Audience générale du pape François – mercredi 26 février 2025

Église catholique Saint-Joseph (Wapakoneta, Ohio) – vitrail, La Présentation du Seigneur. Wikimedia Commons

Le pape François a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », dans le cadre du Jubilé 2025. Cette semaine, il a réfléchi au mystère de la Présentation du Seigneur et à la manière dont Marie et Joseph ont obéi « à la Loi du Seigneur et […] à toutes ses prescriptions ».

Lisez ci-dessous le texte préparé de sa catéchèse.

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, nous contemplons la beauté de «Jésus-Christ, notre espérance»  (1 Tm 1, 1) dans le mystère de sa Présentation au Temple.

Dans les récits de l’enfance de Jésus, l’évangéliste Luc nous montre l’obéissance de Marie et de Joseph à la Loi du Seigneur et à toutes ses prescriptions. En réalité, en Israël, l’obligation de présenter l’enfant au Temple n’existait pas, mais ceux qui vivaient dans l’écoute de la Parole du Seigneur et qui souhaitaient s’y conformer considéraient cette pratique comme précieuse. C’est ce qu’avait fait Anne, mère du prophète Samuel, qui était stérile; Dieu écouta sa parole et, après avoir eu son fils, elle l’amena au Temple et le consacra pour toujours au Seigneur (cf. 1 Sam 1, 24-28).

Luc raconte donc le premier acte du culte de Jésus, célébré dans la ville sainte, Jérusalem, qui sera le but de l’ensemble de son ministère itinérant à partir du moment où il prendra la  ferme décision de s’y rendre (cf. Lc 9, 51), allant vers l’accomplissement de sa mission.

Marie et Joseph ne se limitent pas à inscrire Jésus dans une histoire de famille, de peuple, d’alliance avec le Seigneur Dieu. Ils prennent soin de lui et de sa croissance, et ils l’introduisent à l’atmosphère de la foi et du culte. Et eux-mêmes grandissent progressivement dans la compréhension d’une vocation qui les dépasse de loin.

Dans le Temple, qui est une «maison de prière» (Lc 19, 46), l’Esprit Saint parle au cœur d’un homme âgé: Syméon, un membre du Peuple saint de Dieu préparé à l’attente et l’espérance, qui nourrit le désir de l’accomplissement des promesses faites par Dieu à Israël à travers les prophètes. Syméon perçoit la présence de l’Oint du Seigneur dans le Temple, voit la lumière qui resplendit au milieu des peuples plongés «dans les ténèbres» (cf. Is 9, 1) et va à la rencontre de cet enfant qui, comme le prophétise Isaïe, «nous est né», c’est le fils qui «nous a été donné», le «Prince-de-paix» (Is 9, 5). Syméon embrasse cet enfant qui, petit et sans défense, repose dans ses bras; mais c’est lui, en réalité, qui trouve la consolation et la plénitude de son existence en le serrant contre lui. Il l’exprime dans un cantique rempli d’une reconnaissance empreinte d’émotion, qui dans l’Eglise est devenu la prière au terme de la journée:

«Maintenant, Souverain Maître, tu peux,
selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix;
car mes yeux ont vu ton salut,
que tu as préparé à la face de tous les peuples,
lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël» (Lc 2, 29-32).

Syméon chante la joie de ceux qui ont vu, ceux qui ont reconnu et peuvent transmettre aux autres la rencontre avec le Sauveur d’Israël et des nations. Il est témoin de la foi, qu’il reçoit en don et qu’il communique aux autres; il est témoin de l’espérance qui ne déçoit pas; il est témoin de l’amour de Dieu, qui remplit de joie et de paix le cœur de l’homme. Comblé par cette consolation spirituelle, le vieux Syméon voit la mort non pas comme une fin, mais comme un accomplissement, comme une plénitude, il l’attend comme une «sœur» qui n’anéantit pas, mais qui introduit dans la véritable vie, dont il a eu un avant-goût et en laquelle il croit.

Ce jour-là, Syméon n’est pas le seul à voir le salut qui s’est fait chair dans l’enfant Jésus. C’est ce qui arrive aussi à Anne, femme de plus de 80 ans, veuve, qui se dédie entièrement au service du Temple et qui se consacre à la prière. A la vue de l’enfant, en effet, Anne célèbre le Dieu d’Israël, qui précisément à travers cet enfant a racheté son peuple, et elle le raconte aux autres, en diffusant avec générosité la parole prophétique. Le chant de la rédemption de deux personnes âgées libère ainsi l’annonce du Jubilé pour tout le peuple et le monde. Dans le Temple de Jérusalem, l’espérance se ravive dans les cœurs car Jésus Christ, notre espérance, y a fait son entrée.

Chers frères et sœurs, imitons nous aussi Syméon et Anne, ces «pèlerins d’espérance» qui ont des yeux limpides capables de voir au-delà des apparences, qui savent «flairer» la présence de Dieu à travers l’enfant, qui savent accueillir avec joie la visite de Dieu et raviver l’espérance dans le cœur des frères et des sœurs.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Pour consulter le répertoire complet des audiences générales du pape François, visitez notre blogue.

 

Les vies consacrées dans la Présentation du Seigneur

(Photo: courtoisie de Pixabay)

Cette semaine était célébrée la solennité de la Présentation du Seigneur, à laquelle est liée la journée mondiale de la Vie consacrée. Ce n’est pas un hasard si ces deux événements coïncident. La journée pour la Vie consacrée fut inaugurée en 1997 par le pape Jean Paul II, en reconnaissance de la grâce toute spéciale offerte à l’humanité dans la vocation religieuse, qui permet, comme il le soulignait, de “ garder vivante dans l’Église la forme historique de vie assumée par le Fils de Dieu quand il est venu sur cette terre”. L’épisode biblique de la Présentation du Seigneur abrite un ensemble de personnes dont la vie est donnée toute entière à Dieu, et chacun porte une mission unique. 

Syméon dans l’attente du Messie

Syméon est un vieil homme qui attend la venue du Messie à Jérusalem. Lorsqu’il voit l’enfant Jésus, il sait tout de suite qu’il est le Christ. C’est à ce moment qu’il exprime les paroles bien connues du Cantique de Syméon, chanté au moment des Complies: 

Maître Souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole, car il a vu le salut que tu préparais à la face des peuples ; lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. 

L’ouverture et la confiance dont témoignent les paroles de Syméon manifestent la plus grande pureté de cœur. Alors que les lectures de l’Avent nous préparaient à veiller à l’arrivée du Christ, nous voici maintenant devant un exemple réel de cette attente incarnée, de toute une vie offerte à l’accueil du Seigneur. 

Il est écrit dans le Livre de Malachie: Qui pourra soutenir le jour de sa venue? Qui pourra rester debout lorsqu’il se montrera? Contrairement aux apôtres et autres figures qui rencontrent le Christ lors de sa vie publique, Syméon reconnaît sa véritable identité alors qu’il n’est qu’un enfant, et qu’il ne peut offrir de signes extérieurs de son lien unique avec Dieu. Sans voir de miracle ni entendre de parole, mais plutôt parce qu’étant rempli d’Esprit Saint, Syméon s’avance et reconnaît celui qui sauvera Israël et l’humanité.

La sainte Famille et les traditions juives

L’épisode de la Présentation du Seigneur présente un ensemble de rites traditionnels juifs entourant la naissance d’un enfant dont la purification de la mère et le sacrifice de deux colombes pour le rachat d’un premier né. Tous deux ont lieu au Temple de Jérusalem. À ce moment, Marie est bien engagée dans sa mission toute particulière: être la mère de Dieu. Marie donne sa vie pour le Seigneur, dès le premier jour où elle a connaissance de sa venue. Cette journée de la Présentation au temple est donc un signe fort de la valeur du don total dont elle a fait preuve en acquiesçant à la demande du Seigneur. Cela est vrai non seulement dans sa relation intime avec Dieu, mais aussi avec toute la tradition juive qui précède et prépare la venue du Christ.

Bien qu’étant l’Immaculé Conception, c’est-à-dire la seule à n’avoir besoin d’aucune purification, elle se soumet tout de même aux rituels avec la plus grande humilité et le plus grand respect de Dieu. Que la purification ait eu lieu au même moment que la présentation de Jésus est aussi chargé de sens. On voit comment, dans ces rituels est particulièrement manifeste le lien qui unit le Fils à sa Mère. 

Consécration de Jésus: le don total de soi

Une fois que tout cela est dit, le don de Jésus lui-même est bien sûr le plus grand don qui soit.  Bien qu’étant lui-même Seigneur, l’enfant est tout de même présenté au Seigneur par l’entremise du rituel sacerdotal juif. Ce don de soi va bien au-delà de ce que nous, humains, pouvons faire ou imaginer. La fragilité que choisit le Seigneur, en devenant un petit enfant, tout à fait dépendant de sa mère et de son père, qui ne peut même pas se nourrir soi-même, doit nous remplir de joie. Il nous rappelle aussi le don qu’il a fait sur la Croix, le point culminant de sa vie terrestre.

Le récit évangélique de la Présentation au temple se termine ainsi: L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. (Lc 2, 22-40) Encore une fois, on témoigne de la pureté de cet enfant. Cette croissance fortifiante guidée par la grâce de Dieu est celle que nous voulons pour chaque enfant. Même à ce moment de la vie de Jésus, il y a un exemple qui s’adresse particulièrement à nous qui sommes soit  parents, soit enfants. Cherchons toujours la sagesse ensemble, et sachons que le don de soi est essentiel dans le plan de Dieu. 

L’espérance sans attente?

Est-il possible d’imaginer reproduire ces rituels, consacrer sa vie à la venue d’un enfant sans avoir d’espérance ni en Dieu ni en son Royaume? Cette fête et la réaction de Syméon ne sont possibles et beaux que dans un monde où la foi en Dieu existe et où l’Esprit Saint est accueilli. L’espérance transcende les difficultés de nos vies pour nous donner confiance qu’au bout de cette vie, le Seigneur nous attend. Comme Syméon, nous traversons notre vie en quête d’un peu de sagesse et de bonté pour enfin arriver auprès de Dieu. Une fois arrivés là-haut, nous pourrons éternellement ressentir la joie d’un vieillard rempli de sagesse et comme un enfant nouveau-né dans les bras de son Père. 

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