Audience générale du pape François – mercredi 19 février 2025

« Les trois rois mages ». Détail de la mosaïque « Marie et l’enfant, entourés des anges ». Basilique de Sant’Apollinare Nuovo, Ravenne. Wikimedia Commons.

Le pape François a poursuivi son cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », dans le cadre du Jubilé 2025. Cette semaine, il a réfléchi à la visite des Mages à l’enfant Jésus, écrivant que les Mages « sont des hommes qui ne restent pas immobiles mais qui, comme les grands élus de l’histoire biblique, ressentent le besoin de bouger, d’aller de l’avant. Ce sont des hommes capables de regarder au-delà d’eux-mêmes, qui savent regarder vers le haut ».

Lisez ci-dessous le texte préparé de sa catéchèse.

Chers frères et sœurs,

Dans les évangiles de l’enfance de Jésus, il y a un épisode propre au récit de Matthieu: la visite des Mages. Attirés par l’apparition d’une étoile qui, dans de nombreuses cultures, est le présage de la naissance de personnes exceptionnelles, des mages se mettent en route depuis l’Orient, sans connaître exactement leur but. Il s’agit des Mages, des personnes qui n’appartiennent pas au peuple de l’alliance. La dernière fois, nous avons parlé des bergers de Bethléem, marginalisés dans la société juive parce que considérés comme «impurs»; aujourd’hui, nous rencontrons une autre catégorie, les étrangers, qui viennent immédiatement rendre hommage au Fils de Dieu entré dans l’histoire avec une royauté entièrement inédite. Les Evangiles nous disent donc clairement que les pauvres et les étrangers sont parmi les premiers à être invités à rencontrer le dieu fait enfant, le Sauveur du monde.

Les Mages étaient considérés comme représentant à la fois les races primitives, générées par les trois fils de Noé, et les trois continents connus dans l’Antiquité: l’Asie, l’Afrique et l’Europe, ainsi que les trois phases de la vie humaine: la jeunesse, la maturité et la vieillesse. Au-delà de toute interprétation possible, ce sont des hommes qui ne restent pas immobiles mais qui, comme les grands appelés de l’histoire biblique, sentent l’invitation à bouger, à se mettre en route. Ce sont des hommes qui savent regarder au-delà d’eux-mêmes, qui savent regarder vers le haut.

L’attirance pour l’étoile apparue dans le ciel les met en marche vers le pays de Juda, jusqu’à Jérusalem, où ils rencontrent le roi Hérode. Leur ingénuité et leur confiance à demander des informations sur le nouveau-né roi des Juifs se heurte à la ruse d’Hérode qui, agité par la peur de perdre son trône, cherche immédiatement à en avoir le cœur net, en contactant les scribes et en leur demandant de mener l’enquête.

Le pouvoir du régnant terrestre montre ainsi toute sa faiblesse. Les experts connaissent les Ecritures et signalent au roi le lieu où, selon la prophétie de Michée, devait naître le chef et le pasteur du peuple d’Israël (Mi 5, 1): la petite Bethléem et non la grande Jérusalem! En effet, comme le rappelle Paul aux Corinthiens, «ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort» (1 Co 1, 27).

Mais les scribes, qui savent identifier exactement le lieu de naissance du Messie, montrent le chemin aux autres, mais eux-mêmes ne bougent pas! Il ne suffit pas, en effet, de connaître les textes prophétiques pour se syntoniser sur les fréquences divines, il faut laisser son âme être scrutée et permettre à la Parole de Dieu de raviver le désir de chercher, d’allumer le désir de voir Dieu.

C’est alors qu’Hérode, en secret, comme le font les trompeurs et les violents, demande aux Mages le moment précis de l’apparition de l’étoile et les incite à poursuivre leur voyage et à revenir ensuite lui donner des nouvelles, pour que lui aussi puisse aller adorer le nouveau-né. Pour ceux qui sont attachés au pouvoir, Jésus n’est pas une espérance à accueillir, mais une menace à éliminer!

Lorsque les Mages se remettent en route, l’étoile réapparaît et les conduit jusqu’à Jésus, signe que la création et la parole prophétique représentent l’alphabet avec lequel Dieu parle et se laisse trouver. La vue de l’étoile suscite chez ces hommes une joie incontrôlable, car l’Esprit Saint, qui anime le cœur de quiconque cherche sincèrement Dieu, le remplit également de joie. Entrés dans la maison, les Mages se prosternent, adorent Jésus et lui offrent des dons précieux, dignes d’un roi, dignes de Dieu. Pourquoi? Que voient-ils? Un auteur antique écrit: ils voient «un humble petit corps à travers lequel le Verbe s’est incarné; mais la gloire de la divinité ne leur est pas cachée. On voit un enfant; mais ils adorent Dieu» (Chromace d’Aquilée, Commentaire à l’Evangile de Matthieu, 5, 1). Les Mages deviennent ainsi les premiers croyants parmi tous les païens, image de l’Eglise rassemblée de toutes les langues et de toutes les nations.

Chers frères et sœurs, mettons-nous aussi à l’école des Mages, de ces «pèlerins de l’espérance» qui, avec beaucoup de courage, ont tourné leurs pas, leur cœur et leurs biens vers Celui qui est l’espérance non seulement d’Israël, mais de toutes les nations. Apprenons à adorer Dieu dans sa petitesse, dans sa royauté qui n’écrase pas mais rend libres et capables de servir avec dignité. Et offrons-lui les dons les plus beaux pour lui exprimer notre foi et notre amour.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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Audience générale du pape François – mercredi 12 février 2025

Giorgione, « Adoration des bergers ». Galerie nationale d’art. Wikimedia Commons.

Lors de l’audience générale de mercredi, le pape François a poursuivi ce cycle de catéchèse sur « Jésus-Christ notre espérance », dans le cadre du Jubilé 2025. Cette semaine, il a réfléchi à la naissance du Christ et à la visite des bergers, affirmant que « Dieu, qui entre dans l’histoire, ne démonte pas les structures du monde, mais veut les éclairer et les recréer de l’intérieur ».

Lisez le texte intégral ci-dessous. Vous pouvez également regarder l’intégralité de l’émission ce soir à 19h30 HE soit 16h30 HP sur Sel + Lumière TV et sur Sel + Lumière Plus.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Dans notre parcours jubilaire de catéchèse sur Jésus qui est notre espérance, aujourd’hui nous nous arrêtons sur l’événement de sa naissance à Bethléem.

Le Fils de Dieu entre dans l’histoire en devenant notre compagnon de voyage et il commence à voyager étant encore dans le sein de sa mère. L’évangéliste Luc raconte que, dès sa conception, il est parti de Nazareth pour se rendre dans la maison de Zacharie et d’Élisabeth, puis, une fois la grossesse achevée, de Nazareth à Bethléem pour le recensement. Marie et Joseph furent contraints de se rendre dans la ville du roi David, où Joseph était également né. Le Messie tant attendu, le Fils du Dieu Très-Haut, se laisse recenser, c’est-à-dire compter et enregistrer, comme n’importe quel citoyen. Il se soumet au décret d’un empereur, César Auguste, qui se croit le maître de toute la terre.

Luc situe la naissance de Jésus dans « un temps exactement datable » et dans « un cadre géographique exactement indiqué », de sorte que « l’universel et le concret se touchent » (Benedetto XVI, L’infanzia di Gesù, 2012, 77). Dieu qui vient dans l’histoire ne bouleverse pas les structures du monde, mais veut les éclairer et les recréer de l’intérieur.

Bethléem signifie « maison du pain ». C’est là que les jours de l’accouchement se sont passés pour Marie et que Jésus est né, pain descendu du ciel pour rassasier la faim du monde (cf. Jn 6,51). L’ange Gabriel avait annoncé la naissance du Roi messianique sous le signe de la grandeur : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » (Lc 1, 32-33).

Cependant, Jésus naît d’une manière totalement inédite pour un roi. En effet, « pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli. Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. » (Lc 2,6-7). Le Fils de Dieu ne naît pas dans un palais royal, mais à l’arrière d’une maison, dans l’espace où se trouvent les animaux.

Luc nous montre ainsi que Dieu ne vient pas dans le monde avec des proclamations retentissantes, qu’il ne se manifeste pas dans la clameur, mais qu’il commence son chemin dans l’humilité. Et qui sont les premiers témoins de cet événement ? Ce sont des bergers : des hommes peu cultivés, malodorants à cause du contact permanent avec les animaux, vivant en marge de la société. Pourtant, ils exercent le métier par lequel Dieu lui-même se fait connaître à son peuple (cf. Gn 48,15 ; 49,24 ; Ps 23,1 ; 80,2 ; Is 40,11). Dieu les choisit pour être les destinataires de la plus merveilleuse nouvelle qui ait jamais retenti dans l’histoire : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. » (Lc 2, 10-12).

L’endroit où il faut aller pour rencontrer le Messie est une crèche. Il se trouve en effet qu’après tant d’attente, « le Sauveur du monde, celui pour qui tout a été créé (cf. Col 1,16), n’a pas de place » (Benedetto XVI, L’infanzia di Gesù, 2012, 80). Les bergers apprennent ainsi que dans un lieu très humble, réservé aux animaux, naît pour eux le Messie tant attendu, pour être leur Sauveur, leur Pasteur. Cette nouvelle ouvre leur cœur à l’émerveillement, à la louange et à l’annonce joyeuse. « Contrairement à tant de personnes occupées à faire mille choses, les bergers deviennent les premiers témoins de l’essentiel, c’est-à-dire du salut qui est donné. Ce sont les plus humbles et les plus pauvres qui savent accueillir l’événement de l’Incarnation » (Lett. ap. Admirabile signum, 5).

Frères et sœurs, demandons aussi la grâce d’être, comme les bergers, capables de stupeur et de louange devant Dieu, et capables de conserver ce qu’Il nous a confié : nos talents, nos charismes, notre vocation et les personnes qu’Il place à nos côtés. Demandons au Seigneur de savoir discerner dans la faiblesse la force extraordinaire de l’Enfant-Dieu, qui vient renouveler le monde et transformer nos vies avec son dessein plein d’espérance pour l’humanité toute entière.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de la Libreria Editrice Vaticana

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