Rencontre du pape François avec le Mondiale des mouvements populaires de Bolivie

Bon après-midi à tous.

Il y a quelques mois, nous nous sommes réunis à Rome et j’ai présent à l’esprit cette première rencontre. Durant ce temps, je vous ai portés dans mon cœur et dans mes prières. Je me réjouis de vous voir ici, échangeant sur les meilleures façons d’affronter les graves situations d’injustice dont souffrent les exclus dans le monde entier. Merci, Monsieur le Président Evo Morales, d’accompagner si résolument cette rencontre.

La dernière fois, à Rome, j’ai senti quelque chose de très beau : la fraternité, l’entraide, l’engagement, la soif de justice. Aujourd’hui, à Santa Cruz de la Sierra, je ressens de nouveau la même chose. Merci pour cela. J’ai appris aussi à travers le Conseil Pontifical Justice et Paix que préside le Cardinal Turkson qu’ils sont nombreux dans l’Eglise ceux qui se sentent plus proches des mouvements populaires. Cela me réjouit beaucoup ! De voir l’Eglise ouvrant les portes à vous tous, l’Eglise qui s’implique, accompagne et arrive à systématiser dans chaque diocèse, dans chaque Commission de Justice et Paix, une collaboration réelle, permanente et engagée avec les mouvements populaires. Je vous invite tous, Evêques, prêtres et laïcs, ensemble avec les organisations sociales des périphéries urbaines et rurales, à approfondir cette rencontre.

Dieu a permis que nous nous voyions une fois encore. La Bible nous rappelle que Dieu écoute le cri de son peuple et je voudrais moi aussi unir de nouveau ma voix à la vôtre : terre, toit et travail pour tous nos frères et sœurs. Je l’ai dit et je le répète : ce sont des droits sacrés. Cela vaut la peine, cela vaut la peine de lutter pour ces droits. Que le cri des exclus soit entendu en Amérique Latine et par toute la terre.

 

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Voyage apostolique du pape François en Amérique latine

Le 5 juillet, le pape François a entrepris son 9e voyage à l’extérieur de l’Italie. C’est aussi la deuxième fois, depuis son élection, qu’il met le pied sur le sol sud-américain. Cette visite l’amène en Équateur, en Bolivie et au Paraguay. Sel + Lumière vous offre une couverture complète des événements principaux. Veuillez trouver ci-dessous l’horaire de diffusion :

Pape François en Équateur: Messe au Parc de los Samanes à Guayaquil

Lundi 6 juillet 2015 à 20 h HE / 17 h HP

Pape François en Équateur: Messe du Pape au Parc du Bicentenaire à Quito

Mardi 7 juillet 2015 à 16 h HE / 13 h HP

Pape François en Équateur : Rencontre avec le monde de l’école et de l’université

Mercredi 8 juillet 2015 à 7 h30 HE / 4 h30 HP

Pape François en Équateur: Rencontre avec le clergé et les religieux équatoriens

Mercredi 8 juillet 2015 à 16 h HE / 13 HP

Pape François en Bolivie: Messe sur la place du Christ-Rédempteur de Santa Cruz

Jeudi 9 juillet 2015 à 15 h HE / 12 h HP

Pape François en Bolivie: Rencontre avec les Mouvements Populaires à Santa Cruz

Vendredi 10 juillet 2015 à 7 h30 HE / 4 h30 HP

Pape François au Paraguay: Messe sur le parvis du sanctuaire marial de Caacupé

Samedi 11 juillet 2015 à 15 h30 HE / 12 h30 HP

Pape François au Paraguay: Vêpres en la cathédrale d’Asuncion 

Dimanche 12 juillet 2015 à 7 h30 HE / 4 h30 HP

Pape François au Paraguay: Messe et angélus au parc Nu Guazu

Dimanche 12 juillet 2015 à 15 h HE / 12 h HP

Pape François au Paraguay: Rencontre avec les jeunes

Lundi 13 juillet 2015 à 7 h30 HE / 4 h30 HP

Le Pape rencontre le monde de l’école et de l’université de l’Équateur

Chers amis :

C’est pour moi une grande joie d’être avec vous cet après-midi dans cette Université Pontificale de l’Équateur, qui depuis presque soixante-dix ans, réalise et actualise la fructueuse mission éducative de l’Église au service des hommes et des femmes de cette Nation. Je remercie pour les aimables paroles par lesquelles vous m’avez donné la bienvenue et par lesquelles vous m’avez fait part des inquiétudes et des espérances qui jaillissent en vous, face au défi, personnel et social, de l’éducation.

Dans l’Évangile, nous venons d’entendre comment Jésus, le Maître, enseignait à la foule et au petit groupe des disciples, en s’adaptant à leur capacité de compréhension. Il le faisait par des paraboles, comme celle du semeur (Lc 8, 4-15), de telle manière que tous pouvaient comprendre. Jésus ne cherchait pas à ‘‘faire le docteur’’. Au contraire, il veut atteindre le cœur de l’homme, son intelligence, sa vie, pour que celle-ci porte du fruit.

La parabole du semeur nous parle de cultiver. Elle nous montre les espèces de terre, les espèces de semence, les espèces de fruit et la relation qui est générée entre elles. Déjà depuis la Genèse, Dieu murmure à l’homme cette invitation : cultiver et prendre soin.

Non seulement Dieu lui donne la vie, la terre, la création ; non seulement il lui donne un partenaire et une infinité de possibilités ; il lui adresse aussi une invitation, il lui donne une mission. Il l’invite à prendre part à son œuvre créatrice et il lui dit : cultive ! Je te donne la semence, la terre, l’eau, le soleil, je te donne tes mains et celle de tes frères. Tu les as, là, ils sont aussi tiens. C’est un cadeau, un don, une offre. Ce n’est pas quelque chose d’acquis, d’acheté. Il nous précède et subsistera après nous.

C’est un don fait par Dieu pour qu’avec lui nous puissions le faire nôtre. Dieu ne veut pas une création pour lui-même, pour se regarder lui-même. C’est tout le contraire. La création, c’est un don destiné à être partagé. C’est l’espace que Dieu nous donne, pour construire avec nous, pour construire un nous. Le monde, l’histoire, le temps sont le lieu où nous construisons le nous avec Dieu, le nous avec les autres, le nous avec la terre. Notre vie cache toujours cette invitation, une invitation plus ou moins consciente, qui subsiste toujours.

Mais notons une particularité. Dans le récit de la Genèse, avec la parole cultiver, il en dit immédiatement une autre : protéger. L’une explique l’autre. L’une va de pair avec l’autre. Ne cultive pas qui ne protège pas et ne protège pas qui ne cultive pas.

Non seulement nous sommes invités à prendre part à l’œuvre créatrice en la cultivant, en la faisant croître, en la développant, mais aussi nous sommes invités à en prendre soin, à la protéger, à la garder. Aujourd’hui cette invitation s’impose à nous [de force]. Non plus comme une simple recommandation, mais comme une exigence qui naît « en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses pro¬priétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter…. C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandon¬nés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée » (Laudato si’, n. 2).

Il existe une relation entre notre vie et celle de notre mère la terre, entre notre existence et le don que Dieu nous a fait. « L’environnement humain et l’environne¬ment naturel se dégradent ensemble, et nous ne pourrons pas affronter adéquatement la dégrada¬tion de l’environnement si nous ne prêtons pas attention aux causes qui sont en rapport avec la dégradation humaine et sociale » (Laudato si’, n. 48). Mais de même que nous disons ‘‘ils se dégradent’’, de la même manière nous pouvons dire ‘‘ils se soutiennent et peuvent se transfigurer’’. C’est une relation qui maintient une possibilité, tant d’ouverture, de transformation, de vie que de destruction et de mort.
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Rencontre avec les représentants de la société civile

Église Saint-François de Quito
mardi 7 juillet

Chers amis :

Cela me réjouit de pouvoir être avec vous, hommes et femmes, qui représentez et dynamisez la vie sociale, politique et économique du pays.

Juste avant d’entrer dans l’église, Monsieur le maire m’a remis les clefs de la ville. Ainsi je peux dire qu’ici, à San Francisco de Quito, je suis à la maison. La marque de confiance et d’affection dont vous faites preuve, en m’ouvrant les portes, me permet de vous présenter quelques clés de la cohabitation citoyenne à partir de la vie familiale.

Notre société gagne quand chaque personne, chaque groupe social, se sent vraiment à la maison. Dans une famille, les parents, les grands-parents, les enfants sont de la maison ; personne n’est exclu. Si l’un d’eux a une difficulté, même grave, bien qu’il l’ait cherchée, les autres vont à son secours, le soutiennent ; sa douleur est partagée par tous. Ne devrait-il pas en être de même dans la société ? Et, cependant, nos relations sociales ou bien le jeu politique, souvent se fondent sur la confrontation, sur le rejet. Ma position, mon idée, mon projet se consolident si je suis capable de vaincre l’autre, de m’imposer. Est-ce être famille cela ? Dans les familles, tous contribuent au projet commun, tous travaillent pour le bien commun, mais sans annihiler chaque membre ; au contraire, ils le soutiennent, ils le promeuvent. Les joies et les peines de chacun sont assumées par tous. C’est cela être famille ! Si nous pouvions voir l’adversaire politique, le voisin de maison du même œil que  nos enfants, nos épouses ou époux, nos pères ou nos mères. Aimons-nous notre société ? Aimons-nous notre pays, la communauté que nous essayons de construire ? L’aimons-nous seulement par les concepts spéculatifs, en théorie ? Aimons-la à travers les œuvres plus que par les paroles ! En chaque personne, dans le concret, dans la vie que nous partageons. L’amour tend toujours à la communication, jamais à l’isolement.

À partir de cette affection, surgiront des gestes simples qui renforcent les liens personnels. En diverses occasions, je me suis référé à l’importance de la famille comme cellule de la société. Dans le cercle familial, les personnes reçoivent les valeurs fondamentales d’amour, de fraternité et de respect mutuel qui se traduisent dans des valeurs sociales essentielles : la gratuité, la solidarité et la subsidiarité.

Pour les parents, tous leurs enfants, bien que chacun ait son propre caractère, sont objet d’amour sans distinction. En revanche, l’enfant, quand il se refuse à partager ce qu’il reçoit gratuitement d’eux, rompt cette relation. L’amour des parents l’aide à sortir de son égoïsme pour apprendre à vivre ensemble avec les autres, à céder, pour s’ouvrir à l’autre. Au niveau social, cela suppose d’assumer que la gratuité n’est pas un complément mais une condition requise de la justice. Ce que nous sommes et ce que nous avons nous a été confié pour que nous le mettions au service des autres ; notre tâche consiste à le faire fructifier dans des œuvres de bien. Les biens sont destinés à tous, et même si quelqu’un fait étalage de sa propriété, une hypothèque sociale pèse toujours sur celle-ci. On dépasse ainsi le concept économique de justice, fondé sur le principe d’un contrat d’achat et de vente, avec le concept  de justice sociale qui défend le droit fondamental de la personne à une vie digne. L’exploitation des ressources naturelles, si abondantes en Équateur, ne doit pas viser le bénéfice immédiat. Être administrateurs de cette richesse que nous avons reçue nous engage envers la société dans son ensemble et envers les générations futures, à qui nous ne pourrons pas léguer ce patrimoine sans une adéquate sauvegarde de l’environnement, sans une conscience de gratuité qui germe de la contemplation du monde créé. Aujourd’hui nous accompagnent ici des frères de peuples autochtones, provenant de l’Amazonie équatorienne, cette zone est l’une des « plus riches en variétés d’espèces, [en] espèces endémiques rares ou ayant un faible degré de protection effective…..[Ces zones] requièrent une protection particulière à cause de leur énorme importance pour l’écosystème mondial [car elles ont] une biodiversité d’une énorme complexité, presqu’impossible à répertorier intégralement, mais quand ces forêts sont brûlées ou rasées pour développer des cultures, d’innombrables espèces disparaissent en peu d’années, quand elles ne se transforment pas en déserts arides » (Laudato si’, n. 37-38). Là, l’Équateur – avec d’autres pays ayant des régions amazoniennes – a une opportunité pour exercer la pédagogie d’une écologie intégrale. Nous avons reçu le monde comme héritage de nos parents, mais aussi comme prêt auprès des générations futures à qui nous devons le rendre ! 

De la fraternité vécue en famille, naît la solidarité dans la société, qui ne consiste pas uniquement à donner à qui est dans le besoin, mais à être responsable les uns des autres. Si nous voyons dans l’autre un frère, personne ne peut demeurer exclu, écarté.

Comme beaucoup de peuples latino-américains, l’Équateur expérimente aujourd’hui de profonds changements sociaux et culturels, de nouveaux défis qui requièrent la participation de tous les acteurs sociaux. La migration, la concentration urbaine, le consumérisme, la crise de la famille, le manque de travail, les poches de pauvreté produisent une incertitude et des tensions qui constituent une menace à la cohabitation sociale. Les normes et les lois, ainsi que les projets de la communauté civile, doivent rechercher l’inclusion, ouvrir des espaces de dialogue, de rencontre et ainsi abandonner comme un douloureux souvenir toute forme de répression, le contrôle démesuré et la restriction des libertés. L’espérance d’un meilleur avenir passe par l’offre d’opportunités réelles aux citoyens, spécialement aux jeunes, à travers la création d’emploi, avec une croissance économique qui arrive à tous, et ne reste pas dans les statistiques macroéconomiques, avec un développement durable qui génère un tissu social ferme et un bien de cohésion.

Enfin, le respect de l’autre qui s’apprend en famille se traduit dans le domaine social par la subsidiarité. Présumer que notre option n’est pas nécessairement l’unique légitime est un exercice sain d’humilité. En reconnaissant ce qui est bon dans les autres, y compris avec leurs limitations, nous voyons la richesse que renferme la diversité et la valeur de la complémentarité. Les hommes, les groupes ont le droit de parcourir leur chemin, bien que parfois cela suppose de commettre des erreurs. Dans le respect de la liberté, la société civile est appelée à promouvoir chaque personne et chaque agent social pour qu’ils puissent assumer leur propre rôle et contribuer avec leur spécificité au bien commun. Le dialogue est nécessaire, fondamental, pour arriver à la vérité, qui ne peut pas être imposée, mais doit être recherchée avec sincérité et avec un esprit critique. Dans une démocratie participative, chacune des forces sociales, les groupes indigènes, les afro-équatoriens, les femmes, les regroupements de citoyens et tous ceux qui travaillent pour la communauté dans les services publics sont des protagonistes indispensables dans ce dialogue. Les murs, les cours intérieures et les cloîtres de ce lieu le disent avec une plus grande éloquence : reposant sur des éléments de la culture inca et caranqui, la beauté de leurs proportions et de leurs formes, la hardiesse de leurs différents styles combinés de manière remarquable, les œuvres d’art qui reçoivent le nom de ‘‘école de Quito’’, condensent un dialogue étendu, avec des réussites et des erreurs, de l’histoire équatorienne. L’aujourd’hui est plein de beauté, et même s’il est certain que par le passé il y a eu des maladresses et des violations – : comment le nier! – nous pouvons affirmer que l’ensemble irradie tant d’exubérance qui nous permet de regarder l’avenir avec beaucoup d’espérance.

L’Église aussi veut collaborer dans la recherche du bien commun, à travers ses activités sociales, éducatives, en promouvant les valeurs éthiques et spirituelles, en étant un signe prophétique qui apporte un rayon de lumière et d’espérance à tous, spécialement à ceux qui sont le plus dans le besoin.

Merci beaucoup d’être ici, de m’écouter, je vous demande s’il vous plaît, de porter mes paroles d’encouragement aux groupes que vous représentez dans les divers secteurs sociaux. Que le Seigneur accorde à la société civile que vous représentez d’être toujours ce lieu adéquat où ces valeurs sont vécues.

Homélie du pape François lors de la Messe au parc du bicentenaire de Quito, Équateur

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La parole de Dieu nous invite à vivre l’unité pour que le monde croie.

J’imagine ce susurrement de Jésus lors de la dernière Cène comme un cri en cette messe que nous célébrons au “Parc du Bicentenaire”. Le bicentenaire de ce Cri de l’Indépendance de l’Amérique hispanique. C’était un cri, né de la conscience de manque de libertés, la conscience d’être objet d’oppression et de pillages, « sujets aux convenances contingentes des puissants du moment » (Evangelii gaudium, n. 213).

Je voudrais qu’aujourd’hui les deux cris coïncident sous le beau défi de l’évangélisation. Non pas par des paroles pompeuses, ni par des termes compliqués, mais qu’il jaillisse, ce cri, de la « joie de l’Evangile » qui « remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement » (Evangelii gaudium, n. 1). Nous autres, ici réunis, tous ensemble autour de la table avec Jésus, nous sommes un cri, une clameur née de la conviction que sa présence nous incite à l’unité, « indique un bel horizon, qui offre un banquet désirable » (Evangelii gaudium, n.14).

Père, qu’ils soient un pour que le monde croie”, c’est ainsi qu’il l’a souhaité en regardant le ciel. Cette demande jaillit chez Jésus dans un contexte d’envoi : comme tu m’as envoyé dans monde, moi aussi, je les envoie dans le monde. En ce moment, le Seigneur expérimente dans sa propre chair le pire de ce monde qu’il aime, même ainsi, à la folie : intrigues, méfiances, trahison, mais il ne cache pas la tête, il ne se lamente pas. Nous aussi nous constatons chaque jour que nous vivons dans un monde lacéré par les guerres et la violence. Ce serait superficiel de penser que la division et la haine affectent seulement les tensions entre les pays ou les groupes sociaux. En réalité, elles sont la manifestation de cet “individualisme diffus” qui nous sépare et nous oppose (cf. Evangelii gaudium, n. 99), de la blessure du péché dans le cœur des personnes, dont la société et la création entière souffrent les conséquences. Précisément, à ce monde rebelle, Jésus nous envoie, et notre réponse n’est pas de faire les distraits, d’arguer que nous n’avons pas les moyens ou que la réalité nous dépasse. Notre réponse répète le cri de Jésus et accepte la grâce ainsi que la tâche de l’unité.

A ce cri de liberté lancé il y a un peu plus de 200 ans, il n’a manqué ni conviction ni force, mais l’histoire nous relate qu’il a été indiscutable seulement quand il a laissé de côté les individualismes, la volonté de leadership uniques, le manque de compréhension d’autres processus de libération ayant des caractéristiques différentes mais pas pour autant antagoniques.

Et l’évangélisation peut être le véhicule d’unité des aspirations, des sensibilités, des espoirs et même de certaines utopies. Bien sûr que oui ; nous le croyons et le crions. Je l’ai déjà dit : « Tandis que dans le monde, spécialement dans certains pays, réapparaissent diverses formes de guerre et de conflits, nous, les chrétiens, nous insistons sur la proposition de reconnaître l’autre, de soigner les blessures, de construire des ponts, de resserrer les relations et de nous aider ‘‘à porter les fardeaux les uns des autres’’ » (Evangelii gaudium, n. 67). Le désir d’unité suppose la douce et réconfortante joie d’évangéliser, la conviction d’avoir un bien immense à communiquer et qu’en le communiquant, il s’enracine ; et quiconque a vécu cette expérience acquiert plus de sensibilité pour les besoins des autres (cf. Evangelii gaudium, n. 9). D’où la nécessité de lutter pour l’inclusion à tous les niveaux, en évitant des égoïsmes, en promouvant la communication et le dialogue, en encourageant la collaboration. Il faut ouvrir le cœur au compagnon de route sans craintes, sans méfiances. « Se confier à l’autre est quelque chose d’artisanal ; la paix est artisanale » (Evangelii gaudium, n. 244) ; il est impensable que brille l’unité si la mondanité spirituelle fait que nous sommes en guerre entre nous, dans une recherche stérile de pouvoir, de prestige, de plaisir ou de sécurité économique.

Cette unité est déjà une action missionnaire “pour que le monde croie”. L’évangélisation ne consiste pas à se livrer au prosélytisme, mais à attirer à travers notre témoignage ceux qui sont éloignés, à s’approcher humblement de ceux qui se sentent loin de Dieu et de l’Eglise, de ceux qui sont craintifs ou de ceux qui sont indifférents pour leur dire : « Le Seigneur t’appelle toi aussi à faire partie de son peuple et il le fait avec grand respect et amour » (Evangelii gaudium, n.113).

La mission de l’Eglise, comme sacrement de salut, correspond à son identité comme Peuple en chemin, ayant pour vocation d’incorporer dans sa marche toutes les nations de la terre. Plus intense est la communion entre nous, plus s’en trouve favorisée la mission (cf. Jean-Paul II, Pastores gregis, n. 22). Mettre l’Eglise en état de mission nous demande de recréer la communion, car il ne s’agit pas d’une action uniquement vers l’extérieur … nous réalisions la mission à l’intérieur et nous sommes en mission vers l’extérieur « comme une mère qui va à la rencontre, une maison accueillante, une école permanente de communion missionnaire » (Document d’Aparecida, n. 370).

Ce rêve de Jésus est possible parce qu’il nous a consacrés, pour “eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité” (Jn 17, 19). La vie spirituelle de l’évangélisateur naît de cette vérité si profonde, qui ne se confond pas avec quelques moments religieux qui apportent un certain soulagement ; Jésus nous consacre pour susciter une rencontre personnelle avec lui, qui alimente la rencontre avec les autres, l’engagement dans le monde, la passion évangélisatrice (cf. Evangelii Gaudium, n. 78).

L’intimité de Dieu, incompréhensible pour nous, se révèle à nous à travers des images qui nous parlent de communion, de communication, de don, d’amour. Voilà pourquoi l’union que Jésus demande n’est pas une uniformité mais l’« harmonie multiforme qui attire » (Evangelii gaudium, n. 117). L’immense richesse de ce qui est varié, de ce qui est multiple, atteignant l’unité chaque fois que nous faisons mémoire de ce Jeudi saint, nous éloigne de la tentation de propositions plus proches des dictatures, des idéologies ou des sectarismes. Ce n’est pas non plus un arrangement fait à notre mesure, dans lequel nous posons les conditions, choisissons les composantes et excluons les autres. Jésus prie pour que nous fassions partie d’une grande famille, dans laquelle Dieu est notre Père et tous nous sommes frères. Cela ne se fonde pas sur le fait d’avoir les mêmes goûts, les mêmes inquiétudes, les mêmes talents. Nous sommes frères parce que, par amour, Dieu nous a créés et nous a destinés, de sa propre initiative, à être ses enfants   (cf. Ep 1, 5). Nous sommes frères parce que « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, et cet Esprit crie ‘‘Abba’’, c’est-à-dire : Père ! » (Ga 4, 6). Nous sommes frères parce que, justifiés par le sang de Christ Jésus (cf. Rm 5, 9), nous sommes passés de la mort à la vie, devenus “cohéritiers” de la promesse (cf. Ga 3, 26-29; Rm 8, 17). C’est le salut que Dieu réalise et que l’Eglise annonce avec joie : faire partie du “nous” divin.

Notre cri, en ce lieu qui rappelle ce premier cri de la liberté, actualise celui de saint Paul : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile !» (1 Co 9, 16). Ce cri est si urgent et pressant comme celui de ceux qui désirent l’indépendance. Il a une fascination semblable, le même feu qui attire. Soyez des témoins d’une communion fraternelle qui devient resplendissante !

Qu’il serait beau que tous puissent admirer comment nous prenons soin les uns des autres. Comment mutuellement nous nous encourageons et comment nous nous accompagnons. Le don de soi est celui qui établit la relation interpersonnelle qui ne se génère pas en donnant des “choses”, mais en se donnant soi-même. Dans tout don, s’offre la personne même. “Se donner” signifie laisser agir en soi-même toute la puissance de l’amour qui est l’Esprit de Dieu et ainsi faire place à sa force créatrice. En se donnant, l’homme se retrouve lui-même avec sa véritable identité de fils de Dieu, semblable au Père et, comme lui, donneur de vie, frère de Jésus, auquel il rend témoignage. C’est cela évangéliser, c’est cela notre révolution – parce que notre foi est toujours révolutionnaire -, c’est cela notre cri le plus profond et le plus constant.

 

Homélie du pape François lors de la Messe au « Parque de Los Samanes » de Guayaquil, Équateur

Homélie prononcée le lundi 6 juillet 2015

Le passage de l’Evangile que nous venons d’entendre est le premier signe prodigieux qui se réalise dans le récit de l’Evangile de Jean. La préoccupation de Marie, devenue requête à Jésus : “Ils n’ont pas de vin” et la référence à “l’heure”, cette préoccupation se comprendra grâce aux récits de la Passion.

C’est bien qu’il en soit ainsi, parce que cela nous permet de voir la détermination de Jésus à enseigner, à accompagner, à guérir et à donner la joie à partir de cet appel au secours de la part de sa mère : “Ils n’ont pas de vin’’.

Les noces de Cana se répètent avec chaque génération, avec chaque famille, avec chacun de nous et nos tentatives pour faire en sorte que notre cœur arrive à se fixer sur des amours durables, fécondes et joyeuses. Donnons à Marie une place ; ‘‘la mère’’ comme le dit l’évangéliste. Faisons avec elle l’itinéraire de Cana.

Marie est attentive à ces noces déjà commencées, elle est sensible aux besoins des fiancés. Elle ne se replie pas sur elle-même, elle ne s’enferme pas, son amour fait d’elle un ‘‘être vers’’ les autres. Et pour cela, elle se rend compte du manque de vin. Le vin est signe de joie, d’amour, d’abondance. Combien de nos adolescents et jeunes perçoivent que dans leurs maisons depuis un moment il n’y en a plus ! Combien de femmes seules et attristées se demandent quand l’amour s’en est allé, quand la vie s’est obscurcie ! Combien de personnes âgées se sentent exclues de la fête de leurs familles, marginalisées et ne s’abreuvant pas de l’amour quotidien ! Le manque de vin peut aussi être l’effet du manque de travail, l’effet de maladies, de situations problématiques que nos familles traversent. Marie n’est pas une mère ‘‘qui réclame’’, elle n’est pas une belle-mère qui surveille pour s’amuser de nos incapacités, de nos erreurs ou manques d’attention. Marie est mère ! Elle est là, pleine d’attention et de sollicitude.

Mais Marie recourt à Jésus avec confiance, Marie prie. Elle ne s’adresse pas au majordome ; directement, elle présente la difficulté des mariés à son Fils. La réponse qu’elle reçoit semble décourageante : « Que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue » (v. 4). Cependant, entre temps, elle a déjà remis le problème entre les mains de Dieu. Son empressement pour les besoins des autres accélère l’‘‘heure’’ de Jésus. Marie fait partie de cette heure, depuis la crèche jusqu’à la croix. Elle qui a su « transformer une grotte pour des animaux en maison de Jésus, avec de pauvres langes et une montagne de tendresse » (Evangelii Gaudium, n. 286) et qui nous a reçus comme fils quand une épée lui a traversé le cœur, nous enseigne à remettre nos familles entre les mains de Dieu ; à prier, en allumant l’espérance qui nous indique que nos préoccupations sont aussi celles de Dieu.

Prier nous fait toujours sortir du périmètre de nos soucis, nous fait transcender ce qui nous fait mal, ce qui nous secoue ou nous manque à nous-mêmes et nous conduit à nous mettre dans la peau des autres, dans leurs souliers. La famille est une école où la prière nous rappelle aussi qu’il y a un nous, qu’il y a un prochain proche, sous les yeux : il vit sous le même toit, partage la vie et se trouve dans le besoin.

Marie, enfin, agit. Les paroles « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (v. 5), adressées à ceux qui servaient, sont une invitation à nous aussi, invitation à nous mettre à la disposition de Jésus, qui est venu servir et non pour être servi. Le service est le critère du vrai amour. Et cela s’apprend spécialement en famille, où nous nous faisons serviteurs les uns des autres par amour. Au sein de la famille, personne n’est marginalisé ; là « on apprend à demander une permission avec respect, à dire ‘‘merci’’ comme expression d’une juste évaluation des choses qu’on reçoit, à dominer l’agressivité ou la voracité, et à demander pardon quand on cause un dommage. Ces petits gestes de sincère courtoisie aident à construire une culture de la vie partagée et du respect pour ce qui nous entoure » (Laudato si’, n. 213). La famille est l’hôpital le plus proche, la première école des enfants, le groupe de référence indispensable des jeunes, la meilleure maison de retraite pour les personnes âgées. La famille constitue la grande ‘‘richesse sociale’’ que d’autres institutions ne peuvent pas remplacer, qui doit être aidée et renforcée, pour ne jamais perdre le sens juste des services que la société prête aux citoyens. En effet, ces services ne sont pas une aumône, mais une vraie “dette sociale” à l’endroit de l’institution familiale, qui apporte tant au bien commun de tous.

La famille forme aussi une petite Eglise, une “Eglise domestique” qui, avec la vie, achemine la tendresse et la miséricorde divine. Dans la famille, la foi se mélange au lait maternel : en expérimentant l’amour des parents, on sent proche l’amour de Dieu.

Et dans la famille, les miracles se réalisent avec ce qu’il y a, avec ce que nous sommes, avec ce que l’on a à portée de main… bien souvent ce n’est pas l’idéal, ce n’est pas ce dont nous rêvons, ni ce qui “devrait être”. Le vin nouveau des noces de Cana provient des jarres de purification , c’est- à-dire de l’endroit où tous avaient laissé leurs péchés… “là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé” (Rm 5, 20). Dans la famille de chacun d’entre nous et dans la famille commune que nous formons tous, rien n’est écarté, rien n’est inutile. Peu avant le début de l’Année Jubilaire de la Miséricorde, l’Eglise célèbrera le Synode Ordinaire consacré aux familles, pour faire mûrir un vrai discernement spirituel et trouver des solutions concrètes aux nombreuses difficultés et aux importants défis que la famille doit affronter de nos jours. Je vous invite à intensifier votre prière à cette intention, pour que même ce qui nous semble encore impur, nous scandalise ou nous effraie, Dieu – en le faisant passer par son “heure” – puisse le transformer en miracle.

Tout a commencé parce qu’“ils n’avaient pas de vin”, et tout a pu se réaliser parce qu’une femme – la Vierge – était attentive, a su remettre dans les mains de Dieu ses préoccupations, et a agi avec bon sens et courage. Mais le résultat final n’est pas moindre : ils ont goûté le meilleur des vins. Et voici la bonne nouvelle : le meilleur des vins est sur le point d’être savouré, le plus admirable, le plus profond et le plus beau pour la famille reste à venir. Le temps reste à venir, où nous savourerons l’amour quotidien, où nos enfants redécouvriront l’espace que nous partageons, et les personnes âgées seront présentes dans la joie de chaque jour. Le meilleur des vins reste à venir. Le meilleur des vins reste à venir pour chaque personne qui se risque à l’amour. Et il reste à venir même si tous les paramètres et les statistiques disent le contraire ; le meilleur vin reste à venir en ceux qui aujourd’hui voient tout s’effondrer. Murmurez-le jusqu’à le croire: le meilleur vin reste à venir et susurrez-le aux désespérés ou aux mal-aimés. Dieu s’approche toujours des périphéries de ceux qui sont restés sans vin, de ceux à qui il ne reste à boire que le découragement ; Jésus a un faible pour offrir en abondance le meilleur des vins à ceux qui pour une raison ou une autre, sentent déjà que toutes leurs jarres se sont cassées.

Comme Marie nous y invite, faisons “tout ce qu’il dira” et soyons reconnaissants que, à notre temps et à notre heure, le vin nouveau, le meilleur, nous fasse récupérer la joie d’être une famille.

Cérémonie d’accueil du Pape François à l’aéroport “Mariscal Sucre” de Quito, Équateur

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Notez que le pape François a adressé plusieurs remarques personnelles au Président de l’Équateur. Le texte qui suit ci-dessous n’est pas un text définitif. Une version finale sera publiée par la suite.

Monsieur le Président,
Distinguées Autorités du Gouvernement,
Frères dans l’Episcopat,
Mesdames et Messieurs, vous tous chers amis,

Je rends grâce à Dieu de m’avoir permis de retourner en Amérique Latine et d’être aujourd’hui ici avec vous, dans cette belle terre de l’Équateur. Je ressens joie et gratitude en voyant la chaleureuse bienvenue que vous me réservez : c’est un signe de plus du caractère accueillant qui définit si bien les habitants de cette noble Nation.

Je vous remercie, Monsieur le Président, pour les paroles aimables que vous m’avez adressées, auxquelles je réponds par mes vœux les meilleurs pour l’exercice de votre mission. Je salue cordialement les distinguées Autorités du Gouvernement, mes frères Evêques, les fidèles de l’Église dans ce pays et tous ceux qui m’ouvrent aujourd’hui les portes de leur cœur, de leur foyer et de leur Patrie. À vous tous mon affection et ma sincère reconnaissance.

J’ai visité l’Équateur à diverses occasions pour des raisons pastorales ; de même aujourd’hui, je viens comme témoin de la miséricorde de Dieu et de la foi en Jésus-Christ. La même foi qui durant des siècles a modelé l’identité de ce peuple et donné tant de bons fruits, parmi lesquels se démarquent des figures illustres comme Sainte Marie-Anne de Jésus, le frère saint Miguel Febres, sainte Narcisse de Jésus ou la bienheureuse Mercedes de Jésus Molina, béatifiée à Guayaquil, il y a trente ans durant la visite du Pape saint Jean-Paul II. Ils ont vécu la foi avec intensité et enthousiasme, et en pratiquant la miséricorde, ils ont contribué, dans divers domaines, à améliorer la société équatorienne de leur temps.

Aujourd’hui, nous aussi nous pouvons trouver dans l’Évangile les clés qui nous permettent d’affronter les défis actuels, en mettant en valeur les différences, en promouvant le dialogue et la participation sans exclusions, pour que les réussites dans le progrès et dans le développement qu’on est en train d’obtenir garantissent un meilleur avenir pour tous, en accordant une attention spéciale à nos frères les plus fragiles et aux minorités les plus vulnérables. Pour cela, Monsieur le Président, vous pourrez toujours compter sur l’engagement et la collaboration de l’Église.

Vous tous, chers amis, je commence avec émotion et espérance les jours que nous avons devant nous. En Équateur se trouve le point le plus proche de l’espace extérieur : c’est le Chimborazo, appelé pour cela l’endroit ‘‘le plus proche du Soleil’’, de la lune et des étoiles. Nous, les chrétiens, nous identifions Jésus-Christ au soleil, et la lune à l’Eglise, la communauté ; personne, sauf Jésus, n’a sa propre lumière. Que tous les jours nous devienne plus évidente à tous la proximité “du soleil qui vient d’en haut”, et que nous soyons le reflet de sa lumière, de son amour.

D’ici je veux embrasser l’Équateur tout entier. Que depuis le sommet du Chimborazo, jusqu’aux côtes du Pacifique ; que depuis la forêt amazonienne, jusqu’aux Îles Galápagos, vous ne perdiez jamais la capacité de rendre grâce à Dieu pour ce qu’il a fait et fait pour vous, la capacité de protéger ce qui est petit et ce qui est simple, de prendre soin de vos enfants et des personnes âgées, de vous émerveiller de la noblesse de votre peuple et de la beauté singulière de votre pays.

Que le Cœur Sacré de Jésus et le Cœur Immaculé de Marie, à qui l’Equateur a été consacré, répandent sur vous leur grâce et bénédiction. Merci beaucoup.

« Changer de cap ! » – Cardinal André VINGT-TROIS

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Cardinal André VINGT-TROIS

Archevêque de Paris

Rarement une encyclique aura été aussi attendue. À six mois du grand rendez-vous de la COP 21 à Paris, le pape François adresse un appel solennel à toute l’humanité au sujet d’un immense défi : la dégradation globale de l’environnement naturel. Successeur de l’apôtre Pierre, et à ce titre, témoin du Christ ressuscité, François invite tous les hommes de bonne volonté à un changement de cap en resituant chacun devant sa responsabilité de prendre soin de la « maison commune » où Dieu a donné à tout être une place. Mais il se fait aussi le porte-parole de ceux qui, ensemble, gémissent sous le poids de la souffrance : les pauvres et la nature. Car, aux yeux du Pape, il n’existe pas deux crises séparées, l’une environnementale et l’autre sociale. Environnement naturel et environnement humain se dégradent ensemble. Sauvegarde de la terre comme « maison commune » et amour des pauvres vont de pair. Si François relaie ainsi le cri des plus fragiles, c’est que le défi environnemental ainsi que ses racines concernent la totalité des hommes et touchent chacun au plus profond de son humanité. Pour surmonter ensemble, par un dialogue multiforme, ce redoutable défi, nous avons d’abord à changer de regard, ce qui suppose que nous commencions par ouvrir les yeux.

Ouvrir les yeux. Le Pape n’ignore ni les débats scientifiques en cours, ni les divergences d’opinion, ni les résistances à la conversion écologique, y compris chez des catholiques convaincus. Il passe cependant en revue les symptômes majeurs qui affectent gravement notre terre. Sans entrer dans ce qui relève de l’expertise scientifique, François a voulu nommer les choses en prenant des exemples concrets, pour que nul ne puisse considérer avec mépris ou indifférence les alertes lancés par nombre d’experts. « Le rythme de consommation, de gaspillage et de détérioration de l’environnement a dépassé les possibilités de la planète, à tel point que le style de vie actuel, parce qu’il est insoutenable, peut seulement conduire à des catastrophes, comme, de fait, cela arrive déjà périodiquement dans diverses régions (n° 161). » Le pape espère, ce qui est loin d’être le cas pour tous, que chacun pourra prendre conscience de la situation et « oser transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde » (n° 19).

Changer de regard. Le Pape replace le défi écologique à son niveau le plus radical, celui d’une conversion dans la manière d’appréhender la vie et l’activité humaines. Sans cette conversion, toutes les solutions, qu’elles soient techniques ou économiques ou juridico-politiques, seront insuffisantes et pourront au mieux retarder une échéance qui s’annonce catastrophique. Le changement de vision du monde concerne ici le rapport de l’homme à la technique moderne. Si celle-ci a considérablement amélioré les conditions de vie, elle place aujourd’hui les hommes devant une option abyssale en leur donnant un pouvoir sans mesure sur eux-mêmes et sur la terre tout entière.

C’est que l’immense essor des sciences et des techniques n’a pas été accompagné d’un progrès éthique et culturel équivalent. Pire encore, le modèle et les finalités des technosciences se sont étendus à la vie concrète des individus comme des sociétés. Il est devenu très difficile de s’abstraire des fabuleux moyens mis à notre disposition, ou même d’en faire usage, sans être asservi par leur logique qui exténue progressivement toute capacité de décision, de liberté et de créativité. Aussi la solution au défi environnemental ne peut-elle se réduire à des initiatives partielles et bricolées dans l’urgence. La racine du problème tient à l’emprise de la technique sur la vie, qu’elle soit humaine ou non.

Si nous arrivons à changer de regard sur la nature, si nous renonçons à considérer les autres êtres vivants comme des objets soumis arbitrairement à notre usage et notre domination, si nous allons jusqu’à ressentir combien nous sommes vitalement unis à tous les êtres de l’univers, « la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément » (n° 11). C’est pourquoi, dans le sillage de saint François d’Assise qui appelait « frère » ou « sœur » la moindre créature, le Pape invite avec audace l’humanité à s’ouvrir au langage des relations intersubjectives, et plus précisément des relations familiales, pour nommer les choses de la nature et s’orienter ainsi vers une attitude plus humaine envers elles.

Dialoguer et s’unir pour trouver des solutions. Les problèmes environnementaux et sociaux sont enfin d’une telle complexité qu’aucune discipline scientifique ni aucune forme de sagesse, y compris religieuse, ne peuvent être négligées pour apporter des réponses durables. Le pape François propose non des solutions mais une méthode, celle d’un dialogue sérieux et sans préjugés entre toutes les parties concernées. S’il consacre un chapitre à « l’évangile de la création », c’est qu’il croit, comme le patriarche Bartholomée, à une nouvelle rencontre féconde entre science et religion, et qu’il veut également montrer combien les convictions de foi offrent aux chrétiens, comme à d’autres croyants, de puissantes motivations pour prendre soin de la terre.

Comme il le répète à plusieurs endroits, même si, selon les termes très forts de Jean-Paul II, « l’humanité a déçu l’attente divine », même si les symptômes d’un point de non-retour apparaissent, le pape François ne désespère pas de la capacité humaine à trouver une issue juste et durable. Certaines expériences en témoignent un peu partout dans le monde. Plus encore, à ses yeux, « la meilleure manière de mettre l’être humain à sa place, et de mettre fin à ses prétentions d’être un dominateur absolu de la terre, c’est de proposer la figure d’un Père créateur et unique maître du monde, parce qu’autrement l’être humain aura toujours tendance à vouloir imposer à la réalité ses propres lois et intérêts (n° 75) ». « Nous ne sommes pas Dieu. » (n°67). Quel défi pour l’humanité d’oser imiter le pauvre d’Assise dans son chant de louange : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre… » !

Vue d’ensemble de l’encyclique « Laudato Si »

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Cité du Vatican, 17 juin (VIS).

Instrument pour une première lecture de l’encyclique, le texte qui suit aide à en comprendre la dynamique d’ensemble et à en extraire les lignes de force. Les trois premières pages présentent l’encyclique dans son ensemble, avant de décrire les chapitres en reprenant des passages-clef. Les deux dernières pages présentent le sommaire dans son intégralité.

Un regard d’ensemble:

« Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent? Cette interrogation est au cœur de Laudato Si’, l’encyclique attendue du Pape François sur le soin de notre maison commune. Le Pape poursuit: Cette question ne concerne pas seulement l’environnement de manière isolée, parce qu’on ne peut pas poser la question de manière fragmentaire, et ceci conduit à s’interroger sur le sens de l’existence et de ses valeurs à la base de la vie sociale: Pour quoi passons-nous en ce monde, pour quoi venons-nous à cette vie, pour quoi travaillons-nous et luttons-nous, pour quoi cette terre a-t-elle besoin de nous? Si cette question de fond n’est pas prise en compte, dit le Souverain Pontife, je ne crois pas que nos préoccupations écologiques puissent obtenir des effets significatifs. L’encyclique prend le nom de l’invocation de saint François Loué sois-tu mon Seigneur du Cantique des Créatures, qui rappelle que la terre, notre maison commune, est « comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts. Nous-mêmes sommes terre. Notre corps est lui-même constitué des éléments de la planète, son air nous donne le souffle et son eau nous vivifie comme elle nous restaure. Aujourd’hui, cette terre, maltraitée et saccagée, pleure, et ses gémissements rejoignent ceux de tous les laissés-pour-compte dans le monde. Le Pape François invite à les écouter, en sollicitant chacun de nous, individus, familles, collectivités locales, nations et communauté internationale à une conversion écologique, selon l’expression de Jean-Paul II, c’est-à-dire changer de cap, en assumant la beauté et la responsabilité d’un engagement pour le soin de notre maison commune. Dans le même temps, le Pape François reconnaît une sensibilité croissante concernant aussi bien l’environnement que la protection de la nature, et une sincère et douloureuse préoccupation qui grandit pour ce qui arrive à notre planète, légitimant ainsi un regard d’espérance qui ponctue toute l’encyclique, et envoie à tous un message clair et plein d’espérance: L’humanité possède encore la capacité de collaborer pour construire notre maison commune- L’être humain est encore capable d’intervenir positivement, tout n’est pas perdu, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer.

Le Pape François s’adresse bien sûr aux fidèles catholiques, en reprenant les paroles de Jean-Paul II: Les chrétiens, notamment, savent que leurs devoirs à l’intérieur de la création et leurs devoirs à l’égard de la nature et du Créateur font partie intégrante de leur foi, mais propose spécialement d’entrer en dialogue avec tous au sujet notre maison commune. Le dialogue parcourt tout le texte, et dans le chapitre 5, devient un instrument pour affronter et résoudre les problèmes. Depuis toujours, le Pape François rappelle que d’autres Eglises et communautés chrétiennes, comme aussi d’autres religions, ont nourri une grande préoccupation et une précieuse réflexion sur le thème de l’écologie. Il en assume même explicitement la contribution, en citant amplement le cher Patriarche oecuménique Barthélémy. A plusieurs reprises, le souverain pontife remercie les protagonistes de cet engagement que ce soient des individus, des associations ou des institutions, en reconnaissant que la réflexion d’innombrables scientifiques, philosophes, théologiens et organisations sociales qui ont enrichi la pensée de l’Eglise sur ces questions, et invite chacun à reconnaître la richesse que les religions peuvent offrir pour une écologie intégrale et pour et pour un développement plénier de l’humanité.

L’itinéraire de l’encyclique est tracé au paragraphe 15, et s’articule en six chapitres. On passe d’une écoute de la situation à partir des meilleurs données scientifiques disponibles (chapitre 1), à la confrontation avec la Bible et la tradition judéo-chrétienne (chapitre 2), en identifiant les racines des problèmes (chapitre 3) posés par la technocratie et un repli auto-référentiel excessif de l’être humain. La proposition de l’encyclique (chapitre

4) est celle d’une écologie intégrale, qui a clairement des dimensions humaines et sociales, inséparablement liée à la question environnementale. Dans cette perspective, le Pape François propose (chapitre 5) d’avoir, à chaque niveau de la vie sociale, économique et politique, un dialogue honnête qui structure des processus de décision transparents, et rappelle (chapitre 6) qu’aucun projet ne peut être efficace s’il n’est pas animé d’une conscience formée et responsable, en donnant des pistes éducatives, spirituelles, ecclésiales, politiques et théologiques pour croître dans cette direction. Le texte s’achève par deux prières, l’une s’adressant à ceux qui croient en un Dieu Créateur et Tout Puissant, et l’autre proposée à ceux qui professent la foi en Jésus-Christ, rythmée par la ritournelle du Laudato Si’ qui ouvre et ferme l’encyclique. L’encyclique est traversée par plusieurs axes thématiques, traités selon diverses perspectives, qui lui donnent une forte unité: L’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète, la conviction que tout est lié dans le monde, la critique du nouveau paradigme et des formes de pouvoir qui dérivent de la technologie, l’invitation à chercher d’autres façons de comprendre l’économie et le progrès, la valeur propre de chaque créature, le sens humain de l’écologie, la nécessité de débats sincères et honnêtes, la grave responsabilité de la politique internationale et locale, la culture du déchet et la proposition d’un nouveau style de vie.

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Conférence de présentation de Laudato Si’

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Cité du Vatican, 18 juin 2015 (VIS).

Ce matin près la Salle du Synode le Cardinal Peter Kodwo Appiah Turkson, Président du Conseil pontifical Iustitia et Pax a illustré la nouvelle encyclique Laudato Si’ que le Pape François consacre à la protection de la création et l’écologie intégrale. Il était accompagné des présentateurs du document, le Métropolite Ioannis de Pergame (du Patriarcat œcuménique), qui a parlé de la théologie et de la spiritualité de l’encyclique, M.Hans Joachim Schellnhuber (Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique), qui a traité de la place des sciences naturelles dans l’encyclique, de Mme.Carolyn Y.Woo (Catholic Relief Services), qui a abordé les volets de l’économie, de la finance et du commerce face à la question écologique, et Mme.Valeria Martano (chercheur et enseignant), témoin depuis 20 ans de la dégradation sociale et environnementale de la périphérie romaine.

D’emblée l’encyclique entend établir un dialogue avec tous, que ce soit avec des personnes avec des organisations et institutions qui partagent la même préoccupation que le Pape, abordée sous différents points de vue.  »Ce type de dialogue », a indiqué le Cardinal Turkson, « fait partie de la méthode de la rédaction utilisée par le Saint-Père pour rédiger l’encyclique. Il s’est appuyé sur un large éventail de contributions: La plupart des conférences épiscopales des divers continents…ainsi que d’autres contributions qui ne sont pas citées dans le document qu’elles ont aidé à composer ». L’encyclique tire son nom de l’invocation de saint François dans le Cantique des Créatures: Loué soit mon Seigneur, une prière contemplative qui nous invite à nous inspirer du Poverello pour promouvoir une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité… Dans sa relation avec l’environnement, l’humanité fait face à des défis majeurs qui requièrent également des politiques appropriées, déjà au programme des instances internationales. Certainement ‘Laudato Si’ peut et doit avoir un impact sur ces processus. Un examen rapide de son contenu montre qu’il est avant tout de nature pastorale et spirituelle, la portée, l’ampleur et la profondeur de la question ne pouvant être réduites à la sphère de la politique environnementale ».

Pour sa part, le Métropolite Ioannis Zizioulas a rappelé qu’en 1989 le Patriarche œcuménique Démétrios avait publié une encyclique pour alerter les les chrétiens et les personnes de bonne volonté sur la gravité de la question écologique, mais aussi montrer ses implications théologiques et spirituelles, invitant à consacrer chaque 1 septembre à prier pour l’environnement. Cette date, qui est selon le calendrier orthodoxe le premier jour de l’année ecclésiastique pourrait devenir un temps de prière pour tous les chrétiens et marquer ainsi une nouvelle étape dans le rapprochement entre tous les baptisés:  »Je pense que le sens de l’encyclique Laudato Si’ ne se limite pas à la question de l’écologie en tant que tel. Elle revêt une dimension œcuménique importante qui encourage tous les chrétiens divisés à accomplir une tâche commune. Nous vivons une époque de problèmes existentiels profonds qui dépassent nos divisions traditionnelles… Il suffit de voir ce qui se passe au Moyen-Orient: Ceux qui persécutent les chrétiens ne leur demandent pas à la confession ils appartiennent! Ici l’unité des chrétiens se construit par la persécution et le sang. C’est un œcuménisme du martyre… D’une manière similaire, la menace de la crise écologique doit aider à dépasser nos clivages traditionnels. Le danger qui guette notre maison commune, la planète sur laquelle nous vivons, est décrite dans l’encyclique d’une manière qui ne laisse aucun doute sur le danger existentiel auquel nous sommes tous confrontés. Ce danger commun est indépendamment de notre Eglise ou de nos identités religieuses. Il implique un effort commun pour éviter les conséquences catastrophiques de la situation actuelle. L’encyclique du Pape François est un appel à l’unité, à l’unité dans la prière pour l’environnement, dans la diffusion de l’Evangile de la création, dans la conversion de nos cœurs et la correction de nos modes de vie, nécessaires pour respecter et aimer tout le monde et tout ce que Dieu nous a donné. »

Puis le Professeur Schellnhuber, a souligné que sous l’angle de la technologie et de l’énergie propre il est possible d’atteindre un résultat positif pour tous car, en fait, elles sont disponibles en abondance. Tout ce que nous avons à faire est de développer les moyens de produire l’énergie correctement et de gérer de façon responsable notre consommation. Depuis des décennies on travaille au le développement d’un réacteur de fusion incroyablement coûteux alors que nous avons la chance d’en avoir un qui fonctionne parfaitement et qui est gratuit, le soleil! Le photovoltaïque, l’énergie éolienne et la biomasse dépendent également de la lumière solaire. Ces nouvelles technologies pourraient ouvrir un potentiel dans les pays pauvres où il n’y a pas de réseaux pour distribuer l’électricité provenant de centrales éloignées pour constituer un système viable. Tout comme il a augmenté l’utilisation des téléphones mobiles sans l’établissement préalable de lignes fixes, les pays en développement pourraient se passer des combustibles fossiles et entrer dans l’ère de la production décentralisée et directe d’énergie renouvelable… La gestion de notre planète ne peut devenir une tragédie collective. Au contraire, elle doit devenir l’histoire d’une grande transformation, qui permettra de faire levier pour surmonter les profondes inégalités du monde actuel. Certaines inégalités découlent du hasard géologique, de la répartition régionale des combustibles fossiles contrôlés par quelques-uns. Aujourd’hui la voie est enfin libre pour un avenir universel juste. »

Enfin Mme.Woo a expliqué que l’investissement dans la durabilité constitue une autre chance de progrès. « De nombreuses études fournissent des estimations de coûts astronomiques associés aux catastrophes naturelles, présentes comme à venir, telles que la hausse du niveau des océans, la sécheresse, les inondations et les tempêtes qui ravagent la production agricole ou provoquent la perte de productivité, favorisent aussi l’augmentation des épidémies et des maladies dues à la chaleur et à la pollution… Par ailleurs les entreprises peuvent jouer un rôle important en aidant les clients à devenir des consommateurs responsables. Conception et production des biens consommables devront faire en sorte de limiter les déchets et d’utiliser les énergies renouvelables, le recyclage, la récupération et la réutilisation afin de fournir de nouvelles opportunités pour les entreprises et les clients responsables… L’encyclique affirme le rôle important que doit jouer le commerce, mais le Pape avertit..le besoin de partenariat entre les secteurs public et privé, un dialogue politique et économique qui soit favorable à l’épanouissement humain. Puisque le public et le privé ont le même objectif, et qu’ils sont intégrés dans le même réseau interconnecté de la vie, ils doivent travailler ensemble en harmonie. Cela signifie pour les entreprises être plus respectueuses des normes et de la réglementation, en particulier dans le secteur financier. Cela signifie également que les entreprises doivent s’aligner avec les nouveaux objectifs de développement durable et la nécessité d’agir pour lutter contre le changement climatique. Après tout, le commerce est une entreprise humaine et devrait viser à un authentique développement et au bien commun de l’homme. »

Enfin, Mme.Martano a évoqué l’écologie urbaine, menacée par la pollution, la carence de services ou par l’individualisme général. Elle est un défi pour les chrétiens car dans les banlieues où on vit mal grandissent la colère et le sentiment d’exclusion. Beaucoup se voient privés du droit au logement et on assiste souvent à la destruction de bidonvilles sans que soit proposée une alternative. Les personnes âgées sont expulsés du cadre sociale vers des établissements périphériques…. La violence grandit dans certains quartiers alors qu’on peut aider mieux à vivre si les gens renoncent à l’individualisme et à la démission. A Rome pendant des années, avec la Communauté de Sant’Egidio, nous avons travaillé à la suppression d’espaces pollués… Nous nous sommes basés sur les plus faibles, enfants, personnes âgées, handicapés, afin de reconstruire un tissu humain. Autour de ces personnes on peut rénover l’image de la banlieue, trouver une énergie renouvelée et faire de l’écologie humaine. L’encyclique nous invite à pratiquer le bien commun en faveur de la ville et de l’environnement qui sont notre maison commune. Nous vivons souvent des parcours humains fragmentés et contradictoires parce que chacun essaie de se débrouiller tout seul. Chacun poursuit son propre intérêt, alors qu’il y existe un salut communautaire fondé sur l’inclusion des gens et l’écologie intégrale. »

Pour lire le texte intégral officiel français de l’encyclique « Laudato Si »:

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/encyclicals/documents/papa-francesco_20150524_enciclica-laudato-si.html

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