La marque du Messie devient la marque de ses disciples.

Par le père Thomas Rosica, C.S.B.

La fête de l’Exaltation de la Sainte Croix tire son origine du fait que la mère de l’empereur Constantin, sainte Hélène, a découvert le 14 septembre de l’an 320, à Jérusalem, la croix sur laquelle Jésus est mort.  À l’origine, la notion de triomphe associée à la croix faisait davantage référence à la compréhension «normale» de ce mot: une victoire sur quelqu’un, acquise au prix d’une quelconque violence. Mais n’est-il pas choquant de parler d’une croix comme symbole d’une telle sorte de triomphe? La crucifixion de Jésus est un formidable et divin paradoxe. La croix, un instrument de mort, est transformée en arbre donneur de vie. Grâce au mystère de la croix, le Christ crucifié devient notre vie et notre lumière au milieu des ténèbres.

Lorsque toute la commotion et l’activité frénétique des Journées mondiales de la jeunesse sont arrivées à leur terme, j’étais convaincu que l’une des choses qui allaient le plus durablement marquer le Canada était cette petite croix toute simple. Elle aura constitué un énorme bienfait et une source de consolation pour les centaines de milliers de personnes qui l’ont touchée et embrassée, qui ont découvert des choses grâce à elle et qui lui ont permis de les toucher personnellement à l’aide du message et du souvenir impérissables de celui qui est mort sur elle. Célébrer le triomphe de la croix, c’est donc reconnaître le plein accomplissement du ministère de Jésus. Jésus nous a demandé de courageusement choisir une vie semblable à la sienne. La souffrance ne peut être évitée ni ignorée par ceux qui marchent dans ses traces. Suivre Jésus, cela implique de souffrir et de porter, nous aussi, notre croix. La marque du Messie devient ainsi la marque de ses disciples.  

La croix, un pont jeté au-dessus de l’abîme de la mort

« Notre Seigneur a été piétiné par la mort, mais, en retour, il a frayé un chemin qui écrase la mort. Il s’est soumis à la mort et il l’a subie volontairement pour la détruire malgré elle. Car, sur l’ordre de la mort, notre Seigneur « est sorti en portant sa croix » (Jn 19,17). Mais il a crié sur la croix et il a tiré les morts des enfers…

Il est le glorieux « fils du charpentier » (Mt 13,55) qui, sur le char de sa croix, est venu au-dessus de la gueule vorace du séjour des morts et a transféré le genre humain dans la demeure de la vie (Col 1,13). Et parce que, à cause de l’arbre du paradis, le genre humain était tombé dans le séjour des morts, c’est par l’arbre de la croix qu’il est passé dans la demeure de la vie. Sur ce bois-là avait été greffée l’amertume; mais sur celui-ci la douceur a été greffée, pour que nous reconnaissions en lui le chef auquel ne résiste rien de ce qui a été créé.

Gloire à toi ! Tu as jeté ta croix comme un pont au-dessus de la mort, pour que les hommes y passent du pays de la mort à celui de la vie… Gloire à toi ! Tu as revêtu le corps d’Adam mortel et tu en as fait la source de la vie pour tous les mortels. Oui, tu vis ! Car tes bourreaux se sont comportés envers ta vie comme des semeurs : ils ont semé ta vie dans les profondeurs de la terre comme on sème le blé, pour qu’il lève lui-même et fasse lever avec lui beaucoup de grains (Jn 12,24).

Venez, faisons de notre amour comme un encensoir immense et universel ; prodiguons des cantiques et des prières à celui qui a fait de sa croix un encensoir à la Divinité et nous a tous comblés de richesses par son sang. »

– Saint Ephrem (vers 306-373), diacre en Syrie, docteur de l’Église Homélie sur notre Seigneur

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