Savoir dire merci

Par le père Thomas Rosica, C.S.B.

La célébration de l’Action de grâce au Canada constitue un contrepoint intéressant face à la fête célébrée par nos voisins américains. Alors qu’ils se souviennent des premiers colons qui se sont installés dans le Nouveau Monde, les Canadiens rendent grâce pour une bonne récolte.

Au cœur de la célébration de l’Action de grâce se trouve l’idée d’être reconnaissant pour la bonne saison qui se termine. Pourtant, lorsque tout va bien dans nos vies, rendons-nous souvent grâce à Dieu pour ce que nous sommes et ce que nous avons?

La reconnaissance va bien au-delà d’un simple « merci » obligé. Elle est une manière de percevoir le monde, un moyen pour être surpris, s’émerveiller. Il s’agit d’avoir les yeux ouverts et près de son cœur.

Quelles sont les qualités des gens reconnaissants ? Le souvenir est certainement le trait le plus précieux de la gratitude. L’une des plus grandes qualités de quelqu’un est d’être capable de dire « merci » aux autres et de ne prendre rien ni personne pour acquis. Ceux et celles qui ont cette vertu de la gratitude sont très riche : non seulement savent-ils qu’ils ont été bénis, mais ils se rappellent sans cesse que toute bonne chose vient de Dieu.

Un incident qui m’a beaucoup appris à-propos de la gratitude m’a particulièrement marqué. C’était en juin 1999 et je venais tout juste d’être nommé à la direction des JMJ 2002 au Canada. Je m’étais rendu à Paris pour rencontrer les responsables de l’Église qui avaient organisé la JMJ de 1997, qui fut d’ailleurs un grand succès.

Après trois jours de réunions intenses, l’évêque qui m’accueillait m’accompagna à un taxi. Il s’arrêta un moment sur le bord de la rue et me dit : « Thomas, il y a une chose que j’ai oublié de te dire  –  nous avons oublié de remercier les employés, les bénévoles et tous ceux qui avaient travaillé avec nous si fort pour le succès de cet événement. Nous nous en sommes aperçus alors qu’il était trop tard !

« Tu sais, nous [les prêtres] sommes les maîtres des grandes célébrations liturgiques… L’Eucharistie est essentiellement le grand acte d’action de grâce, mais nous ne savons pas comment dire ‘merci’. »

Mgr Michel Dubost m’a rappelé que la chose la plus importante que je pouvais faire en tant qu’être humain, prêtre et leader d’une grande organisation était de remercier ceux et celles qui travailleraient avec moi. Il m’a dit de ne prendre personne ni même un simple geste pour acquis.

Reconnaître les autres, dire merci, est une marque de grandeur. Si nos collègues ou collaborateurs sont découragés et démotivés, peut-être est-ce parce que nous ne leur avons jamais exprimé notre gratitude pour ce qu’ils sont et ce qu’ils font ? Je sais que nous avons un long bout de chemin à faire en Église pour réellement vivre de ce que nous professons vraiment dans la célébration eucharistique. J’ajouterai que les églises ne sont pas les seules organisations qui omettent d’exprimer leur reconnaissance aux autres.

Le courage de dire merci – c’est-à-dire le courage de voir du même coup les personnes et les expériences de ce monde comme un don – transforme non seulement la personne qui profite de ce jugement, mais aussi le milieu, le monde, et ceux et celles qui nous entourent.

La gratitude est créative. Ceux et celles qui sont liés par la gratitude trouvent constamment en eux de nouvelles forces. Plus quelqu’un est reconnaissant et plus il s’enrichie de l’intérieur. Les gens reconnaissants rassemblent dans leurs souvenirs toutes les belles expériences du passé, comme le dit le proverbe : le cœur retient ce que la mémoire oublie.

En ce weekend au court duquel nous nous retrouvons avec nos parents et amis pour célébrer et partager, nous savons que Dieu est bon non pas par des oui-dires, mais parce que nous en avons fait l’expérience. Et c’est ce qui fait toute la différence.

Votre chance de faire partie d’une comédie musicale sur une bienheureuse québécoise…

Les Productions Dina-Bélanger préparent déjà depuis quelques semaines la comédie musicale Dina, une création de Louis-Martin Lanthier.

Vous voulez en faire partie? Visitez le site web de la salle Dina-Bélanger pour l’info sur les auditions et le synopsis de la comédie musicale.

“Fils de Lévi, suis-moi.” – Mt 9, 9-13

[NDLR] En la fête de l’apôtre Matthieu, nous publions ici l’homélie de Glen MacDonald, C.S.B., ordonné diacre samedi dernier à Toronto. Glen fut un collaborateur de Sel + Lumière. Il poursuit son stage pastorale dans une paroisse de Rochester, NY.

L’évangile d’aujourd’hui retrace l’appel de l’apôtre Matthieu. Matthieu était un collecteur d’impôts et, par son métier, il gagnait son pain en collectant une taxe auprès de ceux qui voyageaient sur la route commerciale locale. On peut imaginer que Matthieu en serait venu à connaître Jésus, qui passait régulièrement sur cette route. Apparemment, chaque fois que Jésus donnait une pièce de monnaie à Matthieu, il lui offrait bien plus que le simple désir de « rendre à César ce qui appartient à César. »

Non, au lieu de payer la taxe ou de condamner Matthieu d’être un collecteur d’impôts, Jésus s’est probablement approché avec un sourire et un mot gentil, peut-être quelques mots à-propos de tout et de rien et possiblement une invitation à souper. Plus tard, peut-être quelques enseignements sur le Royaume de Dieu et la prépondérance de la miséricorde devant le sacrifice.

Nous ne savons pas ce qui se passait au cours de ces rencontres triviales, mais nous pouvons constater qu’elles ont eu un impact profond sur Matthieu. Par de simples gestes, payer la taxe par exemple, Jésus a cultivé en Matthieu le désir de suivre Dieu. Il lui dit : « Suis-moi. » Et il le suivit.

Nous allons rencontrer plusieurs gens tout au long de cette journée : un stagiaire gêné à la cafétéria, un collègue frustré au photocopieur, un professeur stressé à son bureau, une vieille dame au dépanneur du coin, un jeune avec piercings et tatous au pub. Qui sait ? Peut-être l’une de ces personnes sera Matthieu ? Soyons généreux de nos sourires, nos gestes et nos échanges – ses gestes de miséricorde – afin que, à l’image du Christ, nous puissions préparer cette personne à répondre à l’appel de Dieu.

La marque du Messie devient la marque de ses disciples.

Par le père Thomas Rosica, C.S.B.

La fête de l’Exaltation de la Sainte Croix tire son origine du fait que la mère de l’empereur Constantin, sainte Hélène, a découvert le 14 septembre de l’an 320, à Jérusalem, la croix sur laquelle Jésus est mort.  À l’origine, la notion de triomphe associée à la croix faisait davantage référence à la compréhension «normale» de ce mot: une victoire sur quelqu’un, acquise au prix d’une quelconque violence. Mais n’est-il pas choquant de parler d’une croix comme symbole d’une telle sorte de triomphe? La crucifixion de Jésus est un formidable et divin paradoxe. La croix, un instrument de mort, est transformée en arbre donneur de vie. Grâce au mystère de la croix, le Christ crucifié devient notre vie et notre lumière au milieu des ténèbres.

Lorsque toute la commotion et l’activité frénétique des Journées mondiales de la jeunesse sont arrivées à leur terme, j’étais convaincu que l’une des choses qui allaient le plus durablement marquer le Canada était cette petite croix toute simple. Elle aura constitué un énorme bienfait et une source de consolation pour les centaines de milliers de personnes qui l’ont touchée et embrassée, qui ont découvert des choses grâce à elle et qui lui ont permis de les toucher personnellement à l’aide du message et du souvenir impérissables de celui qui est mort sur elle. Célébrer le triomphe de la croix, c’est donc reconnaître le plein accomplissement du ministère de Jésus. Jésus nous a demandé de courageusement choisir une vie semblable à la sienne. La souffrance ne peut être évitée ni ignorée par ceux qui marchent dans ses traces. Suivre Jésus, cela implique de souffrir et de porter, nous aussi, notre croix. La marque du Messie devient ainsi la marque de ses disciples.  

La croix, un pont jeté au-dessus de l’abîme de la mort

« Notre Seigneur a été piétiné par la mort, mais, en retour, il a frayé un chemin qui écrase la mort. Il s’est soumis à la mort et il l’a subie volontairement pour la détruire malgré elle. Car, sur l’ordre de la mort, notre Seigneur « est sorti en portant sa croix » (Jn 19,17). Mais il a crié sur la croix et il a tiré les morts des enfers…

Il est le glorieux « fils du charpentier » (Mt 13,55) qui, sur le char de sa croix, est venu au-dessus de la gueule vorace du séjour des morts et a transféré le genre humain dans la demeure de la vie (Col 1,13). Et parce que, à cause de l’arbre du paradis, le genre humain était tombé dans le séjour des morts, c’est par l’arbre de la croix qu’il est passé dans la demeure de la vie. Sur ce bois-là avait été greffée l’amertume; mais sur celui-ci la douceur a été greffée, pour que nous reconnaissions en lui le chef auquel ne résiste rien de ce qui a été créé.

Gloire à toi ! Tu as jeté ta croix comme un pont au-dessus de la mort, pour que les hommes y passent du pays de la mort à celui de la vie… Gloire à toi ! Tu as revêtu le corps d’Adam mortel et tu en as fait la source de la vie pour tous les mortels. Oui, tu vis ! Car tes bourreaux se sont comportés envers ta vie comme des semeurs : ils ont semé ta vie dans les profondeurs de la terre comme on sème le blé, pour qu’il lève lui-même et fasse lever avec lui beaucoup de grains (Jn 12,24).

Venez, faisons de notre amour comme un encensoir immense et universel ; prodiguons des cantiques et des prières à celui qui a fait de sa croix un encensoir à la Divinité et nous a tous comblés de richesses par son sang. »

– Saint Ephrem (vers 306-373), diacre en Syrie, docteur de l’Église Homélie sur notre Seigneur

Quand on s’exclue de la communion

À 13 heures cet après-midi, la Conférence des évêques catholique du Canada a rendu public une déclaration d’excommunication à l’endroit des membres de l’Armée de Marie. Il s’agit d’une situation triste qui fait certainement mal à la communion de l’Église qui a été brisée dès le moment que les actes schismatiques ont été posés.

« Suite à des consultations auprès des évêques du Canada et auprès de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, la Congrégation pour la doctrine de la foi (responsable au Saint-Siège pour toutes les questions de foi et de morale) a émis une déclaration d’excommunication à l’endroit de membres de L’Armée de Marie. Cette annonce a été faite avec l’approbation du pape Benoît XVI. »

Voici l’intégral de la déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui explique pourquoi les membres de l’Armée de Marie se sont eux-mêmes exclus de la communion de l’Église:

CONGREGATIO PRO DOCTRINA FIDEI
DECLARATION

CONCERNANT LE MOUVEMENT
«LA COMMUNAUTÉ DE LA DAME DE TOUS LES PEUPLES»
ET DE SES OEUVRES: «L’ARMÉE DE MARIE»,
«LA FAMILLE ET LA COMMUNAUTÉ DES FILS ET FILLES DE MARIE»,
«LES OBLATS-PATRIOTES», «L’INSTITUT MARIALYS»
Son Eminence le Cardinal Marc OUELLET, Archevêque de Québec, a adressé le 26 mars 2007 à tous les fidèles de son diocèse une déclaration concernant le statut, les activités et les œuvres associées au mouvement appelé “Communauté de la Dame de tous les Peuples”, mieux connu sous le nom de “L’Armée de Marie”.

Le Cardinal déclarait « que les responsables de l’Armée de Marie se sont exclus de la communion de l’Église catholique … L’Armée de Marie est devenue clairement et publiquement un mouvement schismatique et donc une association non – catholique.  Ses doctrines particulières sont fausses et ses activités ne peuvent être fréquentées ni soutenues par des catholiques ».

Dans sa lettre du 25 mars 2007, le Commissaire Pontifical, son Excellence Mgr. Terrence PRENDERGAST, S.I., avait fixé la date ultime du 31 mai 2007 aux prêtres, membres de cette association, sous peine de sanctions canoniques adéquates, afin qu’ils expriment leurs intentions, renient les erreurs ainsi que les actes du schisme, et  promettent obéissance au Saint-Siège.

Ces prêtres n’ont pas suivi les injonctions du Commissaire Pontifical. Au contraire, le 3 juin 2007, nombreux parmi eux ont participé à l’ordination presbytérale invalide de six membres, célébrée par un prêtre de la même Association, le Père Jean-Pierre MASTROPIETRO.

Vu la gravité de la situation, et en l’absence de solution alternative, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi se fait le devoir de déclarer ce qui suit:

a) Les prétendues “ordinations diaconales et presbytérales”, célébrées par le Père Jean-Pierre Mastropietro, sont invalides.
b) Le Père Jean-Pierre MASTROPIETRO encourt l’excommunication  latae sententiae pour le délit de schisme (CIC can. 1364). En outre, il tombe dans l’irrégularité en ce qui concerne la réception et l’exercice des Ordres Sacrés, ayant attenté à un acte de l’Ordre Sacré réservé aux Evêques (CIC cann. 1384; 1041, n. 6; 1044, § 1, n. 3).
c) Les personnes qui ont prétendu se faire ordonner diacres et prêtres par l’imposition des mains du Père Jean-Pierre MASTROPIETRO encourent l’excommunication  latae sententiae pour le délit de schisme (CIC can. 1364).
d) Les membres dudit Mouvement et des oeuvres associées, qui ont adhéré à ces actes schismatiques, malgré l’avertissement fait le 26 mars 2007 par l’Ordinaire de Québec, et ont décidé de continuer à fréquenter ce mouvement, sont dans le schisme et donc encourent l’excommunication latae sententiae.
e) Demeure valide le jugement doctrinal négatif émis par les Evêques catholiques du Canada le 29 juin 2001, après consultation de notre Congrégation et avec son approbation.  Il est à réaffirmer avec clarté et fermeté que la doctrine développée par le Mouvement “Communauté de la Dame de tous les Peuples”, mieux connu sous le nom de “L’Armée de Marie”, est hérétique. Quiconque sciemment et délibérément adhère à cette doctrine encourt l’excommunication latae sententiae pour hérésie (CIC can. 1364).

Fait au Palais du Saint Office, le 11 juillet 2007
A notifier.

William Cardinal LEVADA
Préfet

X Angelo AMATO
Archevêque tit. de Sila
Secrétaire

11 septembre 1984

Par Sébastien Lacroix

Où étiez-vous il y a 23 ans? Jean-Paul II effectuait alors ce qui sera la plus longue visite apostolique de son pontificat, ici au Canada. Arrivé à Québec le 9 septembre, le Saint-Père sillona le pays pendant 12 jours, allant à la rencontre des centaine de milliers de personnes qui l’attendaient. (On peut d’ailleurs revoir en ligne les hauts moments de cette visite, entre autres sur LCN) Le 11 septembre, des milliers de personnes se trouvaient au Parc Jarry à Montréal pour assister à la toute première béatification à se déroulé en sol américain: celle de la bienheureuse Marie-Léonie Paradis, fondatrice de l’Institut des Petites Soeurs de la Sainte-Famille.

Ce jour là, Jean-Paul II a évoqué l’humilité et l’esprit de service de la bienheureuse:

Sœur Marie-Léonie Paradis ne craignait pas les diverses formes du travail manuel qui est le lot de tant de gens aujourd’hui, qui a été à l’honneur dans la Sainte Famille, dans la vie même de Jésus à Nazareth. C’est là qu’elle a vu la volonté de Dieu sur sa vie. C’est en accomplissant ces tâches qu’elle a trouvé Dieu. Avec les sacrifices inhérents à ce travail, mais offerts par amour, elle y a connu une joie et une paix profondes. Elle savait qu’elle rejoignait l’attitude foncière du Christ, « venu non pour être servi mais pour servir. » Elle était toute pénétrée de la grandeur de l’Eucharistie, et de la grandeur du sacerdoce. Oui, Dieu a jeté les yeux sur la sainteté de son humble servante, Marie-Léonie, qui s’est inspirée de la disponibilité de Marie. Et désormais sa Congrégation et l’Eglise la diront, d’âge en âge, bienheureuse (cf. Lc 1, 84).

Vingt-trois ans plus tard, les gens se souviennent. Mère Léonie a inspiré beaucoup de jeunes femmes à prendre la tenue de service. La mission de cette communauté vouée au service du clergé doit être prise dans le contexte de l’Église du XIXe et XXe siècle. Il n’en demeure pas moins que Marie-Léonie et ses filles continuent d’inspirer beaucoup de gens.

La communauté fut fondé à Memramcook, N.-B. en 1880. Faute de la reconnaissance de l’évêque du lieu, Marie-Léonie accepta l’invitation de Mgr Paul Laroque qui propose à la communauté de s’installer dans son diocèse, Sherbrooke. Avec regret, les habitants de Memramcook ont vu partir Mère Léonie et ses filles. Aujourd’hui encore, ils se souviennent de ce pilier de leur communauté. Un monument à la mémoire de la fondatrice se tient devant le collège où elle a travaillé. Le cimetière demeure toujours le lieu de repos des premières religieuses ainsi que du père Camille Lefebvre, qui a soutenu Marie-Léonie dès son arrivée au Nouveau-Brunswick.

Être pénétré de la grandeur de l’Eucharistie et, par cela, adopter la tenue de service, à l’image de Christ, voilà comment cette femme peut nous inspirer et nous servir de modèle encore aujourd’hui.

Bienheureuse Marie-Léonie, priez pour nous.

Dix ans plus tard, le chant de Mère Teresa se poursuit

Par le père Thomas Rosica, C.S.B.
Directeur général de la Fondation catholique Sel et Lumière Média

 

Il y a dix ans, le 5 septembre 1997, Mère Teresa de Calcutta mourut à l’âge de 87 ans à Calcutta. Née Agnes Gonxha Bojaxhiu le 27 août 1910 de parents Albaniens à Skopje (autrefois l’Albanie, aujourd’hui l’ancienne Yougoslavie). Elle joint les Sœurs de Lorette à l’âge de 18 ans. Après avoir reçu une inspiration divine lors d’un voyage en train, elle laissa le milieu aisé où elle servait et se rendit à Calcutta pour fonder une nouvelle congrégation religieuse, les Missionnaires de la Charité, dont la mission était de prendre soin des malades et des mourants des milieux les plus pauvres et misérables, d’éduquer les enfants de la rue, de venir en aide aux mendiants et de donner un refuge aux sans-abri.

En 1950, elle débuta ce qui devint son œuvre la plus connue en ouvrant à Calcutta le premier Nirmal Hriday (cœur tendre) pour les mourants et les délaissés. Les mots de Mère Thérésa demeure d’ailleurs toujours inscrits sur les murs de cette maison: «De nos jours, la maladie la plus horrible n’est ni la tuberculose, ni la lèpre. C’est le sentiment d’être indésirable, rejeté, abandonné par tous. » Elle était connue pour avoir dit à des chefs de gouvernements qui discutaient de la situation des pauvres: « Alors que vous poursuivrez vos discussions à-propos de causes et d’explications, j’irai m’agenouiller à côté des plus pauvre d’entre les pauvres et répondre à leurs besoins.»

Six ans après sa mort, en 2003, elle fut déclarée bienheureuse par son ami, le pape Jean-Paul II. Même lorsqu’elle était toujours vivante, parcourant les rues des bas fonds de Calcutta, des gens de partout dans le monde, de confessions différentes, appelaient Mère Teresa «la sainte des pauvres.»

La vie de Mère Teresa n’était pas un cliché. Nous vivons à l’ère des manchettes chocs. Alors que tout va très vite, on répond aux grands enjeux de notre époque sans réfléchir, comme des poules sans tête. La vie de Mère Térésa était une métaphore de dévouement désintéressé et de sainteté. C’est pourquoi tant de jeunes femmes de presque partout et de tant d’origines continuent d’entrer chez les Missionnaires de la Charité. Mère Teresa fonda un ordre qui compte désormais plus de 4500 femmes qui oeuvrent dans plus de cent pays. Elles gèrent plus de 500 maisons, hospices et refuges pour des milliers de mourants et de délaissés, en plus de centaines d’écoles, cliniques mobiles, maisons pour les lépreux et les sidéens. Bien que la chanteuse soit partie, le chant de l’amour, de la charité et de l’espérance continue d’être chanté par ces anges de la miséricorde qui découvre Jésus dans la détresse du pauvre.

Mère Teresa découvrit dans la prière la vérité essentielle qui est la source de l’enseignement social de l’Église et de son œuvre religieuse et humanitaire à travers les âges et à travers le monde : Jésus-Christ, le Verbe fait chair, le Sauveur de l’humanité, qui a voulut s’identifier à chaque personne, spécialement le pauvre, le malade et le laissé-pour-compte.  «C’est à moi que vous l’avez fait» répétait si souvent Mère Teresa, un message qui ne passera jamais.

Il existe des critiques de l’Église qui affirment que Mère Teresa personnifiait une vision de la foi pré-Vatican II et ne s’est pas attaquée à des maux systémiques comme les dépenses militaires. Ils la critiquent de même que ses partisans pour leur condamnation sans équivoque de l’avortement. Certains disent qu’elle était un modèle ‘sûr’, et que chaque prêtre et évêque pouvait la mettre sur un piédestal et dire aux femmes: «Soyez dociles, faites ce qui vous revient, mais n’allez pas critiquer autre chose.» Je connais moi-même plusieurs religieuses et prêtres qui sont très critiques à l’endroit de  Mère Teresa à cause de son manque d’appui pour leur style de vie et leur image alors que les religieux nord-américains mettent l’emphase sur la justice sociale et le renouveau religieux. Certains ont même déclaré qu’il n’y avait en Mère Teresa aucun élément de critique prophétique, tant dans son enseignement que dans son style de vie.

Il y a aussi les prophètes religieux autoproclamés qui clament que Mère Teresa de l’orthodoxie du progrès social américain si elle avait été davantage réformatrice que consolatrice. Au lieu de rapports de comités portant sur le nombre de personnes qu’elle a élevé au-delà du seuil de la pauvreté, tout ce qu’elle a sont quelques histoires de mourants qui étaient rejetés, qu’elle a pris dans ses bras… Au lieu d’œuvrer pour obtenir une subvention dans le but de créer un programme afin d’enrayer la pauvreté, elle est déménagée dans un quartier pour la partager avec ceux qui la vivent!

Pour nous Nord-américains capables de tout, qui croient qu’il y a une solution pour chaque problème et un baume pour chaque outrage, Mère Teresa apparaît comme l’incapable classique. On oublie sa beauté spirituelle. Elle possédait une rare fidélité à un sacré qui soutient et affirme chaque individu, où qu’il soit, et non pas là où Mère Teresa ou le responsable d’une agence d’aide ou le directeur d’un programme de travail, croit qu’ils doivent être.

Lorsque Mère Teresa parle de ‘partager la pauvreté,’ elle défie la logique des institutions qui préfèrent se fier à un agenda pour les pauvres, et non pas à la communion avec ces personnes pauvres. La communion fait fi des approches conventionnelles. Elle ne permettra peut-être jamais de trouver un emploi pour quelqu’un, encore moins de remettre cette personne sur les rails. C’est pourquoi les ‘praticiens’ de cette communion sont qualifiés d’impertinents. Il peut arriver, au pire, qu’on leur colle le titre de saint, comme Mère Teresa.    

Dieu merci pour des saints comme Teresa de Calcutta et ses disciples comme S. Nirmala Joshi qui continuent de nous rappeler que la sainteté, la bonté, la joie, la générosité et la paix demeurent possibles dans un monde si compliqué. De son vivant, Mère Teresa a dû faire face aux ombres du doute, à l’angoisse et à la nuit profonde de sa foi. Ces expériences l’ont purifiée et lui ont permis de rejoindre la multitude des saints, mystiques et bienheureux qui ont vécu des expériences similaires sur leurs chemins vers la sainteté.   

Il y a plusieurs années, lors de mes études post-universitaires à Rome, j’ai pu rencontré Mère Teresa alors que j’enseignais à ses filles dans un quartier démuni en bordure de la ville éternelle. À la fin de notre première rencontre, elle m’a béni sur le front et a posé dans mes mains une carte d’affaire comme je n’en n’avais jamais vue. On pouvait y lire:

« Le fruit du silence est la prière ; le fruit de la prière est la foi; le fruit de la foi est l’amour; le fruit de l’amour est le service; le fruit du service est la paix. Que Dieu vous bénisse. – Mère Teresa ». 

Il n’y avait pas d’adresse postale, pas numéro de telephone ou de courriel sur la carte. Mère Teresa n’avait pas besoin d’une adresse à ce moment. Et la bienheureuse Teresa de Calcutta n’en a certainement pas besoin d’une aujourd’hui. Chacun sait où elle se trouve et comment la rejoindre.

Bienheureuse Teresa de Calcutta, priez pour nous.

Fais-le quand même…

Les gens sont souvent déraisonnables, illogiques et centrés sur eux-mêmes, Pardonne les quand même…
Si tu es gentil, les gens peuvent t’accuser d’être égoïste et d’avoir des arrières pensées,
Sois gentil quand même…
Si tu réussis, tu trouveras des faux amis et des vrais ennemis,
Réussis quand même…
Si tu es honnête et franc, il se peut que les gens abusent de toi,
Sois honnête et franc quand même…
Ce que tu as mis des années à construire, quelqu’un pourrait le détruire en une nuit,
Construis quand même…
Si tu trouves la sérénité et la joie, ils pourraient être jaloux,
Sois heureux quand même…
Le bien que tu fais aujourd’hui, les gens l’auront souvent oublié demain,
Fais le bien quand même…
Donne au monde le meilleur que tu as, et il se pourrait que cela ne soit jamais assez,
Donne au monde le meilleur que tu as quand même…
Tu vois, en faisant une analyse finale, c’est une histoire entre toi et Dieu, cela n’a jamais été entre eux et toi.

– Mère Teresa de Calcutta

Grand merci à nos séminaristes!

Nos séminaristes

Comme à chaque année, Télévision Sel + Lumière accueille des séminaristes en stage pour une partie de l’été. Nous avons été encore choyés cette saison avec 4 futurs prêtres nous provenant de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et de Rome.

John, Stefano, Bryan et Pio (dans l’ordre sur la photo) nous ont donné un bon coup de main, mais ils sont surtout une inspiration pour toute l’équipe. Les vocations ne pleuvent pas de nos jours, mais ces jeunes qui entreprennent le chemin du sacerdoce ont la flamme. Nous sommes privilégiés d’avoir pu les croiser sur notre chemin et nous vous invitons à les garder dans vos prières.

Un merci tout spécial à Stefano qui a travaillé au secteur francophone tout le mois d’août. Tous les chemins mènent à Rome, nous nous reverrons donc bientôt cher Stefano!
(En fait, les abonnés de Sel + lumière auront l’occasion de le revoir au mois d’octobre, car nous avons enregistré avec lui cette semaine un Focus catholique sur la nouvelle évangélisation…).

Un beau cadeau pour l’Église que ces séminaristes à la foi contagieuse!

Merci!

Jasmin

La fêtes des tentes sur l’Île d’Orléans

Cette fin de semaine, allez faire un tour à cette belle activité organisée pour les 18-30 ans par la famille franciscaine. Les frais : avec une tente 25.00 $ en dortoir 50 $ (payable sur place) incluant 2 déjeuners, 2 dîners et 1 souper.
Pour renseignements, 3 numéros (514) 762-5092, (418) 524-8534, (613) 728-4310 ou par courriel : fetedestentes@hotmail.com.

La foi qui informe… DUC IN ALTUM !

Par Stefano Cascio

Voici la conclusion de notre étude qui chaque jour a cherché de mieux définir le rôle des chrétiens grace à l’article 43 de la constitution pastorale « Gaudium et Spes » du concile Vatican II

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« Nimis optimiscum » (trop optimiste), c’est ainsi que certains Pères ont jugé la vision du monde contenu dans Gaudium et Spes. Face à un monde en pleine mutation, où la conquête de l’espace et du temps mais aussi de l’homme lui-même se développe sans limite, où les moyens de communication contribuent à une accélération de l’histoire et à un mouvement d’unification (la mondialisation) en diffusant une information engendrant des réactions immédiates et universelles, le Concile Vatican II a voulu donner des réponses aux inquiétudes naissantes. La modification des structures sociales (la disparition des familles stables : premières cellules de socialisation), la prédominance de la société industrielle et de la civilisation urbaine qui engendre une société de consommation, les changements psychologiques, moraux, religieux, la remise en cause des valeurs traditionnelles, l’expansion de la culture scientifico-technique, provoquent un essor de l’esprit critique et un matérialisme pratique. L’athéisme ou l’agnosticisme ne se cantonnent plus au monde philosophique, mais à la littérature, l’art, les sciences humaines, l’histoire et le droit. L’humanisme actuel considère que pour que l’homme soit, il faut nier ou ignorer Dieu. De plus, la misère et l’abrutissement empêchent l’homme d’avoir une claire perception de la situation.
Pourtant, il y a un accroissement du désarroi d’un grand nombre dans un monde qui n’a plus de sens, des déséquilibres et des tensions au cœur même de la personne déchirée. La situation actuelle du monde, jette un défi à l’homme (GS n°4 §5). l’Eglise veut aider l’homme a répondre à ce défi car elle est engagée, comme l’humanité, dans le monde et l’histoire. « l’homme prend conscience que de lui dépend la bonne orientation des forces qu’il a mises en mouvement et qui peuvent l’écraser ou le sauver. » C’est pourquoi il s’interroge lui-même (GS n°9). La requête de sens ne peut trouver de réponse dans un univers d’incertitudes, plus que jamais des repères sont nécessaires. La crise morale actuelle est une absence de goût et une perte du sens de la vérité. La vérité n’a plus d’existence publique, elle ne sert plus à vivre ensemble. Ce sont les conséquences des grandes idéologies du XXème siècle. Puisque la vérité dans sa dimension publique et sa capacité à réaliser la communion était devenue irréelle, on a conclu que la vérité se contentait du seul assentiment intérieur de l’esprit et que sa manifestation par des signes était tout à fait accessoire, voire dangereuse. Le problème est donc la question de la possibilité d’un discours de vérité concernant l’existence religieuse de l’homme et qui ait une portée publique, c’est-à-dire qui dépasse les convictions intimes. La fin des idéologies contraint le chrétien à remettre au centre de sa foi le mystère de la croix et la résurrection du Christ comme lumière nécessaire à la compréhension de ce monde et de son déchirement. Ce numéro 43 de Gaudium et Spes cerne le problème majeur de notre époque, celui de l’insertion des chrétiens dans le monde et le témoignage qu’ils doivent y porter. Le titre même du numéro situe bien le problème : aide que l’Eglise, par les chrétiens, cherche à apporter à l’activité humaine. La sympathie pour ce monde n’exclut d’ailleurs pas la critique et c’est cet équilibre qui donne au texte son objectivité. Les Pères condamnent fortement « l’opposition artificielle entre les activités professionnelles et sociales d’une part, de la vie religieuse d’autre part ». Il ne peut donc pas y avoir dissociation de l’Eglise et des hommes, divorce de la foi et des activités terrestres. Dans ce texte, le concile redit avec force au chrétien de prendre l’exemple du Christ vrai Dieu et…vrai homme. Le Christ est venu au monde au nom de l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. L’homme doit croître et se développer à partir du fondement divin de son humanité comme image et ressemblance de Dieu. Il est fils de l’adoption divine. Le message traduit une relation si étroite de l’homme avec son créateur qu’il valorise tous les aspects de la vie. Et Cela s’adresse « au monde où l’homme à peur de l’homme, peur de la vie tout autant et peut-être plus encore que de la mort » comme l’écrit Frossard 1. Ce numéro est en quelque sorte la charte du laïc témoin de l’Eglise dans le monde de ce temps. Il donne une définition positive des laïcs qui sont liés par essence au caractère séculier. Les Pères considèrent que les activités terrestres ont une valeur propre et encouragent les laïcs à être actifs pour imprégner le monde d’esprit chrétien. Il y a trois orientations fondamentales à suivre : respecter les règles qui régissent ces activités et acquérir une compétence dans son domaine pour la promotion personnelle, collaborer sur des projets communs et enfin, prendre des initiatives en les conduisant jusqu’à leur terme. Maîtrisant son corps et dominant la terre, la personne déploie des capacités à leur tour “ créatrices ”. Cela a contribué au développement des sciences et de la technique. La conception biblique de l’homme a permis aux Européens de soutenir une haute notion de la dignité de la personne. La démarche du fidèle est donc active. Il a une véritable responsabilité pour « préparer le champ de la semence ». L’Eglise affirme qu’il est en l’homme une conscience capable de connaître sa dignité propre et de l’ouvrir à l’absolu, une conscience qui est le lieu d’une liberté responsable. La conscience de chaque chrétien joue un rôle essentiel dans leur mission : « l’inscription de la loi divine dans la vie temporelle ». Mais cette conscience doit être « préalablement formée » par l’Eglise et ses pasteurs pour la dignité humaine et le projet de Dieu. Il faut être témoin du Christ en vivant selon sa conscience, en suivant l’éclairage de la Sagesse qui illumine et soutient la façon dont il faut se conduire dans la recherche de solutions concrètes. Ce numéro est aussi un appel au dialogue et au respect de l’opinion et donc de la conscience individuelle mais distingue fortement l’opinion personnelle et l’autorité de l’Eglise qu’aucun laïc ne peut s’approprier « d’une manière exclusive ».
Les chrétiens ont toujours conçu leur existence comme une authentique catéchèse (Vous êtes la lumière du monde. » Mt 5,14). La vérité publique de l’Evangile ne peut pas être manifestée autrement que par des signes qui en constituent la manifestation et l’attestation. « Au milieu de la communauté humaine » les laïcs sont appelés à être des « coopérateurs de vérité » comme l’écrit l’apôtre Jean. Leur apostolat est destiné à évangéliser et sanctifier. L’existence chrétienne sert alors de témoignages de vie qui attirera les hommes à Dieu. Les laïcs doivent approfondir, appliquer, défendre les principes chrétiens, en annonçant le Christ. Il est impossible de dissocier la vérité elle-même des signes (témoignages) par lesquels et dans lesquels elle se manifeste. La foi ne divise pas l’homme, bien au contraire elle l’unifie. C’est l’affirmation de l’homme tout entier dans sa constitution spirituelle et corporelle. Le Concile Vatican II aura parfaitement suivi l’orientation donnée par le pape Jean XXIII qui, le 11 septembre 1962 (un mois avant l’ouverture du Concile ), dans un « message au monde entier » déclarait :
La raison d’être du Concile, ce pourquoi on le salue, on le prépare, on l’attend, c’est qu’il continuera, ou mieux, qu’il reprendra avec plus de forces la réponse du monde entier, du monde moderne au testament que le Seigneur, les mains étendues vers les extrémités du monde, formula en ces mots empreints de solennité divine : « Allez donc! De toutes les nations, faites des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tous les commandements que je vous ai donnés ».

C’est aussi dans cette perspective que le Pape Jean-Paul II au début de son pontificat exhorte les chrétiens à ne pas avoir peur de mettre le Christ au centre de leur vie. Saint Pierre lui-même, dans sa première lettre ne considère-t-il pas que l’on « doit être prêt à défendre la foi et à rendre compte de l’espérance qui vit en nous » ?
Ce numéro 43 en définissant la mission, qui découle de la foi, invite le chrétien, et en particulier le fidèle laïc, à entendre les paroles du Christ : « suis-moi ». Après la souffrance, les larmes, l’angoisse de la passion, la croix, Jésus est là, ressuscité, et sa joie embrase le monde. Le Concile Vatican II nous dit que « contempler la vie des hommes qui ont suivi fidèlement le Christ est un nouveau stimulant à rechercher la Cité à venir, et en même temps nous apprenons par là à connaître le chemin très sûr par lequel, à travers les vicissitudes du monde et selon l’état et la condition propre à chacun, il nous sera possible de parvenir à l’union parfaite avec le Christ, c’est à dire la sainteté ». Les chrétiens sont appelés à se laisser envahir par l’Esprit de Pentecôte pour réveiller la flamme intérieure et « avancer vers le large ».
Duc in Altum !

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