Par le père Thomas Rosica, C.S.B.
Directeur général de la Fondation catholique Sel et Lumière Média
Il y a dix ans, le 5 septembre 1997, Mère Teresa de Calcutta mourut à l’âge de 87 ans à Calcutta. Née Agnes Gonxha Bojaxhiu le 27 août 1910 de parents Albaniens à Skopje (autrefois l’Albanie, aujourd’hui l’ancienne Yougoslavie). Elle joint les Sœurs de Lorette à l’âge de 18 ans. Après avoir reçu une inspiration divine lors d’un voyage en train, elle laissa le milieu aisé où elle servait et se rendit à Calcutta pour fonder une nouvelle congrégation religieuse, les Missionnaires de la Charité, dont la mission était de prendre soin des malades et des mourants des milieux les plus pauvres et misérables, d’éduquer les enfants de la rue, de venir en aide aux mendiants et de donner un refuge aux sans-abri.
En 1950, elle débuta ce qui devint son œuvre la plus connue en ouvrant à Calcutta le premier Nirmal Hriday (cœur tendre) pour les mourants et les délaissés. Les mots de Mère Thérésa demeure d’ailleurs toujours inscrits sur les murs de cette maison: «De nos jours, la maladie la plus horrible n’est ni la tuberculose, ni la lèpre. C’est le sentiment d’être indésirable, rejeté, abandonné par tous. » Elle était connue pour avoir dit à des chefs de gouvernements qui discutaient de la situation des pauvres: « Alors que vous poursuivrez vos discussions à-propos de causes et d’explications, j’irai m’agenouiller à côté des plus pauvre d’entre les pauvres et répondre à leurs besoins.»
Six ans après sa mort, en 2003, elle fut déclarée bienheureuse par son ami, le pape Jean-Paul II. Même lorsqu’elle était toujours vivante, parcourant les rues des bas fonds de Calcutta, des gens de partout dans le monde, de confessions différentes, appelaient Mère Teresa «la sainte des pauvres.»
La vie de Mère Teresa n’était pas un cliché. Nous vivons à l’ère des manchettes chocs. Alors que tout va très vite, on répond aux grands enjeux de notre époque sans réfléchir, comme des poules sans tête. La vie de Mère Térésa était une métaphore de dévouement désintéressé et de sainteté. C’est pourquoi tant de jeunes femmes de presque partout et de tant d’origines continuent d’entrer chez les Missionnaires de la Charité. Mère Teresa fonda un ordre qui compte désormais plus de 4500 femmes qui oeuvrent dans plus de cent pays. Elles gèrent plus de 500 maisons, hospices et refuges pour des milliers de mourants et de délaissés, en plus de centaines d’écoles, cliniques mobiles, maisons pour les lépreux et les sidéens. Bien que la chanteuse soit partie, le chant de l’amour, de la charité et de l’espérance continue d’être chanté par ces anges de la miséricorde qui découvre Jésus dans la détresse du pauvre.
Mère Teresa découvrit dans la prière la vérité essentielle qui est la source de l’enseignement social de l’Église et de son œuvre religieuse et humanitaire à travers les âges et à travers le monde : Jésus-Christ, le Verbe fait chair, le Sauveur de l’humanité, qui a voulut s’identifier à chaque personne, spécialement le pauvre, le malade et le laissé-pour-compte. «C’est à moi que vous l’avez fait» répétait si souvent Mère Teresa, un message qui ne passera jamais.
Il existe des critiques de l’Église qui affirment que Mère Teresa personnifiait une vision de la foi pré-Vatican II et ne s’est pas attaquée à des maux systémiques comme les dépenses militaires. Ils la critiquent de même que ses partisans pour leur condamnation sans équivoque de l’avortement. Certains disent qu’elle était un modèle ‘sûr’, et que chaque prêtre et évêque pouvait la mettre sur un piédestal et dire aux femmes: «Soyez dociles, faites ce qui vous revient, mais n’allez pas critiquer autre chose.» Je connais moi-même plusieurs religieuses et prêtres qui sont très critiques à l’endroit de Mère Teresa à cause de son manque d’appui pour leur style de vie et leur image alors que les religieux nord-américains mettent l’emphase sur la justice sociale et le renouveau religieux. Certains ont même déclaré qu’il n’y avait en Mère Teresa aucun élément de critique prophétique, tant dans son enseignement que dans son style de vie.
Il y a aussi les prophètes religieux autoproclamés qui clament que Mère Teresa de l’orthodoxie du progrès social américain si elle avait été davantage réformatrice que consolatrice. Au lieu de rapports de comités portant sur le nombre de personnes qu’elle a élevé au-delà du seuil de la pauvreté, tout ce qu’elle a sont quelques histoires de mourants qui étaient rejetés, qu’elle a pris dans ses bras… Au lieu d’œuvrer pour obtenir une subvention dans le but de créer un programme afin d’enrayer la pauvreté, elle est déménagée dans un quartier pour la partager avec ceux qui la vivent!
Pour nous Nord-américains capables de tout, qui croient qu’il y a une solution pour chaque problème et un baume pour chaque outrage, Mère Teresa apparaît comme l’incapable classique. On oublie sa beauté spirituelle. Elle possédait une rare fidélité à un sacré qui soutient et affirme chaque individu, où qu’il soit, et non pas là où Mère Teresa ou le responsable d’une agence d’aide ou le directeur d’un programme de travail, croit qu’ils doivent être.
Lorsque Mère Teresa parle de ‘partager la pauvreté,’ elle défie la logique des institutions qui préfèrent se fier à un agenda pour les pauvres, et non pas à la communion avec ces personnes pauvres. La communion fait fi des approches conventionnelles. Elle ne permettra peut-être jamais de trouver un emploi pour quelqu’un, encore moins de remettre cette personne sur les rails. C’est pourquoi les ‘praticiens’ de cette communion sont qualifiés d’impertinents. Il peut arriver, au pire, qu’on leur colle le titre de saint, comme Mère Teresa.
Dieu merci pour des saints comme Teresa de Calcutta et ses disciples comme S. Nirmala Joshi qui continuent de nous rappeler que la sainteté, la bonté, la joie, la générosité et la paix demeurent possibles dans un monde si compliqué. De son vivant, Mère Teresa a dû faire face aux ombres du doute, à l’angoisse et à la nuit profonde de sa foi. Ces expériences l’ont purifiée et lui ont permis de rejoindre la multitude des saints, mystiques et bienheureux qui ont vécu des expériences similaires sur leurs chemins vers la sainteté.
Il y a plusieurs années, lors de mes études post-universitaires à Rome, j’ai pu rencontré Mère Teresa alors que j’enseignais à ses filles dans un quartier démuni en bordure de la ville éternelle. À la fin de notre première rencontre, elle m’a béni sur le front et a posé dans mes mains une carte d’affaire comme je n’en n’avais jamais vue. On pouvait y lire:
« Le fruit du silence est la prière ; le fruit de la prière est la foi; le fruit de la foi est l’amour; le fruit de l’amour est le service; le fruit du service est la paix. Que Dieu vous bénisse. – Mère Teresa ».
Il n’y avait pas d’adresse postale, pas numéro de telephone ou de courriel sur la carte. Mère Teresa n’avait pas besoin d’une adresse à ce moment. Et la bienheureuse Teresa de Calcutta n’en a certainement pas besoin d’une aujourd’hui. Chacun sait où elle se trouve et comment la rejoindre.
Bienheureuse Teresa de Calcutta, priez pour nous.
Fais-le quand même…
Les gens sont souvent déraisonnables, illogiques et centrés sur eux-mêmes, Pardonne les quand même…
Si tu es gentil, les gens peuvent t’accuser d’être égoïste et d’avoir des arrières pensées,
Sois gentil quand même…
Si tu réussis, tu trouveras des faux amis et des vrais ennemis,
Réussis quand même…
Si tu es honnête et franc, il se peut que les gens abusent de toi,
Sois honnête et franc quand même…
Ce que tu as mis des années à construire, quelqu’un pourrait le détruire en une nuit,
Construis quand même…
Si tu trouves la sérénité et la joie, ils pourraient être jaloux,
Sois heureux quand même…
Le bien que tu fais aujourd’hui, les gens l’auront souvent oublié demain,
Fais le bien quand même…
Donne au monde le meilleur que tu as, et il se pourrait que cela ne soit jamais assez,
Donne au monde le meilleur que tu as quand même…
Tu vois, en faisant une analyse finale, c’est une histoire entre toi et Dieu, cela n’a jamais été entre eux et toi.
– Mère Teresa de Calcutta