L’Église est communicatrice depuis les origines

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On le sait, l’Église est communicatrice depuis ses origines. Dans notre tradition chrétienne, nous savons que la Révélation de Dieu s’est inscrite dans l’histoire du peuple d’Israël jusqu’à se faire chair par l’Incarnation du Verbe de Dieu en Jésus-Christ. Cette Révélation de Dieu dans l’histoire allait cependant faire siens les instruments que les hommes utilisent pour communiquer. C’est le cas de l’écriture qui, à travers les siècles, a permis de composer ce que nous appelons la Bible ou les Saintes Écritures. Dans la Bible, nous trouvons plusieurs genres littéraires et plusieurs niveaux de langage qui nécessitent parfois une interprétation vigilante. De son côté, l’Église a elle aussi utilisé l’écriture pour transmettre son message à l’intérieur comme à l’extérieur de ses murs. De l’homélie à l’encyclique en passant par les conciles et les proclamations Ex Cathedra, l’Église sait qu’elle ne peut limiter sa prise de parole à un seul niveau de langage.

Si l’Église désire être fidèle à cette tradition de transmission de son message à partir de divers niveaux de langage, elle comprendra qu’aujourd’hui, la manière la plus à même d’accomplir cette mission est le dialogue et la rencontre personnel. Comme il l’affirmait dans un discours de commémoration du 50e anniversaire de l’Institution du Synode des évêques : « le sensus fidei empêche que l’on sépare d’une manière rigide « l’Église enseignante » de « l’Église enseignée » puisque les fidèles eux-mêmes ont leur propre « flair » pour discerner les nouvelles voies que le Seigneur ouvre à son Église »[1]. En effet, il est essentiel aujourd’hui de prendre en compte l’individualité des personnes dans le discernement de la Volonté de Dieu celle-ci. De plus, seule cette attention personnelle est en mesure de manifester que les Enseignements de l’Église ne sont pas des principes extérieurs « parachutés » sur la vie des gens mais une loi intérieure qui se trouve déjà en eux et qui seule peut les rendre heureux.

Pour ce faire, chaque chrétien doit développer ce que j’appelle l’excellence du jugement et c’est en ce sens que peuvent être comprise l’exhortation du Pape lors de la rencontre avec les catéchistes et enseignement de Kampala en Ouganda lorsqu’il demandait : « aux évêques et aux prêtres de vous aider par une formation doctrinale, spirituelle et pastorale, en mesure de vous rendre toujours plus efficaces dans votre œuvre »[2]. En d’autres termes, notre siècle demande plus que jamais une formation solide des consciences à la doctrine chrétienne complétée par l’exercice de toutes les vertus, en un mot, la sainteté ! L’excellence du jugement et le défi de la formation me semblent donc les pierres angulaires de cette révolution de la tendresse si chère au pape François.

Rencontre du pape François avec la communauté musulmane à la mosquée centrale Koudoukou à Bangui

Le lundi 30 novembre, le pape François a rencontré la communauté musulmane de Bangui en République centrafricaine. Il a été reçu par l’imam Tadiani Moussa Naibi à la mosquée centrale Koudoukou. Le Pape et l’imam ont livré un message. Voici le discours du Saint Père pour la communauté musulmane:

Message du Saint-Père

Chers amis, responsables et croyants musulmans,
C’est une grande joie pour moi de vous rencontrer et de vous exprimer ma gratitude pour votre accueil chaleureux. Je remercie particulièrement l’Imam Tidiani Moussa Naibi, pour ses aimables paroles de bienvenue. Ma visite pastorale en République Centrafricaine ne serait pas complète si elle ne comprenait pas aussi cette rencontre avec la communauté musulmane.

Chrétiens et musulmans nous sommes frères. Nous devons donc nous considérer comme tels, nous comporter comme tels. Nous savons bien que les derniers événements et les violences qui ont secoué votre pays n’étaient pas fondés sur des motifs proprement religieux. Celui qui dit croire en Dieu doit être aussi un homme, une femme, de paix. Chrétiens, musulmans et membres des religions traditionnelles ont vécu pacifiquement ensemble pendant de nombreuses années. Nous devons donc demeurer unis pour que cesse toute action qui, de part et d’autre, défigure le Visage de Dieu et a finalement pour but de défendre par tous les moyens des intérêts particuliers, au détriment du bien commun. Ensemble, disons non à la haine, à la vengeance, à la violence, en particulier à celle qui est perpétrée au nom d’une religion ou de Dieu. Dieu est paix, salam.

En ces temps dramatiques, les responsables religieux chrétiens et musulmans ont voulu se hisser à la hauteur des défis du moment. Ils ont joué un rôle important pour rétablir l’harmonie et la fraternité entre tous. Je voudrais les assurer de ma gratitude et de mon estime. Et nous pouvons aussi nous rappeler les nombreux gestes de solidarité que chrétiens et musulmans ont eu à l’égard de leurs compatriotes d’une autre confession religieuse, en les accueillant et en les défendant au cours de cette dernière crise, dans votre pays, mais aussi en d’autres parties du monde.

On ne peut que souhaiter que les prochaines consultations nationales donnent au pays des Responsables qui sachent unir les Centrafricains, et deviennent ainsi des symboles de l’unité de la nation plutôt que les représentants d’une faction. Je vous encourage vivement à faire de votre pays une maison accueillante pour tous ses enfants, sans distinction d’ethnie, d’appartenance politique ou de confession religieuse. La République Centrafricaine, située au cœur de l’Afrique, grâce au concours de tous ses enfants, pourra alors donner une impulsion en ce sens à tout le continent. Elle pourra l’influencer positivement et aider à éteindre les foyers de tension qui y sont présents et qui empêchent les Africains de bénéficier de ce développement qu’ils méritent et auquel ils ont droit.

Chers amis, je vous invite à prier et à travailler pour la réconciliation, la fraternité et la solidarité entre tous, sans oublier les personnes qui ont le plus souffert de ces événements.

Que Dieu vous bénisse et vous protège !

L’imam Tidiani Moussa Naibi a aussi pris la parole. Voici le texte complet de son message au pape François:

Message de l’imam de la mosquée centrale de Bangui 
À l’occasion de la visite du Souverain Pontife le pape François 

Sire,
Au nom de la Communauté musulmane de Centrafrique et en mon nom propre, je vous souhaite très respectueusement à vous-même et à toute la délégation qui vous accompagne, la bienvenue à la Moquée Centrale de Bangui. Votre visite est un symbole que nous comprenons parfaitement. Mais je voudrais tout de suite vous rassurer. Non, les relations entre les frères et sœurs chrétiens et nous-mêmes sont tellement profondes, qu’aucune manœuvre tendant à les saper, ne pourraient aboutir. Les fauteurs de trouble pourraient retarder la réalisation de tel ou tel projet d’intérêt commun ou compromettre pour un temps telle ou telle activité, mais jamais in sha Allah, ils ne pourraient détruire les liens de fraternité qui unissent si solidement nos communautés. Oui, je vous le confirme, Sire, les Chrétiens et les Musulmans de ce pays sont condamnés à vivre ensemble et à s’aimer. Mais pour vivre ensemble et nous aimer, nous avons besoin de la solidarité du monde entier. Et c’est vrai que nous n’en avons pas manqué. Car c’est au titre de cette solidarité que nous avons reçu la mission des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), celle de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) celle de l’Union Africaine (UA), celle de la France, de l’Union Européenne et des Nations Unies. Nous n’ignorons pas et nous n’oublierons jamais que des dizaines de jeunes soldats de ces différents pays ont perdu leurs vies pour apporter la paix à notre; peuple. A tous nous disons merci du fond du cœur.

C’est également au nom de cette solidarité que nous avons accueilli ici même le Secrétaire général des Nations Unies et celui de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI). Depuis, la solidarité de ces organisations ne nous ont pas fait défaut. A l’un et à l’autre nous disons un merci spécial.

Sire,
La solidarité du monde à l’égard du peuple centrafricain se manifeste aujourd’hui à travers votre visite dans notre pays et votre présence à la Mosquée Centrale de Bangui. Nous tenons à vous en remercier très particulièrement. Par ses actions de solidarité et par votre visite, le monde extérieur nous montre qu’il nous observe et qu’il se préoccupe toujours de notre situation. En retour nous voudrions que vous rassuriez le monde. Non, le peuple centrafricain n’est pas un peuple voué aux conflits et aux violences. Non, la situation actuelle de notre pays n’est pas appelée à s’éterniser. C’est simplement un moment de notre histoire. Un. moment douloureux certes, un moment regrettable même, mais un moment seulement. Et bientôt, très bientôt in sha Allah, nous recouvrerions notre paix et notre sécurité d’antan. Nous trouverons même une paix et une sécurité plus grandes et plus justes encore. L’espoir nous est en effet permis grâce aux multiples actions visant à ramener la paix, à encourager le partage du pouvoir, à organiser des élections libres et démocratiques, à créer les conditions pour une bonne gestion de l’Etat, que mènent avec courage et assiduité le Gouvernement de la Transition.

Puisse Dieu l’Unique, l’Omnipotent, l’Omniscient emmener la paix en notre pays. Une paix égale, fuste et fertile. Je vous remercie pour votre attention.

Homélie du pape François au Stade Barthélémy Boganda de Bangui

Le lundi 30 novembre 2015, le pape François a célébré la Messe au Stade Barthélémy Boganda de Bangui en République centrafricaine. Voici le texte complet de son homélie:

Homélie du Saint-Père 

Nous pouvons être étonnés, entendant la première lecture, de l’enthousiasme et du dynamisme missionnaires qui habitent l’Apôtre Paul. « Comme il est beau de voir courir les messagers de la Bonne Nouvelle » (Rm 10, 15) ! C’est pour nous un appel à rendre grâce pour le don de la foi que nous avons reçu de ces messagers qui nous l’ont transmis. C’est aussi un appel à nous émerveiller devant l’œuvre missionnaire qui a porté pour la première fois – il n’y a pas si longtemps – la joie de l’Évangile sur cette terre bien aimée de Centrafrique. Il est bon, surtout lorsque les temps sont difficiles, lorsque les épreuves et les souffrances ne manquent pas, lorsque l’avenir est incertain et que l’on se sent fatigué, craignant de ne plus y arriver, il est bon de se réunir autour du Seigneur, ainsi que nous le faisons aujourd’hui, pour se réjouir de sa présence, de la vie nouvelle et du salut qu’il nous propose, comme une autre rive vers laquelle nous devons tendre.

Cette autre rive c’est, bien sûr, la vie éternelle, le ciel où nous sommes attendus. Ce regard porté vers le monde à venir a toujours soutenu le courage des chrétiens, des plus pauvres, des plus petits, dans leur pèlerinage terrestre. Cette vie éternelle n’est pas une illusion, elle n’est pas une fuite du monde ; elle est une puissante réalité qui nous appelle et qui nous engage à la persévérance dans la foi et dans l’amour.

Mais l’autre rive, plus immédiate, que nous cherchons à rejoindre, ce salut procuré par la foi et dont parle Saint Paul, est une réalité qui transforme déjà notre vie présente et le monde dans lequel nous vivons : « Celui qui croit du fond du cœur devient juste » (Rm 10,10). Il accueille la vie même du Christ qui le rend capable d’aimer Dieu et d’aimer ses frères d’une façon nouvelle, au point de faire naître un monde renouvelé par l’amour.

Rendons grâce au Seigneur pour sa présence et pour la force qu’il nous donne dans le quotidien de nos vies lorsque nous sommes confrontés à la souffrance physique ou morale, à une peine, à un deuil ; pour les actes de solidarité et de générosité dont il nous rend capables ; pour la joie et l’amour qu’il fait briller dans nos familles, dans nos communautés, malgré, parfois, le dénuement, la violence qui nous entoure ou la crainte du lendemain ; pour l’audace qu’il met en nos âmes de vouloir créer des liens d’amitié, de dialoguer avec celui qui ne nous ressemble pas, de pardonner à celui qui nous a fait du mal, de nous engager dans la construction d’une société plus juste et plus fraternelle où personne n’est abandonné. En tout cela, le Christ ressuscité nous prend par la main, et nous entraîne à sa suite. Et je veux rendre grâce avec vous au Seigneur de miséricorde pour tout ce qu’il vous a donné d’accomplir de beau, de généreux, de courageux, dans vos familles et dans vos communautés, lors des évènements que connaît votre pays depuis plusieurs années.

Pourtant, il est vrai aussi que nous ne sommes pas encore parvenus au terme, nous sommes comme au milieu du fleuve, et il nous faut décider courageusement, dans un engagement missionnaire renouvelé, de passer sur l’autre rive. Tout baptisé doit sans cesse rompre avec ce qu’il y a encore en lui de l’homme ancien, de l’homme pécheur, toujours prêt à se réveiller à la suggestion du démon – et combien il est agissant en notre monde et en ces temps de conflits, de haine et de guerre –, pour l’entrainer à l’égoïsme, au repli sur soi et à la méfiance, à la violence et à l’instinct de destruction, à la vengeance, à l’abandon et à l’exploitation des plus faibles…
Nous savons aussi combien nos communautés chrétiennes, appelées à la sainteté, ont encore de chemin à parcourir. Certainement nous avons tous à demander pardon au Seigneur pour trop de résistances et de lenteur à rendre témoignage de l’Évangile. Que l’Année Jubilaire de la Miséricorde, qui vient de commencer dans votre pays, en soit l’occasion. Et vous, chers Centrafricains, vous devez surtout regarder vers l’avenir, et, forts du chemin déjà parcouru, décider résolument de franchir une nouvelle étape dans l’histoire chrétienne de votre pays, vous élancer vers de nouveaux horizons, avancer plus au large, en eau profonde. L’Apôtre André, avec son frère Pierre, n’ont pas hésité un seul instant à tout laisser sur place à l’appel de Jésus, pour le suivre : « Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent » (Mt 4, 22). Nous sommes émerveillés, là encore, par tant d’enthousiasme chez les Apôtres, tellement le Christ les attire à lui, tellement ils perçoivent qu’ils peuvent tout entreprendre et tout oser avec lui.

Alors, chacun dans son cœur peut se poser la question si importante de son lien personnel avec Jésus, examiner ce qu’il a déjà accepté – ou encore refusé – pour répondre à son appel afin de le suivre de plus près. Le cri des messagers retentit plus que jamais à nos oreilles, alors même que les temps sont difficiles ; ce cri qui « retentit par toute la terre, et […] jusqu’au bout du monde » (Rm 10,18). Et il retentit ici, aujourd’hui, en cette terre de Centrafrique ; il retentit dans nos cœurs, dans nos familles, dans nos paroisses, partout où nous vivons, et il nous invite à la persévérance dans l’enthousiasme de la mission, une mission qui a besoin de nouveaux messagers, encore plus nombreux, encore plus donnés, encore plus joyeux, encore plus saints. Et nous sommes tous appelés à être, chacun, ce messager que notre frère, quelle que soit son ethnie, sa religion, sa culture, attend, souvent sans le savoir. Comment, en effet, ce frère croira-t-il au Christ, se demande saint Paul, si la Parole n’est pas entendue ni proclamée ?

Nous aussi, à l’exemple de l’Apôtre, nous devons être remplis d’espérance et d’enthousiasme pour l’avenir. L’autre rive est à portée de main, et Jésus traverse le fleuve avec nous. Il est ressuscité des morts ; dès lors les épreuves et les souffrances que nous vivons sont toujours des occasions qui ouvrent à un avenir nouveau si nous acceptons de nous attacher à sa personne. Chrétiens de Centrafrique, chacun de vous est appelé à être, par la persévérance de sa foi et par son engagement missionnaire, artisan du renouveau humain et spirituel de votre pays.

Que la Vierge Marie, qui après avoir partagé les souffrances de la passion partage maintenant la joie parfaite avec son Fils, vous protège et vous encourage sur ce chemin d’espérance.

Amen.

Homélie du pape François à la cathédrale Notre-Dame de Bangui

 

Le dimanche 29 novembre 2015, le pape François a célébré la Messe et ouvert la Porte Sainte à la Cathédrale Notre-Dame de Bangui. Voici le texte complet de son homélie:

Homélie du Saint-Père
Messe avec les prêtres, personnes consacrées et laïcs engagés

En ce premier dimanche de l’Avent, temps liturgique de l’attente du Sauveur et symbole de l’espérance chrétienne, Dieu a conduit mes pas, jusqu’à vous, sur cette terre, alors que l’Eglise universelle s’apprête à inaugurer l’Année Jubilaire de la Miséricorde. Et je suis particulièrement heureux que ma visite pastorale coïncide avec l’ouverture dans votre pays de cette Année Jubilaire. Depuis cette cathédrale, par le cœur et la pensée, je voudrais rejoindre avec affection tous les prêtres, les personnes consacrées, les agents pastoraux de ce pays, spirituellement unis à nous en ce moment. A travers vous, j’aimerais saluer aussi tous les Centrafricains, les malades, les personnes âgées, les blessés de la vie. Certains d’entre eux sont peut-être désespérés et n’ont même plus la force d’agir, attendant simplement une aumône, l’aumône du pain, l’aumône de la justice, l’aumône d’un geste d’attention et de bonté. Mais comme les apôtres Pierre et Jean montant au temple, qui n’avaient ni or ni argent à donner au paralytique dans le besoin, je viens leur offrir la force et la puissance de Dieu qui guérissent l’homme, le remettent debout et le rendent capable de commencer une nouvelle vie, en passant sur l’autre rive (cf. Lc 8, 22).

Jésus ne nous envoie pas tout seuls sur l’autre rive, mais il nous invite plutôt à effectuer la traversée avec lui, en répondant, chacun, à une vocation spécifique. Il nous faut donc être conscients que ce passage sur l’autre rive ne peut se faire qu’avec lui, en nous libérant des conceptions de la famille et du sang qui divisent, pour construire une Eglise-Famille de Dieu, ouverte à tous, soucieuse de ceux qui sont le plus dans le besoin. Cela suppose la proximité avec nos frères et sœurs, cela implique un esprit de communion. Ce n’est pas d’abord une question de moyens financiers ; il suffit juste de partager la vie du peuple de Dieu, en rendant compte de l’espérance qui est en nous (cf. 1P 3, 15), en étant témoins de l’infinie miséricorde de Dieu qui, comme le souligne le psaume responsorial de ce dimanche, « est bon [et] montre aux pécheurs le chemin » (Ps 24, 8). Jésus nous enseigne que le Père céleste « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons » (Mt 5, 45). Après avoir fait nous-mêmes l’expérience du pardon, nous devons pardonner. Voici notre vocation fondamentale : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48) ! L’une des exigences fondamentales de cette vocation à la perfection, c’est l’amour des ennemis, qui prémunit contre la tentation de la vengeance et contre la spirale des représailles sans fin. Jésus a tenu à insister sur cet aspect particulier du témoignage chrétien (Mt 5, 46-47). Les agents d’évangélisation doivent donc être d’abord et avant tout des artisans du pardon, des spécialistes de la réconciliation, des experts de la miséricorde. C’est ainsi que nous pouvons aider nos frères et sœurs à passer sur l’autre rive, en leur révélant le secret de notre force, de notre espérance, de notre joie qui ont leur source en Dieu, parce qu’elles sont fondées sur la certitude qu’il est dans la barque avec nous. Comme il l’a fait avec les apôtres lors de la multiplication des pains, c’est donc à nous que le Seigneur confie ses dons afin que nous allions les distribuer partout, en proclamant sa parole qui rassure : « Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda » (Jr 33, 14).

Dans les textes liturgiques de ce dimanche, nous pouvons découvrir certaines caractéristiques de ce salut de Dieu annoncé, qui se présentent comme autant de points de repères pour nous guider dans notre mission. D’abord, le bonheur promis par Dieu est annoncé en terme de justice. L’Avent, c’est le temps pour préparer nos cœurs afin de pouvoir accueillir le Sauveur, c’est-à-dire le seul Juste et le seul Juge capable de réserver à chacun le sort qu’il mérite. Ici comme ailleurs, tant d’hommes et de femmes ont soif de respect, de justice, d’équité, sans trouver à l’horizon des signes positifs. À ceux-là, il vient faire don de sa justice (cf. Jr 33, 15). Il vient féconder nos histoires personnelles et collectives, nos espoirs déçus et nos souhaits stériles. Et il nous envoie annoncer surtout à ceux qui sont opprimés par les forts de ce monde comme à ceux qui ploient sous le poids de leurs propres péchés : « Juda sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera : ‘‘Le Seigneur-est-notre-Justice’’ » (Jr 33, 16). Oui, Dieu est Justice ! Voilà pourquoi, nous, chrétiens, nous sommes appelés à être dans le monde les artisans d’une paix fondée sur la justice.

Le salut de Dieu attendu a également le goût de l’amour. En effet, en nous préparant pour célébrer le mystère de Noël, nous nous réapproprions le cheminement du peuple de Dieu pour accueillir le Fils venu nous révéler que Dieu n’est pas seulement Justice mais qu’il est aussi et par-dessus tout Amour (cf. 1Jn 4, 8). Partout, même et surtout là où règnent la violence, la haine, l’injustice et la persécution, les chrétiens sont appelés à témoigner de ce Dieu qui est Amour. En encourageant les prêtres, les personnes consacrées et les laïcs qui, dans ce pays, vivent parfois jusqu’à l’héroïsme les vertus chrétiennes, je reconnais que la distance qui nous sépare de l’idéal si exigeant du témoignage chrétien, est parfois grande. Voilà pourquoi je fais miennes sous forme de prière ces paroles de saint Paul : « Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous, et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant » (1Th 3, 12). A cet égard, le témoignage des païens sur les chrétiens de l’Eglise primitive doit rester présent à notre horizon comme un phare : « Voyez comme ils s’aiment, ils s’aiment vraiment » (Tertullien, Apologétique, 39, 7).

Enfin, le salut de Dieu annoncé revêt le caractère d’une puissance invincible qui l’emportera sur tout. En effet, après avoir annoncé à ses disciples les signes terribles qui précéderont sa venue, Jésus conclut : « Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche » (Lc 21, 18). Et si saint Paul parle d’un ‘‘amour de plus en plus intense et débordant’’, c’est que le témoignage chrétien doit refléter cette force irrésistible dont il est question dans l’Évangile. C’est donc aussi au sein de bouleversements inouïs que Jésus veut montrer sa grande puissance, son inégalable gloire (cf. Lc 21, 27) et la puissance de l’amour qui ne recule devant rien, ni devant les cieux ébranlés, ni devant la terre en feu, ni devant la mer en furie. Dieu est plus fort que tout. Cette conviction donne au croyant sérénité, courage et la force de persévérer dans le bien face aux pires adversités. Même lorsque les forces du mal se déchaînent, les chrétiens doivent répondre présents, la tête relevée, prêts à recevoir des coups dans cette bataille où Dieu aura le dernier mot. Et ce mot sera d’amour !
A tous ceux qui utilisent injustement les armes de ce monde, je lance un appel : déposez ces instruments de mort ; armez-vous plutôt de la justice, de l’amour et de la miséricorde, vrais gages de paix. Disciples du Christ, prêtres, religieux, religieuses ou laïcs engagés en ce pays au nom si suggestif, situé au cœur de l’Afrique et qui est appelé à découvrir le Seigneur comme le véritable Centre de tout ce qui est bon, votre vocation est d’incarner le cœur de Dieu parmi vos concitoyens. Daigne le Seigneur nous établir tous « fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père, pour le jour où notre Seigneur viendra avec tous les saints » (1Th 3, 13). Ainsi soit-il !

Discours du pape François aux autorités et au Corps diplomatique à Bangui

Le pape François est arrivé à Bangui, capitale de la République centrafricaine, le dimanche 29 novembre 2015. Vous trouverez ci-dessous le discours qu’il a prononcé en français devant les autorités et le corps diplomatique au Palais Présidentiel. 

Madame le Chef de l’État de la Transition,
Distinguées autorités,
Membres du Corps diplomatique,
Représentants des Organisations internationales,
Chers frères Evêques,
Mesdames et Messieurs,

Heureux de me retrouver ici avec vous, je voudrais d’abord manifester ma vive appréciation pour le chaleureux accueil qui m’a été réservé et remercier Madame le Chef de l’État de la Transition pour son aimable adresse de bienvenue. De ce lieu, qui d’une certaine manière est la maison de tous les Centrafricains, il m’est agréable d’exprimer, à travers vous et à travers les autres Autorités du pays ici présentes, ma sympathie et ma proximité spirituelle à tous vos concitoyens. Je voudrais également saluer les membres du Corps diplomatique, ainsi que les représentants des Organisations internationales dont l’œuvre rappelle l’idéal de solidarité et de coopération qui doit être cultivé entre les peuples et les nations.

Alors que la République Centrafricaine s’achemine progressivement, malgré les difficultés, vers la normalisation de sa vie socio-politique, je foule pour la première fois cette terre, après mon prédécesseur saint Jean-Paul II. C’est en pèlerin de la paix que je viens, et c’est en apôtre de l’espérance que je me présente. Voilà pourquoi j’ai plaisir à saluer l’effort accompli par les diverses Autorités nationales et internationales, en commençant par Madame le Chef de l’État de la Transition, pour conduire le pays à ce stade. Mon souhait le plus ardent est que les différentes consultations nationales qui vont se tenir dans quelques semaines permettent au pays d’entamer sereinement une nouvelle étape de son histoire.

Pour éclairer l’horizon, la devise de la République Centrafricaine traduisant l’espérance des pionniers et le rêve des pères fondateurs, est là : « Unité – Dignité – Travail ». Aujourd’hui plus encore qu’hier, cette trilogie exprime les aspirations de chaque Centrafricain et, par conséquent, constitue une boussole sûre pour les Autorités, chargées de conduire les destinées du pays. Unité, dignité, travail ! Trois mots lourds de sens, dont chacun représente autant un chantier qu’un programme jamais achevé, une tâche à remettre sans cesse sur le métier.

D’abord, l’unité. Elle est, on le sait, une valeur cardinale pour l’harmonie des peuples. Elle est à vivre et à construire à partir de la merveilleuse diversité du monde ambiant, en évitant la tentation de la peur de l’autre, de ce qui ne nous est pas familier, de ce qui n’appartient pas à notre ethnie, à nos options politiques ou à notre confession religieuse. L’unité exige, tout au contraire, de créer et de promouvoir une synthèse des richesses que chacun porte en lui. L’unité dans la diversité, c’est un défi constant, qui appelle à la créativité, à la générosité, à l’abnégation et au respect d’autrui.

Ensuite, la dignité. C’est justement cette valeur morale synonyme d’honnêteté, de loyauté, de grâce et d’honneur, qui caractérise les hommes et les femmes conscients de leurs droits comme de leurs devoirs et qui les conduit au respect mutuel. Chaque personne a une dignité. Je me suis laissé dire avec intérêt que la Centrafrique est le pays du ‘‘Zo kwe zo’’, le pays où chaque personne est une personne. Tout doit donc être fait pour sauvegarder le statut et la dignité de la personne humaine. Et celui qui a les moyens d’une vie décente, au lieu d’être préoccupé par les privilèges, doit chercher à aider les plus pauvres à accéder eux aussi à des conditions respectueuses de la dignité humaine, notamment à travers le développement de leur potentiel humain, culturel, économique et social. Par conséquent, l’accès à l’éducation et aux soins, la lutte contre la malnutrition et le combat pour garantir à tous un logement décent doivent figurer au premier plan d’un développement soucieux de la dignité humaine. En définitive, la dignité de l’être humain, c’est de travailler à la dignité de ses semblables.

Enfin, le travail. C’est par le travail que vous pouvez améliorer la vie de vos familles. Saint Paul a dit : « Les enfants n’ont pas à amasser pour leurs parents, mais les parents pour leurs enfants » (2 Co 12, 14). L’effort des parents exprime leur amour pour les petits. Et vous encore, les Centrafricains, vous pouvez améliorer cette merveilleuse terre, en exploitant judicieusement ses nombreuses ressources. Votre pays se trouve dans une région considérée comme l’un des deux poumons de l’humanité, à cause de sa richesse exceptionnelle en biodiversité. À ce sujet, me référant à l’Encyclique Laudato si’, je voudrais particulièrement attirer l’attention de chacun, citoyens, responsables du pays, partenaires internationaux et sociétés multinationales, sur la grave responsabilité qui est la leur dans l’exploitation des ressources environnementales, dans les choix et les projets de développement, qui d’une manière ou d’une autre affectent la planète entière. Le travail de construction d’une société prospère doit être une œuvre solidaire. Cette vérité, la sagesse de votre peuple l’a comprise depuis longtemps et l’a traduite par ce proverbe : « Les fourmis sont petites, mais en étant nombreuses, elles ramènent leur butin dans leur nid ».

Il est sans doute superflu de souligner l’importance capitale que revêtent le comportement et la gestion des Autorités publiques. Celles-ci doivent être les premières à incarner avec cohérence dans leur vie les valeurs de l’unité, de la dignité et du travail, en étant des modèles pour leurs compatriotes.

L’histoire de l’évangélisation de cette terre et l’histoire socio-politique de ce pays attestent l’engagement de l’Église dans le sens de ces valeurs de l’unité, de la dignité et du travail. En faisant mémoire des pionniers de l’évangélisation en République Centrafricaine, je salue mes frères Evêques qui en ont présentement la charge. Avec eux, je renouvelle la disponibilité de cette Eglise particulière à contribuer toujours plus à la promotion du bien commun, notamment à travers la recherche de la paix et de la réconciliation. Je ne doute donc pas que les Autorités centrafricaines actuelles et futures se préoccuperont sans relâche de garantir à l’Église des conditions favorables à l’accomplissement de sa mission spirituelle. Elle pourra ainsi contribuer toujours davantage à ‘‘promouvoir tout homme et tout l’homme’’ (Populorum progressio, n. 14), pour reprendre l’heureuse formule de mon prédécesseur, le bienheureux Paul VI, qui, il y a bientôt 50 ans, fut le premier Pape des temps modernes à venir en Afrique pour l’encourager et la confirmer dans le bien à l’orée d’une aube nouvelle.

Pour ma part, je voudrais à présent saluer l’effort accompli par la communauté internationale, ici représentée par le Corps Diplomatique et les membres de différentes Missions d’Organisations internationales. Je l’encourage vivement à aller toujours plus loin sur le chemin de la solidarité, souhaitant que son engagement, uni à l’action des Autorités centrafricaines, aide le pays à progresser notamment dans la réconciliation, le désarmement, le maintien de la paix, l’assistance sanitaire et la culture d’une saine gestion à tous les niveaux.

Pour finir, j’aimerais redire ma joie de visiter ce merveilleux pays, situé au cœur de l’Afrique, abritant un peuple profondément religieux, doté d’un si riche patrimoine naturel et culturel. J’y vois un pays comblé des bienfaits de Dieu ! Puisse le peuple centrafricain, ainsi que ses dirigeants et tous ses partenaires, apprécier à leur juste valeur ces bienfaits, en travaillant sans cesse pour l’unité, la dignité humaine et la paix fondée sur la justice ! Que Dieu vous bénisse tous ! Merci !

 

 

 

 

Discours du pape François aux prêtres, religieux et séminaristes en Ouganda

Voici la traduction complète du discours improvisé du pape François aux prêtres, religieux et séminaristes de l’Ouganda le 28 novembre 2015. Traduction par ZENIT l’agence d’information internationale. 

Je veux vous dire trois choses.

Dans le livre deutéronome Moïse rappelle à son peuple : “N’oubliez pas!”

Et il le répète plusieurs fois dans le Livre: « N’oubliez pas! N’oubliez pas tout ce que Dieu a fait pour son peuple ! »

La première chose que je veux vous dire, c’est que vous ayez, que vous demandiez la grâce de la mémoire.

Comme je l’ai dit aux jeunes: au sang des catholiques ougandais, est mêlé le sang des martyrs.

Ne perdez pas la mémoire de cette semence, pour qu’ainsi elle continue de grandir.

Le grand ennemi de la mémoire c’est l’oubli, mais ce n’est pas le plus dangereux ! Le plus dangereux ennemi de la mémoire, c’est de s’accoutumer à hériter les biens des anciens.

L’Eglise de l’Ouganda ne peut pas s’habituer, jamais, au souvenir au souvenir lointain de ses martyrs.

Martyr veut dire témoin, pour être fidèles à cette mémoire, l’Eglise de l’Ouganda doit continuer d’être témoin.  Elle ne doit pas vivre de ses rentes.

La gloire passée a été  au début, mais vous devez construire la gloire future.

Et c’est la charge que l’Eglise vous donne, c’est d’être des témoins  comme ont été des témoins les martyrs qui ont donné leur vie pour l’Evangile.

Pour être des témoins – deuxième mot que je veux vous dire – : la fidélité est nécessaire. La fidélité à la mémoire. Fidélité à la vocation propre. Fidélité au zèle apostolique.

Fidélité signifie suivre le chemin de la sainteté. Fidélité signifie faire ce qu’on fait les témoins d’autrefois, être missionnaire.

Peut-être y a-t-il ici en Ouganda des diocèses qui ont de nombreux prêtres et des diocèses qui en ont peu. La fidélité, cela veut dire s’offrir à l’évêque pour aller dans un autre diocèse qui a besoin de missionnaires (applaudissements). Et ce n’est pas facile.

Fidélité cela veut dire persévérance dans la vocation. Ici je remercier d’une façon spéciale l’exemple de fidélité que m’ont donné les sœurs de la Maison de la miséricorde. Fidélité aux pauvres, fidélité aux malades, aux plus nécessiteux, parce que le Christ est là.

L’Ouganda a été arrosé par le sang des martyrs, aujourd’hui il est nécessaire de continuer de l’arroser et pour cela nouveaux défis, nouveaux témoins, nouvelles missions ! Sinon, vous allez perdre la grande richesse que vous avez, et la perle de l’Afrique, on finira par la regarder dans un musée. Parce que le démon attaque ainsi, peu à peu.

Je suis en train de parler pas seulement pour les prêtres mais aussi pour les religieux.

Aux prêtres je veux dire de façon spéciale à propos du problème de la « missionarité », que les diocèses avec beaucoup de clergé s’offrent à ceux qui ont moins de clergé. De façon à ce que l’Ouganda continue d’être missionnaire.

Mémoire, qui signifie fidélité, et fidélité, qui est seulement possible par la prière.

Si un religieux, une religieuse ou un prêtre cesse de prier ou prie peu, parce qu’il dit qu’il a beaucoup de travail, il a commencé à perdre la mémoire. Il a déjà commencé à perdre la fidélité.

Prière qui signifie aussi humiliation. L’humiliation d’aller avec régularité au confesseur, pour dire ses propres péchés. On ne peut pas boiter des deux pieds. Les religieux, les religieuses, les prêtres, nous ne pouvons pas mener une double vie. Si je suis pécheur, si je suis pécheresse, je demande pardon. Mais ne tenez pas caché ce que Dieu ne veut pas. Ne tenez pas caché le manque de fidélité.

N’enfermez pas la mémoire dans une armoire.

Mémoire, nouveaux défis, fidélité à la mémoire et prière. La prière commence toujours en se reconnaissant pécheur.

Avec ces trois colonnes la perle de l’Afrique continuera d’être une perle et pas seulement un mot du dictionnaire (applaudissements).

Que les martyrs qui ont donné de la force à cette Eglise nous aident à aller de l’avant dans la mémoire, dans la fidélité, et dans la prière.

Et, je vous en prie, n’oubliez pas de prier pour moi.
Merci beaucoup.

Maintenant je vous invite à prier tous ensemble un Ave Maria à la Vierge.

Que Dieu vous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Discours du pape François aux jeunes en Ouganda

Voici la traduction complète du discours improvisé du pape Francois aux jeunes en Ouganda. Traduction par ZENIT l’agence d’information internationale. 

[en anglais]

Merci beaucoup pour le Rosaire que vous avez prié pour moi: merci, merci beaucoup!
Merci de votre présence, de votre présence enthousiaste!
Merci à Linette et merci à Manuel pour vos réflexions.

[en espagnol]

Il y a une question à la base de toutes les questions que Linette et Manuel m’ont posées: Pourquoi y a-t-il des divisions, des luttes, des guerres, des morts, des fanatismes, des destructions entre jeunes? Pourquoi y-a-t-il ce désir de nous détruire? Dans les premières pages de la Bible, après toutes ces merveilles que Dieu a faites, un frère tue un autre frère. L’esprit du mal nous porte à la destruction; et l’esprit du mal nous porte à la désunion, il nous porte au tribalisme, à la corruption, à la dépendance de la drogue; il nous porte à la destruction par les fanatismes.

Manuel demandait: Que faire pour qu’un fanatisme idéologique ne nous vole pas un frère, ne nous vole pas un ami? Il y a un mot qui peut paraître gênant, mais je ne veux pas l’éviter parce que vous l’avez employé avant moi: vous l’avez employé quand vous m’avez apporté les rosaires, en comptant les rosaires que vous avez prié pour moi; l’Évêque l’a employé aussi quand il a présenté ceux qui se sont préparés à cette visite par la prière. La première chose que je répondrai c’est qu’un homme perd le meilleur de son être humain, une femme perd le meilleur de son être humain, quand ils oublient de prier, parce qu’ils se sentent tout-puissants, parce qu’ils ne sentent pas le besoin de demander de l’aide devant tant de tragédies.

La vie est pleine de difficultés, mais il y a deux manières de voir les difficultés: ou bien tu les vois comme quelque chose qui te bloque, qui te détruit, qui t’immobilise, ou bien tu les vois comme une opportunité. A toi de choisir. Pour moi, une difficulté est-elle un chemin de destruction, ou bien est-elle une opportunité, afin de surmonter en vue de mon bien, celui de ma famille, de mes amis, de mon pays?

Jeunes, garçons ou filles, nous ne vivons pas au Ciel, nous vivons sur la terre. Et la terre est pleine de difficultés. La terre est pleine, non seulement de difficultés, mais aussi d’invitations à dévier vers le mal. Mais il y a une chose que vous tous, les jeunes, vous avez, qui dure un temps plus ou moins long: la capacité de choisir. Quel chemin je veux choisir? Laquelle de ces deux choses je veux choisir: me laisser vaincre par la difficulté, ou bien transformer la difficulté en une opportunité pour vaincre, moi?

Certaines des difficultés que vous avez mentionnées sont de vrais défis. Et donc, d’abord une question: Voulez-vous remporter les défis, ou bien vous laisser vaincre par les défis? Etes-vous comme ces sportifs qui, lorsqu’ils viennent jouer au stade,veulent gagner, ou bien êtes-vous comme ceux qui ont déjà vendu la victoire aux autres et se sont mis l’argent dans la poche? A vous de choisir!

Un défi que Linette a mentionné est celui du tribalisme. Le tribalisme détruit une nation; le tribalisme c’est avoir les mains cachées derrière le dos et avoir une pierre dans chaque main pour la lancer contre l’autre. Le tribalisme se vainc seulement avec l’oreille, avec le cœur, et avec la main. Avec l’oreille: Quelle est ta culture? Pourquoi es tu comme ça? Pourquoi ta tribu a-t-elle cette coutume? Ta tribu se sent-elle supérieure ou inférieure? Avec le cœur: une fois que tu as écouté avec les oreilles, la réponse: j’ouvre le cœur et je tends la main pour continuer à dialoguer. Si vous ne dialoguez pas et ne vous écoutez pas entre vous, alors il y aura toujours du tribalisme qui est comme un ver qui ronge la société. Aujourd’hui – ou plutôt hier, mais pour vous nous le faisons aujourd’hui – une journée de prière et de réconciliation a été déclarée. Je veux vous inviter maintenant, vous les jeunes – que Linette et Manuel viennent –, et tous nous nous tenons la main en signe contre le tribalisme. Nous sommes tous une nation! Nous sommes tous une nation! [la même phrase en anglais] Il faut que nos cœurs soient ainsi. Le tribalisme ce n’est pas seulement lever la main aujourd’hui – cela c’est le désir, c’est la décision –, mais le tribalisme est un travail de tous les jours. Vaincre le tribalisme est un travail de tous les jours; c’est un travail de l’oreille: écouter l’autre; un travail du cœur: ouvrir mon cœur à l’autre; un travail des mains: se donner la main l’un l’autre. Et maintenant donnons-nous la main les uns les autres.

Une autre question que Linette a posée porte sur la corruption. Et, dans le fond, elle me demandait:Peut-on justifier la corruption, le péché, par le seul fait que tous pèchent et sont corrompus? Comment pouvons-nous être chrétiens et combattre le mal de la corruption?

Je me rappelle que dans mon pays un jeune de 20-22 ans voulait se consacrer à la politique; il étudiait avec enthousiasme, il allait de ci de là, et il a trouvé un travail dans un ministère. Un jour il a dû décider d’une chose qu’il fallait acheter; alors il a demandé trois devis, il les a étudiés et il a choisi le plus économique, le plus avantageux. Puis il est allé au bureau de son chef pour qu’il signe. Pourquoi as-tu choisi cela? – Parce qu’il faut choisir le plus avantageux pour les finances du pays.– Non! Il faut choisir celui qui t’en met le plus dans la poche. Alors le jeune a répondu à son chef: Je suis venu faire de la politique pour faire grandirle pays. Et le chef lui a répondu: Et moi je fais de la politique pour voler! C’est un exemple, rien de plus. Mais il y a des cas de corruption, non seulement dans la politique, mais dans toutes les institutions, y compris le Vatican. La corruption est quelque chose qui nous rentre à l’intérieur. Elle est comme le sucre: il est doux, il plait, il est facile, et après on finit mal! Avec beaucoup de sucre facile, on finit diabétique et notre pays aussi devient diabétique!

Chaque fois que nous acceptons un «dessous-de-table» et que nous le mettons dans la poche, nous détruisons notre cœur, nous détruisons notre personnalité et nous détruisons notre pays. S’il vous plait, ne prenez pas goût à ce «sucre» qui s’appelle corruption. «Père, mais je vois que tous sont corrompus, je vois beaucoup de gens qui se vendent pour un peu d’argent, sans se préoccuper de la vie des autres…» Comme en tout chose, il faut commencer. Si tu ne veux pas de corruption dans ton cœur, dans ta vie, dans ton pays, toi commence ! Si toi tu ne commences pas, le voisin ne commencera pas non plus. La corruption nous vole aussi la joie, elle nous vole la paix. La personne corrompue ne vit pas en paix.

Un jour – est c’est un fait historique, ce que je vous raconte maintenant – un homme est mort dans ma ville. Nous savions tous qu’il était un grand corrompu. J’ai demandé, quelques jours après, comment ont été les funérailles. Et une femme, avec beaucoup d’humour, m’a répondu: «Père, ils ne réussissaient pas à fermer la bière, le cercueil, parce qu’il voulait emporter tout l’argent qu’il avait volé». Ce que vous volez par la corruption, restera ici, et un autre en fera usage. Mais cela restera aussi – et gravons bien cela dans le cœur – dans le cœur de beaucoup d’hommes et de femmes qui sont restés blessés par ton exemple de corruption. Cela restera dans le manque de bien que tu aurais pu faire et que tu n’as pas fait. Cela restera dans les enfants malades, affamés, parce que l’argent qui était pour eux, tu l’as gardé pour toi, à cause de ta corruption. Jeunes, la corruption n’est pas un chemin de vie: elle est un chemin de mort!

Il y avait une question sur la manière d’utiliser les moyens de communication pour répandre le message d’espérance du Christ, et promouvoir des initiatives justes afin que se voit la différence. Le premier moyen de communication c’est la parole, c’est le geste, c’est le sourire. Le premier geste de communication, c’est la proximité. Le premier geste de communication, c’est chercher l’amitié. Si vous parlez bien entre vous, si vous vous souriez, si vous vous rapprochez comme des frères; si vous êtes proches les uns des autres, même si vous appartenez à des tribus différentes; et si vous êtes proches de ceux qui en ont besoin, de celui qui est pauvre, le malade, l’abandonné, la personne âgée que personne ne visite, ces gestes de communication sont plus contagieux que n’importe quelle chaîne de télévision.

A ces trois questions, je crois que j’ai dit quelque chose qui pourra vous aider. Mais demandez beaucoup à Jésus, priez le Seigneur pour qu’il vous donne la force de détruire le tribalisme: tous frères; pour qu’il vous donne le courage de ne pas vous laisser corrompre, pour qu’il vous donne le désir de pouvoir communiquer entre vous comme des frères, par un sourire, par une bonne parole, par un geste d’aide et par la proximité.

Manuel aussi a posé des questions incisives. Je m’intéresse à la première qu’il a posée : Que pouvons-nous faire pour empêcher le recrutement des personnes qui nous sont chères? Que pouvons-nous faire pour les faire revenir? Pour répondre à cela nous devons savoir pourquoi un jeune, plein d’illusions, se laisse recruter ou bien cherche à être recruté: il se détache de sa famille, de ses amis, de sa tribu, de son pays; il se détache de la vie, pour apprendre à tuer. Et c’est une question que vous devez adresser à toutes les autorités. Si un jeune, garçon ou fille, n’a pas de travail, ne peut pas étudier, que peut-il faire? Il peut être délinquant, ou bien tomber dans une forme de dépendance, ou bien se suicider – en Europe, les statistiques des suicides ne sont pas publiées –, ou bien s’enrôler dans une activité qui lui donne un but dans la vie, en le trompant, en le séduisant.

La première chose que nous devons faire pour éviter qu’un jeune soit recruté ou cherche à se faire recruter c’est l’instruction et le travail. Si un jeune n’a pas de travail, quel avenir l’attend? De là vient l’idée de se laisser recruter. Si un jeune n’a pas la possibilité de recevoir une éducation, même une éducation d’urgence, de petits métiers, que peut-il faire? Là se trouve le danger! C’est un danger social, qui nous dépasse, et qui dépasse aussi le pays, parce qu’il dépend d’un système international qui est injuste, qui met au centre de l’économie non pas la personne, mais le dieu argent. Que puis-je faire pour l’aider ou pour le faire revenir? Avant tout prier pour lui, mais prier fort. Dieu est plus fort que toute campagne de recrutement. Et ensuite, lui parler avec affection, avec sympathie, avec amour et avec patience. L’inviter a voir une partie de football, l’inviter à faire une promenade, l’inviter à rester ensemble dans le groupe, ne pas le laisser seul. C’est ce qui me vient à l’esprit maintenant.

Il y a certainement – c’est ta seconde question – des comportements qui font du tort, des comportements qui cherchent un bonheur passager, et qui finissent par te faire du tort. La question que tu m’as posée, Manuel, est une question de professeur de théologie: Comment pouvons-nous comprendre que Dieu est notre Père? Comment pouvons-nous voir la main de Dieu dans les tragédies de la vie? Comment pouvons-nous trouver la paix de Dieu? Écoute, cette question, des hommes et des femmes de partout dans le monde se la posent, d’une manière ou d’une autre; et ils ne trouvent pas d’explication. Il y a des questions pour lesquelles tu auras beau te casser la tête, tu ne trouveras pas d’explication.

Comment je peux voir la main de Dieu dans une tragédie de la vie? Il y a une seule… j’allais dire une seule réponse. Non, ce n’est pas une réponse; il n’y a qu’un seul chemin: regarder le Fils de Dieu. Dieu l’a livré pour nous sauver tous. Dieu lui-même s’est fait tragédie. Dieu lui-même s’est laissé détruire sur la croix. Et quand tu ne comprends pas quelque chose, quand tu es désespéré, quand le monde te tombe dessus, regarde la croix! Là se trouve l’échec de Dieu; là se trouve la destruction de Dieu. Mais là se trouve aussi le défi à notre foi: l’espérance. Parce que l’histoire ne se termine pas par cet échec,mais par la Résurrection qui nous a tous renouvelés.

Je vais vous faire une confidence – Il est midi… Avez-vous faim? – Alors je vais vous faire une confidence. Dans mes poches j’ai toujours deux choses: un rosaire pour prier; et une chose qui semble étrange, qui est ceci; et ceci c’est l’histoire de l’échec de Dieu, c’est une Via Crucis, une petite Via Crucis montrant comment Jésus a souffert depuis le moment où il a été condamné à mort, jusqu’au moment où il a été enseveli. Et avec ces deux choses je cherche à faire de mon mieux. Mais grâce à ces deux choses je ne perds pas l’espérance.

Une dernière question du théologien Manuel:Quelles paroles avez-vous pour les jeunes qui ne connaissent pas l’amour de leurs familles? Est-il possible de sortir de cette expérience? Il y a partout des enfants abandonnés, ou bien parce qu’ils ont été abandonnés à la naissance, ou bien parce que la vie les a abandonnés – la famille, les parents – et ils ne sentent pas l’affection de la famille. C’est pourquoi la famille est si importante. Défendez la famille! Défendez-la toujours. Partout il y a, non seulement des enfants abandonnés, mais aussi des personnes âgées abandonnées, qui sont là sans que personne ne les visite, sans personne qui les aime… Comment sortir de cette expérience négative d’abandon, de manque d’amour? Il y a un seul remède pour sortir de ces expériences: faire ce que moi je n’ai pas reçu. Si vous n’avez pas reçu de compréhension, soyez compréhensifs avec les autres; si vous n’avez pas reçu d’amour, aimez les autres. Si vous avez senti la douleur de la solitude, approchez-vous de ceux qui sont seuls. La chair se soigne avec la chair! Et Dieu s’est fait chair pour nous soigner. Nous aussi faisons de même avec les autres.

Bien, je crois qu’avant que l’arbitre ne siffle la fin, c’est le moment de terminer. Je vous remercie de tout cœur d’être venus, de m’avoir permis de parler dans ma langue maternelle… Je vous remercie d’avoir prier beaucoup de rosaires pour moi. Et, s’il vous plait, je vous demande de prié pour moi, parce que moi aussi j’en ai besoin, et beaucoup! Je compte sur les prières de tous. Et avant de nous en aller, je vous demande de vous mettre debout et prions ensemble notre Père du Ciel, qui a un seul défaut: il ne peut cesser d’être Père!

Discours du Pape à la Maison de la Charité

Le samedi 28 novembre, le pape François a rendu visite à la Maison de la Charité pour les personnes âgées et atteintes d’un handicap à Kampala en Ouganda. Voici le discours qu’il a prononcé:

 

Discours de Sa Sainteté le Pape François

Visite à la Maison de la Charité

Kampala, Nalukolongo

Samedi 28 novembre 2015

Chers amis,

Je vous remercie de votre accueil chaleureux. J’ai beaucoup désiré visiter cette Maison de la Charité, que le Cardinal Nsubuga a fondée ici à Nalukolongo. Ce lieu a toujours été lié à l’engagement de l’Église envers les pauvres, les handicapés et les malades. Ici, dans les premiers temps, des enfants ont été rachetés de l’esclavage et des femmes ont reçu une éducation religieuse. Je salue les Sœurs du Bon Samaritain, qui poursuivent cette œuvre excellente et je les remercie pour leurs années de service silencieux et joyeux dans l’apostolat.

Je salue aussi les représentants de nombreux autres groupes d’apostolat qui prennent soin des besoins de nos frères et de nos sœurs en Ouganda. Je pense en particulier au grand et fructueux travail  réalisé avec les malades du SIDA. Surtout, je salue ceux qui habitent dans cette Maison et dans d’autres semblables, et tous ceux qui bénéficient des œuvres de la charité chrétienne. Parce que cette maison est vraiment une maison ! Ici vous pouvez trouver affection et attention ; ici vous pouvez sentir la présence de Jésus notre frère, qui aime chacun de nous avec l’amour qui est le propre de Dieu.

Aujourd’hui, de cette Maison, je voudrais adresser un appel à toutes les paroisses et communautés présentes en Ouganda – et dans le reste de l’Afrique – à ne pas oublier les pauvres. L’Évangile nous impose de sortir vers les périphéries de la société et de trouver le Christ dans celui qui souffre et dans celui qui se trouve dans le besoin. Le Seigneur nous dit, avec des paroles qui sont sans équivoques, qu’il nous jugera sur cela ! Il est triste que nos sociétés permettent que les personnes âgées soient rejetées ou oubliées ! Il est déplorable que les jeunes soient exploités par l’esclavage actuel du trafic d’êtres humains ! Si nous regardons attentivement le monde qui nous entoure il semble qu’en de nombreux endroits l’égoïsme et l’indifférence se répandent. Combien de nos frères et sœurs sont victimes de la culture actuelle de l’ « utilise et jette », que génère le mépris surtout vis-à-vis des enfants qui ne sont pas encore nés, des jeunes et des personnes âgées !

En tant que chrétiens, nous ne pouvons pas simplement rester à regarder. Quelque chose doit changer ! Nos familles doivent devenir des signes encore plus évidents de l’amour patient et miséricordieux de Dieu, non seulement pour nos enfants et nos personnes âgées, mais aussi pour tous ceux qui se trouvent dans le besoin. Nos paroisses ne doivent pas fermer les portes et les oreilles au cri des pauvres. Il s’agit de la voie maitresse du disciple chrétien. C’est de cette manière que nous rendons témoignage au Seigneur, qui est venu non pour être servi mais pour servir. Nous montrons ainsi que les personnes comptent plus que les choses et que ce que nous sommes est plus important que ce que nous possédons. En effet, précisément en ceux que nous servons, le Christ se révèle lui-même chaque jour et prépare l’accueil que nous espérons recevoir un jour dans son Royaume éternel.

Chers amis, à travers des gestes simples, à travers des actes simples et dévoués qui honorent le Christ dans ses frères et sœurs les plus petits, nous faisons entrer la force de son amour dans le monde et nous le changeons réellement. Encore une fois je vous remercie pour votre générosité et pour votre charité. Je me souviendrai de vous dans mes prières et je vous demande, s’il vous plait de prier pour moi. Je vous confie tous à la tendre protection de Marie notre Mère et je vous donne ma Bénédiction.

Omukama Abakuume !  [Que Dieu vous protège]

Discours du Saint-Père lors de la rencontre avec les catéchistes et les enseignants Kampala, Ouganda

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Vous trouverez le discours du  Saint-Père à l’occasion de la rencontre avec les catéchistes et les enseignants de Kampala, Ouganda (Vendredi, 27 novembre 2015)

Chers catéchistes et enseignants,
Chers amis,

Je vous salue tous avec affection au nom de Jésus-Christ, notre Seigneur et Maître.

‘‘Maître’’. Quel beau titre ! Jésus est notre premier et plus grand maître. Saint Paul nous dit que Jésus a donné à son Eglise non seulement des apôtres et des pasteurs, mais aussi des maîtres, pour édifier le Corps entier dans la foi et dans l’amour. Avec les évêques, les prêtres et les diacres, qui ont été ordonnés pour prêcher l’Evangile et prendre soin du troupeau du Seigneur, en tant que catéchistes, vous avez une part importante dans l’annonce de la Bonne Nouvelle à chaque village et hameau de votre pays.

Je voudrais, avant tout, vous remercier pour les sacrifices que vous, ainsi que vos familles, vous faites, comme pour le zèle et le dévouement avec lesquels vous accomplissez votre importante charge. Vous enseignez ce que Jésus a enseigné, vous instruisez les adultes et vous aidez les parents à faire grandir leurs enfants dans la foi et vous portez à tous la joie et l’espérance de la vie éternelle. Merci pour votre dévouement, pour l’exemple que vous donnez, pour la proximité au peuple de Dieu dans sa vie quotidienne et pour toutes les manières dont vous semez et cultivez la foi sur cette immense terre. Merci spécialement d’enseigner aux enfants et aux jeunes comment prier.

Je sais que votre travail, bien que gratifiant, n’est pas facile. Je vous encourage, par conséquent, à persévérer, et je demande aux évêques et aux prêtres de vous aider par une formation doctrinale, spirituelle et pastorale, en mesure de vous rendre toujours plus efficaces dans votre œuvre. Même lorsque la charge semble lourde, que les ressources sont insuffisantes et les obstacles trop grands, il faut vous souvenir que votre œuvre est une œuvre sainte. L’Esprit-Saint est présent là où le nom du Christ est proclamé. Il est au milieu de nous chaque fois que nous élevons nos cœurs et notre esprit vers Dieu dans la prière. Il vous donnera la lumière et la force dont vous avez besoin ! Le message que vous portez s’enracinera d’autant plus Capture d’écran 2015-11-27 à 12.48.53profondément dans les cœurs des personnes que vous serez non seulement des maîtres, mais aussi des témoins. Que votre exemple fasse voir à tous la beauté de la prière, le pouvoir de la miséricorde et du pardon, la joie de partager l’Eucharistie avec tous les frères et sœurs !

La communauté chrétienne en Ouganda s’est accrue de façon remarquable grâce au témoignage des martyrs. Ils ont rendu témoignage à la vérité qui rend libre ; ils ont été disposés à verser leur sang pour demeurer fidèles à ce qu’ils savaient être bon, beau et vrai. Nous sommes aujourd’hui ici à Munyonyo, à l’endroit où le Roi Mwanga a décidé d’éliminer les disciples du Christ. Il n’a pas réussi dans cette tentative, comme le Roi Hérode n’a pas réussi à tuer Jésus. La lumière a brillé dans les ténèbres et les ténèbres n’ont pas prévalu (cf. Jn 1, 5). Après avoir vu le témoignage courageux de saint André Kaggwa et de ses compagnons, les chrétiens en Ouganda sont devenus encore plus convaincus des promesses du Christ.

Puisse saint André, votre Patron, et puissent tous les catéchistes ougandais martyrs obtenir pour vous la grâce d’être de sages maîtres, des hommes et des femmes dont les paroles soient pleines de grâce, d’un témoignage convainquant de la splendeur de la vérité de Dieu et de la joie d’Evangile ! Allez sans peur dans chaque ville et village de ce pays répandre la bonne semence de la Parole de Dieu, et ayez confiance dans sa promesse que vous retournerez joyeux, avec des gerbes plantureuses d’une récolte abondante !

Omukama Abawe Omukisa ! ( Que Dieu vous bénisse !)

Pape en Ouganda: Discours du Saint-Père aux autorités et au Corps Diplomatique

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Vous trouverez ci-dessous le discours officiel du Saint-Père aux Autorités et au Corps Diplomatique Entebbe au Palais de l’Etat d’Ouganda (Vendredi, 27 novembre 2015)

Monsieur le Président,
Honorables membres du Gouvernement,
Distingués Membres du Corps diplomatique,
Chers frères Evêques,
Mesdames et Messieurs,

Je vous remercie pour votre accueil chaleureux, et je suis heureux d’être en Ouganda. Ma visite dans votre pays vise avant tout à commémorer le 50ème anniversaire de la canonisation des Martyrs de l’Ouganda par mon prédécesseur, le Pape Paul VI. Mais j’espère que ma présence ici sera aussi vue comme un signe d’amitié, d’estime et d’encouragement à tous les citoyens de cette grande nation.

Les Martyrs, catholiques et anglicans, sont de véritables héros nationaux. Ils rendent témoignage aux principes-guides exprimés dans la devise de l’Ouganda – Pour Dieu et pour mon Pays. Ils nous rappellent le rôle important que la foi, la rectitude morale et l’engagement pour le bien commun ont joué, et continuent de jouer  dans la vie culturelle, économique et politique de ce pays. Ils nous rappellent aussi que, malgré nos différentes croyances et convictions, nous sommes tous appelés à rechercher la vérité, à travailler pour la justice et la réconciliation, comme à nous respecter, nous protéger et à nous aider mutuellement en tant que membres de la même famille humaine. Ces hauts idéaux sont particulièrement requis chez des hommes et des femmes comme vous, qui sont chargés d’assurer la bonne et transparente  gestion, le développement humain intégral, une large participation à la vie nationale, ainsi qu’une distribution sage et juste des biens dont le Créateur a si généreusement doté cette terre.

Ma visite vise aussi à attirer l’attention sur l’Afrique dans son ensemble, sur sa promesse, ses espérances, ses luttes et ses succès. Le monde regarde l’Afrique comme le continent de l’espérance. L’Ouganda a été, en effet, béni par Dieu à travers d’abondantes ressources naturelles, que vous êtes appelés à administrer en tant que des gestionnaires responsables. Mais surtout, la nation a été bénie à travers ses habitants : ses familles fortes, ses jeunes, et ses personnes âgées. J’attends impatiemment la rencontre de demain avec les jeunes, à l’endroit desquels j’aurai des mots d’encouragement et d’exhortation. Qu’il est important qu’on leur donne de l’espérance, des opportunités d’éducation et d’un travail rémunéré, et surtout l’opportunité de partager pleinement la vie de la société ! Mais je voudrais aussi mentionner la bénédiction qui est la vôtre à travers les personnes âgées. Elles sont la mémoire vivante de chaque peuple. Leur sagesse et leur expérience devraient toujours être considérées comme une boussole qui peut aider la société à trouver la bonne direction face aux défis du présent, avec intégrité, sagesse et vision.

Ici, en Afrique de l’Est, l’Ouganda a fait montre d’un extraordinaire souci de l’accueil des réfugiés, en les aidant à rebâtir leurs vies dans la sécurité et dans le sens de la dignité dérivant d’une vie gagnée par un travail honnête. Notre monde, en proie aux guerres, à la violence et à de diverses formes d’injustice, expérimente un mouvement sans précédent de peuples. La façon dont nous les traitons est un test de notre humanité, de notre respect de la dignité humaine et surtout de notre solidarité envers nos frères et sœurs dans le besoin.

Bien que ma visite soit brève, j’espère encourager les nombreux efforts en cours pour prendre soin des pauvres, des malades et de ceux qui sont, de quelque manière, en difficulté. C’est par ces petits signes que nous voyons la vraie âme d’un peuple. De tant de manières, notre monde devient de plus en plus petit, cependant au même moment nous voyons avec préoccupation la globalisation d’une ‘‘culture de rejet’’ qui nous rend aveugles par rapport aux valeurs spirituelles, endurcit nos cœurs face aux besoins des pauvres, et prive nos jeunes d’espérance.

Heureux de vous rencontrer et de passer ce temps avec vous, je prie pour que vous vous révéliez, ainsi que tous les chers Ougandais, toujours dignes des valeurs qui ont forgé l’âme de votre nation. Sur vous tous, j’invoque l’abondance des bénédictions du Seigneur.

Mungu awabariki ! (Que Dieu vous bénisse !)

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