Visite apostolique du pape François durant les Rencontres méditerranéennes à Marseille

Vue sur le vieux port de Marseille et la basilique Notre Dame de la Garde. Photo Istock.com

Le pape François sera à Marseille du 22 au 23 septembre pour conclure les Rencontres Méditerranéennes 2023 où il célèbrera la messe au stade Vélodrome. Le Saint-Père soulignera le sujet des migrants et des réfugiés au cœur de son discours.

 

La mer Méditerranée, souvent décrite comme « un joyau azur » niché entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, incarne une beauté et une diversité incomparables. Ses eaux d’un bleu profond, caressées par un soleil éclatant, sont le berceau de cultures millénaires et le théâtre d’une riche histoire.

Bordée de plages de sable doré, de falaises spectaculaires et de villages pittoresques, la Méditerranée offre une mosaïque de paysages à couper le souffle. Ses eaux cristallines abritent une biodiversité exceptionnelle, avec des poissons colorés, des coraux fascinants et une vie marine extraordinaire. 

Mais la Méditerranée est bien plus qu’un simple beau paradis. Elle est le carrefour de rencontres culturelles et religieuses, de saveurs méditerranéennes et de traditions ancestrales. Elle invite les voyageurs à explorer ses trésors cachés, à déguster une cuisine délicieuse et à s’imprégner de l’atmosphère enchanteresse de ses rivages. En somme, la mer Méditerranée est un trésor naturel et culturel, un lieu où la nature et l’histoire se marient harmonieusement pour offrir une expérience inoubliable à tous ceux qui la découvrent.

Quant à Marseille, c’est l’une des plus grandes villes de France, qui s’étend majestueusement le long des rives de la mer Méditerranée, et qui accueille un événement d’envergure cette année. Du 17 au 23 septembre, les Rencontres méditerranéennes 2023 rassembleront les populations des régions riveraines de cette mer emblématique. Cet événement promet d’être un rassemblement unique de la diversité culturelle, historique, religieuse et géographique qui caractérise les pays environnants. Au cœur de cette rencontre, des échanges culturels, des discussions sur les différents enjeux et bien d’autres activités visant à renforcer les liens entre les communautés méditerranéennes pour une mosaïque d’espérance. Marseille, avec son patrimoine riche et son ambiance cosmopolite, offre le cadre idéal pour ces rencontres, symbolisant ainsi l’unité et la coopération dans cette région où la mer Méditerranée a joué un rôle central dans la vie de ses habitants depuis des siècles. 

Il est poignant de noter que la mer Méditerranée, tout en étant un joyau naturel et culturel, est également le témoin de tragédies humaines lors des migrations des populations de la Côte-Sud vers la Côte-Nord. Ces voyages périlleux à travers la mer Méditerranée, souvent entrepris par des migrants et des réfugiés fuyant la violence, la pauvreté et l’instabilité, sont marqués par des défis considérables et des risques mortels.

Dans le cadre des Rencontres méditerranéennes et lors de sa visite à Marseille du 22 au 23 septembre, le pape François place le sujet des migrants et des réfugiés au cœur de son discours. Son message « Libre de choisir d’émigrer ou de rester », à l’occasion de la 109e Journée mondiale pour les Migrants et les Réfugiés, souligne l’importance de la solidarité, de l’accueil et de la protection des migrants et des réfugiés, qui sont confrontés à des situations désespérées. Ainsi il va soutenir leurs droits à choisir leurs destinées.

Le pape François rappelle au monde l’urgence d’agir pour atténuer la souffrance de ces personnes vulnérables, et de travailler ensemble pour des solutions durables. Il célébrera la messe le 23 septembre au stade Vélodrome pour conclure sa visite apostolique à Marseille.

Message du pape françois pour la 109ème journée mondiale du migrant et du réfugié 2023

« Libre de choisir d’émigrer ou de rester » est le thème choisi par le Saint-Père pour la 109ème Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié (JMMR). Le pape François souhaite promouvoir une nouvelle réflexion sur un droit qui n’a pas encore été codifié au niveau international : le droit de n’avoir pas à émigrer, ou en d’autres termes, le droit de pouvoir rester sur sa terre. 

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS
POUR LA 109ème JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ 2023

24 septembre 2023

Libre de choisir d’émigrer ou de rester

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs !

Les flux migratoires actuels sont l’expression d’un phénomène complexe et articulé, dont la compréhension requiert une analyse attentive de tous les aspects qui caractérisent les différentes étapes de l’expérience migratoire, du départ à l’arrivée, en passant par un éventuel retour. Dans l’intention de contribuer à cet effort de lecture de la réalité, j’ai décidé de consacrer le message de la 109e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié à la liberté qui devrait toujours caractériser le choix de quitter sa propre terre.

« Libre de partir, libre de rester » était le titre d’une initiative de solidarité promue il y a quelques années par la Conférence épiscopale italienne comme une réponse concrète aux défis des migrations contemporaines. À l’écoute constante des Églises particulières, j’ai pu constater que la garantie de cette liberté est une préoccupation pastorale largement répandue et partagée.

« Après leur départ, voici que l’Ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit: « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et fuis en Egypte; et restes-y jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »)» (Mt 2, 13). La fuite de la Sainte Famille en Égypte n’a pas été le résultat d’un choix libre, tout comme de nombreuses migrations qui ont marqué l’histoire du peuple d’Israël. Migrer devrait toujours être un choix libre, mais en fait, dans de nombreux cas, même aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Des conflits, des catastrophes naturelles ou, plus simplement, l’impossibilité de mener une vie digne et prospère dans leur pays d’origine contraignent des millions de personnes à partir. En 2003 déjà, saint Jean-Paul II déclarait que « construire les conditions concrètes de la paix, en ce qui concerne les migrants et les réfugiés, signifie s’engager sérieusement à sauvegarder avant tout le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire de vivre en paix et dans la dignité dans sa propre patrie » (Message pour la 90e Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, n. 3).

« Ils emmenèrent leurs troupeaux et tout ce qu’ils avaient acquis au pays de Canaan et ils vinrent en Egypte, Jacob et tous ses descendants avec lui » (Gn 46, 6). C’est à cause d’une grave famine que Jacob et toute sa famille ont été contraints de fuir en Égypte, où son fils Joseph a assuré leur survie. Les persécutions, les guerres, les phénomènes climatiques et la misère sont parmi les causes les plus visibles des migrations forcées contemporaines. Les migrants fuient la pauvreté, la peur, le désespoir. Pour éliminer ces causes et mettre fin aux migrations forcées, nous avons besoin de l’engagement commun de tous, chacun selon ses responsabilités. Un engagement qui commence par le fait de se demander ce que nous pouvons faire, mais aussi ce que nous devons cesser de faire. Nous devons nous efforcer de mettre fin à la course aux armements, au colonialisme économique, au pillage des ressources des autres, à la dévastation de notre maison commune.

« Tous les croyants étaient réunis et avaient tout en commun ; ils vendaient leurs biens et leurs possessions et les partageaient avec tous, selon les besoins de chacun » (Ac 2, 44-45). L’idéal de la première communauté chrétienne semble si éloigné de la réalité d’aujourd’hui ! Pour faire de la migration un choix réellement libre, nous devons nous efforcer d’assurer à chacun une part équitable du bien commun, le respect des droits fondamentaux et l’accès à un développement humain intégral. C’est le seul moyen d’offrir à chacun la possibilité de vivre dignement et de se réaliser personnellement et en tant que famille. Il est clair que la tâche principale incombe aux pays d’origine et à leurs dirigeants, qui sont appelés à exercer une bonne politique, transparente, honnête, prévoyante et au service de tous, en particulier des plus vulnérables. Mais ils doivent être mis en mesure de le faire, sans être privés de leurs ressources naturelles et humaines et sans ingérence extérieure visant à favoriser les intérêts de quelques-uns. Et quand les circonstances permettent de choisir d’émigrer ou de rester, il faut encore veiller à ce que ce choix soit éclairé et réfléchi, pour éviter que tant d’hommes, de femmes et d’enfants ne soient victimes d’illusions hasardeuses ou de trafiquants sans scrupules.

« En cette année jubilaire vous rentrerez chacun dans votre patrimoine. » (Lv 25, 13). La célébration du jubilé pour le peuple d’Israël représentait un acte de justice collective : chacun pouvait  » retourner à sa situation initiale, avec l’annulation de toutes les dettes, la restitution des terres et la possibilité de jouir à nouveau de la liberté propre aux membres du peuple de Dieu  » (Catéchèse, 10 février 2016). À l’approche du Jubilé de 2025, il est bon de se rappeler cet aspect des célébrations jubilaires. Un effort conjoint de chaque pays et de la communauté internationale est nécessaire pour garantir à chacun le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire la possibilité de vivre en paix et dans la dignité sur sa propre terre. Il s’agit d’un droit qui n’a pas encore été codifié, mais qui revêt une importance fondamentale, dont la garantie doit être comprise comme une coresponsabilité de tous les États à l’égard d’un bien commun qui dépasse les frontières nationales. En effet, les ressources mondiales n’étant pas illimitées, le développement des pays économiquement les plus pauvres dépend de la capacité de partage qui peut être suscitée entre tous les pays. Tant que ce droit ne sera pas garanti – et le chemin est encore long – beaucoup devront encore partir à la recherche d’une vie meilleure.

« Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, 36 nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (Mt 25, 35-36). Ces paroles nous exhortent à reconnaître dans le migrant non seulement un frère ou une sœur dans le besoin, mais aussi le Christ lui-même qui frappe à notre porte. C’est pourquoi, en œuvrant pour que toute migration soit le fruit d’un choix libre, nous sommes appelés à avoir le plus grand respect pour la dignité de chaque migrant. Cela implique d’accompagner et de gérer les flux de la meilleure façon possible, en construisant des ponts et non des murs, en élargissant les canaux pour une migration sûre et régulière. Où que nous décidions de construire notre avenir, dans le pays où nous sommes nés ou ailleurs, l’important est qu’il y ait toujours une communauté prête à accueillir, à protéger, à promouvoir et à intégrer chacun, sans distinction et sans laisser personne de côté.

Le chemin synodal que nous avons entrepris en tant qu’Église nous conduit à voir dans les personnes les plus vulnérables – et parmi elles de nombreux migrants et réfugiés – des compagnons de voyage particuliers, à aimer et à soigner comme des frères et des sœurs. Ce n’est qu’en marchant ensemble que nous pourrons aller loin et atteindre le but commun de notre voyage.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – Mercredi le 6 septembre 2023

Le pape François s’adressant aux travailleurs humanitaires lors de l’inauguration de la nouvelle Maison de la Miséricorde le 4 septembre à Oulan-Bator, en Mongolie. Cette visite apostolique a eu lieu du 31 août au 4 septembre.

Dans son audience aujourd’hui le pape François a souligné que l’Église en Mongolie illustre le sens du mot « catholique : une universalité incarnée, ‘inculturée’, qui embrasse le bien là où il se trouve et sert les personnes avec lesquelles elle vit. »

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Lundi, je suis rentré de Mongolie. Je voudrais exprimer ma gratitude à tous ceux qui ont accompagné ma visite par leurs prières, et renouveler ma reconnaissance aux Autorités qui m’ont solennellement accueilli : en particulier au Président Khürelsükh, ainsi qu’à l’ancien Président Enkhbayar, qui m’avait adressé une invitation officielle à visiter le pays. Je repense avec joie à l’Église locale et au peuple mongol : un peuple noble et sage, qui m’a manifesté tant de cordialité et d’affection. Aujourd’hui, je souhaiterais vous plonger au cœur de ce voyage.

On pourrait se demander pourquoi le pape se rend si loin pour visiter un petit troupeau de fidèles. Parce que c’est précisément là, loin des projecteurs, que l’on trouve souvent les signes de la présence de Dieu, qui ne regarde pas les apparences, mais le cœur comme nous l’avons entendu dans le passage du prophète Samuel (cf. 1 Sam 16, 7). Le Seigneur ne cherche pas le centre de la scène, mais le cœur simple de ceux qui le désirent et l’aiment sans apparences, sans vouloir dominer sur les autres. Et j’ai eu la grâce de rencontrer en Mongolie une Église humble et une Église joyeuse, qui est dans le cœur de Dieu, et je peux vous témoigner sa joie de s’être trouvée pour quelques jours aussi au centre de l’Église.

Cette communauté a une histoire touchante. Elle est née, par la grâce de Dieu, du zèle apostolique – sur lequel nous réfléchissons en ce moment – de quelques missionnaires qui, passionnés par l’Évangile, se sont rendus, il y a environ trente ans, dans un pays qu’ils ne connaissaient pas. Ils en ont appris la langue – qui n’est pas facile- et, bien qu’issus de nations différentes, ils ont créé une communauté unie et véritablement catholique. C’est d’ailleurs le sens du mot « catholique », qui signifie « universel ». Mais il ne s’agit pas d’une universalité qui homologue, mais d’une universalité qui inculture, c’est une universalité qui s’inculture. C’est cela la catholicité : une universalité incarnée, « inculturée » qui saisit le bien là où elle vit et qui sert les personnes avec lesquelles elle vit. C’est ainsi que vit l’Église : en témoignant de l’amour de Jésus avec douceur, avec la vie plus que les paroles, heureuse de sa vraie richesse : le service du Seigneur et des frères et sœurs.

C’est ainsi qu’est née cette jeune Église : dans le sillon de la charité, qui est le meilleur témoignage de la foi. À la fin de ma visite, j’ai eu la joie de bénir et d’inaugurer la « Maison de la miséricorde », la première œuvre caritative créée en Mongolie, expression de toutes les composantes de l’Église locale. Une maison qui est la carte de visite de ces chrétiens, mais qui rappelle aussi à chacune de nos communautés d’être une maison de la miséricorde : c’est-à-dire un lieu ouvert et, lieu accueillant, où les misères de chacun peuvent entrer sans vergogne en contact avec la miséricorde de Dieu qui relève et guérit. C’est le témoignage de l’Église mongole, avec des missionnaires de différents pays qui se sentent en harmonie avec le peuple, heureux de le servir et de découvrir la beauté qui s’y trouve déjà. Parce que ces missionnaires ne sont pas allés là-bas pour faire du prosélytisme, ce qui n’est pas évangélique, ils sont allés là-bas pour vivre comme le peuple mongol, pour parler leur langue, la langue de ce peuple, pour prendre les valeurs de ce peuple et prêcher l’Évangile dans le style mongol, avec des paroles mongoles. Ils sont allés et se sont « inculturés » : ils ont pris la culture mongole pour proclamer l’Évangile dans cette culture.

J’ai pu découvrir une partie de cette beauté, notamment en faisant la connaissance de certaines personnes, en écoutant leurs histoires, en appréciant leur quête religieuse. En ce sens, je suis reconnaissant pour la rencontre interreligieuse et œcuménique de dimanche passé. La Mongolie a une grande tradition bouddhiste, avec de nombreuses personnes qui, en silence, vivent leur religiosité de manière sincère et radicale, à travers l’altruisme et la lutte contre leurs passions. Pensons à tant de graines de bien qui, de manière cachée, font germer le jardin du monde, alors qu’habituellement nous n’entendons que le bruit des arbres qui tombent ! Le scandale plaît aux gens, même à nous : « Mais regardez cette barbarie, un arbre qui tombe, le bruit qu’il a fait ! ». – « Mais tu ne vois donc pas la forêt grandir tous les jours ? » parce que la croissance se fait dans le silence. Il est décisif d’être capable de discerner et de reconnaître le bien. Au lieu de cela, bien souvent nous n’apprécions les autres que dans la mesure où ils correspondent à nos idées, nous devons plutôt voir ce bien. C’est pour cela qu’il est important, comme le fait le peuple mongol, de regarder vers le haut, vers la lumière du bien. Seulement ainsi, en partant de la reconnaissance du bien, on construit l’avenir commun ; ce n’est qu’en valorisant l’autre qu’on l’aide à s’améliorer.

Je suis allé au cœur de l’Asie et cela m’a fait du bien. Cela fait du bien d’entrer en dialogue avec ce grand continent, d’en saisir les messages, d’en connaître la sagesse, la façon de regarder les choses, d’étreindre le temps et l’espace. Cela m’a fait du bien de rencontrer le peuple mongol, qui conserve ses racines et ses traditions, respecte les personnes âgées et vit en harmonie avec l’environnement : c’est un peuple qui scrute le ciel et sent la respiration de la création. En pensant aux étendues illimitées et silencieuses de la Mongolie, laissons-nous stimuler par le besoin d’élargir les frontières de notre regard, s’il vous plait : élargir les frontières, regarder loin et haut, regarder et ne pas tomber prisonniers de la petitesse, élargir les frontières de notre regard, afin qu’il voit le bien qu’il y a chez les autres et soit capable de dilater les propres horizons et également dilater son propre cœur pour comprendre, pour être proche de chaque personne et de chaque civilisation.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les travailleurs de la charité et inauguration de la Maison de la Miséricorde : Discours du Saint-Père

Le pape François a conclu sa visite apostolique en Mongolie en rencontrant des travailleurs caritatifs et en bénissant la nouvelle Maison de la Miséricorde à Oulan-Bator. Il a déclaré que « pour faire vraiment le bien, la bonté du cœur est essentielle : un engagement à rechercher ce qui est le mieux pour les autres. »

Voici le texte intégral:

RENCONTRE AVEC LES TRAVAILLEURS DE LA CHARITÉ
ET INAUGURATION DE LA MAISON DE LA MISÉRICORDE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Oulan-Bator
Lundi 4 septembre 2023

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je vous remercie de tout cœur pour l’accueil, le chant et la danse, pour vos mots de bienvenue et pour vos témoignages ! Je crois qu’ils peuvent être bien résumés par certaines paroles de Jésus : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire » (Mt 25, 35). Le Seigneur nous offre ainsi le critère pour le reconnaître, pour le reconnaître présent dans le monde et la condition pour entrer dans la joie ultime de son Royaume au moment du jugement dernier.

Depuis ses débuts l’Église a pris au sérieux cette vérité, démontrant en actes que la dimension caritative fonde son identité. La dimension caritative fonde l’identité de l’Église. Je pense aux récits des Actes des Apôtres, aux nombreuses initiatives prises par la communauté chrétienne primitive pour réaliser les paroles de Jésus, donnant vie à une Église construite sur quatre piliers : la communion, la liturgie, le service et le témoignage. Il est merveilleux de constater qu’après tant de siècles, le même esprit imprègne l’Église en Mongolie : dans sa petitesse, elle vit de communion fraternelle, de prière, du service désintéressé à l’humanité souffrante et du témoignage de sa foi. Tout comme les quatre colonnes des grandes ger, qui soutiennent l’ouverture centrale supérieure, permettant à la structure de tenir debout et d’offrir un espace accueillant à l’intérieur.

Nous voici donc à l’intérieur de cette maison que vous avez construite et que j’ai aujourd’hui la joie de bénir et d’inaugurer. C’est une expression concrète de l’attention aux autres dans laquelle les chrétiens se reconnaissent, car là où il y a l’accueil, l’hospitalité et l’ouverture aux autres, on respire la bonne odeur du Christ (cf. 2 Co 2, 15). Se dépenser pour son prochain, pour sa santé, ses besoins fondamentaux, sa formation et sa culture, fait partie depuis ses débuts de cette portion vivante du Peuple de Dieu. Dès leur arrivée à Oulan-Bator dans les années 1990, les premiers missionnaires ont immédiatement ressenti l’appel à la charité, qui les a amenés à s’occuper des enfants abandonnés, des frères et sœurs sans abri, des malades, des personnes vivant avec un handicap, des prisonniers et de tous ceux qui, dans leur état de souffrance, demandaient à être accueillis.

Aujourd’hui, nous voyons comment un tronc a poussé de ces racines, des branches ont poussé et de nombreux fruits ont éclos : de nombreuses et louables initiatives caritatives, développées en projets à long terme, réalisées principalement par les différents Instituts missionnaires présents ici et appréciés par la population et les autorités civiles. D’autre part, c’est le gouvernement mongol lui-même qui avait demandé l’aide des missionnaires catholiques pour faire face aux nombreuses urgences sociales d’un pays qui, à l’époque, se trouvait dans une phase délicate de transition politique marquée par une pauvreté généralisée. Aujourd’hui encore, ces projets impliquent des missionnaires de nombreux pays, qui mettent leurs connaissances, leur expérience, leurs ressources et surtout leur amour au service de la société mongole. À eux, et à ceux qui soutiennent ces nombreuses bonnes œuvres, vont mon admiration et mes « remerciements » les plus sincères.

La Maison de la Miséricorde se veut un point de référence pour une multiplicité d’interventions caritatives, de mains tendues vers les frères et sœurs qui peinent à naviguer au milieu des problèmes de la vie. C’est une sorte de port où accoster, où pouvoir trouver écoute et compréhension. Mais cette nouvelle initiative, alors qu’elle s’ajoute aux nombreuses autres initiatives soutenues par les différentes institutions catholiques, en représente une version inédite : ici, en effet, c’est l’Église particulière qui porte le projet, dans la synergie de toutes les composantes missionnaires, mais avec une identité locale claire, comme une véritable expression de la Préfecture Apostolique dans son ensemble. Et j’aime beaucoup le nom que vous avez voulu lui donner : Maison de la Miséricorde. Dans ces deux mots se trouve la définition de l’Église, appelée à être une demeure accueillante où tous peuvent faire l’expérience d’un amour supérieur, qui remue et touche le cœur : l’amour tendre et providentiel du Père, qui veut que nous soyons frères, que nous soyons sœurs dans sa maison. Je souhaite donc que vous puissiez tous vous mobiliser autour de cette œuvre et que les différentes communautés missionnaires y participent activement, en y engageant des personnes et ressources.

Pour que cela se réalise, le volontariat est indispensable, c’est-à-dire le service purement gratuit et désintéressé, que les personnes décident librement d’offrir à ceux qui sont dans le besoin : non pas sur la base d’une compensation financière ou d’une quelconque forme de retour individuel, mais par pur amour pour le prochain. C’est le style de service que Jésus nous a enseigné en disant : « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » (Mt 10, 8). Servir ainsi semble un pari perdant, mais lorsqu’on risque, on découvre que ce qu’on donne sans attendre en retour n’est pas perdu ; au contraire, cela devient une grande richesse pour ceux qui offrent leur temps et leur énergie. En effet, la gratuité allège l’âme, guérit les blessures du cœur, rapproche de Dieu, ouvre la source de la joie et maintient la jeunesse intérieure. Dans ce pays plein de jeunes, se consacrer au volontariat peut être un chemin décisif pour la croissance personnelle et sociale.

C’est aussi un fait que, même dans les sociétés hautement technologiques et à haut niveau de vie, le système de protection sociale ne suffit pas à lui seul à fournir tous les services aux citoyens, s’il n’y a pas en plus des légions de bénévoles qui consacrent leur temps, leurs compétences et leurs ressources à l’amour du prochain. En effet, le véritable progrès des nations ne se mesure pas à la richesse économique, et encore moins à celle des investissements dans le pouvoir illusoire des armements, mais à leur capacité à assurer la santé, l’éducation et la croissance intégrale de leur peuple. Je voudrais donc encourager tous les citoyens mongols, connus pour leur magnanimité et leur capacité d’abnégation, à s’engager dans le bénévolat, en se mettant à la disposition des autres. Ici, à la Maison de la Miséricorde, vous disposez d’un « gymnase » toujours ouvert où vous pouvez exercer vos désirs de bien et entraîner votre cœur.

Enfin, je voudrais démentir certains « mythes ». Tout d’abord, celui selon lequel seules les personnes aisées peuvent s’engager dans le volontariat. C’est une « fantaisie ». La réalité dit le contraire : il n’est pas nécessaire d’être riche pour faire le bien, au contraire, ce sont presque toujours les personnes ordinaires qui consacrent leur temps, leurs connaissances et leur cœur à s’occuper des autres. Deuxième mythe à briser : celui selon lequel l’Église catholique, qui se distingue dans le monde entier par son grand engagement dans les œuvres de promotion sociale, fait tout cela par prosélytisme, comme si le fait de s’occuper des autres était une forme de conviction pour attirer « de son côté ». Non, l’Église ne va pas de l’avant par prosélytisme, elle va de l’avant par attraction. Les chrétiens reconnaissent ceux qui sont dans le besoin et font tout leur possible pour soulager leurs souffrances parce qu’ils y voient Jésus, le Fils de Dieu, et en lui la dignité de chaque personne, appelée à être un fils ou une fille de Dieu. J’aime imaginer cette Maison de la Miséricorde comme le lieu où des personnes de différentes « croyances », et même des non-croyants, unissent leurs efforts à ceux des catholiques locaux pour secourir avec compassion de nombreux frères et sœurs en humanité. C’est le mot, compassion : la capacité de souffrir avec l’autre. Et l’État saura protéger et promouvoir cela de manière adéquate. Pour que ce rêve devienne réalité, il est en effet indispensable, ici et ailleurs, que les responsables publics soutiennent ces initiatives humanitaires, faisant preuve d’une synergie vertueuse pour le bien commun. Enfin, un troisième mythe à casser : celui selon lequel seuls les moyens économiques comptent, comme si la seule façon de s’occuper des autres était d’employer des salariés et d’investir dans de grandes infrastructures. Certes, la charité exige du professionnalisme, mais les initiatives caritatives ne doivent pas devenir des entreprises, mais conserver la fraîcheur des œuvres de charité, où ceux qui sont dans le besoin trouvent des personnes capables d’écoute, capables de compassion, au-delà de toute rémunération.

En d’autres termes, pour faire vraiment le bien, ce qui est indispensable, c’est un cœur bon, un cœur déterminé à chercher le meilleur pour l’autre. S’engager uniquement en vue d’une rémunération n’est pas un véritable amour ; seul l’amour permet de surmonter l’égoïsme et fait avancer le monde. À cet égard, j’aimerais conclure en rappelant un épisode lié à sainte Teresa de Calcutta. Il semble qu’un journaliste, la regardant courbée sur la plaie malodorante d’un malade, lui ait dit un jour : « Ce que vous faites est beau, mais personnellement je ne le ferais pas même pour un million de dollars ». Mère Teresa répondit : « Pour un million de dollars, je ne le ferais pas non plus. Je le fais pour l’amour de Dieu ! » Je prie pour que ce style de gratuité soit la valeur ajoutée de la Maison de la Miséricorde. Pour tout le bien que vous avez fait et que vous ferez, je vous remercie de tout cœur – Merci, merci beaucoup ! – et je vous bénis. Et s’il vous plaît, ayez aussi la charité de prier pour moi. Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Homélie du pape François lors de la messe à la Steppe Arena

Le dimanche 3 septembre, lors de sa visite apostolique en Mongolie, le pape François a prononcé l’homélie de la messe à la Steppe Arena. Il a dit : « Seul l’amour satisfait la soif de nos cœurs, seul l’amour guérit nos blessures, seul l’amour nous apporte la vraie joie. C’est la voie que Jésus nous a enseignée, c’est le chemin qu’il a ouvert devant nous. »

Voici le texte intégral:

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Steppe Arena (Oulan-Batar)
Dimanche 3 septembre 2023

Avec les paroles du psaume, nous avons prié : « Ô Dieu, […] mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau » (Ps 63, 2). Cette merveilleuse invocation accompagne le voyage de notre vie, au milieu des déserts que nous sommes appelés à traverser. Et c’est précisément dans cette terre aride que nous parvient une bonne nouvelle : nous ne sommes pas seuls sur notre chemin ; nos aridités n’ont pas le pouvoir de rendre notre vie stérile à jamais ; le cri de notre soif n’est pas ignoré. Dieu le Père a envoyé son Fils pour nous donner de l’eau vive de l’Esprit Saint afin de désaltérer notre âme (cf. Jn 4, 10). Et Jésus – nous venons de l’entendre dans l’Évangile – nous montre le chemin pour être désaltérés : c’est le chemin de l’amour, qu’il a parcouru jusqu’au bout, jusqu’à la croix, et sur lequel il nous appelle à le suivre « en perdant la vie pour la retrouver » à nouveau (cf. Mt 16, 24-25).

Arrêtons-nous ensemble sur ces deux aspects : la soif qui nous habite et l’amour qui nous désaltère.

Avant tout, nous sommes appelés à reconnaître la soif qui nous habite. Le psalmiste crie à Dieu sa soif ardente parce que sa vie ressemble à un désert. Ses mots ont une résonance particulière dans une terre comme la Mongolie : un territoire immense, riche d’histoire, une terre pleine de culture, mais aussi marqué par l’aridité de la steppe et du désert. Beaucoup d’entre vous sont habitués à la beauté et à la difficulté de marcher, une action qui rappelle un aspect essentiel de la spiritualité biblique, représentée par la figure d’Abraham et, plus généralement, précisément du peuple d’Israël et de tout disciple du Seigneur : en effet, tous, nous sommes tous des « nomades de Dieu », des pèlerins en quête du bonheur, des voyageurs assoiffés d’amour. Le désert évoqué par le psalmiste se réfère donc à notre vie : nous sommes cette terre aride qui a soif d’une eau limpide, d’une eau qui désaltère en profondeur ; c’est notre cœur qui aspire à découvrir le secret de la vraie joie, celle qui, même au milieu des aridités existentielles, peut nous accompagner et nous soutenir. Oui, nous portons en nous une soif inextinguible de bonheur ; nous sommes à la recherche d’un sens et d’une orientation pour notre vie, d’une motivation pour les activités que nous menons chaque jour ; et surtout nous sommes assoiffés d’amour, car c’est seulement l’amour qui nous satisfait vraiment, qui nous fait sentir bien – l’amour nous fait nous sentir bien -, qui nous ouvre à la confiance, en nous faisant goûter la beauté de la vie. Chers frères et sœurs, la foi chrétienne répond à cette soif ; elle la prend au sérieux ; elle ne la supprime pas, elle ne cherche pas à l’étancher avec des palliatifs ou des substituts : non ! Car notre grand mystère se trouve dans cette soif : elle nous ouvre au Dieu vivant, au Dieu Amour qui vient à notre rencontre pour faire de nous ses enfants et des frères et sœurs entre nous.

Nous en arrivons ainsi au deuxième aspect : l’amour qui nous désaltère. Il y a d’abord eu notre soif, existentielle, profonde, et pensons maintenant à l’amour qui nous désaltère. C’est le contenu de la foi chrétienne : Dieu, qui est amour, dans son Fils Jésus, s’est fait proche de toi, de moi, de nous tous, il veut partager ta vie, tes peines, tes rêves, ta soif de bonheur. Certes, nous nous sentons parfois comme une terre déserte, aride et sans eau, mais il est tout aussi vrai que Dieu prend soin de nous et nous offre l’eau limpide et rafraîchissante, l’eau vive de l’Esprit qui, jaillissant en nous, nous renouvelle, en nous libérant du danger de la sécheresse. Cette eau nous est donnée par Jésus. Comme l’affirme saint Augustin, « si nous nous reconnaissons dans l’assoiffé, nous nous reconnaîtrons aussi dans le désaltéré » (Sur le Psaume 62, 3). En effet, si tant de fois dans notre vie nous faisons l’expérience du désert, de la solitude, de la fatigue, de la stérilité, nous ne devons cependant pas oublier ceci : « Pour que nous ne tombions pas en défaillance dans ce désert – ajoute Augustin – le Seigneur répand en nos cœurs la divine rosée de sa parole […]. Nous sommes altérés et nous pouvons nous rafraîchir au moyen de la grâce que Dieu nous accorde. […] Le Seigneur a pris pitié de notre infortune ; il a tracé pour nous une voie dans le désert de notre vie, il nous a donné Notre-Seigneur Jésus-Christ », qui est la voie dans le désert de la vie. « Pour nous consoler dans ce désolant pèlerinage, des prédicateurs de sa parole ont été envoyés par lui vers nous ; il nous a donné de l’eau pour nous désaltérer dans cette aride solitude, car il a rempli ses Apôtres de l’Esprit-Saint qui est devenu en eux une source d’eau vive, jaillissant jusqu’à la vie éternelle » (ibid. 3.8). Ces paroles, chers frères et sœurs, rappellent votre histoire : dans les déserts de la vie et dans la difficulté d’être une petite communauté, le Seigneur ne vous laisse pas manquer de l’eau de sa Parole, surtout à travers les prédicateurs et les missionnaires qui, oints par l’Esprit Saint, en sèment la beauté. Et la Parole toujours, toujours nous ramène à l’essentiel, à l’essentiel de la foi : se laisser aimer par Dieu pour faire de notre vie une offrande d’amour. Car seul l’amour nous désaltère vraiment. N’oublions pas que seul l’amour désaltère vraiment.

C’est ce que Jésus dit d’un ton fort à l’apôtre Pierre dans l’Évangile d’aujourd’hui. Celui-ci n’accepte pas que Jésus doive souffrir, être accusé par les chefs du peuple, passer par la passion et mourir sur la croix. Pierre réagit, Pierre proteste, il voudrait convaincre Jésus qu’il a tort, car selon lui – et c’est ce que nous pensons si souvent nous aussi – le Messie ne peut pas finir vaincu, et ne peut absolument pas mourir crucifié, comme un malfaiteur abandonné par Dieu. Mais le Seigneur réprimande Pierre, parce que sa façon de penser est « selon le monde », dit le Seigneur, et non selon Dieu (cf. Mt 16, 21-23). Si nous pensons que le succès, le pouvoir, les choses matérielles, suffisent à étancher la soif ardente de notre vie, c’est une mentalité mondaine qui ne conduit à rien de bon et, bien plus, nous laisse plus arides qu’auparavant. Jésus, au contraire, nous montre le chemin : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera » (Mt 16, 24-25).

Frères et sœurs, le meilleur chemin est celui-ci : embrasser la croix du Christ. Au cœur du christianisme, se trouve cette nouvelle bouleversante, cette nouvelle extraordinaire : lorsque tu perds ta vie, lorsque tu l’offres généreusement dans le service, lorsque tu la risques en l’engageant dans l’amour, lorsque tu en fais un don gratuit pour les autres, alors elle te revient en abondance, elle répand en toi une joie qui ne passe pas, une paix du cœur, une force intérieure qui te soutient. Et nous avons besoin de paix intérieure.

C’est la vérité que Jésus nous invite à découvrir, que Jésus veut vous révéler à tous, à cette terre de Mongolie : il n’est pas nécessaire d’être grand, riche ou puissant pour être heureux : non ! Seul l’amour désaltère notre cœur, seul l’amour guérit nos blessures, seul l’amour nous donne la vraie joie. Et c’est la voie que Jésus a enseignée et ouverte pour nous.

Écoutons donc frères et sœurs, nous aussi, la parole que le Seigneur dit à Pierre : « Passe derrière moi » (Mt 16, 23), c’est-à-dire : deviens mon disciple, fais le même chemin que moi et ne pense plus selon le monde. Alors, avec la grâce du Christ et de l’Esprit Saint, nous pourrons marcher sur le chemin de l’amour. Même quand aimer signifie se renier soi-même, lutter contre les égoïsmes personnels et mondains, prendre le risque de vivre la fraternité. Car s’il est vrai que tout cela exige des efforts et des sacrifices et signifie parfois devoir monter sur la croix, il est encore plus vrai que lorsque nous perdons notre vie pour l’Évangile, le Seigneur nous la donne en abondance, pleine d’amour et de joie, pour l’éternité.

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Remerciement à la fin de la messe

 

Je voudrais profiter de la présence de ces deux frères évêques, l’évêque émérite de Hong Kong et l’évêque actuel de Hong Kong, pour saluer chaleureusement le noble peuple chinois. À tout le peuple, je souhaite le meilleur, et d’aller toujours de l’avant, de toujours progresser ! Et aux catholiques chinois, je demande d’être de bons chrétiens et de bons citoyens. À tous. Merci.

Merci, Éminence, pour vos paroles, et merci pour votre don ! Vous avez dit qu’en ces jours vous avez touché du doigt combien m’est cher le Peuple de Dieu qui est en Mongolie. Certes, je suis parti pour ce pèlerinage avec beaucoup d’attente, avec le désir de vous rencontrer et de vous connaître, et maintenant je remercie Dieu pour vous parce que, à travers vous, Il aime accomplir de grandes choses dans la petitesse. Merci, parce que vous êtes de bons chrétiens et d’honnêtes citoyens. Allez de l’avant, avec douceur et sans peur, en ressentant la proximité et l’encouragement de toute l’Église, et surtout le regard tendre du Seigneur qui n’oublie personne et qui regarde avec amour chacun de ses enfants.

Je salue les frères évêques, les prêtres, les personnes consacrées et tous les amis venus ici de différents pays, en particulier de diverses régions de l’immense continent asiatique, où je suis honoré de me trouver et que j’étreins avec une grande affection. J’exprime ma gratitude particulière à ceux qui aident l’Église locale, en la soutenant spirituellement et matériellement.

Ces jours-ci, d’importantes délégations du gouvernement ont participé à chaque événement : je remercie Monsieur le Président et les Autorités pour l’accueil et leur cordialité, ainsi que pour tous les préparatifs effectués. J’ai touché du doigt la traditionnelle cordialité : merci !

Je salue également de tout cœur les frères et sœurs d’autres Confessions chrétiennes et religions : continuons à grandir ensemble dans la fraternité, comme des semences de paix dans un monde tristement endeuillé par trop de guerres et de conflits.

Et je voudrais adresser une pensée reconnaissante à tous ceux qui ont travaillé ici, beaucoup et depuis si longtemps, pour rendre ce voyage beau, pour rendre ce voyage possible, et à tous ceux qui l’ont préparé par la prière.

Éminence, vous nous avez rappelé que le mot “merci” en langue mongole vient du verbe “se réjouir”. Mes remerciements s’accordent avec cette merveilleuse intuition de la langue locale, parce qu’ils sont pleins de joie. C’est un grand merci à toi, peuple mongol, pour le don de l’amitié que j’ai reçu ces jours-ci, pour ta capacité authentique d’apprécier même les aspects les plus simples de la vie, de garder avec sagesse les relations et les traditions, de cultiver le quotidien avec soin et attention.

La Messe est action de grâce, “Eucharistie”. La célébrer sur cette terre m’a rappelé la prière du père jésuite Pierre Teilhard de Chardin, adressée à Dieu il y a exactement 100 ans, dans le désert d’Ordos, non loin d’ici. Il dit ainsi : « Je me prosterne, ô Seigneur, devant votre Présence dans l’Univers devenu ardent et, sous les traits de tout ce que je rencontrerai, et de tout ce qui m’arrivera, et de tout ce que je réaliserai en ce jour, je vous désire, je vous attends ». Le Père Teilhard était engagé dans des recherches géologiques. Il désirait ardemment célébrer la Messe, mais il n’avait ni pain ni vin avec lui. C’est alors qu’il composa sa “Messe sur le monde”, exprimant ainsi son offrande : « Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par votre attrait, vous présente à l’aube nouvelle ». Et une prière similaire était déjà née en lui alors qu’il se trouvait au front pendant la Première Guerre mondiale, où il travaillait comme brancardier. Ce prêtre, souvent incompris, avait l’intuition que « l’Eucharistie est toujours célébrée, en un sens – dans un certain sens –, sur l’autel du monde » et qu’elle est « le centre vital de l’univers, le foyer débordant d’amour et de vie inépuisables » (Enc. Laudato si’, n. 236), même à notre époque de tensions et de guerres. Prions donc aujourd’hui avec les paroles du père Teilhard : « Verbe étincelant, Puissance ardente, Vous qui pétrissez le Multiple pour lui insuffler votre vie, abaissez, je vous prie, sur nous, vos mains puissantes, vos mains prévenantes, vos mains omniprésentes».

Frères et sœurs de la Mongolie, merci pour votre témoignage, bayarlalaa ! [merci !]. Que Dieu vous bénisse. Vous êtes dans mon cœur et vous y resterez. Souvenez-vous de moi, s’il vous plaît, dans vos prières et dans vos pensées. Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre œcuménique et interreligieuse : Discours du Saint-Père

Au troisième jour de sa visite apostolique en Mongolie, le pape François s’est adressé à une réunion œcuménique et interreligieuse. Il a partagé l’espoir que « la mémoire des souffrances passées puisse donner la force nécessaire pour transformer les blessures sombres en sources de lumière, la violence insensée en sagesse de vie, le mal dévastateur en bonté constructive. »

Voici le texte intégral:

RENCONTRE ŒCUMÉNIQUE ET INTERRELIGIEUSE

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Théâtre Hun (Ulan-Bator)
Dimanche 3 septembre 2023

Bonjour à vous tous, chers frères et sœurs !

Permettez-moi de m’adresser à vous comme frère dans la foi avec les croyants en Christ et comme frère pour vous tous, au nom de la quête religieuse commune et de l’appartenance à la même humanité. L’humanité, dans son aspiration religieuse, peut être comparée à une communauté de voyageurs marchant sur la terre avec le regard tourné vers le ciel. À cet égard, ce qu’un croyant, venu de loin, a dit de la Mongolie est significatif : il a écrit qu’il a voyagé « sans rien voir d’autre que le ciel et la terre » (Guglielmo di Rubruk, Viaggio in Mongolia, XIII/3, Milano 2014, 63). Le ciel, si limpide, si bleu, étreint ici la terre vaste et imposante, évoquant les deux dimensions fondamentales de la vie humaine : la dimension terrestre, faite de relations avec les autres, et la dimension céleste, faite de la recherche de l’Autre, qui nous transcende. La Mongolie rappelle en somme le besoin, pour nous tous, pèlerins et voyageurs, de tourner le regard vers le haut pour trouver le cap de la marche sur la terre.

Je suis donc heureux d’être avec vous en ce moment important de rencontre. Je remercie chaleureusement chacun et chacune pour sa présence et pour chaque intervention qui a enrichi notre réflexion commune. Le fait d’être ensemble dans le même lieu est déjà un message : les traditions religieuses, dans leur originalité et leur diversité, représentent un formidable potentiel de bien au service de la société. Si les responsables des nations choisissaient la voie de la rencontre et du dialogue avec les autres, ils contribueraient certainement de manière décisive à mettre fin aux conflits qui continuent à faire souffrir tant de peuples.

Le bien-aimé peuple mongol, qui peut se targuer d’une histoire de coexistence entre les membres de diverses traditions religieuses, nous donne l’occasion de nous réunir pour apprendre à nous connaître et à nous enrichir mutuellement. Il est bon de rappeler cette expérience vertueuse de l’ancienne capitale impériale, Kharakorum, dans laquelle se trouvaient des lieux de culte appartenant à différentes croyances, témoignant d’une harmonie louable. Harmonie : je voudrais insister sur ce mot au goût typiquement asiatique. Elle est cette relation particulière qui se crée entre des réalités différentes, sans les superposer ni les homologuer, mais dans le respect des différences et au profit de la vie commune. Je me demande : qui, plus que les croyants, est appelé à travailler pour l’harmonie de tous ?

Frères, sœurs, la valeur sociale de notre religiosité se mesure à la manière dont nous parvenons à nous harmoniser avec les autres pèlerins sur terre, et à la manière dont nous parvenons à répandre l’harmonie là où nous vivons. Toute vie humaine, en effet, et à plus forte raison toute religion, est appelée à « se mesurer » en fonction de l’altruisme : non pas un altruisme abstrait, mais concret, se traduisant par la recherche de l’autre et la collaboration généreuse avec l’autre, parce que « le sage se réjouit dans le don, et c’est par là seulement qu’il devient heureux » (The Dhammapada The Buddha’s Path of Wisdom, Sri Lanka 1985, n. 177 ; cf. les paroles de Jésus rapportées dans Ac 20, 35). Une prière, inspirée par François d’Assise, récite : « Là où il y a de la haine, que je mette l’amour, là où il y a l’offense, que je mette le pardon, là où il y a la discorde, que je mette l’union ». L’altruisme construit l’harmonie et là où il y a l’harmonie, il y a l’entente, il y a la prospérité, il y a la beauté. En effet, harmonie est peut-être le synonyme le plus approprié de beauté. En revanche, la fermeture, l’imposition unilatérale, le fondamentalisme et la contrainte idéologique ruinent la fraternité, alimentent les tensions et sapent la paix. La beauté de la vie est le fruit de l’harmonie : elle est communautaire, elle grandit avec la gentillesse, l’écoute et l’humilité. Et c’est le cœur pur qui la saisit, car « la vraie beauté, après tout, réside dans la pureté du cœur » (M.K. Gandhi, Il mio credo, il mio pensiero, Roma 2019, 94).

Les religions sont appelées à offrir au monde cette harmonie que le progrès technique à lui seul ne peut assurer, car, en visant la dimension terrestre, horizontale de l’homme, il risque d’oublier le ciel pour lequel nous sommes faits. Sœurs et frères, nous sommes ici aujourd’hui en tant qu’humbles héritiers d’anciennes écoles de sagesse. En nous rencontrant, nous nous engageons à partager tout le bien que nous avons reçu, afin d’enrichir une humanité qui, dans son cheminement, est souvent désorientée par des recherches à court terme du profit et du bien-être. Elle est souvent incapable de trouver le fil conducteur : tournée uniquement vers les intérêts terrestres, elle finit par ruiner la terre elle-même, confondant progrès et régression, comme le montrent tant d’injustices, tant de conflits, tant de dévastations environnementales, tant de persécutions, tant de rejet de la vie humaine.

L’Asie a beaucoup à offrir à cet égard et la Mongolie, qui se trouve au cœur de ce continent, conserve un grand patrimoine de sagesse, que les religions répandues ici ont contribué à créer et que je voudrais inviter chacun à découvrir et à valoriser. Je ne ferai qu’évoquer, sans les approfondir, dix aspects de cet héritage de sagesse. Dix aspects : le bon rapport avec la tradition, malgré les tentations consuméristes ; le respect des anciens et des ancêtres – combien avons-nous besoin aujourd’hui d’une alliance générationnelle entre eux et les plus jeunes, de dialogue entre les grands-parents et les petits-enfants ! Et puis, le respect de l’environnement, notre maison commune, une autre nécessité d’une actualité brûlante : nous sommes en danger. Et encore : la valeur du silence et de la vie intérieure, antidote spirituel à tant de maux du monde d’aujourd’hui. Ensuite, un sens sain de la sobriété ; la valeur de l’accueil ; la capacité de résister à l’attachement aux choses ; la solidarité, qui découle de la culture des liens entre les personnes ; l’appréciation de la simplicité. Et, enfin, un certain pragmatisme existentiel, qui tend à rechercher avec ténacité le bien de l’individu et de la communauté. Ces dix aspects sont là quelques éléments du patrimoine de sagesse que ce pays peut offrir au monde.

À propos de vos traditions, j’ai déjà dit combien, en préparant ce voyage, j’avais été fasciné par les habitations traditionnelles à travers lesquelles le peuple mongol révèle une sagesse sédimentée par des millénaires d’histoire. La ger constitue en effet un espace humain : en son sein se déroule la vie de la famille, c’est un lieu de convivialité amicale, de rencontre et de dialogue où, même lorsqu’on est nombreux, on sait faire de la place à quelqu’un d’autre. Et puis c’est un point de repère concret, facilement identifiable dans les vastes étendues du territoire mongol ; c’est un motif d’espérance pour ceux qui se sont égarés : s’il y a une ger, il y a la vie. On la trouve toujours ouverte, prête à accueillir l’ami, mais aussi le voyageur et même l’étranger, pour lui offrir un thé fumant qui fait reprendre des forces dans le froid de l’hiver ou un lait fermenté frais qui apporte un rafraîchissement durant les chaudes journées d’été. C’est aussi l’expérience des missionnaires catholiques, provenant d’autres pays, qui sont accueillis ici comme pèlerins et hôtes, et qui entrent sur la pointe des pieds dans ce monde culturel, pour offrir l’humble témoignage de l’Évangile de Jésus-Christ.

Mais, en plus de l’espace humain, la ger évoque l’essentielle ouverture au divin. La dimension spirituelle de cette habitation est représentée par son ouverture vers le haut, avec un seul point d’où la lumière entre, sous la forme d’une lucarne en tranches. L’intérieur devient ainsi un grand cadran solaire, dans lequel la lumière et l’ombre se succèdent, marquant les heures du jour et de la nuit. Il y a là une belle leçon à tirer : le sens du temps qui passe vient d’en haut, et non du simple flux des activités terrestres. Ainsi, à certaines périodes de l’année, le rayon qui pénètre d’en haut illumine l’autel domestique, rappelant la primauté de la vie spirituelle. La coexistence humaine qui se déroule dans l’espace circulaire est ainsi constamment renvoyée à sa vocation verticale, transcendante et spirituelle.

L’humanité réconciliée et prospère, que nous contribuons à promouvoir en tant que représentants de différentes religions, est symboliquement représentée par cette convivialité harmonieuse ouverte à la transcendance, où l’engagement pour la justice et la paix trouve inspiration et fondement dans la relation avec le divin. Ici, chers sœurs et frères, notre responsabilité est grande, surtout en cette heure de l’histoire, car notre comportement est appelé à confirmer dans les faits les enseignements que nous professons ; il ne peut pas les contredire, en devenant un motif de scandale. Aucune confusion donc entre croyance et violence, entre sacré et imposition, entre parcours religieux et sectarisme. Que la mémoire des souffrances endurées dans le passé – je pense en particulier aux communautés bouddhistes – donne la force de transformer les sombres blessures en sources de lumière, l’absurdité de la violence en sagesse de vie, le mal qui détruit en bien qui construit. Qu’il en soit ainsi pour nous, disciples enthousiastes de nos maîtres spirituels respectifs et serviteurs consciencieux de leurs enseignements, disposés à offrir la beauté à ceux que nous accompagnons, en compagnons de route amicaux. Cela est vrai, parce que dans les sociétés pluralistes qui croient aux valeurs démocratiques, comme la Mongolie, toute institution religieuse, dûment reconnue par l’autorité civile, a le devoir et en premier lieu le droit d’offrir ce qu’elle est et ce qu’elle croit, dans le respect de la conscience d’autrui et avec pour objectif le plus grand bien de tous.

En ce sens, je voudrais vous confirmer que l’Église catholique veut marcher dans cette voie, en croyant fermement au dialogue œcuménique, au dialogue interreligieux et au dialogue culturel. Sa foi est fondée sur le dialogue éternel entre Dieu et l’humanité, incarné dans la personne de Jésus-Christ. Avec humilité et dans l’esprit de service qui a animé la vie du Maître, venu dans le monde non pas « pour être servi, mais pour servir » (Mc 10, 45), l’Église aujourd’hui offre le trésor qu’elle a reçu à toute personne et à toute culture, en restant dans une attitude d’ouverture et d’écoute de ce que les autres traditions religieuses ont à offrir. Le dialogue, en effet, n’est pas antithétique à l’annonce : il n’aplatit pas les différences, mais aide à les comprendre, les préserve dans leur originalité et leur permet de se confronter pour un enrichissement franc et réciproque. Ainsi, on peut trouver dans l’humanité bénie par le Ciel la clé pour marcher sur la terre. Frères et sœurs, nous avons une origine commune, qui confère à tous la même dignité, et nous avons un chemin commun, que nous ne pouvons parcourir qu’ensemble, en demeurant sous le même ciel qui nous enveloppe et nous illumine.

Frères et sœurs, notre présence ici aujourd’hui est signe qu’espérer est possible. Espérer est possible. Dans un monde déchiré par les conflits et les discordes, cela pourrait sembler utopique ; pourtant, les plus grandes entreprises commencent dans la discrétion, presque imperceptibles. Le grand arbre naît de la petite graine, enfoui dans la terre. Et si « le parfum des fleurs ne se répand que dans la direction du vent, le parfum de ceux qui vivent selon la vertu se répand dans toutes les directions » (cf. The Dhammapada, n. 54). Faisons fleurir cette certitude que nos efforts communs pour dialoguer et construire un monde meilleur ne sont pas vains. Cultivons l’espérance. Comme l’a dit un philosophe : « Chacun fut grand selon ce qu’il a espéré. L’un fut grand en espérant le possible, un autre en espérant l’éternel, mais celui qui espéra l’impossible fut le plus grand de tous » (S.A. Kierkegaard, Crainte et tremblement, Milan 2021, 16). Que les prières que nous élevons vers le ciel et la fraternité que nous vivons sur la terre nourrissent l’espérance ; qu’elles soient le témoignage simple et crédible de notre religiosité, de notre marche ensemble avec le regard fixé vers le haut, de notre façon d’habiter le monde en harmonie – n’oublions pas le mot « harmonie » – en tant que pèlerins appelés à garder l’atmosphère de la maison, pour tous. Merci.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les évêques, les prêtres, les missionnaires, les personnes consacrées et les agents pastoraux: discours du Saint-Père

Le samedi 2 septembre, le pape François a poursuivi sa visite apostolique en Mongolie en rencontrant le clergé, les religieux, les missionnaires et les agents pastoraux. Il les a encouragés à « dépenser leur vie pour l’Évangile parce qu’ils ont « goûté » le Dieu qui s’est rendu visible, que l’on peut toucher et rencontrer en Jésus. »

Voici le texte intégral:

RENCONTRE AVEC LES ÉVÊQUES, LES PRÊTRES, LES MISSIONNAIRES,
LES PERSONNES CONSACRÉES ET LES AGENTS PASTORAUX

DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul (Oulan-Bator)
Samedi 2 septembre 2023

 

Chers frères et sœurs, bon après-midi !

Merci, Excellence, pour vos paroles, merci à Sœur Salvia, à l’abbé Peter Sanjaajav et à Rufina pour vos témoignages, merci à vous tous pour votre présence et votre foi ! Je suis heureux de vous rencontrer. La joie de l’Évangile est la raison qui vous a poussés, hommes et femmes consacrés dans la vie religieuse et dans le ministère ordonné, à être ici et à vous dévouer, avec vos sœurs et vos frères laïcs, au Seigneur et aux autres. Je bénis Dieu pour cela. Je le fais à travers une belle prière de louange, le Psaume 34, duquel je m’inspire pour partager quelques réflexions avec vous. Il dit : « Goûtez et voyez : le Seigneur est bon » (v. 9).

Goûter et voir, parce que la joie et la bonté du Seigneur ne sont pas quelque chose de passager, mais demeurent à l’intérieur, donnent du goût à la vie et font voir les choses d’une manière nouvelle ; comme tu nous l’as dit, Rufina, dans ton beau témoignage. Je voudrais donc savourer le goût de la foi sur cette terre en me rappelant avant tout d’histoires et de visages, de vies dépensées pour l’Évangile. Dépenser sa vie pour l’Évangile : c’est une belle définition de la vocation missionnaire du chrétien, et en particulier de la manière dont les chrétiens la vivent ici. Dépenser sa vie pour l’Évangile !

Je me souviens ensuite de l’évêque Wenceslao Selga Padilla, premier Préfet Apostolique, pionnier de la phase contemporaine de l’Église en Mongolie et bâtisseur de cette cathédrale. Ici, toutefois, la foi ne remonte pas seulement aux années quatre-vingt-dix du siècle dernier, mais elle a des racines très anciennes. Aux expériences du premier millénaire, marquées par le mouvement évangélisateur de tradition syriaque, répandu le long de la route de la soie, a succédé un travail missionnaire considérable : comment ne pas rappeler les missions diplomatiques du XIIIe siècle, mais aussi la sollicitude apostolique manifestée par la nomination, vers 1310, de Jean de Montecorvino comme premier évêque de Khān Bālīq, et donc responsable de cette vaste région du monde sous la dynastie mongole Yuan ? C’est justement lui qui a fourni la première traduction mongole du Livre des Psaumes et du Nouveau Testament. Eh bien, cette grande histoire de passion pour l’Évangile a repris de façon extraordinaire en 1992 avec l’arrivée des premiers missionnaires de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie, auxquels se sont joints des représentants d’autres instituts, du clergé diocésain et des volontaires laïcs. Parmi eux tous, je voudrais rappeler l’actif et zélé Père Stephano Kim Seong-hyeon. Et souvenons-nous de tant de fidèles serviteurs de l’Évangile en Mongolie, qui sont ici avec nous en ce moment et qui, après avoir dépensé leur vie pour le Christ, voient et goûtent les merveilles que sa bonté continue d’opérer en vous et par vous. Merci.

Mais pourquoi dépenser sa vie pour l’Évangile ? C’est une question que je vous pose. Comme le disait Rufina, la vie chrétienne avance en posant des questions, comme les enfants qui demandent toujours de nouvelles choses, parce qu’ils ne comprennent pas tout à l’âge des pourquoi. Et la vie chrétienne s’approche du Seigneur et pose toujours des questions, pour mieux comprendre le Seigneur, pour mieux comprendre son message. Dépenser la vie pour l’Évangile parce qu’on a goûté (cf. Ps 34) ce Dieu qui s’est rendu visible, tangible, accessible en Jésus. Oui, c’est Lui la bonne nouvelle destinée à tous les peuples, l’annonce que l’Église ne peut cesser d’apporter, en l’incarnant dans la vie et “en le murmurant” au cœur des individus et des cultures. Le langage de Dieu, tant de fois, est un murmure lent, qui prend son temps ; Il parle ainsi. Cette expérience de l’amour de Dieu dans le Christ est une lumière pure qui transfigure le visage et le rend lumineux à son tour. Frères et sœurs, la vie chrétienne naît de la contemplation de ce visage, c’est une question d’amour, de rencontre quotidienne avec le Seigneur dans la Parole et dans le Pain de Vie, et dans le visage de l’autre, dans les nécessiteux en qui Jésus est présent. Tu nous l’as rappelé, Sœur Salvia, avec ton témoignage, merci ! Cela fait plus de 20 ans que tu es ici et tu as appris à dialoguer avec ce peuple : merci.

Durant ces trente un an de présence en Mongolie, vous, chers prêtres, consacrés et agents pastoraux, vous avez donné vie à une grande variété d’initiatives caritatives, qui absorbent la plus grande partie de vos énergies et reflètent le visage miséricordieux du Christ Bon Samaritain. Elles sont votre carte de visite qui vous a rendus respectés et estimés pour les nombreux bienfaits que vous avez apportés à tant de personnes dans différents domaines : de l’assistance à l’éducation, en passant par les soins de santé et la promotion culturelle. Je vous encourage à poursuivre sur cette voie féconde et bénéfique pour le bien-aimé peuple mongol. Des Gestes d’amour et des gestes de charité.

En même temps, je vous invite à goûter et à voir le Seigneur – goûter et voir le Seigneur –, je vous invite à revenir toujours à ce regard originel d’où tout est né. Sans lui, en effet, les forces s’épuisent et l’engagement pastoral risque de devenir une prestation de services stérile, dans une succession d’actions dues, qui finissent par ne plus rien transmettre d’autre que lassitude et frustration. Au contraire, en restant en contact avec le visage du Christ, en le scrutant dans les Écritures et en le contemplant dans un silence d’adoration – dans un silence d’adoration – devant le tabernacle, vous le reconnaîtrez sur les visages de ceux que vous servez et vous vous sentirez transportés par une joie intime qui, même dans les difficultés, laisse la paix au cœur. C’est de cela que nous avons besoin, aujourd’hui et toujours : non pas de personnes occupées et distraites qui réalisent des projets, au risque parfois de paraître amères face à une vie qui n’est certainement pas facile, non : le chrétien est celui qui est capable d’adorer, d’adorer en silence. Et puis, de cette adoration naît l’activité. Mais n’oubliez pas l’adoration. Nous avons un peu perdu le sens de l’adoration en ce siècle pragmatique : n’oubliez pas d’adorer et, de l’adoration, de faire les choses. Il faut revenir à la source, au visage de Jésus, à sa présence à savourer : c’est Lui notre trésor (cf. Mt 13, 44), la perle précieuse pour laquelle il vaut la peine de tout dépenser (cf. Mt 13, 45-46). Les frères et sœurs de Mongolie qui ont un sens prononcé du sacré et – comme c’est typiquement le cas sur le continent asiatique – une histoire religieuse riche et articulée, attendent de vous ce témoignage et savent en reconnaître l’authenticité. C’est un témoignage que vous devez donner, parce que l’Évangile ne croît pas par le prosélytisme, l’Évangile croît par le témoignage.

Le Seigneur Jésus, en envoyant les siens dans le monde, ne les a pas envoyés pour propager une pensée politique, mais pour témoigner par leur vie de la nouveauté de la relation avec son Père, devenu “notre Père” (cf. Jn 20, 17), déclenchant ainsi une fraternité concrète avec chaque peuple. L’Église, qui naît de ce mandat, est une Église pauvre, qui ne repose que sur une foi authentique, sur la puissance désarmante et désarmée du Ressuscité, capable de soulager les souffrances de l’humanité blessée. Voilà pourquoi les gouvernements et les institutions séculières n’ont rien à craindre de l’action évangélisatrice de l’Église, parce que celle-ci n’a pas d’agenda politique à poursuivre, mais ne connaît que la force humble de la grâce de Dieu et d’une Parole de miséricorde et de vérité, capable de promouvoir le bien de tous.

Pour accomplir cette mission, le Christ a doté son Église d’une structure qui rappelle l’harmonie qui existe entre les différents membres du corps humain : Il en est la Tête, c’est-à-dire la tête qui continue à la guider, en répandant dans le Corps, c’est-à-dire en nous, son propre Esprit, opérant surtout dans ces signes de vie nouvelle que sont les sacrements. Pour en garantir l’authenticité et l’efficacité, il a institué l’ordre sacerdotal, marqué par une association intime avec Lui, avec Lui qui est le Bon Pasteur qui donne sa vie pour son troupeau. Toi aussi, abbé Peter, tu as été appelé à cette mission : merci d’avoir partagé ton expérience avec nous. Ainsi, même le saint Peuple de Dieu qui est en Mongolie possède la plénitude des dons spirituels. Et dans cette perspective, je vous invite à voir dans l’évêque non pas un gestionnaire, mais l’image vivante du Christ Bon Pasteur qui rassemble et qui guide son peuple ; un disciple comblé du charisme apostolique pour édifier votre fraternité dans le Christ et l’enraciner toujours plus dans cette nation à la noble identité culturelle. Le fait que votre évêque soit un Cardinal se veut ainsi une expression supplémentaire de proximité : vous tous, éloignés seulement physiquement, vous êtes très proches du cœur de Pierre ; et toute l’Église est proche de vous, de votre communauté, qui est vraiment catholique, c’est-à-dire universelle, et qui attire la sympathie de tous vos frères et sœurs dispersés dans le monde entier vers la Mongolie, dans une grande communion ecclésiale.

Et j’insiste sur ce mot : communion. L’Église ne se comprend pas sur la base d’un critère purement fonctionnel : non, l’Église n’est pas une entreprise fonctionnelle, l’Église ne grandit pas par prosélytisme, comme je l’ai dit. L’Église est une autre chose. Le mot “communion” nous explique bien ce qu’est l’Église. Dans ce corps de l’Église, l’évêque n’agit pas comme modérateur des différentes composantes en s’appuyant éventuellement sur le principe de la majorité, mais en vertu d’un principe spirituel, selon lequel Jésus Lui-même se rend présent en la personne de l’évêque pour assurer la communion dans son Corps mystique. En d’autres termes, l’unité de l’Église n’est pas une question d’ordre ni de respect, ni une bonne stratégie pour “faire équipe” ; c’est une question de foi et d’amour envers le Seigneur, c’est une fidélité à Lui. C’est pourquoi il est important que toutes les composantes ecclésiales s’unissent autour de l’évêque, qui représente le Christ vivant au milieu de son peuple, en construisant cette communion synodale qui est déjà une annonce et qui aide tant à inculturer la foi.

Très chers missionnaires, goûtez et voyez le don que vous êtes, goûtez et voyez la beauté de vous donner entièrement au Christ qui vous a appelés à témoigner de son amour précisément ici en Mongolie. Continuez à le faire en cultivant la communion. Réalisez-le dans la simplicité d’une vie sobre, à l’imitation du Seigneur, qui est entré à Jérusalem sur le dos d’un âne et qui fut même dépouillé de ses vêtements sur la croix. Soyez toujours proches des personnes, avec cette proximité qui est l’attitude de Dieu : Dieu est proche, compatissant et tendre – proximité, compassion et tendresse. Soyez ainsi avec les personnes, en prenant soin d’eux personnellement, en apprenant leur langue, en respectant et en aimant leur culture, en ne vous laissant pas tenter par des certitudes mondaines, mais en demeurant fermes dans l’Évangile à travers une rectitude exemplaire de vie spirituelle et morale. Simplicité et proximité, donc, sans vous lasser d’apporter à Jésus les visages et les histoires que vous rencontrez, les problèmes et les préoccupations, en consacrant du temps à la prière quotidienne qui vous permet de vous tenir debout dans les fatigues du service et de puiser en « Dieu de qui vient tout réconfort » (2 Co 1, 3), l’espérance à déverser dans les cœurs de ceux qui souffrent.

Frères et sœurs, près du Seigneur, en effet, une certitude se renforce en nous, comme nous le révèle toujours le Psaume 34 : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. […] qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien » (v. 10-11). Certes, les déséquilibres et les contradictions de la vie affectent aussi les croyants, et les évangélisateurs ne sont pas exemptés de ce poids d’inquiétude qui est propre à la condition humaine : le psalmiste ne craint pas de parler de la malice et des malfaiteurs, mais il rappelle que le Seigneur, devant le cri des humbles, « les délivre de toutes leurs angoisses », parce que « il est proche du cœur brisé » et que « il sauve l’esprit abattu » (vv. 18-19). C’est pourquoi l’Église se présente au monde comme une voix solidaire de tous les pauvres et de tous les nécessiteux, elle ne se tait pas face aux injustices et, avec douceur, elle s’engage à promouvoir la dignité de tout être humain.

Chers amis, sur ce chemin de disciples-missionnaires, vous avez un soutien sûr : notre Mère céleste, qui – cela m’a beaucoup plu de le découvrir ! – a voulu vous donner un signe tangible de sa présence discrète et bienveillante en permettant qu’une effigie d’elle soit retrouvée dans une décharge. Cette belle statue de l’Immaculée Conception est apparue dans un dépotoir : sans tache, préservée de tout péché, elle a voulu se faire proche au point d’être mêlée aux déchets de la société, de sorte que la pureté de la sainte Mère de Dieu, la Mère du Ciel, a émergé de la saleté des ordures. J’ai appris l’intéressante tradition mongole de la suun dalai ijii, la mère au cœur aussi grand qu’un océan de lait.Si, dans le récit de l’Histoire secrète des Mongols, une lumière descendue à travers l’ouverture supérieure de la ger féconde la mythique reine Alungoo, vous pouvez contempler dans la maternité de la Vierge Marie l’action de la lumière divine qui d’en haut accompagne chaque jour les avancées de votre Église.

En levant les yeux vers Marie, soyez donc rassurés, en voyant que la petitesse n’est pas un problème, mais un atout. Oui, Dieu aime la petitesse et aime accomplir de grandes choses à travers la petitesse, comme en témoigne Marie (cf. Lc 1, 48-49). Frères et sœurs, n’ayez pas peur du petit nombre, des succès qui tardent, de la valeur qui ne se manifeste pas. Ce n’est pas la voie de Dieu. Regardons Marie qui, dans sa petitesse, est plus grande que les cieux, parce qu’elle a accueilli en elle Celui que les cieux et les hauteurs des cieux ne peuvent contenir (cf. 1 R 8, 27). Frères et sœurs, confions-nous à elle, en lui demandant un zèle renouvelé, un amour ardent qui ne se lasse pas de témoigner joyeusement de l’Évangile. Et allez de l’avant, courageux, ne vous fatiguez pas d’aller de l’avant. Merci beaucoup pour votre témoignage. Lui, le Seigneur, vous a choisis et croit en vous ; je suis avec vous et de tout mon cœur je vous dis : merci ; merci pour votre témoignage, merci pour votre vie dépensée pour l’Évangile. Continuez ainsi, constants dans la prière, continuez créatifs dans la charité, continuez inébranlables dans la communion, joyeux et doux en tout et avec tous. Je vous bénis de tout cœur et je vous garde dans mes pensées. Et vous, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Me

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique : Discours de Sa Sainteté

Le pape François a prononcé son premier discours lors de sa visite apostolique en Mongolie le 2 septembre, à l’occasion d’une rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique du pays. Il a exprimé l’espoir en se référant à un proverbe mongol « que les sombres nuages de la guerre passent, qu’ils soient balayés par la volonté ferme d’une fraternité universelle où les tensions sont résolues sur la base de la rencontre et du dialogue, et où les droits fondamentaux sont garantis à tous ! »

Voici le texte intégral:

Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique : Discours de Sa Sainteté

Salle “Ikh Mongol” du Palais d’État (Oulan-Bator)
Samedi 2 septembre 2023

 

Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président du Grand Khoural d’État,
Monsieur le Premier Ministre,
distingués Membres du Gouvernement et du Corps diplomatique,
illustres Autorités civiles et religieuses,
éminents Représentants du monde de la culture,
Mesdames et Messieurs !

Je remercie le Président pour son accueil et pour les mots qu’il m’a adressés, et j’adresse à chacun de vous mes salutations cordiales. Je suis honoré d’être ici, heureux de m’être rendu dans ce pays fascinant et vaste, auprès de ce peuple qui connaît bien le sens et la valeur du chemin. C’est ce que révèlent ses habitations traditionnelles, les ger, de magnifiques maisons itinérantes. J’imagine entrer pour la première fois, avec respect et émotion, dans l’une de ces tentes circulaires qui parsèment la majestueuse terre mongole, afin de vous rencontrer et mieux vous connaître. Me voici donc à l’entrée, pèlerin de l’amitié, venu à vous sur la pointe des pieds et le cœur joyeux, désireux de m’enrichir humainement en votre présence.

Lorsqu’on entre dans la maison d’amis, il est beau de s’échanger des cadeaux, en les accompagnant de mots qui évoquent les précédentes occasions de rencontre. Et si les relations diplomatiques modernes entre la Mongolie et le Saint-Siège sont récentes – cette année marque le 30ème anniversaire de la signature d’une lettre visant à renforcer les relations bilatérales – bien plus loin dans le passé, il y a exactement 777 ans, entre la fin du mois d’août et le début du mois de septembre 1246, Fra Giovanni di Pian del Carpine, émissaire du Pape, rendit visite à Guyug, le troisième empereur mongol, et remit au Grand Khan la lettre officielle du Pape Innocent IV. Peu après, la lettre de réponse, marquée du sceau du Grand Khan en caractères mongols traditionnels, fut rédigée et traduite en plusieurs langues. Elle est conservée à la bibliothèque du Vatican et j’ai aujourd’hui l’honneur de vous en remettre une copie authentique, réalisée avec les techniques les plus avancées pour en garantir la meilleure qualité possible. Puisse-t-elle être le signe d’une amitié ancienne qui grandit et se renouvelle.

J’ai appris que de la porte de la ger, tôt le matin, les enfants de vos campagnes regardent l’horizon lointain pour compter le bétail et en rapporter le nombre à leurs parents. Il est bon pour nous aussi d’embrasser du regard le vaste horizon qui nous entoure, en dépassant l’étroitesse de vues et en nous ouvrant à une mentalité d’ampleur globale, comme nous y invitent les ger, qui, nées de l’expérience du nomadisme des steppes, se sont répandues sur un vaste territoire, devenant un élément d’identification des différentes cultures voisines. Les immenses espaces de vos régions, du désert de Gobi à la steppe, des grandes prairies aux forêts de conifères, jusqu’aux chaînes montagneuses de l’Altaï et du Khangaï, avec les innombrables boucles des cours d’eau qui, vues d’en haut, ressemblent à des décorations raffinées sur d’anciennes étoffes précieuses : tout cela est un miroir de la grandeur et de la beauté de la planète tout entière, appelée à être un jardin accueillant. Votre sagesse, la sagesse de votre peuple, accumulée au fil des générations d’éleveurs et d’agriculteurs prudents, toujours attentifs à ne pas perturber l’équilibre délicat de l’écosystème, a beaucoup à enseigner à ceux qui, aujourd’hui, ne veulent pas s’enfermer dans la poursuite d’un intérêt particulier à court terme, mais souhaitent léguer à la postérité une terre encore accueillante, une terre encore fertile. Ce qui, pour nous chrétiens, est la création, c’est-à-dire le fruit du dessein bienveillant de Dieu, vous nous aidez à le reconnaître et à le promouvoir avec délicatesse et attention, en contrecarrant les effets de la dévastation humaine par une culture de l’attention et de la prévoyance, qui se traduit par des politiques d’écologie responsable. Les ger sont des espaces de vie que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de smart et de green, car elles sont adaptables, multifonctionnels et n’ont aucun impact sur l’environnement. En outre, la vision holistique de la tradition chamanique mongole et le respect de chaque être vivant, issus de la philosophie bouddhiste, représentent une contribution précieuse à l’engagement urgent et désormais incontournable en faveur de la protection de la planète Terre.

Les ger, présentes dans les zones rurales comme dans les centres urbains, témoignent également de la précieuse combinaison entre tradition et modernité ; elles réunissent, en effet, la vie des personnes âgées et des jeunes, racontant la continuité du peuple mongol qui, de l’Antiquité à nos jours, a su préserver ses racines en s’ouvrant, surtout au cours des dernières décennies, aux grands défis mondiaux que sont le développement et la démocratie. La Mongolie d’aujourd’hui, en effet, avec son vaste réseau de relations diplomatiques, son adhésion active aux Nations Unies, son engagement en faveur des droits de l’homme et de la paix, joue un rôle important au cœur du grand continent asiatique et sur la scène internationale. Je voudrais également souligner votre détermination à mettre fin à la prolifération nucléaire et à vous présenter au monde comme un pays exempt d’armes nucléaires : la Mongolie est non seulement une nation démocratique qui met en œuvre une politique étrangère pacifique, mais elle entend également jouer un rôle important pour la paix dans le monde. En outre – autre élément providentiel à mentionner – la peine capitale ne figure plus dans votre système judiciaire.

Grâce à leur adaptabilité aux extrêmes climatiques, les ger permettent de vivre dans des territoires très différents, comme ce fut le cas lors de l’épopée bien connue de l’empire mongol, celui qui a connu la plus vaste continuité territoriale de tous les temps – par ailleurs, j’arrive en Mongolie pour un anniversaire important pour vous, le 860ème de la naissance de Gengis Khan. Au cours des siècles, embrasser des terres lointaines et si diverses a mis en évidence la capacité peu commune de vos ancêtres à reconnaître les excellences des peuples qui composaient l’immense territoire impérial et à les mettre au service du développement commun. C’est un exemple à valoriser et à proposer de nouveau à notre époque. Plaise au Ciel que sur la terre, ravagée par trop de conflits, les conditions de ce qui fut autrefois la pax mongolica, c’est-à-dire l’absence de conflits, soient reproduites dans le respect des lois internationales encore aujourd’hui. Comme le dit l’un de vos proverbes, « les nuages passent, le ciel reste » : que les sombres nuages de la guerre passent, qu’ils soient balayés par la volonté ferme d’une fraternité universelle où les tensions sont résolues sur la base de la rencontre et du dialogue, et où les droits fondamentaux sont garantis à tous ! Ici, dans votre pays riche d’histoire et de ciel, implorons ce don d’En-Haut et travaillons ensemble à la construction d’un avenir de paix.

En entrant dans une ger traditionnelle, le regard est attiré vers le point central le plus élevé, où se trouve une fenêtre sur le ciel. Je voudrais insister sur cette attitude fondamentale que votre tradition nous aide à redécouvrir : savoir garder le regard fixé vers le haut. Lever les yeux vers le ciel – l’éternel ciel bleu que vous vénérez toujours – signifie rester dans une attitude d’ouverture docile aux enseignements religieux. Il y a en effet une profonde connotation spirituelle entre les fibres de votre identité culturelle et il est beau que la Mongolie soit un symbole de liberté religieuse. Dans la contemplation des horizons sans fin et peu peuplés d’êtres humains, s’est en effet affinée dans votre peuple une propension au spirituel, à laquelle on accède en valorisant le silence et l’intériorité. Face à l’autorité solennelle de la terre qui vous entoure avec ses innombrables phénomènes naturels, naît aussi un sentiment d’émerveillement, qui suggère humilité et sobriété, choix de l’essentiel et capacité de détachement de tout ce qui ne l’est pas. Je pense au danger que représente l’esprit de consommation qui, aujourd’hui, en plus de créer tant d’injustices, conduit à un individualisme oublieux des autres et des bonnes traditions que nous avons reçues. Les religions, en revanche, lorsqu’elles s’appuient sur leur patrimoine spirituel originel et ne sont pas corrompues par des déviances sectaires, sont en effet des soutiens fiables dans la construction de sociétés saines et prospères, où les croyants se dépensent afin que la coexistence civile et la planification politique soient toujours davantage au service du bien commun, en représentant également une barrière contre le dangereux virus de la corruption. Celui-ci constitue en tout point une menace sérieuse pour le développement de tout groupe humain, en se nourrissant d’une mentalité utilitariste et sans scrupules qui appauvrit des pays entiers. La corruption appauvrit des pays entiers. Il est révélateur d’un regard qui se détourne du ciel et fuit les vastes horizons de la fraternité, en se refermant sur lui-même et en faisant passer ses propres intérêts avant tout le reste.

Au contraire, beaucoup de vos premiers leaders furent des protagonistes d’un regard tourné vers le haut et d’une vision plus ample, faisant preuve d’une capacité peu commune à intégrer des voix et des expériences différentes, y compris du point de vue religieux. En effet, une attitude respectueuse et conciliante était également réservée aux nombreuses traditions sacrées, comme en témoignent les différents lieux de culte – dont un chrétien – préservés dans l’ancienne capitale Kharakhorum. C’est donc presque naturellement que vous êtes parvenus à la liberté de pensée et de religion, entérinée par votre Constitution actuelle ; après avoir surmonté, sans effusion de sang, l’idéologie athée qui croyait devoir éradiquer le sens religieux, le considérant comme un frein au développement, vous vous reconnaissez aujourd’hui dans cette valeur essentielle d’harmonie et de synergie entre croyants de différentes confessions, qui – chacun de son point de vue – contribuent au progrès moral et spirituel.

En ce sens, la communauté catholique mongole est heureuse de continuer à apporter sa propre contribution. Elle a commencé, il y a un peu plus de trente ans, à célébrer sa foi précisément à l’intérieur d’une ger et même la cathédrale actuelle, qui se trouve dans cette grande ville, en rappelle la forme. Ce sont des signes du désir de partager son œuvre, dans un esprit de service responsable et fraternel avec le peuple mongol, qui est son peuple. Je me réjouis donc que la communauté catholique, aussi petite et discrète soit-elle, participe avec enthousiasme et engagement à la croissance du pays, en diffusant la culture de la solidarité, la culture du respect de tous et la culture du dialogue interreligieux, et en œuvrant pour la justice, la paix et l’harmonie sociale. Je souhaite que, grâce à une législation clairvoyante et attentive aux besoins concrets, les catholiques locaux, aidés par des hommes et des femmes consacrés nécessairement provenant principalement d’autres pays, puissent toujours offrir sans difficulté leur contribution humaine et spirituelle à la Mongolie, au bénéfice de ce peuple. À cet égard, la négociation en cours pour la conclusion d’un accord bilatéral entre la Mongolie et le Saint-Siège représente un canal important pour atteindre ces conditions essentielles au déroulement des activités ordinaires dans lesquelles l’Église catholique est engagée. Parmi celles-ci, outre la dimension plus proprement religieuse du culte, se distinguent les nombreuses initiatives de développement humain intégral, déclinées également dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’assistance, de la recherche et de la promotion culturelle : elles témoignent bien de l’esprit humble, l’esprit fraternel et solidaire de l’Évangile de Jésus, unique voie que les catholiques sont appelés à suivre sur le chemin qu’ils partagent avec tous les peuples.

La devise choisie pour ce Voyage, « Espérer ensemble« , exprime précisément le potentiel inhérent à la marche avec l’autre, dans le respect mutuel et la synergie en vue du bien commun. L’Église catholique, institution ancienne et répandue dans presque tous les pays, témoigne d’une tradition spirituelle, d’une tradition noble et féconde qui a contribué au développement de nations entières dans de nombreux domaines de la vie humaine, de la science à la littérature, de l’art à la politique. Je suis certain que les catholiques mongols sont aussi et seront prêts à apporter leur contribution à la construction d’une société prospère et sûre, en dialogue et en collaboration avec toutes les composantes qui habitent cette grande terre bénie du ciel.

« Sois comme le ciel ». Par ces mots, un célèbre poète invitait à transcender le caractère éphémère des vicissitudes terrestres, en imitant la magnanimité inspirée précisément par l’immense et limpide ciel bleu qui se contemple en Mongolie. Nous aussi, aujourd’hui, pèlerins et invités dans ce pays qui peut tant offrir au monde, nous désirons répondre à cette invitation, en la traduisant en signes concrets de compassion, de dialogue et de projet commun. Puissent les différentes composantes de la société mongole, bien représentées ici, continuer à offrir au monde la beauté et la noblesse d’un peuple unique. Tout comme votre écriture, puissiez-vous ainsi rester « debout » et soulager tant de souffrances humaines autour de vous, en rappelant à tous la dignité de chaque être humain, appelé à habiter la maison terrestre en étreignant le ciel. Bayarlalaa ! [merci !].

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Audience générale du pape François – Mercredi 9 Août 2023

Lors de l’audience générale d’aujourd’hui, le pape François poursuit sa catéchèse sur le voyage apostolique au Portugal à l’occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse qui ont eu lieu du 1er au 6 août 2023.

Voici le texte intégral:

Chers frères et sœurs, bonjour !

Ces derniers jours, je suis allé au Portugal pour les 37èmes Journées Mondiales de la Jeunesse.

Ces JMJ de Lisbonne, qui ont eu lieu après la pandémie, ont été ressenties par tous comme un don de Dieu qui a remis en mouvement les cœurs et les pas des jeunes, tant de jeunes de toutes les parties du monde – beaucoup – pour aller se rencontrer et rencontrer Jésus.

La pandémie, nous le savons bien, a gravement affecté les comportements sociaux : le confinement a souvent dégénéré en renfermement, et les jeunes ont été particulièrement touchés. Avec ces Journées Mondiales de la Jeunesse, Dieu a donné un coup de pouce dans la direction opposée : elles ont marqué un nouveau départ du grand pèlerinage des jeunes à travers les continents, au nom de Jésus-Christ. Et ce n’est pas un hasard si c’est arrivé à Lisbonne, une ville qui donne sur l’océan, une ville-symbole des grandes explorations maritimes.

C’est ainsi qu’aux Journées Mondiales de la Jeunesse, l’Évangile a proposé aux jeunes le modèle de la Vierge Marie. Au moment le plus critique pour elle, [Marie] va rendre visite à sa cousine Elisabeth. L’Evangile dit : « elle se leva et partit en hâte  » (Lc 1,39). J’aime beaucoup invoquer la Vierge sous cet aspect : la Vierge  » en hâte « , qui fait toujours les choses en hâte, jamais, elle ne nous fait attendre, parce qu’elle est la mère de tous. – Ainsi Marie aujourd’hui au troisième millénaire, guide le pèlerinage des jeunes à la suite de Jésus. Comme elle l’avait déjà fait il y a un siècle au Portugal, à Fatima, lorsqu’elle s’est adressée à trois enfants, leur confiant un message de foi et d’espérance pour l’Église et le monde. C’est pourquoi, dans les JMJ, je suis retourné à Fatima, sur le lieu de l’apparition, et avec quelques jeunes malades, j’ai prié Dieu pour qu’il guérisse le monde des maladies de l’âme : l’orgueil, le mensonge, l’inimitié, la violence – ce sont des maladies de l’âme et le monde est malade de ces maladies. Et nous avons renouvelé la consécration de nous-mêmes, de l’Europe, du monde au cœur de Marie, au Cœur Immaculé de Marie. J’ai prié pour la paix, parce qu’il y a beaucoup de guerres dans toutes les parties du monde, beaucoup.

Les jeunes du monde entier sont venus à Lisbonne en grand nombre et avec un grand enthousiasme. Je les ai également rencontrés en petits groupes, certains avec beaucoup de problèmes ; le groupe de jeunes Ukrainiens racontait des histoires qui étaient douloureuses. Ce n’était pas des vacances, ni un voyage touristique, ni même un événement spirituel en soi ; les Journées Mondiales de la Jeunesse sont une rencontre avec le Christ vivant à travers l’Église. Les jeunes vont à la rencontre du Christ. C’est vrai, là où il y a des jeunes, il y a de la joie et il y a un peu de tout cela.

Ma visite au Portugal, à l’occasion des JMJ, a bénéficié de l’ambiance festive de cette vague de jeunes. Je remercie Dieu pour cela, en pensant surtout à l’Église de Lisbonne qui, en retour du grand effort déployé pour l’organisation et l’accueil, recevra des énergies nouvelles pour continuer le nouveau chemin, pour jeter à nouveau les filets avec une passion apostolique. Les jeunes au Portugal sont déjà aujourd’hui une présence vitale, et maintenant, après cette « transfusion » reçue des Églises du monde entier, ils le seront encore plus. Et beaucoup de jeunes, sur le chemin du retour, sont passés par Rome, nous les apercevons aussi ici, il y en a qui ont participé à ces Journées. Les voici ! Là où il y a des jeunes, il y a du bruit, ils savent bien le faire !

Alors qu’en Ukraine et dans d’autres endroits du monde, on se combat, et que dans certaines salles cachées, on planifie la guerre – C’est malheureux cela, on planifie la guerre-, les JMJ ont montré à tous qu’un autre monde est possible : un monde de frères et sœurs, où les drapeaux de tous les peuples flottent ensemble, l’une à côté de l’autre, sans haine, sans peur, sans fermetures, sans armes ! Le message des jeunes a été clair : les « grands de la terre » l’entendront-ils ? Je me demande, entendront-ils cet enthousiasme juvénile en faveur de la paix ? C’est une parabole pour notre temps, et aujourd’hui encore, Jésus dit : « Que celui qui a des oreilles entende ! Que celui qui a des yeux regarde ! » Espérons que le monde entier entende ces Journées de la Jeunesse et regarde cette beauté des jeunes qui vont de l’avant.

Une fois de plus, j’exprime ma gratitude au Portugal, à Lisbonne, au Président de la République, qui a assisté à toutes les célébrations, et aux autres Autorités civiles ; au Patriarche de Lisbonne – qui a été brave-, au Président de la Conférence Épiscopale et à l’Évêque coordinateur des Journées Mondiales de la Jeunesse, à tous les collaborateurs et à tous les volontaires. Pensez aux volontaires – je suis allé les retrouver le dernier jour avant de rentrer – ils étaient 25 000 : ces Journées comptaient 25 000 volontaires ! Merci à tous ! Par l’intercession de la Vierge Marie, que le Seigneur bénisse les jeunes du monde entier et qu’il bénisse le peuple portugais. Prions ensemble la Madone, tous ensemble, pour qu’Elle bénisse le peuple portugais.

[Récitation de l’Ave Maria].

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

Rencontre avec les bénévoles au « Passeio marítimo de Algés » : Discours du Saint-Père | Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne 2023

Dimanche, le 6 août 2023
Lors du sixième et dernier jour des Journées Mondiales de la Jeunesse à Lisbonne, le pape François s’adresse aux bénévoles au « Passeio marítimo de Algés ».

Voici le texte intégral :

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Rencontre avec les bénévoles
Passeio marítimo de Algés, Lisbonne
Dimanche, le 6 août 2023

Chers amis, bonjour ! Et merci !

Merci au Patriarche de Lisbonne pour ses paroles, à Mgr Aguiar et à vous tous pour avoir travaillé si dur et si bien : vous avez rendu possibles ces journées inoubliables ! Vous avez peiné pendant des mois, de manière cachée, sans bruit et loin des projecteurs, pour que nous puissions tous nous trouver ici à chanter ensemble : « Jésus vit et ne nous laisse pas seuls : nous ne cesserons plus d’aimer ». En plus, vous avez été un exemple parce que vous avez fait équipe en travaillant ensemble ! Mais votre travail a été plus qu’un travail, il a été un service, merci !

C’est le même service qu’a rendu la Vierge Marie, qui « se leva et partit en hâte » (Lc 1, 39) pour aller rendre service à sa cousine Élisabeth, sentant l’urgence de partager la joie dans le service. Partager la joie et le service, la joie dans le service. Pensons à Zachée, qui monta sur un arbre pour voir Jésus et descendit en hâte. Quelque chose l’avait touché, il voulait rencontrer Jésus et l’accueillir dans sa maison (cf. Lc 19, 6) ; pensons aux femmes et aux disciples, qui, à Pâques, courent de la tombe au cénacle pour annoncer que le Christ est ressuscité (cf. Jn 20, 1-18). Celui qui aime ne reste pas les bras croisés, celui qui aime sert, celui qui aime court pour servir, il court pour se mettre au service des autres.

Et vous avez couru, vous avez beaucoup couru, au cours de ces mois !Je n’ai pu voir que le dernier moment, en ces jours-ci, vous observer tandis que vous répondiez à mille besoins, parfois avec le visage marqué par la fatigue, d’autres fois un peu submergés par les urgences du moment, mais toujours j’ai remarqué une chose : que vous aviez les yeux lumineux, lumineux de la joie du service, merci !

Vous avez rendu possible cette rencontre mondiale de la jeunesse, vous avez fait de grandes choses dans les plus petits gestes, comme la bouteille d’eau offerte à un inconnu, et cela crée l’amitié. Vous avez beaucoup couru, mais pas de la course frénétique et sans but qui est parfois celle de notre monde, non, vous avez couru d’une autre manière : vous avez mené une course qui conduit à la rencontre des autres pour les servir au nom de Jésus. Vous êtes venus à Lisbonne pour servir et non pour être servis, merci, merci beaucoup !

Et maintenant je voudrais être votre amplificateur, pour que ce que les témoignages nous ont dit fasse écho. Les témoignages de Chiara, Francisco et Filipe : tous les trois nous ont parlé d’une rencontre spéciale avec Jésus. Ils nous ont rappelé que la plus belle rencontre, le moteur de toutes les autres, celle qui fait marcher vraiment, qui fait avancer la vie, est avec Jésus. C’est la rencontre la plus importante de notre vie. Renouveler chaque jour la rencontre personnelle avec Jésus est le cœur de la vie chrétienne.

Et il faut la renouveler chaque jour pour la garder fraîche, non seulement dans la tête mais aussi dans le cœur. Nous avons fait l’expérience qu’un petit « oui » à Jésus peut changer la vie. Mais également les « oui » dits aux autres font du bien, lorsqu’ils sont destinés au service. Vous, au moment de la fatigue, vous avez pris courage et vous êtes allés de l’avant en disant « oui » pour servir les autres. Je vous en remercie.

Et toi, Francisco, tu as dit que tu as trouvé ici quelque chose dont tu avais besoin et que tu ne cherchais même pas. En marchant, en travaillant et en priant avec les autres, tu as compris que tu ne pouvais pas te laisser emprisonner par le désordre, par les « lits défaits » du passé, ni vivre le cœur tourmenté par des sentiments d’inachèvement, mais qu’avec l’aide de Jésus et des frères, l’occasion t’a été offerte de mettre en ordre « la pièce de la vie ». Cela est bien : ces Journées sont utiles, elles aident beaucoup à mettre de l’ordre dans sa vie. Mais pourquoi ? Grâce à ces Journées ? Non, grâce à Jésus, qui est ici parmi nous et qui se montre à nous. Pour mettre de l’ordre dans notre vie, nous n’avons pas besoin de choses, nous n’avons pas besoin de distractions, nous n’avons pas besoin d’argent. Il faut dilater le cœur. Et si vous élargissez votre cœur, vous mettrez de l’ordre dans votre vie. N’ayez pas peur : dilatez votre cœur !

Et enfin, toi, Filipe, parmi les nombreuses belles choses que tu as partagées, tu en as dit une que je veux souligner : tu as dit que tu as vécu ici une double rencontre, une rencontre avec Jésus et une rencontre avec les autres. La rencontre avec Jésus et la rencontre avec les autres. C’est très important : la rencontre avec Jésus est un moment personnel, unique, que l’on peut décrire et raconter seulement jusqu’à un certain point, mais elle arrive toujours grâce à un chemin fait avec les autres, fait grâce à l’intercession des autres. Rencontrer Jésus et le rencontrer dans le service aux autres.

Mes amis, à la fin j’aimerais vous laisser une image. Comme beaucoup d’entre vous le savent, au nord de Lisbonne, il y a une localité, Nazaré, où l’on peut admirer des vagues atteignant jusqu’à trente mètres de haut et qui sont une attraction mondiale, surtout pour les surfeurs qui les montent. Ces jours-ci, vous aussi, vous avez fait face à une véritable vague : non pas d’eau, mais de jeunes, de jeunes comme vous, qui se sont déversés dans cette ville. Mais, avec l’aide de Dieu, avec beaucoup de générosité et en vous soutenant mutuellement, vous avez surfé sur cette grande vague. Vous avez surfé sur cette grande vague : vous êtes vraiment courageux ! Merci, obrigado ! Je veux vous dire : continuez ainsi, continuez à surfer sur les vagues de l’amour, les vagues de la charité, soyez des surfeurs de l’amour ! Et tel est le devoir que je vous confie en ce moment : que le service que vous avez rendu en ces Journées Mondiales de la Jeunesse soit la première des nombreuses vagues de bien ; chaque fois vous serez portés plus haut, plus proches de Dieu, et cela vous permettra de voir votre route dans une meilleure perspective.

Merci encore, à tous. Bonne route ! Et, n’oubliez pas, continuez à prier pour moi ! Merci !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de Libreria Editrice Vaticana.

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