Dans cette émission le cardinal Georges Cottier (décédé le 31 mars dernier) revient sur ses souvenirs avec saint Jean-Paul II, dont nous commémorions le 11ème anniversaire de décès le 2 avril dernier.
Homélie du pape François lors de la Messe du dimanche de la Divine Miséricorde
« Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre » (Jn 20, 30). L’Évangile est le livre de la miséricorde de Dieu, à lire et à relire, parce que tout ce que Jésus a dit et accompli est une expression de la miséricorde du Père. Toutefois, tout n’a pas été écrit ; l’Évangile de la miséricorde demeure un livre ouvert, où continuer à écrire les signes des disciples du Christ, gestes concrets d’amour, qui sont le meilleur témoignage de la miséricorde. Nous sommes tous appelés à devenir écrivains vivants de l’Évangile, porteurs de la Bonne Nouvelle à tout homme et à toute femme d’aujourd’hui. Nous pouvons le faire en mettant en pratique les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles, qui sont le style de vie du chrétien. Par ces gestes simples et forts, parfois même invisibles, nous pouvons visiter tous ceux qui sont dans le besoin, portant la tendresse et la consolation de Dieu. On poursuit ainsi ce que Jésus a accompli le jour de Pâques, quand il a répandu dans les cœurs des disciples effrayés la miséricorde du Père, soufflant sur eux l’Esprit Saint qui pardonne les péchés et donne la joie.
Toutefois, dans le récit que nous avons écouté émerge un contraste évident : il y a la crainte des disciples, qui ferment les portes de la maison ; de l’autre, il y a la mission de la part de Jésus, qui les envoie dans le monde porter l’annonce du pardon. Il peut y avoir aussi en nous ce contraste, une lutte intérieure entre la fermeture du cœur et l’appel de l’amour à ouvrir les portes closes et à sortir de nous-mêmes. Le Christ, qui par amour est passé à travers les portes closes du péché, de la mort et des enfers, désire entrer aussi chez chacun pour ouvrir tout grand les portes closes du cœur. Lui, qui par la résurrection a vaincu la peur et la crainte qui nous emprisonnent, veut ouvrir tout grand nos portes closes et nous envoyer. La route que le Maître ressuscité nous indique est à sens unique, elle avance dans une seule direction : sortir de nous-mêmes, sortir pour témoigner de la force de guérison de l’amour qui nous a conquis. Nous voyons devant nous une humanité souvent blessée et craintive, qui porte les cicatrices de la douleur et de l’incertitude. Face à l’imploration
douloureuse de miséricorde et de paix, nous entendons, aujourd’hui adressée à chacun de nous, l’invitation confiante de Jésus : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie » (v. 21).
Chaque infirmité peut trouver dans la miséricorde de Dieu un secours efficace. Sa miséricorde, en effet, ne s’arrête pas à distance : il désire venir à la rencontre de toutes les pauvretés et libérer des nombreuses formes d’esclavage qui affligent notre monde. Il veut rejoindre les blessures de chacun, pour les soigner. Être apôtres de miséricorde signifie toucher et caresser ses plaies, présentes aussi aujourd’hui dans le corps et dans l’âme de tant de ses frères et sœurs. En soignant ces plaies nous professons Jésus, nous le rendons présent et vivant ; nous permettons à d’autres, de toucher de la main sa miséricorde, de le reconnaître « Seigneur et Dieu » (cf. v. 28), comme fit l’Apôtre Thomas. C’est cela la mission qui nous a été confiée. Tant de personnes demandent d’être écoutées et comprises. L’Évangile de la miséricorde, à annoncer et à écrire dans la vie, cherche des personnes au cœur patient et ouvert, « bons samaritains » qui connaissent la compassion et le silence face au mystère du frère et de la sœur ; il demande des serviteurs généreux et joyeux, qui aiment gratuitement sans rien exiger en échange.
« La paix soit avec vous ! » (v. 21) : c’est le salut que le Christ adresse à ses disciples ; c’est la même paix qu’attendent les hommes de notre temps. Ce n’est pas une paix négociée, ce n’est pas l’arrêt de quelque chose qui ne va pas : c’est sa paix, la paix qui vient du cœur du Ressuscité, la paix qui a vaincu le péché, la mort et la peur. C’est la paix qui ne divise pas, mais unit ; c’est la paix qui ne laisse pas seuls, mais nous fait sentir accueillis et aimés ; c’est la paix qui demeure dans la douleur et fait fleurir l’espérance. Cette paix, comme le jour de Pâques, naît et renaît toujours du pardon de Dieu, qui enlève l’inquiétude du cœur. Être porteuse de sa paix : c’est la mission confiée à l’Église le jour de Pâques. Nous sommes nés dans le Christ comme instruments de réconciliation, pour porter à tous le pardon du Père, pour révéler son visage de seul amour dans les signes de la miséricorde.
Dans le Psaume responsorial il a été proclamé : « Son amour est pour toujours » (117/118, 2). C’est vrai, la miséricorde de Dieu est éternelle ; elle ne finit pas, elle ne s’épuise pas, elle ne se rend pas face aux fermetures, et elle ne se fatigue jamais. Dans ce « pour toujours » nous trouvons un soutien dans les moments d’épreuve et de faiblesse, parce que nous sommes certains que Dieu ne nous abandonne pas : il demeure avec nous pour toujours. Remercions pour son si grand amour, qu’il nous est impossible de comprendre : il si grand ! Demandons la grâce de ne jamais nous fatiguer de puiser la miséricorde du Père et de la porter dans le monde : demandons d’être nous-mêmes miséricordieux, pour répandre partout la force de l’Évangile, pour écrire ces pages de l’Évangile que l’apôtre Jean n’a pas écrites.
[00502-FR.01] [Texte original: Italien]
Homélie du pape François lors de la veillée de prière pour dimanche de la miséricorde
Nous partageons avec joie et reconnaissance ce moment de prière qui nous introduit au Dimanche de la Miséricorde, tant désiré par saint Jean-Paul II – il y a onze ans, comme en ce jour, en 2005 il s’en est allé – ; et il voulait ceci pour accomplir une demande de sainte Faustine. Les témoignages qui ont été proposés – et dont nous remercions – et les lectures que nous avons entendues ouvrent des trouées de lumière et d’espérance pour entrer dans le grand océan de la miséricorde de Dieu. Combien sont les visages de sa miséricorde, avec lesquels il vient à notre rencontre ? Ils sont vraiment nombreux ; il est impossible de tous les décrire, parce que la miséricorde de Dieu est en croissance continuelle. Dieu ne se fatigue jamais de l’exprimer et nous ne devrions jamais nous habituer à la recevoir, à la rechercher, à la désirer ! C’est quelque chose de toujours nouveau qui provoque étonnement et surprise en voyant la grande imagination créatrice de Dieu quand il vient à notre rencontre avec son amour.
Dieu s’est révélé en manifestant plusieurs fois son nom, et ce nom est « miséricordieux » (cf. Ex. 34,6). Comme grande et infinie est la nature de Dieu, aussi grande et infinie est sa miséricorde, à tel point qu’il semble une entreprise ardue de pouvoir la décrire sous tous ses aspects. Parcourant les pages de la sainte Ecriture, nous trouvons que la miséricorde est avant tout la proximité de Dieu avec son peuple. Une proximité qui s’exprime et se manifeste principalement comme aide et protection. C’est la proximité d’un père et d’une mère qui se reflète dans une belle image du prophète Osée. Il dit ceci : « Je le guidais avec humanité, par des liens d’amour ; je le traitais comme un nourrisson qu’on soulève tout contre sa joue ; je me penchais vers lui pour le faire manger » (11, 4). L’accolade d’un père et d’une mère à leur enfant. Cette image est très expressive : Dieu prend chacun de nous et le soulève tout contre sa joue. Que de tendresse cela contient, que d’amour cela exprime ! Tendresse : mot presqu’oublié et dont le monde d’aujourd’hui – nous tous – nous avons besoin. J’ai pensé à cette parole du prophète quand j’ai vu le logo du Jubilé. Non seulement Jésus porte l’humanité sur ses épaules, mais sa joue est contre celle d’Adam, à tel point que les deux visages semblent se fondre en un.
Nous n’avons pas un Dieu qui ne saurait pas comprendre nos faiblesses et y compatir (cf. He 4, 15). Au contraire ! Justement en vertu de sa miséricorde Dieu s’est fait l’un de nous : « Par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme. Il a travaillé avec des mains d’homme, il a pensé avec une intelligence d’homme, il a agi avec une volonté d’homme, il a aimé avec un cœur d’homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l’un de nous, en tout, en tout semblable à nous, hormis le péché (Gaudium et spes, n. 22). En Jésus, donc, non seulement nous pouvons toucher de la main la miséricorde du Père, mais nous sommes poussés à devenir nous-mêmes instrument de la miséricorde. Il peut être facile de parler de miséricorde, alors qu’il est plus engageant d’en devenir concrètement des témoins. C’est un parcours qui dure toute la vie et ne devrait connaître aucune pause. Jésus nous a dit que nous devons être « miséricordieux comme le Père » (cf. Lc 6, 36). Et cela dure toute la vie !
Que de visages a donc la miséricorde de Dieu ! Elle nous est fait connaître comme proximité et tendresse, mais aussi en vertu de cela comme compassion et partage, comme consolation et pardon. Qui plus en reçoit, plus il est appelé à l’offrir, à la partager ; elle ne peut être tenue cachée ni gardée seulement pour soi-même. C’est quelque chose qui brûle le cœur et le provoque à aimer, reconnaissant le visage de Jésus Christ surtout en celui qui est plus loin, faible, seul, perdu et marginalisé. La miséricorde ne reste pas clouée sur place : elle va à la recherche de la brebis perdue, et quand elle la retrouve elle exprime une joie contagieuse. La miséricorde sait regarder dans les yeux chaque personne ; chacune est précieuse pour elle, parce que chacune est unique. Que de douleur nous éprouvons dans le cœur lorsque nous entendons dire : ‘‘Ces gens… ces gens, ces pauvres gens, mettons-les dehors, laissons-les dormir dans la rue…’’. Cela est-il de Jésus ?
Chers frères et sœurs, la miséricorde ne peut jamais nous laisser tranquilles. C’est l’amour du Christ qui nous « inquiète » tant que nous n’avons pas atteint l’objectif ; qui nous pousse à embrasser et à serrer contre nous, à impliquer tous ceux qui ont besoin de miséricorde pour permettre à tous d’être réconciliés avec le Père (cf. 2 Co 5, 14-20). Nous ne devons pas avoir peur, c’est un amour qui nous rejoint et nous implique au point d’aller au-delà de nous-mêmes, pour nous permettre de reconnaître son visage dans celui de nos frères. Laissons-nous conduire docilement par cet amour et nous deviendrons miséricordieux comme le Père.
Nous avons écouté l’Évangile : Thomas était un homme têtu. Il n’avait pas cru. Et il a trouvé la foi précisément lorsqu’il a touché les plaies du Seigneur. Une foi qui n’est pas capable de se mettre dans les plaies du Seigneur n’est pas la foi ! Une foi qui n’est pas capable d’être miséricordieuse, comme les plaies du Seigneur sont signe de miséricorde, n’est pas la foi : c’est une idée, c’est une idéologie. Notre foi est incarnée dans un Dieu qui s’est fait chair, qui s’est fait péché, qui a été plaie pour nous. Mais si nous voulons croire vraiment et avoir la foi, nous devons nous approcher et toucher cette plaie, caresser cette plaie et également abaisser la tête pour laisser les autres caresser nos plaies.
Il est bien alors que ce soit l’Esprit Saint qui guide nos pas : C’est lui l’Amour, c’est lui la Miséricorde qui se communique à nos cœurs. Ne mettons pas d’obstacles à son action vivifiante, mais suivons-le docilement sur les sentiers qu’il nous indique. Demeurons avec le cœur ouvert, pour que l’Esprit puisse le transformer ; et ainsi, pardonnés, réconciliés, immergés dans les plaies du Seigneur, devenons des témoins de la joie qui jaillit du fait d’avoir rencontré le Seigneur ressuscité, vivant au milieu de nous.
[Bénédiction]
L’autre jour, en parlant avec les dirigeants d’une association d’aide, de charité, a émergé cette idée, et j’ai pensé : ‘‘Je l’exprimerai à Place [Saint Pierre], le samedi’’. Qu’il serait beau que comme souvenir, disons, comme un ‘‘monument’’ de cette Année de la Miséricorde, il y ait dans chaque diocèse une œuvre, sous la forme d’une structure, de miséricorde : un hôpital, une maison pour les personnes âgées, pour les enfants abandonnés, une école là où il n’y en a pas, une maison pour récupérer les toxicomanes… Tant de choses qu’on peut faire… Il serait beau que chaque diocèse y pense : que puis-je laisser comme souvenir vivant, comme œuvre de miséricorde vivante, comme plaie de Jésus vivant à l’occasion de cette Année de la Miséricorde ? Pensons-y et parlons- en avec les Evêques. Merci !
[00501-FR.02] [Texte original: Italien]
Merci saint Jean-Paul II
Merci Jean-Paul II ! En cette journée du 11e anniversaire de sa mort, voici un vidéo rendant hommage au grand saint ayant marché parmi nous.
Église en sortie 1er avril
Cette semaine à l’émission Église en Sortie, nous vous présentons une entrevue avec le père Jean-Marc Barreau, théologien et aumônier à l’hôpital Marie-Clarac. Il s’entretient avec Francis Denis au sujet de son dernier ouvrage intitulé François et la miséricorde. Ensuite, vous verrez un reportage sur la célébration des funérailles, à l’église du Très Saint-Sacrement de Québec, des victimes québécoises des attentats terroristes survenus au Burkina Faso. Dans la deuxième partie de l’émission, nous vous présentons une entrevue réalisée avec Brigitte Bédard, journaliste et auteur du livre autobiographique : Et tu vas danser ta vie !
Mgr Donald Bolen sur la réponse des catholiques aux Appels à l’action de Vérité et Réconciliation
Pourquoi l’Église catholique au Canada publie-t-elle des déclarations sur la doctrine de la découverte et sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones?
Les déclarations sont l’une et l’autre des réponses à des Appels à l’action de la Commission de Vérité et Réconciliation (CVR). Les Appels à l’action 46 et 49 invitent les communautés croyantes à répudier les concepts qui ont servi à justifier la domination européenne sur les territoires et les peuples autochtones, comme la doctrine de la découverte et le principe de terra nullius. L’Appel à l’action 46 demande aussi l’adoption et l’application complète de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. L’Appel à l’action 48 va plus loin en attirant l’attention sur le droit à l’autodétermination en matière de spiritualité, en appelant à des réformes là où elles s’imposent, en encourageant le dialogue public et l’action à l’appui de la Déclaration. Comme plusieurs autres communautés chrétiennes, l’Église catholique a soutenu le processus de la CVR et elle tient à donner suite à ses Appels à l’action.
Pourquoi maintenant?
La CVR avait demandé spécifiquement à chaque confession religieuse de publier une déclaration, au plus tard le 31 mars 2016, pour indiquer comment elle entend appliquer la Déclaration de l’ONU. Au sujet de la doctrine de la découverte, il y a déjà plus d’un an que la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) travaille à un texte. Les controverses autour de la portée de la doctrine de la découverte imposaient sa répudiation et les appels lancés de certains côtés pour que le pape François révoque des décrets pontificaux du 15e siècle invitaient un commentaire et une clarification.
Au sujet de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, est-ce la première fois que l’Église catholique réagit à ce texte?
Non. Le Vatican et l’Église catholique de différents pays – dont le Canada – ont réagi très positivement à la Déclaration. La CECC a écrit au Gouvernement du Canada (avec d’autres Églises chrétiennes en 2010 et directement en 2015) pour lui demander d’appuyer la Déclaration après qu’il eut manifesté une certaine réticence.
Réponse catholique à l’Appel à l’action 48 de la Commission de vérité et réconciliation
(Sur l’adoption et l’application de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones)
1. Introduction : La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones
Voilà presque un an, la Commission de vérité et réconciliation du Canada publiait 94 Appels à l’action. L’un de ceux-ci demande aux groupes confessionnels au Canada d’« adopter officiellement et de respecter les normes et les principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en tant que cadre de réconciliation ». Les évêques catholiques, les instituts de vie consacrée, les sociétés de vie apostolique et les autres organisations catholiques au Canada appuient la Déclaration et ils estiment que son esprit peut être le point de départ d’une réconciliation entre autochtones et non-autochtones au Canada. D’ailleurs, le bureau du Saint-Siège qui intervient aux Nations Unies – l’Observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU – a appuyé explicitement cette Déclaration à plusieurs occasions2345 .
La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones été adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2007. Sur le plan technique, il s’agit d’un « instrument de défense des droits de la personne », et non d’un traité ou d’une convention : une fois adoptée, elle n’a donc pas à être signée ou ratifiée. Elle s’adresse aux gouvernements des États nations; en ce sens, elle ne fait pas référence aux églises ou aux groupes religieux. Ce qui ne veut pas dire que les églises et les groupes religieux ne peuvent pas chercher à mettre en pratique les principes qu’elle formule. Étant donné que les églises et les groupes religieux font partie intégrante de la société au nom de laquelle parle et agit le gouvernement, il nous importe de nous faire entendre.
Les grands thèmes de la Déclaration présentent une forte convergence avec diverses déclarations qu’a déjà faites l’Église catholique par la voix de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) ou du Saint-Siège. C’est le cas notamment du droit des peuples autochtones à l’autodétermination, à l’autonomie gouvernementale et à leurs propres institutions, du droit à leurs territoires traditionnels, du droit à un processus équitable dans le règlement des revendications territoriales, du droit à leurs coutumes et à leurs traditions culturelles, du droit de pratiquer et de manifester leurs coutumes et leurs traditions spirituelles, du droit de préserver leurs langues, du droit à leurs propres établissements d’enseignement, du droit à l’amélioration de leur situation économique et sociale, du droit de diriger leur propre développement et du droit à la reconnaissance et à l’application des traités.
La « doctrine de la découverte » et la terra nullius : Réaction catholique
Le texte suivant examine et rejette des concepts et des principes dénués de fondement dont se sont servis les Européens pour justifier la saisie de territoires qui appartenaient à des peuples autochtones, et souvent connus sous le nom de « doctrine de la découverte » et de terra nullius. Une annexe fournit un aperçu historique de l’évolution de ces concepts en regard de la doctrine catholique et retrace leur répudiation. Les présupposés qui sous-tendent ces concepts ont aussi inspiré la politique profondément déplorable qui a amené à arracher des enfants autochtones à leurs familles et à leurs cultures pour les placer dans des pensionnats indiens. Le texte comprend des engagements qui sont recommandés pour une meilleure façon de cheminer avec les peuples autochtones.
Préambule
Ces dernières années, le processus de Vérité et Réconciliation nous a amenés à reconnaître de nouveau les abus commis dans le passé envers les peuples autochtones de notre pays. C’est avec émotion et beaucoup d’humilité que nous avons écouté des témoignages courageux et détaillés sur la violence, les traitements inhumains et le dénigrement culturel perpétrés par le système des pensionnats indiens. La brève note que voici traduit notre détermination à collaborer avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis afin d’aller de l’avant et veut aussi répondre en partie aux Appels à l’action de la Commission de Vérité et Réconciliation : nous entendons notamment revenir sur la façon dont la terre a souvent été arrachée à ses habitants autochtones sans leur consentement ou sans aucune justification juridique. La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), le Conseil autochtone catholique du Canada et d’autres organisations catholiques réfléchissent depuis un certain temps aux notions de « doctrine de la découverte » et de terra nullius (on trouvera en annexe une analyse historique plus poussée).
Échos du Vatican
Retour dans cette émission sur la fête de Pâques et les célébrations de la semaine sainte au Vatican
Message de Pâques du pape François durant la bénédiction « Ubi et Orbi »
Vous trouverez ci-dessous le texte du pape François prononcé avant la bénédiction Ubi et Orbi:
« Rendez grâce au Seigneur : il est bon, éternel est son amour» (Ps 135, 1).
Chers frères et sœurs, bonnes fêtes de Pâques.
Jésus-Christ, incarnation de la miséricorde de Dieu, est mort par amour sur la croix, et, par
amour, est ressuscité. C’est pourquoi nous proclamons aujourd’hui : Jésus est le Seigneur !

Sa résurrection accomplit pleinement la prophétie du Psaume : la miséricorde de Dieu est éternelle, son amour est pour toujours, il ne mourra jamais. Nous pouvons nous confier totalement à lui, et nous lui rendons grâces parce qu’il est descendu pour nous jusqu’au fond de l’abîme.Face aux gouffres spirituels et moraux de l’humanité, face aux vides qui s’ouvrent dans les cœurs et qui provoquent la haine et la mort, seule une miséricorde infinie peut nous donner le salut. Seul Dieu peut remplir de son amour ces vides, ces abîmes, et nous permettre de ne pas nous écrouler, mais de continuer à marcher ensemble vers le Terre de la liberté et de la vie.
L’annonce joyeuse de Pâques : Jésus, le crucifié, n’est pas ici, il est ressuscité (cf. Mt 28, 5- 6), nous offre la consolante certitude que l’abîme de la mort a été traversé et, avec lui, le deuil, la plainte et l’angoisse (cf. Ap 21, 4) ont été vaincus. Le Seigneur, qui a souffert l’abandon de ses disciples, le poids d’une condamnation injuste, et la honte d’une mort infâmante, nous rend maintenant participants de sa vie immortelle, et il nous donne son regard de tendresse et de compassion envers les affamés et les assoiffés, les étrangers et les prisonniers, les marginaux et les exclus, les victimes des abus et de la violence. Le monde est rempli de personnes qui souffrent dans leur corps et dans leur esprit, et chaque jour les journaux sont pleins de nouvelles de crimes atroces, commis souvent dans les murs du foyer domestique, et de conflits armés, à grande échelle, qui soumettent des populations entières à des épreuves indicibles.
Que le Christ ressuscité ouvre des chemins d’espérance à la Syrie bien aimée, pays déchiqueté par un long conflit, avec son triste cortège de destructions, de mort, de mépris du droit humanitaire et de décomposition de la cohabitation civile. Nous confions à la puissance du Seigneur ressuscité les discussions en cours, pour que, grâce à la bonne volonté et à la collaboration de tous, on puisse recueillir des fruits de paix et engager la construction d’une société fraternelle, respectueuse de la dignité et des droits de tout citoyen. Que le message de vie, qui a retenti dans la bouche de l’Ange près de la pierre basculée du tombeau, soit victorieux de la dureté des cœurs et promeuve une rencontre féconde des peuples et des
cultures dans les autres zones du bassin méditerranéen et du Moyen Orient, en particulier en Irak, au Yémen et en Lybie.
Que l’image de l’homme nouveau qui resplendit sur le visage du Christ favorise la cohabitation entre Israéliens et Palestiniens en Terre Sainte, ainsi que la disponibilité patiente et l’engagement quotidien à se dévouer pour construire les bases d’une paix juste et durable, par le moyen de négociations directes et sincères. Que le Seigneur de la vie accompagne aussi les efforts visant à trouver une solution définitive à la guerre en Ukraine, en inspirant et en soutenant également les initiatives d’aide humanitaire, parmi lesquelles la libération des personnes détenues.
Que le Seigneur Jésus, notre Paix (cf. Ep. 2, 14), qui par sa résurrection a vaincu le mal et le péché, stimule en cette fête de Pâques notre proximité aux victimes du terrorisme, forme aveugle et atroce de violence qui ne cesse pas de répandre le sang innocent en diverses parties du monde, comme cela s’est produit dans les récents attentats en Belgique, en Turquie, au Nigéria, au Tchad, au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Que les ferments d’espérance et les perspectives de paix en Afrique aboutissent; je pense en particulier au Burundi, au Mozambique, à la République Démocratique du Congo et au Sud Soudan, marqués par des tensions politiques et sociales.
Avec les armes de l’amour, Dieu a vaincu l’égoïsme et la mort ; son Fils Jésus est la porte de la miséricorde grand ouverte à tous. Que son message pascal se projette de plus en plus sur le peuple vénézuélien, qui se trouve dans des conditions difficiles pour vivre, et sur tous ceux qui ont en main les destinées du pays, afin que l’on puisse travailler en vue du bien commun, en cherchant des espaces de dialogue et de collaboration avec tous. Que partout on se dévoue
pour favoriser la culture de la rencontre, la justice et le respect réciproque, qui seuls peuvent garantir le bien être spirituel et matériel des citoyens.
Le Christ ressuscité, annonce de vie pour toute l’humanité, se prolonge au long des siècles, et nous invite à ne pas oublier les hommes et les femmes en chemin, dans la recherche d’un avenir meilleur, file toujours plus nombreuse de migrants et de réfugiés – parmi lesquels de nombreux enfants – fuyant la guerre, la faim, la pauvreté et l’injustice sociale. Ces frères et sœurs rencontrent trop souvent en chemin la mort ou du moins le refus de ceux qui pourraient leur offrir un accueil et de l’aide. Que le rendez-vous du prochain Sommet Humanitaire Mondial n’oublie pas de mettre au centre la personne humaine avec sa dignité et d’élaborer des politiques capables d’assister et de protéger les victimes des conflits et des autres situations d’urgence, surtout les plus vulnérables et tous ceux qui sont persécutés pour des raisons ethniques et religieuses.
En ce jour glorieux, « que notre terre soit heureuse, irradiée de tant de feux » (cf. Exultet ), terre qui est pourtant tellement maltraitée et vilipendée par une exploitation avide de gain qui altère les équilibres de la nature. Je pense en particulier à ces zones touchées par les effets des changements climatiques, qui provoquent souvent la sécheresse ou de violentes inondations, avec, en conséquence, des crises alimentaires en plusieurs endroits de la planète.
Avec nos frères et sœurs qui sont persécutés pour la foi et pour leur fidélité au nom du Christ, et face au mal qui semble avoir le dessus dans la vie de beaucoup de personnes, réécoutons la consolante parole du Seigneur : « Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). C’est aujourd’hui le jour resplendissant de cette victoire, parce que le Christ a foulé aux pieds la mort, et par sa résurrection il a fait resplendir la vie et l’immortalité (cf. 2Tm 1, 10). « Il nous fait passer de l’esclavage à la liberté, de la tristesse à la joie, du deuil à la fête, des ténèbres à la lumière, de l’esclavage à la rédemption. Disons-lui : Alléluia ! » (Méliton de Sardes, Homélie de Pâques).
A tous ceux qui, dans nos sociétés, ont perdu toute espérance et le goût de vivre, aux personnes âgées écrasées qui, dans la solitude, sentent leur forces diminuer, aux jeunes qui pensent ne pas avoir d’avenir, à tous j’adresse encore une fois les paroles du Ressuscité : « Voici que je fais toutes choses nouvelles…A celui qui a soif, moi, je donnerai l’eau de la source de vie, gratuitement (Ap 21, 5-6).
Que le message rassurant de Jésus nous aide chacun à repartir avec plus de courage pour construire des chemins de réconciliations avec Dieu et avec les frères.
[00469-FR.01] [Texte original: Italien]