Partager son enthousiasme – Dans la foulée du Synode des évêques

Aujourd’hui dans le cadre de Zoom, nous nous entretenons au téléphone avec Mgr Raymond St-Gelais, évêque de Nicolet au Québec. Mgr St-Gelais était l’un des quatre évêques délégués par ses pairs pour participer au Synode des évêques sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église. Vous entendrez un pasteur enthousiasmé par son expérience de l’Église universelle et par des travaux qui auront certainement un impact concret sur notre manière de partager et de vivre de la Parole.

À peine rentré de Rome, l’évêque de Nicolet a écrit une lettre pastorale à ses prêtres et à toutes les personnes de son diocèse qui oeuvrent au service de l’Évangile. Il s’agit d’une véritable invitation et d’un très bon moyen d’inclure ceux et celles qui, sur le terrain, font des pieds et des mains pour que la Parole demeure vivante, accessible et efficace.  

Apprivoiser la mort

 par le père Thomas Rosica, c.s.b.

C’est dans la lumière de la fête de tous les saints que nous faisons mémoire, le 2 novembre, de tous les fidèles défunts.  Ce jour est un jour où l’on se souvient, mais aussi où l’on peut parler de la mort et en parler sereinement, puisque nous ne sommes pas dans le moment du deuil.

Aujourd’hui, la mort est vécue comme une violence, une injustice, un échec ; pour l’individualisme triomphant, la mort est devenue intolérable.  Bien sûr, la mort, on en discute, on en débat, elle reste un problème philosophique, mais l’abondance des discours ne nous instruit pas sur la mort car tout le monde est le premier à mourir.  La mort est un événement absolu, qui n’arrive qu’à moi et dont je n’ai aucune idée avant qu’il n’arrive. Qu’est-ce que mourir ? Nous ne savons pas ! Ce que nous savons, c’est que nous mourons ; c’est même notre seule certitude, « notre seule exactitude », dans le sens où la mort sera à l’heure ! Face à la mort, aucune échappatoire: La prière est notre seule liberté.

Seule la prière, « maintenant et à l’heure de notre mort », fait passer l’homme de la mort à la vie ! Pour les croyants, en effet, « la vie n’est pas détruite, elle est transformée. Et lorsque prend fin leur séjour sur la terre, ils ont déjà une demeure dans les cieux » (Préface des défunts). Ils croient aussi qu’à la prière des vivants, les bras de Dieu s’ouvrent pour ceux qui espèrent en lui.

Nous en avons un magnifique et bouleversant témoignage laissé par saint Augustin.  Au cours du voyage en Italie, Monique tombe malade et la fin de sa vie approche, si bien qu’Augustin et son frère se demandent où enterrer leur mère le moment venu: « Mon frère, raconte Augustin, souhaitait la voir mourir non en terre étrangère mais dans sa patrie : ce serait là un destin plus heureux. En l’entendant, ma mère […] lui jeta un regard de reproche pour avoir eu de telles pensées […] et s’adressant à nous deux : “Enterrez mon corps n’importe où, sans vous mettre en peine de lui. Tout ce que je vous demande, c’est de vous souvenir de moi à l’autel du Seigneur, où que vous soyez.” Quelques-uns de mes amis, continue Augustin, […] lui avaient demandé : “Ne crains-tu pas de laisser ton corps loin de ta ville natale ?” Et elle de leur répondre : “Rien n’est loin pour Dieu ; et il n’y a pas à craindre qu’il ne sache pas, à la fin des temps, reconnaître le lieu d’où me ressusciter”. » Ce passage nous montre que Monique n’a pas eu peur d’envisager la mort dès son vivant, que c’est donner sens à la vie que d’y intégrer l’omniprésence de la mort, et que l’homme est plus fort devant la mort quand il l’a apprivoisée.

Être délivrés de la mort ? Nous le pouvons avec le Christ : Premier-né de toute créature, il est aussi le Premier-né d’entre les morts (Col 1, 13-18). La résurrection du Christ – et le Christ ressuscité lui-même – est principe et source de notre résurrection future. Mais déjà, vivant avec lui, nous n’avons plus peur de la mort. La mort que nous redoutions, que nous haïssions, la mort au «dard venimeux» (1 Co 15, 56) n’a plus d’emprise sur nous. Saint Paul va jusqu’à dire qu’elle «représente un gain» (Ph 1, 21-23). Elle nous fait mesurer combien chaque instant est précieux, chaque rencontre est unique, chaque amour est fragile. Envisagée dans la foi au Christ, elle devient le lieu de notre rencontre heureuse avec lui: « Le péché nous fait vivre à la surface de nous-mêmes; nous ne rentrons en nous que pour mourir, et c’est là qu’il nous attend. »

Sainte Marie, mère de Dieu, priez pour nous pauvres pêcheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.

Quelle nuée de témoins!

par le père Thomas Rosica, c.s.b.

La fête de la Toussaint nous offre une belle opportunité de réfléchir sur l’héritage des saints et des bienheureux dans notre tradition catholique.  Ces hommes et femmes sont des artistes qui ont jugé et fait la critique du monde avec différentes donnés et des connaissances différentes des nôtres. Leurs normes reposaient simplement sur  les «Béatitudes» et non dans les bibliotèques d’universités ou les centres de hautes recherches. Ils ont tenté chacun, en leur temps propre et à leur manière, de s’approprier cette extraordinaire vision de l’Evangile et de partager au monde. Le grand auteur anglais G.K. Chesterton a affirmé que «de telles personnes ont mis en lumière ce que le monde et l’Eglise avaient oublié». Parfois de tels individus sont appelés des fous, des insensés, des irréalistes, des rêveurs. Dans notre Eglise, nous les appelons des Saints.

En cette fête de la sainteté, nous célébrons tous ceux qui ont témoigné de leur attachement radical au Christ, tous les saints, ceux qui sont au calendrier, ceux qui n’y sont plus, ceux qui n’y sont pas encore.  Dans l’évangile de cette fête [Mt 5, 1-12], chacune des béatitudes nous indique une voie de sainteté : la pauvreté de cœur, la douceur, le combat pour la justice, la pureté du cœur, le travail pour que grandisse la paix, la miséricorde. Nous sommes loin des miracles et d’autres signes spectaculaires que les hagiographies se plaisent à raconter. Ces béatitudes sont plus un projet de vie, une invitation à y puiser une vraie intensité de vie, que la reconnaissance du mérite de ceux « qui y sont arrivés » ! Cette sainteté-là est vraiment pour tous, pour peu que nous y travaillions, bien sûr.

Je suis convaincu que le monde d’aujourd’hui, et particulièrement les jeunes, ont un besoin croissant pour les vies fascinantes des Saints. Tout au long de son pontificat, le pape Jean Paul II nous a aidé à redécouvrir ces héros et héroïnes dans nos traditions. En fait, il a béatifié 1338 femmes et hommes, et canonisé 482 personnes.  La proclamation de tant de Bienheureux et de Saints de notre époque a été d’une aide étonnante pour renouveler les espoirs de longues haleines et en stimuler de nouveaux.  Quelle nuée de témoins, quelle école des artistes des Béatitudes pour nous consoler, nous fortifier, nous encourager, nous stimuler, nous émouvoir et nous élever alors que nous essayons de les imiter ici-bas!

Comment la grâce serait-elle vraiment gracieuse, vraiment gratuite si elle venait comme le bon point et les félicitations avec la bonne note ? La grâce n’a trouvé en nous aucun mérite, mais c’est elle qui nous rend capables de mérite. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisis… », dit Jésus. Comme le dit saint Augustin, en commentant ce passage de l’Évangile de Jean : « Dieu ne choisit pas ceux qui sont bons, mais il rend bons ceux qu’il a choisis. » Nous ne pourrions être bons et faire quelque bien en ce monde, si nous ne l’avions reçu de l’amour incroyable du Créateur qui nous a donné la liberté, le désir et l’intelligence de reconnaître ses dons.

Laissons-nous saisir par la beauté de ces hommes et femmes, et laissons nous combler du désir de devenir des saints pendant ce mois de novembre qui est dédié aux artistes de l’évangile!  Dieu sait combien nous en avons besoin de tels artistes aujourd’hui!

Discours de Benoît XVI au nouvel ambassadeur du Canada : un message pour tous

par Sébastien Lacroix

Benoît XVI a accepté ce matin les Lettres de créance du nouvel ambassadeur du Canada près le Saint-Siège, Mme Anne Leahy. Les deux ont prononcés un discours et Mme Leahy en a profité pour souligner à quel point le catholicisme demeure une clé de l’édification de la société canadienne, ce sur quoi a renchérit le Saint-Père en citant Jean-Paul II à son arrivée à Toronto pour les JMJ en 2002.

Soulignant que la société canadienne est en constante mutation, Benoît XVI a invité les Canadiens à aspirer à la vraie liberté:

[J]e voudrais plutôt encourager l’ensemble des Canadiens et Canadiennes à réfléchir profondément sur le chemin que le Christ invite à tracer. Il est lumineux et plein de vérité. Une culture de vie pourrait irriguer de nouveau l’ensemble de l’existence personnelle et sociale canadienne. Je sais que c’est possible et que votre pays en est capable. Pour y aider, il me semble nécessaire de redéfinir le sens de l’exercice de la liberté, expression trop souvent invoquée pour justifier certains débordements. De plus en plus, en effet, son exercice est perçu comme étant seulement une valeur absolue – un droit intangible de l’individu – tout en ignorant l’importance des origines divines de la liberté et de sa dimension communautaire nécessaire à sa construction. Selon cette interprétation, l’individu seul pourrait décider et choisir la physionomie, les caractéristiques et les finalités de la vie, de la mort et du mariage. La vraie liberté se fonde et se développe ultimement en Dieu. Elle est un don qu’il est possible d’accueillir comme un germe et de faire mûrir de manière responsable pour enrichir vraiment la personne et la société. L’exercice de cette liberté implique la référence à une loi morale naturelle, à caractère universel, qui précède et unit tous les droits et les devoirs. Dans cette perspective, je voudrais apporter mon appui aux initiatives des Évêques canadiens pour favoriser la vie familiale, et donc pour favoriser la dignité de la personne humaine.

Certainement bien informé des débats actuels, le Saint-Père en a profité pour faire l’éloge des écoles catholiques et de l’enseignement religieux confessionnel:

Parmi les institutions ecclésiales de votre pays, Excellence, les écoles catholiques jouent un rôle important pour l’éducation humaine et spirituelle de la jeunesse et elles rendent ainsi un service de grande valeur à votre pays. Aussi, l’enseignement religieux doit-il y tenir la place qui lui revient, tout en respectant la conscience de chacun des élèves. En effet, c’est un droit inaliénable pour les parents d’assurer l’éducation religieuse de leurs enfants. L’enseignement de la religion, en raison de la contribution spécifique qu’il peut apporter, représente une ressource fondamentale et indispensable pour une éducation qui a parmi ses objectifs premiers la construction de la personnalité de l’élève et le développement de ses capacités, en intégrant les dimensions cognitive, affective et spirituelle. En contribuant ainsi à la transmission de la foi aux nouvelles générations et en les préparant au dialogue entre les différentes composantes de la nation, les écoles catholiques réalisent une exigence constante de la mission de l’Église, pour le bien de tous, et elles enrichissent l’ensemble de la société canadienne.

Madame Leahy pourra ainsi envoyer un message à son nouveau patron, le ministre Lawrence Cannon, à l’effet que le pape presse le Canada de ne pas oublier l’essence de sa fondation: les racines profondément chrétiennes de ce pays doivent toujours teinter, sinon inspirer, les grandes orientations culturelles, économiques et sociales.

Zoom présentera lundi un entretien exclusif avec Mme Anne Leahy, nouvel ambassadeur du Canada près le Saint-Siège.

L’enthousiasme des pères synodaux

par Sébastien Lacroix

Les 4 évêques canadiens qui étaient délégués au Synode des évêques rentrent au pays cette semaine. Après trois semaines vécues au rythme de l’Église universelle à l’écoute de la Parole de Dieu, soyez certains que nos pasteurs reviennent enchantés de leur séjour à Rome. Non pas qu’ils soient sur un nuage, loin de là. Je dirais qu’ils seront plutôt sur un élan apostolique, une poussée évangélique qui sera certainement sentie par leurs proches collaborateurs.

Alors que les évêques de Nicolet, Ottawa, London et St-Paul sont de retour dans leur diocèse, le cardinal Marc Ouellet, rapporteur général du Synode,  nous fait part de son enthousiasme face aux trois semaines inoubliables qui viennent de se terminer. Il donne quelques exemples concrets que pourrait avoir ce Synode pour les communautés chrétiennes locales. C’est à voir et à entendre dans le cadre de Zoom ce mercredi.

Brûlures post-synodales

[Nous publion ici le dernier journal du père Thomas Rosica, c.s.b., directeur général de Télévision Sel + Lumière, au Synode des évêques. Le père Rosica agissait à titre d’attaché de presse anglophone pour le Synode.]

Avoir été témoin du dernier vote sur les propositions synodales vendredi après-midi et samedi matin a été une vraie leçon de ce qu’est la collégialité de l’Eglise.
 
Vous pourrez certainement trouver des informations complémentaires et des « scoops » concernant la procédure de vote ailleurs que sur ce blogue. Il suffit de dire que l’unanimité pour chacune des propositions mises au vote a été étonnante. Elle a révélé un grand consensus dans cette assemblée synodale, différemment des synodes précédents où ce consensus n’était pas si évident.
 
Le consensus a aussi révélé combien le rapporteur général (le Cardinal Marc Ouellet) et son équipe ont travaillé fort pour incorporer les 354 amendements, reformulations et suggestions dans les propositions finales. À la fin, on comptait 55 propositions votées, approuvées et présentées au Pape. Ces propositions aideront le pape dans la formulation de l’exhortation apostolique qui confirmera tout le travail accompli au cours de ce synode.
 
Immédiatement après la séance de samedi matin, j’ai accompagné le Cardinal Ouellet à la conférence de presse dans la Salle Jean Paul II de la salle de presse du Vatican. Le Cardinal Ouellet, le secrétaire spécial et un évêque du Brésil ont répondu aux questions de la presse internationale. Le cardinal a terminé sa conférence d’une heure en affirmant que l’on venait de vivre un voyage et une rencontre. Nous étions comme les disciples en route vers Emmaüs, marchant et discutant des événements qui eurent lieu à Jérusalem il y a longtemps. Mais le synode nous a aussi offert un moment privilégié de rencontre non seulement avec des mots, mais aussi avec la Parole qui est Jésus Christ. Nous devons Le porter à nos concitoyens et au monde.
 
Après la conférence de presse nous avons marché jusqu’à la Salle Paul VI pour participer au déjeuner qui se déroulait avec Benoît XVI et les participants au Synode. L’atmosphère était joviale, fraternelle, élégante et très agréable. Nous sommes arrivés juste à temps pour le dessert!
 
À la fin du repas, Benoît XVI a pris le micro et a parlé spontanément. Ses mots ont été très appréciés. Après ses remerciements pour tous ceux qui ont travaillé pour rendre possible ce synode, le Pape a admis en public qu’il avait « violé des droits humains » ces dernières semaines, privant grand nombre de participants synodaux de sommeil (j’ai pardonné le pape dans mon cœur), et privant les membres synodaux de leurs weekends! Le Pape a affirmé que ce problème serait résolu à l’avenir. Cela va sans dire que les mots du Pape ont été accueillis par des applaudissements.
 

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Conclusion de la 12e AG du Synode des évêques

par Sébastien Lacroix

Trois semaines après son ouverture en la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs, Benoît XVI a conclu la 12e assemblée générale du Synode des évêques lors d’une grande messe célébrée ce matin en la basilique Saint-Pierre. Trois semaines de travaux laborieux qui rappellent aux catholiques que Jésus le Christ est cette Parole, que nous sommes appelés à célébrer d’abord dans la liturgie et à partager avec le monde.

55 propositions ont été présentées au Saint-Père qui confirmera le travail des pères synodaux dans une exhortation apostolique. Regardez Zoom ce lundi 27 octobre pour un retour complet sur les travaux du Synode et sa conclusion. La messe de dimanche matin suivra dès 20h.

Vendredi dernier, le secrétariat du Synode a publié un message adressé au ‘Peuple de Dieu’. Le voici pour les plus avides:

« Message au peuple de Dieu » adressé par la 12ème assemblée générale ordinaire du Synode des évêques

Aux frères et sœurs, «paix, ainsi que charité et foi, de la part de Dieu le Père et de Jésus-Christ le Seigneur. Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ d’un amour incorruptible». C’est par cette salutation intense et passionnée que saint Paul concluait sa lettre aux chrétiens d’Éphèse (6, 23-24). C’est par ces mêmes mots que nous, Pères synodaux réunis à Rome pour la XIIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques sous la conduite du Saint-Père Benoît XVI, ouvrons notre message adressé à l’immense horizon de tous ceux qui, dans les diverses régions du monde, suivent le Christ en disciples et continuent de l’aimer d’un amour incorruptible.

Nous leur proposerons, de nouveau, la voix et la lumière de la Parole de Dieu, répétant l’antique appel: «Elle est tout près de toi, la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur afin que tu la mettes en pratique» (Dt 30, 14). Et Dieu lui-même nous dira à chacun: «Fils d’homme, toutes les paroles que je te dis, reçois-les dans ton cœur, écoute de toutes tes oreilles» (Ez 3,10). A tous, nous proposons à présent un voyage spirituel qui se déroulera en quatre étapes et qui, de l’éternité et de l’infinité de Dieu, nous conduira jusqu’en nos maisons et le long des rues de nos cités.

I. LA VOIX DE LA PAROLE: LA RÉVÉLATION [Read more…]

Dernières interventions : une valse de paroles

Journal du père Rosica au Synode des évêques

Suite à l’annonce surprenante d’hier dans la Salle du Synode nous informant qu’un des pères d’une Eglise orientale avait oublié sa mitre dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs lors du concert de lundi après-midi, nous avons appris ce matin que l’un des pères du rite latin – probablement un archevêque  — avait laissé sa croix pectorale dans la Salle du Synode.

Le propriétaire dut la récupérer avant que le Pape nous rejoigne plus tard dans la journée. Il va de soi que ces deux annonces ont contribué à alléger l’ambiance. Nous avons pu constater que l’oubli n’appartient pas qu’aux leaders de l’Église orientale…

Hier matin, nous avons écouté les dernières interventions des cardinaux et évêques participant au Synode. Je voudrais faire mention des deux discours de cinq minutes faits dans la congrégation de ce matin.

Culture de la sagesse

Le cardinal salésien Joseph Zen de Hong Kong a expliqué avec un italien impeccable comment  la Parole de Dieu est semée parmi des personnes qui apprécient “la culture de la sagesse”. Le cardinal a parlé de l’harmonie qui existe parmi les six religions de son pays. Il a aussi affirmé que les groupes religieux travaillent ensemble, non pas tellement pour formaliser le dialogue interreligieux, mais plutôt pour unir et préserver l’héritage précieux de la sagesse chinoise.

“L’Eglise”, déclairait le cardinal Zen, a toujours trouvé un allié dans la sagesse de Confucius. Le prélat a donné ce sage conseil à son public international: “Si on est émus par la charité et qu’on arrive à transmettre les vertus chinoises […] de  fidélité, honnêteté et d’humilité aux jeunes générations, nous les aurons aidées à faire de grands pas vers la sainteté.”

Quand ces vertus manquent dans la vie des personnes chinoises, a-t-il poursuivi, une chute impressionnante des valeurs sacrées de la vie, du mariage et de la famille a lieu.

Il a aussi souligné la croissance fulgurante de la corruption, le manque de conscience, et la chasse au profit à tout prix. Il a parlé du récent scandale à propos de la contamination laitière en Chine, qui a causé la mort de quatre enfants et en a rendu des dizaines de milliers d’autres malades.

Le cardinal italien Giovanni Battista Re, préfet de la  Congrégation des Evêques, nous a offert  une réflexion qui à mon avis devrait être envoyée aux évêques du monde entier. Présente dans la constitution dogmatique du concile Vatican II “Lumen Gentium,” le cardinal Re a parlé du rôle principal d’un évêque qui « sont les hérauts de la foi qui amènent au Christ de nouveaux disciples; ce sont des docteurs authentiques, revêtus de l’autorité du Christ, qui prêchent au peuple commis à leur soin les vérités de foi à croire et à appliquer dans la pratique de la vie ».

Le cardinal Re a terminé sa présentation en nous laissant avec une image très impressionnante. Il a évoqué le moment important, pendant la cérémonie de l’ordination épiscopale, au cours duquel le livre ouvert des Evangiles est tenu au-dessus de la tête du nouvel évêque, qui est agenouillé sous le livre ouvert. Le cardinal Re voilait ainsi dire que le ministère des évêques se situe sous la parole de Dieu, avec pour seul but l’annoncer de la Parole, la proclamant et la vivant avec fidélité.

Il nous a dit que l’image du livre ouvert des Evangiles évoque le toit de notre maison “La Parole de Dieu est pour (nous), les évêques, la maison que nous quittons chaque jour pour aller nous occuper du troupeau qui nous a été confié, et la maison où nous revenons chaque soir.

« La parole est ce toit sûr qui nous abrite pendant les tempêtes de la vie, cet endroit intime où nos rapports, nos souvenirs et nos sentiments, ainsi que nos angoisses et nos préoccupations pastorales s’entremêlent, nous permettant de trouver dans le Christ un rafraîchissement pour l’âme, et de la force pour faire face aux problèmes et aux défis qu’entraine notre ministère.”

Alors que le cardinal Re disait cela, j’ai remarqué plusieurs pères synodaux qui hochaient la tête en signe d’approbation.

De la haute couture

J’ai toujours eu un grand respect pour le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec et rapporteur général de cette assemblée du Synode des évêques sur la Parole de Dieu. Aujourd’hui, en présence de toute l’assemblée synodale et de Benoît XVI, le cardinal a réalisé un véritable tour de force qui en a envoûté plusieurs.

Il avait déjà livré la conférence d’ouverture du Synode en latin lundi de la semaine dernière, indiquant ainsi les principaux thèmes et la direction du présent synode. Ce soir, il a présenté, dans un latin impeccable, une conférence de 70 minutes appelée la «Relatio post disceptationem», la conférence qui suit les discussions.

 La plupart des gens auraient besoin d’un bon mois pour traiter tout ce qui a été entendu dans la salle du Synode. Certains évêques présents ont même dit ne pas pouvoir imaginer que l’on puisse synthétiser la multitudes d’idées et de suggestions qui ont émergé de ce groupe. Le prélat québécois et son équipe ont travaillé sans arrêt au cours des deux derniers jours pour consolider les éléments des quelques 200 interventions entendues.

Le résultat fut une présentation impressionnante et réfléchie qui a lancé la prochaine phase du Synode et la formulation de propositions qui seront présentées au pape la semaine prochaine. Ces propositions, dont l’une est chère à Benoît XVI, serviront à la rédaction de l’exhortation apostolique qui suivra le synode.

Parmi les éléments nouveaux qui sont ressortis de ce synode il y a les questions pour réflexion qui se trouvent à la fin de chacune des sections du rapport du cardinal Ouellet. Je vous parlerez de ces questions plus tard cette semaine.

Demain, le centre de presse du Vatican organise une conférence de presse spéciale pour présenter le «Relatio», et une équipe d’évêques ayant un rôle-clé au sein de l’assemblée synodale répondront aux questions de la presse internationale.

Parmi eux, le cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le cardinal George Pell, archevêque de Sydney (et star des JMJ) et Mgr Luis Antonio Tagle, des Philippines, que plusieurs ont découvert au Congrès eucharistique à Québec.

Aux premières loges

Enfin, plusieurs d’entre vous m’avez écrit pour me dire à quel point ce petit journal vous permettait de vivre et de comprendre cette grande expérience de l’Église universelle. On ne cache pas la lumière sous le boisseau, comme nous le faisons avec trop de belles histoires en Église. Bien que le temps ne me permette pas de répondre à chacun de vous personnellement, sachez que vous êtes dans mon bon souvenir, lorsque je prie au tombeau de saint Pierre, et auprès de tant d’homme et de femmes qui sont présents dans cet espace sacré qu’est Saint-Pierre de Rome.

« Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile! »

par Sébastien Lacroix

C’est en reprenant les paroles de l’apôtre auprès des gentils que Benoît XVI a ouvert la XIIe Assemblée générale du Synode des évêques ce matin au cours d’une grand messe à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. Entouré des 253 pères synodaux, le Saint-Père a lancé une charge contre une culture moderne qui nie l’existence de Dieu: « Des Nations qui furent à une époque riches de foi et de vocations sont maintenant en train de perdre leur identité, sous l’influence nuisible et destructrice d’une certaine culture moderne », a constaté le pape.

En ouvrant le synode qui portera sur « La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église, » Benoît XVI souhaite initier un mouvement qui permettra aux catholiques ‘ordinaires’ de s’approprier l’Écriture Sainte. Pour lui, la critique de la bible dans le domaine exégétique donne aux fidèles l’impression que la Bible est inaccessible. Au contraire, Benoît XVI croit que la vérité de la Bible est tout autant accessible au simple croyant.

L’Église catholique a certainement redécouvert la Parole de Dieu lors du Concile Vatican II à travers la Constitution dogmatique Dei Verbum sur la révélation divine. Cette Parole, non seulement faut-il la lire, mais il faut la vivre, car c’est seulement ainsi qu’elle prend tout son sens.

Pour accomplir cette mission [de proclamer la Bonne Nouvelle], se nourrir de la Parole de Dieu est pour l’Eglise «la tâche première et fondamentale».
En effet, si l’annonce de l’Evangile constitue sa raison d’être et sa mission, il est indispensable que l’Eglise connaisse et vive ce qu’elle annonce, pour que sa prédication soit crédible, malgré les faiblesses et les pauvretés des hommes qui la composent.

Pour mieux comprendre ce qu’est le Synode des évêques et connaître les points de vue des évêques canadiens qui y sont délégués, voyez ce lundi 6 octobre à 19h05 un nouvel épisode de Focus catholique. L’épisode sera également disponible en ligne sur la page dédiée au synode.   

Il sera intéressant de suivre les discussions des évêques au cours des jours qui viennent et de voir comment ils entrevoient l’annonce de l’évangile dans un monde qui, aux yeux de Benoît XVI et de bien d’autres, se détourne toujours plus de la vérité.
 

La morale ou la bourse

par Sébastien Lacroix

 

Les marchés financiers aux États-Unis et ailleurs sont au coeur d’une crise qui n’est pas prête de se résorber. Des dizaines de milliards de dollars se sont tout simplement évaporés en quelques jours suite au jeu spéculatif de gestionnaires plus avares que scrupuleux. Malheureusement, cette vague qui a profité à une poignée a entraîné bien des gens dans la tourmente, des personnes qui n’avaient rien à voir avec la spéculation financière.

Alors que le gouvernement américain rame à toute vitesse pour éviter de sombrer, les critiques viennent de partout: « Les marchés financiers avaient créé un produit pour faire de l’argent rapidement en prenant de très grands risques. » Il s’agit ici des ‘subprime mortgage’, des prêts hypothécaires à hauts risques qui ont permis à des familles qui  de devenir propriétaires. Ce nouveau produit financier avait du même coût permis aux institutions qui le vendaient d’accroître leur valeur et ainsi, leurs profits.

Et c’est là le grave problème, on avait oublié à quoi servait l’économie: le profit à tout prix n’est pas un objectif en soi, disait Paul VI, l’économie est au service de l’homme! On ira relire avec intérêt l’encyclique Populorum progressio – 41 ans plus tard, l’appel de Paul VI demeure toujours actuel et a été repris par Jean-Paul II et Benoît XVI – d’ailleurs presque tous les papes depuis Léon XIII au 19e siècle en ont parlé.

L’Osservatore Romano d’hier, le quotidien du Vatican, parlait de l’échec de la nouvelle économie, citant un professeur d’éthique des finances de l’Université catholique du Sacré-Coeur à Milan. « En dépit des tentatives, le monde occidental est incapable d’établir un modèle de développement qui peut garantir la richesse. (…) L’Occident n’a pas réussi à faire face à la croissance asiatique en y transférant des productions à faibles coûts, elle n’a pas réussi non plus après avoir inventé un boom dans le PNB grâce à des modèles financiers risqués qui avaient été mal conçus et peu contrôlés. »

Au milieu de cette crise, il est une compagnie qui fait modèle: il s’agit des Chevaliers de Colomb. Cette organisation catholique d’hommes laïques est aussi une compagnie d’assurance avec un actif évalué à plus de 14 milliards de dollars US. Le Chevalier Suprême des C de C, Carl A. Anderson, a voulu rassurer les clients et bénéficiaires des C de C il y a quelques jours: l’impact de la crise actuelle a été minime sur les investissements des Chevaliers. La raison en est fort simple affirme le Chevalier suprême:

Nous avons délibérément évité d’investir dans les secteurs très complexes et très spéculatifs qui ont provoqué la catastrophe chez quelques-unes des sociétés les plus connues des Etats-Unis.

En fait, l’approche conservatrice des Chevaliers en investissement correspond aux valeurs et à la morale dont ils se font les défenseurs: celle de l’Église catholique. Et c’est ce qui en fait l’une des compagnies d’investissement les mieux gérées au monde (selon Standard & Poor).

Il y a une dimension morale à l’économie et il revient au gouvernement de mettre en place les règles et les mesures nécessaires afin qu’une saine croissance économique serve au développement global et solidaire de l’homme et de la société dans laquelle il vit et travaille (Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, #334).

Populorum  Progressio fut le premier encyclique à caractère social écrit après le Concile Vatican II. Dans l’esprit du concile, il offrait un nouveau paradygme pour entrevoir la relation entre l’Église et le monde moderne. On oublie parfois que l’Église catholique est plus qu’un fournisseur de sacrements ou une autorité en matière d’éthique sexuelle. À une période où le monde des finances a de la difficulté à trouver un équilibre, nous pourrions nous inspirer des enseignements et des leçons de Populorum Progressio et ainsi contribuer à un développement durable pour tous les citoyens de notre planète.

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