Leçon d’humilité pour les disciples de Jésus

Visitors walk into the Cenacle, the upper room believed to be the site of Jesus’ Last Supper, on Mount Zion in Jerusalem March 28. Pope Francis will celebrate Mass with the ordinaries of the Holy Land and the papal delegation in the Cenacle during his pilgrimage to the Holy Land in May. (CNS photo/Debbie Hill) (March 31, 2014) See HOLYLAND-SCHEDULE (UPDATED) March 27, 2014.

Pendant son pèlerinage en Terre Sainte, Sel et Lumière a visité le lieu qui commémore la Dernière Cène, où les disciples ont partagé leur dernier repas ensemble avant la Passion du Chirst. Ce lieu, nous l’appelons aussi Coenaculum ou « Cénacle ».

Les disciples avaient sûrement l’habitude de prendre le repas ensemble et de se retrouver pour les grandes fêtes juives. Ils se sont retrouvés encore une fois pour celle de la Pâques. Pâques, veut dire, « passage »; dans la tradition juive, elle commémore le passage des juifs en Égypte, celui qui les ont amenés à leur délivrance en sécurité. La Dernière Cène anticipe, elle aussi, un passage. Celui de Jésus. Par son sacrifice sur la croix, Jésus nous assure un passage sécuritaire. De la mort à la vie. Comme un pont entre nous, l’humanité, et le Ciel, auprès de Dieu.

Ce dernier repas est donc différent des autres. Dans quelques heures Jésus serait livré, jugé, tué. Marqué par l’attente de sa Passion, Jésus accompli des gestes que ses disciples pourront revivre encore et encore: le lavement des pieds, le partage du pain, la récitation de psaumes et d’hymnes. Mais chaque geste prend une toute autre dimension. Ce mémorial s’accomplit complètement en Jésus. Il leur donne leur forme définitive, non pas pour lui-même ni seulement pour un petit groupe d’amis. Mais pour le salut de toute l’humanité, le salut des pécheurs. Et c’est en devenant le serviteur des serviteurs que cela s’accomplira.

En commençant par le lavement des pieds, un rite bien connu dans la tradition juive. Mais c’est une pratique qui revient normalement au serviteur de la maison et non à l’invité d’honneur, dont Jésus. Il s’identifie alors au serviteur. Laver les pieds était la plus grande humiliation. Les pieds étaient soumis et exposés aux conditions les plus dures, la poussière, les roches, la boue… Pourtant Jésus, le Messie, Fils de Dieu, lave les pieds de chacun de ses disciples. Ces derniers sont scandalisés devant cette humilité. Pierre lui dit: « Tu ne me laveras jamais les pieds! ». Jésus lui répond: « Si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras pas de part avec moi ». Refuser de se faire laver par Jésus, c’est refuser son amitié. Tout comme refuser son pardon est un obstacle à sa grâce. Puis il leur dit que celui qui veut être son disciple doit l’imiter.

Au moment de se mettre à table, Jésus leur dit « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous ». Il a désiré depuis longtemps manger ce repas avec ses amis. Pour leur montrer la profondeur de son amour. En partageant le pain et le vin, il dit « Ceci est mon corps donné pour vous », « Ceci est mon sang versé pour vous ». Ainsi il exprime son désir de se donner lui-même en partage. De se donner totalement à ceux qu’il aime. Le don de lui-même qui permettra à chaque homme et femme d’entrer en communion avec lui pour les siècles à venir. Car il dit « Faites ceci en mémoire de moi » et confère son sacerdoce à ses apôtres.

Eucharistie veut dire rendre grâce. Et l’action de grâce implique une participation, un engagement, au don reçu. C’est pourquoi quand nous participons à l’Eucharistie, nous acceptons en même temps de faire de notre vie un don pour les autres, une Eucharistie. Cela devrait se transmettre dans des gestes concrets d’humilité et de service à l’exemple de Jésus. Il nous a montré que c’est la seule façon de l’imiter parfaitement. Comment notre vie est-elle Eucharistie? Jusqu’où irions-nous pour ceux que nous aimons? ou encore pour ceux que nous aimons moins?

« Christ en vous, l’espérance de la gloire »

Le 51e Congrès Eucharistique International a lieu cette semaine à Cebu, aux Philippines, première ville de l’archipel. Il a débuté le 24 janvier et se termine le 31 janvier une semaine après une fête majeure pour les philippins. La Santo Nino est souligné chaque 3e dimanche du mois de janvier depuis près de 500 ans. Elle rappelle la conversion des Philippines au christianisme et le don d’une statuette de l’Enfant-Jésus à la famille royale de l’archipel par l’Espagne au 16e siècle. Le congrès arrive comme un prélude à la célébration du 5e centenaire dans quelques années.

Le choix de Cebu, et des Philippines, comme lieu pour ce congrès, revêt une importance singulière. Dans ce pays à majorité catholique, soit 85% de la population, l’archipel se dresse comme  un « phare du catholicisme » dans le continent d’Asie. C’est l’expression utilisée par l’envoyé spécial du Pape au congrès, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, à la messe d’ouverture du congrès.

Ce pays est certainement riche spirituellement. Mais c’est aussi un pays qui souffre profondément des effets de la mondialisation. La pauvreté et les inégalités sociales sont flagrantes. Il y a un an le pape François était aux Philippines. Il a prononcé des paroles fortes contre les injustices qui persistent dans le pays. « Il est maintenant plus que jamais nécessaire que les dirigeants politiques se distinguent par leur honnêteté, leur intégrité » avait-il interpellé. De manière concrète, il a posé des gestes de miséricorde au cœur des périphéries. Il a surpris des enfants de la rue, une mode trop courante dans l’archipel, des victimes du typhon Haiyan, des jeunes qui lui ont partagé leurs blessures, surtout familiales. Malgré les défis du peuple, pour le Saint Père, l’Asie est une promesse, et les philippins sont appelés à être missionnaire sur tout le continent.

L’Église a le regard tourné vers l’Asie depuis bien avant la visite du pape François. Le pape émérite Benoit XVI, quand il a annoncé le lieu du prochain congrès eucharistique à Cebu, il souhaitait qu’il devienne une occasion de renouvellement spirituel pour les philippins et pour le monde entier. Puis, lorsque le pape Jean Paul II a célébré les Journée mondiale de la jeunesse avec les Philippins à Manille en 1995. Il avait déclaré que l’Asie est un continent d’avenir pour l’évangélisation des peuples.

Le Congrès Eucharistique International vient raffermir ce que l’Église souhaite pour toute l’Asie. Comme le Pape l’avait affirmé au comité organisateur du Congrès en 2014, « Il existe une carence d’espérance dans le monde, c’est pourquoi l’humanité a besoin d’écouter le message de notre espérance en Jésus Christ ». Pendant une semaine, les participants auront l’opportunité de prier, de célébrer la Messe et d’adorer Jésus dans le Saint Sacrement, pour se nourrir toujours plus de sa vie, accueillir sa mission, et « transformer le monde ».

Les béatitudes, modèle de sainteté

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Réflexion du père Thomas Rosica c.s.b. pour la Solennité de la Toussaint (dimanche 26 octobre 2015)

Les paroles de Mgr Angelo Amato, s.d.b., préfet de la Congrégation pour la cause des saints, prononcées l’année dernière lors du Synode sur La Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Église, résonnent encore dans mon esprit et mon cœur en ce jour de la Solennité de la Toussaint :

Jésus dit: “Je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes” (Mt 11, 29). Pendant deux millénaires, des hommes et des femmes, grands et petits, savants et ignorants, en Orient comme en Occident, se sont mis à l’école du Seigneur Jésus, qui a fait résonner dans leur esprit et dans leur cœur un commandement sublime : “soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait” (Mt 5, 48).

Leur savoir était composé essentiellement par la vie et par la Parole de Jésus : heureux les pauvres, heureux les affligés, heureux les doux, heureux les affamés et assoiffés de la justice, heureux les miséricordieux, heureux les cœurs purs, heureux les artisans de paix, heureux les persécutés. Les saints, comprenant que les béatitudes sont l’essence de l’Évangile et le portrait même de Jésus, l’ont ainsi imité.

Les béatitudes, modèle de sainteté

Les béatitudes énumérées par le Christ dans son Sermon sur la Montagne (Matthieu 5,1-12) sont la recette de sainteté extrême. Comme plusieurs l’ont souligné auparavant, le Mont des Béatitudes est réellement le sommet le plus élevé au monde même s’il se retrouve quelque dizaine de pieds en dessous du niveau de la mer. Sur cette montagne sacrée de la Galilée, Jésus a proclamé la nouvelle loi; une expression de la sainteté du Christ. Il faut préciser qu’il ne s’agit pas d’un code de conduite abstrait. Jésus est pauvre d’esprit, doux, persécuté et artisan de la paix. Il représente plutôt le nouveau « code de sainteté » qui doit être étampé dans nos cœurs et contemplé par les actes de l’Esprit Saint. Sa mort et sa passion sont le couronnement de sa sainteté.

La sainteté est un mode de vie qui implique l’engagement et le passage à l’acte. À l’opposé, elle n’est pas une tentative passive, mais plutôt une série de choix continus qui visent à approfondir son lien à Dieu pour ensuite permettre à cette relation de diriger nos gestes en société. La sainteté nécessite un changement radical dans sa façon de voir les choses et dans son attitude. Lorsqu’on accepte l’appel à la sainteté, Dieu devient l’objectif final de chaque aspect de notre vie.

En observant Jésus, on peut voir la définition même de ce qui est pauvreté de cœur, douceur et compassion, attristement et préoccupation pour la justice, cœur pur, artisan de paix et persécuté. C’est pourquoi il a le droit de dire à chacun, « Viens, suis-moi! » Jésus ne dit pas simplement, « Fais ce que je dis. » Il dit plutôt, « Viens, suis-moi. » 

Faire le point sur la multitude des saints

Les saints et les bienheureux sont nos compagnons de voyage sur le chemin de la vie lors des moments de joie comme ceux de misère. Ils sont des hommes et des femmes qui ont écrit une page nouvelle dans la vie de tellement de gens. Cette pensée fut au cœur du message de Jean-Paul II à l’humanité : la sainteté n’est pas un don réservé à certains. Nous pouvons tous aspirer à la sainteté, car c’est un objectif à notre portée, une grande leçon réaffirmée par le Concile Vatican II et son appel à la sainteté universelle (Lumen Gentium).

Aujourd’hui, la solennité de la Toussaint est une occasion formidable pour l’Église entière de faire le point sur la façon dont le serviteur de Dieu, le pape Jean-Paul II, a changé notre façon de voir les saints et les bienheureux. En presque 27 ans de pontificat, le pape Jean-Paul II a confié 1 338 bienheureux et 482 saints à l’Église.

Jean-Paul II nous a rappelé que les héros et les héroïnes de ce monde offerts aux jeunes d’aujourd’hui sont viciés à la base. Ils nous laissent avec un vide intérieur. Les « vedettes » réelles de son pontificat sont les saints et les bienheureux qui n’ont pas cherché à être considérés comme des héros, à choquer ou à provoquer. Si l’on veut véritablement croire que la grandeur est accessible, nous avons besoin de bons modèles à émuler. Nous avons désespérément besoin de vrais héros et héroïnes qui sont à la fois des exemples à suivre et les témoins de la foi et de la vertu. Ce sont les « vedettes » que les mondes du sport, du cinéma, des sciences et de la musique n’arrivent pas à offrir à la société.

Se placer à l’extrême centre

Plusieurs pensent que la sainteté est réservée aux privilégiés. En fait, devenir saint est la tâche de tout chrétien et on irait même jusqu’à dire la fonction de tous. Nous pensons souvent que les saints sont tout simplement des « excentriques » que le Christ élève comme modèle à émuler, c’est-à-dire plus au moins des personnes qui forment l’exception et qui ne sont pas en phase avec la réalité humaine. Ce qui est certainement le cas des hommes et des femmes qui étaient littéralement « excentriques », c’est-à-dire qu’ils déviaient du juste milieu, de la pratique habituelle, des façons de faire dites ordinaires, de la méthode usuelle. Sous un autre angle, les saints se sont placés à « l’extrême centre ».

Devenez les saints du nouveau millénaire

Jean Paul II, le serviteur de Dieu, a beaucoup parlé aux jeunes de l’appel à la sainteté et de la vocation de sainteté. Dans son message de la Journée mondiale de la jeunesse 2000 à Rome, il s’adressa aux jeunes du monde entier par ses paroles inoubliables qui sont devenues le cri de ralliement pour la plus grande célébration du jubilé:

Jeunes de tous les continents, n’ayez pas peur d’être les saints du nouveau millénaire! Soyez contemplatifs et aimant la prière, cohérents avec votre foi et généreux au service de vos frères, membres actifs de l’Église et artisans de paix. Pour réaliser cet projet de vie engageant , restez à l’écoute de sa Parole, prenez des forces dans les Sacrements, spécialement l’Eucharistie et la Pénitence. Le Seigneur vous veut apôtres intrépides de son Évangile et constructeurs d’une nouvelle humanité.

Deux ans plus tard, en 2002, lors de notre Journée mondiale de la jeunesse au Canada, Jean-Paul II a soulevé encore une fois le thème de la sainteté et des saints dans son message :

De même que le sel donne de la saveur aux aliments et que la lumière éclaire les ténèbres, de même la sainteté donne le sens plénier à la vie, en en faisant un reflet de la gloire de Dieu. Combien de saints, même parmi les jeunes, compte l’histoire de l’Église ! Dans leur amour pour Dieu, ils ont fait resplendir leurs vertus héroïques à la face du monde, devenant des modèles de vie que l’Église a présentés en vue de leur imitation par tous. Chers jeunes, par l’intercession de cette foule immense de témoins, je prie le Dieu trois fois saint de vous rendre saints, les saints du troisième millénaire. [Read more…]

Mère Julienne du Rosaire: missionnaire et adoratrice

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En janvier de cette année nous célébrons le 20e anniversaire du décès de Mère Julienne du Rosaire. Pourtant, elle est à ce jour peu connue en-dehors de sa ville natale, Québec.

Déjà adolescente, elle sent bien un appel à la vie consacrée et est certaine que sa vocation aura un caractère missionnaire. Mais une santé fragile l’obligera de considérer une autre avenue. C’est à ce moment-là qu’elle entre dans une communauté de dominicaines et elle y trouve enfin sa place. Auprès de saint Dominique surgit en elle un autre désir, celui de donner des adorateurs au Père. Encore une fois, sa santé s’affaiblit, cette fois-ci de façon considérable, à cause d’un empoisonnement. Incapable de retrouver la santé rapidement, on lui demande de quitter la communauté. Convaincue de son appel, elle fera, malgré tout, des vœux de chasteté, d’obéissance et de pauvreté, en privé, le 19 mars 1942.

La triple spécificité de sa vocation, dominicaine, missionnaire et adoratrice, se concrétise le 7 octobre 1948, lorsqu’elle crée une nouvelle communauté : les Dominicaines missionnaires adoratrices. Leur maison mère se trouve maintenant à Beauport au Québec. Mais son héritage va au-delà des murs du couvent.

Un héritage qui pourrait se résumer en une seule phrase, pleine de sens, qu’il faudrait tout une vie pour la saisir totalement. « Amour et gloire à la Trinité par le cœur eucharistique de Jésus ». Ces paroles coulaient dans le sang de Mère Julienne comme elles coulent aujourd’hui dans le sang des sœurs de sa communauté. Elle désirait que tous les membres du corps du Christ, vous et moi, goûtent à la vie intérieure de Jésus. Pour que l’apostolat porte du fruit, Mère Julienne nous demande de puiser dans cette vie intérieure de Jésus, qui atteint son sommet dans le don de lui-même sur la croix. Elle nous invite à faire grandir notre amour pour lui dans l’Eucharistie, par la messe et l’adoration du Saint Sacrement.

Ce que Mère Julienne nous demande c’est d’unir tous nos efforts quotidiens au cœur eucharistique de Jésus. Elle qui voulait que sa « vie soit une messe », nous invite dans ce même élan de don de soi, en demeurant toujours conscient de l’amour de Dieu en chacun de nous.

Je vous invite à découvrir cette femme, Mère Julienne du Rosaire, « femme de lumière et de feu ». C’est le titre du livre que j’ai sous les mains et qui raconte sa vie et son œuvre. Son contenu ne représente qu’une parcelle du rayonnement de cette religieuse qui portait un message destiné au monde entier.

Voici une prière qu’elle a composée. Puissions-nous faire de notre vie une « messe » à la manière de Mère Julienne.

Jésus, je te donne mon cœur
 pour que tu y mettes le tien à la place
 et que, par conséquent, j’aime comme Toi Dieu Notre Père; j’aime comme Toi tous mes frères et soeurs.

Que ce ne soit plus moi
 qui vive, mais Toi;
 plus moi qui prie, qui adore mais Toi;
 que ce ne soit plus moi qui travaille, mais Toi;

 plus moi qui souffre, mais toi. Que ce ne soit plus moi qui aime mais Toi.

Que Ton regard transfigure mes yeux
 pour que je voie mes semblables
 comme toi, tu les vois,
 avec bonté et bienveillance.

 Que Ta lumière remplisse mon esprit; qu’à travers moi elle rayonne
 et éclaire ceux que je rencontre.

Que Ton Amour brûle mon cœur
 et passe dans des paroles et des gestes
 pleins de ta douceur, de ta bonté, de ton humilité et de ta tendresse.

Que ma vie soit une incessante 
louange d’adoration
 et d’amour à Dieu Notre Père, 
par un oui sincère 
à ta volonté de tous les instants. Amen.

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