par Sébastien Lacroix
Benoît XVI a accepté ce matin les Lettres de créance du nouvel ambassadeur du Canada près le Saint-Siège, Mme Anne Leahy. Les deux ont prononcés un discours et Mme Leahy en a profité pour souligner à quel point le catholicisme demeure une clé de l’édification de la société canadienne, ce sur quoi a renchérit le Saint-Père en citant Jean-Paul II à son arrivée à Toronto pour les JMJ en 2002.
Soulignant que la société canadienne est en constante mutation, Benoît XVI a invité les Canadiens à aspirer à la vraie liberté:
[J]e voudrais plutôt encourager l’ensemble des Canadiens et Canadiennes à réfléchir profondément sur le chemin que le Christ invite à tracer. Il est lumineux et plein de vérité. Une culture de vie pourrait irriguer de nouveau l’ensemble de l’existence personnelle et sociale canadienne. Je sais que c’est possible et que votre pays en est capable. Pour y aider, il me semble nécessaire de redéfinir le sens de l’exercice de la liberté, expression trop souvent invoquée pour justifier certains débordements. De plus en plus, en effet, son exercice est perçu comme étant seulement une valeur absolue – un droit intangible de l’individu – tout en ignorant l’importance des origines divines de la liberté et de sa dimension communautaire nécessaire à sa construction. Selon cette interprétation, l’individu seul pourrait décider et choisir la physionomie, les caractéristiques et les finalités de la vie, de la mort et du mariage. La vraie liberté se fonde et se développe ultimement en Dieu. Elle est un don qu’il est possible d’accueillir comme un germe et de faire mûrir de manière responsable pour enrichir vraiment la personne et la société. L’exercice de cette liberté implique la référence à une loi morale naturelle, à caractère universel, qui précède et unit tous les droits et les devoirs. Dans cette perspective, je voudrais apporter mon appui aux initiatives des Évêques canadiens pour favoriser la vie familiale, et donc pour favoriser la dignité de la personne humaine.
Certainement bien informé des débats actuels, le Saint-Père en a profité pour faire l’éloge des écoles catholiques et de l’enseignement religieux confessionnel:
Parmi les institutions ecclésiales de votre pays, Excellence, les écoles catholiques jouent un rôle important pour l’éducation humaine et spirituelle de la jeunesse et elles rendent ainsi un service de grande valeur à votre pays. Aussi, l’enseignement religieux doit-il y tenir la place qui lui revient, tout en respectant la conscience de chacun des élèves. En effet, c’est un droit inaliénable pour les parents d’assurer l’éducation religieuse de leurs enfants. L’enseignement de la religion, en raison de la contribution spécifique qu’il peut apporter, représente une ressource fondamentale et indispensable pour une éducation qui a parmi ses objectifs premiers la construction de la personnalité de l’élève et le développement de ses capacités, en intégrant les dimensions cognitive, affective et spirituelle. En contribuant ainsi à la transmission de la foi aux nouvelles générations et en les préparant au dialogue entre les différentes composantes de la nation, les écoles catholiques réalisent une exigence constante de la mission de l’Église, pour le bien de tous, et elles enrichissent l’ensemble de la société canadienne.
Madame Leahy pourra ainsi envoyer un message à son nouveau patron, le ministre Lawrence Cannon, à l’effet que le pape presse le Canada de ne pas oublier l’essence de sa fondation: les racines profondément chrétiennes de ce pays doivent toujours teinter, sinon inspirer, les grandes orientations culturelles, économiques et sociales.
Zoom présentera lundi un entretien exclusif avec Mme Anne Leahy, nouvel ambassadeur du Canada près le Saint-Siège.