par le père Thomas Rosica, c.s.b.
La fête de la Toussaint nous offre une belle opportunité de réfléchir sur l’héritage des saints et des bienheureux dans notre tradition catholique. Ces hommes et femmes sont des artistes qui ont jugé et fait la critique du monde avec différentes donnés et des connaissances différentes des nôtres. Leurs normes reposaient simplement sur les «Béatitudes» et non dans les bibliotèques d’universités ou les centres de hautes recherches. Ils ont tenté chacun, en leur temps propre et à leur manière, de s’approprier cette extraordinaire vision de l’Evangile et de partager au monde. Le grand auteur anglais G.K. Chesterton a affirmé que «de telles personnes ont mis en lumière ce que le monde et l’Eglise avaient oublié». Parfois de tels individus sont appelés des fous, des insensés, des irréalistes, des rêveurs. Dans notre Eglise, nous les appelons des Saints.
En cette fête de la sainteté, nous célébrons tous ceux qui ont témoigné de leur attachement radical au Christ, tous les saints, ceux qui sont au calendrier, ceux qui n’y sont plus, ceux qui n’y sont pas encore. Dans l’évangile de cette fête [Mt 5, 1-12], chacune des béatitudes nous indique une voie de sainteté : la pauvreté de cœur, la douceur, le combat pour la justice, la pureté du cœur, le travail pour que grandisse la paix, la miséricorde. Nous sommes loin des miracles et d’autres signes spectaculaires que les hagiographies se plaisent à raconter. Ces béatitudes sont plus un projet de vie, une invitation à y puiser une vraie intensité de vie, que la reconnaissance du mérite de ceux « qui y sont arrivés » ! Cette sainteté-là est vraiment pour tous, pour peu que nous y travaillions, bien sûr.
Je suis convaincu que le monde d’aujourd’hui, et particulièrement les jeunes, ont un besoin croissant pour les vies fascinantes des Saints. Tout au long de son pontificat, le pape Jean Paul II nous a aidé à redécouvrir ces héros et héroïnes dans nos traditions. En fait, il a béatifié 1338 femmes et hommes, et canonisé 482 personnes. La proclamation de tant de Bienheureux et de Saints de notre époque a été d’une aide étonnante pour renouveler les espoirs de longues haleines et en stimuler de nouveaux. Quelle nuée de témoins, quelle école des artistes des Béatitudes pour nous consoler, nous fortifier, nous encourager, nous stimuler, nous émouvoir et nous élever alors que nous essayons de les imiter ici-bas!
Comment la grâce serait-elle vraiment gracieuse, vraiment gratuite si elle venait comme le bon point et les félicitations avec la bonne note ? La grâce n’a trouvé en nous aucun mérite, mais c’est elle qui nous rend capables de mérite. « Ce n’est pas vous qui m’avez choisis… », dit Jésus. Comme le dit saint Augustin, en commentant ce passage de l’Évangile de Jean : « Dieu ne choisit pas ceux qui sont bons, mais il rend bons ceux qu’il a choisis. » Nous ne pourrions être bons et faire quelque bien en ce monde, si nous ne l’avions reçu de l’amour incroyable du Créateur qui nous a donné la liberté, le désir et l’intelligence de reconnaître ses dons.
Laissons-nous saisir par la beauté de ces hommes et femmes, et laissons nous combler du désir de devenir des saints pendant ce mois de novembre qui est dédié aux artistes de l’évangile! Dieu sait combien nous en avons besoin de tels artistes aujourd’hui!