Le charisme de compassion

Par Sébastien Lacroix 

Nous avons souligné lundi dernier la Journée mondiale du malade qui coïncide avec la fête de Notre-Dame de Lourdes. En songeant aux malades, je pense également à tous ces hommes et ses femmes qui oeuvrent auprès d’eux, leur apportant soins, confort et réconfort. La dimension spirituelle de l’être faisant partie intégrante de la personne, les sciences de la santé reconnaissent que l’humain ne peut être considéré comme une machine, mais comme une personne.

L’Église catholique a joué et joue encore un rôle important dans les soins aux malades. Combien d’instituts ont été fondé par des soeurs, des frères, des missionnaires! Encore aujourd’hui dans certains endroits du monde, des populations entières comptent sur eux pour obtenir des soins primaires. Les soins spirituelles sont également essentielles pour les malades et leur proches.

À Ottawa, les Soeurs de la Charité ont bâti un réseau qui fait la fierté de tous. Le ministère de compassion des filles d’Élisabeth Bruyère, fondatrice de la communauté d’Ottawa, demeure au coeur des Services de santé SCO, qui s’assure de toujours garder l’esprit de leurs pionnières.

À Sherbrooke, l’abbé Mario Grenier est à l’écoute des malades et de leur proche depuis bientôt 5 ans. Il a ainsi redécouvert sa vocation de prêtre. Pour lui, il serait impossible d’exercer ce ministère sans sa foi Dieu, qui lui donne la force d’offrir, au nom de l’Église et au nom de Jésus-Christ, un peu de compassion et de soutien.

Tel est le sujet de Focus catholique: la pastorale en milieu hospitalier en onde vendredi et dimanche, 15 et 17 février, à 19h30HE, sur nos ondes.

Les voies du désert…

Par le père Thomas Rosica, C.S.B.
(Matthieu 4, 1-11)

Est-ce qu’il y a vraiment quelqu’un qui attend le carême avec impatience? Qu’est-ce qui nous attire dans le carême? Quels aspects de cette démarche nous mettent à l’épreuve? Pour nous aider, les textes de l’Écriture de ce temps liturgique ont été soigneusement choisis pour rejouer l’histoire du salut sous nos yeux. 

Nous commençons avec Jésus dans le désert… l’Évangile du premier dimanche de carême. Le désert, le soleil et les affres de la faim et de la soif conjurent le démon sur Lui.  Marc présente Jésus aux prises avec le pouvoir de Satan, seul et silencieux dans le désert. Dans Matthieu et Luc, le prince du mal tente de détourner Jésus de la Foi et de l’intégrité au cœur de sa mission messianique. Mais si Israël a échoué dans le désert, Jésus n’échoua pas. Son lien avec son Père était trop fort pour que les démons puissent le briser.

Dans la première tentation au désert, Jésus résiste au mal, non pas en niant la dépendance de l’homme à l’égard de la nourriture, mais plutôt en mettant la vie humaine et sa finalité en perspective. Ceux qui suivent Jésus ne peuvent pas devenir dépendant des choses de ce monde. Quand nous sommes  plus dépendant des choses matérielles que de Dieu, nous cédons à la tentation et au péché.

La deuxième tentation porte sur l’adoration du diable plutôt que de Dieu. Jésus rappelle une fois encore que Dieu est plus fort que le mal. Ceci est important à entendre pour nous, surtout lorsque nos tentations semblent nous dominer, quand tout autour de nous semble indiquer l’échec, l’ombre, l’obscurité et le mal. En fin de compte, c’est Dieu qui est en charge de notre destinée.

Dans la troisième tentation, le diable demande une révélation ou une manifestation de l’amour de Dieu pour Jésus. Jésus lui répond en disant qu’il n’avait à prouver à personne que Dieu l’aimait.

La tentation est tout ce qui nous rend petit, laid et méchant. La tentation utilise les stratégies les plus rusées que le mal puisse imaginer. Plus le diable nous contrôle, moins nous voulons reconnaître qu’il se bat pour dominer chaque millimètre de cette Terre. Jésus ne l’a pas laissé s’en tirer comme ça. Au tout début de sa campagne pour ce monde et pour chacun de nous, Jésus s’est ouvertement confronté à l’ennemi. Il a commencé sa lutte en utilisant le pouvoir de l’Écriture pendant une nuit de doute, de confusion et de tentation. Nous ne devons jamais oublier l’exemple de Jésus, ainsi  nous ne serons jamais séduits pas les tromperies du diable.

De Jésus nous apprenons que Dieu est présent et qu’il nous soutient au milieu de l’épreuve, de la tentation et même du péché. Nous nous rendons compte que nous devons avoir un espace spirituel dans nos vies où nous pouvons nous dépouiller de ce  qui est faut et qui s’accroche à nous et ainsi respirer de la vie nouvelle et repartir de nouveau. Nous en venons à croire que Dieu peut prendre notre espérance asséchée pour la rendre florissante. Tels sont les enseignements du désert. C’est pourquoi nous avons besoin, même dans les activités de la vie quotidienne, de moments de prière, de silence et d’écoute de la voix de Dieu.

Nous rencontrons Dieu au milieu des déserts de notre péché, de l’égoïsme, de la jalousie, de l’efficacité, de l’isolement, du cynisme et du désespoir. Et en plein milieu du désert nous entendons ce que Dieu fera si nous lui ouvrons nos cœurs et si nous le suivons pour rendre notre propre désert fleurissant. Les voies du désert étaient profondément encrées dans le cœur de Jésus, et cela doit être de même pour tous ceux et celles qui le suivent.

D’un défi à l’autre: quand le Service nous appelle

Par Sébastien Lacroix 

Vous l’avez peut-être appris mardi sur Zoom: notre collègue Jasmin fait l’objet d’un prêt de service au Congrès eucharistique internationale de Québec. Avec sa petite famille, il s’installera temporairement à Québec pour prêter main forte à l’équipe organisatrice du CEI 2008. Il va sans dire que Jasmin assurera le lien privilégié entre le CEI et Sel  Lumière en vue de notre grande couverture des événements de juin prochain.

Jasmin est l’une des figures les plus connues de S+L et certainement un pilier de la programmation française. Il assurait également le leadership en marketing pour la station. Il connait à fond le domaine des communications et a une expérience d’Église sans pareil, ayant travaillé dans son domaine tant pour l’Église catholique à Québec qu’au JMJ de Toronto en 2002.

Toute l’équipe de Télévision Sel + Lumière se réjouit pour Jasmin. Nos prières t’accompagnent, ainsi que ta famille, alors que tu t’apprêtes à relever un beau défi! N’oublie pas de nous revenir en juillet.

Tous, nous pouvons prier pour le succès de cet événement important dans la vie de notre Église.

Et si, chers lecteurs, vous voulez suivre pas à pas les préparatifs à cet célébration, rendez-vous au cei2008.ca  Pas encore inscrit? Vous pouvez encore profiter du tarif réduit jusqu’au 15 février…

Il a fallu quarante jours…

Par le père Thomas Rosica, C.S.B.

Le mercredi des Cendres, le 6 février, l’Église commence son grand itinéraire de carême avec Jésus sur le chemin de Jérusalem. Depuis des siècles, le carême est un itinéraire et une expérience spirituelle très intense pour les disciples de Jésus-Christ. Pourquoi y a-t-il quarante jours dans le carême ? Il a fallu quarante jours pour noyer l’immoralité dans les flots avant une nouvelle création dont pouvait hériter la terre. Il a fallu quarante ans pour que la génération d’esclaves meure avant que la nouvelle génération puisse entrer dans la Terre Promise. Pendant quarante jours Moïse, Élie et Jésus ont jeûné et prié pour se préparer à l’œuvre de leur vie.

Le carême nous invite à nous détourner de nous-mêmes, de notre péché, et à nous réunir en communauté. L’abnégation est le moyen d’exprimer notre repentance. Selon l’Évangile de saint Matthieu l’abnégation est triple. Nous prions : « Va dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père dans le secret ». Nous jeûnons : « Nul ne doit voir que vous jeûner mais votre Père ». Nous donnons l’aumône : « Gardez vos actes de miséricorde secrets, et votre Père qui voit ce que vous faites dans le secret vous le rendra ». Durant les exercices de carême, par la prière, le jeûne et l’aumône, nous remettons notre vie en ordre et nous aiguisons nos sens, pour désirer et pour faire advenir le règne de Dieu parmi nous.

De ces trois pratiques de carême, le jeûne est aujourd’hui ouvert aux plus mauvaises interprétations. Le jeûne est devenu une pratique ambiguë. Dans l’antiquité, seul le jeûne religieux était connu ; aujourd’hui, un jeûne politique et social existe (grève de la faim), un jeûne pour la santé ou idéologique (végétarien), un jeûne pathologique (anorexie), un jeûne esthétique (le culte du corps mince). Malheureusement, il y a avant tout un jeûne forcé : celui de millions d’êtres humains qui manquent du minimum indispensable et qui meurent de faim.

Ces jeûnes n’ont pas de raisons religieuses ou esthétiques en eux-mêmes. Un jeûne esthétique peut parfois « mortifier » le péché de gourmandise dans l’unique but d’obéir à un autre péché capital, celui de la fierté ou de la vanité. Le jeûne en lui-même est quelque chose de bon et souhaitable. Il traduit des attitudes religieuses fondamentales : la révérence à Dieu, la reconnaissance de ses péchés, la résistance aux désirs de la chair, et le souci de la solidarité avec les pauvres… Toutefois, comme pour toutes choses humaines, il peut être détourné par « les présomptions de la chair ». Les mots du pharisien dans le Temple nous le rappellent : « Je jeûne deux fois par semaine » (Lc 18 : 12).

Le carême est le temps qui nous fait découvrir la signification de la discipline et des dévotions de notre tradition catholique. Qu’avons-nous fait de l’importante pratique du jeûne pendant le carême ? Si Jésus était ici pour parler à ses disciples d’aujourd’hui, sur quoi mettrait-il le plus l’accent ? Nous considérons comme plus important la nécessité de « partager le pain avec celui qui a faim et vêtir celui qui est nu ».  Nous avons en fait honte d’appeler « jeûne » le fait d’être au pain et à l’eau – ce qui serait pour nous le comble de l’austérité quand pour des millions de gens, ce serait déjà un luxe extraordinaire, surtout s’il s’agit de pain frais et d’eau pure.

Le jeûne nous aide à ne pas être réduit à de simple « consommateurs », il nous aide à acquérir le précieux « fruit de l’Esprit », qui est la « maîtrise de soi », il nous prédispose à la rencontre de Dieu. Nous devons nous  vider nous-mêmes afin d’être remplis par Dieu. Le jeûne crée une solidarité authentique avec des millions d’affamés à travers le monde. Nous ne devons toutefois pas oublier qu’il y a des formes alternatives au jeûne et à l’abstinence de nourriture. Nous pouvons jeûner du tabac et de l’alcool qui ne sont bons ni pour l’âme ni pour le corps. Il y a le jeûne des images de violence et de sexe dont la télévision, les films, les magazines et l’Internet nous bombardent chaque jour en maltraitant la dignité humaine. Il y a aussi le jeûne de la médisance et du rejet des autres : une pratique trop répandue dans l’Église d’aujourd’hui.

« C’est maintenant le moment favorable ! C’est maintenant le jour du salut ! » Nous avons besoin du carême pour nous aider à reconnaître que notre identité et notre mission ont pour racine la mort et la résurrection de Jésus. La prière, le jeûne et l’aumône sont les piliers du temps de carême pour les chrétiens. Le carême est un temps de jeûne de certaines choses mais aussi un temps de fête pour d’autres. Jeûne du mécontentement, de la colère, de l’amertume, de la préoccupation de soi, du découragement, de la paresse, de la suspicion et de la culpabilité. Fête de la gratitude, de la patience, du pardon, de la compassion pour les autres, de l’espérance, de l’engagement, de la vérité et de la miséricorde de Dieu. Le carême est un temps de jeûne et de fête !
 

Laissons la véritable œuvre de Noël commencer…

Par le père Thomas Rosica, c.s.b.

La fête de la présentation de Jésus dans le temple de Jérusalem est célébrée le 2 février, le quarantième jour après la naissance de Jésus. Cette fête a marqué la fin du temps de Noël depuis le 5ème siècle. Le récit d’un antique pèlerin chrétien à Jérusalem dit que cette fête était célébrée avec la même joie et la même ferveur que Pâques.

Dans le récit évangélique qui marque cette fête, les figures extraordinaires des vieux Siméon et Anne dans le Temple, à côté de celles de Marie et Joseph, sont des icônes ou des fenêtres pour nous sur les Écritures hébraïques. Siméon et Anne portent à l’intérieur d’eux-mêmes l’espérance de leur peuple. Le vieil homme Siméon, tenant l’enfant, et la vieille femme, Anne, représentent chacun de nous confronté à la « nouveauté » de Dieu. Cette nouveauté de Dieu est comme un petit enfant devant nous. Nos  vieilles manières de faire les choses, nos peurs, nos jalousies, nos soucis, nos luttes pour le pouvoir et le prestige, sont confrontés avec la bonté de Dieu. Siméon pris l’enfant Jésus dans ses bras, en disant :

 Maintenant, ô Maître,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix,
selon ta parole.
Car mes yeux ont vu ton salut,
que tu as préparé à la face de tous les peuples :
lumière pour éclairer les nations païennes,
et gloire d’Israël ton peuple.

Dans le Temple, Siméon et Anne nous engagent à considérer les moyens que nous mettons en œuvre pour le changement et la vie nouvelle au milieu de nous. Sommes nous prêt à prendre l’enfant dans nos bras, à l’accueillir, à préparer une chambre pour lui dans nos vies ? Laisserons-nous entrer cette nouveauté dans nos vies, ou allons nous essayer de mettre l’ancien et le nouveau ensemble en espérant que la nouveauté de Dieu ne nous causera qu’un dérangement minimal ? Ces nouvelles réalités nous font-elles peur ? Comment sommes-nous lumière et salut pour les autres? Comment voyons-nous la gloire de Dieu dans nos vies? Sommes-nous assoiffé de justice et paix ? Quelles sont les situations et les nouvelles personnes qui sont entrées dans nos vies ces derniers temps ?

Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein), la carmélite allemande juive qui est morte dans le camp de concentration d’Auschwitz, a écrit ces mots à propos de la présentation de notre Seigneur dans le Temple de Jérusalem :

Les mystères chrétiens sont un tout indivisible. Si nous sommes immergés dans l’un d’eux, nous sommes conduits à tous les autres. Ainsi le chemin conduit inévitablement de Bethléem au Golgotha, de la crèche jusqu’à la croix. Lorsque la bienheureuse Vierge porta l’enfant au Temple, Siméon a prophétisé que son âme serait transpercée par une épée, que l’enfant provoquera la chute et le relèvement d’un grand nombre et qu’il sera un signe de contradiction. Sa prophétie annonçait la Passion, la lutte entre la lumière et les ténèbres qui avait déjà commencée devant la crèche.

Célébrer véritablement le mystère de Noël signifie nous immerger nous-mêmes dans tous les mystères du Christ. La vraie compréhension de Noël commence quand nous accompagnons l’enfant Jésus à Bethléem, à Nazareth, à Capharnaüm et jusqu’à Jérusalem. La prophétie de Siméon a en effet annoncé la passion, la lutte entre la lumière et les ténèbres qui commence devant la crèche à Bethléem. Mais en tant que Chrétiens, nous avons la consolation et la certitude que cette « lumière brille dans les ténèbres, et que les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (Jn 1, 5). Permettez-moi de vous laisser avec cette prière de la communauté de Shaker :

Quand le chant des anges s’éloigne,
quand l’étoile dans le ciel est passée,
quand les rois sont rentrés chez eux,
quand les bergers sont retournés avec leurs troupeaux
quand Siméon et Anne sont allés vers leur Maître dans la paix,
alors, l’œuvre de Noël commence :
pour trouver les perdus, pour guérir les brisés,
pour libérer les prisonniers, pour reconstruire les nations,
pour apporter la paix à tous les peuples,
pour mettre de la musique dans les cœurs.

Il n’est pas trop tard pour laisser la véritable oeuvre de Noël commencer dans nos vies et dans notre monde.

Saint Thomas d’Aquin : modèle de la Foi et de la Raison au travail

Par le père Thomas Rosica, C.S.B.

Saint Thomas d’Aquin est l’un des plus grands et des plus influents théologiens dans l’histoire de l’Église Catholique. Il est un exemple suprême de celui dont la vie et l’enseignement n’étaient qu’un. Il fut canonisé en 1323, puis déclaré Docteur de l’Église par le pape Pie V. Il est fêté le 28 janvier.

Selon la pensée de Saint Thomas, la raison humaine « respire » : elle se déplace à l’intérieur d’un vaste horizon ouvert où elle peut exprimer le meilleur d’elle-même. Si au contraire nous réduisons le champ de notre pensée aux objets matériels et à ce qui peut être prouvé, nous nous fermons aux grandes questions de la vie, à nous-même et à Dieu ; nous sommes appauvris.

La relation entre foi et raison  est un sérieux défi pour la culture actuelle qui domine dans le monde occidental. C’est pour cette raison que le pape Jean-Paul II a consacré une encyclique à ce sujet intitulée Fides et Ratio – Foi et Raison (1998). La foi présuppose la raison et la rend  plus parfaite, et la raison, éclairée par la foi, trouve la force de s’élever à la connaissance de Dieu et des réalités spirituelles. La raison humaine ne perd rien en s’ouvrant elle-même au contenu de la Foi, qui, en réalité, nécessite une adhésion libre et consciente.

Saint Thomas a su présenter une merveilleuse synthèse chrétienne de la raison et de la foi. C’est aujourd’hui pour la civilisation occidentale un grand patrimoine qui permet un dialogue efficace avec les grandes traditions culturelles et religieuses de l’Est et du Sud du monde.

En la fête de saint Nicolas de 1272, Thomas célébrait la messe quand un formidable changement survint en lui et après cela il n’écrit plus. Son secrétaire, frère Reginald s’en plaignait et Thomas lui dit : « Ces choses qui m’ont été révélées dans la prière et que j’ai écrite me semble être des ordures. Et maintenant dans le silence, je vais attendre la fin de ma vie. » Il avait 49 ans. Sur le chemin du Concile œcuménique de Vienne en France, le 1er mars, Thomas a été frappé par une branche d’arbre et il est mort sur la route. Quatre mois jour pour jour après avoir reçut la révélation sur son travail. Au cours de ces quatre mois il n’a rien écrit. C’était le silence et l’obscurité.

Bien que Thomas soit parfois perçu comme un auteur méthodique et analytique, il était, surtout dans ses dernières années, entré dans des périodes d’extases mystiques. Seul un mystique serait capable d’écrire des textes tels que l’adoro te devote, la prière d’action de grâce après la messe, et le Tantum Ergo. Ces hymnes et ces prières expriment avec éloquence l’unité transcendante accomplie dans ce mystère, dans lequel, comme GK Chesterton a dit, « chaque homme, prince ou pauvre, peut reconnaître le grandeur de sa vocation ».

L’avortement: droit, choix et liberté?

Affiche campagne pro-avortement

« Sexualité, contraception, avortement : un droit, mon choix, notre liberté » : c’est ce que les usagers des gares et des métros de la région parisienne peuvent lire depuis quelques jours. Cette campagne subventionnée par la région Île-de-France est à l’initiative du Mouvement français pour le planning familial. Cette association qui bénéficie d’un large financement public milite pour « les droits des femmes ». Elle est également chargée entre autre de la formation des professionnels de la santé et de l’éducation. Si les campagnes publicitaires en faveur de la contraception sont fréquentes, c’est la première fois qu’une publicité fait ouvertement la promotion de l’avortement en France. Il s’agit selon Maïté Albagly, la secrétaire générale de cette association, de déculpabiliser l’avortement et d’en faciliter l’accès. Pour elle, le chiffre des 220 000 avortements pratiqués chaque année en France « n’est pas énorme », puisqu’il est un « droit » acquis.
Les évêques de la région parisienne ont signé une déclaration commune pour exprimer la position de l’Église à ce sujet. Voici leur message :

Promouvoir l’avortement, c’est renoncer à nos responsabilités.

L’avortement n’est pas un épisode banal de la vie d’une femme. C’est toujours une blessure et un échec, pour les femmes, les couples et la société.

Est-il responsable de la part de certains élus de soutenir une campagne de communication qui laisse croire que c’est un progrès ? Pire encore, qui en fait la promotion ?

Trop de femmes se trouvent désemparées face à une grossesse mal supportée. On ne peut présenter leur détresse comme une liberté. Des associations s’efforcent de les aider à garder leur enfant et les accompagnent, quoi qu’il arrive. Elles méritent d’être soutenues.

Au lieu de promouvoir l’avortement comme solution d’avenir, il est temps que tous participent résolument à la promotion d’une culture respectueuse de la vie et de la dignité des femmes.

Les évêques de la Province d’Ile-de-France y sont allés d’un message fort alors que personne ne dénoncait cette campagne. J’espère que nous saurons réagir de la même façon si une campagne de ce genre se pointera le bout du nez à Montréal ou Québec…

Priez sans cesse…

Par Sébastien Lacroix

À partir d’aujourd’hui et ce pour les huit prochains jours, les chrétiens du monde entier sont invités à prier ensemble pour l’unité de toutes les églises.  Ce sont des chrétiens qui ont déchiré l’Église du Christ d’abord en 1054 – le grand schisme entre l’Église d’Orient et celle d’Occident. En octobre 1517, Martin Luther affichait ses 95 thèses à Wittenberg en réponse à une Église qui affirmait réduire le temps de purgatoire des fidèles moyennant une somme d’argent. Combien de gens ont payé, souvent au prix de leur vie, pour ces divisions entre fils et filles d’un même Seigneur?

Heureusement, nombreux sont les efforts de dialogue qui engagent des chrétiens de toutes les églises. Des accords importants ont depuis été signés sur certains aspects de la foi, comme le salut, alors que le rôle et la signification du successeur de Pierre demeure un point de division.

Des gestes symboliques ont été posés et demeurent dans l’imaginaire de plusieurs. Pensons à la rencontre entre Paul VI et le Patriarche Athénagoras 1er qui ont prié ensemble la prière du Christ « Que tous soient un », Jn 17. C’est justement par la prière qu’adviendra la réunion de tous les chrétiens. Car l’Unité des chrétiens ne relève pas de nous mais de l’Esprit de Dieu présent et agissant en nous. Ainsi, en discernant attentivement les signes de l’Esprit au sein des Églises, nous parviendrons, plus tôt que tard, à cette unité qui sera le véritable reflet de l’amour trinitaire.

Il y a cent ans, le Père Paul Wattson, prêtre épiscopalien (anglican) et cofondateur de la Society of the Atonement de Graymoor (à Garrisson, dans l’Etat de New York), inaugurait une Octave de prière pour l’unité des chrétiens qui fut célébrée pour la première fois du 18 au 25 janvier 1908. En 1968, exactement soixante ans plus tard, les Eglises et les paroisses du monde entier recevaient pour la première fois des textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, conjointement préparés par la Commission Foi et Constitution du Conseil oecuménique des Eglises et le Secrétariat pour la promotion de l’unité des chrétiens (Eglise catholique).

Le passage biblique choisi pour la célébration du 100e anniversaire de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est tiré de la première lettre aux Thessaloniciens. Le texte « Priez sans cesse » (1 Th 5,17) souligne le rôle essentiel de la prière dans la vie de la communauté des croyants car elle donne à ses membres d’approfondir leur relation au Christ et aux autres. Ce passage fait partie d’une série d’ ‘impératifs’, des déclarations par lesquelles Paul encourage la communauté à vivre de l’unité que Dieu nous donne en Christ, à être dans la pratique ce qu’elle est dans le principe : le corps unique du Christ, visiblement uni en ce lieu.

                                                    Tiré du livret pour la semaine de prières pour l’unité des chrétiens 2008 du Conseil oeucuméniques des églises

Au cours de la semaine qui vient, offrons au Seigneur nos brisures et en même temps nos désirs d’unité. Joignons-nous à ce grand mouvement de prière qui permettra qu’un jour, nous ne fassions qu’un.

Au travail!

Par Sébastien Lacroix

Le sort était jeté déjà l’automne dernier, suite à l’annonce par le Saint-Siège d’une visite du pape aux États-Unis en avril 2008. Un grand voyage qui mènera Benoît XVI de la Maison Blanche aux Nations-Unis, où il prononcera un important discours. Auparavant, le Saint-Père avait déjà annoncé aux jeunes qu’il les retrouverait à Sydney à la fin juillet, et on ne renie pas une promesse faite aux jeunes. Malgré cela, le cardinal Marc Ouellet a joué le tout pour le tout en novembre dernier: lettre du premier ministre du Québec, pétition de quelques milliers de Québécois alors que la majorité d’entre-eux tournent le dos à leurs racines chrétiennes:  tout pour convaincre le pape de venir à Québec en juin prochain.

Enfin voici un extrait de la réponse qu’a reçue l’archevêque de Québec il y a déjà quelques jours :

En raison d’un calendrier déjà très chargé et de la proximité des J.M.J. à Sydney, le Saint-Père m’a demandé de vous informer qu’à son grand regret, il ne peut accepter votre invitation à participer au Congrès eucharistique de Québec. Il peut éventuellement être envisagé que le Pape adresse un message au moyen d’une vidéoconférence au moment le plus opportun qu’il conviendrait de définir avec vous.

L’idée d’une vidéoconférence n’est pas mauvaise du tout. Et le cardinal Ouellet s’est empressé d’en demander non pas une, mais deux. Outre une transmission à la messe de clôture sur les plaines, l’archevêque a demandé une rencontre vidéo entre le pape et les jeunes qui seront réunis au Colisée Pepsi. Comment refuser?

Certes, il y a bien des gens déçu ce soir. Une visite du pape a Québec aurait certainement donné de l’envergure tant au Congrès eucharistique qu’aux fêtes du 400e de Québec. Et d’aucuns savent que le Saint-Père n’aurait pas manqué de fouetter le moral de ses troupes en les invitant à retourner à leurs racines chrétiennes.

C’est justement-là l’une des raisons pour lesquelles d’autres ont eu un soupir de soulagement ce matin. Beaucoup au sein de l’Église au Québec estiment qu’ils en ont déjà plein les bras et qu’une visite de Benoît XVI viendrait jeter de l’huile sur le feu. C’est sous estimer la figure du pape et son ministère d’Unité au sein de l’Église. Benoît XVI demeurera toujours influencé par Joseph Ratzinger, mais il demeure le successeur de Pierre, et nous croyons que l’Esprit de Dieu sait le guider dans la direction de l’Église.  

Quant au congrès lui-même, il ne perd aucunement sa pertinence pour Québec. Divers événements et rencontres sont prévus entre le 15 et le 22 juin. Des catholiques du monde entier débarqueront alors dans ce berceau de l’Amérique française. Espérons que l’enthousiasme de ces gens se fera sentir chez les Québécois frileux de leur héritage.

Le choc de la déception passé, les membres du comité organisateur du Congrès doivent maintenant retrousser leurs manches et redoubler d’ardeur afin que l’événement de juin prochain soit rassembleur et puissent ébranler l’incrédulité de ceux et celles qui doutent.

Ce baptême qui nous pousse à aller vers les autres

Par le père Thomas Rosica, c.s.b.

 

Le thème de l’épiphanie du Christ – de Jésus inaugurant sa mission divine sur la terre – parvient  à son accomplissement au jour du Baptême du Seigneur, que nous célébrons cette année le 13 janvier. La belle antienne de la prière du soir de la fête de l’Épiphanie (dimanche dernier) dit : « Nous célébrons trois mystères en ce jour : aujourd’hui l’étoile à conduit les mages vers la crèche ; aujourd’hui l’eau fut changée en vin aux noces de Cana ; aujourd’hui le Christ a été baptisé par Jean dans le Jourdain pour nous sauver. » Chaque événement est accompagné d’une théophanie, une preuve évidente de l’intervention divine. L’étoile, l’eau changée en vin, la voix venant du ciel et la colombe. Aujourd’hui nous assistons au baptême du Seigneur, celui dans lequel nous sommes nous-mêmes baptisés.

Le mot « épiphanie »  signifie « manifester ». Les épiphanies, grandes ou petites, sont plutôt des évènements privés, mais des évènements d’une grande portée pour les  témoins. Essayer de comparer les détails avec une autre épiphanie est compliqué ; les mots ne sont jamais tout à fait justes, et même l’auditeur le plus sympathique ne peut pas pleinement combler l’écart entre la description et l’évènement lui-même. Beaucoup d’entre-nous tenons notre expérience du sacré de nous-mêmes. Qui pourrait le croire ? Et qui pourrait vraiment comprendre? L’ironie est que les épiphanies sont faites pour partager, même si celles-ci sont impossibles à communiquer pleinement.

La puissance de la présence de Dieu dans notre expérience quotidienne ne doit pas être conservée pour nous-mêmes. Même si personne ne peut la comprendre complètement, nous devons essayer de la partager. Bien que nous devons être satisfaits d’avoir fait nous-mêmes l’expérience de l’épiphanie, il y aura toujours en nous un désir pour les rapports humains.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus est bien le Serviteur du Seigneur, qui a reçu l’Esprit de Dieu pour pourvoir aux besoins de son peuple. Dans la scène du baptême, Matthieu (3, 13-17) ne montre pas seulement la relation intime entre le Père et le Fils, mais aussi les conséquences de cette relation. Le croyant est le serviteur de tous. Selon Matthieu, quand Jésus sort, trempé, des eaux du Jourdain, Jean est déjà en train de procéder au baptême suivant alors que la foule est en repentir. Jésus seul voit l’Esprit descendant sur des ailes de lumière et rester sur sa tête trempée. Lui seul entend la bienheureuse voix de Dieu l’appelant Fils Bien-aimé.  L’expérience le conduit dans le désert pendant 40 jours, seul, pour affûter sa vocation. Pas étonnant que lorsqu’il rentre pour débuter son ministère, l’une de ses premières actions est d’appeler ses disciples. C’en est assez de la solitude ! C’est le moment d’avoir de la compagnie!

En recevant la vie du Christ dans le baptême, nous chrétiens sommes appelés à soutenir la vie de l’Église. La foi implique le souci des autres. Comme le serviteur dans la lecture d’Isaïe d’aujourd’hui (Is 42, 1-4.6-7), nous devons remplacer les ténèbre par la lumière. Comme le Serviteur dans Matthieu, nous devons remplacer la douleur par la guérison. Loin d’être un don purement privé, la foi est une responsabilité commune.

Alors que j’étudiais à Rome, je suis tombé sur une histoire datant de l’Église primitive qui est très appropriée pour nous en cette fête. Au troisième siècle, Cyprien de Carthage écrivait à son amis Donatus : « C’est un monde mauvais, Donatus, dans lequel nous vivons. Mais au milieu de lui, j’ai découvert un groupe de personnes calme et saint. Ce sont des gens qui ont trouvé un bonheur qui est mille fois plus joyeux que tous les plaisirs de nos vies pécheresses. Ces personnes sont méprisées et persécutées, mais cela n’a pas d’importance pour elles. Ce sont des chrétiens Donatus, et moi je suis l’un d’eux. »

En nous rappelant du baptême de Jésus dans le Jourdain et de notre propre baptême, puissions-nous, nous aussi, nous lever debout et être compter du nombre. Prions pour que notre propre baptême nous aide à être lumière pour les autres et pour le monde, et nous donne le courage d’être différent, d’être compté parmi les amis de Jésus.

Le baptême – mystère et espérance du monde à venir – est le plus beau des dons de Dieu, nous invitant à devenir disciples du Seigneur. Il nous fait entrer dans l’intimité de Dieu, dans la vie trinitaire, dès aujourd’hui et jusque dans l’éternité. Il est une grâce donnée au pécheur, qui nous purifie du péché et nous ouvre un avenir nouveau. Il est un bain qui lave et qui régénère. Il est une onction, qui nous conforme au Christ, Prêtre, Prophète et Roi. Il est une illumination, qui éclaire notre route et lui donne tout son sens. …Revêtus de blanc au jour de notre baptême, comme nous le serons au dernier jour, nous sommes appelés à en garder chaque jour l’éclat et à le retrouver grâce au pardon, à la prière et à la vie chrétienne. Le Baptême est le signe que Dieu nous a rejoints sur notre route, qu’il embellit notre existence et qu’il transforme notre histoire en une histoire sainte. »

Jean-Paul II
JMJ de Paris, 1997

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