L’éthique en contexte pluraliste selon Joseph Ratzinger avec Stéphane Bürgi

Cette semaine à Parrêsia, Francis Denis s’entretient de la loi naturelle dans la pensée du pape émérite Benoît XVI (Joseph Ratzinger) avec Stéphane Bürgi, spécialiste du religieux contemporain et Chargé de cours à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. Sont notamment abordés les thèmes de l’histoire des idées, des enjeux éthiques, du Bien commun, de la laïcité, de la crise climatique et du rôle de l’Église en 2021. Tout cela et bien plus sur Parrêsia, votre balado qui prend le temps de penser.

 

Pour aller plus loin, la thèse de Doctorat de Stéphane Bürgi intitulée « La religion au service de la conscience éthique en contexte pluraliste: La proposition « ratzingérienne » » est disponible au lien suivant

Deux hommes, une seule Épouse

Jeudi dernier était publié le tout nouveau livre du cardinal Robert Sarah intitulé « Des profondeurs de nos cœurs » dans lequel se trouve un texte inédit du pape émérite Benoît XVI. Cet ouvrage, à la fois théologique et profondément spirituel, offre de nombreuses réflexions sur le sacerdoce ministériel ainsi que le fruit de leurs expériences du sacrement de l’Ordre vécu « de l’intérieur ». De par leurs différentes approches, ce livre est une double variation sur un même thème. L’apport de Benoît XVI est foncièrement théologique. Écrit dans le style personnel et exégétique auquel il nous avait habitué dans sa série « Jésus de Nazareth », le pape émérite s’efforce de montrer la continuité du sacerdoce de l’Ancienne à la Nouvelle Alliance. Le ton et la structure du texte du Cardinal Sarah est plus apologétique, cherchant à répondre directement aux questions actuelles touchant le célibat sacerdotal. Bref, il y en a pour tous les goûts.

Une polémique qui en dit beaucoup

Inutile de revenir sur la polémique qui a entouré la parution de ce livre. L’analyse de la journaliste Philippine De Saint-Pierre sur la question me semble suffisante. Toutefois, l’immense imbroglio qu’a suscité l’annonce de la participation de Benoît XVI à ce livre qui, globalement, fait ouvertement la proposition du célibat sacerdotal, me questionne. Que des groupes d’intérêt fassent d’une cause quelconque leur cheval de bataille idéologique est, à tout le moins, acceptable dans le cadre de la politique. Il en va autrement lorsqu’il s’agit de traiter des mystères divins. Cette polémique a démontré que, de part et d’autre, certains étaient prêts à traiter le sacrement de l’Ordre comme l’instrument par lequel ils distingueraient les « purs » des « impurs ». Nous devons sortir de cette logique d’opposition qui, peu importe notre opinion, nous éloigne du sujet traité et obscurcit notre jugement. Se concentrer sur le contenu de ce livre me semble être une attitude beaucoup plus constructive et plus à même de considérer le pour et le contre de la question. C’est ce à quoi je vous invite maintenant.

Benoît XVI : penseur de la continuité

Le texte de Benoît XVI, d’une quarantaine de pages, nous présente les plus récentes réflexions du Pape émérite sur les causes de la « crise durable que traverse le sacerdoce » (p.29). Comme c’était le cas dans sa série « Jésus de Nazareth », son jugement se porte sur un « défaut méthodologique dans la réception de l’Écriture » (p.29). Sans la nommer, on entend ici le monopole de l’exégèse historico-critique très populaire au XXe siècle et qui a porté jusqu’à la marginalité la lecture « christologique ». Indispensable pour comprendre la cohérence et, donc, « la continuité » (p.58) du sens de l’Écriture entre l’Ancien et le Nouveau Testament, son abandon dans de nombreux cercles de l’Église a pu créer de la confusion, spécialement dans la compréhension du sacerdoce ministériel catholique; d’où la « crise du sacerdoce » (p.43-44) postconciliaire et les nombreuses défections dans les années 70.

La grande partie du texte de Benoît XVI s’attarde à démontrer le lien de causalité entre la distorsion du cadre conceptuel de la réception de l’Écriture dans l’Église et cette crise aux visages multiples. Analysant plusieurs pans de la Bible, le pape émérite s’efforce de manifester, à la fois, l’absence de contradiction entre le sacerdoce vétérotestamentaire et celui de l’Église mais également la continuité de l’exigence du célibat sacerdotal (p.47). Ces réflexions profondes, parsemées de remarques personnelles faisant de lui un témoin à la première personne des vérités qu’il énonce, méritent d’être méditées et prises en compte aux plus hauts niveaux de l’appareil ecclésial. Je souligne au passage les lignes merveilleuses sur les liens de parenté entre la tribu de Lévi « qui ne possédait pas de terre en héritage » (p.52) et les exigences du sacerdoce catholique qui doit ne reposer que sur Dieu seul. Détaché des liens terrestres qui pourraient le détourner de Lui, le prêtre de la Nouvelle Alliance doit, accomplir ce lien entre « l’abstinence sexuelle et le culte divin » (p.47) d’Israël en faisant de toute sa vie le signe de cette dépendance totale à l’égard de Dieu. C’est « le chemin que j’ai parcouru tout au long de ma vie » (p.71)conclut-il.

Une défense assumée du célibat sacerdotal

La deuxième et la plus volumineuse partie du livre est intitulée « aimer jusqu’au bout : regard ecclésiologique et pastoral sur le célibat sacerdotal ». L’auteur, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour la liturgie et la discipline des sacrements, opère une défense en bonne et due forme du célibat sacerdotal. Le ton est grave et affirme sa légitimité de par le cœur d’un évêque qui « s’inquiète » (p.76), ayant lui-même « reçu de nombreux prêtres désorientés, perturbés et meurtris au plus profond de leur vie spirituelle par les remises en cause violentes de la doctrine de l’Église » (p.76). Dès le départ, on est plongé dans l’actualité la plus immédiate, celle du récent Synode des évêques sur l’Amazonie et sa requête d’ordination des viri probati (hommes mariés ayant fait leurs preuves au plan humain et pastoral). Le lecteur est d’emblée devant la ferme conviction du cardinal guinéen, lui qui a assisté à toutes les séances. Il écrit que les échanges qu’il a eus avec les acteurs sur le terrain :

« M’ont conforté dans l’idée que la possibilité d’ordonner des hommes mariés représenterait une catastrophe pastorale, une confusion ecclésiologique et un obscurcissement dans la compréhension du sacerdoce » (p.78).

Bien que clair dans son propos, le cardinal issu d’une terre africaine récemment évangélisée, souhaite susciter, à l’instar du récent livre du cardinal Ouellet (p.90), une attitude de prudence des autorités ecclésiales à ne pas aller « trop vite » (p.77). Il exhorte  à faire preuve de discernement face à des changements qui pourraient avoir d’énormes conséquences directes et indirectes sur la vie de l’Église et le salut du monde.

On ne saurait passer sous silence le nombre et la force des arguments pour le maintien de la règle, entre autres, « disciplinaire » (p.98) découlant « du lien ontologique entre le ministère sacerdotal et continence » (p.95). Cléricalisation du laïcat (p.115), approximations historiques d’un célibat considéré comme purement disciplinaire (p.91-94), instrumentalisation de la détresse des pauvres (p.90), projections romantiques du clergé oriental (p.95), obscurcissement du sens nuptial du sacerdoce (p.101), primauté de la raison fonctionnelle (p.116-118), pélagianisme institutionnel (p.119), création de deux classes de clergés (p.86), séparation de la tria munera (prêtre, prophète et roi) (p.128), néocolonialisme et infantilisme (p.136), illusion de l’église occidentale en faillite apostolique (p.140) ne sont que quelques exemples des effets négatifs soulignés par le préfet romain. En ce sens, ce livre est une véritable litanie des erreurs perçues comme implicites à la proposition du Synode sur l’Amazonie et dont le (photo: CNS/Paul Haring) document final mentionnait la possibilité « d’ordonner prêtres des hommes idoines[…]pouvant avoir une famille » (no 111). Une chose est certaine, aucune de ces critiques ne doivent être prises à la légère.

Outre cet objectif, disons, à court terme, j’ai vu dans ce texte aussi senti qu’engagé, le témoignage concret d’un pasteur qui cherche à éloigner tous les doutes qui peuvent planer contre le célibat sacerdotal. Les études sur ce thème nous ont malheureusement habitués au langage théologique qui pourrait sembler désincarné et loin de la réalité concrète des gens; ce qui a pu influencer l’actuelle incompréhension de certains catholiques eux-mêmes envers ce don du célibat (p.90). Or ce livre a justement le génie d’offrir à la présentation des nombreuses raisons théologiques, sociologiques et psychologiques en faveur du célibat la richesse et la profondeur de son expérience de pasteur. À travers les pages, on assiste au déploiement de l’irruption de la présence de Dieu dans l’histoire humaine par l’entremise de cette vie du prêtre totalement donnée dans le célibat.

Un ensemble cohérent

Une lecture attentive de ce livre fort intéressant suffit à en concevoir la profonde unité. Bien que le ton et l’approche des deux auteurs soient clairement différents, on y sent l’attachement profond de deux hommes envers leur Épouse commune. Que ce soit par la douceur de l’analyse scripturaire d’un Benoît XVI avancé en « âge » (p.29) ou la fougue d’un cardinal Sarah à la défense de l’unicité du sacrement qui l’a configuré au « Christ-Époux » (p.84), la lecture de cet ouvrage ne saurait faire autrement que nous émouvoir devant l’ardeur et la passion de ces hommes pétris par leur engagement sponsal envers cette Église qu’ils aiment de tout « leur cœur ». J’en recommande fortement la lecture.

15 raisons d’aimer Sel et Lumière ! (2e partie)

CNS photo/Paul Haring

Quinze ans, 15 bougies… paraphrasant saint Pierre nous demandant de « donner les raisons de l’espérance qui est en vous » (1 Pierre 3,5), voici la deuxième partie  des 15 raisons pour lesquelles j’aime Télévision S+L. J’espère qu’il en est de même pour vous.

6- Une source crédible sur l’Église universelle et locale

Comme l’affirmait le pape François dans son exhortation apostolique Gaudete et Exhultate :« dans cette culture se manifestent : l’anxiété nerveuse et violente qui nous disperse et nous affaiblit ; la négativité et la tristesse ; l’acédie commode, consumériste et égoïste ; l’individualisme et de nombreuses formes de fausse spiritualité sans rencontre avec Dieu qui règnent dans le marché religieux actuel » (no 111). Mais comment distinguer l’authentique rencontre avec le Christ des nombreuses contrefaçons disponibles au moindre clic ? Eh bien, en étant en lien constant avec Son Vicaire, l’évêque de Rome, et en s’informant aux sources fiables qui, dans la vérité, ont pour mission d’informer et d’éclairer le Peuple de Dieu sur les dernières nouvelles et les enjeux qui touchent la vie ecclésiale universelle et locale. Voilà pourquoi j’aime Sel et Lumière.

7- Un lieu pour lutter contre les fausses nouvelles

La révolution médiatique actuelle n’apporte pas que des évolutions. Alors que d’un côté nous assistons à l’accroissement de la participation dans la production et la diffusion des nouvelles, de l’autre nous assistons à la déprofessionnalisation des métiers liés à l’information journalistique. De cela découle l’augmentation drastique du phénomène des « fausses nouvelles ». Comme le dit le pape François dans son Message pour la 52eJournée Mondiale des communications sociales : «Le drame de la désinformation est la discréditation de l’autre, sa représentation comme ennemi, jusqu’à une diabolisation susceptible d’attiser des conflits » (no1). En ce sens, Télévision Sel et Lumière est un allié de taille contre cette logique de la désinformation puisqu’elle bénéficie d’une équipe de personnes qui « libres de l’avidité, sont prêtes à l’écoute et à travers l’effort d’un dialogue sincère laissent émerger la vérité ; des personnes qui, attirées par le bien, se sentent responsables dans l’utilisation du langage » (no4). Voilà pourquoi j’aime Sel et Lumière.

8- Une perspective ouverte sur le monde

La globalisation actuelle n’apporte pas que des éléments positifs. On assiste de part et d’autre à des peurs, des angoisses, des insécurités aux multiples visages qui, si elles ne sont pas adressées adéquatement, peuvent dégénérer de diverses manières. Dans ce contexte, Télévision Sel et Lumière, par des séries comme « Charité sans frontières » manifeste que la Grâce de mettre en pratique les deux premiers commandements de l’Amour de Dieu et du prochain est plus que jamais possible et nécessaire. Ainsi, par l’écoute de ces émissions, les hommes et les femmes de notre temps, peuvent être édifiés par de telles histoires et témoignages et s’engager à leur tour sur ce chemin du don de soi. Voilà pourquoi j’aime Sel et Lumière.

9- Un média au service de l’Église chez nous

L’Église n’est ni une idée abstraite, ni une morale sans âme mais une Communauté divine d’êtres régénérés dans le Christ Jésus. Suivant la logique de l’Incarnation, notre Mission est pleinement implantée dans la réalité ecclésiale chez nous. Par nos émissions telles qu’« Église en sortie », Sel et Lumière s’efforce d’informer les catholiques et tous les francophones du Canada sur les différentes initiatives apostoliques et catéchétiques des églises locales. Suivant l’invitation du pape François à la transformation missionnaire de l’Église, Francis Denis et ses invités vous accompagnent chaque semaine à la découverte de cette Église “en sortie” qui, selon les mots mêmes du Pape argentin: « est la communauté des disciples missionnaires qui prennent l’initiative, qui s’impliquent, qui  accompagnent, qui fructifient et qui fêtent » (EG, no 24)1. Voilà pourquoi j’aime Sel et Lumière. 

10- Un lieu où entendre la voix des invisibles artisans de paix

À première vue, l’Église du Québec et du Canada francophone semble souffrir d’une grande pauvreté. Parallèlement, la société québécoise vit difficilement les conséquences de la désertification spirituelle et du vacuum religieux. Toutefois, si on y regarde de plus près, on perçoit une panoplie de raisons d’espérer. Comme l’ont affirmé les évêques du Québec au pape François (Rapport ad limina 2017, AECQ) : « C’est sur le terrain, auprès des gens que nous voyons émerger cette nouvelle Église, fragile mais combien enracinée dans la foi, l’espérance et l’amour. »  En ce sens, Télévision Sel et Lumière nous invite « Sur la route des diocèses », à la rencontre des différents visages de cette Église qui, de par sa pauvreté même, fait resplendir sur le monde le « visage miséricordieux du Père » (Misericordiae Vultus, no 17). Voilà pourquoi j’aime Sel et Lumière.

Nous poursuivrons la semaine prochaine avec 5 raisons de plus d’aimer et de soutenir Télévision Sel et Lumière!

Pape au Kenya: Discours à la paroisse St. Joseph de Kangemi à Nairobi

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Ce dimanche 27 novembre 2015, le pape François a visité le quartier pauvre de Kangemi à Nairobi. Vous trouverez ci-dessous le texte officiel de son discours:

Merci de me recevoir dans votre quartier. Merci à Mgr l’Archevêque Kivuva et au Père Pascal pour leurs paroles. En vérité, je me sens comme chez moi, en partageant ce moment avec des frères et des sœurs qui, je n’ai pas honte de le dire, ont une place de choix dans ma vie et dans mes options. Je suis ici pour vous assurer que vos joies et vos espérances, vos angoisses et vos tristesses, ne me sont pas indifférentes. Je connais les difficultés que vous traversez quotidiennement ! Comment ne pas dénoncer les injustices que vous subissez ?

Mais avant tout, je voudrais m’arrêter sur une réalité que les discours d’exclusion n’arrivent pas à reconnaître ou qu’ils semblent ignorer. Je veux parler de la sagesse des quartiers populaires. Une sagesse qui jaillit de la « résistance obstinée de ce qui est authentique » (Laudato Si’, n. 112) des valeurs évangéliques que la société opulente, endormie par la consommation effrénée, semble avoir oubliées. Vous êtes capables de tisser des « liens d’appartenance et de cohabitation, qui transforment l’entassement en expérience communautaire où les murs du moi sont rompus et les barrières de l’égoïsme dépas­sées » (Ibid., n. 149).

La culture des quartiers populaires imprégnée de cette sagesse particulière « a des caractéristiques très positives, qui sont un apport au monde où il nous revient de vivre, elle s’exprime par des valeurs telles que la solidarité ; donner sa vie pour l’autre ; préférer la naissance à la mort ; donner une sépulture chrétienne aux morts. Offrir une place au malade dans sa propre maison, partager le pain avec l’affamé : ‘‘là où 10 mangent, 12 mangent’’ ; la patience et le courage face aux grandes adversités, etc. » (Équipe de Prêtres d’Argentine, Réflexions sur l’urbanisation et la culture de bidonville, 2010). Valeurs qui se fondent sur la vérité que chaque être humain est plus important que le dieu argent. Merci de nous rappeler qu’il y a un autre type de culture possible.

Je voudrais revendiquer en premier lieu ces valeurs que vous pratiquez, des valeurs qui ne sont pas cotées en Bourse, des valeurs qui ne sont pas objet de spéculation, ni n’ont pas de prix sur le marché. Je vous félicite, je vous accompagne et je veux que vous sachiez que le Seigneur ne vous oublie jamais. Le chemin de Jésus commence dans les périphéries, il part des pauvres et avec les pauvres, et va vers tous.

Reconnaître ces manifestations de vie honnête qui grandissent chaque jour au milieu de vous n’implique, en aucune manière, d’ignorer l’atroce injustice de la marginalisation urbaine. Celle-ci, ce sont les blessures provoquées par les minorités qui concentrent le pouvoir, la richesse et gaspillent de façon égoïste tandis que des majorités toujours croissantes sont obligées de se réfugier dans des périphéries abandonnées, contaminées, marginalisées.

Cela s’aggrave lorsque nous voyons l’injuste distribution de la terre (peut-être pas dans ce quartier, mais sûrement dans d’autres) qui conduit dans beaucoup de cas des familles entières à payer des loyers exorbitants pour des logements qui se trouvent dans des conditions inadéquates. Je connais aussi le grave problème de l’accaparement de terres par des ‘‘promoteurs privés’’ sans visage qui vont jusqu’à vouloir s’approprier la cour des écoles de vos enfants. Cela se passe parce qu’on oublie que « Dieu a donné la terre à tout le genre humain pour qu’elle fasse vivre tous ses membres, sans exclure ni privilégier personne » (Centesimus annus n. 31).

Dans ce sens, un grave problème est le manque d’accès aux infrastructures et aux services de base. Je me réfère aux toilettes, aux égouts, aux drainages, à la collecte des déchets, à l’éclairage, aux routes mais aussi aux écoles, aux hôpitaux, aux centres de loisir et de sport, aux ateliers d’art. Je veux me référer en particulier à l’eau potable. « L’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et uni­versel, parce qu’il détermine la survie des personnes, et par conséquent il est une condition pour l’exercice des autres droits humains. Ce monde a une grave dette sociale envers les pauvres qui n’ont pas accès à l’eau po­table, parce que c’est leur nier le droit à la vie, enraciné dans leur dignité inaliénable » (Laudato Si’, n. 30). Priver une famille d’eau, sous quelque prétexte bureaucratique, est une grande injustice, surtout lorsqu’on se fait du profit avec cette nécessité.

Cette situation d’indifférence et d’hostilité que subissent les quartiers populaires s’aggrave lorsque la violence se généralise et que les organisations criminelles, au service d’intérêts économiques ou politiques, utilisent des enfants et des jeunes comme ‘‘chair à canon’’ pour leurs affaires entachées de sang. Je connais aussi les souffrances des femmes qui luttent héroïquement pour préserver leurs enfants de ces dangers. Je demande à Dieu que les autorités empruntent avec vous la voie de l’inclusion sociale, de l’éducation, du sport, de l’action communautaire et de la protection des familles parce que c’est l’unique garantie d’une paix juste, véritable et durable.

Ces réalités que j’ai énumérées ne sont pas une combinaison fortuite de problèmes isolés. Elles sont même une conséquence de nouvelles formes de colonialisme qui veut encore que les pays africains soient « les pièces d’un mécanisme, les parties d’un engrenage gigantesque » (Ecclesia in Africa, n. 52).

De fait, les pressions ne manquent pas pour que soient adoptées des politiques de marginalisation, comme celle de la réduction de la natalité, qui veulent « légitimer ainsi le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser » (Laudato Si’, n. 50).

En ce sens, je propose de revenir sur l’idée d’une intégration urbaine respectueuse. Ni éradication, ni paternalisme, ni indifférence, ni pur confinement. Nous avons besoin de villes intégrées et pour tous. Nous avons besoin de dépasser la pure déclaration de droits qui, en pratique, ne sont pas respectés, de réaliser des actions systématiques améliorant l’habitat populaire et de planifier de nouvelles urbanisations de qualité pour héberger les futures générations. La dette sociale, la dette environnementale envers les pauvres des villes se paie en rendant effectif le droit sacré aux trois ‘‘T’’ : terre, toit, et travail. Ce n’est pas de la philanthropie, c’est une obligation pour tous.

Je voudrais appeler tous les chrétiens, en particulier les pasteurs, à renouveler l’impulsion missionnaire, à prendre l’initiative face à tant d’injustices, à s’impliquer dans les problèmes des voisins, à les accompagner dans leurs luttes, à préserver les fruits de leur travail communautaire et à célébrer ensemble chaque victoire, petite ou grande. Je sais qu’ils font beaucoup, mais je leur demande de se souvenir qu’il ne s’agit pas d’une tâche de plus ; c’est peut-être la plus importante, parce que « les pauvres sont les destinataires privilégiés de l’Evangile » (Benoît XVI, Discours à l’occasion de la rencontre avec l’Episcopat brésilien, 11 mai 2007, n. 3).

Chers voisins, chers frères, prions, travaillons et engageons-nous ensemble pour que toute famille ait un toit digne, ait accès à l’eau potable, ait des toilettes, ait de l’énergie sûre pour s’éclairer, cuisiner, puisse améliorer ses logements… afin que tout quartier ait des routes, des places, des écoles, des hôpitaux, des espaces de sport, de loisir et d’art ; afin que les services de base arrivent à chacun d’entre vous ; afin qu’on écoute vos réclamations et votre demande d’opportunités ; afin que tous puissent jouir de la paix et de la sécurité qu’ils méritent conformément à leur dignité humaine infinie. Mungu awabariki (Que Dieu vous bénisse !)

Je vous le demande, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi !

Vers une encyclique sur l’écologie

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Image: Courtoisie de CNS

Le 5 mars 2015, le cardinal Peter Turkson, président du Conseil Pontifical Justice et Paix, prononçait un discours au Trócaire 2015 (l’Agence irlandaise catholique d’aide pour le développement international) à l’Université pontificale Saint-Patrick à Maynooth en Irlande. Ce discours était d’une importance capitale puisqu’il est considéré par plusieurs comme étant un prélude à la prochaine encyclique du pape François qui portera sur l’écologie. Dans ce discours prononcé en langue anglaise, le cardinal Turkson explique ce que l’Église entend lorsqu’elle parle d’écologie. La formule à retenir est celle « d’écologie globale ». En fait, cette expression vise à mettre sous un même toit certaines problématiques qui sont parfois considérées séparément, ce qui nuit à leur résolution. En effet, l’originalité de l’Église est qu’elle voit la racine commune des problèmes liés au soin de l’environnement, au développement des pays et à « l’écologie humaine ». Pour le cardinal Turkson, le pape François cherche avant tout à apporter la « chaleur de l’espoir ». Sa prochaine encyclique montrera donc le rôle bénéfique de la foi catholique dans la résolution de problèmes dont « les régulations, les politiques et les orientations sont nécessaires pour faire face à la pauvreté et aux changements climatiques mais peuvent rester sans effet si elles ne sont pas accompagnées d’une conversion morale et d’un changement du cœur »[2]. Tout cela en plus d’apporter des principes clairs qui peuvent orienter les décideurs politiques et ceux du monde des affaires. Pour ce faire, le Cardinal guinéen a voulu expliciter 4 principes fondamentaux à prendre en compte et à respecter pour un juste
souci de la création.

Un appel universel

Reprenant les grandes orientations formulé par Benoît XVI, c’est-à-dire de celui que l’on a appelé le « pape vert », le cardinal Turkson a mentionné que le souci pour l’environnement n’est pas réservé à une catégorie de personnes ou de pays mais nous concerne tous. Ce qui implique qu’aucun organisme et aucune personnalité ne peut monopoliser le discours et le souci de l’environnement. Prendre soin de la création est une responsabilité qui incombe à tous. De plus, s’il veut prendre soin de la nature qui est hors de lui, il doit prendre soin de sa propre nature. En d’autres termes, protéger la nature implique de protéger la nature humaine contre ce qui la rend malade. Comme le disait Benoît XVI :

« L’Église ne peut pas et ne doit pas se limiter à transmettre à ses fidèles uniquement le message du salut. Elle a une responsabilité à l’égard de la création et doit faire valoir cette responsabilité également en public. Et en le faisant, elle ne doit pas seulement défendre la terre, l’eau et l’air comme des dons de la création appartenant à tous. Elle doit également protéger l’homme contre la destruction de lui-même. Il est nécessaire qu’il existe quelque chose comme une écologie de l’homme, entendue d’une juste manière. »[4].

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L’écologie globale du pape François

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Image: Courtoisie de CNS

Les deux dernières semaines furent très importantes et très chargées pour le pape François. En effet, ce Pape qui exhorte l’Église entière à « sortir de soi-même pour aller aux périphéries existentielles » est le premier à appliquer sa propre consigne. C’est ce qu’il a fait durant les courts mais non moins exigeants voyages des derniers jours alors qu’il s’est rendu à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), au Parlement Européen et en Turquie. À la lecture de ses différents discours et homélies, j’ai pu y saisir un fil conducteur : l’écologie globale.

Par écologie globale, j’entends l’élargissement du souci de protection de l’environnement pour y inclure l’homme. Parfois, un certain discours environnementaliste tend à exclure l’homme de la nature en le considérant comme un indésirable ou, pire, comme un malfaiteur. Selon ce discours, si nous avons des crises comme le réchauffement climatique, c’est uniquement la faute des hommes qui abusent de l’environnement en le réduisant à un simple objet de consommation. Cette critique, bien que s’appuyant sur des faits réels, n’est pas en mesure de dresser un portrait réaliste et est donc incapable d’offrir de véritables solutions. Un bref coup d’œil aux paroles et aux actions du Pape actuel nous donne une meilleure compréhension des défis de notre temps et, ainsi, nous permet d’y apporter des solutions adéquates. [Read more…]

« Témoin » avec Mgr Rino Fisichella

Ne manquez pas ce soir à 19h35, notre nouveau « Témoin ».
Le père Thomas Rosica, csb,  s’entretient avec Mgr Rino Fisichella, Président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation.
Ce dernier nous éclaire sur ce que l’on entend par « Nouvelle Evangélisation ».

Les vocations, signe de l’espérance fondée sur la foi.

Dimanche prochain c’est le dimanche de prière pour les vocations.
Le pape Émérite Benoit XVI avait publié le message pour cette journée en octobre dernier en ouvrant l’Année de la Foi. Le titre dit l’essentiel de ce message: Les vocations, signe de l’espérance fondée sur la foi. Il y souligne que « les vocations sacerdotales et religieuses naissent de l’expérience de la rencontre personnelle avec le Christ, dans un dialogue sincère et confiant avec Lui, pour entrer dans sa volonté ». Voici ce message dans son intégralité:

 » Les vocations, signe de l’espérance fondée sur la foi

Chers frères et sœurs,

En cette 50ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations, célébrée le 21 avril 2013, quatrième dimanche de Pâques, je voudrais vous inviter à réfléchir sur le thème: «Les vocations, signe de l’espérance fondée sur la foi», qui s’inscrit bien dans le contexte de l’Année de la Foi et dans le 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Œcuménique Vatican II. Le Serviteur de Dieu Paul VI, pendant l’Assemblée conciliaire, institua cette Journée d’invocations unanimes adressées à Dieu le Père pour qu’il continue d’envoyer des ouvriers pour son Eglise (cf. Mt 9,38). «Le problème du nombre suffisant de prêtres – soulignait alors le Pontife – touche de près tous les fidèles: non seulement parce que l’avenir religieux de la société chrétienne en dépend, mais aussi parce que ce problème est le signe précis et indéniable de la vitalité de la foi et de l’amour des communautés paroissiales et diocésaines particulières, et le témoignage de la santé morale des familles chrétiennes. Là où l’on vit généreusement selon l’Evangile, là jaillissent de nombreuses vocations à l’état clérical et religieux» (Paul VI, Radio message, 11 avril 1964).

Ces dernières décennies, les diverses communautés ecclésiales répandues dans le monde entier se sont retrouvées spirituellement unies chaque année, le quatrième dimanche de Pâques, pour implorer de Dieu le don de saintes vocations et pour proposer à nouveau à la réflexion de tous l’urgence de la réponse à l’appel divin. Ce rendez-vous annuel significatif a favorisé, en effet, un engagement fort pour mettre toujours plus au centre de la spiritualité, de l’action pastorale et de la prière des fidèles, l’importance des vocations au sacerdoce et à la vie consacrée.
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Rencontre à Castelgandolfo de deux Papes

Popes-Greetings-300x199Une rencontre qualifiée de moment de profonde communion par le directeur de la salle de Presse le père Federico Lombardi sj, . Voici quelques details de cette rencontre historique entre le Pape Francois et Benoit XVI, pape émérite.

Le pape François s’est rendu en hélicoptère du Vatican à Castel Gandolfo, où réside Benoît XVI depuis la fin de son pontificat. A son arrivée, François a été accueilli par son prédécesseur en personne. La visite a duré un peu moins de trois heures et s’est déroulée tré simplement.

C’est par une accolade de Benoît XVI que François a éte accueilli en sortant de l’hélicoptère.

Popes-Praying-1-199x300Les premiers mots du nouveau pape au pape émérite ont été: « nous sommes frères ». Les deux hommes se sont retrouvés pour un moment de prière dans la chapelle du palais apostolique de Castel Gandolfo . Quand Benoît XVI a voulu offrir à son successeur la place d’honneur, François lui a répondu « qu’en frères », il voulait qu’ils s’agenouillent ensemble au même banc. Image inédite deux papes, à genoux, priant ensemble.

François a offert une icône à Benoit XVI. Puis ils se sont rendus tous deux dans la bibliothèque du palais, pièce où le Pape reçoit les invités de marque. Leur rencontre a duré 45 minutes. Ils ont terminé en déjeunant en présence de leur secrétaire.

Ce n’est pourtant pas le premier échange entre François et Benoît XVI. Avant ce face-à-face, le nouveau pape avait déjà téléphoné deux fois à son prédécesseur. Une première fois le soir même de son élection, le 13 mars. Enfin, à chaque fois qu’il prend la parole, le pape en exercice exprime toujours sa gratitude et celle de l’Eglise au pape émérite pour son pontificat.

Le Conclave. Comment le Pape est-il élu?

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En cette période de transition pontificale dans l’Église, Sel + Lumière est fier de présenter un documentaire de Goya Producciones.

Tous les yeux sont rivés sur le Vatican. La démission de Benoît XVI marque une nouvelle ère pour l’Église catholique. Des millions de gens se demandent qui prendra la place de ce grand Pape allemand qui a prêché ici et dans tant d’autres lieux. Au cours des deux mille dernières années, 265 papes ont piloté la barque de saint Pierre, à travers une mer de difficultés. Mais c’est la première succession d’un pape vivant depuis sept siècles.

Comment un pape est-il élu? Est-ce comme les élections d’aujourd’hui? Les cardinaux peuvent-ils former des partis, des alliances ou des pactes électoraux? Y a-t-il quelque chose de surnaturel dans le conclave?

Benoît XVI a apporté un grand prestige à la papauté. Quelle surprise nous réserve son successeur?
Maintenir l’espoir et la foi dans un monde de plus en plus sécularisé fait partie du devoir colossal qui sera transmis au nouveau successeur de Saint-Pierre.

Ce dimanche 10 mars à 23h30, lundi 11 mars à 22h et mardi 12 mars à 13h.

Sel + Lumière diffusera aussi en direct du Vatican les cérémonies et des émissions spéciales, avant, pendant et après le conclave.

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