Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 24 septembre2025

Markos Bathas. Icône de la descente aux enfers. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ, notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il a médité sur la descente de Jésus aux enfers le samedi saint, affirmant que « la fidélité de son amour nous a recherchés là où nous étions perdus, là où seule la puissance d’une lumière capable de pénétrer le royaume des ténèbres peut atteindre ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 19h00 HE, 16h00 HP et sur slmedia.org/fr/endirect.

Chers frères et sœurs, bonjour!

aujourd’hui encore, nous contemplons le mystère du Samedi Saint. C’est le jour du Mystère pascal où tout semble immobile et silencieux, alors qu’en réalité s’accomplit une action invisible de salut : le Christ descend dans le royaume des enfers pour annoncer la Résurrection à tous ceux qui étaient dans les ténèbres et l’ombre de la mort.

Cet événement, que la liturgie et la tradition nous ont transmis, représente le geste le plus profond et le plus radical de l’amour de Dieu pour l’humanité. En effet, il ne suffit pas de dire ou de croire que Jésus est mort pour nous : il faut reconnaître que la fidélité de son amour a voulu nous chercher là même où nous nous étions perdus, là où peut pénétrer seule la force d’une lumière capable de traverser le domaine des ténèbres.

Les enfers, dans la conception biblique, ne sont pas tant un lieu qu’une condition existentielle : cette condition dans laquelle la vie est affaiblie et où règnent la douleur, la solitude, la culpabilité et la séparation d’avec Dieu et des autres. Le Christ nous rejoint même dans cet abîme, franchissant les portes de ce règne des ténèbres. Il entre, pour ainsi dire, dans la maison même de la mort, pour la vider, pour en libérer les habitants, en les prenant par la main un par un. C’est l’humilité d’un Dieu qui ne s’arrête pas devant notre péché, qui n’est pas effrayé par le rejet extrême de l’être humain.

Dans le court passage de sa première lettre que nous avons entendu, l’apôtre Pierre nous dit que Jésus, rendu vivant dans l’Esprit Saint, alla porter l’annonce du salut « même aux âmes prisonnières » (1 3, 19). C’est l’une des images les plus émouvantes, qui ne se trouve pas dans les Évangiles canoniques, mais dans un texte apocryphe appelé l’Évangile de Nicodème. Selon cette tradition, le Fils de Dieu s’est enfoncé dans les ténèbres les plus épaisses pour atteindre même le dernier de ses frères et sœurs, pour aussi y apporter sa lumière. Dans ce geste, il y a toute la force et la tendresse de l’annonce pascale : la mort n’est jamais le dernier mot.

Très chers amis, cette descente du Christ ne concerne pas seulement le passé, mais touche la vie de chacun de nous. Les enfers ne sont pas seulement la condition de qui est mort, mais aussi de qui vit la mort à cause du mal et du péché. C’est aussi l’enfer quotidien de la solitude, de la honte, de l’abandon, de la pénibilité de la vie. Le Christ entre dans toutes ces réalités obscures pour nous témoigner l’amour du Père. Non pas pour juger, mais pour libérer. Non pas pour culpabiliser, mais pour sauver. Il le fait sans clameur, sur la pointe des pieds, comme celui qui entre dans une chambre d’hôpital pour offrir réconfort et aide.

Les Pères de l’Église, dans des pages d’une extraordinaire beauté, ont décrit ce moment comme une rencontre : celle entre le Christ et Adam. Une rencontre qui symbolise toutes les rencontres possibles entre Dieu et l’homme. Le Seigneur descend là où l’homme s’est caché par peur, l’appelle par son nom, le prend par la main, le relève et le ramène à la lumière. Il le fait de pleine autorité, mais aussi avec une infinie douceur, comme un père avec son fils qui craint de ne plus être aimé.

Dans les icônes orientales de la Résurrection, le Christ est représenté en train de briser les portes des enfers et, tendant les bras, il saisit les poignets d’Adam et Ève. Il ne se sauve pas seulement lui-même, il ne revient pas seul à la vie, mais il entraîne avec lui toute l’humanité. Telle est la véritable gloire du Ressuscité : c’est la puissance de l’amour, c’est la solidarité d’un Dieu qui ne veut pas se sauver sans nous, mais seulement avec nous. Un Dieu qui ne ressuscite qu’en embrassant nos misères et en nous relevant pour une vie nouvelle.

Le Samedi Saint est donc le jour où le ciel visite la terre plus profondément. C’est le moment où chaque recoin de l’histoire humaine est touché par la lumière de Pâques. Et si le Christ a pu descendre jusque-là, rien ne peut être exclu de sa rédemption. Pas même nos nuits, pas même nos fautes les plus anciennes, pas même nos liens brisés. Il n’y a pas de passé si détérioré, il n’y a pas d’histoire si compromise qui ne puisse être touchée par la miséricorde.

Chers frères et sœurs, descendre, pour Dieu, n’est pas une défaite, mais l’accomplissement de son amour. Ce n’est pas un échec, mais le moyen par lequel Il montre qu’aucun lieu n’est trop loin, aucun cœur trop fermé, aucune tombe trop scellée pour son amour. Cela nous console, cela nous soutient. Et si parfois nous avons l’impression de toucher le fond, rappelons-nous : c’est de là que Dieu est capable de commencer une nouvelle création. Une création faite de personnes remises debout, de cœurs pardonnés, de larmes asséchées. Le Samedi Saint est l’étreinte silencieuse par laquelle le Christ présente toute la création au Père, pour la replacer dans son dessein de salut.

ANNONCE

Chers frères et sœurs, le mois d’octobre, désormais proche, est particulièrement dédié au Saint Rosaire dans l’Église. C’est pourquoi je vous invite tous, chaque jour du prochain mois, à prier le Rosaire pour la paix, personnellement, en famille et en communauté.

J’invite également tous ceux qui travaillent au Vatican à vivre cette prière dans la Basilique de Saint-Pierre, chaque jour, à 19 heures. En particulier, le samedi 11 octobre, à 18 heures, nous le ferons ensemble sur la Place Saint-Pierre, lors de la veillée du Jubilé de la Spiritualité Mariale, en commémorant également l’anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 17 septembre2025

Sculpture du Christ gisant. Photo Pexels.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ, notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il a médité sur le repos sabbatique de Jésus dans le tombeau le samedi saint, en disant : « Dans le tombeau, Jésus, la Parole vivante du Père, est silencieux. Mais c’est précisément dans ce silence que la nouvelle vie commence à fermenter. Comme une graine dans la terre, comme l’obscurité avant l’aube. Dieu n’a pas peur du temps qui passe, car il est aussi le Dieu de l’attente ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 19h00 HE, 16h00 HP et sur slmedia.org/fr/endirect.

Chers frères et sœurs,

dans notre cheminement de catéchèse sur Jésus, notre espérance, nous contemplons aujourd’hui le mystère du Samedi Saint. Le Fils de Dieu repose dans le tombeau. Mais cette “absence” n’est pas un vide : c’est une attente, une plénitude retenue, une promesse gardée dans l’obscurité. C’est le jour du grand silence, où le ciel semble muet et la terre immobile, mais c’est précisément là que s’accomplit le mystère le plus profond de la foi chrétienne. C’est un silence lourd de sens, comme le sein d’une mère qui garde son enfant non encore né, mais déjà vivant.

Le corps de Jésus, descendu de la croix, est soigneusement enveloppé, comme on le fait avec ce qui est précieux. L’évangéliste Jean nous dit qu’il a été enterré dans un jardin, dans « un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne » (Jn 19, 41). Rien n’est laissé au hasard. Ce jardin rappelle l’Eden perdu, le lieu où Dieu et l’homme étaient unis. Et ce tombeau jamais utilisé parle de quelque chose qui doit encore arriver : c’est un seuil, pas une fin. Au début de la création, Dieu avait planté un jardin, maintenant la nouvelle création commence aussi dans un jardin : avec un tombeau clos qui, bientôt, s’ouvrira.

Le Samedi Saint est également un jour de repos. Selon la Loi juive, on ne doit pas travailler le septième jour : en effet, après six jours de création, Dieu se reposa (cf. Gn 2, 2). Maintenant, le Fils aussi, après avoir accompli son œuvre de salut, se repose. Non pas parce qu’il est fatigué, mais parce qu’il a terminé son travail. Non pas parce qu’il a abandonné, mais parce qu’il a aimé jusqu’au bout. Il n’y a plus rien à ajouter. Ce repos est le sceau de l’œuvre accomplie, la confirmation que ce qui devait être fait a vraiment été porté à terme. C’est un repos rempli de la présence cachée du Seigneur.

Nous avons du mal à nous arrêter et à nous reposer. Nous vivons comme si la vie n’était jamais suffisante. Nous courons pour produire, pour prouver, pour ne pas perdre de terrain. Mais l’Évangile nous enseigne que savoir s’arrêter est un geste de confiance que nous devons apprendre à accomplir. Le Samedi Saint nous invite à découvrir que la vie ne dépend pas toujours de ce que nous faisons, mais aussi de la façon dont nous savons nous détacher de ce que nous avons pu faire.

Dans le sépulcre, Jésus, la Parole vivante du Père, se tait. Mais c’est précisément dans ce silence que la vie nouvelle commence à germer. Comme une graine dans la terre, comme l’obscurité avant l’aube. Dieu n’a pas peur du temps qui passe, car il est aussi le Seigneur de l’attente. Ainsi, même notre temps “inutile”, celui des pauses, des vides, des moments stériles, peut devenir le sein de la résurrection. Chaque silence accueilli peut être le prélude à une nouvelle Parole. Chaque temps suspendu peut devenir un temps de grâce, si nous l’offrons à Dieu.

Jésus, enseveli dans la terre, est le visage doux d’un Dieu qui n’occupe pas tout l’espace. C’est le Dieu qui laisse faire, qui attend, qui se retire pour nous laisser la liberté. C’est le Dieu qui fait confiance, même quand tout semble fini. Et nous, en ce samedi suspendu, nous apprenons que nous ne devons pas nous précipiter pour ressusciter : il faut d’abord rester, accueillir le silence, nous laisser embrasser par la limite. Parfois, nous cherchons des réponses rapides, des solutions immédiates. Mais Dieu œuvre en profondeur, dans le temps lent de la confiance. Le samedi de l’ensevelissement devient ainsi le sein d’où peut jaillir la force d’une lumière invincible, celle de Pâques.

Chers amis, l’espérance chrétienne ne naît pas dans le bruit, mais dans le silence d’une attente habitée par l’amour. Elle n’est pas fille de l’euphorie, mais de l’abandon confiant. La Vierge Marie nous l’enseigne : elle incarne cette attente, cette confiance, cette espérance. Quand il nous semble que tout est immobile, que la vie est une route interrompue, souvenons-nous du Samedi Saint. Même dans le tombeau, Dieu prépare la plus grande surprise. Et si nous savons accueillir avec gratitude ce qui a été, nous découvrirons que, précisément dans la petitesse et le silence, Dieu aime transfigurer la réalité, rendant toutes choses nouvelles par la fidélité de son amour. La vraie joie naît de l’attente habitée, de la foi patiente, de l’espérance que ce qui a été vécu dans l’amour, certainement, ressuscitera à la vie éternelle.

APPEL

J’exprime ma profonde proximité au peuple palestinien de Gaza, qui continue à vivre dans la peur et à survivre dans des conditions inacceptables, contraint de force une fois de plus à quitter ses propres terres. Devant le Seigneur tout-puissant qui a ordonné : « Tu ne tueras pas » (Ex 20,13) et devant toute l’histoire humaine, chaque personne a toujours une dignité inviolable, qui doit être respectée et sauvegardée. Je renouvelle mon appel au cessez-le-feu, à la libération des otages, à la solution diplomatique négociée et au respect intégral du droit humanitaire international. J’invite tout le monde à s’unir à moi dans ma prière douloureuse afin que se lève bientôt une aube de paix et de justice.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 10 septembre2025

Crédit photo : Pexels

Lors de l’audience générale du 10 septembre 2025, le Pape Léon XIV a poursuivi sa catéchèse du Jubilé 2025 sur l’espérance chrétienne. Il a médité sur la mort de Jésus, soulignant la force et le sens du “grand cri” du Christ sur la croix, non pas comme un signe de désespoir, mais comme une prière ultime de confiance et d’espérance. 

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 19h00 HE, 16h00 HP et sur slmedia.org/fr/endirect.

Chers frères et sœurs,

Bonjour et merci pour votre présence, un beau témoignage !

Aujourd’hui, nous contemplons le sommet de la vie de Jésus dans ce monde : sa mort sur la croix. Les Évangiles attestent un détail très précieux, qui mérite d’être contemplé avec l’intelligence de la foi. Sur la croix, Jésus ne meurt pas en silence. Il ne s’éteint pas lentement, comme une lumière qui s’éteint, mais il quitte la vie avec un cri : « Jésus, poussant un grand cri, expira » (Mc 15, 37). Ce cri résume tout : la douleur, l’abandon, la foi, l’offrande. Ce n’est pas seulement la voix d’un corps qui cède, mais le signe ultime d’une vie qui se donne.

Le cri de Jésus est précédé d’une question, l’une des plus déchirantes qui puissent être prononcées : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». C’est le premier verset du Psaume 22, mais sur les lèvres de Jésus, il porte une gravité unique. Le Fils, qui a toujours vécu en communion intime avec le Père, fait maintenant l’expérience du silence, de l’absence, de l’abîme. Il ne s’agit pas d’une crise de foi, mais de la dernière étape d’un amour qui se donne jusqu’au bout. Le cri de Jésus n’est pas un cri de désespoir, mais de sincérité, de vérité poussée à l’extrême, de confiance qui résiste même lorsque tout fait silence.

À ce moment-là, le ciel s’assombrit et le voile du temple se déchire (cf. Mc 15, 33.38). C’est comme si la création elle-même participait à cette douleur et révélait en même temps quelque chose de nouveau : Dieu n’habite plus derrière un voile, son visage est désormais pleinement visible dans le Crucifié. C’est là, dans cet homme déchiré, que se manifeste le plus grand amour. C’est là que nous pouvons reconnaître un Dieu qui ne reste pas distant, mais qui traverse jusqu’au bout notre douleur.

Le centurion, un païen, le comprend. Non pas parce qu’il a écouté un discours, mais parce qu’il a vu Jésus mourir de cette manière : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! » (Mc 15, 39). C’est la première profession de foi après la mort de Jésus. C’est le fruit d’un cri qui ne s’est pas perdu dans le vent, mais qui a touché un cœur. Parfois, ce que nous ne pouvons pas dire avec des mots, nous l’exprimons avec la voix. Quand le cœur est plein, il crie. Et ce n’est pas toujours un signe de faiblesse, cela peut être un acte profond d’humanité.

Nous avons l’habitude de considérer le cri comme quelque chose de désordonné, à réprimer. L’Évangile confère à notre cri une valeur immense, en nous rappelant qu’il peut être une invocation, une protestation, un désir, un abandon. Il peut même être la forme extrême de la prière, lorsque nous n’avons plus de mots. Dans ce cri, Jésus a mis tout ce qui lui restait : tout son amour, toute son espérance.

Oui, car il y a aussi cela dans le cri : une espérance qui ne se résigne pas. On crie quand on croit que quelqu’un peut encore entendre. On crie non par désespoir, mais par désir. Jésus n’a pas crié contre le Père, mais vers Lui. Même dans le silence, il était convaincu que le Père était là. Et ainsi, il nous a montré que notre espérance peut crier, même quand tout semble perdu.

Crier devient alors un geste spirituel. Ce n’est pas seulement le premier acte de notre naissance – lorsque nous venons au monde en pleurant – : c’est aussi une façon de rester en vie. On crie quand on souffre, mais aussi quand on aime, quand on appelle, quand on invoque. Crier, c’est dire que nous sommes là, que nous ne voulons pas nous éteindre dans le silence, que nous avons encore quelque chose à offrir.

Dans le voyage de la vie, il y a des moments où tout garder à l’intérieur peut nous consumer lentement. Jésus nous enseigne à ne pas avoir peur du cri, pourvu qu’il soit sincère, humble, orienté vers le Père. Un cri n’est jamais inutile s’il naît de l’amour. Et il n’est jamais ignoré s’il est confié à Dieu. C’est un moyen de ne pas céder au cynisme, de continuer à croire qu’un autre monde est possible.

Chers frères et sœurs, apprenons aussi cela du Seigneur Jésus : apprenons le cri de l’espérance lorsque vient l’heure de l’épreuve extrême. Non pas pour blesser, mais pour nous confier. Non pas pour hurler contre quelqu’un, mais pour ouvrir le cœur. Si notre cri est sincère, il peut être le seuil d’une nouvelle lumière, d’une nouvelle naissance. Comme pour Jésus : quand tout semblait fini, en réalité, le salut était sur le point de commencer. Si elle se manifeste avec la confiance et la liberté des enfants de Dieu, la voix souffrante de notre humanité, unie à la voix du Christ, peut devenir source d’espérance pour nous et pour ceux qui nous entourent.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les fidèles venus, du diocèse de Montréal au Canada accompagnés par leur évêque Mgr Lépine, ainsi que les pèlerins du diocèse d’Angers venus de France.

Quand vient l’heure de l’épreuve, comme les nouveaux saints Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis, apprenons du Christ le cri de l’espérance et le désir d’ouvrir grand nos cœurs à la volonté du Père qui veut notre salut.

Que Dieu vous bénisse !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Homélie du pape Léon XIV – Messe de canonisation des saints Carlo Acutis et Pier Giorgio Frassati

Crédit photo : Vatican Media

Dans le cadre solennel du XXIIIᵉ dimanche du temps ordinaire, le pape Léon XIV a élevé à la gloire des autels deux jeunes témoins exemplaires de la foi chrétienne : Carlo Acutis, adolescent passionné d’informatique, et Pier Giorgio Frassati, étudiant et alpiniste engagé. À travers son homélie, le pape a mis en lumière leur capacité unique à reconnaître et à répondre à l’appel divin, en s’abandonnant à la Sagesse de Dieu et en s’offrant avec audace à l’Évangile.

Lisez le texte intégral de son homélie ci-dessous. Si vous souhaitez en savoir plus sur saint Carlo Acutis, rendez-vous sur slmedia.org/fr/carlo-acutis-fr. Vous pouvez lire notre article consacré à saint Pier Giorgio Frassati ici.

Chers frères et sœurs,

dans la première lecture, nous avons entendu une question : « [Seigneur,] qui aurait connu ta volonté, si tu ne lui avais pas donné la sagesse et si tu ne lui avais pas envoyé ton Esprit Saint d’en haut ? » (Sag 9,17). Nous l’avons entendue après que deux jeunes bienheureux, Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis, ont été proclamés saints, et cela est providentiel. En effet, dans le Livre de la Sagesse, cette question est attribuée précisément à un jeune homme comme eux : le roi Salomon. À la mort de David, son père, il s’était rendu compte qu’il disposait de beaucoup de choses : le pouvoir, la richesse, la santé, la jeunesse, la beauté, le royaume. Mais c’est précisément cette grande abondance de moyens qui avait fait naître en lui une question : « Que dois-je faire pour que rien ne soit perdu ? ». Et il avait compris que la seule façon de trouver une réponse était de demander à Dieu un don encore plus grand : sa Sagesse, afin de connaître ses projets et d’y adhérer fidèlement. Il s’était en effet rendu compte que c’était le seul moyen pour que chaque chose trouve sa place dans le grand dessein du Seigneur. Oui, car le plus grand risque de la vie est de la gaspiller en dehors du projet de Dieu.

Dans l’Évangile, Jésus nous parle lui aussi d’un projet auquel il faut adhérer pleinement. Il dit : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple » (Lc 14, 27) ; et encore : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple » (v. 33). Il nous appelle, en effet, à nous lancer sans hésitation dans l’aventure qu’il nous propose, avec l’intelligence et la force qui viennent de son Esprit et que nous pouvons accueillir dans la mesure où nous nous dépouillons de nous-mêmes, des choses et des idées auxquelles nous sommes attachés, pour nous mettre à l’écoute de sa parole.

Au cours des siècles, de nombreux jeunes ont dû faire face à ce choix décisif dans leur vie. Pensons à saint François d’Assise : comme Salomon, lui aussi était jeune et riche, assoiffé de gloire et de renommée. C’est pourquoi il était parti à la guerre, dans l’espoir d’être fait ‘‘chevalier’’ et d’être couvert d’honneurs. Mais Jésus lui était apparu en chemin et l’avait amené à réfléchir à ce qu’il était en train de faire. Rentré en lui-même, il avait posé à Dieu une question simple : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » [1]. Et à partir de là, revenant sur ses pas, il avait commencé à écrire une histoire différente : la merveilleuse histoire de sainteté que nous connaissons tous, se dépouillant de tout pour suivre le Seigneur (cf. Lc 14, 33), vivant dans la pauvreté et préférant à l’or, à l’argent et aux tissus précieux de son père l’amour pour ses frères, en particulier les plus faibles et les plus petits.

Et combien d’autres saints et saintes pourrions-nous rappeler ! Parfois, nous les représentons comme de grands personnages, oubliant que tout a commencé pour eux lorsqu’ils ont répondu ‘‘oui’’ à Dieu alors qu’ils étaient encore jeunes, et se sont donnés pleinement à Lui, sans rien garder pour soi. Saint Augustin raconte à ce propos que, dans le  « nœud tortueux et enchevêtré » de sa vie, une voix, au plus profond de lui, lui disait : « Je te veux » [2]. Et ainsi Dieu lui a donné une nouvelle direction, une nouvelle voie, une nouvelle logique, dans laquelle rien de son existence n’a été perdu.

Dans ce contexte, nous regardons aujourd’hui saint Pier Giorgio Frassati et saint Carlo Acutis : un jeune homme du début du XXe siècle et un adolescent de notre époque, tous deux amoureux de Jésus et prêts à tout donner pour Lui.

Photo gracieusement fournie par le Diacre Robin Cheung

Pier Giorgio a rencontré le Seigneur à travers l’école et les groupes ecclésiaux – l’Action catholique, les Conférences de Saint Vincent, la FUCI, le Tiers-Ordre dominicain – et en a témoigné par sa joie de vivre et d’être chrétien dans la prière, l’amitié et la charité. À tel point que, le voyant parcourir les rues de Turin avec des charrettes remplies d’aides pour les pauvres, ses amis l’avaient rebaptisé “Entreprise Transport Frassati ” ! Aujourd’hui encore, la vie de Pier Giorgio est une lumière pour la spiritualité laïque. Pour lui, la foi n’a pas été une dévotion privée : poussé par la force de l’Évangile et son appartenance à des associations ecclésiales, il s’est engagé généreusement dans la société, a apporté sa contribution à la vie politique et s’est dépensé avec ardeur au service des pauvres.

Photo gracieusement fournie par le Diacre Robin Cheung

Carlo, quant à lui, a rencontré Jésus en famille, grâce à ses parents, Andrea et Antonia – présents ici aujourd’hui avec ses deux frères, Francesca et Michele – puis à l’école, lui aussi, et surtout dans les sacrements, célébrés dans la communauté paroissiale. Il a ainsi grandi, intégrant naturellement dans ses journées d’enfant et d’adolescent la prière, le sport, les études et la charité.

Pier Giorgio et Carlo ont tous deux cultivé l’amour pour Dieu et pour leurs frères à travers de simples moyens, à la portée de tous : la messe quotidienne, la prière, en particulier l’adoration eucharistique. Carlo disait : « Devant le soleil, on se bronze. Devant l’Eucharistie, on devient saint ! », et encore : « La tristesse, c’est le regard tourné vers soi-même, le bonheur, c’est le regard tourné vers Dieu. La conversion n’est rien d’autre que le déplacement du regard du bas vers le haut, un simple mouvement des yeux suffit ». Une autre chose essentielle pour eux était la confession fréquente. Carlo a écrit : « La seule chose que nous devons vraiment craindre, c’est le péché » ; et il s’étonnait parce que – ce sont toujours ses propos – « les hommes se soucient tant de la beauté de leur corps et ne se soucient pas de la beauté de leur âme ». Enfin, tous deux avaient une grande dévotion pour les saints et pour la Vierge Marie, et pratiquaient généreusement la charité. Pier Giorgio disait : « Autour des pauvres et des malades, moi je vois une lumière que nous n’avons pas » [3]. Il appelait la charité « le fondement de notre religion » et, comme Carlo, il l’exerçait surtout à travers de petits gestes concrets, souvent cachés, vivant ce que le pape François a appelé « la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’ » (Exhort. ap. Gaudete et exsultate, n. 7).

Même lorsque la maladie les a frappés et a fauché leurs jeunes vies, cela ne les a pas arrêtés et ne les a pas empêchés d’aimer, de s’offrir à Dieu, de le bénir et de le prier pour eux-mêmes et pour tous. Un jour, Pier Giorgio a dit : « Le jour de ma mort sera le plus beau de ma vie » [4] ; et sur la dernière photo, qui le montre en train d’escalader une montagne du Val di Lanzo, le visage tourné vers son objectif, il avait écrit : « Vers le haut » [5]. Du reste, encore plus jeune, Carlo aimait dire que le Ciel nous attend depuis toujours, et qu’aimer demain, c’est donner aujourd’hui le meilleur de nous-mêmes.

Très chers amis, les saints Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis sont une invitation adressée à nous tous, surtout aux jeunes, à ne pas gâcher la vie, mais à l’orienter vers le haut et à en faire un chef-d’œuvre. Ils nous encouragent par leurs paroles : « Non pas moi, mais Dieu », disait Carlo. Et Pier Giorgio : « Si tu places Dieu au centre de chacune de tes actions, alors tu iras jusqu’au bout ». Telle est la formule simple, mais gagnante, de leur sainteté. C’est aussi le témoignage que nous sommes appelés à suivre, pour goûter pleinement la vie et aller à la rencontre du Seigneur dans la fête du Ciel.


[1]  Leggenda dei tre compagni, cap. I: Fonti Francescane, 1401.

[2]  Les Confessions, II, 10,18.

[3]Nicola Gori, Al prezzo della vita: “L’Osservatore romano”, 11 febbraio 2021.

[4] Irene Funghi, I giovani assieme a Frassati: un compagno nei nostri cammini tortuosi: “Avvenire”, 2 agosto 2025.

[5]  Ibid.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 3 septembre2025

Photo Pexels.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le Pape Léon XIV poursuit son cycle de catéchèse consacré au Jubilé 2025, intitulé Jésus-Christ, notre espérance — un itinéraire spirituel marqué par les grands moments de la vie du Christ. Lors de cette séance, il nous invite à méditer le cinquième thème du troisième volet consacré à la Pâque de Jésus : la Crucifixion, à travers les paroles poignantes de l’Évangile selon saint Jean — « J’ai soif » (Jean 19,28) suivies de « Tout est accompli » (Jean 19,30)

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 19h00 HE, 16h00 HP et sur slmedia.org/fr/endirect.

Chers frères et sœurs,

au cœur du récit de la Passion, au moment le plus lumineux et en même temps le plus sombre de la vie de Jésus, l’Évangile de Jean nous livre deux mots qui renferment un immense mystère : « J’ai soif » (19,28), et aussitôt après : « Tout est accompli. » (19,30). Ultimes paroles, mais chargées d’une vie entière, qui révèlent le sens de toute l’existence du Fils de Dieu. Sur la croix, Jésus n’apparaît pas comme un héros victorieux, mais comme un mendiant d’amour. Il ne proclame pas, ne condamne pas, ne se défend pas. Il demande humblement ce qu’il ne peut en aucun cas se donner à lui-même.

La soif du Crucifié n’est pas seulement le besoin physiologique d’un corps meurtri. Elle est même, et surtout, l’expression d’un désir profond : celui d’amour, de relation, de communion. C’est le cri silencieux d’un Dieu qui, ayant voulu tout partager de notre condition humaine, se laisse aussi traverser par cette soif. Un Dieu qui n’a pas honte de mendier une gorgée, car dans ce geste, il nous dit que l’amour, pour être vrai, doit aussi apprendre à demander et pas seulement à donner.

J’ai soif, dit Jésus, et c’est ainsi qu’il manifeste son humanité et la nôtre. Aucun de nous ne peut se suffire à soi-même. Personne ne peut se sauver seul. La vie “s’accomplit” non pas lorsque nous sommes forts, mais lorsque nous apprenons à recevoir. Et c’est précisément à ce moment-là, après avoir reçu des mains étrangères une éponge imbibée de vinaigre, que Jésus proclame : Tout est accompli. L’amour s’est fait nécessiteux, et c’est précisément pour cela qu’il a accompli son œuvre.

C’est là le paradoxe chrétien : Dieu sauve non pas en agissant, mais en se laissant faire. Non pas en vainquant le mal par la force, mais en acceptant jusqu’au fond la faiblesse de l’amour. Sur la croix, Jésus nous enseigne que l’homme ne se réalise pas dans le pouvoir, mais dans l’ouverture confiante à l’autre, même lorsqu’il nous est hostile et ennemi. Le salut ne réside pas dans l’autonomie, mais de reconnaitre avec humilité son propre besoin et de savoir l’exprimer librement.

L’accomplissement de notre humanité dans le dessein de Dieu n’est pas un acte de puissance, mais un geste de confiance. Jésus ne sauve pas par un coup de théâtre, mais en demandant quelque chose qu’il ne peut se donner à lui-même. Et c’est là que s’ouvre une porte sur la véritable espérance : si même le Fils de Dieu a choisi de ne pas se suffire à lui-même, alors notre soif – d’amour, de sens, de justice – n’est pas un signe d’échec, mais de vérité.

Cette vérité, apparemment si simple, est difficile à accepter. Nous vivons à une époque qui récompense l’autosuffisance, l’efficacité, la performance. Pourtant, l’Évangile nous montre que la mesure de notre humanité n’est pas donnée par ce que nous pouvons conquérir, mais par notre capacité à nous laisser aimer et, quand cela est nécessaire, aussi aider.

Jésus nous sauve en nous montrant que demander n’est pas indigne, mais libérateur. C’est le moyen de sortir de la dissimulation du péché, pour retourner dans l’espace de la communion. Dès le départ, le péché a engendré la honte. Mais le pardon, le vrai, naît lorsque nous pouvons regarder en face notre besoin et ne plus craindre d’être rejetés.

La soif de Jésus sur la croix est donc aussi la nôtre. C’est le cri de l’humanité blessée qui cherche encore l’eau vive. Et cette soif ne nous éloigne pas de Dieu, elle nous unit plutôt à Lui. Si nous avons le courage de la reconnaître, nous pouvons découvrir que notre fragilité est aussi un pont vers le ciel. C’est précisément en demandant – et non en possédant – que s’ouvre une voie de liberté, car nous cessons de prétendre nous suffire à nous-mêmes.

Dans la fraternité, dans la vie simple, dans l’art de demander sans honte et de donner sans calcul, se cache une joie que le monde ne connaît pas. Une joie qui nous ramène à la vérité originelle de notre être : nous sommes des créatures faites pour donner et recevoir de l’amour.

Chers frères et sœurs, dans la soif du Christ, nous pouvons reconnaître toute notre soif. Et apprendre qu’il n’y a rien de plus humain, rien de plus divin, que de savoir dire : j’ai besoin. N’ayons pas peur de demander, surtout quand nous pensons ne pas le mériter. N’ayons pas honte de tendre la main. C’est précisément là, dans ce geste humble, que se cache le salut.

APPEL

Des nouvelles dramatiques nous parviennent du Soudan, en particulier du Darfour. À El Fasher, de nombreux civils sont pris au piège dans la ville, victimes de la famine et des violences. À Tarasin, un glissement de terrain dévastateur a fait de très nombreux morts, laissant derrière lui douleur et désespoir. Et comme si cela ne suffisait pas, la propagation du choléra menace des centaines de milliers de personnes déjà épuisées. Je suis plus que jamais proche de la population soudanaise, en particulier des familles, des enfants et des personnes déplacées. Je prie pour toutes les victimes.

Je lance un appel pressant aux responsables et à la communauté internationale afin que des couloirs humanitaires soient garantis et qu’une réponse coordonnée soit mise en œuvre pour mettre fin à cette catastrophe humanitaire. Il est temps d’entamer un dialogue sérieux, sincère et inclusif entre les parties afin de mettre fin au conflit et de redonner espérance, dignité et paix au peuple du Soudan.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 27 août 2025

« Arrestation du Christ », Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ, notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il a médité sur l’arrestation de Jésus au Mont des Oliviers, affirmant que « au milieu de la nuit, alors que tout semble s’écrouler, Jésus montre que l’espérance chrétienne n’est pas une fuite, mais une décision. Cette attitude est le fruit d’une prière profonde dans laquelle on ne demande pas à Dieu de nous épargner la souffrance, mais plutôt de nous donner la force de persévérer dans l’amour, conscients que la vie offerte librement par amour ne peut être enlevée par personne ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 19h00 HE, 16h00 HP et sur slmedia.org/fr/endirect.

Chers frères et sœurs,

Nous nous arrêtons aujourd’hui sur une scène qui marque le début de la Passion de Jésus: le moment de son arrestation au jardin des Oliviers. L’évangéliste Jean, avec sa profondeur habituelle, ne présente pas un Jésus effrayé, qui fuit ou se cache. Au contraire, il nous montre un homme libre, qui s’avance et parle, affrontant à visage découvert l’heure où la lumière du plus grand amour peut se révéler.

«Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit: Qui cherchez-vous?» (Jn 18, 4). Jésus sait. Pourtant, il décide de ne pas reculer. Il se rend. Non par faiblesse, mais par amour. Un amour si plein, si mûr, qu’il ne craint pas le rejet. Jésus n’est pas capturé: il se laisse capturer. Il n’est pas victime d’une arrestation, mais auteur d’un don. Ce geste incarne une espérance de salut pour notre humanité: savoir que, même dans les heures les plus sombres, nous pouvons rester libres d’aimer jusqu’au bout.

Lorsque Jésus répond: «C’est moi. Je le suis», les soldats tombent à terre. Ce passage est mystérieux, car cette expression, dans la révélation biblique, rappelle le nom même de Dieu: «Je suis». Jésus révèle que la présence de Dieu se manifeste précisément là où l’humanité fait l’expérience de l’injustice, de la peur et de la solitude. C’est précisément là que la vraie lumière est prête à briller sans craindre d’être submergée par les ténèbres qui avancent.

Au cœur de la nuit, alors que tout semble s’écrouler, Jésus montre que l’espérance chrétienne n’est pas une fuite, mais une décision. Cette attitude est le fruit d’une prière profonde par laquelle nous ne demandons pas à Dieu de nous épargner la souffrance, mais d’avoir la force de persévérer dans l’amour, conscients que la vie offerte gratuitement par amour ne peut nous être ôtée par personne.

«Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir» (Jean 18, 8). Au moment de son arrestation, Jésus ne se soucie pas de son propre salut: il souhaite seulement que ses amis puissent s’en aller. Cela démontre que son sacrifice est un véritable acte d’amour. Jésus se laisse capturer et emprisonner par les gardes uniquement pour qu’ils libèrent ses disciples.

Jésus a vécu chaque jour de sa vie en prévision de cette heure dramatique et sublime. C’est pourquoi, lorsqu’elle arrive, il a la force de ne pas chercher à s’échapper. Son cœur sait bien que perdre sa vie par amour n’est pas un échec, mais il possède une fécondité mystérieuse. Comme le grain de blé qui, tombé en terre, ne reste pas seul, mais meurt et devient fécond.

Jésus, lui aussi, est troublé par un chemin qui semble ne mener qu’à la mort et à la fin. Mais il est tout autant persuadé que seule une vie perdue par amour est finalement retrouvée. C’est là que réside la véritable espérance: non pas dans la tentative d’éviter la douleur, mais dans la conviction que, même au cœur de la souffrance la plus injuste, se cache la semence d’une vie nouvelle.

Et nous? Combien de fois défendons-nous notre vie, nos projets, nos certitudes, sans nous rendre compte que, ce faisant, nous restons seuls. La logique de l’Evangile est différente: seul ce qui est donné fleurit; seul l’amour qui devient gratuit peut restaurer la confiance, même là où tout semble perdu.

L’Evangile de Marc nous parle aussi d’un jeune homme qui, lors de l’arrestation de Jésus, s’enfuit nu (Mc 14, 51). C’est une image énigmatique mais profondément évocatrice. Nous aussi, en essayant de suivre Jésus, nous vivons des moments où nous sommes pris au dépourvu et dépouillés de nos certitudes. Ce sont les moments les plus difficiles, dans lesquels nous sommes tentés d’abandonner le chemin de l’Evangile, car l’amour semble un voyage impossible. Pourtant, c’est un jeune homme lui-même, à la fin de l’Evangile, qui annonce la résurrection aux femmes, non plus nu, mais revêtu de blanc.

Telle est l’espérance de notre foi: nos péchés et nos hésitations n’empêchent pas Dieu de nous pardonner et de nous redonner le désir de le suivre à nouveau, afin de nous rendre capables de donner notre vie pour les autres.

Chers frères et sœurs, apprenons, nous aussi, à nous en remettre à la bonne volonté du Père, en laissant notre vie être une réponse au bien reçu. Dans la vie, tout contrôler ne sert à rien. Il suffit de choisir chaque jour d’aimer librement. Telle est la véritable espérance: savoir que, même dans l’obscurité de l’épreuve, l’amour de Dieu nous soutient et permet au fruit de la vie éternelle de mûrir en nous.

Au terme de l’Audience générale, le Pape a lancé les appels suivants:

Vendredi dernier, nous avons accompagné par la prière et le jeûne nos frères et sœurs qui souffrent à cause des guerres. Je renouvelle aujourd’hui mon appel pressant aux parties impliquées et à la communauté internationale, pour qu’elles mettent fin au conflit en Terre Sainte, qui a causé tant de terreur, de destruction et de mort.

Je supplie que tous les otages soient libérés, qu’un cessez-le-feu permanent soit conclu, que l’entrée en toute sécurité de l’aide humanitaire soit facilitée et que le droit humanitaire soit pleinement respecté, en particulier l’obligation de protéger les civils et l’interdiction des punitions collectives, de l’usage aveugle de la force et du déplacement forcé de la population. Je m’associe à la Déclaration commune des Patriarches grec-orthodoxe et latin de Jérusalem, qui ont demandé hier «de mettre fin à cette spirale de violence, de mettre fin à la guerre et de donner la priorité au bien commun des personnes».

Implorons Marie, Reine de la paix, source de consolation et d’espoir: que son intercession obtienne la réconciliation et la paix dans cette terre si chère à tous!

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 20 août 2025

Van Heary, « La Cène ». Église Saint-Gilles, Bruges, Belgique. Image iStock.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ, notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il a médité sur le geste tendre de Jésus offrant du pain à Judas lors de la Cène, en déclarant : « Aimer jusqu’au bout : voilà la clé pour comprendre le cœur du Christ. Un amour qui ne cesse pas face au rejet, à la déception, voire à l’ingratitude. »

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 19h00 HE, 16h00 HP et sur slmedia.org/fr/endirect.

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur l’un des gestes les plus bouleversants et lumineux de l’Evangile: le moment où Jésus, lors de la Dernière Cène, tend une bouchée à celui qui s’apprête à le trahir. Ce n’est pas seulement un geste de partage, c’est bien plus: c’est l’ultime tentative de l’amour de ne pas se rendre.

Saint Jean, avec sa profonde sensibilité spirituelle, nous décrit ainsi ce moment: «Au cours d’un repas, alors que déjà le diable avait mis au cœur de Judas Iscariote, fils de Simon, le dessein de le livrer […]  Jésus, sachant que son heure était venue […] les aima jusqu’à la fin» ( Jn 13, 1-2). Aimer jusqu’au bout: telle est la clé pour comprendre le cœur du Christ. Un amour qui ne s’arrête pas face au rejet, à la déception, ni même à l’ingratitude.

Jésus connaît l’heure, mais ne la subit pas: il la choisit. C’est lui qui reconnaît le moment où son amour devra endurer la blessure la plus douloureuse, celle de la trahison. Et au lieu de se retirer, d’accuser, de se défendre… il continue d’aimer: il lave les pieds, imbibe le pain et l’offre.

«C’est celui à qui je donnerai la bouchée que je vais tremper»   (Jn 13, 26). Par ce geste simple et humble, Jésus montre pleinement son amour. Non pas qu’il ignore ce qui se passe, mais précisément parce qu’il voit clairement. Il a compris que la liberté des autres, même quand on se perd dans le mal, peut encore être atteinte par la lumière d’un geste doux.  Car il sait que le véritable pardon n’attend pas le repentir, mais s’offre d’abord, comme  don gratuit, avant même d’être reçu.

Judas, malheureusement, ne comprend pas. Après la bouchée — dit l’Evangile — «Satan entra en lui» (v. 27). Ce passage nous frappe: comme si le mal, jusque-là caché, se manifestait après que l’amour eut montré son visage le plus désarmé. Et c’est précisément pour cela, frères et sœurs, que cette bouchée est notre salut: parce qu’elle nous dit que Dieu fait tout — absolument tout — pour aller vers nous, même à l’heure où nous le rejetons.

C’est ici que le pardon se révèle dans toute sa puissance et manifeste le visage concret de l’espérance. Il n’est ni oubli, ni faiblesse. Il est la capacité de laisser l’autre libre, tout en l’aimant jusqu’au bout. L’amour de Jésus ne nie pas la vérité de la douleur, mais il ne permet pas au mal d’avoir le dernier mot. Tel est le mystère que Jésus accomplit pour nous, auquel nous aussi, parfois, nous sommes appelés à participer.

Combien de relations se brisent, combien d’histoires se compliquent, combien de non-dits restent suspendus. Pourtant, l’Evangile nous montre qu’il y a toujours une façon de continuer à aimer, même lorsque tout semble irrémédiablement compromis. Pardonner ne signifie pas nier le mal, mais l’empêcher d’engendrer un autre mal. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne s’est rien passé, mais de tout faire pour que le ressentiment ne décide pas de l’avenir.

Quand Judas quitte la pièce, «il faisait nuit» (v. 30). Mais aussitôt après, Jésus dit: «Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié» (v. 31). La nuit est encore là, mais une lumière a déjà commencé à briller. Et elle brille parce que le Christ reste fidèle jusqu’au bout, et ainsi son amour est plus fort que la haine.

Chers frères et sœurs, nous aussi, nous vivons des nuits douloureuses et difficiles. Des nuits de l’âme, des nuits de déception, des nuits où quelqu’un nous a blessés ou trahis. Dans ces moments-là, la tentation est de se renfermer, de se protéger, de riposter. Mais le Seigneur nous montre l’espérance qui existe, d’une autre voie qui existe toujours. Il nous enseigne que nous pouvons offrir une bouchée même à ceux qui nous tournent le dos. Que nous pouvons répondre par le silence de la confiance. Et que nous pouvons avancer avec dignité, sans renoncer à l’amour.

Demandons aujourd’hui la grâce de savoir pardonner, même lorsque nous nous sentons incompris, même lorsque nous nous sentons abandonnés. Car c’est précisément dans ces moments-là que l’amour peut atteindre son apogée. Comme Jésus nous l’enseigne, aimer signifie laisser l’autre libre — même de trahir — sans jamais cesser de croire que même cette liberté, blessée et perdue, peut être arrachée aux illusions des ténèbres et ramenée à la lumière du bien.

Lorsque la lumière du pardon parvient à filtrer à travers les  fissures les plus profondes du cœur, nous comprenons qu’il n’est jamais inutile. Même si l’autre ne l’accepte pas, même s’il semble vain, le pardon libère celui qui le donne: il dissout le ressentiment, restaure la paix et nous rend à nous-mêmes.

Jésus, par le geste simple du pain offert, montre que toute trahison peut devenir une occasion de salut, si elle est choisie comme espace d’un amour plus grand. Il ne cède pas au mal, mais le vainc par le bien, l’empêchant d’éteindre ce qu’il y a de plus vrai en nous: la capacité d’aimer.

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APPEL

Vendredi prochain, 22 août, nous célébrerons la mémoire de la Bienheureuse Vierge Marie Reine. Marie est la Mère des croyants ici sur terre et est invoquée également comme Reine de la paix. Tandis que notre terre continue d’être blessée par des guerres en Terre Sainte, en Ukraine et dans beaucoup d’autres régions du monde, j’invite tous les fidèles à vivre la journée du 22 août dans le jeûne et la prière, en suppliant le Seigneur de nous accorder la paix et la justice et de sécher les larmes de ceux qui souffrent à cause des conflits armés en cours.

Que Marie, Reine de la paix, intercède afin que les peuples trouvent la voie de la paix.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 13 août 2025

Détail de La Cène. Église Saint-Patrick, Troy, Ohio. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ, notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il a médité sur « le moment où, pendant le repas pascal, Jésus révèle que l’un des Douze est sur le point de le trahir ». Il a déclaré que la réponse des disciples, avec la question « Ce n’est sûrement pas moi ? », est peut-être l’une des plus sincères que nous puissions nous poser. Ce n’est pas la question de l’innocent, mais celle du disciple qui se découvre fragile. Ce n’est pas le cri du coupable, mais le murmure de celui qui, tout en voulant aimer, est conscient de pouvoir faire du mal. C’est dans cette prise de conscience que commence le chemin du salut.

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 19h00 HE, 16h00 HP et sur slmedia.org/fr/endirect.

Chers frères et sœurs,

Nous poursuivons notre chemin à l’école de l’Evangile, sur les traces de Jésus dans les derniers jours de sa vie. Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur une scène intime, dramatique et pourtant profondément vraie: le moment, pendant la Cène pascale, où Jésus révèle que l’un des Douze est sur le point de le trahir: «En vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera, un qui mange avec moi» (Mc 14, 18).

Des paroles fortes. Jésus ne les prononce pas pour condamner, mais pour montrer que l’amour, lorsqu’il est vrai, ne peut ignorer la vérité. La pièce à l’étage, où tout avait été soigneusement préparé quelques instants auparavant, s’emplit soudain d’une douleur silencieuse, faite de questions, de soupçons et de vulnérabilité. C’est une douleur que nous connaissons bien nous aussi, lorsque l’ombre de la trahison s’insinue dans les relations les plus chères.

Pourtant, la manière dont Jésus parle de ce qui est sur le point d’arriver est surprenante. Il n’élève pas la voix, ne pointe pas du doigt, ne prononce pas le nom de Judas. Il parle de telle manière que chacun peut s’interroger. Et c’est précisément ce qui se passe. Saint Marc nous dit: «Ils devinrent tout tristes et se mirent à lui dire l’un après l’autre: “Serait-ce moi?”» (Mc 14, 19).

Chers amis, cette question — «Serait-ce moi?» — est peut-être l’une des plus sincères que nous puissions nous poser. Ce n’est pas la question de l’innocent, mais celle du disciple qui se découvre fragile. Ce n’est pas le cri du coupable, mais le murmure de celui qui, tout en voulant aimer, sait qu’il peut blesser. C’est dans cette prise de conscience que commence le chemin du salut.

Jésus ne dénonce pas pour humilier. Il dit la vérité parce qu’il veut sauver. Et pour être sauvés, il faut sentir: sentir que l’on est impliqué, comprendre qu’on est aimé malgré tout, sentir que le mal est réel mais n’a pas le dernier mot. Seul celui qui a connu la vérité d’un amour profond peut aussi accepter la blessure de la trahison.

La réaction des disciples n’est pas la colère, mais la tristesse. Ils ne s’indignent pas, ils sont tristes. C’est une douleur qui naît de la possibilité réelle d’être impliqués. Cette tristesse, précisément, si elle est accueillie sincèrement, devient un lieu de conversion. L’Evangile ne nous enseigne pas à nier le mal, mais à le reconnaître comme une opportunité douloureuse pour renaître.

Jésus ajoute ensuite une phrase qui nous inquiète et nous fait réfléchir: «Malheur à cet homme-là par qui le Fils de l’homme est livré! Mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître!» (Mc 14, 21). Ce sont des paroles dures, certes, mais il faut bien les comprendre: il ne s’agit pas d’une malédiction, mais d’un cri de douleur. En grec, ce «malheur» sonne comme une lamentation, un «hélas», une exclamation de compassion sincère et profonde

Nous sommes habitués à juger. Dieu, lui, accepte la souffrance. Lorsqu’il voit le mal, il ne se venge pas, mais s’afflige. Et ce «mieux eût valu pour cet homme-là de ne pas naître» n’est pas une condamnation infligée a priori, mais une vérité que chacun de nous peut reconnaître: si nous renions l’amour qui nous a engendrés, si, en trahissant, nous devenons infidèles à nous-mêmes, alors nous perdons véritablement le sens de notre venue au monde et nous nous excluons nous-mêmes du salut.

Pourtant, précisément là, à l’endroit le plus sombre, la lumière ne s’éteint pas. Au contraire, elle commence à briller. Car si nous reconnaissons nos limites, si nous nous laissons toucher par la douleur du Christ, alors nous pouvons enfin naître de nouveau. La foi ne nous épargne pas la possibilité du péché, mais nous offre toujours une issue: celle de la miséricorde.

Jésus ne se scandalise pas face à notre fragilité. Il sait bien qu’aucune amitié n’est à l’abri du risque de trahison. Mais Jésus continue à se fier. Il continue à s’asseoir à table avec les siens. Il ne renonce pas à rompre le pain, même avec celui qui le trahira. Telle est la force silencieuse de Dieu: il n’abandonne jamais la table de l’amour, pas même lorsqu’il sait qu’il sera laissé seul.

Chers frères et sœurs, nous aussi nous pouvons nous demander aujourd’hui, sincèrement: «Serait-ce moi?». Non pas pour nous sentir accusés, mais pour ouvrir un espace à la vérité dans nos cœurs. Le salut commence ici: par la conscience que nous pourrions être ceux qui trahissent la confiance en Dieu, mais aussi ceux qui la recueillent, la protègent et la renouvellent.

Au fond, c’est cela l’espérance: savoir que, même si nous pouvons échouer, Dieu ne nous laisse jamais. Même si nous pouvons trahir, il ne cesse jamais de nous aimer. Et si nous nous laissons toucher par cet amour — humbles, blessés, mais toujours fidèles — alors nous pouvons véritablement renaître. Et commencer à vivre non plus comme des traîtres, mais comme des enfants toujours aimés.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 6 août 2025

Photo de Maarten van den Heuvel sur Pexels.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ, notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il a entamé une nouvelle série sur le mystère pascal de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ, en réfléchissant aux préparatifs de la Cène. Il a déclaré que « l’amour n’est pas le fruit du hasard, mais d’un choix conscient… Jésus n’affronte pas sa passion par fatalisme, mais par fidélité à un chemin librement et soigneusement accepté et suivi. C’est ce qui nous réconforte : savoir que le don de sa vie découle d’une intention consciente, et non d’une impulsion soudaine ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 18h00 HE, 15h00 HP.

Chers frères et sœurs,

Nous poursuivons notre chemin jubilaire à la découverte du visage du Christ, en qui notre espérance prend forme et consistance. Aujourd’hui, nous commençons à réfléchir sur le mystère de la passion, mort et résurrection de Jésus. Nous commençons par méditer une parole qui semble simple, mais qui recèle un secret précieux de la vie chrétienne : préparer.

Dans l’Évangile de Marc, il est dit que « le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » (Mc 14, 12). C’est une question pratique, mais aussi chargée d’attente. Les disciples pressentent qu’il va se passer quelque chose d’important, mais ils n’en connaissent pas les détails. La réponse de Jésus semble presque énigmatique : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. » (v. 13). Les détails deviennent symboliques : un homme qui porte une cruche – geste habituellement féminin à cette époque –, une salle à l’étage déjà prête, un maître de maison inconnu. C’est comme si tout avait été préparé à l’avance. En fait, c’est exactement le cas. Dans cet épisode, l’Évangile révèle que l’amour n’est pas le fruit du hasard, mais d’un choix conscient. Il ne s’agit pas d’une simple réaction, mais d’une décision qui demande préparation. Jésus n’affronte pas sa passion par fatalité, mais par fidélité à un chemin accepté et parcouru avec liberté et soin. C’est ce qui nous console : savoir que le don de sa vie naît d’une intention profonde, et non d’une impulsion soudaine.

Cette “salle à l’étage déjà prête” nous dit que Dieu nous précède toujours. Avant même que nous ne réalisions que nous avons besoin d’accueil, le Seigneur a déjà préparé pour nous un espace où nous pouvons nous reconnaître et nous sentir ses amis. Ce lieu est, au fond, notre cœur : une “salle” qui peut sembler vide, mais qui n’attend qu’à être reconnue, remplie et entretenue. La Pâque, que les disciples doivent préparer, est en réalité déjà prête dans le cœur de Jésus. C’est Lui qui a tout pensé, tout disposé, tout décidé. Cependant, il demande à ses amis de faire leur part. Cela nous enseigne quelque chose d’essentiel pour notre vie spirituelle : la grâce n’élimine pas notre liberté, mais la réveille. Le don de Dieu n’annule pas notre responsabilité, mais la rend féconde.

Aujourd’hui encore, comme alors, il y a une cène à préparer. Il ne s’agit pas seulement de la liturgie, mais de notre disponibilité à entrer dans un geste qui nous dépasse. L’Eucharistie ne se célèbre pas seulement sur l’autel, mais aussi dans le quotidien, où il est possible de vivre chaque chose comme offrande et action de grâce. Se préparer à célébrer cette action de grâce ne signifie pas en faire plus, mais laisser de la place. Cela signifie enlever ce qui encombre, réduire ses prétentions, cesser de cultiver des attentes irréalistes. Trop souvent, en effet, nous confondons les préparatifs avec les illusions. Les illusions nous distraient, les préparatifs nous orientent. Les illusions recherchent un résultat, les préparatifs rendent possible une rencontre. Le véritable amour, nous rappelle l’Évangile, se donne avant même d’être réciproque. C’est un don anticipé. Il ne se fonde pas sur ce qu’il reçoit, mais sur ce qu’il désire offrir. C’est ce que Jésus a vécu avec les siens : alors qu’ils ne comprenaient pas encore, alors que l’un était sur le point de le trahir et un autre de le renier, Lui préparait pour tous une cène de communion.

Chers frères et sœurs, nous sommes nous aussi invités à “préparer la Pâque” du Seigneur. Pas seulement la Pâque liturgique, mais aussi celle de notre vie. Chaque geste de disponibilité, chaque acte gratuit, chaque pardon offert à l’avance, chaque effort accepté patiemment est une manière de préparer un lieu où Dieu peut habiter. Nous pouvons alors nous demander : quels espaces de ma vie dois-je réorganiser pour qu’ils soient prêts à accueillir le Seigneur ? Que signifie pour moi aujourd’hui “préparer” ? Peut-être renoncer à une prétention, cesser d’attendre que l’autre change, faire le premier pas. Peut-être écouter davantage, agir moins, ou apprendre à faire confiance à ce qui a déjà été organisé.

Si nous acceptons l’invitation à préparer le lieu de la communion avec Dieu et entre nous, nous découvrons que nous sommes entourés de signes, de rencontres, de paroles qui nous orientent vers cette salle, spacieuse et déjà prête, où l’on célèbre sans cesse le mystère d’un amour infini, qui nous soutient et qui nous précède toujours. Que le Seigneur nous accorde d’être d’humbles préparateurs de sa présence. Et, dans cette disponibilité quotidienne, que grandisse en nous cette confiance sereine qui nous permet d’affronter tout avec un cœur libre. Car là où l’amour a été préparé, la vie peut vraiment s’épanouir.

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APPEL

Aujourd’hui, c’est le 80<sup>e</sup> anniversaire du bombardement atomique de la ville japonaise d’Hiroshima, et dans trois jours, nous commémorerons celui de Nagasaki. Je tiens à assurer de ma prière tous ceux qui en ont subi les effets physiques, psychologiques et sociaux. Malgré le passage des années, ces événements tragiques constituent un avertissement universel contre les ravages causés par les guerres et, en particulier, par les armes nucléaires. Je souhaite que dans le monde contemporain, marqué par de fortes tensions et des conflits sanglants, la sécurité illusoire fondée sur la menace d’une destruction mutuelle cède la place aux instruments de la justice, à la pratique du dialogue, à la confiance dans la fraternité.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 30 juillet 2025

« Jésus-Christ guérissant les malades ». Crédit photo : Cathopic.

Lors de son audience générale du mercredi 30 juillet 2025 et dans le cadre du Jubilé 2025, le pape Léon XIV a prononcé la catéchèse finale du cycle « Jésus-Christ notre espérance – II. La vie de Jésus ». Il y a médité sur le récit évangélique du sourd-muet guéri (Mc 7,31‑37), illustration puissante du désir de guérison — spirituelle et relationnelle — profondément enracinée dans l’âme humaine.

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV ce soir à 18h00 HE, 15h00 HP.

Chers frères et sœurs,

Avec cette catéchèse, nous terminons notre parcours sur la vie publique de Jésus, faite de rencontres, de paraboles et de guérisons.

Notre époque a aussi besoin de guérison. Notre monde est traversé par un climat de violence et de haine qui porte atteinte à la dignité humaine. Nous vivons dans une société qui tombe malade à cause d’une « boulimie » des connexions des réseaux sociaux : nous sommes hyperconnectés, bombardés d’images, parfois même fausses ou déformées. Nous sommes submergés par de multiples messages qui suscitent en nous une tempête d’émotions contradictoires.

Dans ce contexte, il est possible que nous ayons envie de tout éteindre. Nous pouvons en arriver à préférer ne plus rien entendre. Même nos paroles risquent d’être mal interprétées et nous pouvons être tentés de nous enfermer dans le silence, dans une incommunicabilité où, même si nous sommes proches, nous ne parvenons plus à nous dire les choses les plus simples et les plus profondes.

À ce propos, je voudrais m’arrêter aujourd’hui sur un passage de l’Évangile de Marc qui nous présente un homme qui ne parle pas et n’entend pas (cf. Mc 7, 31-37). Tout comme cela pourrait nous arriver aujourd’hui, cet homme a peut-être décidé de ne plus parler parce qu’il ne se sentait pas compris, et de devenir muet parce qu’il était resté déçu et blessé par ce qu’il avait entendu. En effet, ce n’est pas lui qui va vers Jésus pour être guéri, mais il est amené par d’autres personnes. On pourrait penser que ceux qui le conduisent vers le Maître sont ceux qui sont préoccupés par son isolement. La communauté chrétienne a également vu dans ces personnes l’image de l’Église, qui accompagne chaque personne vers Jésus afin qu’il écoute sa parole. L’épisode se déroule dans un territoire païen, nous sommes donc dans un contexte où d’autres voix tendent à couvrir la voix de Dieu.

Le comportement de Jésus peut sembler étrange au premier abord, car il prend cette personne avec lui et l’emmène à l’écart (v. 33a). Il semble ainsi accentuer son isolement, mais à y regarder de plus près, cela nous aide à comprendre ce qui se cache derrière le silence et la fermeture de cet homme, comme s’il avait compris son besoin d’intimité et de proximité.

Jésus lui offre tout d’abord une proximité silencieuse, à travers des gestes qui expriment une rencontre profonde : il touche les oreilles et la langue de cet homme (cf. v. 33b). Jésus n’use pas beaucoup de mots, il dit la seule chose qui lui est nécessaire à ce moment-là : « Ouvre-toi ! » (v. 34). Marc rapporte le mot en araméen, effatà, presque pour nous en faire ressentir “en direct” le son et le souffle. Ce mot, simple et magnifique, contient l’invitation que Jésus adresse à cet homme qui a cessé d’écouter et de parler. C’est comme si Jésus lui disait : « Ouvre-toi à ce monde qui t’effraie ! Ouvre-toi aux relations qui t’ont déçu ! Ouvre-toi à la vie que tu as renoncé à affronter ! ». Se fermer n’est en effet jamais une solution.

Après sa rencontre avec Jésus, cette personne non seulement recommence à parler, mais elle le fait « correctement » (v. 35). Cet adverbe inséré par l’évangéliste semble vouloir nous en dire davantage sur les raisons de son silence. Peut-être cet homme avait-il cessé de parler parce qu’il avait l’impression de mal s’exprimer, peut-être ne se sentait-il pas à la hauteur. Tous, nous faisons l’expérience d’être mal compris et de ne pas nous sentir compris. Nous avons tous besoin de demander au Seigneur de guérir notre façon de communiquer, non seulement pour être plus efficaces, mais aussi pour éviter de blesser les autres avec nos paroles.

Reprendre correctement la parole est le début d’un cheminement, ce n’est pas encore le point d’arrivée. En effet, Jésus interdit à cet homme de raconter ce qui lui est arrivé (cf. v. 36). Pour vraiment connaître Jésus, il faut accomplir un cheminement, il faut rester avec Lui et passer aussi par sa Passion. Quand nous l’aurons vu humilié et souffrant, quand nous aurons fait l’expérience de la puissance salvifique de sa Croix, alors nous pourrons dire que nous l’avons vraiment connu. Pour devenir disciples de Jésus, il n’y a pas de raccourcis.

Chers frères et sœurs, demandons au Seigneur de nous apprendre à communiquer de manière honnête et prudente. Prions pour tous ceux qui ont été blessés par les paroles des autres. Prions pour l’Église, afin qu’elle ne renonce jamais à sa mission d’amener les gens à Jésus, afin qu’ils puissent écouter sa Parole, en être guéris et devenir à leur tour porteurs de son message de salut.

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APPELS

Je renouvelle ma profonde douleur face à la brutale attaque terroriste qui a eu lieu dans la nuit du 26 au 27 juillet dernier à Komanda, dans l’est de la République démocratique du Congo, où plus de quarante chrétiens ont été tués dans une église durant une veillée de prière et dans leurs propres maisons. Tout en confiant les victimes à la miséricorde aimante de Dieu, je prie pour les blessés et pour les chrétiens qui continuent de subir violences et persécutions dans le monde, exhortant les responsables locaux et internationaux à collaborer pour prévenir de telles tragédies.

Le 1e août marquera le 50e anniversaire de la signature de l’Acte final d’Helsinki. Animés par le désir de garantir la sécurité dans le contexte de la guerre froide, 35 pays ont inauguré une nouvelle ère géopolitique, favorisant un rapprochement entre l’Est et l’Ouest. Cet événement a également marqué un regain d’intérêt pour les droits de l’homme, avec une attention particulière pour la liberté religieuse, considérée comme l’un des fondements de l’architecture de coopération alors naissante de « Vancouver à Vladivostok ». La participation active du Saint-Siège à la Conférence d’Helsinki – représenté par l’Archevêque Agostino Casaroli – a contribué à favoriser l’engagement politique et moral en faveur de la paix. Aujourd’hui plus que jamais, il est indispensable de préserver l’esprit d’Helsinki : persévérer dans le dialogue, renforcer la coopération et faire de la diplomatie le moyen privilégié pour prévenir et résoudre les conflits.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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