Cette semaine à l’émission Église en Sortie, Francis Denis reçoit Carl Hétu, directeur national de l’Association catholique d’aide à l’Orient (CNEWA) dans un reportage sur la Messe pour les chrétiens persécutés du Moyen-Orient. En deuxième partie de l’émission, nous vous présentons une entrevue avec Marie-Claude Lalonde, directrice nationale de l’organisme Aide à l’Église en Détresse (AED). Elle nous en parle à travers la situation des chrétiens persécutés partout dans le monde.
L’euthanasie ou l’humanisme perdu
Jeudi le 25 février dernier, un rapport d’un comité mixte spécial fédéral a été déposé rendant publiques ses recommandations au Gouvernement fédéral sur l’enjeu crucial de la légalisation de l’euthanasie au pays. Faisant suite au jugement Carter de la Cour Suprême du Canada jugeant la criminalité de l’euthanasie inconstitutionnelle, ce rapport demande à l’éventuelle législation fédérale d’être beaucoup plus large que celle adoptée au Québec. En effet, selon ce rapport, l’État devrait non seulement permettre l’euthanasie volontaire dans les cas de mort imminente suite à une maladie incurable mais également pour les handicapés (Recommandation no 1), les personnes souffrant de troubles psychologiques (Recommandation no 3-4) et même pour les mineurs (Recommandation no 6). Ce document, long de 67 pages, donne ainsi raison à ceux qui craignaient que l’étendard des cas extrêmes utilisés lors des campagnes pro euthanasie n’aient été que le « cheval de Troie » d’un agenda caché. Tout compte fait, l’argument de la « pente glissante » aura encore une fois montré toute sa pertinence. Devant l’importance de cet enjeu, il était naturel que les évêques du Canada se lèvent pour dénoncer un tel effritement du droit le plus fondamental des Canadiens : le droit à la vie.
D’où vient donc cet acharnement en vue de conquérir ce prétendu « droit » à mourir? À ce sujet, plusieurs arguments sont avancés par les défenseurs de l’euthanasie. D’abord, il y a ceux qui voient dans cet enjeu l’exemple d’un combat d’une soi-disant libération. En ce sens, militer pour l’euthanasie aurait une valeur symbolique, ce serait l’occasion de s’insérer dans le mythe d’une modernité émancipatrice et de projeter une image de soi-même, à tort, au côté des grands héros tel Martin Luther King ou William Wilberforce.
D’autres pensent qu’il s’agit d’un combat motivé par la compassion, par une volonté de comprendre l’autre dans sa souffrance et dans les choix qui en découlent. J’imagine que certains pensent vraiment que l’euthanasie est un moyen raisonnable de venir en aide à une personne qui souffre. Loin de moi l’idée de juger l’intention des personnes favorables à cette pratique. Toutefois, l’enjeu mérite que l’on s’intéresse davantage aux arguments avancés plutôt qu’à l’honnêteté des interlocuteurs. Ici comme ailleurs, le prétendu « goût de mourir » n’est rien d’autre qu’un appel à l’aide déguisé. Une requête d’euthanasie ne tiendrait jamais dans des circonstances d’accompagnement adapté, répondant au besoin d’amour et de valorisation à la hauteur de la dignité humaine. Pensez-y deux minutes, pourrait-on croire qu’une personne entourée, aimée, valorisée, visitée, à qui l’on demande conseil, etc. entourée de petits-enfants ou de proches pourrait désirer quitter ce monde plus tôt que prévu ? Évidemment que non ! Pourquoi donc ne pas créer ces circonstances favorables autour de nous et socialement ?
Finalement, il y a ceux qui croient que ce « droit de mourir » entre parfaitement dans la logique du libéralisme effréné de notre monde actuel. Cette « culture du déchet » tant décriée par le pape François n’a pas que des applications économiques. En effet, elle réduit les hommes et les femmes à leur condition de consommateur c’est-à-dire à des machines à plaisir. Le citoyen n’est donc plus considéré comme une personne mais comme une « monade » dont le seul but est d’accroître les profits et les intérêts des puissants de ce monde, qu’ils soient PDG de multinationales, actionnaires, politiciens ou fonctionnaires gouvernementaux.
C’est de cette façon que, peu à peu, le moteur de la société est passé d’une vision holiste du bonheur humain à celle de la jouissance à tout prix. Passée d’une perspective humaniste à une perspective utilitariste, notre société en est venue à confondre la recherche légitime du bonheur avec celle du plaisir égoïste. Pas étonnant que, faute de ne plus comprendre le sens de la souffrance, nous ne soyons plus capables ni de la supporter ni de la tolérer ! C’est ici qu’a eu lieu le déplacement majeur qui aujourd’hui nous empêche de comprendre les implication de cette vérité fondamentale que la vie humaine est bien absolu. Puisque la vie n’est plus le Bien central à protéger mais plutôt le moyen par lequel nous jouissons des réalités qui nous entourent, il n’est pas surprenant qu’il soit commun de dire que la vie, peut, « ne plus valoir la peine d’être vécue ». En effet, si ma qualité de vie dépend de ma capacité de jouir, ne nous étonnons pas si la disparition de cette aptitude suffise à me convaincre que ma vie n’a plus de sens. Ainsi, puisqu’il est normal que les lois d’un pays suivent la culture et la mentalité d’un peuple, les changements de lois actuelles ne sont qu’un symptôme de cette révolution plus profonde.
Pour bien faire face à cette nouvelle menace contre la dignité des plus faibles de notre société, l’Assemblée des évêques du Québec a récemment publié un Parcours de réflexion intitulé Les soins de fin de vie à la lumière de la Parole de Dieu qui permet au lecteur de voir, à la fois, à quel point le riche patrimoine de la foi chrétienne donne un sens lumineux à la fin de vie mais également comment la mort peut être un chemin de réconciliation et d’humanisation. En ce sens, je vous invite à regarder l’épisode de l’émission Église en sortie du 26 février 2016 dans lequel Mgr Paul Lortie, évêque de Mont-Laurier et président de l’AECQ nous présente ce document en cinq étapes ainsi que la lettre pastorale intitulée « Approcher de la mort avec le Christ ».
Église en sortie (26 février 2016)
Cette semaine à l’émission Église en Sortie, Francis Denis reçoit Mgr Daniel Jodoin, évêque de Bathurst au Nouveau-Brunswick. Dans cette entrevue, Mgr Jodoin parle de la réalité de son diocèse ainsi que des projets pour l’année de la Miséricorde. Dans la deuxième partie de l’émission, nous vous présentons une entrevue réalisée avec Mgr Paul Lortie, évêque de Mont-Laurier et président de l’Association des évêques catholiques du Québec. Il nous parle de la lettre pastorale « Approcher de la mort avec le Christ » et du parcours de réflexion intitulé Les soins de fin de vie à la lumière de la Parole de Dieu.
Église en sortie 19 février 2016
Cette semaine à l’émission Église en Sortie, Francis Denis reçoit Mme Marie-Astrid Dubant, directrice régionale d’Alpha Québec qui nous présente la Série Alpha-Jeunes. À travers cette entrevue, vous découvrirez une série de séances interactives explorant les fondements de la foi chrétienne sur les thèmes de la vie, Jésus, la Croix, la foi, la prière, la Bible, etc. Dans la deuxième partie de l’émission, nous vous présentons une entrevue réalisée avec Mme Anne-Laure Dolliee, auteur, compositeur interprète engagée qui s’est arrêtée à notre studio de Montréal alors qu’elle fait le tour du monde à la rencontre des missionnaires des quatre coins de la planète.
Église en sortie 12 février 2016
Cette semaine à l’émission Église en sortie, nous vous offrons une édition spéciale sur le Congrès national Rise Up 2015 de CCO/Mission Campus qui a eu lieu à Montréal du 28 au 31 décembre dernier. Dans cet épisode, nous vous présentons un résumé de cette conférence suivie d’une entrevue réalisée avec Mme Leah Darrow, conférencière et auteure catholique. Elle s’est entretenue avec Francis Denis sur son parcours personnel ainsi que sur l’importance de la foi dans sa vie. En troisième partie de l’émission, nous vous proposons une entrevue avec le Dr. Andrew Bennett, ambassadeur canadien pour la liberté religieuse. Il nous parle de la mission du bureau dont il est responsable et de l’enjeu crucial que représente la promotion de la liberté religieuse dans le monde d’aujourd’hui.
Devenir « Église en sortie » avec l’AECQ
Le 26 janvier dernier, le Conseil Communauté et Ministère de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec publiait un document intitulé « Le tournant missionnaire des communautés chrétiennes. Devenir une « Église en sortie » à la suite de La Joie de l’Évangile ». Comme son nom l’indique, ce document offre une réflexion détaillée sur les modalités particulières de la conversion missionnaire de l’Église au Québec. Ainsi, le document, fruit d’une session d’étude et de réflexion qui a eu lieu à Trois-Rivières les 12 et 13 mars 2014, invite le lecteur à s’interroger sur les différents niveaux de changement qu’une telle conversion implique.
Ce document disponible sur le site de l’AECQ propose d’abord une relecture de l’exhortation apostolique du pape François Evangelii Gaudium afin d’y puiser les intuitions fondamentales qui doivent guider notre réflexion. Cette section un peu plus « théorique » nous invite donc à une démarche de « purification » au sens où nous devons sortir du « pessimisme, du fatalisme et de la méfiance. [En effet] certaines personnes ne se donnent pas à la mission, car elles croient que rien ne peut changer et pour elles, il est alors inutile de fournir des efforts » (EG no 175). Accepter d’être missionnaire signifie accepter de nous donner sans compter, offrir nos services au Seigneur sans s’attendre à trop de reconnaissance et sachant que les résultats ne seront peut-être jamais visibles pour nous. Cette conversion intérieure, qui manifeste pleinement que nous avons accepté d’être les instruments de l’Esprit Saint c’est-à-dire de Celui qui ne cherche pas à attirer l’attention, ne doit cependant pas se limiter à notre vie spirituelle. Elle doit aussi prendre forme dans notre propre conception de nous-mêmes comme Église.
Le document propose dans un deuxième temps une réflexion sur le constat de l’Église et de la société québécoise dans son ensemble. Comme on le dit souvent : « pour savoir où l’on va il faut savoir d’où on vient ». Bien qu’il est évident que l’histoire du Québec et l’histoire de l’Église sont intimement liées, il est également évident que les 50 dernières années ont été marquées par une fracture de plus en plus grande entre l’Église et la société québécoise. Ce passé de « chrétienté » étant bel et bien derrière nous, il est nécessaire de, non pas nous jeter dans le vide spirituel actuel, mais de revisiter nos fondateurs. En effet, comme l’a dit le pape François lors de la Messe d’action de Grâce pour la canonisation de Sainte Marie de l’Incarnation et Saint François de Laval, il est essentiel qu’aujourd’hui nous fassions :
« Mémoire de ceux qui nous ont précédés, de ceux qui ont fondé notre Église. Église féconde que celle du Québec ! Féconde de nombreux missionnaires qui sont allés partout. Le monde a été rempli de missionnaires canadiens comme ces deux-ci. Maintenant un conseil : que cette mémoire ne nous conduise pas à abandonner la franchise et le courage. Peut-être – ou plutôt non, sans peut-être ! – le diable est jaloux et il ne tolère pas qu’une terre soit ainsi féconde de missionnaires. Prions le Seigneur pour que le Québec revienne sur ce chemin de la fécondité, pour donner au monde de nombreux missionnaires. Que ces deux-ci qui ont – pour ainsi dire – fondé l’Église du Québec, nous aident comme intercesseurs. Que la graine semée croisse et donne comme fruit de nouveaux hommes et femmes courageux, clairvoyants, avec le cœur ouvert à l’appel du Seigneur. Aujourd’hui, on doit demander cela pour votre pays. Eux, du ciel, seront nos intercesseurs. Que le Québec redevienne cette source de bons et de saints missionnaires. »
Revisiter nos fondateurs afin de nous laisser inspirer et, je dirais même, imbiber de leur zèle missionnaire. Seulement ainsi serons-nous en mesure d’effectuer cette transition douloureuse qu’impose la situation actuelle puisque nous garderons en tête que « le salut des âmes est, dans l’Église, la loi suprême »(no1752) qui doit guider notre agir.
Je vous invite à lire et méditer ce document du Conseil Communautés et Ministères de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec. Tant par sa réflexion fondamentale que par son souci de trouver des solutions aux problèmes concrets qui affectent l’Église de chez nous, ce document vous permettra d’approfondir votre réflexion sur la conversion missionnaire de l’Église tout en vous donnant des pistes pour mettre cette dernière en pratique. D’ici là, sachez que nous avons reçu Mgr Alain Faubert en studio et nous serons en mesure de vous présenter cette entrevue dans les semaines à venir dans le cadre de notre nouvelle émission « Église en Sortie ».
Église en sortie 5 février 2016
Cette semaine à l‘émission Église en Sortie, Francis Denis reçoit l’abbé Claude Paradis, prêtre de l’Archidiocèse de Montréal responsable de « Notre-Dame de la rue » un organisme qui vient en aide aux sans abris du centre-ville de Montréal. Nous vous présentons un reportage sur l’ouverture de la Porte de la Miséricorde à la cathédrale Marie-Reine-du-Monde de Montréal suivi d’un entretien avec Mgr Christian Lépine, Archevêque de Montréal à propos du Jubilé extraordinaire 2016 et des œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles.
Nous constaterons que nous ne sommes « plus qu’un ».
(Photo: Courtoisie Catholic News Service)
Du 18 au 25 janvier 2016 aura lieu la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Pour l’occasion, toutes sortes d’activités de ressourcement et de prière œcuménique seront organisées partout dans le monde. Le thème de cette année, « Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur » (cf. 1 Pierre 2, 9) est selon moi très pertinent puisqu’il est facile de faire le lien avec, à la fois, l’année de la miséricorde décrétée par le pape François mais aussi avec la dimension missionnaire de la foi chrétienne. Pour bien vous préparer à cette semaine importante, je vous conseille de consulter ce que nous propose le document du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens fait conjointement avec la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises. Avant de s’y attarder plus longuement je voulais vous partager une expérience que j’ai vécu.
Il y a quelques semaines déjà, je suis allé à Québec par l’entremise de l’agence Amigo Express. Pour ceux qui ont déjà utilisé ce service, vous savez que la plupart du temps le voyage commence par la question : « Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? ». Après avoir répondu être journaliste catholique à Sel + Lumière, le conducteur et la passagère ont tous les deux répliqué qu’ils étaient chrétiens eux-aussi, spécifiant qu’ils étaient de dénomination protestante. Nous étions donc trois personnes réunies complètement « par hasard » mais le simple fait de nous savoir chrétiens nous a permis d’échanger sur notre foi et toutes sortes de sujets de société. Je me suis alors rendu compte à quel point les circonstances du monde actuel sont favorables à l’œcuménisme et à l’unité des chrétiens. Notre société n’étant plus chrétienne, le dialogue peut se faire de manière beaucoup plus libre puisque nous n’avons plus vraiment d’intérêt humain à protéger. Selon moi, cela montre que nous avons comme personne et institution atteint une qualité de liberté qui s’approche de plus en plus de la véritable liberté évangélique nécessaire à l’acceptation de la plénitude de la Révélation. C’est ainsi qu’à la fin du voyage, au lieu de leur dire « au revoir » je leur ai dit « Dieu vous bénisse ». Mes interlocuteurs étaient très surpris de m’entendre parler un langage chrétien aussi ouvertement, surtout venant d’un catholique ! Toutefois, ils étaient heureux de la chose et m’ont souhaité la même bénédiction.
Comme je le disais au début, le thème de la semaine de cette année « Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur » (cf. 1 Pierre 2, 9) est fort adéquat puisqu’il manifeste le lien entre l’unité des chrétiens et la transformation missionnaire de l’Église. En effet, ce thème met l’emphase sur « l’appel » de tous les chrétiens. Cette dimension « vocationnelle » de l’unité des chrétiens manifeste bien que cette même unité est d’abord et avant tout un profond désir de Dieu. Cela nous aide donc à prendre conscience des racines humaines des divisions mais également de la priorité de la Grâce dans la construction de cette unité. Nous ne parviendrons à l’unité que si tous ensemble nous nous mettons à l’écoute de la Parole de Dieu d’une manière plus authentique. En ce sens, l’Église catholique ne parviendra à répondre adéquatement aux motions de Dieu que si elle oriente davantage sa pratique pastorale vers la mission. Par le fait même, elle aura mis l’accent sur le dialogue, la prière et l’action commune de tous les chrétiens.
La deuxième partie du thème de cette Semaine de prière pour l’unité des chrétiens souligne que notre appel consiste d’abord à « proclamer les hauts faits du Seigneur ». D’abord, cela signifie que nous devons prendre conscience que notre appel n’est pas de nous proclamer nous-mêmes comme personnes ou communauté mais d’attirer l’attention vers Dieu, vers Jésus. Loin des attitudes « autoréférentielles » (no 94-95) tant décriées par le pape François. Deuxièmement, cette décentralisation de nous-mêmes ne doit pas devenir culpabilisation ou honte de nous-mêmes mais bien manifestation des beautés que Dieu a faites pour nous et en nous. Nous avons tous raison de nous réjouir lorsque nous sommes heureux mais ce bonheur ne peut être authentique qu’en relation avec Celui qui nous donne l’existence et nous appelle à une communion avec Lui. Enfin, de ce témoignage des merveilles de la vie éternelle présentes dans notre vie et reçues par notre baptême, les chrétiens pourront être l’étincelle qui « mettra le feu » au monde. Un feu qui réchauffe et qui donne de l’énergie ! À Cela, de par leur baptême, tous les chrétiens peuvent y participer et, peut-être qu’un jour, alors que nous serons en chemin sans s’en rendre compte, nous nous constaterons que nous ne sommes « plus qu’un » (Jean 17, 11).