Homélie du cardinal André Vingt-Trois lors de la Messe pour les francophones à l’occasion de la Rencontre mondiale des familles à Philadelphie

 

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Mot d’accueil du cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris

Frères et Sœurs, nous jubilons et nous crions de joie au moment de célébrer cette eucharistie pour les francophones de ce grand rassemblement. Nos frères et évêques du Canada, du Bénin, et autres pays d’Afrique francophone participent à cette eucharistie, et des Français aussi…, quelques Français de Philadelphie profitent de cette occasion pour renouer avec les origines. Et nous accueillons avec joie aussi les téléspectateurs de KTO qui peuvent ainsi s’unir à notre démarche et à notre prière.

Lectures- Za 2,5-9.14-15a ; Jr 31,10-13 ; Lc 9,43b-45

 « Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant : le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. » (Lc 9, 44)

Frères et Sœurs,

Allons-nous avoir peur d’interroger Jésus sur cette parole, bien que, comme les disciples, nous n’en comprenions sans doute pas le centième car elle demeure voilée pour nous aussi ? Qu’est-ce qui est voilé dans cette parole ? Qu’est-ce que nous ne comprenons pas ? Dans l’évangile de saint Luc, cette parole vient à la suite d’un certain nombre de signes éclatants, comme la multiplication des pains, la confession de foi de Pierre, la transfiguration, la guérison d’un enfant habité par un esprit, toutes sortes de signes par lesquels Jésus manifeste sa puissance de Messie. Jésus réussit, il guérit, il attire les foules. « Tout le monde était dans l’admiration » (Lc 9,43). Mais voilà que Jésus rompt cet enthousiasme : « Ouvrez bien vos oreilles à ce que je vous dis maintenant : le Fils de l’homme va être Capture d’écran 2015-09-30 à 12.00.37livré aux mains des hommes » (Lc 9,44). Jésus annonce sa passion.

Il y a un tel décalage, un tel écart entre cette annonce de la passion et l’enthousiasme très spontané qui se manifeste autour de lui que les disciples ne comprennent pas. De quoi peut-il bien vouloir parler ? Peut-être que ce décalage et cet écart nous aident nous aussi à mieux comprendre combien nous sommes dépendants dans notre manière de comprendre les choses, de ce que nous appelons les signes positifs. Ces signes positifs, c’est ce qui nous convient, ce qui nous fait du bien et ce que nous cherchons très naturellement : que tout aille bien, que notre famille soit heureuse, que nous soyons en bonne santé, que les enfants suivent les traces des parents et
que tout le monde soit content…

Seulement, nous le savons par l’histoire de notre propre vie et par l’histoire de l’humanité autour de nous, cela ne se passe pas comme cela ! On n’est pas toujours en bonne santé, tout ne va pas toujours bien, on ne s’entend pas toujours bien ensemble, les enfants sont quelquefois plus coriaces qu’on ne le croyait et au bout du compte, on s’aperçoit qu’après avoir été bien élevés, bien chouchoutés, avec le catéchisme…, ils prennent une autre route et ils partent vers l’incroyance. Quelle tristesse ! Quelle douleur ! Alors, quelles sont les questions qui habitent le cœur des parents ? Que n’avons-nous pas fait ? Qu’a-t-on manqué ? Que n’avons-nous pas réussi à leur transmettre ? Avons-nous été défaillants ? Sommes-nous coupables ? Car pour nous, quand les choses vont mal, il faut forcément un coupable, et donc si ce n’est pas lui, c’est moi. Sommes-nous coupables ? C’est en ce sens que nous ne comprenons pas que l’histoire du Salut réalisé en Jésus-Christ passe par des périodes positives qui semblent toutes aller dans le même sens, puis par des périodes négatives qui semblent toutes aller en sens contraire. Mais à quoi allons-nous reconnaître les vrais croyants ? Les vrais disciples de Jésus vont commencer à comprendre petit à petit ce que cela veut dire que d’être livré aux mains des hommes, c’est-à-dire d’être soumis aux forces et aux puissances de l’histoire du monde indépendamment de nos désirs personnels. Ils vont comprendre que tout ce qu’ils souhaitent ne correspond pas forcément au chemin que le Christ emprunte et au chemin qu’il va suivre avec eux. C’est une rude leçon de réalisme. Nous savons par les évangiles qu’il faudra plusieurs événements capitaux et déterminants, comme l’agonie, qui sera le pendant de la transfiguration, la mort et la résurrection du Christ, l’apparition du Christ ressuscité, enfin la venue de l’Esprit Saint pour qu’enfin les yeux des disciples s’ouvrent et qu’ils commencent à percevoir le sens des paroles qu’ils avaient entendues.

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Message du pape François pour la 31e Journée mondiale de la jeunesse à Cracovie

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« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7)

Chers jeunes,

Nous voici arrivés à la dernière étape de notre pèlerinage vers Cracovie où, en juillet prochain,nous célébrerons ensemble les 21ème Journées Mondiales de la Jeunesse. Sur notre parcours, long et exigeant, nous sommes guidés par les paroles de Jésus tirées du “Discours sur la montagne”. Nous avons commencé ce voyage en 2014, en méditant ensemble sur la première Béatitude : « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux » (Mt 5, 3). En 2015, le thème a été : « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » (Mt 5, 8). Au cours de l’année que nous allons vivre, nous voulons nous laisser inspirer par le verset suivant : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7).

1. Le Jubilé de la Miséricorde

Grâce à son thème, les JMJ de Cracovie 2016 s’insèrent parfaitement dans le climat de l’Année Sainte de la Miséricorde, devenant ainsi un vrai Jubilé mondial des jeunes. Ce n’est pas la première fois qu’une rencontre internationale de jeunes coïncide avec une Année jubilaire. En effet, ce fut dans le cadre de l’Année Sainte de la Rédemption (1983-1984) que saint Jean-Paul II convoqua pour la première fois les jeunes du monde entier à Rome lors du dimanche des Rameaux. C’est encore au cours du Grand Jubilé de l’an 2000 que plus de deux millions de jeunes de 165 pays se retrouvèrent à Rome pour les 15ème Journées Mondiales de la Jeunesse. Comme dans ces deux cas précédents, cette fois-ci encore – j’en suis certain –, le Jubilé des jeunes à Cracovie sera l’un des temps forts de cette Année sainte !

Peut-être certains d’entre vous se demandent-t-ils ce qu’est cette Année jubilaire célébrée dans l’Église. Le texte biblique du Lévitique au chapitre 25 nous aide à comprendre ce que signifiait le “jubilé” pour le peuple d’Israël : tous les cinquante ans, les Hébreux entendaient retentir la trompette (jobel) qui les convoquait (jobil) pour célébrer une Année Sainte, un temps de réconciliation (Jobal) pour tous. C’était un temps propice pour renouer une relation bonne avec Dieu, avec le prochain et avec la création, fondée sur la gratuité. Par conséquent, entre autres choses, on encourageait l’effacement des dettes, un soutien particulier à ceux qui étaient tombés dans la misère, l’amélioration des relations interpersonnelles et la libération des esclaves.

Jésus-Christ est venu annoncer et accomplir le temps perpétuel de la grâce du Seigneur, annonçant la Bonne Nouvelle aux pauvres, la délivrance aux captifs, la vue aux aveugles et la liberté aux opprimés (cf. Lc 4, 18-19). En lui, et en particulier dans son Mystère pascal, s’accomplit pleinement le sens profond du Jubilé. Lorsqu’au nom du Christ l’Église convoque un jubilé, nous sommes tous invités à vivre un temps extraordinaire de grâce. L’Église elle-même est appelée à offrir en abondance des signes de la présence et de la proximité de Dieu, pour réveiller dans les cœurs la capacité à regarder l’essentiel. En particulier cette Année Sainte de la Miséricorde est « le temps pour l’Église de retrouver le sens de la mission que le Seigneur lui a confiée le jour de Pâques : être signe et instrument de la miséricorde du Père » (Homélie des premières vêpres du dimanche de la Divine Miséricorde, 11 avril 2015).

2. Miséricordieux comme le Père

La devise de ce jubilé extraordinaire – “Miséricordieux comme le Père” (cf. Misericordiae Vultus, 13) – s’accorde bien avec le thème des prochaines JMJ. Essayons donc de mieux cerner ce que signifie la miséricorde divine. Pour parler de la miséricorde divine, l’Ancien Testament recourt à différents termes, les plus significatifs étant : hessed et rahamim. Le premier, appliqué à Dieu, exprime son indéfectible fidélité à l’Alliance avec son peuple, qu’il aime et pardonne toujours. Rahamim, quant à lui, peut être traduit par “entrailles” et renvoie en particulier au sein maternel, faisant comprendre que l’amour de Dieu pour son peuple est comme celui d’une mère pour son enfant. Le prophète Isaïe l’exprime bien par ces mots : « Une femme oublie-t-elle son petit enfant, est-elle sans pitié pour le fils de ses entrailles ? Même si les femmes oubliaient, moi, je ne t’oublierai pas » (Is 49, 15). Un tel amour implique que l’on fasse de la place pour l’autre en soi-même, que l’on sente, souffre et se réjouisse avec le prochain.

Le concept biblique de la miséricorde contient également l’idée d’un amour concret, qui est fidèle, gratuit et capable de pardonner. Ce passage du prophète Osée nous offre un bel exemple de l’amour de Dieu, comparable à l’amour d’un père pour son fils : « Quand Israël était jeune, je l’aimai, et d’Égypte j’appelai mon fils. Mais plus je les appelais, plus ils s’écartaient de moi ; aux Baals ils sacrifiaient, aux idoles ils brûlaient de l’encens. Et moi j’avais appris à marcher à Éphraïm, je le prenais par les bras, et ils n’ont pas compris que je prenais soin d’eux ! Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour ; j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue, je m’inclinais vers lui et le faisais manger » (Os 11, 1-4). Malgré le comportement mauvais de l’enfant qui mériterait un châtiment, l’amour du père est fidèle et pardonne toujours un fils repentant. Comme on peut le remarquer, le pardon fait toujours partie de la miséricorde : « La miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux- mêmes par leur fils […] Il vient du cœur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon » (Misericordiae Vultus, 6).

Pour le Nouveau Testament, la miséricorde divine (eleos) est la synthèse de l’œuvre que Jésus est venu accomplir dans le monde au nom du Père (cf. Mt 9, 13). La miséricorde de notre Seigneur se manifeste surtout quand il se penche sur la misère humaine et manifeste sa compassion pour celui qui a besoin de compréhension, de guérison et de pardon. Tout en Jésus parle de la miséricorde. Mieux ! Il est lui-même la miséricorde.

Au chapitre 15 de l’Évangile de Luc, on trouve les trois paraboles de la miséricorde : la parabole de la brebis perdue, celle de la drachme perdue, et la parabole dite du “fils prodigue”. Dans ces trois paraboles, nous sommes touchés par la joie de Dieu, la joie qu’il éprouve quand il retrouve un pécheur et lui pardonne. Oui ! La joie de Dieu est de pardonner ! Voilà la synthèse de tout l’Évangile. « Chacun de nous est cette brebis perdue, cette pièce d’argent perdue ; chacun de nous est ce fils qui a gâché sa liberté en suivant de fausses idoles, des mirages de bonheur, et qui a tout perdu. Mais Dieu ne nous oublie pas, le Père ne nous abandonne jamais. C’est un père patient, il nous attend toujours ! Il respecte notre liberté, mais il reste toujours fidèle. Et lorsque nous retournons à lui, il nous accueille comme ses enfants, dans sa maison, car il ne cesse jamais, même pour un instant, de nous attendre, avec amour. Et son cœur est en fête pour tout enfant qui revient. Il est en fête parce qu’il est joie. Dieu a cette joie, quand l’un de nous, pécheur, va à lui et demande son pardon » (Angélus, 15 septembre 2013).

La miséricorde de Dieu est très concrète et nous sommes tous appelés à en faire personnellement l’expérience. Lorsque j’avais dix-sept ans, un jour où je devais sortir avec mes amis, j’ai décidé de me recueillir d’abord dans une église. Une fois à l’intérieur, j’ai trouvé un prêtre qui m’a inspiré une confiance particulière, et j’ai senti le désir d’ouvrir mon cœur dans la confession. Cette rencontre a changé ma vie ! J’ai découvert que lorsque nous ouvrons nos cœurs avec humilité et transparence, nous pouvons contempler d’une façon très concrète la miséricorde de Dieu. J’ai eu la certitude que dans la personne de ce prêtre, Dieu était là, m’attendant déjà, avant même que je ne fasse le premier pas pour entrer dans l’église. Nous le cherchons, mais il nous précède toujours. Il nous cherche depuis toujours et il nous trouve en premier. Peut-être quelqu’un parmi vous a-t-il un poids sur le cœur et pense : j’ai fait ceci, j’ai fait cela…. N’ayez pas peur ! Il vous attend ! Il est père : Il nous attend toujours ! Comme c’est beau de trouver l’étreinte miséricordieuse du Père dans le sacrement de la Réconciliation, de découvrir le confessionnal comme le lieu de la Miséricorde, de se laisser toucher par cet amour miséricordieux du Seigneur qui nous pardonne toujours !

Et toi, cher jeune, as-tu jamais senti se poser sur toi ce regard d’amour infini ? Ce regard qui, au-delà de tous tes péchés, limites, échecs, continue à te faire confiance et à considérer ta vie avec espérance ? Es-tu conscient du prix que tu as aux yeux de ce Dieu qui t’a tout donné par amour ? Comme le dit saint Paul : « La preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous » (Rm 5, 8). Mais comprenons-nous vraiment la puissance de ces mots ?

Je sais à quel point la Croix des JMJ – un don de saint Jean-Paul II – vous est chère, elle qui accompagne toutes vos rencontres internationales depuis 1984. Combien de conversions authentiques, combien de changements sont survenus dans la vie de nombreux jeunes qui ont rencontré cette simple croix dépouillée ! Peut-être vous êtes-vous posés la question : d’où vient cette force extraordinaire de la croix ? La réponse est la suivante : la croix est le signe le plus éloquent de la miséricorde de Dieu ! Elle nous enseigne que la mesure de l’amour de Dieu pour l’humanité est d’aimer sans mesure ! Dans la croix, nous pouvons toucher la miséricorde de Dieu et nous laisser toucher par sa miséricorde ! Je voudrais rappeler ici l’épisode des deux larrons crucifiés avec Jésus : l’un des deux est présomptueux, il ne se reconnaît pas pécheur et se moque du Seigneur. L’autre, par contre, reconnaît son erreur et se tourne vers le Seigneur et lui déclare : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton Royaume ». Jésus le regarde avec une infinie miséricorde et lui répond : « En vérité, je te le dis : aujourd’hui, tu seras, avec moi, dans le Paradis » (cf. Lc 23, 32.39-43). Avec lequel des deux nous identifions-nous ? Avec celui qui est arrogant et ne reconnaît pas ses erreurs ? Ou avec l’autre qui a reconnu son besoin de miséricorde divine et l’implore de tout son cœur ? Dans le Seigneur qui a donné sa vie pour nous sur la croix, nous trouverons toujours un amour inconditionnel qui reconnaît la valeur de nos vies et nous donne à chaque fois la possibilité de recommencer.

3. L’extraordinaire joie d’être des instruments de la miséricorde divine

La Parole de Dieu nous enseigne qu’« il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35). C’est précisément pour cette raison que la cinquième béatitude déclare bienheureux les miséricordieux. Nous savons que le Seigneur nous a aimés en premier. Mais nous ne serons vraiment heureux que si nous entrons dans la logique divine du don, de l’amour gratuit. Nous ne serons heureux que si nous découvrons que Dieu nous a si infiniment aimés qu’il nous a rendus capables d’aimer comme lui, sans mesure. Comme le dit saint Jean : « Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour est de Dieu, et que quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour […] En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres » (1 Jn 4, 7-11).

Après avoir brièvement expliqué comment le Seigneur manifeste sa miséricorde à notre égard,
je voudrais maintenant vous suggérer des pistes pour devenir concrètement des instruments de cette miséricorde envers notre prochain.

Je me rappelle le bel exemple du bienheureux Pier Giorgio Frassati. Il disait : « Jésus me rend visite tous les matins dans la Sainte Communion. Moi, je la lui rends, aussi misérablement que je peux, en visitant les pauvres». Le jeune Pier Giorgio avait compris ce que signifie avoir un cœur miséricordieux, sensible aux plus nécessiteux. Il leur donnait bien plus que des choses matérielles ; il se donnait lui-même, passait du temps avec eux, il leur parlait, les écoutait attentivement. Il servait les pauvres avec une grande discrétion, ne se mettant jamais en avant. Il vivait vraiment l’Évangile qui dit : « Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône soit secrète » (Mt 6, 3-4). Figurez-vous que la veille de sa mort, gravement malade, il continuait encore à donner des indications sur la façon d’aider ses amis, les indigents. A ses funérailles, les membres de sa famille et ses amis furent stupéfaits par la présence d’un grand nombre de pauvres, de personnes que Pier Giorgio avait accompagnées et aidées, et dont ils ignoraient l’existence.

J’aime bien associer les Béatitudes évangéliques et le chapitre 25 de Matthieu, où Jésus présente les œuvres de miséricorde et déclare que nous serons jugés sur la base de celles-ci. Je vous invite donc à redécouvrir les œuvres de miséricorde corporelle : nourrir les affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir celui qui est nu, accueillir l’étranger, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. N’oublions pas non plus les œuvres de miséricorde spirituelle : conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner ceux qui sont dans l’ignorance, reprendre les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter avec patience les personnes importunes, prier Dieu pour les vivants et pour les morts. Comme vous pouvez le remarquer, la miséricorde n’est pas synonyme de « bonnisme » ni de pur sentimentalisme. En elle se vérifie l’authenticité de notre identité de disciples de Jésus et notre crédibilité en tant que chrétiens dans le monde d’aujourd’hui.

Je vous propose, chers jeunes qui êtes très concrets – pour chacun des sept premiers mois de l’année 2016 –, de choisir une œuvre de miséricorde corporelle et une œuvre de miséricorde spirituelle à mettre en pratique chaque mois. Laissez-vous inspirer par la prière de sainte Faustine, humble apôtre de la Miséricorde Divine pour notre temps :

« Aide-moi, Seigneur, pour que mes yeux soient miséricordieux, pour que je ne soupçonne jamais ni ne juge d’après les apparences extérieures, mais que je discerne la beauté dans l’âme de mon prochain et que je lui vienne en aide […] pour que mon oreille soit miséricordieuse, afin que je me penche sur les besoins de mon prochain et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes […] pour que ma langue soit miséricordieuse, afin que je ne dise jamais de mal de mon prochain, mais que j’aie pour chacun un mot de consolation et de pardon […] pour que mes mains soient miséricordieuses et remplies de bonnes actions […] pour que mes pieds soient miséricordieux, pour me hâter au secours de mon prochain, en dominant ma propre fatigue et ma lassitude […] pour que mon cœur soit miséricordieux, afin que je ressente toutes les souffrances de mon prochain […] (Journal, 163).

Le message de la Divine Miséricorde est donc un programme de vie très concret et exigeant parce qu’il implique des œuvres. Et l’une des œuvres de miséricorde plus évidente, mais aussi plus difficile à mettre en pratique, est sans aucun doute de pardonner à ceux qui nous ont offensés, ceux qui nous ont fait du mal, ceux que nous considérons comme nos ennemis. « Bien souvent, il nous semble difficile de pardonner ! Cependant, le pardon est le moyen déposé dans nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la vengeance, est la condition nécessaire pour vivre heureux » (Misericordiae Vultus, 9).

Je rencontre beaucoup de jeunes qui me disent qu’ils sont las de ce monde si divisé, où des membres des factions rivales s’affrontent, où sévissent tant de guerres et où il y en a même qui utilisent leur religion pour justifier la violence. Nous devons supplier le Seigneur pour qu’il nous accorde la grâce d’être miséricordieux avec ceux qui nous font du mal, à l’image de Jésus en croix qui a prié pour ceux qui l’avaient crucifié : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34). Le seul remède contre le mal est la miséricorde. Certes, la justice est nécessaire, mais pas suffisante à elle seule. Justice et miséricorde doivent aller de pair. Comme je voudrais que nous nous unissions tous en chœur pour prier du tréfonds de nos cœurs et implorer le Seigneur afin qu’il ait pitié de nous et du monde entier !

4. Cracovie nous attend !

Il ne manque plus que quelques mois à notre rencontre en Pologne. Cracovie, la ville de saint Jean-Paul II et de sainte Faustine Kowalska, nous attend à bras et cœurs ouverts. Je crois que c’est la Divine Providence qui nous a conduits à célébrer le Jubilé des jeunes dans la terre où ont vécu ces deux grands apôtres de la miséricorde de notre temps. Jean-Paul II a compris que le nôtre était le temps de la miséricorde. Dès le début de son pontificat, il a promulgué l’encyclique Dives in Misericordia. Pendant l’Année Sainte 2000, il a canonisé Sœur Faustine et a institué la fête de la Divine Miséricorde, le deuxième dimanche de Pâques. Et, en 2002, il a personnellement inauguré à Cracovie le Sanctuaire de Jésus Miséricordieux, confiant le monde entier à la Divine Miséricorde, exprimant le désir que ce message atteigne tous les habitants de la terre et remplisse leurs cœurs d’espérance : « Il faut allumer cette étincelle de la grâce de Dieu. Il faut transmettre au monde ce feu de la miséricorde. Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix, et l’homme trouvera le bonheur ! » (Homélie pour la dédicace du Sanctuaire de la Divine Miséricorde à Cracovie, 17 août 2002).

Chers jeunes, Jésus miséricordieux, représenté dans l’effigie vénérée par le peuple de Dieu dans le sanctuaire de Cracovie qui lui est consacré, vous attend. Il vous fait confiance et il compte sur vous ! Il a tant de choses importantes à dire à chacun d’entre vous… N’ayez pas peur de croiser son regard plein d’amour infini pour chacun de vous, et laissez-vous atteindre par son regard miséricordieux, prêt à pardonner tous vos péchés, un regard qui peut changer votre vie et guérir les blessures de vos âmes, un regard qui étanche la soif profonde qui habite vos cœurs de jeunes : soif d’amour, de paix, de joie et du vrai bonheur. Venez à lui et n’ayez pas peur ! Venez pour lui dire du fond de votre cœur : « Jésus, en toi je me confie ! ». Laissez-vous toucher par sa miséricorde sans limite pour devenir vous aussi, à travers les œuvres, les paroles et la prière, des apôtres de la miséricorde dans notre monde blessé par l’égoïsme, la haine et tant de désespoir.

Portez la flamme de l’amour miséricordieux du Christ – dont parlait saint Jean-Paul II – dans les différents milieux de votre vie quotidienne et jusqu’aux extrémités de la terre. Dans cette mission, je vous accompagne avec mes meilleurs vœux et mes prières. Je vous confie tous à la Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, pendant cette phase finale de l’itinéraire de préparation spirituelle aux prochaines JMJ à Cracovie, et je vous bénis tous de grand cœur.

Du Vatican, le 15 août 2015,
Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie

FRANCISCUS

[01573-FR.01] [Texte original: Italien]

Discours du pape François à l’aéroport de Philadelphie

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Vous trouvez ci-dessous le discours du pape François aux organisateurs, bénévoles et bienfaiteurs de la Rencontre Mondiale des Familles à l’aéroport international de Philadelphie (27 septembre 2015)

Monsieur le Vice-Président,
Distinguées autorités,
chers frères Evêques,
chers amis,

Mons séjour au milieu de vous a été bref. Mais ces jours ont été des jours d’immense grâce pour moi, et j’espère, pour vous aussi. S’il vous plaît, sachez qu’au moment de partir, j’ai le cœur plein de gratitude et d’espérance.

Je suis reconnaissant à vous tous et à tous ceux qui ont travaillé si dur pour rendre cette visite possible et pour préparer la Rencontre Mondiale des Familles. En particulier, je remercie l’Archidiocèse de Philadelphie, les autorités civiles, les organisateurs ainsi que tous les volontaires et bienfaiteurs qui y ont contribué, dans les grandes comme dans les petites choses.

Je remercie aussi les familles qui ont partagé leur témoignage durant la Rencontre. Il n’est pas si facile de parler ouvertement de son propre parcours de la vie ! Mais leur honnêteté ainsi que leur humilité devant le Seigneur et devant chacun de nous ont montré la beauté de la vie familiale dans toute sa richesse et sa diversité. Je prie pour que les jours de prière et de réflexion sur l’importance de la famille pour une société saine inspirent les familles à continuer de tendre vers la sainteté et de voir l’Eglise comme leur compagne fidèle, quels que soient les défis qu’elles pourraient affronter.

A la fin de ma visite, je voudrais aussi remercier tous ceux qui ont préparé mon séjour dans les Archidiocèses de Washington et de New York. C’était particulièrement émouvant pour moi de canoniser saint Junipéro Serra, qui nous rappelle à tous notre appel à être des disciples missionnaires ; et aussi de me trouver avec mes frères et sœurs d’autres religions au Ground Zero, cet endroit qui nous parle si puissamment du mystère du mal. Cependant, nous savons
avec assurance que le mal n’a jamais le dernier mot, et que, dans le plan miséricordieux de
Dieu, l’amour et la paix triomphent de tout.Capture d’écran 2015-09-27 à 19.27.07

Monsieur le Vice-Président, je vous prie de renouveler ma gratitude au Président Obama et aux Membres du Congrès, avec l’assurance de mes prières pour le peuple américain. Ce pays a été béni à travers d’immenses dons et opportunités. Je prie pour que vous puissiez tous être de bons et généreux intendants des ressources humaines et matérielles qui vous ont été confiées.

Je remercie le Seigneur d’avoir pu expérimenter la foi du peuple de Dieu dans ce pays, manifestée dans nos moments de prière commune et exprimée dans de si nombreuses œuvres de charité. Jésus déclare dans les Ecritures : ‘‘Vraiment, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’’. Votre sollicitude envers moi et votre généreux accueil sont le signe de votre amour pour Jésus et de votre foi en lui. Il en est de même de votre sollicitude envers les pauvres, les malades, les sans-abri et les migrants, de votre défense de la vie à toutes ses étapes, et de votre souci de la vie familiale. Dans tout cela, vous reconnaissez que Jésus est au milieu de vous et que votre sollicitude les uns pour les autres est sollicitude pour Jésus lui-même.

En prenant congé, je vous demande tous, surtout aux volontaires et aux bienfaiteurs qui ont apporté une contribution pour la Rencontre Mondiale des Familles : ne laissez pas votre enthousiasme pour Jésus, pour l’Eglise, pour nos familles, et pour la famille plus grande de la société se dessécher. Puissent nos jours passés ensemble porter du fruit qui dure, une générosité et une sollicitude pour les autres qui perdurent ! Tout comme nous avons reçu beaucoup de Dieu – des dons librement accordés, et non pas issus de notre propre effort – de la même manière donnons librement aux autres en retour.

Chers amis, je vous embrasse tous dans le Seigneur et je vous confie à la maternelle protection de Marie Immaculée, Patronne des Etats-Unis. Je prierai pour vous et pour vos familles, et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi. Que Dieu vous bénisse tous ! Que Dieu bénisse l’Amérique !

Homélie du pape François lors de la Messe au Benjamin Franklin Parkway

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Vous trouverez le texte intégral de l’homélie du pape François lors de la Messe de clôture de la Rencontre Mondiale des Familles sur l’Avenue Benjamin Franklin, Philadelphie (dimanche 27 septembre 2015). Le Pape s’est exprimé à plusieurs reprises spontanément. Ce texte est donc sujet à certaines modifications.

Aujourd’hui, la parole de Dieu nous surprend par des images puissantes et provocantes incitant à la réflexion. Des images qui nous lancent un défi, mais aussi attisent notre enthousiasme.

Dans la première lecture, Josué dit à Moïse que deux membres du peuple prophétisent, annoncent la parole de Dieu, sans mandat. Dans l’Evangile, Jean dit à Jésus que les disciples avaient empêché quelqu’un de chasser les mauvais esprits au nom de Jésus. Voici la surprise : tous deux, Moïse et Jésus ont réprimandé ces proches pour leur étroitesse d’esprit ! Puissent tous ceux-là être des prophètes de la parole de Dieu ! Puisse chacun accomplir des miracles au nom du Seigneur !

Jésus a rencontré l’hostilité de la part de personnes qui n’ont pas accepté ce qu’il a dit et fait. Pour ceux-là, son ouverture, à la fois honnête et sincère, de nombreux hommes et femmes qui ne faisaient pas partie du peuple de Dieu choisi, semblait intolérable. Les disciples, de leur côté, ont agi de bonne foi. Mais la tentation d’être scandalisé par la liberté de Dieu, qui fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes (cf. Mt 5, 45), en contournant la bureaucratie, les cerclesCapture d’écran 2015-09-27 à 16.27.54 administratifs et restreints, menace l’authenticité de la foi. Par conséquent, cela doit être vigoureusement rejeté.

Une fois que nous réalisons cela, nous pouvons comprendre pourquoi les paroles de Jésus sur le fait de provoquer ‘‘scandale’’ sont si dures. Pour Jésus, le vrai scandale ‘‘intolérable’’ consiste en tout ce qui rompt et détruit notre confiance dans l’œuvre de l’Esprit !

Notre Père ne se laissera pas vaincre en générosité et il continue de répandre des semences. Il répand des semences de sa présence dans notre monde, car l’amour consiste en ceci : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu mais, mais c’est lui qui nous a aimés en premier lieu (cf. 1Jn 4, 10). Cet amour nous donne une profonde certitude : nous sommes désirés par Dieu ; il nous attend. C’est cette confiance qui fait que les disciples encouragent, soutiennent et entretiennent les bonnes choses arrivant tout autour d’eux. Dieu veut que tous ses enfants prennent part au festin de l’Evangile. Jésus dit : ‘‘N’entravez rien qui soit bon, au contraire aidez-le à croître !’’. Emettre des doutes sur l’œuvre de l’Esprit, donner l’impression qu’il ne peut trouver place en ceux qui ne ‘‘font pas partie de notre groupe’’, qui ne sont pas ‘‘comme nous’’, est une tentation dangereuse. Non seulement cela bloque la conversion à la foi, mais aussi c’est une perversion de la foi.

La foi ouvre une ‘‘fenêtre’’ à la présence et à l’œuvre de l’Esprit. Elle nous montre que, comme le bonheur, la sainteté est toujours liée à de petits gestes. Quiconque vous donne un verre d’eau en mon nom ne restera pas sans récompense, a dit Jésus (cf. Mc 9, 41). Ces petits gestes sont ceux que nous apprenons à la maison, en famille ; ils se perdent dans toutes les autres choses que nous faisons, cependant ils rendent chaque jour différent. Ce sont les simples choses faites par les mères et les grands-mères, par les pères et les grands-pères, par les enfants. Ce sont les petits signes de tendresse, d’affection et de compassion. Comme la soupe chaude que nous attendons avec impatience la nuit, ou bien le petit déjeuner attendant quelqu’un qui se lève tôt pour aller au travail. Des gestes familiers. Comme une bénédiction avant d’aller au lit, ou bien une étreinte à notre retour après une dure journée de travail. L’amour se montre par de petites choses, par l’attention aux petits signes quotidiens qui font que nous nous sentons chez nous. La foi grandit lorsqu’elle est vécue et avivée par l’amour. Voilà pourquoi nos familles, nos maisons, sont de vraies Eglises domestiques. Elles sont le lieu approprié pour que la foi devienne vie, et que la vie devienne foi.

Jésus nous dit de ne pas entraver ces petits miracles. Au contraire, il veut que nous les encouragions, que nous les diffusions. Il nous demande de vivre la vie, notre vie quotidienne, en encourageant tous ces petits signes d’amour comme des signes de sa propre vie et de sa présence agissante dans notre monde.

Alors, nous pourrions nous demander : comment essayons-nous de vivre de cette manière dans nos maisons, dans nos sociétés ? Quel genre de monde voulons-nous laisser à nos enfants (cf. Laudato Si’, n. 160) ? Nous ne pouvons pas répondre à ces questions seuls, par nous-mêmes. C’est l’Esprit qui nous lance le défi de répondre en tant que membres de cette grande famille humaine. Notre maison commune ne peut plus tolérer des divisions stériles. Le défi urgent de sauvegarde de notre maison inclut l’effort de réunir la famille humaine tout entière dans la recherche d’un développement intégral et durable, car nous savons que les choses peuvent changer (cf. Ibid, n. 13). Puissent nos enfants trouver en nous des modèles et des incitations à la communion !  Puissent nos enfants trouver en nous des hommes et des femmes capables de se joindre à d’autres pour faire fleurir toutes les bonnes semences que le Père a plantées.

Sèchement, mais avec affection, Jésus nous dit : « Si vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11, 13). Que de sagesse dans ces quelques paroles ! Certes, en ce qui concerne la bonté et la pureté de cœur, nous les hommes, nous n’avons beaucoup pas à faire valoir ! Mais Jésus sait que, quand il s’agit des enfants, nous sommes capables d’une générosité Capture d’écran 2015-09-27 à 16.28.15sans bornes. Ainsi, il nous rassure : si seulement nous avions la foi, le Père nous donnerait son Esprit.

Nous les chrétiens, disciples du Seigneur, nous demandons aux familles du monde de nous aider ! Combien sommes-nous ici à cette célébration ! Cela même est prophétique, une sorte de miracle dans le monde d’aujourd’hui. Puissions-nous être tous des prophètes ! Puissions-nous tous être ouverts aux miracles de l’amour pour toutes les familles du monde, et ainsi vaincre le scandale de l’amour étroit, mesquin, enfermé sur lui-même, impatient envers les autres.

Et qu’il serait beau si, partout, même au-delà de nos frontières, nous pouvions apprécier et encourager cette prophétie et ce miracle ! Nous renouvelons notre foi dans la parole du Seigneur qui invite les familles croyantes à cette ouverture. Elle invite tous ceux qui veulent partager la prophétie de l’alliance entre l’homme et de la femme, qui donne vie et révèle Dieu !

Quiconque veut fonder dans ce monde une famille qui enseigne aux enfants à être enthousiasmés par chaque geste visant à vaincre le mal – une famille qui montre que l’Esprit est vivant et à l’œuvre –  trouvera notre gratitude et notre appréciation. Quels que soient la famille, le peuple, la région ou la religion auxquels il appartient.

Puisse Dieu accorder à nous tous, en tant que disciples du Seigneur, la grâce d’être dignes de cette pureté de cœur qui n’est pas scandalisée par l’Evangile !

Discours du pape François à la prison Curran-Fromhold

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Vous trouvez ci-dessous le texte intégral du discours du pape François lors de la visite avec les détenus de la prison Curran-Fromhold (27 septembre 2015)

Chers frères et sœurs,

Je vous remercie de me recevoir et de m’offrir l’occasion d’être ici avec vous et de partager ces moments de vos vies. C’est un temps difficile, un temps de luttes. Je sais que c’est un temps douloureux non seulement pour vous, mais pour vos familles et pour toute la société. Toute société, toute famille, qui ne peut pas partager ou prendre au sérieux la peine de ses enfants, et voit cette peine comme une chose normale ou bien prévisible, est une société ‘‘condamnée’’ à demeurer otage d’elle-même, proie de tout ce qui provoque cette peine.

Je suis ici en tant que pasteur, mais avant tout comme un frère, pour partager votre situation et la faire mienne. Je suis venu pour que nous puissions prier ensemble et offrir à notre Dieu tout ce qui nous cause de la peine, mais aussi tout ce qui nous donne de l’espérance, afin que nous puissions recevoir de lui la puissance de la résurrection.

Je pense à la scène de l’Evangile où Jésus lave les pieds de ses disciples lors de la dernière Cène. C’était quelque chose que ses disciples ont eu du mal à accepter. Même Pierre a refusé, et lui a dit : ‘‘Tu ne me laveras pas les pieds’’ (Jn 13, 8).

A cette époque, c’était la coutume de laver les pieds aux gens lorsqu’ils arrivaient chez vous. C’était la façon d’accueillir les hôtes. Les routes n’étaient pas pavées, elles étaient couvertes de poussière, et de petites pierres pouvaient se coincer dans vos sandales. Tout le monde empruntait ces routes, qui couvraient de poussière les pieds, meurtris ou blessés par les pierres. Voilà pourquoi vous voyez Jésus laver les pieds, nos pieds, les pieds de ses disciples, en son Capture d’écran 2015-09-27 à 10.51.38temps et maintenant.

La vie est un voyage, au long de différentes routes, de différents chemins, qui laissent leurs marques sur nous.

Nous savons dans la foi que Jésus va à notre recherche. Il veut guérir nos blessures, soulager nos pieds meurtris en voyageant seuls, laver chacun de nous de la poussière de notre voyage. Il ne nous demande pas où nous avons été, il ne nous pose pas de questions sur ce que nous avons fait. Plutôt, il nous dit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi » (Jn 13, 8). Si je ne lave pas tes pieds, je ne serai pas en mesure de te donner la vie dont le Père a toujours rêvé, la vie pour laquelle il t’a créé. Jésus vient nous rencontrer, pour pouvoir restaurer notre dignité d’enfants de Dieu. Il veut nous aider à nous rétablir, à reprendre notre route, à retrouver l’espérance, à restaurer notre foi et notre confiance. Il veut que nous continuions à marcher au long des sentiers de la vie, à réaliser que nous avons une mission, et que l’enfermement n’est pas la même chose que l’exclusion.

La vie, c’est ‘‘avoir les pieds sales’’ à cause de la poussière des routes de la vie et de l’histoire. Tous, nous avons besoin d’être nettoyés, d’être lavés. Tous, nous sommes recherchés par le Maître, qui veut nous aider à reprendre le voyage. Le Seigneur va à notre recherche ; il étend une main secourable à nous tous.

Cela fait mal de voir les systèmes carcéraux qui ne se préoccupent pas de soigner les blessures, de soulager la peine, d’offrir de nouvelles possibilités. Cela fait mal de voir des personnes qui pensent que ce sont seulement les autres qui ont besoin d’être nettoyés, purifiés, et qui ne reconnaissent pas que leur épuisement, leur peine et leurs blessures sont aussi l’épuisement, la peine et les blessures de la société. Le Seigneur nous le dit clairement par un signe : il lave nos Capture d’écran 2015-09-27 à 10.51.31pieds en sorte que nous puissions revenir à table. La table de laquelle il ne veut que personne soit exclu. La table qui est dressée pour tous et à laquelle nous sommes tous invités.

Ce temps dans votre vie peut seulement avoir un objectif : vous tendre la main pour retourner sur le bon chemin, vous tendre la main pour vous aider à rejoindre la société. Nous sommes tous partie intégrante de cet effort, nous sommes tous invités à encourager, à aider et à rendre possible votre réhabilitation. Une réhabilitation que chacun cherche et désire : les détenus et leurs familles, les autorités carcérales, les programmes sociaux et éducatifs. Une réhabilitation qui bénéficie à la morale de la communauté entière et l’élève.

Jésus nous invite à partager son destin, sa façon de vivre et d’agir. Il nous enseigne à voir le monde à travers son regard. Un regard qui n’est pas scandalisé par la poussière ramassée au long du chemin, mais qui veut nettoyer, guérir et restaurer. Il nous demande de créer de nouvelles opportunités : pour les détenus, pour leurs familles, pour les autorités carcérales et
pour la société tout entière.

Je vous encourage à avoir cette attitude les uns envers les autres et envers tous ceux qui d’une façon ou d’une autre font partie de cette institution. Puissiez-vous rendre possibles de nouvelles opportunités, de nouveaux parcours, de nouveaux chemins.

Nous avons tous quelque chose dont nous devons être lavés, ou bien purifiés. Puisse la reconnaissance de ce fait nous inspirer à vivre dans la solidarité, à nous soutenir les uns les autres et à rechercher le meilleur pour les autres.

Regardons Jésus, qui lave nos pieds. Il est « le chemin, la vérité et la vie ». Il vient nous sauver du mensonge selon lequel personne ne peut changer. Il nous aide à parcourir les sentiers de la vie et de l’épanouissement. Puissent la puissance de son amour et sa résurrection être toujours un chemin qui vous conduit à une nouvelle vie.

Allocution du pape François lors de la fête des familles à Philadelphie

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Vous trouverez ci-dessous la traduction officielle du Vatican du discours du pape François lors de la fête des familles à Philadelphie sur l’Avenue Benjamin Franklin (26 septembre 2015). Notez que le Saint-Père s’est adressé spontanément à plusieurs reprises durant son allocution. Cette version est donc sujette à certaines modifications.

Chers frères et sœurs,
Chères familles,

Merci à ceux qui ont donné un témoignage. Merci à ceux qui  nous ont réjouis par l’art, par la beauté, qui est le chemin pour rejoindre Dieu. La beauté nous conduit à Dieu. Et un témoignage vrai nous conduit à Dieu, parce que Dieu est aussi la vérité. Il est la beauté et il est la vérité. Et un témoignage donné pour servir est bon, il nous rend bons, car Dieu est bonté. Il nous conduit à Dieu. Tout ce qui est bon, tout ce qui est vrai et tout ce qui beau nous conduit à Dieu. Car Dieu est bon, Dieu est beau, Dieu est vérité.

Merci à vous tous. A ceux qui ont livré un message ici et merci pour votre présence, qui est aussi un témoignage. Un vrai témoignage que la vie en famille vaut la peine. Qu’une société devient forte, croît dans la beauté et croît dans la vérité si elle s’édifie sur la base de la famille.

Un jour, un jeune m’a demandé – vous savez que les jeunes posent des questions difficiles -, il m’a demandé : ‘‘Père, que faisait Dieu avant de créer le monde ?’’. Je vous assure qu’il a été difficile pour moi de répondre. Et je lui ai dit ce que je vous dis maintenant : avant de créer le monde, Dieu aimait, parce que Dieu est amour, mais l’amour qu’il avait en lui-même était tel, cet amour entre le Père et le Fils, dans l’Esprit-Saint, était si grand, si débordant – je ne sais pas si c’est très théologique, mais vous le comprendrez – cet amour était si grand qu’il ne pouvait pas être égoïste. Il devait sortir de lui-même pour avoir quelqu’un à aimer hors de lui-même. Et là, Dieu a créé le monde. Là, Dieu a créé cette merveille dans laquelle nous vivons. Et que, comme nous sommes un peu étourdis, nous sommes en train de la détruire. Mais le plus beau que Dieu ait fait – a dit la Bible – a été la famille. Il a créé l’homme et la femme. Et il leur a tout confié. Il leur a confié le monde : ‘‘Croissez et multipliez-vous, cultivez la terre, faites-la fructifier, faites-la croître’’. Tout l’amour qu’il a mis dans cette Création merveilleuse, il l’a confié à une famille.

Retournons un peu en arrière. Tout l’amour que Dieu a en lui-même, toute la beauté que Dieu a en lui-même, toute la vérité que Dieu a en lui-même, il donne tout cela à la famille. Et une famille est vraiment famille lorsqu’elle est capable d’ouvrir les bras et de recevoir tout cet amour. Évidemment, le paradis terrestre n’est plus ici, il y a les problèmes de la vie, les hommes – par l’astuce du démon – ont appris à se diviser. Et tout cet amour que Dieu nous a donné, se perd presque. Et en peu de temps, le premier crime, le premier fratricide. Un frère tue son frère : la guerre. L’amour, la beauté et la vérité de Dieu, et la destruction de la guerre. Et entre ces deux positions, nous marchons aujourd’hui. Il nous revient de choisir, il nous revient de décider du chemin à suivre.

Mais, retournons en arrière. Quand l’homme et son épouse se sont trompés et se sont éloignés de Dieu, Dieu ne les pas abandonnés. Un amour si grand ! Un amour si grand que Dieu a commencé à cheminer avec l’humanité, il a commencé à cheminer avec son peuple, jusqu’à ce qu’arrive le moment approprié et il lui a donné la preuve d’amour plus grande : Son Fils. Et Son Fils, où l’a-t-il envoyé ? Dans un palais, dans une ville, pour créer une entreprise ? Il l’a envoyé à une famille. Dieu est entré dans le monde par une famille. Et il a pu le faire parce que cette famille était une famille qui avait le cœur ouvert à l’amour, qui avait les portes ouvertes. Pensons à Marie, jeune fille ! Elle ne pouvait le croire : ‘‘Comment cela peut-il arriver ?’’ Et quand on le lui a expliqué, elle a obéi. Pensons à Joseph, rêvant de former un foyer, et il se trouve devant cette surprise qu’il ne comprend pas. Il accepte, il obéit. Et dans l’obéissance par amour de cette femme, Marie, et de cet homme, Joseph, se forme une famille dans laquelle Dieu vient. Dieu frappe toujours aux portes des cœurs. Il aime à le faire. Cela lui vient du cœur. Mais savez-vous ce qu’il aime le plus ? Frapper aux portes des familles. Et trouver les familles unies, trouver les familles qui s’aiment, trouver les familles qui aident leurs enfants à grandir et les éduquent, et qui les font progresser, et qui créent une société de bonté, de vérité et de beauté.

Nous sommes à la fête des familles. La famille a droit de cité divin. Est-ce clair ? Le droit de cité que possède la famille, Dieu le lui a donné pour qu’en son sein croissent toujours plus la vérité, l’amour et la beauté. Bien sûr, certains d’entre vous peuvent me dire : ‘‘Père, vous parlez ainsi parce que vous êtes célibataire’’. Dans la famille, il y a des difficultés. Dans les familles, nous discutons. Dans les familles, parfois il y a de la bagarre. Dans les familles, les enfants provoquent des maux de tête. Je ne parlerai pas des belles-mères. Mais dans les familles, toujours, toujours, il y a la croix. Toujours. Car, l’amour de Dieu, le Fils de Dieu nous ont ouvert aussi ce chemin. Mais dans les familles, après la croix, il y a aussi la résurrection, car le Fils de Dieu nous a ouvert ce chemin. C’est pourquoi, la famille est – excusez le mot – une usine d’espérance, d’espérance de vie et de résurrection, car Dieu a été celui qui a ouvert ce chemin. Et les enfants. Les enfants donnent du travail. En tant qu’enfants, nous donnons du travail. Parfois, à la maison, je vois certains de mes collaborateurs qui viennent au travail, le yeux cernés. Ils ont un bébé d’un mois, de deux mois. Et je leur demande : ‘‘N’as-tu pas dormi ?’’ ? Et : ‘‘Non, il a pleuré toute la nuit’’. En famille, il y des difficultés, mais ces difficultés se surmontent par l’amour. La haine ne surmonte aucune difficulté. La division des cœurs ne surmonte aucune difficulté. Seul l’amour est capable de surmonter la difficulté. L’amour est fête, l’amour est joie, l’amour, c’est aller de l’avant.

Et je ne veux pas continuer de parler, car cela devient trop long, mais je voudrais souligner deux petits points de la famille auxquels je voudrais que vous consacriez une attention spéciale. Je ne voudrais pas seulement. Nous devons y faire spécialement attention. Les enfants et les grands-parents. Les enfants et les jeunes sont l’avenir, ils constituent la force, ceux qui font progresser. C’est en eux que nous mettons notre espérance. Les grands-parents sont la mémoire de la famille. Ce sont eux qui nous ont donné la foi, nous ont transmis la foi. Prendre soin des grands-parents et prendre soin des enfants sont preuve d’amour, je ne sais si [c’est une preuve ] plus grande, mais – je dirais – plus prometteuse de la famille, car elle promet l’avenir. Un peuple qui ne sait pas prendre soin des enfants et un peuple qui ne sait pas protéger les grands-parents est un peuple sans avenir, car il n’a ni la force ni la mémoire qui font progresser. Et bon, la famille est belle, mais elle a un prix, elle comporte des problèmes. En famille, parfois, il y a des inimitiés. Le mari se querelle avec la femme, ou bien ils ne sont pas en bons termes entre eux ni les enfants avec leur père. Je vous donne un conseil : ne terminez jamais une journée sans faire la paix en famille. En famille, on ne peut terminer la journée en guerre. Que Dieu vous bénisse ! Que Dieu vous donne la force ! Que Dieu vous encourage à aller de l’avant ! Protégeons la famille ! Défendons la famille, car là se joue notre avenir. Merci ! Que Dieu vous bénisse et priez pour moi, s’il vous plaît !

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Discours du pape François lors de la rencontre pour la liberté religieuse

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Vous trouvez ci-dessous le discours de Sa Sainteté le Pape François lors de la rencontre pour la liberté religieuse Salle de l’indépendance, Philadelphie (samedi, 26 septembre 2015)

Chers amis,

L’un des points de ma visite est ici, devant l’Indépendance Hall, le lieu de naissance des Etats-Unis d’Amérique. C’est ici que les libertés qui définissent ce pays ont été d’abord proclamées. La Déclaration de l’Indépendance a affirmé que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables, et que les gouvernements existent pour protéger et défendre ces droits. Ces paroles vibrantes continuent de nous inspirer aujourd’hui, tout comme elles ont inspiré d’autres peuples de par le monde afin de combattre pour la liberté de vivre conformément à leur dignité.

Mais l’histoire montre aussi que ces vérités, comme toute vérité, doit être constamment réaffirmée, réappropriée et défendue. L’histoire de cette nation est aussi celle d’un effort constant, jusqu’à nos jours, pour donner corps à ces hauts principes dans la vie sociale et politique. Nous nous souvenons des grandes luttes qui ont conduit à l’abolition de l’esclavage, à l’extension du droit de vote, à la croissance du mouvement des travailleurs, et à l’effort progressif pour éliminer toute forme de racisme et de préjudice dirigés contre les vagues successives de nouveaux américains. Cela montre que, lorsqu’un pays est déterminé à demeurer fidèle à ses principes fondateurs, basés sur le respect de la dignité humaine, il en devient plus fort et est renouvelé.

Nous tous, nous gagnons à nous souvenir de notre passé. Un peuple qui se souvient ne répète pas les erreurs du passé ; au contraire, il regarde, confiant, les défis du présent et de l’avenir. Le souvenir sauve l’âme d’un peuple de tout ce que ou de tous ceux qui pourraient tenter de la dominer ou de l’utiliser pour leurs intérêts. Lorsque l’exercice effectif de leurs droits est garanti aux individus et aux communautés, ils ne sont pas seulement libres de réaliser leur potentiel, mais aussi ils contribuent aussi au bien-être et à l’enrichissement de la société.Capture d’écran 2015-09-26 à 16.49.34

En ce lieu, qui est un symbole de l’esprit américain, je voudrais réfléchir avec vous sur le droit à la liberté religieuse. Il est un droit fondamental qui forge la façon dont nous interagissons socialement et personnellement avec nos voisins dont les visions religieuses diffèrent de la nôtre.

La liberté religieuse signifie certainement le droit d’adorer Dieu, individuellement et en communauté, comme notre conscience le dicte. Mais la liberté religieuse, par sa nature, transcende les lieux de culte ainsi que la sphère des individus et des familles.

Nos diverses traditions religieuses servent en premier lieu la société par le message qu’elles proclament. Elles appellent les individus et les communautés à adorer Dieu, la source de toute vie, de la liberté et du bonheur. Elles nous rappellent la dimension transcendante de l’existence humaine et notre irréductible liberté face à toute prétention de pouvoir absolu. Mais il nous faut jeter un regard sur l’histoire, spécialement sur l’histoire du siècle dernier, pour voir les atrocités perpétrées par les systèmes qui prétendaient bâtir l’un ou l’autre ‘‘paradis terrestre’’ en dominant des peuples, en les asservissant à des principes apparemment irrécusables et en leur déniant toute espèce de droit. Nos riches traditions religieuses cherchent à offrir signification ainsi que direction, «et ont une force de motivation qui ouvre toujours de nouveaux horizons, stimule la pensée et fait grandir l’intelligence et la sensibilité” (Evangelii Gaudium, n. 256). Elles appellent à la conversion, à la réconciliation, au souci de l’avenir de la société, au sacrifice de soi dans le service du bien commun, et à la compassion pour ceux qui sont dans le besoin. Au cœur de leur mission spirituelle, se trouve la proclamation de la vérité et de la dignité de la personne humaine ainsi que des droits humains.

Nos traditions religieuses nous rappellent que, comme êtres humains, nous sommes appelés à reconnaître l’autre/l’Autre qui révèle notre identité relationnelle face à toute tentative visant « une uniformité que l’égoïsme du fort, le conformisme du faible, ou bien l’idéologie de l’utopiste pourraient chercher à nous imposer » (M. de Certeau).

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Texte de la prière lors de la rencontre interreligieuse au mémorial de Ground Zero, New York

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O Dieu de l’Amour, de la compassion et de la réconciliation, tourne ton regard vers nous, peuple aux nombreuses fois et aux traditions différentes, qui sommes réunis en ce lieu aujourd’hui, scénario de souffrance et de douleur incroyables.

Nous te demandons dans ta bonté de concéder la lumière et la paix éternelle à tous ceux qui sont morts ici. Les premiers secouristes héroïques, les pompiers, les agents de police, le personnel des services d’urgence et de la capitainerie du port, ainsi que tant d’hommes et de femmes innocents victimes de cette tragédie uniquement parce que leur travail et leur service les a conduits ici le 11 septembre 2001.

Nous te demandons, dans ta compassion, de guérir ceux qui à cause de leur présence ici en ce jour, souffrent de lésions ou de maladies. Guéris aussi la souffrance des familles encore enCapture d’écran 2015-09-25 à 11.45.23 deuil, et de ceux qui ont perdu des êtres chers dans cette tragédie.

Concède leur la force de continuer à vivre avec courage et espérance.

Souvenons-nous aussi de ceux qui ont trouvé la mort, des blessés et de ceux qui ont perdu leurs proches le même jour au Pentagone et à Shanksville, en Pennsylvanie.

Nos cœurs s’unissent aux leurs tandis que notre prière embrasse leur douleur et leur souffrance.

Dieu de la paix, porte ta paix dans notre monde violent : Paix dans le cœur de tous les hommes et les femmes et paix entre les nations de la terre. Conduis sur le chemin de ton amour, ceux qui ont le cœur et l’esprit consumé par la haine.

Dieu de la compréhension, dépassés par la dimension immense de cette tragédie, cherchons ta lumière et ton chemin tandis que nous sommes face à des évènements aussi terribles. Concèdes à ceux dont la vie a été épargnée de pouvoir vivre et faire en sorte que les vies perdues ne l’aient pas été en vain.

Conforte nous et console nous,  renforce nous dans l’espérance et concède nous la sagesse et le courage de travailler sans relâche pour un monde, où la paix et l’amour authentique règne entre les nations et dans le cœur de tous.

Allocution du pape François au personnel de l’ONU

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Vous trouvez ci-dessous l’adresse du Pape François au Personnel du Quartier général de l’Organisation des Nations Unies, New York. Vendredi, 25 septembre 2015

Chers amis,

À l’occasion de ma visite aux Nations Unies, je suis heureux de vous rencontrer, vous les hommes et les femmes qui êtes, de maintes manières, la colonne vertébrale de cette Organisation. Je vous remercie pour votre accueil, et je suis reconnaissant pour tout ce que vous avez fait afin de préparer ma visite. Je voudrais vous demander aussi de transmettre mes salutations aux membres de vos familles et à vos collègues qui n’ont pas pu être avec nous aujourd’hui.

La majeure partie du travail fait ici n’est pas du genre à faire les nouvelles. Derrière la scène, vos efforts quotidiens rendent possibles beaucoup d’initiatives diplomatiques, culturelles, économiques et politiques des Nations Unies, qui sont si importantes pour satisfaire l’espoir et les attentes des peuples qui composent notre famille humaine. Vous êtes des experts et des personnes de terrain expérimentées, des officiels et des secrétaires, des traducteurs et des interprètes, des agents d’entretien et des cuisiniers, personnel de maintenance et de sécurité. Capture d’écran 2015-09-25 à 08.30.25

Merci pour tout ce que vous faites !

Votre travail discret et dévoué non seulement contribue à l’amélioration des Nations Unies, mais a aussi une grande portée pour vous personnellement. Car la façon dont nous travaillons exprime notre dignité et le genre de personne que nous sommes.

Beaucoup d’entre vous sont venus dans cette ville, de pays du monde entier. Comme tels, vous constituez un microcosme des peuples que cette Organisation représente et cherche à servir. Comme tant d’autres personnes à travers le monde, vous êtes préoccupés par le bien-être et l’éducation de vos enfants. Vous portez le souci de l’avenir de notre planète, et du genre de monde que nous allons laisser aux futures générations. Mais aujourd’hui, et chaque jour, je voudrais demander à chacun de vous, quelle que soit sa capacité, de prendre soin l’un de l’autre. Soyez proches les uns des autres, respectez-vous les uns les autres, et donnez ainsi corps entre vous à l’idéal de cette Organisation d’une famille humaine unie, vivant en harmonie, travaillant non seulement pour la paix, mais dans la paix ; travaillant non seulement pour la justice, mais dans un esprit de justice.

Chers amis, je bénis chacun de vous du fond du cœur. Je prierai pour vous et pour vos familles, et je demande à chacun de vous, s’il vous plaît, de ne pas oublier de prier pour moi. Et si certains d’entre vous n’étaient pas croyants, je leur demande de me souhaiter du bien. Que Dieu vous bénisse tous !

Merci.

Discours du pape François au Congrès des États-Unis

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Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François lors de la Session conjointe du Congrès des États-Unis.

Monsieur le Vice-Président,
Monsieur le Président,
Honorables Membres du Congrès,
Chers amis,

Je suis très reconnaissant pour votre invitation à m’adresser à cette Session conjointe du Congrès dans « le pays des hommes libres et dans la maison des hommes courageux ». Je crois que la raison de cette invitation est que, moi aussi, je suis fils de ce grand continent, dont nous avons tous tant reçu et vis-à-vis duquel nous partageons une responsabilité commune.

Chaque fils ou fille d’un pays a une mission, une responsabilité personnelle et sociale. Votre responsabilité en tant que membres du Congrès est de permettre à ce pays, à travers votre activité législative, de prospérer en tant que nation. Vous êtes le visage de ce peuple, ses représentants. Vous êtes appelés à défendre et à préserver la dignité de vos concitoyens dans la recherche inlassable et exigeante du bien commun, car c’est le principal objectif de toute politique. Une société politique perdure, si elle cherche, comme vocation, à satisfaire les besoins communs en stimulant la croissance de tous ses membres, spécialement ceux qui sont en Capture d’écran 2015-09-24 à 10.33.28situation de plus grande vulnérabilité ou de risque. L’activité législative est toujours fondée sur la protection du peuple. C’est à cela que vous avez été invités, appelés et convoqués par ceux qui vous ont élus.

Votre tâche est un travail qui m’inspire une double réflexion sur la figure de Moïse. D’une part, le patriarche et législateur du peuple d’Israël symbolise le besoin des peuples de maintenir vivant leur sens d’unité au moyen d’une juste législation. D’autre part, la figure de Moïse nous conduit directement à Dieu et ainsi à la dignité transcendante de l’être humain. Moïse nous donne une bonne synthèse de votre travail : vous êtes chargés de protéger, à travers la loi, l’image et la ressemblance de Dieu façonnées en chaque visage humain.

Aujourd’hui, je ne voudrais pas seulement m’adresser à vous, mais à travers vous, au peuple des Etats-Unis tout entier. Ici, avec ses représentants, je voudrais saisir cette occasion pour dialoguer avec les milliers d’hommes et de femmes qui s’efforcent chaque jour d’accomplir un honnête travail, pour apporter à la maison le pain quotidien, pour épargner de l’argent et – étape par étape – bâtir une vie meilleure pour leurs familles. Ce sont des hommes et des femmes qui ne sont pas concernés simplement par le paiement de leurs impôts, mais qui,  individuellement, de façon discrète, soutiennent la vie de la société. Ils génèrent la solidarité par leurs actions, et ils créent des organisations qui tendent une main secourable à ceux qui sont le plus dans le besoin.

Je voudrais aussi entrer en dialogue avec les nombreuses personnes âgées qui sont un dépôt de sagesse forgée par l’expérience, et qui cherchent de diverses façons, spécialement à travers le travail bénévole, à partager leurs histoires et leurs visions. Je sais que beaucoup d’entre elles, bien qu’étant à la retraite, sont encore actives ; elles continuent de travailler pour  construire ce pays. Je voudrais aussi dialoguer avec tous les jeunes qui travaillent pour réaliser leurs grandes et nobles aspirations, et qui ne se laissent pas séduire par la facilité. Ces jeunes affrontent des situations difficiles, résultant souvent de l’immaturité de beaucoup d’adultes. Je voudrais dialoguer avec vous tous, et je voudrais le faire à travers la mémoire historique de votre peuple.

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