Regarder ce que Dieu fait déjà pour coopérer avec lui

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On dit souvent que la synodalité consiste à marcher ensemble. Mais la synodalité n’est pas seulement une question des pieds avec lesquels nous marchons ensemble. Il s’agit aussi d’ouvrir les yeux et de tendre les mains. Qu’est-ce que je veux dire par là ?

La synodalité n’est pas une vague idée, mais plutôt quelque chose de concret à mettre en pratique. Il s’agit de faire quelque chose ensemble, de faire des pas concrets sur le chemin que nous partageons. Mais il ne s’agit pas seulement de ce que nous faisons. Il s’agit avant tout de ce que Dieu fait. Que fait Dieu aujourd’hui ? Que veut-il que nous fassions ? Et qu’est-ce que Dieu fait en nous ? 

Dieu est toujours présent dans nos vies et dans la vie du monde. L’Esprit Saint est la présence invisible de Dieu qui se fait connaître lorsque nous prenons le temps d’y prêter attention. Le pape François a déclaré que : Avec les yeux de la foi, nous pouvons voir la lumière que l’Esprit Saint irradie toujours au milieu des ténèbres, sans jamais oublier que « là où le péché abonde, la grâce abonde encore plus » (Rom. 5,20). Notre foi est mise au défi de discerner comment le vin peut naître de l’eau et comment le blé peut pousser au milieu de l’ivraie » (Evangelii gaudium, no. 84).

Les défis auxquels nous sommes confrontés dans le monde et dans l’Église peuvent nous faire perdre courage. Nous pouvons penser que Dieu était à l’œuvre à une autre époque, lorsqu’il y avait de grands saints et des missionnaires éloquents. Nous pouvons être tentés de croire que Dieu a quitté le bâtiment ou qu’il est parti en vacances. En réalité, Dieu est ici avec nous, à ce moment de l’histoire. Il nous a plantés ici et a prévu de nous faire porter du fruit, même si le sol semble rugueux. 

Dans notre prière, il est bon de demander l’aide de Dieu : Dieu, aide-moi à traverser cette épreuve. Dieu, aide-moi à faire face à cette situation. Dieu, aide-moi à savoir ce que tu veux que je fasse. Dieu nous entend lorsque nous lui demandons de l’aide, même s’il ne répond pas toujours de la manière que nous attendons. 

Mais il y a aussi une autre prière que nous faisons chaque matin : Dieu, que fais-tu aujourd’hui et que puis-je faire pour t’aider ? Oui, nous avons besoin de l’aide de Dieu et Dieu est là pour nous aider. Mais Dieu a aussi besoin de notre aide. Comme l’a dit le grand saint Augustin, « Dieu qui a tout créé sans nous, ne veut pas nous sauver sans nous ». Dieu veut notre coopération. Pouvez-vous le croire ? Il veut que nous nous joignions à ce qu’il fait déjà tout autour de nous. Nous avons besoin d’yeux ouverts pour être témoins de l’œuvre que Dieu accomplit déjà, dans nos propres vies et dans celles des autres. Nous avons besoin de mains prêtes à travailler avec Dieu, à suivre sa direction et à vivre ses rêves.

Seigneur, donne-nous des yeux pour voir ce que tu fais et des mains pour travailler avec toi chaque jour. Amen.

Audience générale du pape François – mercredi 9 octobre 2024

Voûte de l’église de San Salvador de Camanzo, à Vila de Cruces, dans la province de Pontevedra, en Espagne. Wikimedia Commons.

Dans sa catéchèse de la semaine, le pape François a repris son cycle sur « L’Esprit et l’Épouse ». Commentant la mission et l’unité de l’Église décrites dans les Actes des Apôtres, il a déclaré : « Nous voyons l’Esprit œuvrer pour l’unité de deux manières. D’une part, il pousse l’Église vers l’extérieur, afin qu’elle puisse accueillir un nombre toujours plus grand de personnes et de peuples ; d’autre part, elle les rassemble à l’intérieur pour consolider l’unité réalisée. »

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Cycle de catéchèse. L’Esprit et l’Épouse. L’Esprit Saint conduit le peuple de Dieu vers Jésus, notre espérance. 8. « Tous furent remplis d’Esprit Saint ». L’Esprit Saint dans les Actes des Apôtres.

Dans notre itinéraire catéchétique sur l’Esprit Saint et l’Eglise, nous nous référons aujourd’hui au livre des Actes des Apôtres.

Le récit de la descente de l’Esprit Saint à la Pentecôte commence par la description de certains signes annonciateurs — le vent rugissant et les langues de feu — mais trouve sa conclusion dans l’affirmation: «Tous furent remplis de l’Esprit Saint» (Ac 2, 4). Saint Luc — qui a écrit les Actes des Apôtres — souligne que l’Esprit Saint est celui qui assure l’universalité et l’unité  de l’Eglise. L’effet immédiat du fait d’être «remplis d’Esprit Saint» est que les Apôtres «commencèrent à parler en d’autres langues» et sortirent du Cénacle pour annoncer Jésus Christ à la foule (cf. Ac 2, 4ss).

Ce faisant, Luc a voulu souligner la mission universelle de l’Eglise, signe d’une nouvelle unité entre tous les peuples. Nous voyons que l’Esprit travaille à l’unité de deux manières. D’une part, il pousse l’Eglise vers l’extérieur, pour qu’elle puisse accueillir de plus en plus de personnes et de peuples; d’autre part, il la rassemble à l’intérieur pour consolider l’unité réalisée. Il lui apprend à s’étendre dans l’universalité et à se rassembler dans l’unité. Universelle et une: tel est le mystère de l’Eglise.

Le premier de ces deux mouvements — l’universalité — nous le -voyons à l’œuvre dans le chapitre 10 des Actes , dans l’épisode de la conversion de Corneille. Le jour de la Pentecôte, les apôtres avaient annoncé le Christ à tous les Juifs et à tous ceux qui respectaient la loi mosaïque, quel que soit le peuple auquel ils appartenaient. Il a fallu une autre «pentecôte», très semblable à la première, celle de la maison du centurion Corneille, pour que les Apôtres élargissent l’horizon et fassent tomber la dernière barrière, celle entre les Juifs et les païens (cf. Ac 10-11).

A cette expansion ethnique s’ajoute une expansion géographique. Paul — nous le lisons encore dans les Actes des Apôtres  (cf. 16, 6-10) — voulait annoncer l’Evangile dans une nouvelle région de l’Asie Mineure; mais, est-il écrit, «le Saint-Esprit les avait empêchés»; il voulait passer en Bithynie «mais l’Esprit de Jésus ne le leur permit pas». On découvre immédiatement la raison de ces surprenantes interdictions de l’Esprit: la nuit suivante, l’Apôtre reçut en songe l’ordre de passer en Macédoine. L’Evangile quittait ainsi son Asie natale pour entrer en Europe.

Le second mouvement de l’Esprit Saint — celui qui crée l’unité — nous le voyons à l’œuvre au chapitre 15 des Actes , dans le déroulement de ce que l’on appelle le concile de Jérusalem. Le problème est de savoir comment s’assurer que l’universalité atteinte ne compromet pas l’unité de l’Eglise. L’Esprit Saint n’opère pas toujours l’unité de façon soudaine, par des interventions miraculeuses et décisives, comme à la Pentecôte. Il le fait aussi — et dans la plupart des cas — par un travail discret, respectueux du temps et des divergences humaines, en passant par les personnes et les institutions, par la prière et la confrontation. En quelque sorte, nous dirions aujourd’hui, synodale. C’est ce qui s’est passé, en effet, au Concile de Jérusalem, pour la question des obligations de la Loi mosaïque à imposer aux convertis du paganisme. Sa solution fut annoncée à toute l’Eglise avec ces mots bien connus: «L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé…». (Actes 15, 28).

Saint Augustin explique l’unité apportée par l’Esprit Saint à travers une image devenue classique: «Ce que l’âme est pour le corps humain, l’Esprit Saint, l’est pour le corps du Christ ou l’Eglise ». Cette image nous aide à comprendre quelque chose d’important. L’Esprit Saint n’œuvre pas à l’unité de l’Eglise de l’extérieur, il ne se contente pas de nous ordonner d’être unis. Il est lui-même le «lien de -l’unité». C’est Lui qui fait l’unité de l’Eglise.

Comme toujours, nous concluons par une pensée qui nous aide à passer de l’ensemble de l’Eglise à chacun d’entre nous. L’unité de l’Eglise est l’unité entre les personnes et ne se réalise pas autour d’une table, mais dans la vie. Elle se réalise dans la vie. Nous voulons tous l’unité, nous la désirons tous du plus profond de notre cœur; pourtant, elle est si difficile à réaliser que, même au sein du mariage et de la famille, l’unité et la concorde sont parmi les choses les plus difficiles à réaliser et encore plus difficiles à maintenir.

La raison — pour laquelle l’unité entre nous est difficile — est que chacun veut, certes, l’unité, mais autour de son propre point de vue, sans penser que l’autre en face de lui pense exactement la même chose de «son» point de vue. De cette manière, l’unité ne fait que s’éloigner. L’unité de la vie, l’unité de la Pentecôte, selon l’Esprit, est atteinte lorsque l’on s’efforce de mettre Dieu, et non soi-même, au centre. L’unité des chrétiens aussi se construit de cette manière: non pas en attendant que d’autres nous rejoignent là où nous sommes, mais en avançant ensemble vers le Christ.

Demandons à l’Esprit Saint de nous aider à être des instruments d’unité et de paix.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

 

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