Benoît XVI à Brescia ce dimanche

Le Pape se rendra dimanche dans la région de Brescia, dans le nord de l’Italie, pour une visite pastorale d’un jour. Brescia est la ville natale du pape Paul VI et, puisque nous y sommes, de Mgr Luigi Ventura, notre nuncio bien-aimé qui nous a quitté en début de semaine pour prendre son poste à Paris à la fin du mois.

Nul doute que Benoît XVI fera référence à son prédécesseur, duquel il s’est inspiré pour sa dernière encyclique sociale, Caritas in Veritate. Paul VI a également mené la seconde partie du Concile Vatican II et ses suites. Notre Saint-Père s’inscrira certainement dans les sillons du Papa Montini.

Télévision Sel + Lumière diffusera la célébration de la messe pontificale à Brescia, ce dimanche 8 novembre à 15h30. La programmation complète de S+L peut toujours être vu en direct sur le web.

Un synode pour l’Afrique et avec l’Afrique

Benoît XVI ouvrira ce dimanche la 2e Assemblée spéciale sur l’Afrique du Synode des évêques qui se tiendra à Rome jusqu’au 25 octobre prochain.  Le premier ‘Synode sur l’Afrique’ avait eu lieu en 1994 et avait donné l’exhortation apostolique Ecclesia in Africa en 1995, qui allait orienter l’Église en Afrique jusqu’à nos jours. Souhaité de Jean-Paul II, ce 2e synode est en quelque sorte une réponse à la longue plainte africaine : pauvreté, corruption et divisions persistent. Il s’agit de voir comment l’Église peut être agent de paix en Afrique d’où le thème choisi : « L’Église en Afrique au service de la réconciliation, de la justice et de la paix » auquel on a lié le verset de Matthieu 5 « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ».

Les Africains affirment eux-mêmes ce besoin de réconciliation. En préambule au Synode de ce mois-ci, Benoît XVI s’est rendu en Afrique en mars dernier lors d’une visite placée sous le signe de la réconciliation : réconciliation entre ethnies qui s’entre-déchirent, entre factions qui se battent pour le contrôle de richesses naturelles comme le pétrole et le diamant. Une véritable réconciliation doit d’abord se vivre au sein même des familles africaines. L’urbanisation galopante par exemple et le manque de travail forcent beaucoup de jeunes parents à se tourner vers des solutions éphémères qui mènent à l’effritement du tissu familial. Encore aujourd’hui, dans les situations de grandes difficultés, les femmes africaines sont presque toujours seules à maintenir intacte la dignité humaine, défendre la famille et sauvegarder les valeurs culturelles et religieuses.

Tant de défis pour une population et une Église en pleine croissance. L’Église catholique en Afrique compte plus de 159 millions de catholiques et ce nombre croît plus vite que nulle part ailleurs dans le monde: 3% en 2007 seulement. D’ici une vingtaine d’année, on y trouvera plus de catholiques qu’en Europe.

L’Église catholique en Afrique a une expertise sur le terrain qu’aucune organisation ne possède. Ce n’est pas par prosélytisme qu’elle ne cesse de proposer l’Évangile comme fondement de la société mais plutôt parce qu’elle est convaincue que cette Parole demeure le meilleur outil pour changer les cœurs et conduire vers une paix véritable. C’est pourquoi les catholiques en Afrique sont prêts à être sel et lumière pour leurs frères et sœurs et pour le monde entier.

Jusqu’au 25 octobre, espérons qu’à travers ses représentants, la voix de l’Afrique soit entendue, accueillie et acceptée dans toute sa vérité.

Quelques statistiques sur cette 2e Assemblée du Synode des évêques pour l’Afrique:

  • 244 Pères synodaux prendront part aux travaux
  • 228 d’entre-eux sont des évêques
  • 197 d’entre-eux viennent d’Afrique
  • 29 experts assisteront les Pères (19 hommes et 10 femmes)
  • 49 auditeurs (29 hommes et 20 femmes) contribueront aux travaux par leurs réflexions et témoignages
  • des représentants de 6 Églises et communautés ecclésiales présentes en Afrique participeront aux travaux à titre de délégués fraternels.

Focus catholique: Caritas in Veritate

Nous présentons cette semaine une édition spécale de Focus catholique dans le cadre de la parution de Caritas in Veritate. Pour comprendre cette dernière encyclique de Benoît XVI et sa réception auprès des catholiques du monde, des leaders politiques et des gens d’affaires.

  • Michael Casey, directeur général de Développement et Paix;
  • Renaude Grégoire du bureau de Justice sociale des Sœurs de Sainte Anne;
  • Les propos de Terence Corcoran, éditeur du Financial Post.

Lundi 20 juillet 19h et 23h
Vendredi 24 et dimanche 26 juillet 19h30 et 23h30
L’émission sera disponible sur la page de l’émission dès mardi.

S’engager au service de l’humanité ou l’authentique vocation au progrès

Caritas in VeritateIl fut une époque où la publication d’une encyclique, d’une encyclique à caractère social de surcroit, aurait eu une résonnance monstre sur toute la planète, spécialement dans les pays marqués d’une forte tradition chrétienne. La chose est moins évidente de nos jours. À l’ère de Twitter et de la nouvelle instantanée, il est de plus en plus difficile de se saisir d’un texte magistral, encore plus lorsqu’il s’inspire d’une Parole éternelle et d’une doctrine sociale qui se développe depuis plus d’un siècle. Caritas in Veritate ne déroge pas à cette ‘règle’. La troisième encyclique de Benoît XVI s’inscrit dans l’enseignement social de l’Église en mettant en évidence des éléments ou des balises qui peuvent aider à traverser la crise économique actuelle. Mais voilà, les pistes sont tellement nombreuses, que le lecteur peu finir par perdre le fil conducteur du document. En bref, quelques recommandations du Saint-Père:

  • résister à une réduction des systèmes de sécurité sociale ;
  •  soutenir les syndicats et le droits des travailleurs dans une économie marquée par la mobilité de la main d’œuvre ;
  • combattre la faim en investissant entre autres dans les infrastructures rurales ;
  • garantir un emploi stable pour tous comme objectif économique ;
  • protéger l’écologie de la planète
  • réduire la consommation d’énergie des pays riches
  • s’ouvrir à la vie (i.e. s’opposer à des mesures comme l’avortement et le contrôle des naissances) ;
  • investir davantage en éducation ;
  • s’opposer aux abus de la biotechnologie ;
  • réformer les Nations Unis ;
  • etc.

La liste est longue. Pour s’y retrouver, il faut retourner à la mesure de nos gestes et actions et de leur objectif: la personne humaine. Le Pape le rappelle avec force :

Je voudrais rappeler à tous, et surtout aux gouvernants engagés à donner un nouveau profil aux bases économiques et sociales du monde, que l’homme, la personne, dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser.  no 25

La personne humaine est le premier souci du Pape dans cette encyclique consacrée au «développement humain intégral dans la charité et dans la vérité». Elle est au cœur de l’enseignement social de l’Église. En consacrant son premier chapitre au message de Populorum progressio sur le développement des peuples, Benoît XVI fait plus qu’honorer la mémoire de Paul XI, il confirme les intuitions et interprétations de la donne mondiale faites par le défunt Pontife il y a 42 ans. À une exception près: la mondialisation annoncée s’est faite à une vitesse incroyable, beaucoup plus que ce que croyait Paul VI. Cette explosion de l’interdépendance planétaire s’appuie sur une technologie qui évolue toujours en s’appuyant sur des fonds quasi illimités, une course au progrès qui a toutefois oublié beaucoup de gens en cours de route. Elle nous a fait oublier que le progrès est une vocation (no 16). Qu’est-ce qu’une vocation sinon une manière de devenir ce que nous devons être: pleinement humain, pleinement à l’image de Dieu! C’est pour réaliser cette vocation que l’on retrouve les deux pôles de l’enseignement de Benoît XVI réunis : l’amour (la charité) dans la vérité. [Read more…]

Une rencontre et une nomination

Photo: Presse Canadienne

Photo: Presse Canadienne

Après le président Obama, c’était au tour de Stephen Harper de rencontrer le Pape ce matin au Vatican. Un observateur en robe noire a déclaré à la presse que le premier ministre canadien n’avait pas l’hostie dans sa poche…

Blague à part, il est certain que la rencontre de ce matin n’avait pas l’envergure de celle dont nous avons été témoins hier après-midi. Tout de même, le premier ministre du Canada représente plus de 33 millions de citoyens dont plus de 14 millions sont catholiques.

La rencontre de ce matin aura duré une vingtaine de minutes. Pour l’heure, on sait que les deux hommes ont discutée entre autres du Sommet du G8, de l’Afrique et de liberté religieuse.

M. Harper a exprimé sa reconnaissance au Saint-Père « pour le leadership moral et humanitaire qu’il exerce en tant que défenseur de la dignité humaine, de la paix et de la liberté religieuse. »

Au cours du traditionnel échange de cadeau, le Pape a remis au premier ministre une médaille de son pontificat. Sur la table, aucune copie de l’Encyclique Caritas in Veritate parue mardi. À croire que les mauvaises langues qui affirment que M. Harper n’est pas un grand lecteur se sont rendues jusqu’à Rome.

Après les filles du couple Obama, les enfants du couple Harper ont également pu rencontrer le Pape qui, selon le même observateur, leur aurait remis des chapelets. Selon toute vraisemblance, les enfants les auraient mis dans leur poche en regardant leur père…

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bishop-greccoCe matin, Benoît XVI a nommé Mgr Richard Grecco nouvel évêque de Charlottetown à l’Île-du-Prince-Édouard. Il était évêque auxiliaire à Toronto depuis 2002. Le nouveau pasteur des catholiques de l’I.P.E. est licencié en théologie de l’Université grégorienne à Rome et docteur en Théologie de l’Université de St. Michael’s College. Originaire de St. Catharines en Ontario, il a été professeur de séminaire, curé et vicaire général de son diocèse d’origine avant d’être nommé évêque. Il avait remplacé en 2002 Mgr Nicholas Di Angelis, aujourd’hui évêque de Peterborough.

C’est donc dire que Toronto perd celui qui servait l’ensemble des communautés ethniques du diocèse.

Il est clair que Mgr Grecco fera beaucoup de bien au diocèse de Charlottetown. Le seul petit hic est sa méconnaissance du français, lui qui succède à  Mgr Vernon Fougère.  La langue de Molière aurait été un atout, même si le diocèse est unilingue.

Benoît XVI en Terre Sainte – Jour 3: sous le signe de l’espérance et de la mémoire

Depuis 3 jours,  Benoît XVI foule les lieux Saints, en Jordanie et Israël, venant en pèlerin aux sources du christianisme, rencontrant des communautés chrétiennes très anciennes et très variées. Quoi de plus signifiant que l’assemblée des Vêpres de samedi soir en la cathédrale St Georges à Amman, avec les représentants, prêtres, religieux et fidèles des Eglises catholiques locales, maronite, syriaque, arménienne, chaldéenne et latine en présence de l’Archevêque orthodoxe Benediktos Tsikoras. Cela nous rappelle que l’évangile a été prêché, au tout début,  dans des régions désertiques, dans des petites communautés avec des distances très grandes. Ces communautés existent toujours et continuent à être des semences de vie.

Surprenante coïncidence, la liturgie suit le calendrier oriental, il y a donc cette année, une semaine de décalage avec le calendrier occidental, ce qui nous a valu de méditer à nouveau sur les textes du Bon Pasteur, quel signe d’espérance !  Les discours que le pape prononce sont marqués par son souci de paix et de dialogue. Il a interpellé les jeunes étudiants à Amman. «Vous êtes à être les bâtisseurs d’une société juste et pacifique composée de personnes de religions différentes et d’origines ethniques diverses. Ces réalités, je désire le souligner une fois de plus, doivent conduire, non à des oppositions, mais à un enrichissement mutuel.»

Au-delà des mots, le pape pose des gestes ; en peu de jours, il en a déjà eu plusieurs symboliquement forts : bénissant les premières pierres de deux nouvelles églises en Jordanie, près du Jourdain et de l’université du Patriarcat latin, à Madaba, près d’Amman. La culture et l’étude contribuent au dialogue et à la meilleure compréhension entre les différentes religions. Le pape a déclaré : « Je rends hommage aux promoteurs de cette nouvelle institution pour leur courageuse confiance qu’une bonne éducation est un point d’appui essentiel pour l’épanouissement personnel et pour la paix et le développement de la région.»

L’image de son voyage en Jordanie qui me reste est celle du lieu du baptême du Christ en plein désert où il a rappelé que le Christ s’est avancé dans la file des pêcheurs pour recevoir le baptême de Jean  et inviter les chrétiens à  suivre le Christ.

Au Moyen-Orient, marqué par des souffrances tragiques, par des années de violence et de tensions non résolues, les chrétiens sont appelés à offrir leur contribution, inspirée par l’exemple de Jésus, à la réconciliation et à la paix à travers le pardon et la générosité. Continuez à être reconnaissants envers ceux qui vous conduisent et vous servent fidèlement comme ministres du Christ. Vous faîtes bien d’accepter leur accompagnement dans la foi, sachant qu’en recevant l’enseignement des Apôtres qu’ils transmettent, vous accueillez le Christ et vous accueillez celui qui l’envoie.

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A Jérusalem, aujourd’hui, dès son arrivée, Benoît XVI plantait un olivier en signe de paix dans le jardin de la paix du palais, en compagnie de Shimon Peres. Autant de gestes qui marqueront d’une manière indélébile son pèlerinage. Le point culminant de sa visite d’aujourd’hui fut ce matin à Yad Vashem, mémorial de l’holocauste ; célébration empreinte de silence, dans la pénombre du hall du mémorial où ne brûle que la flamme éternelle; discours très émouvant qu’il a terminé en disant «je suis reconnaissant de pouvoir être ici en silence pour me souvenir, pour prier et pour espérer.»

Cette journée fera date autant pour nous chrétiens que pour nos frères juifs. Elle est source de guérison. En fait, c’est l’ensemble de ce voyage de Benoît XVI qui devient un signe d’espérance fort pour tous ceux et celle qui croient en la paix.

Pour tourner la page : une rencontre historique

La rencontre privée entre Benoît XVI et une délégation des premières nations et de représentants de l’Église catholique au Canada a de quoi nous soulager et nous réjouir. En recevant le chef de l’Assemblée des Premières Nations Phil Fontaine et d’anciens élèves de pensionnats autochtones, le Saint-Père a manifesté sa peine et son regret, en son nom personnel et au nom de toute l’Église, pour les torts subis par plus de 100 000 jeunes dans les pensionnats catholiques pour autochtones. En plus de l’archevêque de Winnipeg et président de la Conférence épiscopale, un religieux (oblat de Marie-Immaculée) et une religieuse (sœur de Sainte-Anne) faisaient partie de la délégation. Depuis plusieurs années déjà, les communautés religieuses du Canada se sont engagées à fond dans un processus de guérison et de réconciliation avec les communautés des premières nations. Les propos tenus par ceux et celles qui étaient présents à la rencontre de ce matin laissent croire que nous parviendrons à clore un douloureux chapitre de notre histoire commune et ainsi nous tourner vers l’avenir.

Lors de son passage à la plénière annuelle des évêques catholiques du Canada à l’automne 2008, Phil Fontaine avait tendu une main ouverte à l’Église catholique pour construire un avenir meilleur pour les jeunes des premières nations.  « Je ne viens pas demander de l’argent, leur avait-il dit, je viens vous demander du soutien… car vous croyez en ce que nous sommes…, car vous avez de l’influence en tant qu’évêques…. Vous êtes écoutés…. Vous êtes compétents en éducation »

En juillet dernier à Sydney, Benoît XVI avait salué la courageuse décision du gouvernement australien de reconnaître les injustices subies par les peuples aborigènes. Ce matin à Rome, il a manifesté sa compassion et sa compréhension face à ce qu’ont subi des personnes et des communautés entières des premières nations du Canada. Dans un cas comme dans l’autre, le mot ‘excuse’ n’a pas été prononcé. Chez nous, des communautés religieuses et d’autres membres de l’Église au Canada l’ont fait, de même que le gouvernement canadien, qui avait confié l’éducation des autochtones aux églises.

L’accueil, l’écoute et les regrets du Pape constituent un geste fort qui ne laisse aucun doute sur le profond regret de l’Église et son désir de bâtir un monde meilleur avec les communautés des premières nations, . Le tapage médiatique passé, les parties engagées dans ce processus de réconciliation poursuivront leur travail avec, souhaitons-le, une espérance renouvellée.

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