Par le père Thomas Rosica, c.s.b.
La fête de la présentation de Jésus dans le temple de Jérusalem est célébrée le 2 février, le quarantième jour après la naissance de Jésus. Cette fête a marqué la fin du temps de Noël depuis le 5ème siècle. Le récit d’un antique pèlerin chrétien à Jérusalem dit que cette fête était célébrée avec la même joie et la même ferveur que Pâques.
Dans le récit évangélique qui marque cette fête, les figures extraordinaires des vieux Siméon et Anne dans le Temple, à côté de celles de Marie et Joseph, sont des icônes ou des fenêtres pour nous sur les Écritures hébraïques. Siméon et Anne portent à l’intérieur d’eux-mêmes l’espérance de leur peuple. Le vieil homme Siméon, tenant l’enfant, et la vieille femme, Anne, représentent chacun de nous confronté à la « nouveauté » de Dieu. Cette nouveauté de Dieu est comme un petit enfant devant nous. Nos vieilles manières de faire les choses, nos peurs, nos jalousies, nos soucis, nos luttes pour le pouvoir et le prestige, sont confrontés avec la bonté de Dieu. Siméon pris l’enfant Jésus dans ses bras, en disant :
Maintenant, ô Maître,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix,
selon ta parole.
Car mes yeux ont vu ton salut,
que tu as préparé à la face de tous les peuples :
lumière pour éclairer les nations païennes,
et gloire d’Israël ton peuple.
Dans le Temple, Siméon et Anne nous engagent à considérer les moyens que nous mettons en œuvre pour le changement et la vie nouvelle au milieu de nous. Sommes nous prêt à prendre l’enfant dans nos bras, à l’accueillir, à préparer une chambre pour lui dans nos vies ? Laisserons-nous entrer cette nouveauté dans nos vies, ou allons nous essayer de mettre l’ancien et le nouveau ensemble en espérant que la nouveauté de Dieu ne nous causera qu’un dérangement minimal ? Ces nouvelles réalités nous font-elles peur ? Comment sommes-nous lumière et salut pour les autres? Comment voyons-nous la gloire de Dieu dans nos vies? Sommes-nous assoiffé de justice et paix ? Quelles sont les situations et les nouvelles personnes qui sont entrées dans nos vies ces derniers temps ?
Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein), la carmélite allemande juive qui est morte dans le camp de concentration d’Auschwitz, a écrit ces mots à propos de la présentation de notre Seigneur dans le Temple de Jérusalem :
Les mystères chrétiens sont un tout indivisible. Si nous sommes immergés dans l’un d’eux, nous sommes conduits à tous les autres. Ainsi le chemin conduit inévitablement de Bethléem au Golgotha, de la crèche jusqu’à la croix. Lorsque la bienheureuse Vierge porta l’enfant au Temple, Siméon a prophétisé que son âme serait transpercée par une épée, que l’enfant provoquera la chute et le relèvement d’un grand nombre et qu’il sera un signe de contradiction. Sa prophétie annonçait la Passion, la lutte entre la lumière et les ténèbres qui avait déjà commencée devant la crèche.
Célébrer véritablement le mystère de Noël signifie nous immerger nous-mêmes dans tous les mystères du Christ. La vraie compréhension de Noël commence quand nous accompagnons l’enfant Jésus à Bethléem, à Nazareth, à Capharnaüm et jusqu’à Jérusalem. La prophétie de Siméon a en effet annoncé la passion, la lutte entre la lumière et les ténèbres qui commence devant la crèche à Bethléem. Mais en tant que Chrétiens, nous avons la consolation et la certitude que cette « lumière brille dans les ténèbres, et que les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Jn 1, 5). Permettez-moi de vous laisser avec cette prière de la communauté de Shaker :
Quand le chant des anges s’éloigne,
quand l’étoile dans le ciel est passée,
quand les rois sont rentrés chez eux,
quand les bergers sont retournés avec leurs troupeaux
quand Siméon et Anne sont allés vers leur Maître dans la paix,
alors, l’œuvre de Noël commence :
pour trouver les perdus, pour guérir les brisés,
pour libérer les prisonniers, pour reconstruire les nations,
pour apporter la paix à tous les peuples,
pour mettre de la musique dans les cœurs.
Il n’est pas trop tard pour laisser la véritable oeuvre de Noël commencer dans nos vies et dans notre monde.