Échos du Vatican

Revivez dans cette émission le passage à la nouvelle année au Vatican, et l’ouverture de la quatrième et dernière porte sainte à Rome.

Homélie du pape François lors de la Messe d’ouverture de la Porte de la miséricorde à la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome

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Salve, Mater misericordiae!

C’est avec ce salut que nous voulons nous tourner vers la Vierge Marie dans la Basilique romaine qui lui est dédiée avec le titre de Mère de Dieu. C’est le début d’une hymne antique, que nous chanterons à la fin de cette Eucharistie, remontant à un auteur inconnu et arrivé jusqu’à nous comme une prière qui jaillit spontanément du cœur des croyants : “Salut, Mère de miséricorde, Mère de Dieu et Mère du pardon, Mère de l’espérance et Mère de la grâce, Mère remplie d’une sainte joie”. Dans ces quelques paroles se trouve la synthèse de la foi de générations de personnes qui, gardant leurs yeux fixés sur l’icône de la Vierge, lui demandent l’intercession et la consolation.

Il est plus que jamais approprié qu’en ce jour nous invoquions la Vierge Marie, par-dessus tout comme Mère de la miséricorde. La Porte Sainte que nous avons ouverte est de fait une Porte de la Miséricorde. Quiconque passe ce seuil est appelé à s’immerger dans l’amour miséricordieux du Père, avec une pleine confiance et sans aucune crainte ; et il peut repartir de cette Basilique avec la certitude qu’il aura à ses côtés la compagnie de Marie. Elle est Mère de la miséricorde, parce qu’elle a engendré dans son sein le Visage même de la divine miséricorde, Jésus,Holy Door St. Mary Major 2016 l’Emmanuel, Celui qui est attendu par tous les peuples, le « prince de la paix » (Is 9,5). Le Fils de Dieu fait chair pour notre salut, nous a donné sa Mère qui, avec nous, se fait pèlerine pour que nous ne soyons jamais seuls sur le chemin de notre vie, surtout dans les moments d’incertitude et de souffrance.

Marie est Mère de Dieu qui pardonne, qui donne le pardon, et pour cela nous pouvons dire qu’elle est Mère du pardon. Cette parole – “pardon” – bien incomprise de la mentalité mondaine, indique par contre le fruit propre, original de la foi chrétienne. Celui qui ne sait pas pardonner n’a pas encore connu la plénitude de l’amour. Et seul celui qui aime vraiment est en mesure d’arriver jusqu’au pardon, en oubliant l’offense reçue. Au pied de la Croix, Marie voit son Fils qui s’offre totalement et témoigne ainsi ce que signifie aimer comme Dieu aime. En ce moment elle entend prononcer par Jésus des paroles qui viennent probablement de ce qu’elle-même lui avait enseigné dès qu’il était enfant : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). En ce moment, Marie est devenue pour nous tous Mère du pardon. Elle-même, à l’exemple de Jésus et avec sa grâce, a été capable de pardonner à tous ceux qui étaient en train de faire mourir son Fils innocent.

Pour nous, Marie devient une icône de la manière dont l’Église doit étendre le pardon à tous ceux qui le demandent. La Mère du pardon enseigne à l’Église que le pardon offert sur le Golgotha ne connaît pas de limites. La loi avec ses subtilités ne peut l’arrêter, ni la sagesse de ce monde avec ses distinctions. Le pardon de l’Église doit avoir la même extension que celui de blog_1451658628Jésus sur la Croix, et de Marie à ses pieds. Il n’y a pas d’alternative. C’est pourquoi l’Esprit Saint a rendu les apôtres instruments efficaces du pardon, afin que tout ce qui a été obtenu par la mort de Jésus puisse rejoindre tout homme en tout lieu et en tout temps (cf. Jn 20, 19-23).

L’hymne marial, enfin, continue en disant : «Mère de l’espérance et Mère de la grâce, Mère remplie d’une sainte joie ». L’espérance, la grâce et la sainte joie sont sœurs : toutes sont du Christ, et même, elles sont d’autres de ses noms, écrits, pour ainsi dire, dans sa chair. Le cadeau que Marie nous donne en nous donnant Jésus Christ est celui du pardon qui renouvelle la vie, qui vous permet d’accomplir de nouveau la volonté de Dieu, et qui remplit la vie d’un vrai bonheur. Cette grâce ouvre le cœur pour regarder l’avenir avec la joie de celui qui espère. C’est l’enseignement qui provient aussi du Psaume : « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. […] Rends-moi la joie d’être sauvé » (50, 12.14). La force du pardon est le véritable antidote à la tristesse provoquée par la rancune et la vengeance. Le pardon ouvre à la joie et à la sérénité parce qu’il libère l’âme des pensées de mort, tandis que la rancune et la vengeance poussent l’esprit à la révolte et déchirent le cœur, lui ôtant le repos et la paix.

Franchissons donc la Porte Sainte de la Miséricorde avec la certitude de la compagnie de la Vierge Mère, la Sainte Mère de Dieu, qui intercède pour nous. Laissons-nous accompagner par elle pour redécouvrir la beauté de la rencontre avec son Fils Jésus. Ouvrons tout grand notre cœur à la joie du pardon, conscients de l’espérance confiante qui nous est rendue, pour faire de notre existence quotidienne un humble instrument de l’amour de Dieu.

Et avec l’amour des enfants acclamons-la avec les paroles mêmes du peuple d’Éphèse, au temps du Concile historique : “Sainte Mère de Dieu !”.

 

Homélie du pape François lors de la Messe de la Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu

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Vous trouverez ci-dessous le texte complet de l’homélie du pape François prononcée lors de la Messe de la Solennité de la Mère de Dieu:

Nous avons entendu les paroles de l’apôtre Paul : « Lorsqu’est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » (Ga 4, 4).

Que signifie le fait que Jésus naisse à “ la plénitude des temps ” ? Si notre regard se dirige vers le moment historique, nous pouvons vite rester déçus. Rome dominait sur une grande partie du monde connu par sa puissance militaire. L’empereur Auguste était arrivé au pouvoir après avoir combattu cinq guerres civiles. Même Israël avait été conquis par l’empereur romain et le peuple élu était privé de liberté. Pour les contemporains de Jésus, par conséquent, ce n’était certainement pas le temps le meilleur. Ce n’est donc pas vers la sphère géopolitique que l’on doit regarder pour définir le sommet du temps.

Une autre interprétation est alors nécessaire, qui comprenne la plénitude à partir de Dieu. Lorsque Dieu établit que le moment d’accomplir la promesse faite est arrivé, alors pour l’humanité se réalise la plénitude des temps. Donc, ce n’est pas l’histoire qui décide de la naissance du Christ ; c’est, plutôt, sa venue dans le monde qui permet à l’histoire d’atteindre sa plénitude. C’est pour cela qu’à partir de la naissance du Fils de Dieu, commence le calcul d’une nouvelle ère, celle qui voit l’accomplissement de l’antique promesse. Comme écrit l’auteur de la Lettre aux Hébreux : « À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes chose et par qui il a créé les mondes. [Il est le] rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être, et porte l’univers par sa parole puissante » (1, 1-3). La plénitude des temps, donc, est la présence de Dieu personnellement dans notre histoire. Maintenant, nous pouvons voir sa gloire qui resplendit dans la pauvreté d’une étable, et être encouragés et soutenus par son Verbe qui s’est fait “petit” dans un enfant. Grâce à Lui, notre temps peut trouver sa plénitude. Notre temps personnel aussi trouvera sa plénitude dans la rencontre avec Jésus-Christ, Dieu fait homme.

Cependant, ce mystère semble contraster avec la dramatique expérience historique. Chaque jour, tandis que nous voudrions être soutenus par des signes de la présence de Dieu, nous devons rencontrer des signes opposés, négatifs, qui le font plutôt sentir comme absent. La plénitude des temps semble s’effriter devant les multiples formes d’injustice et de violence qui blessent chaque jour l’humanité. Parfois nous nous demandons : comment est-il possible que perdure le mépris de l’homme par l’homme ?, que l’arrogance du plus fort continue à humilier le plus faible, le reléguant aux marges les plus sordides de notre monde ? Jusqu’à quand la méchanceté humaine sèmera sur la terre violence et haine, provoquant d’innocentes victimes ? Comment ce peut être le temps de la plénitude, ce que nous donnent à voir des multitudes d’hommes, de femmes et d’enfants qui fuient la guerre, la faim, la persécution, disposés à risquer leur vie pour voir respectés leurs droits fondamentaux ? Un fleuve de misère, alimenté par le péché, semble contredire la plénitude des temps réalisée par le Christ. Rappelez-vous, chers pueri cantores, c’était la troisième question que vous m’avez posée hier : comment cela s’explique… Les enfants aussi se rendent compte de cela.

Pourtant, ce fleuve en crue ne peut rien contre l’océan de miséricorde qui inonde notre monde. Nous sommes tous appelés à nous immerger dans cet océan, à nous laisser régénérer, pour vaincre l’indifférence qui empêche la solidarité, et sortir de la fausse neutralité qui empêche le partage. La grâce du Christ, qui porte l’attente du salut à son accomplissement, nous pousse à devenir ses coopérateurs dans la construction d’un monde plus juste et fraternel, où chaque personne et chaque créature puisse vivre en paix, dans l’harmonie de la création originaire de Dieu.

Au début d’une nouvelle année, l’Église nous fait contempler la maternité divine de Marie comme icône de paix. L’antique promesse s’accomplit en sa personne. Elle a cru aux paroles de l’Ange, elle a conçu le Fils, elle est devenue Mère du Seigneur. À travers elle, à travers son “oui”, est arrivée la plénitude des temps. L’Évangile que nous avons entendu dit que la Vierge « retenait tous ces évènements et les méditait dans son cœur » (Lc 2, 19). Elle se présente à nous comme un vase toujours rempli de la mémoire de Jésus, Siège de la Sagesse, où puiser pour avoir l’interprétation cohérente de son enseignement. Aujourd’hui, elle nous offre la possibilité de saisir le sens des événements qui nous touchent personnellement, qui touchent nos familles, nos pays et le monde entier. Là où ne peut arriver la raison des philosophes ni les négociations de la politique, là peut arriver la force de la foi qui porte la grâce de l’Évangile du Christ, et qui peut toujours ouvrir de nouvelles voies à la raison et aux négociations.

Bienheureuse es-tu, Marie, parce que tu as donné au monde le Fils de Dieu ; mais encore plus heureuse es-tu pour avoir cru en Lui. Pleine de foi, tu as conçu Jésus d’abord dans ton cœur et puis dans ton sein, pour devenir Mère de tous les croyants (cf. Augustin, Sermon 215, 4). Mère, étends sur nous ta bénédiction en ce jour qui t’est consacré ; montre-nous le visage de ton Fils Jésus, qui donne au monde entier miséricorde et paix. Amen.

Homélie du pape François lors de la Messe de la Sainte Famille

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Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François lors de la Messe de la solennité de la sainte famille.

Les lectures bibliques que nous avons écoutées nous ont présenté l’image de deux familles qui accomplissent leur pèlerinage vers la maison de Dieu. Elkana et Anne portent leur fils Samuel au temple de Silo et le consacrent au Seigneur (cf. 1 Sam 1, 20-22.24-28). De la même manière, Joseph et Marie, pour la fête de la Pâque, se font pèlerins à Jérusalem avec Jésus (cf. Lc 2, 41-52).

Nous avons souvent sous les yeux les pèlerins qui se rendent aux sanctuaires et aux lieux chers à la piété populaire. En ces jours, beaucoup se sont mis en chemin pour rejoindre la Porte Sainte ouverte dans toutes les cathédrales du monde et aussi dans de nombreux sanctuaires. Mais la chose la plus belle mise en relief aujourd’hui par la Parole de Dieu est que toute la famille accomplit le pèlerinage. Papa, maman et les enfants, ensemble, se rendent à la maison du Seigneur pour sanctifier la fête par la prière. C’est un enseignement important qui est offert aussi à nos familles. Nous pouvons même dire que la vie de la famille est un ensemble de petits et de grands pèlerinages.

Par exemple, comme cela nous fait du bien de penser que Marie et Joseph ont enseigné à Jésus à réciter les prières ! Et cela est un pèlerinage, le pèlerinage de l’éducation à la prière. Et cela nous fait aussi du bien de savoir que durant la journée ils priaient ensemble ; et qu’ensuite le samedi, ils allaient ensemble à la synagogue pour écouter les Écritures de la Loi et des Prophètes et louer le Seigneur avec tout le peuple. Et certainement durant le pèlerinage vers Jérusalem, ils ont prié en chantant avec les paroles du Psaume : « Quelle joie quand on m’a dit : “Nous irons à la maison du Seigneur!”. Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! » (122, 1- 2).

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Comme il est important pour nos familles de marcher ensemble et d’avoir un même but à atteindre ! Nous savons que nous avons un parcours commun à accomplir ; une route où nous rencontrons des difficultés mais aussi des moments de joie et de consolation. Dans ce pèlerinage de la vie, nous partageons aussi le moment de la prière. Qu’y-a-t-il de plus beau pour un papa et une maman que de bénir leurs enfants au début de la journée et à sa conclusion ? Tracer sur leur front le signe de la croix comme le jour du Baptême. N’est-ce pas peut-être la prière la plus simple des parents pour leurs enfants ? Les bénir, c’est-à-dire les confier au Seigneur, comme l’ont fait Elkana et Anne, Joseph et Marie, pour qu’il soit leur protection et leur soutien dans les différents moments de la journée. Comme il est important pour la famille de se retrouver aussi pour un bref moment de prière avant de prendre ensemble les repas, pour remercier le Seigneur de ces dons, et pour apprendre à partager ce qui est reçu avec celui qui est davantage dans le besoin. Ce sont de tout- petits gestes qui expriment cependant le rôle de formation que possède la famille dans le pèlerinage de tous les jours.

Au terme de ce pèlerinage, Jésus retourne à Nazareth et il était soumis à ses parents (cf. Lc 2, 51). Cette image contient aussi un bel enseignement pour nos familles. Le pèlerinage, en effet, ne finit pas quand on arrive au but du sanctuaire, mais quand on revient à la maison et qu’on reprend la vie de tous les jours, mettant en acte les fruits spirituels de l’expérience vécue. Nous savons ce que Jésus avait fait cette fois. AuChild Jesus in Temple lieu de revenir à la maison avec les siens, il s’était arrêté à Jérusalem dans le Temple, causant une grande peine à Marie et à Joseph qui ne le trouvaient plus. Pour cette “escapade”, Jésus a dû aussi probablement faire des excuses à ses parents. L’Évangile ne le dit pas, mais je crois que nous pouvons le supposer. La question de Marie, d’ailleurs, manifeste une certaine réprobation, rendant évidente sa préoccupation et son angoisse ainsi que celle de Joseph. Revenant à la maison, Jésus s’est certainement soumis à eux pour montrer toute son affection et son obéissance. Ces moments qui, avec le Seigneur, se transforment en opportunité de croissance, en occasion de demander pardon et de le recevoir, de montrer l’amour et de l’obéissance, font aussi partie du pèlerinage de la famille.

Au cours de l’Année de la Miséricorde, que chaque famille chrétienne puisse devenir un lieu privilégié de ce pèlerinage où s’expérimente la joie du pardon. Le pardon est l’essence de l’amour qui sait comprendre l’erreur et y porter remède. Pauvres de nous si Dieu ne nous pardonnait pas ! C’est à l’intérieur de la famille qu’on s’éduque au pardon, parce qu’on a la certitude d’être compris et soutenus malgré les erreurs qui peuvent se commettre.

Ne perdons pas confiance dans la famille ! C’est beau de s’ouvrir toujours le cœur les uns aux autres, sans rien cacher. Là où il y a l’amour, là aussi il y a compréhension et pardon. Je confie à vous toutes, chères familles, ce pèlerinage domestique de tous les jours, cette mission si importante, dont le monde et l’Église ont plus que jamais besoin.

[02282-FR.01] [Texte original: Italien]

Allocution du pape François lors de la bénédiction Ubi et Orbi

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Vous trouverez ci-dessous le texte officiel français de l’allocution du pape François lors de la traditionnelle bénédiction Ubi et Orbi:

«Chers frères et sœurs, joyeux Noël !

Christ est né pour nous, exultons en ce jour de notre salut !

Ouvrons nos cœurs pour recevoir la grâce de ce jour, qu’il est lui-même : Jésus est le “ jour ” lumineux qui est apparu à l’horizon de l’humanité. Jour de miséricorde, dans lequel Dieu le Père a révélé à l’humanité son immense tendresse. Jour de lumière qui dissipe les ténèbres de la peur et de l’angoisse. Jour de paix, où il devient possible de se rencontrer, de dialoguer, de se réconcilier. Jour de joie : une « grande joie » pour les petits et les humbles, et pour tout le peuple (cf. Lc 2, 10).

En ce jour, de la Vierge Marie, est né Jésus, le Sauveur. La crèche nous fait voir le « signe » que Dieu nous a donné : « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire » (Lc 2, 12). Comme les bergers de Bethléem, nous aussi allons voir ce signe, cet événement qui se renouvelle dans l’Église chaque année. Noël est un événement qui se renouvelle dans chaque famille, dans chaque paroisse, dans chaque communauté qui accueille l’amour de Dieu incarné en Jésus Christ. Comme Marie, l’Église montre à tous le « signe » de Dieu : l’Enfant qu’elle a porté dans son sein et a enfanté, mais qui est le Fils du Très-Haut, parce que « il vient de l’Esprit Saint » (Mt 1, 20). C’est pourquoi il est le Sauveur, parce qu’il est l’Agneau de Dieu qui prend sur lui le péché du monde (cf. Jn 1, 29). Avec les bergers, prosternons-nous devant l’Agneau, adorons la Bonté de Dieu faite chair, et laissons des larmes de repentir remplir nos yeux et laver notre cœur. Nous en avons tous besoin !

Lui seul, Lui seul peut nous sauver. Seule la Miséricorde de Dieu peut libérer l’humanité de nombreuses de formes de mal, aux visages monstrueux, que l’égoïsme engendre en elle. La grâce de Dieu peut convertir les cœurs et ouvrir des voies de sortie de situations humainement insolubles.

Là où naît Dieu, naît l’espérance. C’est Lui qui porte l’espérance. Là où naît Dieu, naît la paix. Et là où naît la paix, il n’y a plus de place pour la haine et pour la guerre. Pourtant même là où est venu au monde le Fils de Dieu fait chair, des tensions et des violences continuent et la paix reste à don à invoquer et à construire. Qu’Israéliens et Palestiniens puissent reprendre un dialogue direct et arriver à une entente qui permette aux deux peuples de vivre en harmonie, dépassant un conflit qui les a longuement opposés, avec de graves répercussions sur toute la région.

Au Seigneur, nous demandons que l’entente intervenue au sein des Nations Unies parvienne le plus tôt possible à faire taire le vacarme des armes en Syrie et à remédier à la très grave situation humanitaire de la population épuisée. Il est aussi urgent que l’accord sur la Libye obtienne le soutien de tous, afin que soient dépassées les graves divisions et les violences qui affligent le pays. Que l’attention de la Communauté internationale soit unanimement dirigée à faire cesser les atrocités qui, aussi bien dans ces pays qu’en Irak, au Yémen et dans l’Afrique subsaharienne, fauchent encore de nombreuses victimes, causent d’effroyables souffrances et n’épargnent pas non plus le patrimoine historique et culturel de peuples entiers. Ma pensée va aussi à tous ceux qui ont été touchés par d’atroces actions terroristes, particulièrement par les récents attentats survenus sous les cieux d’Égypte, à Beyrouth, Paris, Bamako et Tunis.

À nos frères, persécutés dans de nombreuses parties du monde à cause de la foi, que l’Enfant-Jésus donne consolation et force. Ce sont mos martyrs d’aujourd’hui.Capture d’écran 2015-12-25 à 10.54.27

Nous demandons paix et concorde pour les chères populations de la République démocratique du Congo, du Burundi et du Sud Soudan afin que, par le dialogue, se renforce l’engagement commun pour l’édification de sociétés civiles animées d’un esprit sincère de réconciliation et de compréhension réciproque.

Que Noël apporte aussi une paix véritable à l’Ukraine, offre soulagement à ceux qui subissent les conséquences du conflit et inspire la volonté de porter à leur achèvement les accords pris, pour rétablir la concorde dans le pays tout entier.

Que la joie de ce jour illumine les efforts du peuple colombien pour que, animé par l’espérance, il continue avec ardeur à poursuivre la paix désirée.

Là où naît Dieu, naît l’espérance ; et là où naît l’espérance, les personnes retrouvent la dignité. Pourtant, encore aujourd’hui de nombreux hommes et femmes sont privés de leur dignité humaine et, comme l’Enfant-Jésus, souffrent du froid, de la pauvreté et du refus des hommes. Que notre proximité rejoigne aujourd’hui ceux qui sont le plus sans défense, surtout les enfants-soldats, les femmes qui subissent des violences, les victimes de la traite des personnes et du narcotrafic.

Que notre réconfort ne manque pas à tous ceux qui fuient la misère ou la guerre, voyageant dans des conditions trop souvent inhumaines et risquant souvent leur vie. Que soient récompensés avec d’abondantes bénédictions tous ceux qui, simples personnes et États, s’emploient avec générosité à secourir et à accueillir les nombreux migrants et réfugiés, les aidant à construire un avenir digne pour eux et pour leurs proches et à s’intégrer à l’intérieur des sociétés qui les reçoivent.

En ce jour de fête, que le Seigneur redonne espérance à tous ceux qui n’ont pas de travail – il y en a tellement ! –  et soutienne l’engagement de tous ceux qui ont des responsabilités publiques dans le domaine politique et économique pour qu’ils mettent tout en œuvre afin de poursuivre le bien commun et protéger la dignité de toute vie humaine.

Là où naît Dieu, fleurit la miséricorde. Elle est le don le plus précieux que Dieu nous fait, particulièrement en cette année jubilaire, durant laquelle nous sommes appelés à découvrir la tendresse que Notre Père céleste a envers chacun de nous. Que le Seigneur donne particulièrement aux détenus d’expérimenter son amour miséricordieux qui soigne les blessures et vainc le mal.

Et ainsi aujourd’hui ensemble, exultons dans le jour de notre salut. En contemplant la crèche, fixons notre regard sur les bras ouverts de Jésus qui nous montrent l’étreinte miséricordieuse de Dieu, tandis que nous écoutons les vagissements de l’Enfant qui nous susurre : « À cause de mes frères et de mes proches, je dirai : “ Paix sur toi ! ” » (Ps 121 [122], 8).»

Homélie du pape François pour la Messe de minuit

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Vous trouverez ci-dessous l’homélie du pape François lors de la Messe de la veille de Noël en la Basilique Saint-Pierre de Rome:

En cette nuit, resplendit une « grande lumière » (Is 9, 1) ; sur nous tous brille la lumière de la naissance de Jésus. Comme les paroles du prophète Isaïe que nous avons écoutées sont vraies et actuelles : « Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse » (9, 2) ! Notre cœur était déjà rempli de joie par l’attente de ce moment, mais maintenant, ce sentiment est multiplié et surabonde, parce que la promesse s’est accomplie, finalement elle s’est réalisée. Joie et allégresse nous assurent que le message contenu dans le mystère de cette nuit vient vraiment de Dieu. Il n’y a pas de place pour le doute ; laissons-le aux sceptiques qui, pour interroger seulement la raison, ne trouvent jamais la vérité. Il n’y a pas de place pour l’indifférence qui domine dans le cœur de celui qui ne réussit pas à aimer parce qu’il a peur de perdre quelque chose. Toute tristesse est bannie, parce que l’Enfant Jésus est le véritable consolateur du cœur.

Aujourd’hui, le Fils de Dieu est né : tout change. Le Sauveur du monde vient pour se faire participant de notre nature humaine ; nous ne sommes plus seuls ni abandonnés. La Vierge nous offre son Fils comme principe d’une vie nouvelle. La lumière vient éclairer notre existence, souvent enfermée dans l’ombre du péché. Aujourd’hui découvrons d’une façon nouvelle qui nous sommes ! En cette nuit, nous est rendu manifeste le chemin à parcourir pour rejoindre le but. Maintenant, toute peur et toute frayeur doivent cesser, parce que la lumière nous indique la route vers Bethléem. Nous ne pouvons demeurer inertes. Il ne nous est pas permis de rester arrêtés. Nous devons aller voir notre Sauveur déposé dans une mangeoire. Voilà le motif de la joie et de l’allégresse : cet Enfant est « né pour nous », il nous est « donné à nous », comme l’annonce Isaïe (cf. 9, 5). À un peuple qui depuis deux mille ans parcourt toutes les routes du monde pour rendre chaque homme participant de cette joie, est confiée la mission de faire Capture d’écran 2015-12-24 à 16.18.00connaître le « Prince de la paix » et devenir son instrument efficace au milieu des nations.

Et donc, quand nous entendons parler de la naissance du Christ, restons en silence et laissons parler cet Enfant ; imprimons dans notre cœur ses paroles sans détourner notre regard de son visage. Si nous le prenons dans nos bras et si nous nous laissons embrasser par lui, il nous apportera la paix du cœur qui n’aura jamais de fin. Cet Enfant nous enseigne quelle est la chose vraiment essentielle dans notre vie. Il naît dans la pauvreté du monde, parce qu’il n’y a pas de place à l’hôtellerie pour lui et sa famille. Il trouve abri et soutien dans une étable, et il est déposé dans une mangeoire pour animaux. Pourtant, de ce rien, émerge la lumière de la gloire de Dieu. À partir de là, pour les hommes au cœur simple, commence le chemin de la libération véritable et du rachat éternel. De cet Enfant, qui porte imprimés sur son visage les traits de la bonté, de la miséricorde et de l’amour de Dieu le Père, jaillit pour nous tous, ses disciples, comme l’enseigne l’apôtre Paul, l’engagement à « renoncer à l’impiété » et à la richesse du monde, pour vivre « de manière raisonnable, avec justice et piété » (Tt 2, 12).

Dans une société souvent éprise de consommation et de plaisir, d’abondance et de luxe, d’apparence et de narcissisme, Lui nous appelle à un comportement sobre, c’est-à-dire simple, équilibré, cohérent, capable de saisir et de vivre l’essentiel. Dans un monde qui est trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché, il faut cultiver un fort sens de la justice, de la recherche et de la mise en pratique de la volonté de Dieu. Dans une culture de l’indifférence qui finit souvent par être impitoyable, que notre style de vie soit au contraire plein de piété, d’empathie, de compassion, de miséricorde, puisées chaque jour au puits de la prière.

Comme pour les bergers de Bethléem, que nos yeux puissent aussi être pleins d’étonnement et d’émerveillement, contemplant dans l’Enfant-Jésus le Fils de Dieu. Et, devant Lui, que jaillisse de nos cœurs l’invocation : « Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde, et donne-nous ton salut » (Ps 85, 8).

[02277-FR.01] [Texte original: Français]

Discours du pape François à l’occasion de la présentation des voeux de Noël à la Curie romaine

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Chers frères et sœurs,

Je vous demande de m’excuser de ne pas parler debout, mais depuis quelques jours je suis sous l’influence de la grippe et je ne me sens pas très fort. Avec votre permission, je vous parle assis.

Je suis heureux de vous adresser mes vœux les plus cordiaux de saint Noël et d’heureuse nouvelle année, que j’étends à tous les collaborateurs, aux Représentants pontificaux et particulièrement à ceux qui, au cours de l’année passée, ont terminé leur service pour avoir atteint la limite d’âge. Nous nous souvenons aussi des personnes qui ont été rappelées à Dieu. Ma pensée et ma gratitude vont à vous tous et à vos proches.

Dans ma première rencontre avec vous, en 2013, j’ai voulu souligner deux aspects importants et inséparables du travail curial : le professionnalisme et le service, indiquant la figure de saint Joseph comme modèle à imiter. Par contre, l’an passé, pour nous préparer au Sacrement de la Réconciliation, nous avons affronté quelques tentations et “maladies” – le “catalogue des maladies curiales” – aujourd’hui au contraire je devrais parler des “antibiotiques curiaux”–qui pourraient frapper chaque chrétien, curie, communauté, congrégation, paroisse et mouvement ecclésial. Maladies qui demandent prévention, vigilance, soin et, malheureusement dans certains cas, interventions douloureuses et prolongées.

Certaines de ces maladies se sont manifestées au cours de cette année, causant beaucoup de douleur à tout le corps et blessant beaucoup d’âmes avec aussi du scandale.

Il semble juste d’affirmer que cela a été – et le sera toujours – l’objet d’une sincère réflexion et de mesures déterminantes. La réforme ira de l’avant avec détermination, lucidité et résolution, parce que Ecclesia semper reformanda.

Toutefois, les maladies et même les scandales ne pourront pas cacher l’efficacité des services que la Curie romaine avec effort, avec responsabilité, avec engagement et dévouement, rend au Pape et à toute l’Église, et cela est une vraie consolation. Saint Ignace enseignait que « c’est le propre du mauvais esprit de tourmenter, de causer de la tristesse, d’élever des obstacles, de troubler par de fausses raisons, afin d’empêcher de progresser; au contraire, c’est le propre du bon esprit de donner courage et forces, consolations et larmes, inspirations et sérénité, diminuant et écartant toute difficulté, afin d’avancer sur le chemin du bien »1.

Ce serait une grande injustice de ne pas exprimer une vive gratitude et un juste encouragement à toutes les personnes saines et honnêtes qui travaillent avec dévouement, dévotion, fidélité et professionnalisme, offrant à l’Église et au Successeur de Pierre le réconfort de leur solidarité et de leur obéissance ainsi que de leurs prières généreuses.

De plus, les résistances, les fatigues et les chutes des personnes et des ministres sont aussi des leçons et des occasions de croissance, et jamais de découragement. Ce sont des opportunités pour revenir à l’essentiel qui consiste à faire le point avec la conscience que nous avons de nous- mêmes, de Dieu, du prochain, du sensus Ecclesiae et du sensus fidei.

De ce revenir à l’essentiel je Capture d’écran 2015-12-21 à 09.04.40voudrais vous parler aujourd’hui alors que nous sommes au début du pèlerinage de l’Année Sainte de la Miséricorde, ouverte par l’Église il y a peu de temps, et qui représente pour elle et pour nous tous un fort appel à la gratitude, à la conversion, au renouveau, à la pénitence et à la réconciliation.

En réalité, Noël est la fête de la Miséricorde infinie de Dieu. Saint Augustin d’Hippone dit : « Quelle miséricorde saurait l’emporter pour des malheureux sur celle qui a fait descendre du ciel le Créateur du ciel, qui a revêtu d’un corps de terre le Fondateur de la terre, égalé à nous dans notre nature mortelle Celui qui demeure l’égal de son Père dans son éternelle nature, donné une nature d’esclave au Maître du monde, condamné le Pain même à avoir faim, la Plénitude à avoir soif, réduit la Puissance à la faiblesse, la Santé à la souffrance, la Vie à la mort; et cela pour apaiser en nous la faim, étancher la soif, soulager nos souffrances, éteindre l’iniquité, enflammer la charité? »2.

Donc, dans le contexte de cette Année de la Miséricorde et de la préparation à Noël, désormais à nos portes, je voudrais vous présenter une aide pratique pour pouvoir vivre fructueusement ce temps de grâce. Il s’agit d’un “catalogue des vertus nécessaires” non-exhaustif, pour qui prête service à la Curie et pour tous ceux qui veulent rendre féconde leur consécration ou leur service à l’Église.
J’invite les Chefs de Dicastères et les Supérieurs à l’approfondir, à l’enrichir et à le compléter. C’est une liste qui part d’une analyse acrostiche de la parole « Misericordia », afin qu’elle soit notre guide et notre phare :

1. Le caractère Missionnaire et pastoral. Le caractère missionnaire est ce qui rend, et montre la curie fructueuse et féconde ; elle est la preuve de la vigueur, de l’efficacité et de l’authenticité de notre action. La foi est un don, mais la mesure de notre foi se prouve aussi par la capacité que nous avons de la communiquer 3. Chaque baptisé est missionnaire de la Bonne Nouvelle avant tout par sa vie, par son travail et par son témoignage joyeux et convaincu. Le caractère pastoral sain est une vertu indispensable spécialement pour chaque prêtre. C’est l’engagement quotidien à suivre le Bon Pasteur qui prend soin de ses brebis et donne sa vie pour sauver la vie des autres. C’est la mesure de notre activité curiale et sacerdotale. Sans ces deux ailes nous ne pourrons jamais voler et ni atteindre la béatitude du serviteur fidèle (cf. Mt 25, 14-30).

2. Aptitude [Idoneità] et sagacité. L’aptitude demande l’effort personnel d’acquérir les qualités nécessaires et requises pour exercer au mieux ses propres tâches et activités, avec l’intelligence et l’intuition. Elle s’oppose aux recommandations et aux faveurs. La sagacité est la rapidité d’esprit à comprendre et à affronter les situations avec sagesse et créativité. Aptitude et sagacité représentent aussi la réponse humaine à la grâce divine, quand chacun de nous suit ce célèbre dicton : “Tout faire comme si Dieu n’existait pas et, ensuite, laisser tout à Dieu comme si je n’existais pas”. C’est le comportement du disciple qui s’adresse au Seigneur tous les jours avec ces paroles de la très belle Prière universelle attribuée au Pape Clément XI : « Guide-moi par ta sagesse, soutiens-moi par ta justice… encourage-moi par ta bonté, protège-moi par ta puissance. Je t’offre, ô Seigneur : mes pensées, pour qu’elles soient dirigées vers toi ; mes paroles, pour qu’elles soient de toi ; mes actions, pour qu’elles soient selon toi ; mes tribulations, pour qu’elles soient pour toi »4.

3. Spiritualité et humanité. La spiritualité est la colonne vertébrale de tout service dans l’Église et dans la vie chrétienne. Elle est ce qui nourrit toute notre conduite, la soutient et la protège de la fragilité humaine et des tentations quotidiennes. L’humanité est ce qui incarne la véridicité de notre foi. Celui qui renonce à son humanité renonce à tout. L’humanité est ce qui nous rend différents des machines et des robots qui n’entendent pas et ne s’émeuvent pas. Quand il nous est difficile de pleurer sincèrement ou de rire franchement – ce sont deux signes – , alors notre déclin a commencé ainsi que
notre processus de transformation d’“hommes” en autre chose. L’humanité c’est savoir montrer tendresse et familiarité, courtoisie avec tous (cf. Ph 4, 5). Capture d’écran 2015-12-21 à 09.04.15Spiritualité et humanité, tout en étant des qualités innées, sont toutefois des potentialités à réaliser entièrement, à atteindre continuellement et à manifester quotidiennement.

4. Exemplarité et fidélité. Le Bienheureux Paul VI a rappelé à la Curie – en 63 – « sa vocation à l’exemplarité »5. Exemplarité pour éviter les scandales qui blessent les âmes et menacent la crédibilité de notre témoignage. Fidélité à notre consécration, à notre vocation, rappelant toujours les paroles du Christ : « Qui est fidèle en très peu de chose est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup » (Lc 16, 10). Et « Mais si quelqu’un doit scandaliser l’un de ces petits qui croient en moi, il serait préférable pour lui de se voir suspendre autour du cou une de ces meules que tournent les ânes et d’être englouti en pleine mer. Malheur au monde à cause des scandales ! Il est fatal, certes, qu’il arrive des scandales, mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! » (Mt 18, 6-7).

5. Rationalité et amabilité. La rationalité sert à éviter les excès émotifs et l’amabilité à éviter les excès de la bureaucratie et des programmations et planifications. Ce sont des talents nécessaires pour l’équilibre de la personnalité : « L’ennemi – et je cite saint Ignace une autre fois, excusez-moi – considère attentivement si une âme est grossière, ou si elle est délicate. Si elle est grossière, il tâche de la rendre délicate à l’extrême pour la jeter plus facilement dans le trouble et l’abattre »6. Tout excès est l’indice de quelque déséquilibre, aussi bien l’excès de rationalité que d’amabilité.

6. Innocuité et détermination. L’innocuité qui nous rend prudents dans le jugement, capables de nous abstenir d’actions impulsives et précipitées. C’est la capacité de faire émerger le meilleur de nous-mêmes, des autres et des situations en agissant avec attention et compréhension. C’est faire aux autres ce que tu voudrais qu’il te soit fait (cf. Mt 7, 12 et Lc 6, 31). La détermination c’est agir avec une volonté résolue, avec une vision claire et dans l’obéissance à Dieu, et seulement pour la loi suprême de la salus animarum (cf. CIC, can. 1725).

7.Charité et vérité. Deux vertus indissolubles de l’existence chrétienne : « Faire la vérité dans la charité et vivre la charité dans la vérité » (cf. Ep 4, 15)7 ; au point que la charité sans vérité devient idéologie d’un “bonnisme” destructeur et la vérité sans charité devient justice aveugle.

8.Honnêteté [Onestà] et maturité. L’honnêteté est la rectitude, la cohérence et le fait d’agir avec sincérité absolue avec soi-même et avec Dieu. Celui qui est honnête n’agit pas avec droiture seulement sous le regard du surveillant ou du supérieur ; celui qui est honnête ne craint pas d’être surpris, parce qu’il ne trompe jamais celui qui lui fait confiance. Celui qui est honnête ne se comporte jamais en maître sur les personnes ou sur les choses qui lui ont été confiées à administrer, comme le “mauvais serviteur” (Mt 24, 48). L’honnêteté est la base sur laquelle s’appuient toutes les autres qualités. La maturité vise à atteindre l’harmonie entre nos capacités physiques, psychiques et spirituelles. Elle est le but et l’aboutissement d’un processus de développement qui ne finit jamais et qui ne dépend pas de l’âge que nous avons.

Capture d’écran 2015-12-21 à 09.07.329.Déférence [Rispetto] et humilité. La déférence est le talent des âmes nobles et délicates ; des personnes qui cherchent toujours à montrer un respect authentique envers les autres, envers leur propre rôle, envers les supérieurs, les subordonnés, les dossiers, les papiers, le secret et la confidentialité ; les personnes qui savent écouter attentivement et parler poliment. L’humilité, de son côté, est la vertu des saints et des personnes remplies de Dieu qui, plus elles acquièrent de l’importance, plus grandit en elles la conscience de n’être rien et de ne rien pouvoir faire sans la grâce de Dieu (cf. Jn 15, 8).

10.Générosité [Doviziosità] et attention. – j’ai le vice des néologismes – et attention. Plus nous avons confiance en Dieu et dans sa providence plus nous sommes généreux d’âme et plus nous sommes ouverts à donner, sachant que plus on donne plus on reçoit. En réalité il est inutile d’ouvrir toutes les Portes Saintes de toutes les basiliques du monde si la porte de notre coeur est fermée à l’amour, si nos mains sont fermées à donner, si nos maisons sont fermées à héberger, si nos églises sont fermées à accueillir. L’attention c’est soigner les détails et offrir le meilleur de nous-mêmes, et ne jamais baisser la garde sur nos vices et nos manques. Saint Vincent de Paul priait ainsi : “Seigneur aide-moi à m’apercevoir tout de suite : de ceux qui sont à côté de moi, de ceux qui sont inquiets

11.Impavidité et promptitude. Être impavide signifie ne pas se laisser effrayer face aux difficultés comme Daniel dans la fosse aux lions, comme David face à Goliath ; cela signifie agir avec audace et détermination et sans tiédeur « comme un bon soldat » (2 Tm 2, 3-4) ; cela signifie savoir faire le premier pas sans tergiverser, comme Abraham et comme Marie. De son côté, la promptitude c’est savoir agir avec liberté et agilité sans s’attacher aux choses matérielles provisoires. Le Psaume dit : « Aux richesses quand elles s’accroissent n’attachez pas votre coeur » (61, 11). Être prompt veut dire être toujours en chemin, sans jamais s’alourdir en accumulant des choses inutiles et en se fermant sur ses propres projets et sans se laisser dominer par l’ambition.

12.Fiabilité [Affidabilità] et sobriété. Celui qui est fiable est celui qui sait maintenir ses engagements avec sérieux et crédibilité quand il est observé mais surtout quand il se trouve seul ; c’est celui qui répand autour de lui un climat de tranquillité parce qu’il ne trahit jamais la confiance qui lui a été accordée. La sobriété – dernière vertu de cette liste, mais pas en importance – est la capacité de renoncer au superflu et de résister à la logique consumériste dominante. La sobriété est prudence, simplicité, concision, équilibre et tempérance. La sobriété c’est regarder le monde avec les yeux de Dieu et avec le regard des pauvres et de la part des pauvres. La sobriété est un style de vie8, qui indique le primat de l’autre comme principe hiérarchique et exprime l’existence comme empressement et service envers les autres. Celui qui est sobre est une personne cohérente et essentielle en tout, parce qu’elle sait réduire, récupérer, recycler, réparer, et vivre avec le sens de la mesure.

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Échos du Vatican

À Rome, à Québec et à travers le monde, les portes saintes s’ouvrent pour l’année jubilaire de la Miséricorde.

Déclaration conjointe de la CECC et du Caucus rabbinique du Canada au ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion

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Le 15 décembre 2015

L’honorable Stéphane Dion
Ministre des Affaires étrangères
Chambre des communes
Ottawa (Ontario)
K1A 0A6

Monsieur le Ministre,

Nous voulons tout d’abord vous offrir nos sincères félicitations pour votre nomination au poste de ministre des Affaires étrangères. Le fait que vous ayez été choisi pour représenter les valeurs canadiennes au sein de la communauté internationale atteste de l’étendue de vos connaissances, de la richesse de votre expérience et de la qualité de votre engagement au service de notre grand pays.

Nous vous écrivons pour vous faire part de notre profonde inquiétude au sujet du sort tragique qui continue d’être infligé aux chrétiens du Moyen-Orient et de l’Afrique. Tout en reconnaissant que plusieurs communautés religieuses et ethniques subissent des préjudices dans plusieurs pays, de nombreux observateurs relèvent depuis quelques années que les chrétiens sont soumis à une persécution religieuse qui dépasse globalement et en chiffres absolus ce qu’ont pu subir les autres groupes religieux.

Selon un reportage publié le 4 décembre 2010 dans le Toronto Star,

Presque tous les groupes de défense des droits de la personne et toutes les agences des gouvernements occidentaux qui observent la situation des chrétiens à travers le monde en arrivent pratiquement à la même conclusion : de 200 à 230 millions d’entre eux sont confrontés chaque jour à des menaces de mort, de coups, d’emprisonnement et de torture, et de 350 à 400 millions sont victimes de discrimination dans des domaines comme l’emploi et le logement.

Le 26 février dernier, le Pew Research Center a publié des observations confirmant que les chrétiens de partout dans le monde font l’objet de plus de persécutions, de restrictions, d’hostilité et de harcèlement que tout autre groupe religieux (Latest Trends in Religious Restrictions and Hostilities; http://www.pewforum.org/). L’Aide à l’Église en Détresse, qui publie régulièrement des études approfondies sur la situation de la liberté religieuse dans le monde, en arrive à des conclusions semblables. Son dernier rapport, publié en 2014, indique que les chrétiens demeurent la religion la plus persécutée dans le monde et que les niveaux de persécution les plus graves sont observés dans plusieurs pays du nord de l’Afrique, du Moyen-Orient et dans une bonne partie de l’Asie (Religious Freedom in the World Report – 2014; http://religion-freedom-report.org.uk/full-report/).

Le pape François a fait appel plusieurs fois à la communauté internationale de protéger les chrétiens et les autres minorités victimes de persécution au Moyen-Orient. Le 25 septembre dernier, devant l’Assemblée générale des Nations Unies, il a réitéré ses « appels incessants concernant la douloureuse situation de tout le Moyen-Orient, du nord de l’Afrique et d’autres pays africains, où les chrétiens, avec d’autres groupes culturels ou ethniques, y compris avec les membres de la religion majoritaire qui ne veulent pas se laisser gagner par la haine et la folie, ont été forcés à être témoins de la destruction de leurs lieux de culte, de leur patrimoine culturel et religieux, de leurs maisons comme de leurs propriétés, et ont été mis devant l’alternative de fuir ou bien de payer de leur propre vie, ou encore par l’esclavage, leur adhésion au bien et à la paix. »

Observant la façon dont les chrétiens sont persécutés au Moyen-Orient, le rabbin Jonathan Sacks, ancien grand rabbin des United Hebrew Congregations of the Commonwealth, qui intervenait devant la Chambre des lords britanniques le 16 juillet 2015, a appelé « les croyants de toutes les allégeances et aussi les non-croyants » à « serrer les rangs… car nous sommes tous en danger ». Le pape François et le rabbin Sacks parlent tous les deux de génocide pour décrire la persécution infligée aux chrétiens dans certaines régions du Moyen-Orient et de l’Afrique.

De l’Égypte à l’Iran et de l’Irak au Nigeria, les communautés chrétiennes vivent différentes formes de persécution, de la discrimination à l’intimidation de la part des populations locales aux attaques de groupes terroristes contre des églises. Dans certains pays, la situation a provoqué un véritable exode des chrétiens, ce qui constitue encore une autre tragédie étant donné que ces communautés existent depuis des millénaires dans une région qui est le berceau du christianisme.

Nous comprenons que vous devez composer avec une liste écrasante d’impératifs politiques divergents. Néanmoins, nous demandons humblement au gouvernement du Canada pour que la priorité soit donnée à la défense des communautés chrétiennes menacées du Moyen-Orient et de l’Afrique et d’explorer des façons nouvelles et efficaces de leur fournir une assistance diplomatique et humanitaire capable d’atténuer leurs souffrances.

Nous vous remercions sincèrement, Monsieur le Ministre, de l’attention que vous porterez à cette urgente et tragique question, et nous attendons vos réflexions à ce sujet.

Message de Noël 2015 du Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

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Chers amis,

La bonté surabonde!

Ce Noël, en contrepoint aux forces destructrices de la misère et de la terreur que nous avons vues dans les derniers mois, n’oublions pas que la bonté surabonde! Encore mieux, préparons-nous à la souligner quand nous l’apercevons.

Il y a quelques semaines, j’ai été invité à me joindre à un petit groupe de bénévoles qui donnent un coup de main au programme des petits déjeuners Out of the Cold à Hamilton. L’automne dernier, ces très bonnes personnes ont accepté de se lever tôt tous les jeudis, de novembre à mars, pour se rendre dans une petite cuisine pour préparer un déjeuner chaud Crosby_visit_Breakfast_program_Hamilton-1pour plus de 120 hommes et femmes. Ces bénévoles font partie d’un groupe de quelque 400 personnes aussi remarquables que généreuses, qui assurent le bon fonctionnement du programme. Ils sont donc arrivés dans le silence des petites heures du matin et se sont mis au travail avec ardeur, chacune et chacun veillant à ce que tout soit prêt pour l’arrivée des invités.

Steve m’a montré comment battre la pâte et faire cuire les crêpes. Pas trop difficile – nous travaillions ensemble. Deux cents crêpes plus tard, on m’a demandé d’aider Karen et Frank à servir le petit déjeuner : crêpes, saucisses, céréales, fruits, jus et l’incontournable thé ou café. Les salutations matinales étaient cordiales et sincères; on connaissait les invités, on les saluait par leur nom. Quand la file a commencé à diminuer, je me suis déplacé de nouveau, cette fois pour aider à laver la vaisselle. Ce qui m’a donné l’occasion de causer avec Rob, qui avait tout fait, à commencer par venir me chercher, pour que mon expérience se passe bien. Le temps s’est envolé, et, même avant de partir, je savais que j’avais participé à quelque chose de bien, quelque chose de beau, quelque chose de sacré!

La même chose se passe tous les jours dans de nombreuses collectivités de notre pays et un peu partout à travers le monde. Les terroristes font peut-être les manchettes, mais la bonté simple et discrète comme celle que j’ai vécue ce matin-là conquiert les cœurs et les âmes. Elle a conquis la mienne et je sais qu’elle a conquis celle de nos invités. La bonté surabonde!

Ce Noël, nous avons déjà amorcé l’Année de la Miséricorde promulguée par le pape François. Donner à manger à ceux qui ont faim est l’une des sept œuvres de miséricorde corporelle. Nombre de gens donnent à manger aux affamés tous les jours – souvent dans des conditions très difficiles. Quand je pense au parent célibataire et sans emploi qui se demande comment nourrir ses trois enfants, je sais que mes problèmes sont petits en comparaison.

Récemment, on m’a rappelé qu’avant le péché originel, il y avait la bonté originelle. Le récit biblique de la création nous rappelle que Dieu, considérant l’univers créé, l’a trouvé « bon ». Et l’être humain, «très bon». La bonté originelle a précédé le péché originel, et en Jésus Christ, le premier-né, la bonté est restaurée.

Noël est le moment pour se rappeler qu’en dépit des horreurs du mal, le bien surabonde. Ce Noël, sachons regarder la bonté des autres et laissons rayonner le bien en nous-mêmes afin que la miséricorde de Dieu se manifeste dans les humbles gestes de la bonté quotidienne. Et en voyant les bonnes actions des autres, reconnaissons-les et sachons les encourager. Un simple « merci », ce n’est pas bien difficile et ça peut faire des merveilles.

Merci à VOUS … et Joyeux Noël à vous, à vos familles et à toutes les personnes qui vous sont chères

Mgr Douglas Crosby, OMI
Évêque de Hamilton et
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada

9 décembre 2015

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