Sainteté, Frère très cher Bartholomé
Le soir porte toujours avec lui un sentiment mélangé de gratitude pour la journée vécue, et d’anxieuse confiance devant la nuit qui tombe. Ce soir mon âme est remplie de gratitude envers Dieu qui m’accorde de me trouver ici pour prier ensemble avec votre Sainteté et avec cette Église sœur, au terme d’une intense journée de visite apostolique. Et en même temps, mon âme est en attente du jour que nous avons liturgiquement commencé : la fête de Saint André Apôtre, le Patron de cette Église.
À travers les paroles du prophète Zacharie, le Seigneur nous a donné encore une fois, dans cette prière vespérale, le fondement qui est à la base de notre tension entre un aujourd’hui et un demain, le rocher solide sur lequel nous pouvons ensemble porter nos pas avec joie et avec espérance ; ce fondement sur le roc est la promesse du Seigneur : « Voici que je sauve mon peuple, de l’Orient et de l’Occident…dans la loyauté et la justice » (8, 7.8).
Oui, vénéré et cher Frère Bartholomée, alors que je vous exprime mon sincère « merci » pour votre accueil fraternel, je sens que notre joie est plus grande parce que la source est au-delà ; elle n’est pas en nous, elle n’est pas dans notre engagement ni dans nos efforts – même s’il y en a, comme il se doit – mais elle est dans la confiance commune en la fidélité de Dieu, qui pose le fondement de la reconstruction de son temple qui est l’Église (cf. Za 8,9). « Voilà une semence de paix » (Za 8,12) ; voilà une semence de joie. Cette paix et cette joie que le monde ne peut donner, mais que le Seigneur Jésus a promises à ses disciples, et qu’il leur a données, une fois ressuscité, dans la puissance du Saint Esprit.
André et Pierre ont écouté cette promesse, ils ont reçu ce don. Ils étaient frères de sang, mais la rencontre avec le Christ les a transformés en frères dans la foi et dans la charité. Et en cette joyeuse soirée, en cette prière des vigiles, je voudrais dire surtout : frères dans l’espérance. Quelle grâce, Sainteté, de pouvoir être frères dans l’espérance du Seigneur ressuscité ! Quelle grâce – et quelle responsabilité – de pouvoir marcher ensemble dans cette espérance, soulevés par l’intercession des saints frères Apôtres André et Pierre ! Et savoir que cette commune espérance ne déçoit pas, parce qu’elle est fondée, non pas sur nous ni sur nos pauvres forces, mais sur la fidélité de Dieu.
Dans cette joyeuse espérance, remplie de gratitude et d’attente impatiente, j’adresse à Votre Sainteté, à toutes les personnes présentes, et à l’Église de Constantinople, mes vœux cordiaux et fraternels pour la fête du Saint Patron.
Prière œcuménique en l’église patriarcale Saint-Georges à Phanar (Istanbul) et rencontre avec S.S. Bartholomé Ier
Messe du Pape François en la cathédrale du Saint-Esprit à Istanbul
Homélie du pape François
À l’homme assoiffé de salut, Jésus dans l’Évangile se présente comme la source où puiser, le rocher d’où le Père fait jaillir des fleuves d’eau vive pour tous ceux qui croient en lui (cf. Jn 7, 38). Avec cette prophétie, proclamée publiquement à Jérusalem, Jésus annonce à l’avance le don de l’Esprit Saint que recevront ses disciples après sa glorification, c’est-à-dire sa mort et sa résurrection (cf. v. 39).
L’Esprit Saint est l’âme de l’Église. Il donne la vie, il suscite les différents charismesnn qui enrichissent le peuple de Dieu et surtout, il crée l’unité entre les croyants : de beaucoup il fait un seul corps, le corps du Christ. Toute la vie et la mission de l’Église dépendent de l’Esprit Saint ; c’est lui qui réalise toute chose.
La même profession de foi, comme nous le rappelle saint Paul dans la première lecture d’aujourd’hui, est possible seulement parce qu’elle est suggérée par l’Esprit Saint : « Personne n’est capable de dire : “Jésus est Seigneur” sinon dans l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3b). Quand nous prions, c’est parce que l’Esprit Saint suscite la prière dans notre cœur. Quand nous brisons le cercle de notre égoïsme, que nous sortons de nous-mêmes et nous approchons des autres pour les rencontrer, les écouter, les aider, c’est l’Esprit de Dieu qui nous a poussés. Quand nous découvrons en nous une capacité inconnue de pardonner, d’aimer celui qui ne nous aime pas, c’est l’Esprit Saint qui nous a saisis. Quand nous passons outre les paroles de convenance et que nous nous adressons aux frères avec cette tendresse qui réchauffe le cœur, nous avons été certainement touchés par l’Esprit Saint.
C’est vrai, l’Esprit Saint suscite les différents charismes dans l’Église ; apparemment, cela semble créer du désordre, mais en réalité, sous sa conduite, cela constitue une immense richesse, parce que l’Esprit Saint est l’Esprit d’unité, qui ne signifie pas uniformité. Seul l’Esprit Saint peut susciter la diversité, la multiplicité et, en même temps, opérer l’unité. Quand nous voulons faire la diversité, et que nous nous arrêtons sur nos particularismes et sur nos exclusivismes, nous apportons la division ; et quand nous voulons faire l’unité selon nos desseins humains, nous finissons par apporter l’uniformité et l’homologation. Si au contraire, nous nous laissons guider par l’Esprit, la richesse, la variété, la diversité ne deviennent jamais conflit, parce que Lui nous pousse à vivre la variété dans la communion de l’Église. [Read more…]
Visite du Pape François au Président des affaires religieuses
Monsieur le Président,
Autorités religieuses et civiles,
Mesdames et Messieurs,C’est pour moi un motif de joie de vous rencontrer aujourd’hui, au cours de ma visite dans votre pays. Je remercie Monsieur le Président de cet important Bureau pour son invitation cordiale qui m’offre l’occasion de m’entretenir avec des leaders politiques et religieux, musulmans et chrétiens.
Il est de tradition que les Papes, quand ils voyagent dans différents pays pour accomplir une part de leur mission, rencontrent aussi les autorités et les communautés des autres religions. Sans cette ouverture à la rencontre et au dialogue, une visite papale ne répondrait pas pleinement à ses finalités, c’est ainsi que moi aussi je l’entends, à la suite de mes vénérés prédécesseurs. Dans cette perspective, je suis heureux de rappeler de façon spéciale la rencontre que le Pape Benoît XVI a eue, en ce même lieu, en novembre 2006.
Les bonnes relations et le dialogue entre leaders religieux revêtent en effet une grande importance. Ils représentent un message clair adressé aux communautés respectives, pour exprimer que le respect mutuel et l’amitié sont possibles, malgré les différences. Cette amitié, en plus d’être une valeur en soi, acquiert une signification spéciale et une importance supplémentaire en un temps de crises comme le nôtre, crises qui deviennent dans certaines régions du monde de véritables drames pour des populations entières. [Read more…]
Rencontre du Pape François avec les autorités turques
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Distinguées Autorités,
Mesdames et Messieurs,Je suis heureux de visiter votre pays, riche de beautés naturelles et d’histoire, rempli de traces d’antiques civilisations et pont naturel entre deux continents et entre différentes expressions culturelles. Cette terre est chère à tout chrétien pour avoir donné le jour à saint Paul, qui a fondé ici diverses communautés chrétiennes ; pour avoir hébergé les sept premiers Conciles de l’Église, et pour la présence, près d’Éphèse, de ce qu’une vénérable tradition considère comme la « maison de Marie », le lieu où la Mère de Jésus a vécu pendant quelques années, but de la dévotion de beaucoup de pèlerins, non seulement chrétiens mais aussi musulmans, venus de partout dans le monde.
Cependant, les raisons de la considération et de l’estime pour la Turquie ne sont pas à chercher uniquement dans son passé, dans ses antiques monuments, mais elles se trouvent dans la vitalité de son présent, dans l’ardeur au travail et la générosité de son peuple, dans son rôle dans le concert des nations.
C’est pour moi un motif de joie d’avoir l’opportunité de poursuivre avec vous un dialogue d’amitié, d’estime et de respect, dans le sillage de celui entrepris par mes prédécesseurs, le bienheureux Paul VI, saint Jean-Paul II et Benoît XVI, dialogue préparé et favorisé à son tour par l’action de celui qui était alors Délégué Apostolique, Mgr Angelo Giuseppe Roncalli, devenu saint Jean XXIII, et par le Concile Vatican II. [Read more…]
Vivre sa joie!
Écrit par Stephanie Manseau , coordonnatrice des communications pour la Congrégation de Notre-Dame .
Il y a, au cœur de Montréal, une maison bien particulière, qui porte le joli nom de « communauté Vita-Joie ». Quand les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame s’y sont installées en 2009, c’était pour accueillir deux nouvelles candidates, Andrée Maheu et Violaine Paradis. La vocation de la maison a évolué pour suivre le cheminement des jeunes sœurs et elle est devenue noviciat. Maintenant qu’Andrée et Violaine sont professes temporaires, la mission de Vita-Joie s’adapte une fois de plus pour devenir communauté interculturelle et intergénérationnelle. Sept sœurs y vivent, partageant les joies et les défis du quotidien, des horaires particulièrement chargés et une extraordinaire vitalité!
Vie communautaire et engagement
Ce groupe communautaire est composé de cinq sœurs d’origine canadienne (Francine, Sheila, Louise, Andrée et Violaine), d’une sœur camerounaise (Brigitte) et d’une hondurienne (Mariana). On parle surtout le français à la maison, dans le but avoué d’aider sœur Mariana à améliorer sa connaissance de cette langue, mais l’anglais et l’espagnol résonnent aussi entre les murs.
La maison est grande et l’espace suffisant pour accommoder tout le monde mais une vie communautaire harmonieuse exige de l’organisation et parfois, quelques compromis. Les sept sœurs se répartissent les tâches : chacune prépare le souper à tour de rôle, selon un horaire établi. Si l’une d’elle ne peut être présente quand c’est son tour, elle apprête le repas d’avance et s’entend avec une consœur qui le réchauffera au moment de servir. Toutes tentent de se retrouver pour prier et partager au moins le repas du soir mais ce n’est pas toujours possible de réunir tout le groupe : le lundi est la seule journée de la semaine où elles arrivent à être sept présentes autour d’une même table… ou plus, car elles accueillent chaleureusement, avec cette hospitalité si caractéristique des sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, les gens qui les visitent! [Read more…]
Audience générale du mercredi 26 novembre 2014
« L’Église, chemin et germe du Royaume »
Le Pape a poursuivi ce mercredi sa catéchèse sur l’Église, lors de l’audience générale place Saint-Pierre. L’Église est un pèlerinage vers le Royaume a-t-il expliqué. François a puisé dans le Concile Vatican II pour illustrer ses propos. « Le Concile nous a bien présenté une réalité qu’il ne faut jamais oublier : l’Eglise n’est pas une réalité statique mais est en chemin dans l’histoire, vers le but ultime et merveilleux du Royaume des Cieux, dont l’Église de la terre est le germe ». Les disciples de Jésus se posaient déjà la question de savoir quand aurait lieu cet avènement, une question que nous nous posons encore aujourd’hui a relevé le Pape.
« Nous ignorons le jour de la fin de l’humanité et la façon dont l’univers sera transformé. Mais nous savons que Dieu nous prépare une terre nouvelle où habitera la justice, et où tous nos désirs de paix et de bonheur seront comblés » a poursuivi le Saint-Père. Ainsi, il est beau de percevoir qu’il y a une continuité entre cette Église du Ciel et celle qui est encore en chemin sur la terre.
Toute la Création appelée à être sauvée de la mort
« L’élément déterminant pour notre salut et notre participation à ce bonheur est que nous appartenions au Christ », a encore souligné le Pape ; et tous ceux qui lui appartiennent, vivants ou défunts, sont déjà unis : les Saints, du Ciel, nous soutiennent, intercèdent pour nous, et nous-mêmes, nous prions pour soulager les âmes de ceux qui attendent la béatitude éternelle. De plus, comme le rappelle Saint-Paul, c’est toute la Création qui est appelée à être libérée du mal et de la mort, lorsque Dieu portera toute chose à sa plénitude d’être, de beauté et de vérité. [Read more…]
Visite au Conseil de l’Europe – Discours du Saint-Père
Monsieur le Secrétaire Général, Madame la Présidente, Excellences, Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de pouvoir prendre la parole en cette Assemblée qui voit réunie une représentation significative de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, les Représentants des pays membres, les Juges de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, et aussi les diverses Institutions qui composent le Conseil de l’Europe. De fait, presque toute l’Europe est présente en cette enceinte, avec ses peuples, ses langues, ses expressions culturelles et religieuses, qui constituent la richesse de ce continent. Je suis particulièrement reconnaissant au Secrétaire général du Conseil de l’Europe, Monsieur Thorbjørn Jagland, pour la courtoise invitation et pour les aimables paroles de bienvenue qu’il m’a adressées. Je salue Madame Anne Brasseur, Présidente de l’Assemblée parlementaire, ainsi que les représentants des diverses institutions qui composent le Conseil de l’Europe. Je vous remercie tous de tout cœur pour l’engagement que vous prodiguez et pour la contribution que vous offrez à la paix en Europe, par la promotion de la démocratie, des droits humains et de l’État de droit.
Dans l’intention de ses Pères fondateurs, le Conseil de l’Europe, qui célèbre cette année son 65ème anniversaire, répondait à une tension vers un idéal d’unité qui, à plusieurs reprises, a animé la vie du continent depuis l’antiquité. Cependant, au cours des siècles, des poussées particularistes ont souvent prévalu, caractérisées par la succession de diverses volontés hégémoniques. Qu’il suffise de penser que dix ans avant ce 5 mai 1949, où a été signé à Londres le Traité qui a institué le Conseil de l’Europe, commençait le plus cruel et le plus déchirant conflit dont ces terres se souviennent et dont les divisions se sont poursuivies pendant de longues années, alors que ce qu’on a appelé le rideau de fer coupait en deux le continent de la Mer Baltique au Golfe de Trieste. Le projet des Pères fondateurs était de reconstruire l’Europe dans un esprit de service mutuel, qui aujourd’hui encore, dans un monde plus enclin à revendiquer qu’à servir, doit constituer la clef de voûte de la mission du Conseil de l’Europe, en faveur de la paix, de la liberté et de la dignité humaine. [Read more…]
Visite au Parlement européen – Discours du Saint-Père
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Vice-présidents, Honorables Députés Européens,
Personnes qui travaillent à des titres divers dans cet hémicycle, Chers amis
Je vous remercie pour l’invitation à prendre la parole devant cette institution fondamentale de la vie de l’Union Européenne, et pour l’opportunité qui m’est offerte de m’adresser, à travers vous, à plus de cinq cents millions de citoyens des 28 pays membres que vous représentez. Je désire exprimer une gratitude particulière à vous, Monsieur le Président du Parlement, pour les paroles cordiales de bienvenue que vous m’avez adressées, au nom de tous les membres de l’Assemblée.Ma visite a lieu plus d’un quart de siècle après celle accomplie par le Pape Jean Paul II. Beaucoup de choses ont changé depuis lors, en Europe et dans le monde entier. Les blocs opposés qui divisaient alors le continent en deux n’existent plus, et le désir que « l’Europe, se donnant souverainement des institutions libres, puisse un jour se déployer aux dimensions que lui ont données la géographie et plus encore l’histoire »1, se réalise lentement.
A côté d’une Union Européenne plus grande, il y a aussi un monde plus complexe, et en fort mouvement. Un monde toujours plus interconnecté et globalisé, et donc de moins en moins « eurocentrique ». A une Union plus étendue, plus influente, semble cependant s’adjoindre l’image d’une Europe un peu vieillie et comprimée, qui tend à se sentir moins protagoniste dans un contexte qui la regarde souvent avec distance, méfiance, et parfois avec suspicion. [Read more…]
Le Pape : « L’Eglise ne peut briller de sa propre lumière »
Quand l’Eglise est humble et pauvre, alors elle est «fidèle » au Christ, sinon elle a la tentation de briller « par sa propre lumière » plutôt que d’offrir au monde la lumière de Dieu. Voilà ce qu’a affirmé le Pape François durant l’homélie de la Messe de ce lundi matin, célébrée en la chapelle de la Maison Sainte-Marthe au Vatican.
Donner beaucoup et publiquement, parce qu’il existe une richesse qui se nourrit d’ostentation et jouit de la vanité. Et donner le peu que l’on a, sans attirer l’attention sinon de Dieu, parce que c’est Lui le tout en qui se confier. Dans le récit évangélique de la veuve qui sous les yeux de Jésus met ses seuls petites économies dans le trésor du temps, alors que les riches y avaient jeté de manière ostentatoire de grosses sommes mais pour eux superflues, le Pape retient deux tendances toujours présentes dans l’histoire de l’Eglise. L’Eglise tentée par la vanité et l’Eglise pauvre, qui –affirme le Pape, « ne doit avoir d’autres richesses que son Epoux », comme l’humble femme du temple :
«J’aime voir dans cette figure l’Eglise qui est d’une certaine manière est un peu veuve, parce qu’elle attend son Epoux qui reviendra. Mais elle a son Epoux dans l’Eucharistie, dans la Parole de Dieu, dans les pauvres, oui : mais elle attend qu’il revienne, non ? Cette attitude de l’Eglise…Cette veuve n’était pas importante, le nom de cette veuve n’apparaissait pas dans les journaux. Personne ne la connaissait. Elle n’avait pas de diplômes…rien. Elle ne brillait pas de sa propre lumière. Et je vois en cette femme ce que doit être l’Eglise. La grande vertu de l’Eglise est de ne pas briller de sa propre lumière, mais de briller de la lumière qui vient de son Epoux. Qui vient de son Epoux. Et durant les siècles, quand l’Eglise a voulu briller de sa propre lumière, elle s’est trompée ».
« C’est vrai, reconnaissait le Pape François, que parfois le Seigneur peut demander à son Eglise de briller un peu de sa propre lumière », mais cela veut dire, ajoutait le Pape, que si la mission de l’Eglise est d’illuminer l’humanité, la lumière qui est offerte doit être uniquement celle que l’on reçoit du Christ dans une attitude d’humilité. [Read more…]