid., 3, 2), il a même voulu s’identifier avec les faibles et les pécheurs de chaque époque et lieu, pour intercéder en faveur de tous (cf. ibid., 31, 3 ; 32, 1 ; 47, 2) : il s’est fait un « délégué pour offrir la prière du monde entier » (ibid., 28, 2). Sa solidarité universelle avec l’humanité est un grand message chrétien de paix, un cri plein de tristesse qui implore miséricorde pour tous. Que les Arméniens, présents dans de nombreux pays et que je voudrais d’ici embrasser fraternellement, soient des messagers de ce désir de communion, « des ambassadeurs de paix » (Jean-Paul II, Lettre apostolique à l’occasion du 1700ème anniversaire du Baptême du peuple arménien, n. 7 : Insegnamenti XXIV, 1 [2001], p. 278). Le monde entier a besoin de votre annonce, il a besoin de votre présence, il a besoin de votre plus pur témoignage. Kha’ra’rutiun amenetzun ! (Paix à vous !).