Les prêtres au petit et grand écran: quelle image?

Par Jasmin Lemieux-Lefebvre 

En revenant chez moi hier, je suis tombé sur le remake du film d’Aurore, réalisé en 2005 par Luc Dionne. J’avais tout jeune vu l’original et je me demandais bien comment le tout allait être traité. L’un des points marquants est la figure du curé de campagne qui est, dans cette adaptation, l’un des personnages les plus sinistres. Pas de compassion, sans jugement, qu’un intellectuel pris dans ses livres qui laisse la belle-mère maltraiter la petite Aurore.

Un film qui colporte une image négative d’un prêtre au début du vingtième siècle, ça va. Dieu sait comment, dans chaque profession, il y a des gens qui ne sont pas à leur place.
Le problème est que j’ai toute la difficulté du monde à me rappeler d’un seul rôle principal dans une série ou un film qui dépeint de façon chaleureuse et attachante un membre du clergé. Est-ce normal?

Aidez-moi à trouver ces films ou séries. Je suis sûr qu’il en existe. Je vous avoue que je suis juste un peu triste que pour beaucoup de jeunes, la seule image du prêtre se limite au curé obscurantiste, dépassé par la réalité ou aux comportements déviants véhiculé par la « pop-culture ».

J’admire encore plus les prêtres d’exercer leur ministère dans cet environnement.

En la Fête de l’Immaculée Conception et du 150e des Apparitions de Lourdes

Par le père Thomas Rosica, C.S.B.

Lourdes continue à être pour moi et pour beaucoup une icône prépondérante de l’évangélisation et un témoignage vivant pour l’Évangile de la Vie. Il existe très peu de lieux de pèlerinages dans le monde où il est possible de faire l’expérience du mystère de la Croix et de la signification de la souffrance rédemptrice qui sont au coeur de la vie chrétienne. Lourdes en fait partie.

J’étais étudiant lorsque je suis allé pour la première fois à Lourdes en 1978. Je venais de finir mon programme universitaire d’été en Bretagne. Brancardier transportant de nombreux malades à la Grotte et aux piscines, j’ai alors découvert une histoire extraordinaire encore fort méconnue de nos jours, particulièrement en Amérique du Nord.

La Grotte des Apparitions où Bernadette a rencontré la Mère de Dieu est véritablement un lieu saint. Chaque fois que je suis allé à Lourdes au cours des vingt-cinq dernières années, j’ai aimé toujours plus cette terre sacrée. La petite ville sise dans les Pyrénées françaises est un des lieux de pèlerinages les plus connus dans le monde catholique. Bien que cachée dans un coin reculé de la France, la ville de Lourdes a une vocation universelle pour l’humanité entière. Elle vit sa vocation depuis 1858 quand Marie de Nazareth, elle-même modèle de discrétion et d’humilité, s’est adressée à une autre de ses humbles soeurs dans la foi, Bernadette Soubirous.

Marie et Bernadette ont toutes les deux été envoyées par Dieu, chacune à une époque et à un endroit spécifiques, pour porter un message d’espoir à l’humanité dans l’attente. Et le scepticisme initial des autorités ecclésiales locales a même servi de période de purification du magnifique message de Lourdes, lequel continue de résonner dans le monde entier. Lourdes est une invitation constante pour l’humanité, car nous sommes des pèlerins dans un cheminement de foi.

Alors que la dévotion mariale est toujours très forte dans l’Église, l’Immaculée Conception est un dogme complexe qui a intéressé bien plus les théologiens que les simples fidèles. Beaucoup pensent encore à tort que l’Immaculée Conception se réfère à la conception du Christ. En fait, elle se réfère à la croyance selon laquelle Marie, par une grâce divine spéciale, est restée vierge de péché depuis le moment où elle a été conçue. La principale pierre d’achoppement pour de nombreux catholiques est le péché originel. Aujourd’hui, nous sommes de moins en moins conscients du péché originel. Et sans cette conscience, l’Immaculée Conception n’a pas de sens. Avec le dogme de l’Immaculée Conception, Dieu était présent et vivant dans la vie de Marie dès le premier instant. La grâce de Dieu est plus grande que le péché, elle triomphe sur le péché et la mort.

Quand nous honorons la Mère de Dieu avec le titre « d’Immaculée Conception », nous reconnaissons en elle un modèle de pureté, d’innocence, de confiance, de curiosité enfantine, de vénération et de respect, vivant paisiblement avec la conscience claire que la vie n’est pas simple. Il est rare de trouver à la fois vénération et sophistication, idéalisme et réalisme, pureté, innocence et passion, dans une même personne comme c’est le cas chez Marie. Nous avons tous en nous de la nostalgie pour l’innocence, la pureté, la fraîcheur et la confiance. Si nous perdons ces valeurs, nous devenons cyniques, désillusionnés, avec une tristesse qui découle justement du fait d’avoir et d’avoir eu nos yeux ouverts sur la connaissance sans l’innocence. Nous avons besoin de garder vives en nous cette innocence et cette expérience. Marie, Mère de Dieu nous enseigne comment faire simplement cela. Avec Marie, nous avons l’image de l’humanité et de la divinité en nous. Dieu se sent vraiment bien en notre présence et nous en celle de Dieu.

Les touristes passent rapidement d’un lieu à l’autre, mais ces lieux passent lentement à travers les pèlerins, et les changent pour toujours. Je suis l’un de ces pèlerins reconnaissant envers Lourdes et dont la vie a été changée et continue à être changée chaque fois que je visite ce lieu saint. Au 150e anniversaire des Apparitions de la Vierge à Lourdes, remercions Dieu pour les grâces, les bénédictions, les messages et tout ce que signifie Lourdes. Tout cela contribue à faire de nombreux miracles dans le monde entier aujourd’hui encore.

Jacques Hébert (1923-2007): un pillier pour les jeunes

Par Sébastien Lacroix

Le Canada est en deuil ce matin suite au décès d’un de ses grands citoyens. Peut-être sursauterez-vous chers amis lecteurs de ce blogue en lisant ces lignes, mais je suis un grand admirateur de Jacques Hébert. Je ne veux pas ici faire l’éloge du laïciste, certain diront anticlérical, qu’il était. Non. Monsieur Hébert était un humaniste, un assoiffé de justice et un homme de grands principes. Mais pour des milliers de jeunes Canadiens dont je suis, Jacques Hébert fut avant tout un père. Je ne parle pas ici d’un préfet de discipline, bien qu’il fut le whip de notre Chambre Haute, mais plutôt de quelqu’un qui donne tout ce qu’il peut à sa progéniture afin qu’elle vole de ses propres ailes.

C’est après mes études au Cégep de Sherbrooke que je suis parti avec Jeunesse Canada Monde pour le Manitoba et Cuba. Le choc des cultures fut plus brutal pour moi dans les Prairies que dans l’île de Fidel. Je parlais mieux l’espagnol que l’anglais et je ne connaissais presque rien de la culture anglophone de mon pays. Un monde de possibilités s’est alors ouvert à moi. 

En 2005, j’eus la chance de me joindre à une délégation de dignitaires et d’anciens participants pour une visite officielle à Cuba dans le cadre du 10e anniversaire du programme là-bas et susciter l’intérêt de donneurs potentiels. Jacques Hébert conduisait la délégation, lui qui était respecté et adoré par beaucoup de Cubains.  Il savait très bien qu’en mêlant tout ce beau monde et en allant rencontrer les participants au programme JCM cette année-là, quelque chose allait se passer. Notre semaine fut extraordinaire parce qu’à l’échelle humaine. Et c’est là que j’ai appris que chaque rencontre que nous faisons est importante.  Jeunesse Canada Monde et Katimavik sont fondés sur la rencontre des mondes, celle entre personnes d’horizons différents. Jacques Hébert fut un artisan de paix. 

Merci Monsieur Hébert d’avoir offert le monde aux jeunes.

Le sens de l’Avent

Par Benoît Lévêque

En ce temps de l’Avent, je vous propose une lettre pastorale écrite par saint Charles Borromée alors qu’il était archevêque de Milan.  Saint Charles Borromée est le fils cadet d’une noble famille italienne et le neveu d’un pape, on lui confie très jeune des missions au service de l’Église. Créé cardinal à 22 ans, il collabore efficacement à la reprise du Concile de Trente, interrompu depuis huit ans. Au moment de la mort subite de son frère aîné, alors qu’il pourrait quitter l’Eglise pour la charge de chef d’une grande famille, il demande à devenir prêtre. Devenu archevêque de Milan, il crée des séminaires pour la formation d’une nouvelle génération de prêtres. Il construit des hôpitaux et destine les richesses de sa famille au service des pauvres ; il défend les droits de l’Église contre les puissants et il soigne lui-même les pestiférés quand la peste ravage Milan en 1576. Il meurt dans son diocèse en 1584, à 46 ans, épuisé par les fatigues et les austérités.

Voici, mes bien-aimés, ce temps célébré avec tant de ferveur, et, comme dit l’Esprit Saint, temps de la faveur divine, période de salut, de paix et de réconciliation temps jadis désiré très ardemment par les voeux et les aspirations instantes des anciens prophètes et patriarches, et qui a été vu enfin par le juste Siméon avec une joie débordante! Puisqu’il a toujours été célébré par l’Église avec tant de ferveur, nous-mêmes devons aussi le passer religieusement dans les louanges et les actions de grâce adressées au Père éternel pour la miséricorde qu’il a manifestée dans ce mystère.

Oui, par cet avènement de son Fils unique, en vertu de son immense amour pour nous, pécheurs, il l’a envoyé alors pour nous délivrer de la tyrannie et de l’empire du démon, nous inviter à aller au ciel, nous faire pénétrer dans les mystères célestes, nous montrer la Vérité en personne, nous former à la pureté des moeurs, nous donner les germes des vertus, nous enrichir des trésors de sa grâce et enfin nous adopter pour ses fils et pour héritiers de la vie éternelle.

Du fait que ce mystère est revécu chaque année par l’Église, nous sommes exhortés à rappeler sans cesse le souvenir de tant d’amour envers nous. Cela nous enseigne aussi que l’avènement du Christ n’a pas profité seulement à ceux qui vivaient à l’époque du Sauveur, mais que sa vertu devait être communiquée aussi à nous tous; du moins si nous voulons, par le moyen de la foi et des sacrements, accueillir la grâce qu’il nous a méritée et diriger notre vie selon cette grâce en lui obéissant.

L’Église nous demande encore de comprendre ceci: de même qu’il est venu au monde une seule fois en s’incarnant, de même, si nous enlevons tout obstacle de notre part, il est prêt à venir à nous de nouveau, à toute heure et à tout instant, pour habiter spirituellement dans nos coeurs avec l’abondance de ses grâces.

Aussi l’Église, comme une mère très affectueuse et très préoccupée de notre salut, à l’occasion de ce temps, nous enseigne, par des hymnes, des cantiques, et par toutes les paroles et les rites que lui a inspirés le Saint-Esprit, comment accueillir avec gratitude un si grand bienfait et comment nous enrichir de ses fruits. Ainsi notre âme se disposera à l’avènement du Christ avec autant de soin que s’il devait encore venir au monde, et de la manière même dont les pères de l’Ancien Testament, par leurs paroles comme par leurs exemples, nous ont appris à les imiter.

Saint Charles Borromée

La conférence de Bali sur le climat peut-elle faire une différence?

Par Jasmin Lemieux-Lefebvre

Paver la voie à la prochaine ronde de négociations sur les changements climatiques, tout un défi.

On ne doit pas à s’attendre à grand chose de cet exercice, si ce n’est beaucoup de voeux pieux…

Sommes-nous vraiment prêts à faire des sacrifices d’importance pour l’avenir de notre planète?

Oui, des choix difficiles nous attendent, car la façon numéro un de réduire notre impact sur l’environnement, c’est de réduire notre consommation.

Réduire notre consommation, ça rime avec ralentir notre économie. Bou! Jouer avec notre porte-monnaie, ça fait peur à bien des gens.

Moi ce qui me fait peur, c’est tous ceux qui encore aujourd’hui pensent que le réchauffement de la planète causé par l’activité humaine est un mythe.

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Pour suivre cette conférence, visitez le site officiel.

Le site est principalement en anglais, mais une section est en français.

L’Avent réveille les chrétiens en danger de sommeiller

Par le père Thomas Rosica, c.s.b.,
Directeur-général de la Télévision Sel et Lumière

C’est déjà le temps de l’Avent! Pendant ce temps de désir et d’attente, nous sommes invités à prier et à réfléchir à la Parole de Dieu, mais surtout, à devenir un reflet de la lumière du Christ. Mais nous savons tous combien il est difficile d’être miroir de la lumière du Christ, particulièrement quand nous sommes désabusés de la vie, nous nous sommes habitués à l’existence ombragée du monde ou nous avons cultivé la médiocrité et le vide. L’Avent nous rappelle que nous devons être prêts à rencontrer le Christ à chaque moment de notre vie. Comme une alarme de sécurité réveille le propriétaire de la maison, l’Avent réveille les chrétiens qui sont en danger de sommeiller dans leur propre vie.

Après quoi ou après qui attendons-nous dans la vie? Dis-moi qui tu attends et je te dirai qui tu es. Pour quelles vertus ou grâces prions-nous cette année? Désirons-nous la guérison et la réconciliation dans nos relations brisées? Quelle signification et compréhension désirons-nous avoir au milieu de notre propre obscurité, tristesse et mystère? Comment vivons-nous nos promesses baptismales? Quelles qualités de Jésus cherchons-nous dans nos propres vies pour cet Avent? Plusieurs fois, des petites choses, des qualités, des dons ou les gens que nous croisons nous font prendre conscience de ce que nous sommes vraiment. L’Avent est un temps pour ouvrir nos yeux, s’unir dans la foi, prêter attention et garder la perspective de la présence de Dieu dans le monde et dans nos propres vies.

Notre propre baptême est une part de la mission messianique de Jésus. Tous ceux qui partagent cette mission partage aussi des responsabilités royales, particulièrement le soin des affligés et des blessés. L’Avent est une merveilleuse occasion pour «activer » notre promesse baptismale et notre engagement en tant que baptisé. Cette année pour l’Avent, nous nous efforçons d’être le sel, cette saveur qui donne du goût et un sens à la vie chrétienne. Nous désirons être lumière « reflétant la brillance du Christ » à tous ceux et celles que nous rencontrons chaque jour.

Cette année pour l’Avent, permettez-moi de vous suggérer de rétablir les liens après une querelle. Construisez la paix.
Recherchez un ami oublié. Mettez de côté le soupçon et remplacez-le par la confiance. Écrivez une lettre d’amour.
Partagez quelques trésors.
Donnez une réponse aimable bien que vous vouliez répondre durement. Encouragez un jeune à croire en lui.
Manifestez votre fidélité dans la parole et dans l’action.
Tenez une promesse. Trouvez et donnez-vous du temps.
Laisser tomber une rancune. Pardonnez à un ennemi.
Célébrez le Sacrement du Pardon. Soyez plus à l’écoute.
Présentez des excuses si vous avez eu tort.
Soyez aimable même si vous vous sentez mal!
Essayez de comprendre. Méprisez l’envie.
Portez attention aux exigences que vous avez envers les autres.
Pensez d’abord à quelqu’un d’autre. Appréciez.
Soyez aimable, et doux. Riez un peu. Riez un peu plus.
Méritez la confiance. Armez-vous contre la malice.
Décriez la suffisance. Faites preuve d’une gratitude formelle.
Allez à l’église. Accordez-vous un petit moment à l’église plus long que d’habitude. Réjouissez le cœur d’un enfant.
Prenez le plaisir dans la beauté et l’étonnement de la terre.
Parlez de votre amour. Parlez en toujours et encore.
Parlez de cela même plus fort. Parlez de cela tranquillement. Réjouissez-vous, car le Seigneur est proche!
Je vous souhaite un joyeux temps de l’Avent! Restez des nôtres pendant ce temps liturgique fort afin que vous puissez vous rappelez de la raison pour cette saison!

LETTRE ENCYCLIQUE
SPE SALVI
DU SOUVERAIN PONTIFE
BENOÎT XVI
AUX ÉVÊQUES
AUX PRÊTRES ET AUX DIACRES
AUX PERSONNES CONSACRÉES
ET À TOUS LES FIDÈLES LAÏCS
SUR L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE

Introduction

1. « SPE SALVI facti sumus » – dans l’espérance nous avons tous été sauvés, dit saint Paul aux Romains et à nous aussi (Rm 8, 24). Selon la foi chrétienne, la « rédemption », le salut n’est pas un simple donné de fait. La rédemption nous est offerte en ce sens que nous a été donnée l’espérance, une espérance fiable, en vertu de laquelle nous pouvons affronter notre présent: le présent, même un présent pénible, peut être vécu et accepté s’il conduit vers un terme et si nous pouvons être sûrs de ce terme, si ce terme est si grand qu’il peut justifier les efforts du chemin. Maintenant, une question s’impose immédiatement: mais de quel genre d’espérance s’agit-il pour pouvoir justifier l’affirmation selon laquelle, à partir d’elle, et simplement parce qu’elle existe, nous sommes rachetés? Et de quel genre de certitude est-il question?

Texte complet

Ne manquez pas Zoom ce vendredi alors que nous résumerons pour vous le contenu de l’encyclique de Benoît XVI publié ce matin.

https://seletlumieretv.org/blogue/divers/236

L’éducation catholique au Québec: un parcours historique

Par Sébastien Lacroix 

Dans la foulée du débat qui a cours présentement sur l’enseignement religieux confessionnel, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec propose sur son site web un document qui retrace les interventions de l’Assemblée depuis la création du Ministère de l’Éducation du Québec (1964) jusqu’à nos jours.

Rédigé par le Secretariat de l’AECQ, le document montre que:

[d]ans une histoire complexe qui se déroule sur plus de quarante ans, les évêques ont voulu être attentifs aux défis que posait au système scolaire une société en pleine évolution et de plus en plus pluraliste. Mais surtout, ils se sont efforcés d’assurer, dans un contexte parfois difficile, la présence d’un enseignement religieux catholique et d’une pastorale de qualité qui soient conformes au message évangélique et à la doctrine de l’Église.

Le document permet de prendre un certain recul face au débat actuel en plus de mieux le situer dans l’hisoire du Québec et de la place de l’Église catholique dans cette société.

Par l’Église, à l’école?

Par Sébastien Lacroix 

Le cardinal était à peine descendu de l’avion hier après-midi à Rome, qu’il dut se précipiter dans un studio pour une série d’entrevues via satellite. Les réactions à la lettre ouverte du Cardinal Ouellet ont été fortes, et l’auteur s’est dit un peu surpris. La surprise passée, il explique ses motivations et pèse ses mots :

C’est une main tendue…  c’est un effort de construction pour l’avenir en enlevant les obstacles qui empêchent la compréhension et peut-être l’approfondissement de nos valeurs chrétiennes, de nos valeurs spirituelles. Nous en avons beaucoup besoin au Québec et c’est dans cet esprit-là que j’ai écrit cette lettre.

Journalistes et intervieweurs ont bien tenté d’amener le Cardinal sur un terrain glissant concernant certains enseignements de l’Église, car ils insistent, et avec eux certains théologiens,  que les Québécois rejettent l’institution à cause de certains de ces enseignements sur des thèmes précis : l’avortement, la contraception, l’accès des femmes au sacerdoce, etc.  Ainsi pour eux,  l’Église devrait réviser ses positions. Au nom de l’ouverture ? Encore une fois, vous allez attendre longtemps. De toute manière, la vague est déjà passée, du moins jusqu’au retour de l’éminence de Québec…

Car la question de l’enseignement religieux confessionnel est loin d’être résolue, au contraire, beaucoup se sont faits un devoir d’en parler devant la Commission Bouchard/Taylor. C’est ainsi que l’archevêque concluait sa lettre de mercredi :

En tant que pasteur d’un peuple en grande majorité catholique, vous comprendrez que la transmission de notre héritage culturel et religieux me tient beaucoup à coeur. C’est pourquoi je réitère l’appui aux parents qui ont droit à ce que leurs enfants reçoivent à l’école un enseignement religieux qui corresponde à leurs convictions. Je demande donc avec eux à l’État de respecter la tradition québécoise de transmission des connaissances religieuses à l’école – pas nécessairement PAR l’école – et d’offrir un espace aux Églises et aux groupes religieux reconnus afin qu’ils donnent des cours confessionnels qui soient conçus et rémunérés par eux. Et qu’au nom de la liberté religieuse de chacun, le cours d’État d’éthique et de culture religieuse soit OPTIONNEL.

Est-ce que j’ai bien compris : à l’école mais non par l’école ? Ce n’est pas ce que j’entendais depuis quelques mois.  Cela ne correspond pas nécessairement non plus aux revendications de l’Association des parents catholiques du Québec, mais apparaît tout de même très intéressant. Les évêques du Québec pourraient même s’entendre sur une telle idée.

Il faut dire que la ‘division’ au sein de l’épiscopat québécois ne correspond pas tout à fait à ce que disent les médias. Tous les évêques veulent offrir la meilleure formation possible aux enfants, mais ne sont pas nécessairement d’accord sur la manière de le faire. Telle semble être la divergence entre Marc Ouellet et la plupart des évêques du Québec sur la question de l’enseignement religieux. Plusieurs éléments motivent les positions des uns et des autres.
Ceux qui sont pour le retrait de la catéchèse des écoles affirment que les enseignants sont bien souvent des contre-témoignages de la foi et de sa pratique.
Ceux qui souhaitent que cela demeure à l’école affirment que les parents n’ont pas les outils pour soutenir la formation de leurs enfants, que ce soit à la maison ou à la paroisse.
Ce dernier point est à mon avis injuste. Des outils extraordinaires sont désormais offerts aux paroisses et aux parents qui désirent poursuivre une démarche catéchétique avec leurs enfants. Pensons au chantier Passages et à la multitude de cahiers et de guides élaborer par l’Office de catéchèse du Québec, l’Institut de la famille et diverses maisons d’éditions. Plusieurs diocèses ont déjà mis beaucoup de temps et d’efforts afin d’implanter ces programmes de catéchèses en paroisse qui sont pertinents et solides. Les mettre de côté serait une erreur.

Encore cette année, près de 80% des parents québécois optent pour que leur enfant reçoive un enseignement religieux confessionnel à l’école. Cette option ne sera plus offerte dès septembre et sera remplacée par un programme d’éthique et religions sur lequel nous reviendrons plus tard. La question : est-ce que ces mêmes parents inscriront leurs enfants aux catéchèses offertes en paroisse ? La réponse est non. Parce qu’entre le soccer, le karaté et la piscine il ne reste plus beaucoup de temps et,  papa et maman sont épuisés.

Pourquoi alors ne pas demander le soutien de l’école ? La question mérite d’être posée. Et débattue.

Un vent de tempête?

Par Sébastien Lacroix 

S’il est un québécois qui n’a pas encore entendu parler de la lettre ouverte de l’archevêque de Québec, qu’il se lève! Le cardinal Ouellet a beau être en retraite en Espagne avant de se rendre à Rome pour le consistoire ordinaire de samedi, il se trouve sur toutes les tribunes et suscite moult réactions, même la Ministre des Finances du Québec s’est permis d’ajouter son grain de sel.
 
D’abord la lettre : elle ne s’intitule pas ‘mea culpa du cardinal Ouellet’ mais plutôt ‘lettre ouverte aux catholiques du Québec, À la recherche de la fierté québécoise.’ Il s’y trouve un mea culpa, une demande de pardon et ceux qui doutent de la sincérité de ces propos ne devrait peut-être pas jeter la pierre si vite. Le cardinal demande aux catholiques de l’aider : « J’invite les pasteurs et les fidèles à chercher avec moi la manière de reconnaître nos erreurs et nos déficiences, afin d’aider notre société à se réconcilier avec son passé chrétien. » Le dialogue semble ainsi ouvert et l’idée d’un nouveau départ pour retrouver « les sources vives de l’âme et de l’identité religieuse de la société québécoise » est lancée. Repentance et réconciliation : les catholiques du Québec en sont certainement capables. Que cela soit fait dans le cadre des préparations au Congrès ou non importe peu : nous avons besoin de réconciliation !

Chose certaine, ceux et celles qui souhaitent que le cardinal Ouellet, et avec lui plusieurs catholiques, se taisent vont attendrent longtemps. Les médias se sont littéralement rués sur la lettre de l’archevêque pour ensuite récolter des réactions à tout vent. En fait, ce 21 novembre aura été une très bonne journée pour les médias. Comment toutefois expliquer cet intérêt ? Malgré une « laïcité intégriste », il existerait toujours au Québec un respect pour les individus qui se tiennent debout.

Les autres évêques du Québec se sont rapidement dissociés des propos de leur confrère. Affirmant qu’il s’agit d’une initiative personnelle de l’archevêque de Québec, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec ne peut en dire plus et a du mal à cacher un certain malaise. Ce malaise est réel et les évêques du Québec n’auront d’autre choix que d’en parler. Là aussi, le dialogue devra être ouvert.

Il y a toujours en Église ce débat pour trouver les meilleurs moyens pour annoncer l’évangile. Benoît XVI a d’ailleurs convoqué un synode des évêques l’an prochain pour discuter de cette question (La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église).  Les évêques du Québec étaient pendant longtemps en faveur d’une approche « d’enfouissement », c’est-à-dire qu’il faut être « proche du monde » pour mieux évangéliser. L’Église a su s’adapter au monde pour se faire entendre. Les priorités d’il y a trente ans ne sont pas nécessairement celles d’aujourd’hui. C’est en faisant une relecture constante de l’histoire et de son action dans le monde que l’Église fait connaître son message. Pour y parvenir, l’Esprit Saint continue d’interpeller des hommes et des femmes qui ont l’audace d’annoncer la Parole et faire connaître l’enseignement du Christ.

Cela dit, il n’est pas anodin que cette lettre ouverte soit publiée en la fête de la Présentation de Marie au Temple alors que l’évangile d’aujourd’hui (au Canada) est tirée de Matthieu, chapitre 12 :

Comme Jésus parlait encore à la foule, voici que sa mère et ses frères se tenaient au-dehors, cherchant à lui parler. Quelqu’un lui dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors, qui cherchent à te parler. » Jésus répondit à cet homme : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » Puis, tendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une sœur et une mère. »

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