par Benoît Lévêque
Benoît XVI a reçu la semaine passée les participants à la XVIII Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la famille, qui s’est tenue du 3 au 5 avril sur la mission des grands-parents dans la famille. Ce fut l’occasion pour le pape de rappeler que l’Église a toujours reconnu leur importance sociale et spirituelle et il a constaté « qu’ils avaient autrefois un rôle important dans l’existence et le développement de la famille ». Il s’inquiète cependant des évolutions culturelles qui marginalisent les personnes âgées : « La culture de la mort avance malheureusement et touche aussi le troisième âge. Avec de plus en plus d’insistance -a souligné le Saint-Père- on propose l’euthanasie comme solution aux situations difficiles (…). Si, comme on le dit souvent ici et là, les personnes âgées constituent une présence vivante dans la famille, l’Église et la société…elles doivent continuer à marquer l’unité et diffuser les valeurs d’un amour fondé sur la fidélité, qui seul engendre la foi et la joie de vivre».
L’attention que l’Église porte aux personnes âgées et l’appel renouvelé du pape qui invite à faire attention à elles, nous incitent à nous pencher sur ces questions. Qui sont les personnes âgées dans nos sociétés occidentales? Quelle est leur place dans la vie sociale? Le terme « personnes âgées » est sans doute trop général car il désigne une catégorie de personnes très diverses. Je crois qu’on peut difficilement faire des considérations générales sur une catégorie de personnes si différentes – le jeune retraité en pleine santé n’appréciera pas d’être rangé dans le même groupe que les personnes dépendantes en fin de vie. La présence sociale des personnes âgées « actives » qui poursuivent une activité professionnelle ou qui ont une retraite bien occupée est bien acceptée. Elles jouent un rôle important dans les familles, et parfois même, si elles ne vivent pas trop loin de leurs enfants, ils se font une joie d’accueillir leurs petits enfants. Cette relation particulière entre les grands-parents et les petits-enfants repose sur un enrichissement mutuel. La curiosité, les jeux et la capacité d’émerveillement des enfants rajeunissent les plus vieux qui apportent du même coup un savoir, une certaine sagesse et un témoignage de vie.
Et puis il y a ceux pour qui les années passent, et qui vieillissent sans le vouloir. Le poids des années qui rend le corps plus fragile rend la vie sociale plus difficile. Ce moment-là, tous ne le vivent pas de la même façon. Avoir une présence familiale ou amicale près de soi dans les dernières années de la vie terrestre peut rendre ce passage plus doux. Heureusement, atteindre le grand âge ne signifie pas être malheureux. J’ai entendu plusieurs fois le témoignage de jeunes qui disaient avoir pris la décision de s’engager dans la vie chrétienne car ils avaient été marqués par la piété et le témoignage de Foi de leurs grands-parents.
Pourtant, on ne doit pas oublier la souffrance de tant de personnes isolées. Des congrégations religieuses catholiques ont voulu se mettre à leur service. Elles oeuvrent toujours en ce sens aujourd’hui et rendent un service remarquable. Il faut les soutenir. Les familles ont un rôle primordial à jouer, mais les conditions de vie actuelles ne permettent plus la proximité qui existait autrefois. Il faut donc trouver de nouvelles façons d’être présent à tous. L’attention aux personnes dépendantes relève de la société toute entière qui contribue déjà financièrement grâce au système social et fiscal, mais qui ne doit jamais oublier la dignité humaine de ces personnes qu’il faut aussi accompagner humainement. On peut remarquer ces dernier temps la propagation d’un courant philosophique qui considère que la dépendance des personnes faible physiquement entraîne la perte de la dignité humaine. Ces conceptions rétrogrades de l’être humain qui constituent le fondement de la propagande en faveur de l’euthanasie doivent être rejetées avec force. Dans ce contexte le message du pape Benoît XVI a une résonance particulière. Les personnes âgées doivent avoir bien toute leur place dans le monde et dans l’Église et leur dignité n’a pas à être remise en question.