Discours du pape François à l’aéroport de Philadelphie

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Vous trouvez ci-dessous le discours du pape François aux organisateurs, bénévoles et bienfaiteurs de la Rencontre Mondiale des Familles à l’aéroport international de Philadelphie (27 septembre 2015)

Monsieur le Vice-Président,
Distinguées autorités,
chers frères Evêques,
chers amis,

Mons séjour au milieu de vous a été bref. Mais ces jours ont été des jours d’immense grâce pour moi, et j’espère, pour vous aussi. S’il vous plaît, sachez qu’au moment de partir, j’ai le cœur plein de gratitude et d’espérance.

Je suis reconnaissant à vous tous et à tous ceux qui ont travaillé si dur pour rendre cette visite possible et pour préparer la Rencontre Mondiale des Familles. En particulier, je remercie l’Archidiocèse de Philadelphie, les autorités civiles, les organisateurs ainsi que tous les volontaires et bienfaiteurs qui y ont contribué, dans les grandes comme dans les petites choses.

Je remercie aussi les familles qui ont partagé leur témoignage durant la Rencontre. Il n’est pas si facile de parler ouvertement de son propre parcours de la vie ! Mais leur honnêteté ainsi que leur humilité devant le Seigneur et devant chacun de nous ont montré la beauté de la vie familiale dans toute sa richesse et sa diversité. Je prie pour que les jours de prière et de réflexion sur l’importance de la famille pour une société saine inspirent les familles à continuer de tendre vers la sainteté et de voir l’Eglise comme leur compagne fidèle, quels que soient les défis qu’elles pourraient affronter.

A la fin de ma visite, je voudrais aussi remercier tous ceux qui ont préparé mon séjour dans les Archidiocèses de Washington et de New York. C’était particulièrement émouvant pour moi de canoniser saint Junipéro Serra, qui nous rappelle à tous notre appel à être des disciples missionnaires ; et aussi de me trouver avec mes frères et sœurs d’autres religions au Ground Zero, cet endroit qui nous parle si puissamment du mystère du mal. Cependant, nous savons
avec assurance que le mal n’a jamais le dernier mot, et que, dans le plan miséricordieux de
Dieu, l’amour et la paix triomphent de tout.Capture d’écran 2015-09-27 à 19.27.07

Monsieur le Vice-Président, je vous prie de renouveler ma gratitude au Président Obama et aux Membres du Congrès, avec l’assurance de mes prières pour le peuple américain. Ce pays a été béni à travers d’immenses dons et opportunités. Je prie pour que vous puissiez tous être de bons et généreux intendants des ressources humaines et matérielles qui vous ont été confiées.

Je remercie le Seigneur d’avoir pu expérimenter la foi du peuple de Dieu dans ce pays, manifestée dans nos moments de prière commune et exprimée dans de si nombreuses œuvres de charité. Jésus déclare dans les Ecritures : ‘‘Vraiment, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’’. Votre sollicitude envers moi et votre généreux accueil sont le signe de votre amour pour Jésus et de votre foi en lui. Il en est de même de votre sollicitude envers les pauvres, les malades, les sans-abri et les migrants, de votre défense de la vie à toutes ses étapes, et de votre souci de la vie familiale. Dans tout cela, vous reconnaissez que Jésus est au milieu de vous et que votre sollicitude les uns pour les autres est sollicitude pour Jésus lui-même.

En prenant congé, je vous demande tous, surtout aux volontaires et aux bienfaiteurs qui ont apporté une contribution pour la Rencontre Mondiale des Familles : ne laissez pas votre enthousiasme pour Jésus, pour l’Eglise, pour nos familles, et pour la famille plus grande de la société se dessécher. Puissent nos jours passés ensemble porter du fruit qui dure, une générosité et une sollicitude pour les autres qui perdurent ! Tout comme nous avons reçu beaucoup de Dieu – des dons librement accordés, et non pas issus de notre propre effort – de la même manière donnons librement aux autres en retour.

Chers amis, je vous embrasse tous dans le Seigneur et je vous confie à la maternelle protection de Marie Immaculée, Patronne des Etats-Unis. Je prierai pour vous et pour vos familles, et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi. Que Dieu vous bénisse tous ! Que Dieu bénisse l’Amérique !

Homélie du pape François lors de la Messe au Benjamin Franklin Parkway

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Vous trouverez le texte intégral de l’homélie du pape François lors de la Messe de clôture de la Rencontre Mondiale des Familles sur l’Avenue Benjamin Franklin, Philadelphie (dimanche 27 septembre 2015). Le Pape s’est exprimé à plusieurs reprises spontanément. Ce texte est donc sujet à certaines modifications.

Aujourd’hui, la parole de Dieu nous surprend par des images puissantes et provocantes incitant à la réflexion. Des images qui nous lancent un défi, mais aussi attisent notre enthousiasme.

Dans la première lecture, Josué dit à Moïse que deux membres du peuple prophétisent, annoncent la parole de Dieu, sans mandat. Dans l’Evangile, Jean dit à Jésus que les disciples avaient empêché quelqu’un de chasser les mauvais esprits au nom de Jésus. Voici la surprise : tous deux, Moïse et Jésus ont réprimandé ces proches pour leur étroitesse d’esprit ! Puissent tous ceux-là être des prophètes de la parole de Dieu ! Puisse chacun accomplir des miracles au nom du Seigneur !

Jésus a rencontré l’hostilité de la part de personnes qui n’ont pas accepté ce qu’il a dit et fait. Pour ceux-là, son ouverture, à la fois honnête et sincère, de nombreux hommes et femmes qui ne faisaient pas partie du peuple de Dieu choisi, semblait intolérable. Les disciples, de leur côté, ont agi de bonne foi. Mais la tentation d’être scandalisé par la liberté de Dieu, qui fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes (cf. Mt 5, 45), en contournant la bureaucratie, les cerclesCapture d’écran 2015-09-27 à 16.27.54 administratifs et restreints, menace l’authenticité de la foi. Par conséquent, cela doit être vigoureusement rejeté.

Une fois que nous réalisons cela, nous pouvons comprendre pourquoi les paroles de Jésus sur le fait de provoquer ‘‘scandale’’ sont si dures. Pour Jésus, le vrai scandale ‘‘intolérable’’ consiste en tout ce qui rompt et détruit notre confiance dans l’œuvre de l’Esprit !

Notre Père ne se laissera pas vaincre en générosité et il continue de répandre des semences. Il répand des semences de sa présence dans notre monde, car l’amour consiste en ceci : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu mais, mais c’est lui qui nous a aimés en premier lieu (cf. 1Jn 4, 10). Cet amour nous donne une profonde certitude : nous sommes désirés par Dieu ; il nous attend. C’est cette confiance qui fait que les disciples encouragent, soutiennent et entretiennent les bonnes choses arrivant tout autour d’eux. Dieu veut que tous ses enfants prennent part au festin de l’Evangile. Jésus dit : ‘‘N’entravez rien qui soit bon, au contraire aidez-le à croître !’’. Emettre des doutes sur l’œuvre de l’Esprit, donner l’impression qu’il ne peut trouver place en ceux qui ne ‘‘font pas partie de notre groupe’’, qui ne sont pas ‘‘comme nous’’, est une tentation dangereuse. Non seulement cela bloque la conversion à la foi, mais aussi c’est une perversion de la foi.

La foi ouvre une ‘‘fenêtre’’ à la présence et à l’œuvre de l’Esprit. Elle nous montre que, comme le bonheur, la sainteté est toujours liée à de petits gestes. Quiconque vous donne un verre d’eau en mon nom ne restera pas sans récompense, a dit Jésus (cf. Mc 9, 41). Ces petits gestes sont ceux que nous apprenons à la maison, en famille ; ils se perdent dans toutes les autres choses que nous faisons, cependant ils rendent chaque jour différent. Ce sont les simples choses faites par les mères et les grands-mères, par les pères et les grands-pères, par les enfants. Ce sont les petits signes de tendresse, d’affection et de compassion. Comme la soupe chaude que nous attendons avec impatience la nuit, ou bien le petit déjeuner attendant quelqu’un qui se lève tôt pour aller au travail. Des gestes familiers. Comme une bénédiction avant d’aller au lit, ou bien une étreinte à notre retour après une dure journée de travail. L’amour se montre par de petites choses, par l’attention aux petits signes quotidiens qui font que nous nous sentons chez nous. La foi grandit lorsqu’elle est vécue et avivée par l’amour. Voilà pourquoi nos familles, nos maisons, sont de vraies Eglises domestiques. Elles sont le lieu approprié pour que la foi devienne vie, et que la vie devienne foi.

Jésus nous dit de ne pas entraver ces petits miracles. Au contraire, il veut que nous les encouragions, que nous les diffusions. Il nous demande de vivre la vie, notre vie quotidienne, en encourageant tous ces petits signes d’amour comme des signes de sa propre vie et de sa présence agissante dans notre monde.

Alors, nous pourrions nous demander : comment essayons-nous de vivre de cette manière dans nos maisons, dans nos sociétés ? Quel genre de monde voulons-nous laisser à nos enfants (cf. Laudato Si’, n. 160) ? Nous ne pouvons pas répondre à ces questions seuls, par nous-mêmes. C’est l’Esprit qui nous lance le défi de répondre en tant que membres de cette grande famille humaine. Notre maison commune ne peut plus tolérer des divisions stériles. Le défi urgent de sauvegarde de notre maison inclut l’effort de réunir la famille humaine tout entière dans la recherche d’un développement intégral et durable, car nous savons que les choses peuvent changer (cf. Ibid, n. 13). Puissent nos enfants trouver en nous des modèles et des incitations à la communion !  Puissent nos enfants trouver en nous des hommes et des femmes capables de se joindre à d’autres pour faire fleurir toutes les bonnes semences que le Père a plantées.

Sèchement, mais avec affection, Jésus nous dit : « Si vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11, 13). Que de sagesse dans ces quelques paroles ! Certes, en ce qui concerne la bonté et la pureté de cœur, nous les hommes, nous n’avons beaucoup pas à faire valoir ! Mais Jésus sait que, quand il s’agit des enfants, nous sommes capables d’une générosité Capture d’écran 2015-09-27 à 16.28.15sans bornes. Ainsi, il nous rassure : si seulement nous avions la foi, le Père nous donnerait son Esprit.

Nous les chrétiens, disciples du Seigneur, nous demandons aux familles du monde de nous aider ! Combien sommes-nous ici à cette célébration ! Cela même est prophétique, une sorte de miracle dans le monde d’aujourd’hui. Puissions-nous être tous des prophètes ! Puissions-nous tous être ouverts aux miracles de l’amour pour toutes les familles du monde, et ainsi vaincre le scandale de l’amour étroit, mesquin, enfermé sur lui-même, impatient envers les autres.

Et qu’il serait beau si, partout, même au-delà de nos frontières, nous pouvions apprécier et encourager cette prophétie et ce miracle ! Nous renouvelons notre foi dans la parole du Seigneur qui invite les familles croyantes à cette ouverture. Elle invite tous ceux qui veulent partager la prophétie de l’alliance entre l’homme et de la femme, qui donne vie et révèle Dieu !

Quiconque veut fonder dans ce monde une famille qui enseigne aux enfants à être enthousiasmés par chaque geste visant à vaincre le mal – une famille qui montre que l’Esprit est vivant et à l’œuvre –  trouvera notre gratitude et notre appréciation. Quels que soient la famille, le peuple, la région ou la religion auxquels il appartient.

Puisse Dieu accorder à nous tous, en tant que disciples du Seigneur, la grâce d’être dignes de cette pureté de cœur qui n’est pas scandalisée par l’Evangile !

Discours du pape François à la prison Curran-Fromhold

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Vous trouvez ci-dessous le texte intégral du discours du pape François lors de la visite avec les détenus de la prison Curran-Fromhold (27 septembre 2015)

Chers frères et sœurs,

Je vous remercie de me recevoir et de m’offrir l’occasion d’être ici avec vous et de partager ces moments de vos vies. C’est un temps difficile, un temps de luttes. Je sais que c’est un temps douloureux non seulement pour vous, mais pour vos familles et pour toute la société. Toute société, toute famille, qui ne peut pas partager ou prendre au sérieux la peine de ses enfants, et voit cette peine comme une chose normale ou bien prévisible, est une société ‘‘condamnée’’ à demeurer otage d’elle-même, proie de tout ce qui provoque cette peine.

Je suis ici en tant que pasteur, mais avant tout comme un frère, pour partager votre situation et la faire mienne. Je suis venu pour que nous puissions prier ensemble et offrir à notre Dieu tout ce qui nous cause de la peine, mais aussi tout ce qui nous donne de l’espérance, afin que nous puissions recevoir de lui la puissance de la résurrection.

Je pense à la scène de l’Evangile où Jésus lave les pieds de ses disciples lors de la dernière Cène. C’était quelque chose que ses disciples ont eu du mal à accepter. Même Pierre a refusé, et lui a dit : ‘‘Tu ne me laveras pas les pieds’’ (Jn 13, 8).

A cette époque, c’était la coutume de laver les pieds aux gens lorsqu’ils arrivaient chez vous. C’était la façon d’accueillir les hôtes. Les routes n’étaient pas pavées, elles étaient couvertes de poussière, et de petites pierres pouvaient se coincer dans vos sandales. Tout le monde empruntait ces routes, qui couvraient de poussière les pieds, meurtris ou blessés par les pierres. Voilà pourquoi vous voyez Jésus laver les pieds, nos pieds, les pieds de ses disciples, en son Capture d’écran 2015-09-27 à 10.51.38temps et maintenant.

La vie est un voyage, au long de différentes routes, de différents chemins, qui laissent leurs marques sur nous.

Nous savons dans la foi que Jésus va à notre recherche. Il veut guérir nos blessures, soulager nos pieds meurtris en voyageant seuls, laver chacun de nous de la poussière de notre voyage. Il ne nous demande pas où nous avons été, il ne nous pose pas de questions sur ce que nous avons fait. Plutôt, il nous dit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi » (Jn 13, 8). Si je ne lave pas tes pieds, je ne serai pas en mesure de te donner la vie dont le Père a toujours rêvé, la vie pour laquelle il t’a créé. Jésus vient nous rencontrer, pour pouvoir restaurer notre dignité d’enfants de Dieu. Il veut nous aider à nous rétablir, à reprendre notre route, à retrouver l’espérance, à restaurer notre foi et notre confiance. Il veut que nous continuions à marcher au long des sentiers de la vie, à réaliser que nous avons une mission, et que l’enfermement n’est pas la même chose que l’exclusion.

La vie, c’est ‘‘avoir les pieds sales’’ à cause de la poussière des routes de la vie et de l’histoire. Tous, nous avons besoin d’être nettoyés, d’être lavés. Tous, nous sommes recherchés par le Maître, qui veut nous aider à reprendre le voyage. Le Seigneur va à notre recherche ; il étend une main secourable à nous tous.

Cela fait mal de voir les systèmes carcéraux qui ne se préoccupent pas de soigner les blessures, de soulager la peine, d’offrir de nouvelles possibilités. Cela fait mal de voir des personnes qui pensent que ce sont seulement les autres qui ont besoin d’être nettoyés, purifiés, et qui ne reconnaissent pas que leur épuisement, leur peine et leurs blessures sont aussi l’épuisement, la peine et les blessures de la société. Le Seigneur nous le dit clairement par un signe : il lave nos Capture d’écran 2015-09-27 à 10.51.31pieds en sorte que nous puissions revenir à table. La table de laquelle il ne veut que personne soit exclu. La table qui est dressée pour tous et à laquelle nous sommes tous invités.

Ce temps dans votre vie peut seulement avoir un objectif : vous tendre la main pour retourner sur le bon chemin, vous tendre la main pour vous aider à rejoindre la société. Nous sommes tous partie intégrante de cet effort, nous sommes tous invités à encourager, à aider et à rendre possible votre réhabilitation. Une réhabilitation que chacun cherche et désire : les détenus et leurs familles, les autorités carcérales, les programmes sociaux et éducatifs. Une réhabilitation qui bénéficie à la morale de la communauté entière et l’élève.

Jésus nous invite à partager son destin, sa façon de vivre et d’agir. Il nous enseigne à voir le monde à travers son regard. Un regard qui n’est pas scandalisé par la poussière ramassée au long du chemin, mais qui veut nettoyer, guérir et restaurer. Il nous demande de créer de nouvelles opportunités : pour les détenus, pour leurs familles, pour les autorités carcérales et
pour la société tout entière.

Je vous encourage à avoir cette attitude les uns envers les autres et envers tous ceux qui d’une façon ou d’une autre font partie de cette institution. Puissiez-vous rendre possibles de nouvelles opportunités, de nouveaux parcours, de nouveaux chemins.

Nous avons tous quelque chose dont nous devons être lavés, ou bien purifiés. Puisse la reconnaissance de ce fait nous inspirer à vivre dans la solidarité, à nous soutenir les uns les autres et à rechercher le meilleur pour les autres.

Regardons Jésus, qui lave nos pieds. Il est « le chemin, la vérité et la vie ». Il vient nous sauver du mensonge selon lequel personne ne peut changer. Il nous aide à parcourir les sentiers de la vie et de l’épanouissement. Puissent la puissance de son amour et sa résurrection être toujours un chemin qui vous conduit à une nouvelle vie.

Allocution du pape François lors de la fête des familles à Philadelphie

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Vous trouverez ci-dessous la traduction officielle du Vatican du discours du pape François lors de la fête des familles à Philadelphie sur l’Avenue Benjamin Franklin (26 septembre 2015). Notez que le Saint-Père s’est adressé spontanément à plusieurs reprises durant son allocution. Cette version est donc sujette à certaines modifications.

Chers frères et sœurs,
Chères familles,

Merci à ceux qui ont donné un témoignage. Merci à ceux qui  nous ont réjouis par l’art, par la beauté, qui est le chemin pour rejoindre Dieu. La beauté nous conduit à Dieu. Et un témoignage vrai nous conduit à Dieu, parce que Dieu est aussi la vérité. Il est la beauté et il est la vérité. Et un témoignage donné pour servir est bon, il nous rend bons, car Dieu est bonté. Il nous conduit à Dieu. Tout ce qui est bon, tout ce qui est vrai et tout ce qui beau nous conduit à Dieu. Car Dieu est bon, Dieu est beau, Dieu est vérité.

Merci à vous tous. A ceux qui ont livré un message ici et merci pour votre présence, qui est aussi un témoignage. Un vrai témoignage que la vie en famille vaut la peine. Qu’une société devient forte, croît dans la beauté et croît dans la vérité si elle s’édifie sur la base de la famille.

Un jour, un jeune m’a demandé – vous savez que les jeunes posent des questions difficiles -, il m’a demandé : ‘‘Père, que faisait Dieu avant de créer le monde ?’’. Je vous assure qu’il a été difficile pour moi de répondre. Et je lui ai dit ce que je vous dis maintenant : avant de créer le monde, Dieu aimait, parce que Dieu est amour, mais l’amour qu’il avait en lui-même était tel, cet amour entre le Père et le Fils, dans l’Esprit-Saint, était si grand, si débordant – je ne sais pas si c’est très théologique, mais vous le comprendrez – cet amour était si grand qu’il ne pouvait pas être égoïste. Il devait sortir de lui-même pour avoir quelqu’un à aimer hors de lui-même. Et là, Dieu a créé le monde. Là, Dieu a créé cette merveille dans laquelle nous vivons. Et que, comme nous sommes un peu étourdis, nous sommes en train de la détruire. Mais le plus beau que Dieu ait fait – a dit la Bible – a été la famille. Il a créé l’homme et la femme. Et il leur a tout confié. Il leur a confié le monde : ‘‘Croissez et multipliez-vous, cultivez la terre, faites-la fructifier, faites-la croître’’. Tout l’amour qu’il a mis dans cette Création merveilleuse, il l’a confié à une famille.

Retournons un peu en arrière. Tout l’amour que Dieu a en lui-même, toute la beauté que Dieu a en lui-même, toute la vérité que Dieu a en lui-même, il donne tout cela à la famille. Et une famille est vraiment famille lorsqu’elle est capable d’ouvrir les bras et de recevoir tout cet amour. Évidemment, le paradis terrestre n’est plus ici, il y a les problèmes de la vie, les hommes – par l’astuce du démon – ont appris à se diviser. Et tout cet amour que Dieu nous a donné, se perd presque. Et en peu de temps, le premier crime, le premier fratricide. Un frère tue son frère : la guerre. L’amour, la beauté et la vérité de Dieu, et la destruction de la guerre. Et entre ces deux positions, nous marchons aujourd’hui. Il nous revient de choisir, il nous revient de décider du chemin à suivre.

Mais, retournons en arrière. Quand l’homme et son épouse se sont trompés et se sont éloignés de Dieu, Dieu ne les pas abandonnés. Un amour si grand ! Un amour si grand que Dieu a commencé à cheminer avec l’humanité, il a commencé à cheminer avec son peuple, jusqu’à ce qu’arrive le moment approprié et il lui a donné la preuve d’amour plus grande : Son Fils. Et Son Fils, où l’a-t-il envoyé ? Dans un palais, dans une ville, pour créer une entreprise ? Il l’a envoyé à une famille. Dieu est entré dans le monde par une famille. Et il a pu le faire parce que cette famille était une famille qui avait le cœur ouvert à l’amour, qui avait les portes ouvertes. Pensons à Marie, jeune fille ! Elle ne pouvait le croire : ‘‘Comment cela peut-il arriver ?’’ Et quand on le lui a expliqué, elle a obéi. Pensons à Joseph, rêvant de former un foyer, et il se trouve devant cette surprise qu’il ne comprend pas. Il accepte, il obéit. Et dans l’obéissance par amour de cette femme, Marie, et de cet homme, Joseph, se forme une famille dans laquelle Dieu vient. Dieu frappe toujours aux portes des cœurs. Il aime à le faire. Cela lui vient du cœur. Mais savez-vous ce qu’il aime le plus ? Frapper aux portes des familles. Et trouver les familles unies, trouver les familles qui s’aiment, trouver les familles qui aident leurs enfants à grandir et les éduquent, et qui les font progresser, et qui créent une société de bonté, de vérité et de beauté.

Nous sommes à la fête des familles. La famille a droit de cité divin. Est-ce clair ? Le droit de cité que possède la famille, Dieu le lui a donné pour qu’en son sein croissent toujours plus la vérité, l’amour et la beauté. Bien sûr, certains d’entre vous peuvent me dire : ‘‘Père, vous parlez ainsi parce que vous êtes célibataire’’. Dans la famille, il y a des difficultés. Dans les familles, nous discutons. Dans les familles, parfois il y a de la bagarre. Dans les familles, les enfants provoquent des maux de tête. Je ne parlerai pas des belles-mères. Mais dans les familles, toujours, toujours, il y a la croix. Toujours. Car, l’amour de Dieu, le Fils de Dieu nous ont ouvert aussi ce chemin. Mais dans les familles, après la croix, il y a aussi la résurrection, car le Fils de Dieu nous a ouvert ce chemin. C’est pourquoi, la famille est – excusez le mot – une usine d’espérance, d’espérance de vie et de résurrection, car Dieu a été celui qui a ouvert ce chemin. Et les enfants. Les enfants donnent du travail. En tant qu’enfants, nous donnons du travail. Parfois, à la maison, je vois certains de mes collaborateurs qui viennent au travail, le yeux cernés. Ils ont un bébé d’un mois, de deux mois. Et je leur demande : ‘‘N’as-tu pas dormi ?’’ ? Et : ‘‘Non, il a pleuré toute la nuit’’. En famille, il y des difficultés, mais ces difficultés se surmontent par l’amour. La haine ne surmonte aucune difficulté. La division des cœurs ne surmonte aucune difficulté. Seul l’amour est capable de surmonter la difficulté. L’amour est fête, l’amour est joie, l’amour, c’est aller de l’avant.

Et je ne veux pas continuer de parler, car cela devient trop long, mais je voudrais souligner deux petits points de la famille auxquels je voudrais que vous consacriez une attention spéciale. Je ne voudrais pas seulement. Nous devons y faire spécialement attention. Les enfants et les grands-parents. Les enfants et les jeunes sont l’avenir, ils constituent la force, ceux qui font progresser. C’est en eux que nous mettons notre espérance. Les grands-parents sont la mémoire de la famille. Ce sont eux qui nous ont donné la foi, nous ont transmis la foi. Prendre soin des grands-parents et prendre soin des enfants sont preuve d’amour, je ne sais si [c’est une preuve ] plus grande, mais – je dirais – plus prometteuse de la famille, car elle promet l’avenir. Un peuple qui ne sait pas prendre soin des enfants et un peuple qui ne sait pas protéger les grands-parents est un peuple sans avenir, car il n’a ni la force ni la mémoire qui font progresser. Et bon, la famille est belle, mais elle a un prix, elle comporte des problèmes. En famille, parfois, il y a des inimitiés. Le mari se querelle avec la femme, ou bien ils ne sont pas en bons termes entre eux ni les enfants avec leur père. Je vous donne un conseil : ne terminez jamais une journée sans faire la paix en famille. En famille, on ne peut terminer la journée en guerre. Que Dieu vous bénisse ! Que Dieu vous donne la force ! Que Dieu vous encourage à aller de l’avant ! Protégeons la famille ! Défendons la famille, car là se joue notre avenir. Merci ! Que Dieu vous bénisse et priez pour moi, s’il vous plaît !

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Discours du pape François lors de la rencontre pour la liberté religieuse

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Vous trouvez ci-dessous le discours de Sa Sainteté le Pape François lors de la rencontre pour la liberté religieuse Salle de l’indépendance, Philadelphie (samedi, 26 septembre 2015)

Chers amis,

L’un des points de ma visite est ici, devant l’Indépendance Hall, le lieu de naissance des Etats-Unis d’Amérique. C’est ici que les libertés qui définissent ce pays ont été d’abord proclamées. La Déclaration de l’Indépendance a affirmé que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables, et que les gouvernements existent pour protéger et défendre ces droits. Ces paroles vibrantes continuent de nous inspirer aujourd’hui, tout comme elles ont inspiré d’autres peuples de par le monde afin de combattre pour la liberté de vivre conformément à leur dignité.

Mais l’histoire montre aussi que ces vérités, comme toute vérité, doit être constamment réaffirmée, réappropriée et défendue. L’histoire de cette nation est aussi celle d’un effort constant, jusqu’à nos jours, pour donner corps à ces hauts principes dans la vie sociale et politique. Nous nous souvenons des grandes luttes qui ont conduit à l’abolition de l’esclavage, à l’extension du droit de vote, à la croissance du mouvement des travailleurs, et à l’effort progressif pour éliminer toute forme de racisme et de préjudice dirigés contre les vagues successives de nouveaux américains. Cela montre que, lorsqu’un pays est déterminé à demeurer fidèle à ses principes fondateurs, basés sur le respect de la dignité humaine, il en devient plus fort et est renouvelé.

Nous tous, nous gagnons à nous souvenir de notre passé. Un peuple qui se souvient ne répète pas les erreurs du passé ; au contraire, il regarde, confiant, les défis du présent et de l’avenir. Le souvenir sauve l’âme d’un peuple de tout ce que ou de tous ceux qui pourraient tenter de la dominer ou de l’utiliser pour leurs intérêts. Lorsque l’exercice effectif de leurs droits est garanti aux individus et aux communautés, ils ne sont pas seulement libres de réaliser leur potentiel, mais aussi ils contribuent aussi au bien-être et à l’enrichissement de la société.Capture d’écran 2015-09-26 à 16.49.34

En ce lieu, qui est un symbole de l’esprit américain, je voudrais réfléchir avec vous sur le droit à la liberté religieuse. Il est un droit fondamental qui forge la façon dont nous interagissons socialement et personnellement avec nos voisins dont les visions religieuses diffèrent de la nôtre.

La liberté religieuse signifie certainement le droit d’adorer Dieu, individuellement et en communauté, comme notre conscience le dicte. Mais la liberté religieuse, par sa nature, transcende les lieux de culte ainsi que la sphère des individus et des familles.

Nos diverses traditions religieuses servent en premier lieu la société par le message qu’elles proclament. Elles appellent les individus et les communautés à adorer Dieu, la source de toute vie, de la liberté et du bonheur. Elles nous rappellent la dimension transcendante de l’existence humaine et notre irréductible liberté face à toute prétention de pouvoir absolu. Mais il nous faut jeter un regard sur l’histoire, spécialement sur l’histoire du siècle dernier, pour voir les atrocités perpétrées par les systèmes qui prétendaient bâtir l’un ou l’autre ‘‘paradis terrestre’’ en dominant des peuples, en les asservissant à des principes apparemment irrécusables et en leur déniant toute espèce de droit. Nos riches traditions religieuses cherchent à offrir signification ainsi que direction, «et ont une force de motivation qui ouvre toujours de nouveaux horizons, stimule la pensée et fait grandir l’intelligence et la sensibilité” (Evangelii Gaudium, n. 256). Elles appellent à la conversion, à la réconciliation, au souci de l’avenir de la société, au sacrifice de soi dans le service du bien commun, et à la compassion pour ceux qui sont dans le besoin. Au cœur de leur mission spirituelle, se trouve la proclamation de la vérité et de la dignité de la personne humaine ainsi que des droits humains.

Nos traditions religieuses nous rappellent que, comme êtres humains, nous sommes appelés à reconnaître l’autre/l’Autre qui révèle notre identité relationnelle face à toute tentative visant « une uniformité que l’égoïsme du fort, le conformisme du faible, ou bien l’idéologie de l’utopiste pourraient chercher à nous imposer » (M. de Certeau).

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Texte de la prière lors de la rencontre interreligieuse au mémorial de Ground Zero, New York

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O Dieu de l’Amour, de la compassion et de la réconciliation, tourne ton regard vers nous, peuple aux nombreuses fois et aux traditions différentes, qui sommes réunis en ce lieu aujourd’hui, scénario de souffrance et de douleur incroyables.

Nous te demandons dans ta bonté de concéder la lumière et la paix éternelle à tous ceux qui sont morts ici. Les premiers secouristes héroïques, les pompiers, les agents de police, le personnel des services d’urgence et de la capitainerie du port, ainsi que tant d’hommes et de femmes innocents victimes de cette tragédie uniquement parce que leur travail et leur service les a conduits ici le 11 septembre 2001.

Nous te demandons, dans ta compassion, de guérir ceux qui à cause de leur présence ici en ce jour, souffrent de lésions ou de maladies. Guéris aussi la souffrance des familles encore enCapture d’écran 2015-09-25 à 11.45.23 deuil, et de ceux qui ont perdu des êtres chers dans cette tragédie.

Concède leur la force de continuer à vivre avec courage et espérance.

Souvenons-nous aussi de ceux qui ont trouvé la mort, des blessés et de ceux qui ont perdu leurs proches le même jour au Pentagone et à Shanksville, en Pennsylvanie.

Nos cœurs s’unissent aux leurs tandis que notre prière embrasse leur douleur et leur souffrance.

Dieu de la paix, porte ta paix dans notre monde violent : Paix dans le cœur de tous les hommes et les femmes et paix entre les nations de la terre. Conduis sur le chemin de ton amour, ceux qui ont le cœur et l’esprit consumé par la haine.

Dieu de la compréhension, dépassés par la dimension immense de cette tragédie, cherchons ta lumière et ton chemin tandis que nous sommes face à des évènements aussi terribles. Concèdes à ceux dont la vie a été épargnée de pouvoir vivre et faire en sorte que les vies perdues ne l’aient pas été en vain.

Conforte nous et console nous,  renforce nous dans l’espérance et concède nous la sagesse et le courage de travailler sans relâche pour un monde, où la paix et l’amour authentique règne entre les nations et dans le cœur de tous.

Allocution du pape François au personnel de l’ONU

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Vous trouvez ci-dessous l’adresse du Pape François au Personnel du Quartier général de l’Organisation des Nations Unies, New York. Vendredi, 25 septembre 2015

Chers amis,

À l’occasion de ma visite aux Nations Unies, je suis heureux de vous rencontrer, vous les hommes et les femmes qui êtes, de maintes manières, la colonne vertébrale de cette Organisation. Je vous remercie pour votre accueil, et je suis reconnaissant pour tout ce que vous avez fait afin de préparer ma visite. Je voudrais vous demander aussi de transmettre mes salutations aux membres de vos familles et à vos collègues qui n’ont pas pu être avec nous aujourd’hui.

La majeure partie du travail fait ici n’est pas du genre à faire les nouvelles. Derrière la scène, vos efforts quotidiens rendent possibles beaucoup d’initiatives diplomatiques, culturelles, économiques et politiques des Nations Unies, qui sont si importantes pour satisfaire l’espoir et les attentes des peuples qui composent notre famille humaine. Vous êtes des experts et des personnes de terrain expérimentées, des officiels et des secrétaires, des traducteurs et des interprètes, des agents d’entretien et des cuisiniers, personnel de maintenance et de sécurité. Capture d’écran 2015-09-25 à 08.30.25

Merci pour tout ce que vous faites !

Votre travail discret et dévoué non seulement contribue à l’amélioration des Nations Unies, mais a aussi une grande portée pour vous personnellement. Car la façon dont nous travaillons exprime notre dignité et le genre de personne que nous sommes.

Beaucoup d’entre vous sont venus dans cette ville, de pays du monde entier. Comme tels, vous constituez un microcosme des peuples que cette Organisation représente et cherche à servir. Comme tant d’autres personnes à travers le monde, vous êtes préoccupés par le bien-être et l’éducation de vos enfants. Vous portez le souci de l’avenir de notre planète, et du genre de monde que nous allons laisser aux futures générations. Mais aujourd’hui, et chaque jour, je voudrais demander à chacun de vous, quelle que soit sa capacité, de prendre soin l’un de l’autre. Soyez proches les uns des autres, respectez-vous les uns les autres, et donnez ainsi corps entre vous à l’idéal de cette Organisation d’une famille humaine unie, vivant en harmonie, travaillant non seulement pour la paix, mais dans la paix ; travaillant non seulement pour la justice, mais dans un esprit de justice.

Chers amis, je bénis chacun de vous du fond du cœur. Je prierai pour vous et pour vos familles, et je demande à chacun de vous, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi. Et si certains d’entre vous n’étaient pas croyants, je leur demande de me souhaiter du bien. Que Dieu vous bénisse tous !

Merci.

Discours du pape François au Congrès des États-Unis

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Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François lors de la Session conjointe du Congrès des États-Unis.

Monsieur le Vice-Président,
Monsieur le Président,
Honorables Membres du Congrès,
Chers amis,

Je suis très reconnaissant pour votre invitation à m’adresser à cette Session conjointe du Congrès dans « le pays des hommes libres et dans la maison des hommes courageux ». Je crois que la raison de cette invitation est que, moi aussi, je suis fils de ce grand continent, dont nous avons tous tant reçu et vis-à-vis duquel nous partageons une responsabilité commune.

Chaque fils ou fille d’un pays a une mission, une responsabilité personnelle et sociale. Votre responsabilité en tant que membres du Congrès est de permettre à ce pays, à travers votre activité législative, de prospérer en tant que nation. Vous êtes le visage de ce peuple, ses représentants. Vous êtes appelés à défendre et à préserver la dignité de vos concitoyens dans la recherche inlassable et exigeante du bien commun, car c’est le principal objectif de toute politique. Une société politique perdure, si elle cherche, comme vocation, à satisfaire les besoins communs en stimulant la croissance de tous ses membres, spécialement ceux qui sont en Capture d’écran 2015-09-24 à 10.33.28situation de plus grande vulnérabilité ou de risque. L’activité législative est toujours fondée sur la protection du peuple. C’est à cela que vous avez été invités, appelés et convoqués par ceux qui vous ont élus.

Votre tâche est un travail qui m’inspire une double réflexion sur la figure de Moïse. D’une part, le patriarche et législateur du peuple d’Israël symbolise le besoin des peuples de maintenir vivant leur sens d’unité au moyen d’une juste législation. D’autre part, la figure de Moïse nous conduit directement à Dieu et ainsi à la dignité transcendante de l’être humain. Moïse nous donne une bonne synthèse de votre travail : vous êtes chargés de protéger, à travers la loi, l’image et la ressemblance de Dieu façonnées en chaque visage humain.

Aujourd’hui, je ne voudrais pas seulement m’adresser à vous, mais à travers vous, au peuple des Etats-Unis tout entier. Ici, avec ses représentants, je voudrais saisir cette occasion pour dialoguer avec les milliers d’hommes et de femmes qui s’efforcent chaque jour d’accomplir un honnête travail, pour apporter à la maison le pain quotidien, pour épargner de l’argent et – étape par étape – bâtir une vie meilleure pour leurs familles. Ce sont des hommes et des femmes qui ne sont pas concernés simplement par le paiement de leurs impôts, mais qui,  individuellement, de façon discrète, soutiennent la vie de la société. Ils génèrent la solidarité par leurs actions, et ils créent des organisations qui tendent une main secourable à ceux qui sont le plus dans le besoin.

Je voudrais aussi entrer en dialogue avec les nombreuses personnes âgées qui sont un dépôt de sagesse forgée par l’expérience, et qui cherchent de diverses façons, spécialement à travers le travail bénévole, à partager leurs histoires et leurs visions. Je sais que beaucoup d’entre elles, bien qu’étant à la retraite, sont encore actives ; elles continuent de travailler pour  construire ce pays. Je voudrais aussi dialoguer avec tous les jeunes qui travaillent pour réaliser leurs grandes et nobles aspirations, et qui ne se laissent pas séduire par la facilité. Ces jeunes affrontent des situations difficiles, résultant souvent de l’immaturité de beaucoup d’adultes. Je voudrais dialoguer avec vous tous, et je voudrais le faire à travers la mémoire historique de votre peuple.

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Déclaration de la CECC sur la question de l’aide au suicide

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Déclaration émise par l’Assemblée plénière 2015 de la Conférence des évêques catholiques du Canada 

Hier, nous nous sommes retrouvés à l’Oratoire Saint-Joseph de Montréal pour célébrer l’Année de la vie consacrée. L’Oratoire est un lieu de prière spéciale, inspiré par le montréalais saint Frère André Bessette qui offrait espoir et guérison aux personnes dans le besoin. L’Oratoire rend hommage à Joseph, époux de Marie, mère de Jésus. Nous vénérons saint Joseph comme patron du Canada, et aussi comme patron de la bonne mort parce que Jésus et Marie étaient à ses côtés et l’ont réconforté dans les derniers moments de sa vie. Là, dans ce sanctuaire, où plusieurs ont trouvé réconfort et guérison, nous avons rendu grâce pour les milliers d’hommes et de femmes de partout au pays qui ont donné leur vie pour leurs frères et leurs sœurs par la prière, les soins de santé, l’éducation, et par d’autres formes de service et de solidarité avec les pauvres et les marginalisés.

Touchés par leur générosité exemplaire, et la façon dont ils ont protégé et promu la dignité humaine dans les nombreux secteurs de notre société, nous affirmons la longue tradition de notre pays de prendre soin des malades et des vulnérables. Nous ne pouvons pas nous retenir d’exprimer notre indignation devant la décision de la Cour suprême du Canada de créer un nouveau « droit constitutionnel » au Canada, le prétendu « droit » au suicide. Nous ne pouvons taire notre profonde consternation et déception, ni notre plein désaccord avec la décision de la Cour. Le jugement légaliserait un geste qui, depuis les temps immémoriaux, a été jugé immoral : celui d’enlever une vie innocente. De plus, il met à risque la vie des personnes vulnérables, déprimées, celles souffrant de maladie physique ou mentale, et celles ayant un handicap.

Devant la terrible souffrance que peut engendrer la maladie ou la dépression, la vraie réponse humaine devrait être de soigner, et non de tuer. Dans la même veine, la réponse à l’angoisse et à la peur qu’éprouvent les gens à la fin de la vie c’est de les accompagner, de leur offrir des soins palliatifs, et non de causer leur mort intentionnellement. Les besoins en soins palliatifs devraient préoccuper au plus haut point notre pays et ses institutions. Voilà où nos élus devraient diriger leurs énergies et leurs efforts. Voilà pourquoi nous plaidons pour que des soins de longue durée, des soins à domicile et des soins palliatifs de grande qualité soient accessibles à tous les Canadiens et Canadiennes.

Au milieu d’une campagne électorale fédérale, le silence des candidats face à la question du suicide assisté nous étonne. C’est une question si fondamentale pour notre société et son avenir. Avons-nous perdu la capacité de débattre des questions profondes de la vie qui nous touchent tous? Nos politiciens ont-ils peur d’un mot mal placé, d’un message mal interprété ou de la fluctuation d’un sondage public? Nous exhortons les citoyens de notre pays de soulever ces questions de vie et de mort avec les candidats, de provoquer un vrai débat digne de notre grand pays.

Le délai d’un an prévu par la Cour suprême est beaucoup trop court pour que ce changement fondamental dans nos lois entre en vigueur. Nous exhortons le gouvernement qui sera élu le 19 octobre à invoquer la clause nonobstant et de prolonger ce délai à cinq ans. Si jamais une décision juridique devait justifier le recours à cette clause de notre constitution, c’est celle-ci. Nous devons nous donner le temps de réfléchir avant d’agir, de considérer sérieusement les conséquences de nos gestes avant de traiter de cette question cruciale et morale.

Par ailleurs, nous devons à tout prix défendre et protéger le droit de la conscience des hommes et des femmes engagés dans les professions aidantes. Exiger d’un médecin qu’il tue un patient est toujours inacceptable. C’est un affront à la conscience et à la vocation des travailleurs de la santé que de leur demander de collaborer à la mise à mort intentionnelle d’un patient, même en le référant à un collègue. Le respect que l’on doit à nos médecins à cet égard doit s’étendre à toute personne engagée dans les soins de santé et qui travaille dans les établissements de notre société.

À titre d’évêques catholiques, notre discours est animé par la raison, le dialogue éthique, nos convictions religieuses et notre respect profond de la dignité de la personne humaine. Notre position est inspirée par des milliers d’années de réflexions et par nos actions en tant que chrétiens à la suite de Jésus, qui a manifesté ce que veut dire aimer, servir et accompagner les autres. Sa réponse à la souffrance d’autrui a été de souffrir avec l’autre, non pas de le tuer. Lui-même a accueilli la souffrance dans sa vie comme un chemin de don, de générosité, de miséricorde. Il n’est pas nécessaire d’être croyant pour reconnaître en sa vie et en ses gestes un exemple insigne d’humanité. Les valeurs de Jésus de Nazareth sont à la base de notre position en ce qui concerne la question du suicide assisté. Le Canada n’a rien à craindre en faisant siennes ces valeurs profondément humaines et vivifiantes.

C’est dans cet esprit de collaboration pour bâtir une société plus compatissante, plus respectueuse de la dignité de la vie humaine, plus juste et plus généreuse que nous lançons ce cri du cœur. À l’exemple de l’humble témoignage du saint Frère André, nous invitons tous les Canadiens et Canadiennes à bâtir une société qui respecte la dignité de chaque personne. Puisse notre appel être écouté avec respect, attention et ouverture.

Les évêques catholiques du Canada
Le 18 septembre 2015

Échos du Vatican 15 septembre 2015

Retour dans cette émission sur l’appel du Pape en faveur des réfugiés, et sur la prochaine rencontre mondiale des familles à Philadelphie.

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