Où se trouve le bon Samaritain à Gaza ? La situation à la lumière de l’Évangile

Crédit photo : IStock

La parabole du bon Samaritain est racontée par Jésus en réponse à une question posée par un docteur de la Loi : « Qui est mon prochain ? » Jésus termine ce récit émouvant en posant une question à son tour : « Lequel de ces trois, à ton avis – le prêtre, le lévite ou le Samaritain –, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? » Dévoilant la morale de l’histoire, le docteur de la Loi répond : « Celui qui a fait preuve de miséricorde envers lui ». Jésus répondit : « Va, et toi aussi, fais de même » (Luc 10, 25-37).

Cette parabole est une boussole pour nos relations avec tous nos frères et sœurs dans la grande famille humaine, et en particulier ceux et celles qui souffrent. En voyant l’homme qui a été roué de coups et laissé à moitié mort dans le fossé, le prêtre et le lévite, des membres respectés de la société, tenus en haute estime, passent de l’autre côté de la route, détournant le regard comme s’ils ne l’avaient pas remarqué. Au contraire, le Samaritain, méprisé à l’époque comme un idolâtre, s’arrête, et, pris de compassion pour l’homme, l’emmène à l’auberge pour prendre soin de lui.

Jésus souhaite que cette parabole soit une leçon très forte, non seulement pour le docteur de la Loi qui l’interroge, mais également aujourd’hui, pour nous. 

Dans sa lettre encyclique sur la fraternité humaine et l’amitié sociale, intitulée Fratelli tutti (‘Tous frères et sœurs’), le Pape François a souligné l’importance de la parabole du bon Samaritain dans le monde aujourd’hui :

« Cette parabole est une icône éclairante, capable de mettre en évidence l’option de base que nous devons faire pour reconstruire ce monde qui nous fait mal. Face à tant de douleur, face à tant de blessures, la seule issue, c’est d’être comme le bon Samaritain. Toute autre option conduit soit aux côtés des brigands, soit aux côtés de ceux qui passent outre sans compatir avec la souffrance du blessé gisant sur le chemin. La parabole nous montre par quelles initiatives une communauté peut être reconstruite grâce à des hommes et des femmes qui s’approprient la fragilité des autres, qui ne permettent pas qu’émerge une société d’exclusion mais qui se font proches et relèvent puis réhabilitent celui qui est à terre, pour que le bien soit commun. En même temps, la parabole nous met en garde contre certaines attitudes de ceux qui ne se soucient que d’eux-mêmes et ne prennent pas en charge les exigences incontournables de la réalité humaine » (Fratelli tutti, no. 67).

Laissons ces paroles pénétrer notre esprit et notre cœur alors que nous sommes témoins des guerres, des atrocités et des tragédies qui se déroulent dans le monde entier. Demandons-nous : où est le bon Samaritain à Gaza ? Et en Ukraine, au Yémen, au Soudan, en Éthiopie, au Myanmar, en République démocratique du Congo ? Il y a tant d’endroits qui ont besoin de la miséricorde dont fait preuve le bon Samaritain.

Puis, demandons-nous aussi : où est Jésus, le véritable bon Samaritain ? S’identifiant aux plus petits de ses frères et sœurs, Jésus pleure avec ceux et celles qui pleurent la perte tragique de leurs proches, en particulier de leurs enfants. De même, Jésus souffre de la faim avec ceux et celles qui n’ont rien à manger. Jésus agonise avec ceux et celles dont les maisons et les moyens de subsistance ont été détruits. Jésus cherche la paix et espère qu’elle finira par arriver. 

Jésus nous appelle tous à suivre l’exemple du bon Samaritain, chacun et chacune à sa manière, sans fermer les yeux ni passer à côté, mais en se laissant travailler par la miséricorde et en faisant tout notre possible pour aider les autres. Nous pouvons nous demander : quelle est ma réponse face aux souffrances à Gaza, en Ukraine et dans le monde entier ? Que puis-je faire pour rendre concrète ma compassion et ma solidarité envers les victimes de la guerre, de la violence et de la famine ?

Jésus, Prince de la Paix, montre ton amour et ta tendresse à nos frères et sœurs qui souffrent, et apprends-nous à faire de même. Amen.

Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 4 juin 2025

« La parabole de la vigne ». Collection Met. Wikimedia Commons.

Lors de son audience générale hebdomadaire, le pape Léon XIV a poursuivi le cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance » dans le cadre du Jubilé 2025. Il a réfléchi à la parabole du vigneron de Matthieu 20. Il a déclaré que « Dieu veut donner à tous son Royaume, c’est-à-dire une vie pleine, éternelle et heureuse. Et c’est ce que Jésus fait avec nous : il n’établit pas de classement, il se donne tout entier à ceux qui lui ouvrent leur cœur ».

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV jeudi soir à 19h00 HE, 16h00 HP.

Chers frères et sœurs, bonjour !

J’aimerais m’arrêter à nouveau sur une parabole de Jésus. Il s’agit à nouveau d’un récit qui nourrit notre espérance. Parfois, nous avons l’impression de ne pas parvenir à trouver de sens à notre vie : nous nous sentons inutiles, inadaptés, comme les ouvriers qui attendent sur la place du marché que quelqu’un les fasse travailler. Mais il arrive aussi que le temps passe, que la vie s’écoule et que nous ne nous sentions pas reconnus ni appréciés. Peut-être ne sommes-nous pas arrivés à temps, d’autres se sont présentés avant nous, ou des soucis nous ont retenus ailleurs.

La métaphore de la place du marché est également très adaptée à notre époque, car le marché est le lieu des affaires, où malheureusement s’achète et se vend autant l’affection que la dignité, en essayant d’en tirer profit. Et quand on ne se sent pas valorisé, reconnu, on risque même de se vendre au premier venu. Le Seigneur, au contraire, nous rappelle que notre vie a une valeur et qu’il désire nous aider à la découvrir.

Toujours dans la parabole que nous commentons aujourd’hui, il y a des ouvriers qui attendent que quelqu’un les prenne pour une journée. Nous sommes au chapitre 20 de l’Évangile de Matthieu et là aussi nous trouvons un personnage au comportement inhabituel, qui étonne et interroge. Il s’agit du propriétaire d’une vigne, qui se déplace en personne pour aller chercher ses ouvriers. Il veut évidemment établir avec eux une relation personnelle.

Comme je le disait, c’est une parabole qui donne de l’espérance, parce qu’elle nous dit que ce patron sort plusieurs fois pour aller à la recherche de qui cherche à donner un sens à sa vie. Le patron sort dès l’aube et revient ensuite toutes les trois heures pour chercher des ouvriers à envoyer dans sa vigne. Selon ce schéma, après être sorti à trois heures de l’après-midi, il n’y aurait plus de raison de sortir à nouveau, car la journée de travail se terminerait à six heures.

Au lieu de cela, ce patron infatigable, qui veut à tout prix valoriser la vie de chacun d’entre nous, sort pourtant à cinq heures. Les ouvriers restés sur la place du marché avaient sans doute perdu tout espoir. Cette journée s’était déroulée en vain. Et pourtant, quelqu’un a cru encore en eux. Quel sens cela a-t-il de prendre des ouvriers uniquement pour la dernière heure de la journée de travail ? Quel sens cela a-t-il d’aller travailler pour une heure seulement ? Pourtant, même lorsqu’il nous semble de ne pouvoir faire que peu de chose dans la vie, cela en vaut toujours la peine. Il y a toujours la possibilité de trouver un sens, parce que Dieu aime notre vie.

Et l’originalité de ce patron se manifeste aussi à la fin de la journée, au moment de la paie. Avec les premiers ouvriers, ceux qui vont à la vigne dès l’aube, le maître s’était mis d’accord sur une somme d’argent, qui était le coût typique d’une journée de travail. Aux autres, il dit qu’il leur donnera ce qui est juste. Et c’est précisément ici que la parabole vient nous interpeller : qu’est-ce qui est juste ? Pour le propriétaire de la vigne, c’est-à-dire pour Dieu, il est juste que chacun ait le nécessaire pour vivre. Il a appelé les travailleurs personnellement, il connaît leur dignité et il veut les payer en fonction de celle-ci. Et il leur donne à tous de l’argent.

Le récit dit que les ouvriers de la première heure sont déçus : ils ne voient pas la beauté du geste du patron, qui n’a pas été injuste, mais simplement généreux, il n’a pas seulement considéré le mérite, mais aussi le besoin. Dieu veut donner à tous son Royaume, c’est-à-dire une vie pleine, éternelle et heureuse. Et c’est ainsi que Jésus fait avec nous : il ne fait pas de classement, à qui lui ouvre son cœur il Se donne tout entier.

À la lumière de cette parabole, le chrétien d’aujourd’hui pourrait être tenté de penser : « Pourquoi commencer à travailler immédiatement ? Si la rémunération est la même, pourquoi travailler plus ? A ces doutes Saint Augustin répondait ainsi : « Pourquoi donc tardes-tu à suivre celui qui t’appelle, alors que tu es sûr de la rémunération mais incertain du jour ? Prends garde de ne pas te priver toi-même, à force de repousser, ce qu’il te donnera selon sa promesse » [1].

Je voudrais dire, surtout aux jeunes, de ne pas attendre, mais de répondre avec enthousiasme au Seigneur qui nous appelle à travailler dans sa vigne. Ne pas tarder, retrousse les manches, car le Seigneur est généreux et tu ne seras pas déçu ! En travaillant dans sa vigne, tu trouveras une réponse à cette interrogation profonde que tu portes en toi : quel est le sens de ma vie ?

Chers frères et sœurs, ne nous décourageons pas ! Même dans les moments sombres de la vie, quand le temps passe sans nous donner les réponses que nous cherchons, demandons au Seigneur de sortir à nouveau et de nous rejoindre là où nous l’attendons. Le Seigneur est généreux et il viendra aussitôt !

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience Générale du pape Léon XIV – Mercredi 28 mai 2025

Guillaume Bodinier, « Le bon samaritain ». Wikimedia Commons.

Le Pape Léon XIV a poursuivi le cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », commencé par le Pape François dans le cadre du Jubilé 2025. Il a réfléchi à la parabole du bon Samaritain, qu’il a qualifiée de « chemin pour transformer cette question « que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle ? » (Luc 10:25), pour passer de « qui m’aime ? » à « qui m’a aimé ? » …. La première question est celle que nous posons lorsque nous nous asseyons dans un coin et que nous attendons, la seconde est celle qui nous pousse à nous engager sur le chemin. »

Lisez le texte intégral de son discours ci-dessous. Vous pourrez suivre l’intégralité de l’émission sur Sel + Lumière TV jeudi soir à 19h00 HE, 16h00 HP.

Chers frères et sœurs, bonjour !Nous continuons à méditer quelques paraboles de l’Évangile qui sont une occasion de changer de perspective et de nous ouvrir à l’espérance. Le manque d’espérance est parfois dû au fait que nous nous fixons sur une certaine manière rigide et close de voir les choses, et les paraboles nous aident à les regarder d’un autre point de vue.

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une personne expérimentée, savante, docteur de la Loi, qui a cependant besoin de changer de perspective, parce qu’elle est centrée sur elle-même et ne perçoit pas les autres (cf. Lc 10, 25-37). En effet, il interroge Jésus sur la manière dont on “hérite” de la vie éternelle, en utilisant une expression qui la comprend comme un droit sans équivoque. Mais derrière cette question se cache peut-être précisément un besoin d’attention : le seul mot sur lequel il interroge Jésus est le terme “prochain”, qui signifie littéralement celui qui est proche.

C’est pourquoi Jésus raconte une parabole qui est un chemin pour transformer cette question, pour passer de la question qui m’aime ? à celle de qui a aimé ? La première question est une question immature, la seconde est la question de l’adulte qui a compris le sens de sa vie. La première question est celle que nous posons lorsque nous attendons dans un coin, la seconde est celle qui nous pousse à l’engagement.

La parabole que Jésus raconte a en effet pour cadre une route, et c’est une route difficile et malaisée, comme la vie. Il s’agit de la route parcourue par un homme qui descend de Jérusalem, la ville sur la montagne, à Jéricho, la ville au-dessous du niveau de la mer. C’est une image qui préfigure déjà ce qui pourrait arriver : il arrive en effet que cet homme soit attaqué, battu, volé et laissé à moitié mort. C’est l’expérience qui se produit lorsque les situations, les personnes, parfois même celles en qui nous avions confiance, nous prennent tout et nous laissent au plein milieu de la route.

Mais la vie est faite de rencontres, et dans ces rencontres, nous nous révélons tels que nous sommes. Nous nous trouvons face à l’autre, face à sa fragilité et à sa faiblesse, et nous pouvons décider de ce que nous allons faire : nous occuper de lui ou faire comme si de rien n’était. Un prêtre et un lévite suivent le même chemin. Ce sont des personnes qui servent dans le Temple de Jérusalem, qui habitent dans l’espace sacré. Pourtant, la pratique du culte ne conduit pas automatiquement à la compassion. En effet, avant d’être une question religieuse, la compassion est une question d’humanité ! Avant d’être croyants, nous sommes appelés à être humains.

Nous pouvons imaginer qu’après un long séjour à Jérusalem, ce prêtre et ce lévite sont pressés de rentrer chez eux. C’est justement cette hâte, si présente dans nos vies, qui nous empêche souvent d’éprouver de la compassion. Celui qui pense que son propre voyage est prioritaire n’est pas prêts à s’arrêter pour un autre.

Mais voici quelqu’un qui est capable de s’arrêter : c’est un Samaritain, qui appartient donc à un peuple méprisé (cf. 2 Rois 17). Dans son cas, le texte ne précise pas la direction, mais dit seulement qu’il était en voyage. La religiosité n’a rien à voir ici. Ce Samaritain s’arrête simplement parce qu’il est un homme devant un autre homme qui a besoin d’aide.

La compassion s’exprime par des gestes concrets. L’évangéliste Luc s’attarde sur les actions du Samaritain, que nous appelons “bon”, mais qui, dans le texte, est simplement une personne : le Samaritain se fait proche, parce que si l’on veut aider quelqu’un, on ne peut pas penser à se tenir à distance, il faut s’impliquer, se salir, peut-être se contaminer ; il panse ses blessures après les avoir nettoyées avec de l’huile et du vin ; il le charge sur sa monture, c’est-à-dire qu’il le prend en charge, parce qu’on aide vraiment si l’on est prêt à sentir le poids de la douleur de l’autre ; il l’emmène à l’hôtel où il dépense de l’argent, “deux deniers”, plus ou moins deux jours de travail ; et il s’engage à revenir et éventuellement à payer à nouveau, parce que l’autre n’est pas un colis à livrer, mais quelqu’un dont il faut prendre soin.

Chers frères et sœurs, quand serons-nous capables, nous aussi, d’interrompre notre voyage et d’avoir de la compassion ? Quand nous comprendrons que cet homme blessé sur la route représente chacun d’entre nous. Et alors, le souvenir de toutes les fois où Jésus s’est arrêté pour prendre soin de nous nous rendra d’autant plus capables de compassion.

Prions donc afin de pouvoir grandir en humanité, de telle sorte que nos relations soient plus vraies et plus riches de compassion. Demandons au Cœur du Christ la grâce de partager toujours plus ses propres sentiments.

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APPEL

Ces jours-ci, je pense souvent au peuple ukrainien frappé par de nouvelles attaques graves contre les civils et les infrastructures. J’assure ma proximité et mes prières toutes les victimes, en particulier les enfants et les familles.

Je renouvelle avec force mon appel à arrêter la guerre et à soutenir toute initiative en faveur du dialogue et de la paix. Je demande à tous de s’unir dans la prière pour la paix en Ukraine et partout où l’on souffre de la guerre.

De la bande de Gaza, s’élèvent toujours plus intenses vers le ciel les cris des mères, des pères qui serrent les corps sans vie de leurs enfants et qui sont continuellement obligés de se déplacer à la recherche d’un peu de nourriture et d’un abri plus sûr contre les bombardements.

Aux responsables, je renouvelle mon appel : cessez le feu ; libérez tous les otages et respectez intégralement le droit humanitaire. Marie Reine de la Paix, priez pour nous.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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