Homélie du pape François lors de la première communion de 245 enfants en Bulgarie

Le pape François donne la première communion aux enfants lors d’une messe à l’église du Sacré-Cœur à Rakovski, en Bulgarie, 6 mai 2019. (CNS photo/Paul Haring)

Ce matin, le Saint Père a présidé la première communion de 245 enfants dans l’église du Sacré-Coeur à Rakovski, en Bulgarie. Voici le texte complet de son homélie:

Chers frères et sœurs, 

Je suis heureux de saluer les garçons et les filles, de la Première Communion, ainsi que leurs parents, familles et amis. A vous tous j’adresse la belle salutation qui est utilisée aussi dans votre pays en ce temps pascal : « Le Christ est ressuscité ». Ce salut est l’expression de notre joie, à nous chrétiens, disciples de Jésus, parce que lui, qui a donné sa vie par amour sur la croix pour détruire le péché, est ressuscité et a fait de nous des enfants adoptifs de Dieu le Père. Nous sommes contents parce qu’il est vivant et présent parmi nous aujourd’hui et toujours. 

Vous, chers enfants, vous êtes venus ici de tous les coins de cette « Terre des roses » pour participer à une fête merveilleuse que, j’en suis sûr, vous n’oublierez jamais : votre première rencontre avec Jésus dans le sacrement de l’Eucharistie. L’un de vous pourrait me demander : mais comment pouvons-nous rencontrer Jésus qui a vécu il y a de nombreuses années et puis qui est mort et a été mis au tombeau ? C’est vrai : Jésus a fait un acte immense d’amour pour sauver l’humanité de tous les temps. Il est resté trois jours dans la tombe, mais nous savons – les Apôtres et beaucoup d’autres témoins qui l’ont vu vivant nous l’ont assuré – que Dieu, son Père et notre Père, l’a ressuscité. Et maintenant Jésus est vivant et il est ici avec nous, c’est pourquoi aujourd’hui nous pouvons le rencontrer dans l’Eucharistie. Nous ne le voyons pas avec nos yeux, mais nous le voyons avec les yeux de la foi. 

Je vous vois vêtus avec les tuniques blanches : c’est un signe important et beau. Parce que vous portez des habits de fête. La Première Communion est avant tout une fête, dans laquelle nous célébrons Jésus qui a voulu demeurer toujours à nos côtés et qui ne se séparera jamais de nous. Fête qui a été possible grâce à nos parents, à nos grands-parents, à nos familles et aux communautés qui nous ont aidé à grandir dans la foi. 

Pour venir ici, dans cette ville de Rakovski, vous avez parcouru une longue route. Vos prêtres et vos catéchistes, qui ont suivi votre parcours de catéchèse, vous ont accompagnés aussi sur la route qui vous conduit aujourd’hui à rencontrer Jésus et à le recevoir dans votre cœur. Lui, comme nous l’avons entendu dans l’Evangile d’aujourd’hui (cf. Jn 6, 1-15), un jour, a multiplié miraculeusement cinq pains et deux poissons, rassasiant la foule qui l’avait suivi et écouté. Vous êtes-vous rendus compte de la manière dont le miracle a commencé ? Des mains d’un enfant qui a apporté ce qu’il avait : cinq pains et deux poissons (cf. Jn 6,9). De la même manière que vous, aujourd’hui, vous contribuez à l’accomplissement du miracle pour que nous tous, les grands ici présents, nous nous rappelions la première rencontre que nous avons eue avec Jésus dans l’Eucharistie et que nous puissions rendre grâce pour ce jour. Aujourd’hui, vous nous permettez d’être de nouveau en fête et de célébrer Jésus qui est présent dans le Pain de la Vie. Parce qu’il y a des miracles qui peuvent se produire seulement si nous avons un cœur comme le vôtre, capable de partager, de rêver, de remercier, d’avoir confiance et d’honorer les autres. Faire la Première Communion signifie vouloir être chaque jour plus unis à Jésus, grandir dans l’amitié avec lui et désirer que les autres puissent aussi bénéficier de la joie qu’il veut nous donner. Le Seigneur a besoin de vous pour pouvoir accomplir le miracle de rejoindre avec sa joie beaucoup de vos amis et de membres de vos familles. 

Chers enfants, je suis heureux de partager avec vous ce grand moment et de vous aider à rencontrer Jésus. Vous vivez vraiment une journée dans un esprit d’amitié, de joie et de fraternité, et de communion entre vous et avec toute l’Église qui, spécialement dans l’Eucharistie, manifeste la communion fraternelle entre tous ses membres. Notre carte d’identité est celle-ci : Dieu est notre Père, Jésus est notre Frère, l’Eglise est notre famille, nous sommes frères, notre loi est l’amour. 

Je désire vous encourager à prier toujours avec cet enthousiasme et cette joie que vous avez aujourd’hui. Et rappelez-vous que c’est le sacrement de la Première Communion et non de la dernière, rappelez-vous que Jésus vous attend toujours. C’est pourquoi, je vous souhaite qu’aujourd’hui ce soit le commencement de nombreuses Communions, pour que votre cœur soit toujours comme aujourd’hui, en fête, plein de joie et surtout de reconnaissance. 

Homélie du pape François lors de la Messe à Sofia, Bulgarie

Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François lors de la Messe dominicale en la Place Knyaz Alexandar 1 de Sofia en Bulgarie:

Chers frères et sœurs, le Christ est ressuscité !

Comme elle est merveilleuse la salutation avec laquelle les chrétiens de votre pays s’échangent la joie du Ressuscité en ce temps pascal.

Tout l’épisode que nous avons écouté, raconté à la fin des Évangiles, nous permet de nous immerger dans cette joie que le Seigneur nous invite à “contagionner” en nous rappelant trois réalités merveilleuses qui marquent notre vie de disciples : Dieu appelle, Dieu surprend, Dieu aime.

Dieu appelle. Tout se passe sur la rive du lac de Galilée, là où Jésus avait appelé Pierre. Il l’avait appelé à abandonner le métier de pêcheur pour devenir pêcheur d’hommes (cf. Lc 5, 4-11). Maintenant, après tout ce cheminement, après l’expérience d’avoir vu mourir le Maître et malgré l’annonce de sa résurrection, Pierre retourne à sa vie d’avant : « Je m’en vais à la pêche », dit-il. Et les autres disciples ne sont pas en reste : « Nous aussi, nous allons avec toi » (Jn 21, 3). Ils semblent faire un pas en arrière ; Pierre reprend en main les filets auxquels il avait renoncé pour Jésus. Le poids de la souffrance, de la déception, voire de la trahison était devenu une pierre difficile à ôter du cœur des disciples ; ils étaient encore blessés sous le poids de la douleur et de la faute et la bonne nouvelle de la Résurrection n’avait pas pris racine dans leur cœur. Le Seigneur sait combien est forte pour nous la tentation de retourner aux choses d’avant. Les filets de Pierre, comme les oignons d’Égypte, sont dans la Bible un symbole de la tentation de la nostalgie du passé, de vouloir revenir à quelque chose que l’on avait voulu abandonner. Devant l’expérience de l’échec, de la douleur, voire du fait que les choses ne se déroulent pas comme on l’espérait, apparaît toujours une subtile et dangereuse tentation qui invite au découragement et à baisser les bras. C’est la psychologie du sépulcre qui colore tout de résignation, nous faisant nous attacher à une tristesse doucereuse qui, comme une mite, ronge toute espérance. Ainsi se développe la plus grande menace qui peut s’enraciner au sein d’une communauté : le pragmatisme gris de la vie dans lequel tout se passe apparemment bien dans la normalité, mais, en réalité, la foi s’épuise et dégénère en mesquinerie (cf. Exhort. Ap. Evangelii Gaudium, n. 83).

Mais, là justement, dans l’échec de Pierre, Jésus arrive et recommence depuis le début, et avec patience, il va à sa rencontre et lui dit « Simon » (v. 15) : c’était le nom du tout premier appel. Le Seigneur n’attend pas des situations ou des états d’âme idéaux, il les crée. Il n’attend pas de rencontrer des personnes sans problèmes, sans déceptions, sans péchés ou limites. Lui-même, il a affronté le péché et la déception pour aller à la rencontre de tout être vivant et l’inviter à cheminer. Frères, le Seigneur ne se fatigue pas d’appeler. C’est la force de l’Amour qui a renversé tout pronostic et qui sait recommencer. En Jésus, Dieu cherche toujours à donner une possibilité. Il fait comme cela aussi avec nous : il nous appelle chaque jour à revivre notre histoire d’amour avec Lui, à nous refonder dans la nouveauté qu’Il est, Lui. Tous les matins, il nous cherche là où nous sommes et il nous invite « à nous lever, à nous redresser sur sa Parole, à regarder vers le haut et à croire que nous sommes faits pour le Ciel, non pas pour la terre ; pour les hauteurs de la vie, non pas pour les bassesses de la mort », et il nous invite à ne pas chercher « parmi les morts Celui qui est vivant » (Homélie de la Veillée Pascale, 20 avril 2019). Quand nous l’accueillons, nous montons plus haut, nous embrassons notre plus bel avenir, non pas comme une possibilité mais comme une réalité. Quand c’est l’appel de Jésus qui oriente la vie, le cœur rajeunit.

Dieu surprend. Il est le Seigneur des surprises qui invite non seulement à être surpris, mais aussi à réaliser des choses surprenantes. Le Seigneur appelle et, en rencontrant les disciples avec les filets vides, il leur propose quelque chose d’insolite : pêcher en plein jour, chose plutôt étrange sur ce lac. Il leur redonne confiance en les mettant en mouvement et en les poussant de nouveau à risquer, à ne considérer rien, ni surtout personne, comme perdu. Il est le Seigneur de la surprise qui brise les fermetures paralysantes en restituant l’audace capable de surmonter la suspicion, la méfiance et la crainte qui se cachent derrière le “on a toujours fait comme cela”. Dieu surprend quand il appelle et invite à jeter non seulement les filets, mais nous-mêmes au large de l’histoire et à regarder la vie, à regarder les autres et nous-mêmes avec ses propres yeux qui, « dans le péché, voit des enfants à relever ; dans la mort, des frères à ressusciter ; dans la désolation, des cœurs à consoler. Ne crains donc pas : le Seigneur aime cette vie qui est la tienne, même quand tu as peur de la regarder et de la prendre en main » (Ibid.).

Ainsi, nous arrivons à la troisième certitude d’aujourd’hui. Dieu appelle, Dieu surprend parce que Dieu aime. L’amour est son langage. C’est pourquoi, il demande à Pierre et à nous de s’accorder sur le même langage : « M’aimes-tu ? ». Pierre accueille l’invitation et, après beaucoup de temps passé avec Jésus, il comprend qu’aimer veut dire arrêter d’être au centre. Maintenant, il ne part plus de lui, mais de Jésus : « Tu sais tout » (Jn 21, 17), répond-il. Il se reconnaît fragile, il comprend qu’il ne peut pas aller de l’avant uniquement avec ses forces. Et il se fonde sur le Seigneur, sur la force de son amour, jusqu’au bout. Ceci est notre force que nous sommes invités chaque jour à renouveler : le Seigneur nous aime. Être chrétien est un appel à avoir confiance que l’Amour de Dieu est plus grand que toute limite ou tout péché. Une des plus grandes souffrances et un des plus grands obstacles dont nous faisons l’expérience aujourd’hui ne naît pas tant dans la compréhension que Dieu est amour, mais dans le fait que nous sommes arrivés à l’annoncer et à en témoigner de telle manière que, pour beaucoup, ce n’est pas son nom. Dieu est amour qui aime, qui se donne, qui appelle et qui surprend.

Voici le miracle de Dieu qui fait de nos vies des œuvres d’art, si nous nous laissons guider par son amour. De nombreux témoins de la Pâque, en cette terre bénie ont réalisé des chefs-d’œuvre magnifiques, inspirés par une foi simple et par un grand amour. En offrant leur vie, ils ont été des signes vivants du Seigneur, en sachant surmonter avec courage l’apathie et en offrant une réponse chrétienne aux préoccupations qui se présentaient à eux (cf. Exhort. Ap. Christus vivit, n. 174). Aujourd’hui, nous sommes invités à regarder et à découvrir ce que le Seigneur a fait dans le passé afin de nous projeter avec Lui vers l’avenir, en sachant que, dans le succès et dans les erreurs, il reviendra toujours nous appeler pour nous inviter à jeter les filets. Ce que j’ai dit aux jeunes dans l’Exhortation que j’ai récemment écrite, je désire le dire à vous aussi. Une Église jeune, une personne jeune, non par l’âge mais par la force de l’Esprit, nous invite à témoigner de l’amour du Christ, un amour qui presse et qui nous conduit à être prêts à lutter pour le bien commun, serviteurs des pauvres, protagonistes de la révolution de la charité et du service, capables de résister aux pathologies de l’individualisme consumériste et superficiel. Amoureux du Christ, témoins vivants de l’Évangile en tout recoin de cette ville (cf. ibid., nn. 174-175). N’ayez pas peur d’être les saints dont cette terre a besoin, une sainteté qui ne vous enlèvera pas la force, la vie ou la joie ; mais, bien au contraire, parce que vous et les fils de cette terre, vous arriverez à être ce dont le Père a rêvé quand il vous a créés (cf. Exhort. Ap. Gaudete et exsultate, 32).

Appelés, surpris et envoyés par amour ! [00743-FR.01] [Texte original: Italien]

Allocution du pape François lors de la rencontre avec le Patriarche orthodoxe de Bulgarie

(Photo CNS/Paul Haring) Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François tel que prononcé lors de la Visite au Patriarche orthodoxe Neofit et au Saint Synode:

Sainteté, vénérables Métropolites et Évêques, chers frères,

Christos vozkrese !

Dans la joie du Seigneur ressuscité, je vous adresse le salut pascal en ce dimanche, qui, dans l’Orient chrétien, est appelé “dimanche de Saint Thomas”. Contemplons l’Apôtre qui met la main dans le côté du Seigneur et, touchant ses plaies, confesse : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28). Les plaies, qui, tout au long de l’histoire, se sont ouvertes entre nous chrétiens, sont des déchirures douloureuses infligées au Corps du Christ qu’est l’Église. Aujourd’hui encore, nous en touchons avec la main les conséquences. Mais peut-être que si nous mettons ensemble la main dans ces plaies et confessons que Jésus est ressuscité, et si nous le proclamons notre Seigneur et notre Dieu, si en reconnaissant nos manques, nous nous immergeons dans ses plaies d’amour, nous pouvons retrouver la joie du pardon et avoir un avant-goût du jour où, avec l’aide de Dieu, nous pourrons célébrer sur le même autel le mystère pascal.

Dans ce cheminement, nous sommes soutenus par de nombreux frères et sœurs, à qui je voudrais avant tout rendre hommage : ce sont les témoins de la Pâque. Combien de chrétiens dans ce pays ont souffert pour le nom de Jésus, en particulier durant la persécution du siècle dernier ! L’œcuménisme du sang ! Ils ont répandu un doux parfum sur la “Terre des roses”. Ils sont passés à travers les épines de l’épreuve pour répandre la fragrance de l’Évangile. Ils ont germé dans un terrain fertile et bien travaillé, dans un peuple riche de foi et d’humanité authentique qui leur a donné des racines robustes et profondes : je pense, en particulier, au monachisme qui, de génération en génération, a nourri la foi du peuple. Je crois que ces témoins de la Pâque, frères et sœurs de diverses confessions unis dans le Ciel par la charité divine, nous regardent actuellement comme des semences plantées en terre pour donner du fruit. Et pendant que beaucoup de frères et sœurs dans le monde continuent de souffrir à cause de la foi, ils nous demandent de ne pas demeurer fermés, mais de nous ouvrir, parce c’est seulement de cette manière que les semences portent du fruit.

Sainteté, cette rencontre, que j’ai tant désirée, succède à celle de saint Jean-Paul II avec le Patriarche Maxime durant la première visite d’un Évêque de Rome en Bulgarie et suit les pas de saint Jean XXIII qui, dans les années passées ici, s’est attaché à ce peuple « simple et bon » (Giornale dell’anima, Bologna 1987, n. 325), en en appréciant l’honnêteté, les habitudes laborieuses et la dignité dans les épreuves. Je me trouve moi aussi, ici, hôte accueilli avec affection et j’éprouve dans le cœur la nostalgie du frère, cette nostalgie salutaire pour l’unité entre les fils du même Père que le Pape Jean a eu certainement l’occasion de mûrir dans cette ville. Justement, durant le Concile Vatican II convoqué par lui, l’Église orthodoxe bulgare envoya ses observateurs. Depuis lors les contacts se sont multipliés. Je pense aux visites des délégations bulgares qui, depuis cinquante ans, se rendent au Vatican et que j’ai la joie d’accueillir chaque année ; ainsi qu’à la présence à Rome d’une communauté orthodoxe bulgare qui prie dans une église de mon diocèse. Je me réjouis de l’accueil exquis réservé, ici, à mes envoyés, dont la présence s’est intensifiée dans les dernières années, et à la collaboration avec la communauté catholique locale, surtout dans le domaine culturel. Je suis confiant que, avec l’aide de Dieu et dans les temps que la Providence disposera, ces contacts pourront avoir des répercussions positives sur de nombreux autres aspects de notre dialogue. En même temps, nous sommes appelés à cheminer et à faire ensemble pour rendre témoignage au Seigneur, en particulier en servant les frères les plus pauvres et oubliés, dans lesquels Il est présent. L’œcuménisme du pauvre.

Ce sont surtout les saints Cyrille et Méthode qui nous orientent sur ce chemin. Ils nous ont liés depuis le premier millénaire et leur mémoire vivante dans nos Églises demeure comme une source d’inspiration parce que, malgré les adversités, ils privilégièrent l’annonce du Seigneur, l’appel à la mission. Comme disait saint Cyrille : « Je pars avec joie pour la foi chrétienne ; aussi fatigué et physiquement éprouvé que je suis, j’irai avec joie » (Vita Constantini VI, 7 ; XIV, 9). Et pendant que s’annonçaient les signes prémonitoires des douloureuses divisions qui allaient survenir dans les siècles suivants, ils choisirent la perspective de la communion. Mission et communion : deux paroles toujours déclinées dans la vie des deux Saints et qui peuvent illuminer notre chemin pour croître dans la fraternité. L’œcuménisme de la mission.

Cyrille et Méthode, byzantins de culture, eurent l’audace de traduire la Bible en une langue accessible aux peuples slaves pour que la Parole divine précédât les paroles humaines. Leur courageux apostolat demeure pour tous un modèle d’évangélisation. L’un des domaines qui nous interpelle dans l’annonce, c’est celui des jeunes générations. Combien il est important, dans le respect des traditions respectives et des particularités, que nous nous aidions et que nous trouvions les moyens pour transmettre la foi selon des langages et des formes qui permettent aux jeunes d’expérimenter la joie d’un Dieu qui les aiment et les appellent ! Autrement ils seront tentés de faire confiance aux nombreuses sirènes trompeuses de la société de consommation.

Communion et mission, proximité et annonce, les saints Cyrille et Méthode ont beaucoup à nous dire aussi en ce qui concerne l’avenir de la société européenne. En fait, « ils ont été, dans un sens, les promoteurs d’une Europe unie et d’une paix profonde entre tous les habitants du continent, montrant les fondements d’un nouvel art de vivre ensemble, dans le respect des différences qui ne sont pas absolument un obstacle à l’unité » (St Jean-Paul II, Salut à la Délégation officielle de la Bulgarie, 24 mai 1999 : Insegnamenti XXII, n. 1 (1999), 1080). Nous aussi, héritiers de la foi des saints, nous sommes appelés à être artisans de communion, instruments de paix au nom de Jésus. En Bulgarie, « carrefour spirituel, terre de rencontre et de compréhension réciproque » (Id., Discours durant la Cérémonie de bienvenue, Sofia, 23 mai 2002 : Insegnamenti XXV, n. 1 (2002), 864), diverses Confessions ont été accueillies, de la Confession arménienne à la Confession évangélique, et diverses expressions religieuses, de la religion juive à la religion musulmane. L’Église catholique trouve accueil et respect, aussi bien dans la tradition latine que dans la tradition byzantino-slave. Je suis reconnaissant à votre Sainteté et au Saint Synode pour cette bienveillance. Dans nos relations aussi, les saints Cyrille et Méthode nous rappellent qu’« une certaine diversité des us et coutumes ne s’oppose pas au minimum à l’unité de l’Église » et que, entre l’Orient et l’Occident, « plusieurs formules théologiques se complètent assez fréquemment, plutôt que de s’opposer » (Conc. Oecum. Vat. II, Décr. Unitatis redintegratio, nn. 16-17). « Nous pouvons apprendre tant de choses les uns des autres ! » (Exhort. Ap. Evangelii Gaudium, n. 246).

Sainteté, bientôt j’aurai la possibilité d’entrer dans la Cathédrale Patriarcale de Saint Alexandre Nevski pour me recueillir dans le souvenir des saints Cyrille et Méthode. Saint Alexandre Nevski de la tradition russe et les Saints frères provenant de la tradition grecque et apôtres des peuples slaves révèlent combien la Bulgarie est un pays-pont. Sainteté, chers Frères, je vous vous assure de ma prière pour vous, pour les fidèles de ce peuple bien-aimé, pour la haute vocation de ce pays, pour notre cheminement dans un œcuménisme du sang, du pauvre et de la mission. A mon tour, je demande une place dans vos prières, dans la certitude que la prière est la porte qui ouvre tout chemin de bien. Je désire renouveler ma gratitude pour l’accueil reçu et vous assurer que je porterai dans mon cœur le souvenir de cette rencontre fraternelle.

Christos vozkrese !

[00741-FR.02] [Texte original: Italien]

Allocution du pape François lors du Regina Caeli en Bulgarie


Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François précédant la récitation du Regina Caeli Place di San Alexander Nevsky de Sofia, Bulgarie:

Chers frères et sœurs, “ Christ est ressuscité!”
Par ces paroles, depuis des temps anciens, en ces terres de Bulgarie les chrétiens – orthodoxes et catholiques – échangent les vœux du temps de Pâques : Christos vozkrese ! [La foule répond]. Elles expriment la grande joie pour la victoire de Jésus Christ sur le mal, sur la mort. Elles sont une affirmation et un témoignage du cœur de notre foi : le Christ vit. Il est notre espérance et la plus belle jeunesse de ce monde. Tout ce qu’il touche devient nouveau, se remplit de vie. C’est pourquoi, les premières paroles que je veux adresser à chacun de vous sont : il vit et il te veut vivant ! il est en toi, il est avec toi et il ne te lâche jamais. Il marche avec toi. Bien que tu puisses t’éloigner, à côté de toi il y a le Ressuscité, qui t’appelle constamment, t’attend pour recommencer. Il n’a jamais peur de recommencer : toujours il nous donne la main pour recommencer, pour nous relever et recommencer. Quand tu te sens vieux par la tristesse –la tristesse vieillit-, les rancunes, les peurs, les doutes et les échecs, lui sera là pour te redonner force et espérance (cf. Exhort. ap. Christus vivit, nn. 1-2). Il vit, il te veut vivant et il marche avec toi.

Cette foi en Christ ressuscité est proclamée depuis deux mille ans en tout lieu de la terre, à travers la mission généreuse de tant de croyants qui sont appelés à tout donner pour l’annonce évangélique, sans rien garder pour soi. Dans l’histoire de l’Église, ici aussi en Bulgarie, il y a eu des Pasteurs qui se sont distingués par la sainteté de leur vie. Parmi eux, j’aime me souvenir de mon prédécesseur, que vous appelez “le saint bulgare”, saint Jean XXIII, un saint pasteur, dont la mémoire est particulièrement vivante sur cette terre, où il a vécu de 1925 à 1934. Ici, il a appris à apprécier la tradition de l’Église Orientale, instaurant des relations d’amitié avec les autres Confessions religieuses. Son expérience diplomatique et pastorale en Bulgarie a laissé une empreinte si forte dans son cœur de pasteur qu’elle l’a conduit à promouvoir au sein de l’Église la perspective du dialogue œcuménique, qui eut une impulsion remarquable dans le Concile Vatican II, voulu justement par le Pape Roncalli. En un certain sens, nous devons remercier cette terre pour l’intuition sage et inspiratrice du “ bon Pape ”.

Dans le sillon de ce chemin œcuménique, d’ici peu, j’aurai la joie de saluer les représentants des diverses Confessions religieuses de Bulgarie, qui, tout en étant un pays orthodoxe, est un carrefour où se rencontrent et dialoguent diverses expressions religieuses. La présence appréciée à cette rencontre des Représentants de ces diverses Communautés, indique le désir de tous de parcourir le chemin, chaque jour plus nécessaire, « d’adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère » (Document sur la fraternité humaine, Abu Dhabi, 4 février 2019).

Nous nous trouvons près de l’antique église de Sainte Sophie, et à côté de l’église patriarcale de Saint Alexandre Nevsky, où, précédemment, j’ai prié dans le souvenir des saints Cyrille et Méthode, évangélisateurs des peuples slaves. Avec le désir de manifester estime et affection à cette vénérable Église orthodoxe de Bulgarie, j’ai eu la joie de saluer et d’embrasser, auparavant, mon Frère Sa Sainteté le Patriarche Neofit, ainsi que les Métropolites du Saint Synode.

Nous nous adressons maintenant à la Bienheureuse Vierge Marie, Reine du ciel et de la terre, afin qu’elle intercède auprès du Seigneur Ressuscité, pour qu’il donne à cette terre bien-aimée l’impulsion toujours nécessaire pour être terre de rencontre, sur laquelle, au-delà des différences culturelles, religieuses ou ethniques, vous puissiez continuer à vous reconnaître et à vous estimer comme enfants d’un même Père. Notre invocation s’exprime avec le chant de l’antique prière du Regina Caeli. Nous le faisons ici, à Sofia, devant l’icône de la Vierge de Nesebar, qui signifie “ Porte du ciel ”, si chère à mon prédécesseur saint Jean XXIII, qui a commencé à la vénérer ici, en Bulgarie, et l’a portée avec lui jusqu’à la mort.

[Chant du Regina Caeli]
Regina Caeli, laetare ! Alleluia !… Prière
[Bénédiction]

[00742-FR.02] [Texte original: Italien]

Discours du pape François aux autorités civiles et politiques de Bulgarie

(Photo CNS/Paul Haring) Vous trouverez ci-dessous le texte officiel du discours du pape François lors de la rencontre avec le président Rumen Radev et les autorités politiques et civiles de Bulgarie:

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre
Distingués membres du Corps Diplomatique Distinguées Autorités,
Représentants des diverses confessions religieuses, Chers frères et sœurs,

Je suis heureux de me trouver en Bulgarie, lieu de rencontre entre de multiples cultures et civilisations, pont entre l’Europe de l’Est et celle du Sud, porte ouverte sur le Proche-Orient, une terre où s’enracinent d’antiques racines chrétiennes, qui nourrissent la vocation à favoriser la rencontre aussi bien dans la région que dans la communauté internationale. Ici, la diversité dans le respect des spécificités propres est vue comme une opportunité, une richesse et non comme un motif d’opposition.

Je salue cordialement les Autorités de la République et je les remercie pour l’invitation qui m’a été adressée pour visiter la Bulgarie. Je remercie Monsieur le Président pour les courtoises paroles qu’il m’a adressées en m’accueillant sur cette place historique qui porte le nom de l’homme d’Etat Atanas Burov, qui a subi les rigueurs d’un régime opposé à la liberté de pensée.

J’envoie avec déférence mon salut à Sa Sainteté le Patriarche Neofit – que je rencontrerai d’ici peu –, aux Métropolites et aux Évêques du Saint Synode, ainsi qu’à tous les fidèles de l’Eglise orthodoxe bulgare. J’adresse une salutation affectueuse aux évêques, aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et à tous les membres de l’Église catholique, que je viens confirmer dans la foi et encourager dans leur cheminement quotidien de vie et de témoignage chrétien.

J’adresse une cordiale salutation aux chrétiens des autres Communautés ecclésiales, aux membres de la Communauté juive et aux fidèles de l’Islam et je réaffirme avec vous « la forte conviction que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix ; à soutenir les valeurs de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune » (Document sur la fraternité humaine, Abou Dhabi, 4 février 2019). Nous profitons de l’hospitalité que le peuple bulgare nous offre afin que chaque religion, appelée à promouvoir l’harmonie et la concorde, contribue à la croissance d’une culture et d’un environnement harmonieux imprégné du plein respect de la personne humaine et de sa dignité, en instaurant des connexions vitales entre civilisations, sensibilités et traditions diverses et en rejetant toute violence et toute coercition. On fera ainsi échec à ceux qui cherchent par tous les moyens à la manipuler et à l’instrumentaliser.

Ma visite d’aujourd’hui entend idéalement faire suite à celle effectuée par saint Jean-Paul II en mai 2002 et se déroule dans l’heureux souvenir de la présence à Sofia, pour environ une décennie, de Mgr Angelo Giuseppe Roncalli, alors Délégué Apostolique. Il a toujours porté dans le cœur des sentiments de gratitude et de profonde estime pour votre Nation, au point d’affirmer que, partout où il irait, sa maison vous serait toujours ouverte, sans qu’il soit nécessaire de se présenter comme catholique ou orthodoxe, mais seulement comme frère de Bulgarie (cf. Homélie du 25 décembre 1934). Saint Jean XXIII a travaillé sans relâche pour promouvoir la collaboration fraternelle entre tous les chrétiens et par le Concile Vatican II, qu’il a convoqué et présidé dans sa première phase, il a donné une grande impulsion et de l’élan au développement des relations œcuméniques.

C’est dans le sillage de ces événements providentiels que, à partir de 1968 – donc depuis cinquante ans – une délégation officielle bulgare, composée des plus hautes Autorités civiles et ecclésiastiques, effectue chaque année une visite au Vatican à l’occasion de la fête des saints Cyrille et Méthode. Ils ont évangélisé les peuples slaves et ont été à l’origine du développement de leur langue ainsi que de leur culture et surtout de fruits abondants et durables de témoignage chrétien et de sainteté.

Que soient bénis les saints Cyrille et Méthode, copatrons de l’Europe, qui par leurs prières, leur génie et leur labeur apostolique unanime sont pour nous un exemple et restent, à distance de plus d’un millénaire, des inspirateurs d’un dialogue fécond, d’harmonie, de rencontre fraternelle entre les Églises, les États et les peuples ! Puisse leur lumineux exemple susciter de nombreux imitateurs également de nos jours et faire surgir de nouveaux parcours de paix et de concorde !

Maintenant, dans cette situation historique, à trente ans de la fin du régime totalitaire qui entravait sa liberté et ses initiatives, la Bulgarie est confrontée aux conséquences de l’émigration, survenue au cours des dernières décennies, de plus de deux millions de ses citoyens à la recherche de nouvelles opportunités de travail. En même temps, la Bulgarie – comme tant d’autres pays du Vieux Continent – doit affronter ce qui peut être considéré comme un nouvel hiver : l’hiver démographique, qui s’est abattu comme un rideau de gel sur toute l’Europe, conséquence d’une diminution de la confiance face à l’avenir. La baisse de la natalité, associée donc à l’intense flux migratoire, a entraîné le dépeuplement et l’abandon de nombreux villages et villes. En outre, la Bulgarie se trouve confrontée au phénomène de ceux qui cherchent à traverser ses frontières, pour fuir des guerres et des conflits ou la misère, et tentent de rejoindre à tout prix les régions plus riches du continent européen, afin de trouver de nouvelles opportunités de vie ou simplement un refuge sûr.

Monsieur le Président, je connais l’engagement des gouvernants de ce pays, depuis des années, pour créer les conditions, afin que les jeunes surtout ne soient pas contraints à émigrer. Je voudrais vous encourager à continuer dans cette voie, à accomplir tous les efforts pour créer des conditions favorables, afin que les jeunes puissent investir leurs fraîches énergies et programmer leur avenir personnel et familial, en trouvant dans leur patrie les conditions d’une vie digne. Et vous qui connaissez le drame de l’émigration, je me permets de vous suggérer de ne pas fermer les yeux, le cœur et la main – comme en témoigne votre tradition – à celui qui frappe à vos portes.

Votre pays s’est toujours caractérisé comme un pont entre l’Est et l’Ouest, capable de favoriser la rencontre entre des cultures, des ethnies, des civilisations et des religions différentes, qui depuis des siècles ont coexisté ici en paix. Le développement, y compris économique et civil, de la Bulgarie passe nécessairement par la reconnaissance et la valorisation de cette caractéristique spécifique. Puisse cette terre, délimitée par le grand fleuve Danube et par les rives de la Mer noire, rendue fertile par l’humble travail de nombreuses générations et ouverte aux échanges culturels et commerciaux, intégrée dans l’Union Européenne et ayant de solides liens avec la Russie et la Turquie, offrir à ses enfants un avenir d’espérance.

Que Dieu bénisse la Bulgarie, la garde pacifique et accueillante et la rende prospère et heureuse !

[00740-FR.01] [Texte original: Italien]

Église en Sortie 3 mai 2019

Cette semaine à Église en Sortie, on parle du Centre justice et foi avec sa directrice générale Élisabeth Garant. On vous présente un reportage sur la soirée de prière Taizé avec le frère Émile au Centre étudiant Benoît Lacroix de Montréal. Dans la troisième partie d’émission, Francis Denis reçoit le père Gilles Mongeau s.j. pour parler du document de réflexion et de conversion ecclésiale sur le difficile enjeu des abus sexuels dans l’Église catholique publié par la province canadienne des Jésuites.

Église en Sortie 26 avril 2019

Cette semaine à Église en Sortie, Francis Denis reçoit le chanteur Yves Duteil pour parler de son parcours de chanteur et de la dimension spirituelle de sa vie autour de son livre « Et si la clé était ailleurs ». On vous présente la chronique des actualités de la rue avec l’abbé Claude Paradis.

Urbi et Orbi du Pape François : « La résurrection est le début d’un monde nouveau »

Vous trouverez ci-dessous le message de Pâques Urbi et Orbi prononcé par le pape François ce dimanche 21 avril 2019 depuis la loggia de la basilique Saint-Pierre.

Chers frères et sœurs, bonne fête de Pâques !

Aujourd’hui l’Église renouvelle l’annonce des premiers disciples : ‘‘Jésus est ressuscité’’. Et de bouche en bouche, de cœur en cœur, elle rappelle l’invitation à la louange : ‘‘Alléluia… Alléluia’’. Ce matin de Pâques, jeunesse éternelle de l’Église et de l’humanité tout entière, je voudrais adresser à chacun d’entre vous les premières paroles de la récente Exhortation apostolique consacrée en particulier aux jeunes : « Il vit, le Christ, notre espérance et il est la plus belle jeunesse de ce monde. Tout ce qu’il touche devient jeune, devient nouveau, se remplit de vie. Les premières paroles que je voudrais adresser à chacun des jeunes chrétiens sont donc : Il vit et il te veut vivant ! Il est en toi, il est avec toi et jamais ne t’abandonne. Tu as beau t’éloigner, le Ressuscité est là, t’appelant et t’attendant pour recommencer. Quand tu te sens vieilli par la tristesse, les rancœurs, les peurs, les doutes ou les échecs, il sera toujours là pour te redonner force et espérance » (Christus vivit, nn. 1-2).

Chers frères et sœurs, ce message est adressé en même temps à chaque personne et au monde entier. La Résurrection du Christ est le début d’une vie nouvelle pour chaque homme et chaque femme, parce que le vrai renouvellement part toujours du cœur, de la conscience. Mais Pâques est aussi le début du monde nouveau, libéré de l’esclavage du péché et de la mort : le monde finalement ouvert au Royaume de Dieu, Royaume d’amour, de paix et de fraternité. Le Christ vit et reste avec nous. Il montre la lumière de son visage de Ressuscité et n’abandonne pas ceux qui sont dans l’épreuve, dans la souffrance et dans le deuil. Que Lui, le Vivant, soit espérance pour le bien-aimé peuple syrien, victime d’un conflit qui perdure, et qui risque de nous trouver toujours davantage résignés et même indifférents. C’est plutôt le moment de
renouveler l’engagement pour une solution politique qui réponde aux justes aspirations de liberté, de paix et de justice, qui affronte la crise humanitaire et favorise le retour en sécurité des personnes déplacées et de celles qui se sont réfugiées dans les pays limitrophes, surtout au Liban et en
Jordanie.

Pâques nous porte à tourner le regard vers le Moyen-Orient, déchiré par des divisions et des tensions continues. Que les chrétiens dans la région, avec une persévérance patiente, témoignent du Seigneur ressuscité et de la victoire de la vie sur la mort. J’ai une pensée particulière pour la population du Yémen, en particulier pour les enfants épuisés par la faim et la guerre. Que la lumière pascale éclaire tous les gouvernants et tous les peuples du Moyen-Orient, à commencer par les Israéliens et les Palestiniens, et les incite à soulager tant de souffrances et à poursuivre un avenir de paix et de stabilité.

Que les armes cessent d’ensanglanter la Libye où, de nouveau, des personnes sans défense meurent ces dernières semaines et où de nombreuses familles sont contraintes à quitter leurs propres maisons. J’exhorte les parties concernées à choisir le dialogue plutôt que l’oppression, en évitant que s’ouvrent à nouveau les blessures d’une décennie de conflits et d’instabilité politique.

Que le Christ Vivant donne sa paix à tout le bien-aimé continent africain, encore parsemé de tensions sociales, de conflits et parfois d’extrémismes violents qui provoquent l’insécurité, la destruction et la mort, surtout au Burkina Faso, au Mali, au Niger, au Nigéria et au Cameroun. Ma pensée va également au Soudan, qui traverse un moment d’incertitude politique et où je souhaite que toutes les instances puissent s’exprimer et que chacun s’efforce de permettre au pays de trouver la liberté, le développement et le bien-être auxquels il aspire depuis longtemps.

Que le Seigneur ressuscité accompagne les efforts accomplis par les Autorités civiles et religieuses du Sud Soudan, soutenues par les fruits de la retraite spirituelle vécue il y a quelques jours ici au Vatican. Puisse s’ouvrir une nouvelle page de l’histoire du pays, dans laquelle toutes les composantes politiques, sociales et religieuses s’engagent activement pour le bien-être commun et
la réconciliation de la Nation. Lors de cette fête de Pâques que trouve du réconfort la population des régions orientales de l’Ukraine, qui continue de souffrir du conflit encore en cours. Que le Seigneur encourage les initiatives humanitaires et celles visant à atteindre une paix durable.

Que la joie de la Résurrection remplisse les cœurs de ceux qui, sur le continent américain, subissent les conséquences de situations politiques et économiques difficiles. Je pense en particulier au peuple vénézuélien : à beaucoup de personnes privées des conditions minimales pour mener une vie digne et sûre, à cause d’une crise qui perdure et s’approfondit. Que le Seigneur donne à ceux qui ont des responsabilités politiques d’œuvrer pour mettre fin aux injustices sociales, aux abus ainsi qu’aux violences et de faire des pas concrets permettant de guérir les divisions et d’offrir à la population les aides dont elle a besoin.
Que le Seigneur ressuscité éclaire les efforts qui se font au Nicaragua en vue de trouver au plus tôt une solution pacifique et négociée au bénéfice de tous les nicaraguayens.

Face aux nombreuses souffrance de notre temps, que le Seigneur de la vie ne nous trouve pas froids et indifférents. Qu’il fasse de nous des constructeurs de ponts et non pas de murs. Lui, qui nous donne sa paix, qu’il fasse cesser le bruit des armes, aussi bien dans les situations de guerre que dans nos villes, et qu’il inspire les gouvernants des Nations afin qu’ils s’engagent à mettre fin à la
course aux armements et à la diffusion préoccupante des armes, surtout dans les pays économiquement plus développés. Que le Ressuscité, qui a ouvert grand les portes du sépulcre, ouvre nos cœurs aux besoins des personnes défavorisées et sans défense, des pauvres, des sans emploi, des personnes marginalisées, de ceux qui frappent à notre porte à la recherche de pain, d’un
refuge et de la reconnaissance de leur dignité.

Chers frères et sœurs, le Christ vit ! Il est espérance et jeunesse pour chacun d’entre nous et pour le monde entier. Laissons-nous renouveler par lui ! Bonne Pâques !

(CNS Photo/Paul Haring)

Vigile Pascale au Vatican: homélie du pape François

(CNS photo/Paul Haring)

Ce soir, à 8:30 à la Basilique Saint-Pierre, le pape François a présidé la veillée solennelle de Pâques. La célébration a commencé dans l’atrium de la Basilique Saint-Pierre avec la bénédiction du feu et la préparation du cièrge pascal. La procession a continuait à l’autel, avec le cièrge pascal allumé et le chant de l’Exultet.  Cela a été suivi par la liturgie de la Parole et la liturgie baptismale.  Le pape François a administré les sacrements d’initiation à 8 catéchumènes d’Italie, d’Albanie, d’Équateur, d’Indonésie et du Pérou. Voici l’homélie prononcée par le pape François après la proclamation de l’Évangile lors de la liturgie de la Veillée Pascale:

Les femmes portent les aromates à la tombe mais elles craignent que le trajet soit inutile car une grosse pierre barre l’entrée du tombeau. Le chemin de ces femmes, c’est aussi notre chemin ; il ressemble au chemin du salut que nous avons parcouru ce soir. Sur ce chemin, il semble que tout vienne se briser contre une pierre : la beauté de la création contre le drame du péché ; la libération de l’esclavage contre l’infidélité à l’Alliance ; les promesses des prophètes contre la triste indifférence du peuple. Il en est ainsi également dans l’histoire de l’Eglise et dans l’histoire de chacun de nous : il semble que les pas accomplis ne parviennent jamais au but. L’idée peut ainsi s’insinuer que la frustration de l’espérance est la loi obscure de la vie. 

Mais nous découvrons aujourd’hui que notre chemin n’est pas vain, qu’il ne se cogne pas contre une pierre tombale. Une phrase ébranle les femmes et change l’histoire : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » (Lc 24,5) ; pourquoi pensez-vous que tout cela ne serve à rien, que personne ne puisse enlever vos pierres ? Pourquoi cédez-vous à la résignation et à l’échec ? Pâques est la fête de l’enlèvement des pierres. Dieu enlève les pierres les plus dures contre lesquelles viennent s’écraser les espérances et les attentes : la mort, le péché, la peur, la mondanité. L’histoire humaine ne finit pas devant une pierre tombale, car elle découvre aujourd’hui la « Pierre vivante » (cf. 1P 2, 4) : Jésus ressuscité. Nous, comme Eglise, nous sommes fondés sur lui et, même lorsque nous perdons courage, lorsque nous sommes tentés de tout juger sur la base de nos échecs, il vient faire toutes choses nouvelles, renverser nos déceptions. Chacun, ce soir, est appelé à retrouver, dans le Vivant, celui qui enlève du cœur les pierres les plus lourdes. Demandons-nous avant tout : quelle est ma pierre à retirer, comment se nomme-t-elle ? 

Souvent la pierre de la méfiance entrave l’espérance. Quand l’idée que tout va mal prend de l’ampleur, et qu’il n’y a jamais de fin au pire, nous en arrivons, résignés, à croire que la mort est plus forte que la vie, et nous devenons cyniques et moqueurs, porteurs de découragement malsain. Pierre sur pierre nous construisons en nous un monument à l’insatisfaction, le tombeau de l’espérance. En nous plaignant de la vie, nous rendons la vie dépendante des plaintes, et spirituellement malade. Une sorte de psychologie du tombeau s’insinue alors : toute chose finit là, sans espérance d’en sortir vivant. Voilà alors la question cinglante de Pâques : Pourquoi cherchez- vous le Vivant parmi les morts ? Le Seigneur n’habite pas dans la résignation. Il est ressuscité, il n’est pas là ; ne le cherche pas où tu ne le trouveras jamais : il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants (cf. Mt 22, 32). N’enterre pas l’espérance ! 

Il y a une seconde pierre qui souvent scelle le cœur : la pierre du péché. Le péché séduit, promet des choses faciles et rapides, bien-être et succès, mais il laisse ensuite, à l’intérieur, solitude et mort. Le péché, c’est chercher la vie parmi les morts, le sens de la vie dans les choses qui passent. Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Pourquoi ne te décides-tu pas à abandonner ce péché qui, comme une pierre à l’entrée du cœur, empêche la lumière divine d’entrer ? Pourquoi aux brillants éclats de l’argent, de la carrière, de l’orgueil et du plaisir, ne préfères-tu pas Jésus, la vraie lumière (cf. Jn 1, 9) ? Pourquoi ne dis-tu pas aux vanités mondaines que ce n’est pas pour elles que tu vis, mais pour le Seigneur de la vie ? 

Revenons aux femmes qui vont au tombeau de Jésus. Devant la pierre enlevée, elles restent abasourdies ; en voyant les anges, elles sont, dit l’Evangile, « saisies de crainte », « le visage incliné vers le sol » (Lc 24, 5). Elles n’ont pas le courage de lever le regard. Combien de fois cela nous arrive-t-il à nous aussi : nous préférons rester prostrés dans nos limites, nous terrer dans nos peurs. C’est étrange : pourquoi faisons-nous ainsi ? Souvent parce que, dans la fermeture et la tristesse, nous sommes les protagonistes, parce qu’il est plus facile de rester seuls dans les pièces obscures de notre cœur que de nous ouvrir au Seigneur. Et cependant lui seul relève. Une poétesse a écrit : « Nous ne connaissons jamais notre taille tant que nous ne sommes pas appelés à nous lever » (E. DICKINSON, We never know how high we are ). Le Seigneur nous appelle à nous lever, à nous redresser sur sa Parole, à regarder vers le haut et à croire que nous sommes faits pour le Ciel, non pas pour la terre ; pour les hauteurs de la vie, non pas pour les bassesses de la mort : Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? 

Dieu nous demande de regarder la vie comme lui la regarde, lui qui voit toujours en chacun de nous un foyer irrésistible de beauté. Dans le péché, il voit des enfants à relever ; dans la mort, des frères à ressusciter ; dans la désolation, des cœurs à consoler. Ne crains donc pas : le Seigneur aime cette vie qui est la tienne, même quand tu as peur de la regarder et de la prendre en main. A Pâques, il te montre combien il l’aime : au point de la traverser tout entière, d’éprouver l’angoisse, l’abandon, la mort et les enfers pour en sortir victorieux et te dire : “Tu n’es pas seul, aies confiance en moi !” Jésus est spécialiste pour transformer nos morts en vie, nos plaintes en danse (cf. Ps 30, 12) : avec lui nous pouvons accomplir nous aussi la Pâque, c’est-à-dire le passage : passage de la fermeture à la communion, de la désolation à la consolation, de la peur à la confiance. Ne restons pas à regarder par terre, apeurés, regardons Jésus ressuscité : son regard nous insuffle l’espérance, parce qu’il nous dit que nous sommes toujours aimés et que malgré tout ce que nous pouvons faire, son amour ne change pas. Ceci la certitude non négociable de la vie : son amour ne change pas. Demandons-nous : dans la vie, où est-ce que je regarde ? Est-ce que je contemple des milieux sépulcraux ou est-ce que je cherche le Vivant ? 

Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Les femmes écoutent l’appel des anges qui ajoutent : « Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée » (Lc 24, 6). Ces femmes avaient oublié l’espérance parce qu’elles ne se rappelaient pas des paroles de Jésus, son appel survenu en Galilée. Ayant perdu la mémoire vivante de Jésus, elles restent à regarder le tombeau. La foi a besoin de revenir en Galilée, de raviver le premier amour avec Jésus, son appel : se souvenir de lui, c’est-à-dire revenir de tout cœur à lui. Revenir à un amour vivant avec le Seigneur est essentiel, autrement, on a une foi de musée, non pas la foi pascale. Mais Jésus n’est pas un personnage du passé, il est une personne vivante, aujourd’hui ; on ne le connait pas dans les livres d’histoire, on le rencontre dans la vie. Faisons aujourd’hui mémoire du moment où Jésus nous a appelés, où il a vaincu nos ténèbres, nos résistances, nos péchés ; de la manière dont il nous a touché le cœur par sa Parole. 

Les femmes, se souvenant de Jésus, quittent le tombeau. Pâques nous apprend que le croyant s’arrête peu au cimetière, parce qu’il est appelé à marcher à la rencontre du Vivant. Demandons- nous : dans la vie, vers quoi est-ce que je marche ? Parfois nous allons toujours et seulement vers nos problèmes, qui ne manquent jamais, et nous allons vers le Seigneur seulement pour qu’il nous aide. Mais alors, ce sont nos besoins, et non Jésus, qui nous orientent. Et c’est toujours chercher le Vivant parmi les morts. Combien de fois, ensuite, après avoir rencontré le Seigneur, retournons- nous parmi les morts, rôdant en nous-mêmes pour raviver les regrets, les remords, les blessures et les insatisfactions, sans laisser le Ressuscité nous transformer. Chers frères et sœurs, donnons au Vivant la place centrale dans notre vie. Demandons la grâce de ne pas nous laisser entraîner par le courant, par l’océan des problèmes ; de ne pas nous briser sur les pierres du péché et sur les écueils de la méfiance et de la peur. Cherchons-le, lui, en toute chose et avant tout. Avec lui, nous ressusciterons. 

Église en Sortie 19 avril 2019

Cette semaine à Église en Sortie, on s’entretient avec Me Luc Harvey, Lieutenant d’office Canada-Montréal de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. On vous présente un reportage sur le 120 e Congrès provincial des Chevaliers de Colomb du Québec. Dans la troisième partie d’émission, Francis Denis reçoit Mgr Paul-André Durocher, archevêque de Gatineau, pour parler de son tout dernier livre intitulé « Envoyé en son nom : Causeries sur l’Église en Sortie.

Secured By miniOrange