Homélie du pape François lors de la messe à la Steppe Arena

Le dimanche 3 septembre, lors de sa visite apostolique en Mongolie, le pape François a prononcé l’homélie de la messe à la Steppe Arena. Il a dit : « Seul l’amour satisfait la soif de nos cœurs, seul l’amour guérit nos blessures, seul l’amour nous apporte la vraie joie. C’est la voie que Jésus nous a enseignée, c’est le chemin qu’il a ouvert devant nous. »

Voici le texte intégral:

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Steppe Arena (Oulan-Batar)
Dimanche 3 septembre 2023

Avec les paroles du psaume, nous avons prié : « Ô Dieu, […] mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » (Ps 63, 2). Cette merveilleuse invocation accompagne le voyage de notre vie, au milieu des déserts que nous sommes appelés à traverser. Et c’est précisément dans cette terre aride que nous parvient une bonne nouvelle : nous ne sommes pas seuls sur notre chemin ; nos aridités n’ont pas le pouvoir de rendre notre vie stérile à jamais ; le cri de notre soif n’est pas ignoré. Dieu le Père a envoyé son Fils pour nous donner de l’eau vive de l’Esprit Saint afin de désaltérer notre âme (cf. Jn 4, 10). Et Jésus – nous venons de l’entendre dans l’Évangile – nous montre le chemin pour être désaltérés : c’est le chemin de l’amour, qu’il a parcouru jusqu’au bout, jusqu’à la croix, et sur lequel il nous appelle à le suivre « en perdant la vie pour la retrouver » à nouveau (cf. Mt 16, 24-25).

Arrêtons-nous ensemble sur ces deux aspects : la soif qui nous habite et l’amour qui nous désaltère.

Avant tout, nous sommes appelés à reconnaître la soif qui nous habite. Le psalmiste crie à Dieu sa soif ardente parce que sa vie ressemble à un désert. Ses mots ont une résonance particulière dans une terre comme la Mongolie : un territoire immense, riche d’histoire, une terre pleine de culture, mais aussi marqué par l’aridité de la steppe et du désert. Beaucoup d’entre vous sont habitués à la beauté et à la difficulté de marcher, une action qui rappelle un aspect essentiel de la spiritualité biblique, représentée par la figure d’Abraham et, plus généralement, précisément du peuple d’Israël et de tout disciple du Seigneur : en effet, tous, nous sommes tous des « nomades de Dieu », des pèlerins en quête du bonheur, des voyageurs assoiffés d’amour. Le désert évoqué par le psalmiste se réfère donc à notre vie : nous sommes cette terre aride qui a soif d’une eau limpide, d’une eau qui désaltère en profondeur ; c’est notre cœur qui aspire à découvrir le secret de la vraie joie, celle qui, même au milieu des aridités existentielles, peut nous accompagner et nous soutenir. Oui, nous portons en nous une soif inextinguible de bonheur ; nous sommes à la recherche d’un sens et d’une orientation pour notre vie, d’une motivation pour les activités que nous menons chaque jour ; et surtout nous sommes assoiffés d’amour, car c’est seulement l’amour qui nous satisfait vraiment, qui nous fait sentir bien – l’amour nous fait nous sentir bien -, qui nous ouvre à la confiance, en nous faisant goûter la beauté de la vie. Chers frères et sœurs, la foi chrétienne répond à cette soif ; elle la prend au sérieux ; elle ne la supprime pas, elle ne cherche pas à l’étancher avec des palliatifs ou des substituts : non ! Car notre grand mystère se trouve dans cette soif : elle nous ouvre au Dieu vivant, au Dieu Amour qui vient à notre rencontre pour faire de nous ses enfants et des frères et sœurs entre nous.

Nous en arrivons ainsi au deuxième aspect : l’amour qui nous désaltère. Il y a d’abord eu notre soif, existentielle, profonde, et pensons maintenant à l’amour qui nous désaltère. C’est le contenu de la foi chrétienne : Dieu, qui est amour, dans son Fils Jésus, s’est fait proche de toi, de moi, de nous tous, il veut partager ta vie, tes peines, tes rêves, ta soif de bonheur. Certes, nous nous sentons parfois comme une terre déserte, aride et sans eau, mais il est tout aussi vrai que Dieu prend soin de nous et nous offre l’eau limpide et rafraîchissante, l’eau vive de l’Esprit qui, jaillissant en nous, nous renouvelle, en nous libérant du danger de la sécheresse. Cette eau nous est donnée par Jésus. Comme l’affirme saint Augustin, « si nous nous reconnaissons dans l’assoiffé, nous nous reconnaîtrons aussi dans le désaltéré » (Sur le Psaume 62, 3). En effet, si tant de fois dans notre vie nous faisons l’expérience du désert, de la solitude, de la fatigue, de la stérilité, nous ne devons cependant pas oublier ceci : « Pour que nous ne tombions pas en défaillance dans ce désert – ajoute Augustin – le Seigneur répand en nos cœurs la divine rosée de sa parole […]. Nous sommes altérés et nous pouvons nous rafraîchir au moyen de la grâce que Dieu nous accorde. […] Le Seigneur a pris pitié de notre infortune ; il a tracé pour nous une voie dans le désert de notre vie, il nous a donné Notre-Seigneur Jésus-Christ », qui est la voie dans le désert de la vie. « Pour nous consoler dans ce désolant pèlerinage, des prédicateurs de sa parole ont été envoyés par lui vers nous ; il nous a donné de l’eau pour nous désaltérer dans cette aride solitude, car il a rempli ses Apôtres de l’Esprit-Saint qui est devenu en eux une source d’eau vive, jaillissant jusqu’à la vie éternelle » (ibid. 3.8). Ces paroles, chers frères et sœurs, rappellent votre histoire : dans les déserts de la vie et dans la difficulté d’être une petite communauté, le Seigneur ne vous laisse pas manquer de l’eau de sa Parole, surtout à travers les prédicateurs et les missionnaires qui, oints par l’Esprit Saint, en sèment la beauté. Et la Parole toujours, toujours nous ramène à l’essentiel, à l’essentiel de la foi : se laisser aimer par Dieu pour faire de notre vie une offrande d’amour. Car seul l’amour nous désaltère vraiment. N’oublions pas que seul l’amour désaltère vraiment.

C’est ce que Jésus dit d’un ton fort à l’apôtre Pierre dans l’Évangile d’aujourd’hui. Celui-ci n’accepte pas que Jésus doive souffrir, être accusé par les chefs du peuple, passer par la passion et mourir sur la croix. Pierre réagit, Pierre proteste, il voudrait convaincre Jésus qu’il a tort, car selon lui – et c’est ce que nous pensons si souvent nous aussi – le Messie ne peut pas finir vaincu, et ne peut absolument pas mourir crucifié, comme un malfaiteur abandonné par Dieu. Mais le Seigneur réprimande Pierre, parce que sa façon de penser est « selon le monde », dit le Seigneur, et non selon Dieu (cf. Mt 16, 21-23). Si nous pensons que le succès, le pouvoir, les choses matérielles, suffisent à étancher la soif ardente de notre vie, c’est une mentalité mondaine qui ne conduit à rien de bon et, bien plus, nous laisse plus arides qu’auparavant. Jésus, au contraire, nous montre le chemin : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera » (Mt 16, 24-25).

Frères et sœurs, le meilleur chemin est celui-ci : embrasser la croix du Christ. Au cœur du christianisme, se trouve cette nouvelle bouleversante, cette nouvelle extraordinaire : lorsque tu perds ta vie, lorsque tu l’offres généreusement dans le service, lorsque tu la risques en l’engageant dans l’amour, lorsque tu en fais un don gratuit pour les autres, alors elle te revient en abondance, elle répand en toi une joie qui ne passe pas, une paix du cœur, une force intérieure qui te soutient. Et nous avons besoin de paix intérieure.

C’est la vérité que Jésus nous invite à découvrir, que Jésus veut vous révéler à tous, à cette terre de Mongolie : il n’est pas nécessaire d’être grand, riche ou puissant pour être heureux : non ! Seul l’amour désaltère notre cœur, seul l’amour guérit nos blessures, seul l’amour nous donne la vraie joie. Et c’est la voie que Jésus a enseignée et ouverte pour nous.

Écoutons donc frères et sœurs, nous aussi, la parole que le Seigneur dit à Pierre : « Passe derrière moi » (Mt 16, 23), c’est-à-dire : deviens mon disciple, fais le même chemin que moi et ne pense plus selon le monde. Alors, avec la grâce du Christ et de l’Esprit Saint, nous pourrons marcher sur le chemin de l’amour. Même quand aimer signifie se renier soi-même, lutter contre les égoïsmes personnels et mondains, prendre le risque de vivre la fraternité. Car s’il est vrai que tout cela exige des efforts et des sacrifices et signifie parfois devoir monter sur la croix, il est encore plus vrai que lorsque nous perdons notre vie pour l’Évangile, le Seigneur nous la donne en abondance, pleine d’amour et de joie, pour l’éternité.

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Remerciement à la fin de la messe

 

Je voudrais profiter de la présence de ces deux frères évêques, l’évêque émérite de Hong Kong et l’évêque actuel de Hong Kong, pour saluer chaleureusement le noble peuple chinois. À tout le peuple, je souhaite le meilleur, et d’aller toujours de l’avant, de toujours progresser ! Et aux catholiques chinois, je demande d’être de bons chrétiens et de bons citoyens. À tous. Merci.

Merci, Éminence, pour vos paroles, et merci pour votre don ! Vous avez dit qu’en ces jours vous avez touché du doigt combien m’est cher le Peuple de Dieu qui est en Mongolie. Certes, je suis parti pour ce pèlerinage avec beaucoup d’attente, avec le désir de vous rencontrer et de vous connaître, et maintenant je remercie Dieu pour vous parce que, à travers vous, Il aime accomplir de grandes choses dans la petitesse. Merci, parce que vous êtes de bons chrétiens et d’honnêtes citoyens. Allez de l’avant, avec douceur et sans peur, en ressentant la proximité et l’encouragement de toute l’Église, et surtout le regard tendre du Seigneur qui n’oublie personne et qui regarde avec amour chacun de ses enfants.

Je salue les frères évêques, les prêtres, les personnes consacrées et tous les amis venus ici de différents pays, en particulier de diverses régions de l’immense continent asiatique, où je suis honoré de me trouver et que j’étreins avec une grande affection. J’exprime ma gratitude particulière à ceux qui aident l’Église locale, en la soutenant spirituellement et matériellement.

Ces jours-ci, d’importantes délégations du gouvernement ont participé à chaque événement : je remercie Monsieur le Président et les Autorités pour l’accueil et leur cordialité, ainsi que pour tous les préparatifs effectués. J’ai touché du doigt la traditionnelle cordialité : merci !

Je salue également de tout cœur les frères et sœurs d’autres Confessions chrétiennes et religions : continuons à grandir ensemble dans la fraternité, comme des semences de paix dans un monde tristement endeuillé par trop de guerres et de conflits.

Et je voudrais adresser une pensée reconnaissante à tous ceux qui ont travaillé ici, beaucoup et depuis si longtemps, pour rendre ce voyage beau, pour rendre ce voyage possible, et à tous ceux qui l’ont préparé par la prière.

Éminence, vous nous avez rappelé que le mot “merci” en langue mongole vient du verbe “se réjouir”. Mes remerciements s’accordent avec cette merveilleuse intuition de la langue locale, parce qu’ils sont pleins de joie. C’est un grand merci à toi, peuple mongol, pour le don de l’amitié que j’ai reçu ces jours-ci, pour ta capacité authentique d’apprécier même les aspects les plus simples de la vie, de garder avec sagesse les relations et les traditions, de cultiver le quotidien avec soin et attention.

La Messe est action de grâce, “Eucharistie”. La célébrer sur cette terre m’a rappelé la prière du père jésuite Pierre Teilhard de Chardin, adressée à Dieu il y a exactement 100 ans, dans le désert d’Ordos, non loin d’ici. Il dit ainsi : « Je me prosterne, ô Seigneur, devant votre Présence dans l’Univers devenu ardent et, sous les traits de tout ce que je rencontrerai, et de tout ce qui m’arrivera, et de tout ce que je réaliserai en ce jour, je vous désire, je vous attends ». Le Père Teilhard était engagé dans des recherches géologiques. Il désirait ardemment célébrer la Messe, mais il n’avait ni pain ni vin avec lui. C’est alors qu’il composa sa “Messe sur le monde”, exprimant ainsi son offrande : « Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par votre attrait, vous présente à l’aube nouvelle ». Et une prière similaire était déjà née en lui alors qu’il se trouvait au front pendant la Première Guerre mondiale, où il travaillait comme brancardier. Ce prêtre, souvent incompris, avait l’intuition que « l’Eucharistie est toujours célébrée, en un sens – dans un certain sens –, sur l’autel du monde » et qu’elle est « le centre vital de l’univers, le foyer débordant d’amour et de vie inépuisables » (Enc. Laudato si’, n. 236), même à notre époque de tensions et de guerres. Prions donc aujourd’hui avec les paroles du père Teilhard : « Verbe étincelant, Puissance ardente, Vous qui pétrissez le Multiple pour lui insuffler votre vie, abaissez, je vous prie, sur nous, vos mains puissantes, vos mains prévenantes, vos mains omniprésentes».

Frères et sœurs de la Mongolie, merci pour votre témoignage, bayarlalaa ! [merci !]. Que Dieu vous bénisse. Vous êtes dans mon cœur et vous y resterez. Souvenez-vous de moi, s’il vous plaît, dans vos prières et dans vos pensées. Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre œcuménique et interreligieuse : Discours du Saint-Père

Au troisième jour de sa visite apostolique en Mongolie, le pape François s’est adressé à une réunion œcuménique et interreligieuse. Il a partagé l’espoir que « la mémoire des souffrances passées puisse donner la force nécessaire pour transformer les blessures sombres en sources de lumière, la violence insensée en sagesse de vie, le mal dévastateur en bonté constructive. »

Voici le texte intégral:

RENCONTRE ŒCUMÉNIQUE ET INTERRELIGIEUSE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Théâtre Hun (Ulan-Bator)
Dimanche 3 septembre 2023

Bonjour à vous tous, chers frères et sœurs !

Permettez-moi de m’adresser à vous comme frère dans la foi avec les croyants en Christ et comme frère pour vous tous, au nom de la quête religieuse commune et de l’appartenance à la même humanité. L’humanité, dans son aspiration religieuse, peut être comparée à une communauté de voyageurs marchant sur la terre avec le regard tourné vers le ciel. À cet égard, ce qu’un croyant, venu de loin, a dit de la Mongolie est significatif : il a écrit qu’il a voyagé « sans rien voir d’autre que le ciel et la terre » (Guglielmo di Rubruk, Viaggio in Mongolia, XIII/3, Milano 2014, 63). Le ciel, si limpide, si bleu, étreint ici la terre vaste et imposante, évoquant les deux dimensions fondamentales de la vie humaine : la dimension terrestre, faite de relations avec les autres, et la dimension céleste, faite de la recherche de l’Autre, qui nous transcende. La Mongolie rappelle en somme le besoin, pour nous tous, pèlerins et voyageurs, de tourner le regard vers le haut pour trouver le cap de la marche sur la terre.

Je suis donc heureux d’être avec vous en ce moment important de rencontre. Je remercie chaleureusement chacun et chacune pour sa présence et pour chaque intervention qui a enrichi notre réflexion commune. Le fait d’être ensemble dans le même lieu est déjà un message : les traditions religieuses, dans leur originalité et leur diversité, représentent un formidable potentiel de bien au service de la société. Si les responsables des nations choisissaient la voie de la rencontre et du dialogue avec les autres, ils contribueraient certainement de manière décisive à mettre fin aux conflits qui continuent à faire souffrir tant de peuples.

Le bien-aimé peuple mongol, qui peut se targuer d’une histoire de coexistence entre les membres de diverses traditions religieuses, nous donne l’occasion de nous réunir pour apprendre à nous connaître et à nous enrichir mutuellement. Il est bon de rappeler cette expérience vertueuse de l’ancienne capitale impériale, Kharakorum, dans laquelle se trouvaient des lieux de culte appartenant à différentes croyances, témoignant d’une harmonie louable. Harmonie : je voudrais insister sur ce mot au goût typiquement asiatique. Elle est cette relation particulière qui se crée entre des réalités différentes, sans les superposer ni les homologuer, mais dans le respect des différences et au profit de la vie commune. Je me demande : qui, plus que les croyants, est appelé à travailler pour l’harmonie de tous ?

Frères, sœurs, la valeur sociale de notre religiosité se mesure à la manière dont nous parvenons à nous harmoniser avec les autres pèlerins sur terre, et à la manière dont nous parvenons à répandre l’harmonie là où nous vivons. Toute vie humaine, en effet, et à plus forte raison toute religion, est appelée à « se mesurer » en fonction de l’altruisme : non pas un altruisme abstrait, mais concret, se traduisant par la recherche de l’autre et la collaboration généreuse avec l’autre, parce que « le sage se réjouit dans le don, et c’est par là seulement qu’il devient heureux » (The Dhammapada The Buddha’s Path of Wisdom, Sri Lanka 1985, n. 177 ; cf. les paroles de Jésus rapportées dans Ac 20, 35). Une prière, inspirée par François d’Assise, récite : « Là où il y a de la haine, que je mette l’amour, là où il y a l’offense, que je mette le pardon, là où il y a la discorde, que je mette l’union ». L’altruisme construit l’harmonie et là où il y a l’harmonie, il y a l’entente, il y a la prospérité, il y a la beauté. En effet, harmonie est peut-être le synonyme le plus approprié de beauté. En revanche, la fermeture, l’imposition unilatérale, le fondamentalisme et la contrainte idéologique ruinent la fraternité, alimentent les tensions et sapent la paix. La beauté de la vie est le fruit de l’harmonie : elle est communautaire, elle grandit avec la gentillesse, l’écoute et l’humilité. Et c’est le cœur pur qui la saisit, car « la vraie beauté, après tout, réside dans la pureté du cœur » (M.K. Gandhi, Il mio credo, il mio pensiero, Roma 2019, 94).

Les religions sont appelées à offrir au monde cette harmonie que le progrès technique à lui seul ne peut assurer, car, en visant la dimension terrestre, horizontale de l’homme, il risque d’oublier le ciel pour lequel nous sommes faits. Sœurs et frères, nous sommes ici aujourd’hui en tant qu’humbles héritiers d’anciennes écoles de sagesse. En nous rencontrant, nous nous engageons à partager tout le bien que nous avons reçu, afin d’enrichir une humanité qui, dans son cheminement, est souvent désorientée par des recherches à court terme du profit et du bien-être. Elle est souvent incapable de trouver le fil conducteur : tournée uniquement vers les intérêts terrestres, elle finit par ruiner la terre elle-même, confondant progrès et régression, comme le montrent tant d’injustices, tant de conflits, tant de dévastations environnementales, tant de persécutions, tant de rejet de la vie humaine.

L’Asie a beaucoup à offrir à cet égard et la Mongolie, qui se trouve au cœur de ce continent, conserve un grand patrimoine de sagesse, que les religions répandues ici ont contribué à créer et que je voudrais inviter chacun à découvrir et à valoriser. Je ne ferai qu’évoquer, sans les approfondir, dix aspects de cet héritage de sagesse. Dix aspects : le bon rapport avec la tradition, malgré les tentations consuméristes ; le respect des anciens et des ancêtres – combien avons-nous besoin aujourd’hui d’une alliance générationnelle entre eux et les plus jeunes, de dialogue entre les grands-parents et les petits-enfants ! Et puis, le respect de l’environnement, notre maison commune, une autre nécessité d’une actualité brûlante : nous sommes en danger. Et encore : la valeur du silence et de la vie intérieure, antidote spirituel à tant de maux du monde d’aujourd’hui. Ensuite, un sens sain de la sobriété ; la valeur de l’accueil ; la capacité de résister à l’attachement aux choses ; la solidarité, qui découle de la culture des liens entre les personnes ; l’appréciation de la simplicité. Et, enfin, un certain pragmatisme existentiel, qui tend à rechercher avec ténacité le bien de l’individu et de la communauté. Ces dix aspects sont là quelques éléments du patrimoine de sagesse que ce pays peut offrir au monde.

À propos de vos traditions, j’ai déjà dit combien, en préparant ce voyage, j’avais été fasciné par les habitations traditionnelles à travers lesquelles le peuple mongol révèle une sagesse sédimentée par des millénaires d’histoire. La ger constitue en effet un espace humain : en son sein se déroule la vie de la famille, c’est un lieu de convivialité amicale, de rencontre et de dialogue où, même lorsqu’on est nombreux, on sait faire de la place à quelqu’un d’autre. Et puis c’est un point de repère concret, facilement identifiable dans les vastes étendues du territoire mongol ; c’est un motif d’espérance pour ceux qui se sont égarés : s’il y a une ger, il y a la vie. On la trouve toujours ouverte, prête à accueillir l’ami, mais aussi le voyageur et même l’étranger, pour lui offrir un thé fumant qui fait reprendre des forces dans le froid de l’hiver ou un lait fermenté frais qui apporte un rafraîchissement durant les chaudes journées d’été. C’est aussi l’expérience des missionnaires catholiques, provenant d’autres pays, qui sont accueillis ici comme pèlerins et hôtes, et qui entrent sur la pointe des pieds dans ce monde culturel, pour offrir l’humble témoignage de l’Évangile de Jésus-Christ.

Mais, en plus de l’espace humain, la ger évoque l’essentielle ouverture au divin. La dimension spirituelle de cette habitation est représentée par son ouverture vers le haut, avec un seul point d’où la lumière entre, sous la forme d’une lucarne en tranches. L’intérieur devient ainsi un grand cadran solaire, dans lequel la lumière et l’ombre se succèdent, marquant les heures du jour et de la nuit. Il y a là une belle leçon à tirer : le sens du temps qui passe vient d’en haut, et non du simple flux des activités terrestres. Ainsi, à certaines périodes de l’année, le rayon qui pénètre d’en haut illumine l’autel domestique, rappelant la primauté de la vie spirituelle. La coexistence humaine qui se déroule dans l’espace circulaire est ainsi constamment renvoyée à sa vocation verticale, transcendante et spirituelle.

L’humanité réconciliée et prospère, que nous contribuons à promouvoir en tant que représentants de différentes religions, est symboliquement représentée par cette convivialité harmonieuse ouverte à la transcendance, où l’engagement pour la justice et la paix trouve inspiration et fondement dans la relation avec le divin. Ici, chers sœurs et frères, notre responsabilité est grande, surtout en cette heure de l’histoire, car notre comportement est appelé à confirmer dans les faits les enseignements que nous professons ; il ne peut pas les contredire, en devenant un motif de scandale. Aucune confusion donc entre croyance et violence, entre sacré et imposition, entre parcours religieux et sectarisme. Que la mémoire des souffrances endurées dans le passé – je pense en particulier aux communautés bouddhistes – donne la force de transformer les sombres blessures en sources de lumière, l’absurdité de la violence en sagesse de vie, le mal qui détruit en bien qui construit. Qu’il en soit ainsi pour nous, disciples enthousiastes de nos maîtres spirituels respectifs et serviteurs consciencieux de leurs enseignements, disposés à offrir la beauté à ceux que nous accompagnons, en compagnons de route amicaux. Cela est vrai, parce que dans les sociétés pluralistes qui croient aux valeurs démocratiques, comme la Mongolie, toute institution religieuse, dûment reconnue par l’autorité civile, a le devoir et en premier lieu le droit d’offrir ce qu’elle est et ce qu’elle croit, dans le respect de la conscience d’autrui et avec pour objectif le plus grand bien de tous.

En ce sens, je voudrais vous confirmer que l’Église catholique veut marcher dans cette voie, en croyant fermement au dialogue œcuménique, au dialogue interreligieux et au dialogue culturel. Sa foi est fondée sur le dialogue éternel entre Dieu et l’humanité, incarné dans la personne de Jésus-Christ. Avec humilité et dans l’esprit de service qui a animé la vie du Maître, venu dans le monde non pas « pour être servi, mais pour servir » (Mc 10, 45), l’Église aujourd’hui offre le trésor qu’elle a reçu à toute personne et à toute culture, en restant dans une attitude d’ouverture et d’écoute de ce que les autres traditions religieuses ont à offrir. Le dialogue, en effet, n’est pas antithétique à l’annonce : il n’aplatit pas les différences, mais aide à les comprendre, les préserve dans leur originalité et leur permet de se confronter pour un enrichissement franc et réciproque. Ainsi, on peut trouver dans l’humanité bénie par le Ciel la clé pour marcher sur la terre. Frères et sœurs, nous avons une origine commune, qui confère à tous la même dignité, et nous avons un chemin commun, que nous ne pouvons parcourir qu’ensemble, en demeurant sous le même ciel qui nous enveloppe et nous illumine.

Frères et sœurs, notre présence ici aujourd’hui est signe qu’espérer est possible. Espérer est possible. Dans un monde déchiré par les conflits et les discordes, cela pourrait sembler utopique ; pourtant, les plus grandes entreprises commencent dans la discrétion, presque imperceptibles. Le grand arbre naît de la petite graine, enfoui dans la terre. Et si « le parfum des fleurs ne se répand que dans la direction du vent, le parfum de ceux qui vivent selon la vertu se répand dans toutes les directions » (cf. The Dhammapada, n. 54). Faisons fleurir cette certitude que nos efforts communs pour dialoguer et construire un monde meilleur ne sont pas vains. Cultivons l’espérance. Comme l’a dit un philosophe : « Chacun fut grand selon ce qu’il a espéré. L’un fut grand en espérant le possible, un autre en espérant l’éternel, mais celui qui espéra l’impossible fut le plus grand de tous » (S.A. Kierkegaard, Crainte et tremblement, Milan 2021, 16). Que les prières que nous élevons vers le ciel et la fraternité que nous vivons sur la terre nourrissent l’espérance ; qu’elles soient le témoignage simple et crédible de notre religiosité, de notre marche ensemble avec le regard fixé vers le haut, de notre façon d’habiter le monde en harmonie – n’oublions pas le mot « harmonie » – en tant que pèlerins appelés à garder l’atmosphère de la maison, pour tous. Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les évêques, les prêtres, les missionnaires, les personnes consacrées et les agents pastoraux: discours du Saint-Père

Le samedi 2 septembre, le pape François a poursuivi sa visite apostolique en Mongolie en rencontrant le clergé, les religieux, les missionnaires et les agents pastoraux. Il les a encouragés à « dépenser leur vie pour l’Évangile parce qu’ils ont « goûté » le Dieu qui s’est rendu visible, que l’on peut toucher et rencontrer en Jésus. »

Voici le texte intégral:

RENCONTRE AVEC LES ÉVÊQUES, LES PRÊTRES, LES MISSIONNAIRES,
LES PERSONNES CONSACRÉES ET LES AGENTS PASTORAUX

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul (Oulan-Bator)
Samedi 2 septembre 2023

 

Chers frères et sœurs, bon après-midi !

Merci, Excellence, pour vos paroles, merci à Sœur Salvia, à l’abbé Peter Sanjaajav et à Rufina pour vos témoignages, merci à vous tous pour votre présence et votre foi ! Je suis heureux de vous rencontrer. La joie de l’Évangile est la raison qui vous a poussés, hommes et femmes consacrés dans la vie religieuse et dans le ministère ordonné, à être ici et à vous dévouer, avec vos sœurs et vos frères laïcs, au Seigneur et aux autres. Je bénis Dieu pour cela. Je le fais à travers une belle prière de louange, le Psaume 34, duquel je m’inspire pour partager quelques réflexions avec vous. Il dit : « Goûtez et voyez : le Seigneur est bon » (v. 9).

Goûter et voir, parce que la joie et la bonté du Seigneur ne sont pas quelque chose de passager, mais demeurent à l’intérieur, donnent du goût à la vie et font voir les choses d’une manière nouvelle ; comme tu nous l’as dit, Rufina, dans ton beau témoignage. Je voudrais donc savourer le goût de la foi sur cette terre en me rappelant avant tout d’histoires et de visages, de vies dépensées pour l’Évangile. Dépenser sa vie pour l’Évangile : c’est une belle définition de la vocation missionnaire du chrétien, et en particulier de la manière dont les chrétiens la vivent ici. Dépenser sa vie pour l’Évangile !

Je me souviens ensuite de l’évêque Wenceslao Selga Padilla, premier Préfet Apostolique, pionnier de la phase contemporaine de l’Église en Mongolie et bâtisseur de cette cathédrale. Ici, toutefois, la foi ne remonte pas seulement aux années quatre-vingt-dix du siècle dernier, mais elle a des racines très anciennes. Aux expériences du premier millénaire, marquées par le mouvement évangélisateur de tradition syriaque, répandu le long de la route de la soie, a succédé un travail missionnaire considérable : comment ne pas rappeler les missions diplomatiques du XIIIe siècle, mais aussi la sollicitude apostolique manifestée par la nomination, vers 1310, de Jean de Montecorvino comme premier évêque de Khān Bālīq, et donc responsable de cette vaste région du monde sous la dynastie mongole Yuan ? C’est justement lui qui a fourni la première traduction mongole du Livre des Psaumes et du Nouveau Testament. Eh bien, cette grande histoire de passion pour l’Évangile a repris de façon extraordinaire en 1992 avec l’arrivée des premiers missionnaires de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie, auxquels se sont joints des représentants d’autres instituts, du clergé diocésain et des volontaires laïcs. Parmi eux tous, je voudrais rappeler l’actif et zélé Père Stephano Kim Seong-hyeon. Et souvenons-nous de tant de fidèles serviteurs de l’Évangile en Mongolie, qui sont ici avec nous en ce moment et qui, après avoir dépensé leur vie pour le Christ, voient et goûtent les merveilles que sa bonté continue d’opérer en vous et par vous. Merci.

Mais pourquoi dépenser sa vie pour l’Évangile ? C’est une question que je vous pose. Comme le disait Rufina, la vie chrétienne avance en posant des questions, comme les enfants qui demandent toujours de nouvelles choses, parce qu’ils ne comprennent pas tout à l’âge des pourquoi. Et la vie chrétienne s’approche du Seigneur et pose toujours des questions, pour mieux comprendre le Seigneur, pour mieux comprendre son message. Dépenser la vie pour l’Évangile parce qu’on a goûté (cf. Ps 34) ce Dieu qui s’est rendu visible, tangible, accessible en Jésus. Oui, c’est Lui la bonne nouvelle destinée à tous les peuples, l’annonce que l’Église ne peut cesser d’apporter, en l’incarnant dans la vie et “en le murmurant” au cœur des individus et des cultures. Le langage de Dieu, tant de fois, est un murmure lent, qui prend son temps ; Il parle ainsi. Cette expérience de l’amour de Dieu dans le Christ est une lumière pure qui transfigure le visage et le rend lumineux à son tour. Frères et sœurs, la vie chrétienne naît de la contemplation de ce visage, c’est une question d’amour, de rencontre quotidienne avec le Seigneur dans la Parole et dans le Pain de Vie, et dans le visage de l’autre, dans les nécessiteux en qui Jésus est présent. Tu nous l’as rappelé, Sœur Salvia, avec ton témoignage, merci ! Cela fait plus de 20 ans que tu es ici et tu as appris à dialoguer avec ce peuple : merci.

Durant ces trente un an de présence en Mongolie, vous, chers prêtres, consacrés et agents pastoraux, vous avez donné vie à une grande variété d’initiatives caritatives, qui absorbent la plus grande partie de vos énergies et reflètent le visage miséricordieux du Christ Bon Samaritain. Elles sont votre carte de visite qui vous a rendus respectés et estimés pour les nombreux bienfaits que vous avez apportés à tant de personnes dans différents domaines : de l’assistance à l’éducation, en passant par les soins de santé et la promotion culturelle. Je vous encourage à poursuivre sur cette voie féconde et bénéfique pour le bien-aimé peuple mongol. Des Gestes d’amour et des gestes de charité.

En même temps, je vous invite à goûter et à voir le Seigneur – goûter et voir le Seigneur –, je vous invite à revenir toujours à ce regard originel d’où tout est né. Sans lui, en effet, les forces s’épuisent et l’engagement pastoral risque de devenir une prestation de services stérile, dans une succession d’actions dues, qui finissent par ne plus rien transmettre d’autre que lassitude et frustration. Au contraire, en restant en contact avec le visage du Christ, en le scrutant dans les Écritures et en le contemplant dans un silence d’adoration – dans un silence d’adoration – devant le tabernacle, vous le reconnaîtrez sur les visages de ceux que vous servez et vous vous sentirez transportés par une joie intime qui, même dans les difficultés, laisse la paix au cœur. C’est de cela que nous avons besoin, aujourd’hui et toujours : non pas de personnes occupées et distraites qui réalisent des projets, au risque parfois de paraître amères face à une vie qui n’est certainement pas facile, non : le chrétien est celui qui est capable d’adorer, d’adorer en silence. Et puis, de cette adoration naît l’activité. Mais n’oubliez pas l’adoration. Nous avons un peu perdu le sens de l’adoration en ce siècle pragmatique : n’oubliez pas d’adorer et, de l’adoration, de faire les choses. Il faut revenir à la source, au visage de Jésus, à sa présence à savourer : c’est Lui notre trésor (cf. Mt 13, 44), la perle précieuse pour laquelle il vaut la peine de tout dépenser (cf. Mt 13, 45-46). Les frères et sœurs de Mongolie qui ont un sens prononcé du sacré et – comme c’est typiquement le cas sur le continent asiatique – une histoire religieuse riche et articulée, attendent de vous ce témoignage et savent en reconnaître l’authenticité. C’est un témoignage que vous devez donner, parce que l’Évangile ne croît pas par le prosélytisme, l’Évangile croît par le témoignage.

Le Seigneur Jésus, en envoyant les siens dans le monde, ne les a pas envoyés pour propager une pensée politique, mais pour témoigner par leur vie de la nouveauté de la relation avec son Père, devenu “notre Père” (cf. Jn 20, 17), déclenchant ainsi une fraternité concrète avec chaque peuple. L’Église, qui naît de ce mandat, est une Église pauvre, qui ne repose que sur une foi authentique, sur la puissance désarmante et désarmée du Ressuscité, capable de soulager les souffrances de l’humanité blessée. Voilà pourquoi les gouvernements et les institutions séculières n’ont rien à craindre de l’action évangélisatrice de l’Église, parce que celle-ci n’a pas d’agenda politique à poursuivre, mais ne connaît que la force humble de la grâce de Dieu et d’une Parole de miséricorde et de vérité, capable de promouvoir le bien de tous.

Pour accomplir cette mission, le Christ a doté son Église d’une structure qui rappelle l’harmonie qui existe entre les différents membres du corps humain : Il en est la Tête, c’est-à-dire la tête qui continue à la guider, en répandant dans le Corps, c’est-à-dire en nous, son propre Esprit, opérant surtout dans ces signes de vie nouvelle que sont les sacrements. Pour en garantir l’authenticité et l’efficacité, il a institué l’ordre sacerdotal, marqué par une association intime avec Lui, avec Lui qui est le Bon Pasteur qui donne sa vie pour son troupeau. Toi aussi, abbé Peter, tu as été appelé à cette mission : merci d’avoir partagé ton expérience avec nous. Ainsi, même le saint Peuple de Dieu qui est en Mongolie possède la plénitude des dons spirituels. Et dans cette perspective, je vous invite à voir dans l’évêque non pas un gestionnaire, mais l’image vivante du Christ Bon Pasteur qui rassemble et qui guide son peuple ; un disciple comblé du charisme apostolique pour édifier votre fraternité dans le Christ et l’enraciner toujours plus dans cette nation à la noble identité culturelle. Le fait que votre évêque soit un Cardinal se veut ainsi une expression supplémentaire de proximité : vous tous, éloignés seulement physiquement, vous êtes très proches du cœur de Pierre ; et toute l’Église est proche de vous, de votre communauté, qui est vraiment catholique, c’est-à-dire universelle, et qui attire la sympathie de tous vos frères et sœurs dispersés dans le monde entier vers la Mongolie, dans une grande communion ecclésiale.

Et j’insiste sur ce mot : communion. L’Église ne se comprend pas sur la base d’un critère purement fonctionnel : non, l’Église n’est pas une entreprise fonctionnelle, l’Église ne grandit pas par prosélytisme, comme je l’ai dit. L’Église est une autre chose. Le mot “communion” nous explique bien ce qu’est l’Église. Dans ce corps de l’Église, l’évêque n’agit pas comme modérateur des différentes composantes en s’appuyant éventuellement sur le principe de la majorité, mais en vertu d’un principe spirituel, selon lequel Jésus Lui-même se rend présent en la personne de l’évêque pour assurer la communion dans son Corps mystique. En d’autres termes, l’unité de l’Église n’est pas une question d’ordre ni de respect, ni une bonne stratégie pour “faire équipe” ; c’est une question de foi et d’amour envers le Seigneur, c’est une fidélité à Lui. C’est pourquoi il est important que toutes les composantes ecclésiales s’unissent autour de l’évêque, qui représente le Christ vivant au milieu de son peuple, en construisant cette communion synodale qui est déjà une annonce et qui aide tant à inculturer la foi.

Très chers missionnaires, goûtez et voyez le don que vous êtes, goûtez et voyez la beauté de vous donner entièrement au Christ qui vous a appelés à témoigner de son amour précisément ici en Mongolie. Continuez à le faire en cultivant la communion. Réalisez-le dans la simplicité d’une vie sobre, à l’imitation du Seigneur, qui est entré à Jérusalem sur le dos d’un âne et qui fut même dépouillé de ses vêtements sur la croix. Soyez toujours proches des personnes, avec cette proximité qui est l’attitude de Dieu : Dieu est proche, compatissant et tendre – proximité, compassion et tendresse. Soyez ainsi avec les personnes, en prenant soin d’eux personnellement, en apprenant leur langue, en respectant et en aimant leur culture, en ne vous laissant pas tenter par des certitudes mondaines, mais en demeurant fermes dans l’Évangile à travers une rectitude exemplaire de vie spirituelle et morale. Simplicité et proximité, donc, sans vous lasser d’apporter à Jésus les visages et les histoires que vous rencontrez, les problèmes et les préoccupations, en consacrant du temps à la prière quotidienne qui vous permet de vous tenir debout dans les fatigues du service et de puiser en « Dieu de qui vient tout réconfort » (2 Co 1, 3), l’espérance à déverser dans les cœurs de ceux qui souffrent.

Frères et sœurs, près du Seigneur, en effet, une certitude se renforce en nous, comme nous le révèle toujours le Psaume 34 : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. […] qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien » (v. 10-11). Certes, les déséquilibres et les contradictions de la vie affectent aussi les croyants, et les évangélisateurs ne sont pas exemptés de ce poids d’inquiétude qui est propre à la condition humaine : le psalmiste ne craint pas de parler de la malice et des malfaiteurs, mais il rappelle que le Seigneur, devant le cri des humbles, « les délivre de toutes leurs angoisses », parce que « il est proche du cœur brisé » et que « il sauve l’esprit abattu » (vv. 18-19). C’est pourquoi l’Église se présente au monde comme une voix solidaire de tous les pauvres et de tous les nécessiteux, elle ne se tait pas face aux injustices et, avec douceur, elle s’engage à promouvoir la dignité de tout être humain.

Chers amis, sur ce chemin de disciples-missionnaires, vous avez un soutien sûr : notre Mère céleste, qui – cela m’a beaucoup plu de le découvrir ! – a voulu vous donner un signe tangible de sa présence discrète et bienveillante en permettant qu’une effigie d’elle soit retrouvée dans une décharge. Cette belle statue de l’Immaculée Conception est apparue dans un dépotoir : sans tache, préservée de tout péché, elle a voulu se faire proche au point d’être mêlée aux déchets de la société, de sorte que la pureté de la sainte Mère de Dieu, la Mère du Ciel, a émergé de la saleté des ordures. J’ai appris l’intéressante tradition mongole de la suun dalai ijii, la mère au cœur aussi grand qu’un océan de lait.Si, dans le récit de l’Histoire secrète des Mongols, une lumière descendue à travers l’ouverture supérieure de la ger féconde la mythique reine Alungoo, vous pouvez contempler dans la maternité de la Vierge Marie l’action de la lumière divine qui d’en haut accompagne chaque jour les avancées de votre Église.

En levant les yeux vers Marie, soyez donc rassurés, en voyant que la petitesse n’est pas un problème, mais un atout. Oui, Dieu aime la petitesse et aime accomplir de grandes choses à travers la petitesse, comme en témoigne Marie (cf. Lc 1, 48-49). Frères et sœurs, n’ayez pas peur du petit nombre, des succès qui tardent, de la valeur qui ne se manifeste pas. Ce n’est pas la voie de Dieu. Regardons Marie qui, dans sa petitesse, est plus grande que les cieux, parce qu’elle a accueilli en elle Celui que les cieux et les hauteurs des cieux ne peuvent contenir (cf. 1 R 8, 27). Frères et sœurs, confions-nous à elle, en lui demandant un zèle renouvelé, un amour ardent qui ne se lasse pas de témoigner joyeusement de l’Évangile. Et allez de l’avant, courageux, ne vous fatiguez pas d’aller de l’avant. Merci beaucoup pour votre témoignage. Lui, le Seigneur, vous a choisis et croit en vous ; je suis avec vous et de tout mon cœur je vous dis : merci ; merci pour votre témoignage, merci pour votre vie dépensée pour l’Évangile. Continuez ainsi, constants dans la prière, continuez créatifs dans la charité, continuez inébranlables dans la communion, joyeux et doux en tout et avec tous. Je vous bénis de tout cœur et je vous garde dans mes pensées. Et vous, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Me

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique : Discours de Sa Sainteté

Le pape François a prononcé son premier discours lors de sa visite apostolique en Mongolie le 2 septembre, à l’occasion d’une rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique du pays. Il a exprimé l’espoir en se référant à un proverbe mongol « que les sombres nuages de la guerre passent, qu’ils soient balayés par la volonté ferme d’une fraternité universelle où les tensions sont résolues sur la base de la rencontre et du dialogue, et où les droits fondamentaux sont garantis à tous ! »

Voici le texte intégral:

Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique : Discours de Sa Sainteté

Salle “Ikh Mongol” du Palais d’État (Oulan-Bator)
Samedi 2 septembre 2023

 

Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président du Grand Khoural d’État,
Monsieur le Premier Ministre,
distingués Membres du Gouvernement et du Corps diplomatique,
illustres Autorités civiles et religieuses,
éminents Représentants du monde de la culture,
Mesdames et Messieurs !

Je remercie le Président pour son accueil et pour les mots qu’il m’a adressés, et j’adresse à chacun de vous mes salutations cordiales. Je suis honoré d’être ici, heureux de m’être rendu dans ce pays fascinant et vaste, auprès de ce peuple qui connaît bien le sens et la valeur du chemin. C’est ce que révèlent ses habitations traditionnelles, les ger, de magnifiques maisons itinérantes. J’imagine entrer pour la première fois, avec respect et émotion, dans l’une de ces tentes circulaires qui parsèment la majestueuse terre mongole, afin de vous rencontrer et mieux vous connaître. Me voici donc à l’entrée, pèlerin de l’amitié, venu à vous sur la pointe des pieds et le cœur joyeux, désireux de m’enrichir humainement en votre présence.

Lorsqu’on entre dans la maison d’amis, il est beau de s’échanger des cadeaux, en les accompagnant de mots qui évoquent les précédentes occasions de rencontre. Et si les relations diplomatiques modernes entre la Mongolie et le Saint-Siège sont récentes – cette année marque le 30ème anniversaire de la signature d’une lettre visant à renforcer les relations bilatérales – bien plus loin dans le passé, il y a exactement 777 ans, entre la fin du mois d’août et le début du mois de septembre 1246, Fra Giovanni di Pian del Carpine, émissaire du Pape, rendit visite à Guyug, le troisième empereur mongol, et remit au Grand Khan la lettre officielle du Pape Innocent IV. Peu après, la lettre de réponse, marquée du sceau du Grand Khan en caractères mongols traditionnels, fut rédigée et traduite en plusieurs langues. Elle est conservée à la bibliothèque du Vatican et j’ai aujourd’hui l’honneur de vous en remettre une copie authentique, réalisée avec les techniques les plus avancées pour en garantir la meilleure qualité possible. Puisse-t-elle être le signe d’une amitié ancienne qui grandit et se renouvelle.

J’ai appris que de la porte de la ger, tôt le matin, les enfants de vos campagnes regardent l’horizon lointain pour compter le bétail et en rapporter le nombre à leurs parents. Il est bon pour nous aussi d’embrasser du regard le vaste horizon qui nous entoure, en dépassant l’étroitesse de vues et en nous ouvrant à une mentalité d’ampleur globale, comme nous y invitent les ger, qui, nées de l’expérience du nomadisme des steppes, se sont répandues sur un vaste territoire, devenant un élément d’identification des différentes cultures voisines. Les immenses espaces de vos régions, du désert de Gobi à la steppe, des grandes prairies aux forêts de conifères, jusqu’aux chaînes montagneuses de l’Altaï et du Khangaï, avec les innombrables boucles des cours d’eau qui, vues d’en haut, ressemblent à des décorations raffinées sur d’anciennes étoffes précieuses : tout cela est un miroir de la grandeur et de la beauté de la planète tout entière, appelée à être un jardin accueillant. Votre sagesse, la sagesse de votre peuple, accumulée au fil des générations d’éleveurs et d’agriculteurs prudents, toujours attentifs à ne pas perturber l’équilibre délicat de l’écosystème, a beaucoup à enseigner à ceux qui, aujourd’hui, ne veulent pas s’enfermer dans la poursuite d’un intérêt particulier à court terme, mais souhaitent léguer à la postérité une terre encore accueillante, une terre encore fertile. Ce qui, pour nous chrétiens, est la création, c’est-à-dire le fruit du dessein bienveillant de Dieu, vous nous aidez à le reconnaître et à le promouvoir avec délicatesse et attention, en contrecarrant les effets de la dévastation humaine par une culture de l’attention et de la prévoyance, qui se traduit par des politiques d’écologie responsable. Les ger sont des espaces de vie que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de smart et de green, car elles sont adaptables, multifonctionnels et n’ont aucun impact sur l’environnement. En outre, la vision holistique de la tradition chamanique mongole et le respect de chaque être vivant, issus de la philosophie bouddhiste, représentent une contribution précieuse à l’engagement urgent et désormais incontournable en faveur de la protection de la planète Terre.

Les ger, présentes dans les zones rurales comme dans les centres urbains, témoignent également de la précieuse combinaison entre tradition et modernité ; elles réunissent, en effet, la vie des personnes âgées et des jeunes, racontant la continuité du peuple mongol qui, de l’Antiquité à nos jours, a su préserver ses racines en s’ouvrant, surtout au cours des dernières décennies, aux grands défis mondiaux que sont le développement et la démocratie. La Mongolie d’aujourd’hui, en effet, avec son vaste réseau de relations diplomatiques, son adhésion active aux Nations Unies, son engagement en faveur des droits de l’homme et de la paix, joue un rôle important au cœur du grand continent asiatique et sur la scène internationale. Je voudrais également souligner votre détermination à mettre fin à la prolifération nucléaire et à vous présenter au monde comme un pays exempt d’armes nucléaires : la Mongolie est non seulement une nation démocratique qui met en œuvre une politique étrangère pacifique, mais elle entend également jouer un rôle important pour la paix dans le monde. En outre – autre élément providentiel à mentionner – la peine capitale ne figure plus dans votre système judiciaire.

Grâce à leur adaptabilité aux extrêmes climatiques, les ger permettent de vivre dans des territoires très différents, comme ce fut le cas lors de l’épopée bien connue de l’empire mongol, celui qui a connu la plus vaste continuité territoriale de tous les temps – par ailleurs, j’arrive en Mongolie pour un anniversaire important pour vous, le 860ème de la naissance de Gengis Khan. Au cours des siècles, embrasser des terres lointaines et si diverses a mis en évidence la capacité peu commune de vos ancêtres à reconnaître les excellences des peuples qui composaient l’immense territoire impérial et à les mettre au service du développement commun. C’est un exemple à valoriser et à proposer de nouveau à notre époque. Plaise au Ciel que sur la terre, ravagée par trop de conflits, les conditions de ce qui fut autrefois la pax mongolica, c’est-à-dire l’absence de conflits, soient reproduites dans le respect des lois internationales encore aujourd’hui. Comme le dit l’un de vos proverbes, « les nuages passent, le ciel reste » : que les sombres nuages de la guerre passent, qu’ils soient balayés par la volonté ferme d’une fraternité universelle où les tensions sont résolues sur la base de la rencontre et du dialogue, et où les droits fondamentaux sont garantis à tous ! Ici, dans votre pays riche d’histoire et de ciel, implorons ce don d’En-Haut et travaillons ensemble à la construction d’un avenir de paix.

En entrant dans une ger traditionnelle, le regard est attiré vers le point central le plus élevé, où se trouve une fenêtre sur le ciel. Je voudrais insister sur cette attitude fondamentale que votre tradition nous aide à redécouvrir : savoir garder le regard fixé vers le haut. Lever les yeux vers le ciel – l’éternel ciel bleu que vous vénérez toujours – signifie rester dans une attitude d’ouverture docile aux enseignements religieux. Il y a en effet une profonde connotation spirituelle entre les fibres de votre identité culturelle et il est beau que la Mongolie soit un symbole de liberté religieuse. Dans la contemplation des horizons sans fin et peu peuplés d’êtres humains, s’est en effet affinée dans votre peuple une propension au spirituel, à laquelle on accède en valorisant le silence et l’intériorité. Face à l’autorité solennelle de la terre qui vous entoure avec ses innombrables phénomènes naturels, naît aussi un sentiment d’émerveillement, qui suggère humilité et sobriété, choix de l’essentiel et capacité de détachement de tout ce qui ne l’est pas. Je pense au danger que représente l’esprit de consommation qui, aujourd’hui, en plus de créer tant d’injustices, conduit à un individualisme oublieux des autres et des bonnes traditions que nous avons reçues. Les religions, en revanche, lorsqu’elles s’appuient sur leur patrimoine spirituel originel et ne sont pas corrompues par des déviances sectaires, sont en effet des soutiens fiables dans la construction de sociétés saines et prospères, où les croyants se dépensent afin que la coexistence civile et la planification politique soient toujours davantage au service du bien commun, en représentant également une barrière contre le dangereux virus de la corruption. Celui-ci constitue en tout point une menace sérieuse pour le développement de tout groupe humain, en se nourrissant d’une mentalité utilitariste et sans scrupules qui appauvrit des pays entiers. La corruption appauvrit des pays entiers. Il est révélateur d’un regard qui se détourne du ciel et fuit les vastes horizons de la fraternité, en se refermant sur lui-même et en faisant passer ses propres intérêts avant tout le reste.

Au contraire, beaucoup de vos premiers leaders furent des protagonistes d’un regard tourné vers le haut et d’une vision plus ample, faisant preuve d’une capacité peu commune à intégrer des voix et des expériences différentes, y compris du point de vue religieux. En effet, une attitude respectueuse et conciliante était également réservée aux nombreuses traditions sacrées, comme en témoignent les différents lieux de culte – dont un chrétien – préservés dans l’ancienne capitale Kharakhorum. C’est donc presque naturellement que vous êtes parvenus à la liberté de pensée et de religion, entérinée par votre Constitution actuelle ; après avoir surmonté, sans effusion de sang, l’idéologie athée qui croyait devoir éradiquer le sens religieux, le considérant comme un frein au développement, vous vous reconnaissez aujourd’hui dans cette valeur essentielle d’harmonie et de synergie entre croyants de différentes confessions, qui – chacun de son point de vue – contribuent au progrès moral et spirituel.

En ce sens, la communauté catholique mongole est heureuse de continuer à apporter sa propre contribution. Elle a commencé, il y a un peu plus de trente ans, à célébrer sa foi précisément à l’intérieur d’une ger et même la cathédrale actuelle, qui se trouve dans cette grande ville, en rappelle la forme. Ce sont des signes du désir de partager son œuvre, dans un esprit de service responsable et fraternel avec le peuple mongol, qui est son peuple. Je me réjouis donc que la communauté catholique, aussi petite et discrète soit-elle, participe avec enthousiasme et engagement à la croissance du pays, en diffusant la culture de la solidarité, la culture du respect de tous et la culture du dialogue interreligieux, et en œuvrant pour la justice, la paix et l’harmonie sociale. Je souhaite que, grâce à une législation clairvoyante et attentive aux besoins concrets, les catholiques locaux, aidés par des hommes et des femmes consacrés nécessairement provenant principalement d’autres pays, puissent toujours offrir sans difficulté leur contribution humaine et spirituelle à la Mongolie, au bénéfice de ce peuple. À cet égard, la négociation en cours pour la conclusion d’un accord bilatéral entre la Mongolie et le Saint-Siège représente un canal important pour atteindre ces conditions essentielles au déroulement des activités ordinaires dans lesquelles l’Église catholique est engagée. Parmi celles-ci, outre la dimension plus proprement religieuse du culte, se distinguent les nombreuses initiatives de développement humain intégral, déclinées également dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’assistance, de la recherche et de la promotion culturelle : elles témoignent bien de l’esprit humble, l’esprit fraternel et solidaire de l’Évangile de Jésus, unique voie que les catholiques sont appelés à suivre sur le chemin qu’ils partagent avec tous les peuples.

La devise choisie pour ce Voyage, « Espérer ensemble« , exprime précisément le potentiel inhérent à la marche avec l’autre, dans le respect mutuel et la synergie en vue du bien commun. L’Église catholique, institution ancienne et répandue dans presque tous les pays, témoigne d’une tradition spirituelle, d’une tradition noble et féconde qui a contribué au développement de nations entières dans de nombreux domaines de la vie humaine, de la science à la littérature, de l’art à la politique. Je suis certain que les catholiques mongols sont aussi et seront prêts à apporter leur contribution à la construction d’une société prospère et sûre, en dialogue et en collaboration avec toutes les composantes qui habitent cette grande terre bénie du ciel.

« Sois comme le ciel ». Par ces mots, un célèbre poète invitait à transcender le caractère éphémère des vicissitudes terrestres, en imitant la magnanimité inspirée précisément par l’immense et limpide ciel bleu qui se contemple en Mongolie. Nous aussi, aujourd’hui, pèlerins et invités dans ce pays qui peut tant offrir au monde, nous désirons répondre à cette invitation, en la traduisant en signes concrets de compassion, de dialogue et de projet commun. Puissent les différentes composantes de la société mongole, bien représentées ici, continuer à offrir au monde la beauté et la noblesse d’un peuple unique. Tout comme votre écriture, puissiez-vous ainsi rester « debout » et soulager tant de souffrances humaines autour de vous, en rappelant à tous la dignité de chaque être humain, appelé à habiter la maison terrestre en étreignant le ciel. Bayarlalaa ! [merci !].

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – Mercredi 9 Août 2023

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François poursuit sa catéchèse sur le voyage apostolique au Portugal à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse qui ont eu lieu du 1er au 6 août 2023.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Ces derniers jours, je suis allé au Portugal pour les 37èmes Journées Mondiales de la Jeunesse.

Ces JMJ de Lisbonne, qui ont eu lieu après la pandémie, ont été ressenties par tous comme un don de Dieu qui a remis en mouvement les cœurs et les pas des jeunes, tant de jeunes de toutes les parties du monde – beaucoup – pour aller se rencontrer et rencontrer Jésus.

La pandémie, nous le savons bien, a gravement affecté les comportements sociaux : le confinement a souvent dégénéré en renfermement, et les jeunes ont été particulièrement touchés. Avec ces Journées Mondiales de la Jeunesse, Dieu a donné un coup de pouce dans la direction opposée : elles ont marqué un nouveau départ du grand pèlerinage des jeunes à travers les continents, au nom de Jésus-Christ. Et ce n’est pas un hasard si c’est arrivé à Lisbonne, une ville qui donne sur l’océan, une ville-symbole des grandes explorations maritimes.

C’est ainsi qu’aux Journées Mondiales de la Jeunesse, l’Évangile a proposé aux jeunes le modèle de la Vierge Marie. Au moment le plus critique pour elle, [Marie] va rendre visite à sa cousine Elisabeth. L’Evangile dit : « elle se leva et partit en hâte  » (Lc 1,39). J’aime beaucoup invoquer la Vierge sous cet aspect : la Vierge  » en hâte « , qui fait toujours les choses en hâte, jamais, elle ne nous fait attendre, parce qu’elle est la mère de tous. – Ainsi Marie aujourd’hui au troisième millénaire, guide le pèlerinage des jeunes à la suite de Jésus. Comme elle l’avait déjà fait il y a un siècle au Portugal, à Fatima, lorsqu’elle s’est adressée à trois enfants, leur confiant un message de foi et d’espérance pour l’Église et le monde. C’est pourquoi, dans les JMJ, je suis retourné à Fatima, sur le lieu de l’apparition, et avec quelques jeunes malades, j’ai prié Dieu pour qu’il guérisse le monde des maladies de l’âme : l’orgueil, le mensonge, l’inimitié, la violence – ce sont des maladies de l’âme et le monde est malade de ces maladies. Et nous avons renouvelé la consécration de nous-mêmes, de l’Europe, du monde au cœur de Marie, au Cœur Immaculé de Marie. J’ai prié pour la paix, parce qu’il y a beaucoup de guerres dans toutes les parties du monde, beaucoup.

Les jeunes du monde entier sont venus à Lisbonne en grand nombre et avec un grand enthousiasme. Je les ai également rencontrés en petits groupes, certains avec beaucoup de problèmes ; le groupe de jeunes Ukrainiens racontait des histoires qui étaient douloureuses. Ce n’était pas des vacances, ni un voyage touristique, ni même un événement spirituel en soi ; les Journées Mondiales de la Jeunesse sont une rencontre avec le Christ vivant à travers l’Église. Les jeunes vont à la rencontre du Christ. C’est vrai, là où il y a des jeunes, il y a de la joie et il y a un peu de tout cela.

Ma visite au Portugal, à l’occasion des JMJ, a bénéficié de l’ambiance festive de cette vague de jeunes. Je remercie Dieu pour cela, en pensant surtout à l’Église de Lisbonne qui, en retour du grand effort déployé pour l’organisation et l’accueil, recevra des énergies nouvelles pour continuer le nouveau chemin, pour jeter à nouveau les filets avec une passion apostolique. Les jeunes au Portugal sont déjà aujourd’hui une présence vitale, et maintenant, après cette « transfusion » reçue des Églises du monde entier, ils le seront encore plus. Et beaucoup de jeunes, sur le chemin du retour, sont passés par Rome, nous les apercevons aussi ici, il y en a qui ont participé à ces Journées. Les voici ! Là où il y a des jeunes, il y a du bruit, ils savent bien le faire !

Alors qu’en Ukraine et dans d’autres endroits du monde, on se combat, et que dans certaines salles cachées, on planifie la guerre – C’est malheureux cela, on planifie la guerre-, les JMJ ont montré à tous qu’un autre monde est possible : un monde de frères et sœurs, où les drapeaux de tous les peuples flottent ensemble, l’une à côté de l’autre, sans haine, sans peur, sans fermetures, sans armes ! Le message des jeunes a été clair : les « grands de la terre » l’entendront-ils ? Je me demande, entendront-ils cet enthousiasme juvénile en faveur de la paix ? C’est une parabole pour notre temps, et aujourd’hui encore, Jésus dit : « Que celui qui a des oreilles entende ! Que celui qui a des yeux regarde ! » Espérons que le monde entier entende ces Journées de la Jeunesse et regarde cette beauté des jeunes qui vont de l’avant.

Une fois de plus, j’exprime ma gratitude au Portugal, à Lisbonne, au Président de la République, qui a assisté à toutes les célébrations, et aux autres Autorités civiles ; au Patriarche de Lisbonne – qui a été brave-, au Président de la Conférence Épiscopale et à l’Évêque coordinateur des Journées Mondiales de la Jeunesse, à tous les collaborateurs et à tous les volontaires. Pensez aux volontaires – je suis allé les retrouver le dernier jour avant de rentrer – ils étaient 25 000 : ces Journées comptaient 25 000 volontaires ! Merci à tous ! Par l’intercession de la Vierge Marie, que le Seigneur bénisse les jeunes du monde entier et qu’il bénisse le peuple portugais. Prions ensemble la Madone, tous ensemble, pour qu’Elle bénisse le peuple portugais.

[Récitation de l’Ave Maria].

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les bénévoles au « Passeio marítimo de Algés » : Discours du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Dimanche, le 6 août 2023
Lors du sixième et dernier jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François s’adresse aux bénévoles au « Passeio marítimo de Algés ».

Voici le texte intégral :

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Rencontre avec les bénévoles
Passeio marítimo de Algés, Lisbonne
Dimanche, le 6 août 2023

Chers amis, bonjour ! Et merci !

Merci au Patriarche de Lisbonne pour ses paroles, à Mgr Aguiar et à vous tous pour avoir travaillé si dur et si bien : vous avez rendu possibles ces journées inoubliables ! Vous avez peiné pendant des mois, de manière cachée, sans bruit et loin des projecteurs, pour que nous puissions tous nous trouver ici à chanter ensemble : « Jésus vit et ne nous laisse pas seuls : nous ne cesserons plus d’aimer ». En plus, vous avez été un exemple parce que vous avez fait équipe en travaillant ensemble ! Mais votre travail a été plus qu’un travail, il a été un service, merci !

C’est le même service qu’a rendu la Vierge Marie, qui « se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39) pour aller rendre service à sa cousine Élisabeth, sentant l’urgence de partager la joie dans le service. Partager la joie et le service, la joie dans le service. Pensons à Zachée, qui monta sur un arbre pour voir Jésus et descendit en hâte. Quelque chose l’avait touché, il voulait rencontrer Jésus et l’accueillir dans sa maison (cf. Lc 19, 6) ; pensons aux femmes et aux disciples, qui, à Pâques, courent de la tombe au cénacle pour annoncer que le Christ est ressuscité (cf. Jn 20, 1-18). Celui qui aime ne reste pas les bras croisés, celui qui aime sert, celui qui aime court pour servir, il court pour se mettre au service des autres.

Et vous avez couru, vous avez beaucoup couru, au cours de ces mois !Je n’ai pu voir que le dernier moment, en ces jours-ci, vous observer tandis que vous répondiez à mille besoins, parfois avec le visage marqué par la fatigue, d’autres fois un peu submergés par les urgences du moment, mais toujours j’ai remarqué une chose : que vous aviez les yeux lumineux, lumineux de la joie du service, merci !

Vous avez rendu possible cette rencontre mondiale de la jeunesse, vous avez fait de grandes choses dans les plus petits gestes, comme la bouteille d’eau offerte à un inconnu, et cela crée l’amitié. Vous avez beaucoup couru, mais pas de la course frénétique et sans but qui est parfois celle de notre monde, non, vous avez couru d’une autre manière : vous avez mené une course qui conduit à la rencontre des autres pour les servir au nom de Jésus. Vous êtes venus à Lisbonne pour servir et non pour être servis, merci, merci beaucoup !

Et maintenant je voudrais être votre amplificateur, pour que ce que les témoignages nous ont dit fasse écho. Les témoignages de Chiara, Francisco et Filipe : tous les trois nous ont parlé d’une rencontre spéciale avec Jésus. Ils nous ont rappelé que la plus belle rencontre, le moteur de toutes les autres, celle qui fait marcher vraiment, qui fait avancer la vie, est avec Jésus. C’est la rencontre la plus importante de notre vie. Renouveler chaque jour la rencontre personnelle avec Jésus est le cœur de la vie chrétienne.

Et il faut la renouveler chaque jour pour la garder fraîche, non seulement dans la tête mais aussi dans le cœur. Nous avons fait l’expérience qu’un petit « oui » à Jésus peut changer la vie. Mais également les « oui » dits aux autres font du bien, lorsqu’ils sont destinés au service. Vous, au moment de la fatigue, vous avez pris courage et vous êtes allés de l’avant en disant « oui » pour servir les autres. Je vous en remercie.

Et toi, Francisco, tu as dit que tu as trouvé ici quelque chose dont tu avais besoin et que tu ne cherchais même pas. En marchant, en travaillant et en priant avec les autres, tu as compris que tu ne pouvais pas te laisser emprisonner par le désordre, par les « lits défaits » du passé, ni vivre le cœur tourmenté par des sentiments d’inachèvement, mais qu’avec l’aide de Jésus et des frères, l’occasion t’a été offerte de mettre en ordre « la pièce de la vie ». Cela est bien : ces Journées sont utiles, elles aident beaucoup à mettre de l’ordre dans sa vie. Mais pourquoi ? Grâce à ces Journées ? Non, grâce à Jésus, qui est ici parmi nous et qui se montre à nous. Pour mettre de l’ordre dans notre vie, nous n’avons pas besoin de choses, nous n’avons pas besoin de distractions, nous n’avons pas besoin d’argent. Il faut dilater le cœur. Et si vous élargissez votre cœur, vous mettrez de l’ordre dans votre vie. N’ayez pas peur : dilatez votre cœur !

Et enfin, toi, Filipe, parmi les nombreuses belles choses que tu as partagées, tu en as dit une que je veux souligner : tu as dit que tu as vécu ici une double rencontre, une rencontre avec Jésus et une rencontre avec les autres. La rencontre avec Jésus et la rencontre avec les autres. C’est très important : la rencontre avec Jésus est un moment personnel, unique, que l’on peut décrire et raconter seulement jusqu’à un certain point, mais elle arrive toujours grâce à un chemin fait avec les autres, fait grâce à l’intercession des autres. Rencontrer Jésus et le rencontrer dans le service aux autres.

Mes amis, à la fin j’aimerais vous laisser une image. Comme beaucoup d’entre vous le savent, au nord de Lisbonne, il y a une localité, Nazaré, où l’on peut admirer des vagues atteignant jusqu’à trente mètres de haut et qui sont une attraction mondiale, surtout pour les surfeurs qui les montent. Ces jours-ci, vous aussi, vous avez fait face à une véritable vague : non pas d’eau, mais de jeunes, de jeunes comme vous, qui se sont déversés dans cette ville. Mais, avec l’aide de Dieu, avec beaucoup de générosité et en vous soutenant mutuellement, vous avez surfé sur cette grande vague. Vous avez surfé sur cette grande vague : vous êtes vraiment courageux ! Merci, obrigado ! Je veux vous dire : continuez ainsi, continuez à surfer sur les vagues de l’amour, les vagues de la charité, soyez des surfeurs de l’amour ! Et tel est le devoir que je vous confie en ce moment : que le service que vous avez rendu en ces Journées Mondiales de la Jeunesse soit la première des nombreuses vagues de bien ; chaque fois vous serez portés plus haut, plus proches de Dieu, et cela vous permettra de voir votre route dans une meilleure perspective.

Merci encore, à tous. Bonne route ! Et, n’oubliez pas, continuez à prier pour moi ! Merci !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Homélie du pape François lors de la messe de clôture au « Parque Tejo » | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Dimanche, le 6 août 2023
Sixième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne et la Fête de la Transfiguration, le pape François a présenté l’homélie lors de la messe de clôture des JMJ au « Parque Tejo ».

Voici le texte intégral de l’homélie :

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Messe de clôture pour les Journées Mondiales de la Jeunesse
Parque Tejo, Lisbonne
Dimanche, le 6 août 2023

« Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! » (Mt 17, 4). Ces paroles, que l’apôtre Pierre a adressées à Jésus sur la montagne de la Transfiguration, nous voulons aussi les faire nôtres après ces journées intenses. Tout ce que nous sommes en train de vivre avec Jésus est beau, ce que nous avons fait ensemble. Et la manière dont nous avons prié est belle, avec une grande joie dans le cœur. Nous pouvons alors nous demander : qu’est-ce que nous remporterons avec nous en retournant à vie quotidienne?

Je voudrais répondre à cette question par trois verbes, en suivant l’Évangile que nous avons entendu. Qu’est-ce que nous remporterons ? : briller, écouter, ne pas craindre. Qu’est-ce que nous remporterons avec nous ? Je réponds par ces trois mots : briller, écouter, ne pas craindre.

Le premier : Briller. Jésus est transfiguré. L’Évangile dit : « Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 2). Il venait d’annoncer sa passion et sa mort sur la croix, brisant ainsi l’image d’un Messie puissant et mondain, décevant les attentes des disciples. Maintenant, pour les aider à accepter le projet d’amour de Dieu sur chacun de nous, Jésus prend trois d’entre eux, Pierre, Jacques et Jean, Il les conduit sur la montagne et est transfiguré. Ce « bain de lumière » les prépare à la nuit de la passion.

Mes amis, chers jeunes, nous avons aujourd’hui encore besoin d’un peu de lumières, d’un éclair de lumière qui soit espérance pour affronter tant d’obscurités qui nous assaillent dans la vie, tant de défaites quotidiennes, pour y faire face avec la lumière de la résurrection de Jésus. Il est la lumière qui ne se couche jamais, Il est la lumière qui brille même dans la nuit. « Notre Dieu a fait briller nos yeux », dit le prêter Esdras (Esd 9, 8). Notre Dieu illumine. Il illumine notre regard, Il illumine notre cœur, Il illumine notre esprit, Il illumine notre désir de faire quelque chose dans la vie. Toujours avec la lumière du Seigneur.

Mais je voudrais vous dire que nous ne devenons pas lumineux lorsque nous sommes sous les projecteurs, non, c’est une erreur. Nous ne devenons pas lumineux lorsque nous affichons une image parfaite, bien ordonnée, bien finie, non. Et non plus lorsque nous nous sentons forts et victorieux. Forts et victorieux mais pas lumineux. Nous brillons quand, en accueillant Jésus, nous apprenons à aimer comme Lui. Aimer comme Jésus : cela nous rend lumineux, cela nous conduit à accomplir des œuvres d’amour. Ne te trompe pas, mon ami, tu deviendras lumière le jour où tu feras des œuvres d’amour. Mais lorsque, au lieu de faire des œuvres d’amour envers les autres, tu te regardes toi-même, comme un égoïste, là, la lumière s’éteint.

Le deuxième verbe est écouter. Sur la montagne, une nuée lumineuse recouvre les disciples. Et le Père parle de cette nuée elle. Et que dit-il ? « Écoutez-le », « Celui-ci est mon Fils bien aimé » (Mt 17, 5). Tout est là : tout ce qu’il y a à faire dans la vie réside dans ce mot : écoutez-le. Écouter Jésus. Tout le secret est là. Écoute ce que Jésus te dit. « Je ne sais pas ce qu’il me dit ». Prends l’Évangile et lis ce que Jésus dit, ce qu’il dit à ton cœur. Car Il a pour nous des paroles de vie éternelle, Il nous révèle que Dieu est Père, qu’Il est amour. Il nous montre le chemin de l’amour. Écoute Jésus. Car, même si c’est avec de la bonne volonté, nous nous engageons sur des chemins qui semblent être des chemins d’amour mais qui, en fin de compte, sont des égoïsmes déguisés en amour. Faites attention aux égoïsme déguisés en amour ! Écoute-le, car Il te dira quel est le chemin de l’amour. Écoute-le.

Briller est le premier mot, soyez lumineux ; écouter, pour ne pas s’égarer ; et enfin, le troisième mot : ne pas avoir peur. N’ayez pas peur. Un mot qui revient si souvent dans la Bible, dans les Évangiles : « N’ayez pas peur ». Ce sont les dernières paroles que Jésus adresse aux disciples au moment de la Transfiguration : « N’ayez pas peur » (Mt 17, 7).

À vous, jeunes, qui avez vécu cette joie, – j’allais dire cette gloire et, de fait, notre rencontre est une sorte de gloire – à vous qui nourrissez de grands rêves mais souvent obscurcis par la crainte de ne pas les voir réalisés; à vous qui pensez parfois ne pas y arriver – un peu de pessimisme nous assaille parfois – ; à vous, jeunes, qui, en ces temps, êtes tentés de vous décourager, de vous juger peut-être inadaptés ou de cacher la douleur en la masquant d’un sourire ; à vous, jeunes, qui voulez changer le monde – et c’est bien de vouloir changer le monde – et qui voulez lutter pour la justice et la paix ; à vous, jeunes, qui y mettez votre engagement et votre imagination, bien que cela vous semble ne pas suffire; à vous, jeunes, dont l’Église et le monde ont besoin comme la terre a besoin de pluie ; à vous, jeunes, qui êtes le présent et l’avenir ; oui, précisément à vous, jeunes, Jésus dit aujourd’hui : « N’ayez pas peur ».

Dans un bref moment de silence, que chacun répète à lui-même dans son cœur ces paroles : « N’ayez pas peur ».

Chers jeunes, je voudrais regarder chacun de vous dans les yeux et vous dire : sois sans crainte, n’aie pas peur ! Mais je vous dis en plus une chose très belle : ce n’est plus moi, c’est Jésus lui-même qui vous regarde maintenant. Il vous regarde, Lui qui vous connaît. Il connaît le cœur de chacun d’entre vous, il connaît la vie de chacun d’entre vous, il connaît les joies, il connaît les peines, les succès et les échecs, il connaît votre cœur. Et aujourd’hui, il vous dit, ici, à Lisbonne, en ces Journées Mondiales de la Jeunesse : « N’ayez pas peur, n’ayez pas peur, courage, n’ayez pas peur ! ».

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Veillée avec les jeunes au « Parque Tejo » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Samedi, le 5 août 2023
Lors du cinqième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François a prononcé son allocution lors du veillée au « Parque Tejo ».

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Veillée avec les jeunes
Parque Tejo, Lisbonne
Samedi, le 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonsoir !

Vous voir me donne beaucoup de joie ! Merci d’avoir voyagé, d’avoir marché et merci d’être là ! Je pense aussi que la Vierge Marie a dû voyager pour voir Élisabeth: « Elle se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39). On peut se demander : pourquoi Marie se lève-t-elle et se rend-elle en hâte chez sa cousine? Certes, elle vient d’apprendre que la cousine est enceinte, mais elle l’est également : pourquoi donc y aller si personne ne le lui a demandé? Marie accomplit un geste qui ne lui est pas demandé et qu’elle ne doit en rien. Marie y va parce qu’elle aime, et que « celui qui aime court, vole, il est dans la joie » (L’Imitation de Jésus-Christ, III, 5). Voilà ce que fait l’amour.

La joie de Marie est double : elle vient de recevoir l’annonce de l’ange qu’elle va accueillir le Rédempteur, et aussi la nouvelle que sa cousine est enceinte. Alors, c’est intéressant : au lieu de penser à elle-même, elle pense à l’autre. Pourquoi ? Parce que la joie est missionnaire, la joie n’est pas pour un seul, elle est pour apporter quelque chose. Je vous demande : vous, qui êtes ici, qui êtes venus pour vous rencontrer, pour trouver le message du Christ, pour trouver un beau sens à votre vie, allez-vous garder cela pour vous ou allez-vous le porter aux autres ? Qu’en pensez-vous ? Je n’entends pas… C’est pour le porter aux autres, parce que la joie est missionnaire ! Répétons-le tous ensemble : la joie est missionnaire ! C’est pourquoi je porte cette joie aux autres.

Mais cette joie que nous avons, d’autres nous ont préparés à la recevoir. Regardons maintenant en arrière, tout ce que nous avons reçu : tout cela a préparé notre cœur à la joie. Tous, si nous regardons en arrière, nous avons des personnes qui ont été un rayon de lumière dans notre vie : parents, grands-parents, amis, prêtres, religieux, catéchistes, animateurs, professeurs… Ils sont comme les racines de notre joie. Faisons maintenant un moment de silence et que chacun pense à ceux qui nous ont donné quelque chose dans la vie, qui sont comme les racines de notre joie.

[Moment de silence]

Vous avez trouvé ? Vous avez trouvé des visages, des histoires? La joie qui est venue à travers ces racines, et celle que nous, nous devons donner parce que nous avons des racines de joie. Et, de la même manière, nous pouvons être des racines de joie pour les autres. Il ne s’agit pas d’apporter une joie passagère, la joie du moment ; il s’agit d’apporter une joie qui crée des racines. Et je me demande : comment pouvons-nous devenir des racines de joie?

La joie ne se trouve pas dans une bibliothèque, fermée – même s’il est nécessaire d’étudier ! – mais elle se trouve ailleurs. Elle n’est pas gardée sous clé. La joie, il faut la rechercher, il faut la découvrir. Il faut la découvrir dans le dialogue avec les autres, où nous devons donner ces racines de joie que nous avons reçues. Et cela, parfois, fatigue. Je vous pose une question : vous arrive-t-il d’être fatigués ? Pensez à ce qui se passe quand on est fatigué : on n’a plus envie de rien, comme on dit en espagnol, on jette l’éponge parce qu’on n’a pas envie de continuer, et alors on abandonne, on s’arrête de marcher et on tombe. Croyez-vous qu’une personne qui tombe dans la vie, qui a un échec, qui commet même des erreurs graves, fortes, croyez-que sa vie soit finie ? Non ! Que faut-il faire? Se lever ! Et il y a quelque chose de très beau que je voudrais vous laisser aujourd’hui en souvenir. Les chasseurs alpins, qui aiment escalader les montagnes, ont une très belle chanson qui dit : « Dans l’art de l’escalade – sur la montagne – ce qui compte, ce n’est pas de ne pas tomber, mais de ne pas rester tombé ». C’est très beau !

Celui qui reste tombé est déjà « parti à la retraite », il s’est fermé, il s’est fermé à l’espérance, il s’est fermé aux désirs, et il reste à terre. Et quand nous voyons quelqu’un, un ami qui est tombé, que devons-nous faire ? Le relever. Avez-vous remarqué que lorsque quelqu’un doit soulager ou aider une personne à se relever, le geste qu’elle fait ? Il la regarde de haut. Le seul moment, le seul moment où il est permis de regarder une personne de haut, c’est pour l’aider à se relever. Combien de fois, combien de fois voyons-nous des gens qui nous regardent comme ça, par-dessus l’épaule, de haut ! C’est triste. La seule façon, la seule situation dans laquelle il est permis de regarder une personne de haut est… dites-le vous…, fort : pour l’aider à se relever.

Cela c’est un peu la marche, la constance dans la marche. Et dans la vie, pour réaliser des choses, il faut s’entraîner à marcher. Parfois on n’a pas envie de marcher, on n’a pas envie de se donner de la peine, on triche aux examens parce qu’on n’a pas envie d’étudier et on n’obtient pas le résultat. Je ne sais pas si certains d’entre vous aiment le football… Moi, j’aime. Derrière un but, qu’est-ce qu’il y a ? Beaucoup d’entraînement. Derrière un résultat, qu’est-ce qu’il y a ? Beaucoup d’entraînement. Et, dans la vie, on ne peut pas toujours faire ce que l’on veut, mais ce qui nous conduit à accomplir la vocation que nous avons en nous – chacun a sa propre vocation. Marcher. Et si je tombe, je me relève ou quelqu’un m’aide à me relever ; ne pas rester à terre ; et m’entraîner, m’entraîner à marcher. Et tout cela est possible, non pas parce que nous suivons un cours sur la manière de marcher – il n’y a pas de cours qui nous apprenne à marcher dans la vie – : cela s’apprend. Cela s’apprend des parents, cela s’apprend des grands-parents, cela s’apprend des amis, en s’aidant mutuellement. Dans la vie, on apprend, et c’est un entraînement à la marche.

Je vous laisse avec ces idées. Marcher et, si l’on tombe, se relever ; marcher avec un objectif ; s’entraînez chaque jour de la vie. Dans la vie, rien n’est gratuit, tout se paie. Une seule chose est gratuite : l’amour de Jésus ! Alors, avec cette gratuité que nous avons – l’amour de Jésus – et avec la volonté de marcher, marchons dans l’espérance, regardons nos racines et avançons, sans peur. N’ayez pas peur. Je vous remercie ! Au revoir !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Récitation du Saint Rosaire avec les jeunes à la chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima : Allocution du Saint-Père

Samedi, le 5 août 2023
Le quatrième jour de sa visite apostolique au Portugal, le Pape François a récité le Saint Rosaire avec des jeunes à la chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, et a prononcé une allocution.

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Récitation du Saint Rosaire avec les jeunes
Chapelle des Apparitions du Sanctuaire de Notre-Dame, Fatima
Samedi, le 5 août 2023

Chers frères et sœurs, bonjour!

Merci, Monseigneur Ornelas, pour vos paroles et merci à vous tous pour votre présence et votre prière. Nous avons récité le Rosaire, une prière très belle et vitale, vitale parce qu’elle nous met en contact avec la vie de Jésus et de Marie. Et nous avons médité les mystères joyeux qui nous rappellent que l’Église ne peut être que la maison de la joie. La petite chapelle dans laquelle nous nous trouvons est une belle image de l’Église : accueillante, sans portes. L’Église n’a pas de portes, pour que tout le monde puisse entrer. Et ici nous pouvons aussi insister sur le fait que tout le monde peut entrer, parce que c’est la maison de la Mère, et une mère a toujours le cœur ouvert à tous ses enfants, tous, tous, tous, tous, sans aucune exclusion.

Nous sommes ici, sous le regard maternel de Marie, nous somme ici comme Église, Église mère.

Le pèlerinage est précisément une caractéristique mariale, parce que la première à avoir fait un pèlerinage après l’annonce de Jésus a été Marie. Dès qu’elle a appris que sa cousine était enceinte – elle était très âgée, la cousine – elle est partie à la hâte. C’est une traduction un peu libre, l’Évangile dit « elle est partie en hâte », nous dirions qu’elle est « partie en vitesse » avec cette envie d’aider, d’être présente.

Les titres de Marie sont nombreux, mais en y réfléchissant, il y en a un que l’on pourrait dire : la Vierge « qui part en vitesse », chaque fois qu’il y a un problème ; chaque fois que nous l’invoquons, elle n’hésite pas, elle vient, elle est attentionnée. Vierge attentionnée, ça vous plait comme ça ? Disons-le tous ensemble : la Vierge attentionnée ! Elle se dépêche pour être près de nous, elle se dépêche parce qu’elle est Mère. En portugais on dit « apressada », me dit Mgr Ornelas. Vierge « apressada ». C’est ainsi qu’elle accompagne la vie de Jésus. Elle ne se cache pas après la résurrection, elle accompagne les disciples dans l’attente de l’Esprit Saint. Elle accompagne l’Église qui commence à grandir après la Pentecôte. Vierge attentionnée et Vierge qui accompagne. Elle accompagne toujours. Elle n’est jamais protagoniste. Le geste d’accueil de Marie Mère est double : d’abord elle accueille et ensuite elle montre Jésus. Dans sa vie, Marie ne fait rien d’autre que montrer Jésus. « Faites tout ce qu’il vous dira ». Suivez Jésus.

Ce sont les deux gestes de Marie, pensons-y : elle nous accueille tous et nous montre Jésus. Et elle le fait avec attention, « apressada ». La Vierge attentionnée qui nous accueille tous et nous montre Jésus. Et chaque fois que nous venons ici, souvenons-nous de cela. Marie s’est rendue présente ici de manière spéciale, afin que l’incrédulité de beaucoup de cœurs s’ouvre à Jésus. Par sa présence, elle nous montre Jésus, toujours elle nous montre Jésus. Et aujourd’hui, elle est ici parmi nous, elle est toujours parmi nous, mais aujourd’hui, nous la sentons beaucoup plus proche. Marie attentionnée.

Mes amis, Jésus nous aime au point de s’identifier à nous et Il nous demande de collaborer avec Lui. Et Marie nous montre ce que Jésus nous demande : marcher dans la vie en collaborant avec Lui. Je voudrais aujourd’hui que nous regardions l’image de Marie et que chacun se dise : que me dit Marie en tant que Mère ? que me montre-t-elle ? Elle nous montre Jésus. Parfois elle nous montre aussi une petite chose qui ne fonctionne pas bien dans notre cœur, mais elle nous montre toujours. « Mère, que me montres-tu? » Prenons un petit moment de silence et que chacun, dans son cœur, dise : « Mère, qu’est-ce que tu me montres ? Qu’y a-t-il dans ma vie qui te préoccupe? Qu’y a-t-il dans ma vie qui t’affecte? Qu’y a-t-il dans ma vie qui t’intéresse? Montre-le ». Et c’est là qu’elle montre notre cœur à Jésus pour qu’Il vienne. Et de même qu’elle nous montre Jésus, elle montre à Jésus le cœur de chacun.

Chers frères, nous ressentons aujourd’hui la présence de Marie Mère, la Mère qui dit toujours : « Faites ce que Jésus vous dit » ; elle nous montre Jésus. Mais aussi la Mère qui dit à Jésus : « Fais ce qu’il te demande ». C’est Marie. C’est notre Mère, la Vierge attentionnée qui est proche de nous. Qu’elle nous bénisse tous ! Amen.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

Chemin de Croix avec les jeunes au « Parque Eduardo VII » : Allocution du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Vendredi, le 4 août 2023
Le quatrième jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François a prononcé une allocution lors du chemin de Croix au « Parque Eduardo VII ».

Voici le texte intégral :

ALLOCUTION DU PAPE FRANÇOIS

Chemin de Croix avec les jeunes
Parque Eduardo VII, Lisbonne
Vendredi, le 4 août 2023

Aujourd’hui, vous allez marcher avec Jésus. Jésus est le Chemin et nous marcherons avec Lui, parce que Lui a marché. Lorsqu’Il était parmi nous, Jésus a marché, Il a marché en guérissant les malades, en prenant soin des pauvres, en rendant la justice… Il a marché en prêchant, en enseignant. Jésus marche, mais le chemin le plus gravé dans nos cœurs est le chemin du Calvaire, le chemin de la Croix. Et aujourd’hui, vous, nous, moi aussi, nous renouvellerons par la prière le chemin de la Croix. Nous regarderons Jésus passer et nous marcherons avec Lui.

Le chemin de Jésus, c’est Dieu qui sort de lui-même, Il sort de Lui-même pour marcher parmi nous. Ce que nous entendons si souvent à la messe : « Et le Verbe s’est fait chair et a marché parmi nous ». Vous vous souvenez ? Le Verbe s’est fait homme et a marché parmi nous. Et cela, Il le fait par amour. Il le fait par amour. Et la croix qui accompagne toutes les Journées Mondiales de la Jeunesse est l’icône, la figure de cette marche. La Croix est le signe le plus grand du plus grand amour, l’amour avec lequel Jésus veut étreindre notre vie. La nôtre ? Oui, la tienne, la tienne, la tienne, celle de chacun de nous. Jésus marche pour moi. Nous devons tous le dire. Jésus entreprend ce chemin pour moi, pour donner sa vie pour moi. Et personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie pour ses amis, celui qui donne sa vie pour les autres. N’oubliez pas ceci : personne n’a plus d’amour que celui qui donne sa vie, c’est ce que Jésus a enseigné. C’est pourquoi, lorsque nous regardons la Croix, qui est si douloureuse, si dure, nous voyons la beauté de l’amour qui donne sa vie pour chacun de nous.

Une personne très croyante a dit une phrase qui m’a beaucoup frappé. Elle a dit : « Seigneur, par ton ineffable agonie, je peux croire en l’amour. Seigneur, par ton ineffable agonie, je peux croire en l’amour ».

Et Jésus marche, mais Il attend quelque chose, Il attend notre compagnie, Il attend que nous regardions… je ne sais pas, Il attend d’ouvrir les fenêtres de mon âme, de ton âme, de l’âme de chacun de nous. Qu’elles sont laides les âmes fermées, qui sèment à l’intérieur et sourient à l’intérieur ! Elles n’ont pas de sens. Jésus marche et attend avec son amour, attend avec sa tendresse, pour nous consoler, pour sécher nos larmes.

Maintenant je vous pose une question, mais ne répondez pas à haute voix : chacun répond en lui-même. Est-ce que je pleure parfois ? Y a-t-il des choses dans la vie qui me font pleurer ? Nous avons tous pleuré dans la vie, et nous pleurons encore. Et Jésus est là avec nous, Il pleure avec nous, parce qu’Il nous accompagne dans l’obscurité qui provoque nos pleurs.

Maintenant je ferai un peu silence, et que chacun dise à Jésus ce qui le fait pleurer dans la vie ; chacun de nous le lui dit à présent, en silence.

[moment de silence].

Jésus, avec sa tendresse, essuie nos larmes cachées. Jésus veut combler de sa proximité notre solitude. Que les moments de solitude sont tristes ! Et Lui il est là, Il veut combler cette solitude. Jésus veut combler nos peurs, tes peurs, mes peurs. Ces sombres peurs, Il veut les remplir de sa consolation ; et Il attend de nous pousser à prendre le risque d’aimer. Parce que, vous le savez, vous le savez mieux que moi: aimer est risqué. Il faut prendre le risque d’aimer. C’est un risque, mais il vaut la peine d’être pris, et Il nous accompagne en cela. Toujours Il nous accompagne. Toujours Il marche. Toujours, durant la vie, Il est avec nous.

Je ne veux pas dire beaucoup plus de choses. Aujourd’hui, nous ferons le chemin avec Lui, le chemin de sa souffrance, le chemin de nos soucis, le chemin de nos solitudes.

Maintenant, un moment de silence, et que chacun pense à sa souffrance, à son souci, à ses misères. N’ayez pas peur, pensez-y, et pensez aussi au désir de l’âme de retrouver le sourire.

[moment de silence].

Et Jésus marche jusqu’à la Croix, Il meurt sur la Croix, pour que notre âme puisse sourire. Amen.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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