Hymne des JMJ 2011

L’hymne des JMJ de Madrid « Firme en la Fé » « En Christ notre Foi » écrit par Mgr Cesar Franco, évêque coordinateur des JMJ 2011 est mis en musique par le P. Enrique Vazquez.
Il s’inspire du verset de l’épitre aux Colossiens que le pape Benoit XVI a choisi pour thème de ces JMJ 2011

Voici les paroles en français
EN CHRIST NOTRE FOI !
Traduction : Juan José Alva / Adaptation : Marie-Antoinette Noury (SNPLS)

En Christ notre foi ! En Christ notre foi !

Cheminons dans le Seigneur qui nous fait vivre,
Christ, notre Joie !
Seigneur, gloire à Toi ! Seigneur, gloire à Toi !
Compagnon sur notre route,
Ô Christ, gloire à Toi ! (bis)

1. Amour qui prends racine en notre terre,
Amour qui tends les bras et nous relèves,
Ton Corps est pain rompu qui nous rassemble,
Ton Sang versé est signe de l’Alliance,
Jésus, Toi notre frère,
Ami qui nous libères,
Christ et Seigneur, affermis notre foi !
Affermis notre foi !

2. Pardon qui purifies et transfigures,
Pardon qui cicatrises nos blessures,
Ta main veut soulager notre faiblesse,
Marchons sous ton regard plein de tendresse,
Jésus, Toi notre frère,
Ami qui nous libères,
Christ et Seigneur, affermis notre foi !
Affermis notre foi !

3. Sauveur qui nous invites à l’espérance,
Sauveur qui t’es chargé de nos souffrances,
Ton Cœur ouvert est source de l’eau vive,
Répands sur nous le Souffle qui anime,
Jésus, Toi notre frère,
Ami qui nous libères,
Christ et Seigneur, affermis notre foi !
Affermis notre foi !

4. Visage de l’amour de notre Père,
Visage qui révèles la Lumière,
Ta mort en Croix délivre des ténèbres
La chair que tu recrées par le baptême.
Jésus, Toi notre frère,
Ami qui nous libères,
Christ et Seigneur, affermis notre foi !
Affermis notre foi !

5. Ta gloire est l’avenir de tous les hommes,
Ta gloire que la grâce en nous façonne.
Ton Corps est devenu la pierre d’angle,
L’Église où tu accueilles un peuple immense,
Jésus, Toi notre frère,
Ami qui nous libères,
Christ et Seigneur, affermis notre foi !
Affermis notre foi !

6. Chemin où nous marchons avec Marie,
Chemin où, jeunes, nous cherchons la Vie,
Ta Pâque est le sommet de notre Histoire,
Que toute langue chante ta victoire !
Jésus, Toi notre frère,
Ami qui nous libères,
Christ et Seigneur, affermis notre foi !
Affermis notre foi !

Les JMJ d’hier à aujourd’hui

Les Journées Mondiales de la Jeunesse approchent à grand pas! Bientôt, des jeunes du monde entier seront rassemblés en Espagne pour rencontrer Jésus Christ. Déjà les préparations sont en cours pour assurer que les JMJ à Madrid soient des jours profonds de prières, de catéchèse, et de fraternité. Sel+Lumière vous aidera à vous préparer pour ce grand évènement d’Église. Suivez l’horaire des JMJ, regardez des vidéos des JMJ précédents, et apprenez toutes les nouvelles sur Madrid 2011.

Que sont les JMJ?

Une initiative de Jean-Paul II, les Journées Mondiales de la Jeunesse ont été voulues comme des journées de rassemblement pour des jeunes du monde entier. Rassemblant principalement des jeunes catholiques, mais aussi des chrétiens d’autres confessions, ainsi que des personnes qui sont en quête spirituelle, les JMJ offrent aux gens de tous les coins du monde l’opportunité de prier ensemble, de recevoir une formation catéchétique, et de rencontrer le pape. Pendant deux semaines, les jeunes partagent les richesses de la culture et de la vie de l’Église dans le pays choisi comme lieu des JMJ, permettant aux pèlerins d’approfondir leur foi en rencontrant des jeunes catholiques provenant de plusieurs pays. Bref, les JMJ mettent les jeunes catholiques en contact avec la dimension globale de l’Église, ce qui les permet aussi de donner une plus grande vie à l’Église universelle.

L’histoire des JMJ

Deux grands événements ont déclenché les Journées Mondiales de la Jeunesse. Le premier est le fruit d’une invitation que Jean-Paul II a lancée en 1984 aux jeunes de se rassembler à Rome pour célébrer un jubilé spécial pour la jeunesse. Près de 300,000 jeunes ont répondu à cette invitation. Au cours de la célébration, Jean-Paul II a confié aux pèlerins la « Croix de l’Année Sainte », qui est devenue la croix portée par les jeunes pendant chaque JMJ.

L’ONU a déclaré 1985 l’année internationale de la jeunesse. Une autre grande rencontre fut organisée le Dimanche des Rameaux, rassemblant 350 000 jeunes sur la place Saint Pierre. Suite au succès de ces deux événements, Jean-Paul II a institué les JMJ à tous les ans, avec des grands rassemblements planifiés tous les 2 ou 3 ans.

Les JMJ suivantes furent célébrées à Buenos Aires (1987), St-Jacques de Compostelle (1989), Czestochowa (1991), Denver (1993), Manille (1995), Paris (1997), Rome (2000), Toronto (2002), Cologne (2005), Sydney (2008).

Madrid 2011

Plus d’un million et demi de jeunes sont attendus à Madrid, la capitale nationale de l’Espagne. Benoît XVI a choisi comme thème un verset de la lettre de Saint Paul aux Colossiens : « Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi » (Col 2,7). Avec ce verset, le pape veut enseigner aux jeunes que Dieu offre à ses disciples la force et l’espérance; être disciple du Christ signifie avoir un sens à la vie et un compagnon de route.

Les jeunes vont commencer leur pèlerinage à Madrid le 10 août par les Journées en diocèses, qui permettront aux pèlerins de rencontrer les habitants de l’Espagne et de partager leur culture et leur foi dans les paroisses, les écoles et les familles. Après cinq jours dans les diocèses, les pèlerins vont se rassembler à Madrid le 16 août pour vivre des journées marquées par des liturgies, des catéchèses, le chemin de croix, et la présence du Saint Père. Les JMJ culmineront à la Veillée de prière et à la messe de clôture célébrées par Benoît XVI.

Benoît XVI en Croatie

Si la visite d’un pape donne l’occasion de célébrer l’Église universelle, elle est davantage l’occasion pour souligner la façon particulière dont une église locale incarne l’Évangile. Dans le cas de la Croatie, qui accueillera le pape Benoît XVI cette fin de semaine, la culture de ce petit pays de l’Europe de l’Est sera mise en avant-plan.
Deux évènements vont donner le ton à cette brève visite en Croatie du Pape :
– la Journée nationale des Familles catholiques croates, rassemblement qui donnera l’opportunité au président du Conseil pontifical de la famille, le cardinal Ennio Antonelli, d’accompagner le Pape. Toujours soucieux des besoins des familles, Benoît XVI va offrir des paroles de soutien aux familles participant à cette célébration.
– l’entrée imminente de la Croatie dans l’Union Européenne, permettra à Benoît XVI de parler d’un des thèmes les plus préoccupants: la relation entre la foi chrétienne et la culture européenne. Depuis de nombreuses années, Joseph Ratzinger n’a pas hésité à souligner la contribution importante de la foi chrétienne à la culture des pays d’Europe. On pourrait même dire que pour Ratzinger, les valeurs de l’universalité, la tolérance, et les droits de l’homme, toutes des valeurs fortement privilégiés par les européens, sont indissociables du christianisme qui leur a donné naissance. En visitant ce pays chrétien pour la troisième fois, la première comme Pape, Benoît XVI va rappeler aux croates la contribution positive de la foi chrétienne à leur propre culture. Lors de la visite au Vatican du nouvel ambassadeur de la Croatie le 11 avril dernier, le pape a encouragé les croates à « ne pas avoir peur de revendiquer avec détermination le respect de sa propre histoire et de sa propre identité religieuse et culturelle. »

Pour mieux souligner son message, Benoît XVI va évoquer quelques grandes figures croates qui ont contribué de façon exceptionnelle à l’avancement de la culture. Roger Joseph Boskovic (1711-1787), jésuite, scientifique qui a eu beaucoup d’influence dans les domaines des mathématiques, la physique, l’astronomie, l’architecture et la philosophie. Il a parcouru les grandes villes européennes en partageant ses idées avec les scientifiques de son époque. Le pape parlera aussi de Ivan Merz (1896-1928), jeune laïc cultivé, qui fut un universitaire. Né en 1896 dans une famille libérale mais peu catholique, Merz commence des études de droit et de philosophie à l’université de Vienne avant d’être envoyé au front comme soldat lors de la Première Guerre mondiale. Après la guerre, il continua ses études, cette fois-ci en Lettres, à Vienne et ensuite à Paris, à la Sorbonne et à l’Institut catholique. Il obtient son doctorat à Zagreb avec une thèse intitulée : L’influence de la liturgie sur les écrivains français, de Chateaubriand à nos jours. Passionné pour la culture française, Merz contribua beaucoup à répandre les valeurs de cette culture en Croatie. À l’âge de vingt-sept ans, Merz fait vœu de chasteté et se consacre à l’enseignement de la jeunesse croate pendant son temps libre. Le pape Jean-Paul II parlait de Merz comme « l’apôtre des jeunes d’aujourd’hui ». Avec des figures comme Boskovic et Merz évoquant le souvenir de la contribution de la Croatie à la culture d’Europe, Benoît XVI encouragera les jeunes croates à apprécier et à partager les richesses de leur culture, toujours en s’efforçant de répondre aux questions inspirées par leur foi chrétienne.

En plus de nombreuses rencontres, le Pape participera à deux grands rassemblements:
samedi en après-midi, Benoît XVI rencontrera des représentants de la société, de la culture, ainsi que des membres d’autres confessions chrétiennes.
Le soir, Benoît XVI sur la grande place de Zagreb participera a une grande veillée avec des jeunes. Après les lectures bibliques et témoignages, le Pape s’adressera aux jeunes. La soirée se terminera par un temps d’adoration.
Dimanche matin sera un des grands moments de la visite : la grande messe pour la Journée nationale des Familles présidée par Benoît XVI à l’hippodrome, un stade qui peut accueillir des milliers de personnes. Le soir, le Pape présidera les vêpres avec les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses, et les séminaristes de la Croatie.
Cette visite apostolique de Benoît XVI dans un pays très majoritairement catholique (90%) mettra donc l’accent sur le rôle des familles dans la transmission de la foi et interpellera tous les chrétiens désireux de vivre pleinement l’évangile dans le monde contemporain.

Télévision Sel + Lumière retransmettra la veillée de prière samedi 4 juin à 16h30 et la messe dimanche 5 juin à 15h30.

Comme le Christ pour les disciples d’Emmaüs, Jean-Paul II a porté durant vingt-sept ans un regard éclairé par la révélation et la vie sacramentelle sur chaque homme et sur l’histoire des peuples de la terre.

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris a prononcé cette homélie lors de la messe d’action de grâces pour la béatification du pape Jean-Paul II à  Notre-Dame de Paris
Samedi 7 mai 2011
Evocation du pape Jean-Paul II en lien avec la rencontre des pèlerins d’Emmaus.
La voici dans sa version intégrale.
« Comme le Christ pour les disciples d’Emmaüs, Jean-Paul II a porté durant vingt-sept ans un regard éclairé par la révélation et la vie sacramentelle sur chaque homme et sur l’histoire des peuples de la terre. ( Ac 2, 14.22b-33 ; Ps 15, 1-2a.5.7-10.2b.11 ; 1 P 1, 17-21 ; Lc 24, 13-35)
« Frères et Soeurs,
Rassemblés pour rendre grâce à Dieu pour la béatification du Pape Jean Paul II, nous venons d’entendre l’Évangile des disciples d’Emmaüs qui peut nous aider à méditer sur le sens des événements que nous venons de vivre.
Ces deux disciples qui font route tristement vers Emmaüs ont été témoins de ce qui vient de se dérouler à Jérusalem. Ils ont vu le Christ condamné, exécuté, mis en croix, enfermé dans son tombeau. Ils ont recueilli le témoignage des femmes qui ont trouvé le sépulcre vide, et celui des disciples qui sont allés vérifier. Cependant, tous ces événements sont restés à leurs yeux sans effet. Ils attendaient que Jésus rétablisse le Royaume d’Israël et ils doivent constater qu’il n’a rien rétabli du tout, et que l’aventure est terminée. Il s’agit maintenant de regagner ses pénates et de reprendre la vie ordinaire.
Soudain, chemine entre eux un compagnon de route dont ils ne connaissent pas le nom. Celui-ci les fait parler, les écoute, mais surtout il les introduit dans l’intelligence des événements qu’ils viennent de traverser (et qui restaient pour eux énigmatiques), à partir des Écritures, de Moïse, de la Loi et des prophètes. Plus encore, une fois à l’auberge, au moment de la fraction du pain, lorsqu’il fait les gestes et dit les paroles qui avaient marqué le dernier repas, ils comprennent brusquement que ce compagnon de marche mystérieux n’était autre que le Seigneur lui-même : « Alors leurs yeux s’ouvrir et ils comprirent tout ce qui était arrivé » (Lc 24, 31).
A travers ce récit condensé, l’évangile de saint Luc ouvre pour nous une réflexion très profonde : cette route de Jérusalem à Emmaüs est à la fois la route de l’humanité et la route de l’Église. L’une avec l’autre, comme les deux compagnons, elles cheminent au long de l’histoire, sans toujours comprendre le sens des événements auxquels elles sont mêlées.
Certes, elles voient, elles savent beaucoup de choses, elles reçoivent l’information sur tout ce qui se passe. Mais bien souvent, la portée des événements, leur enjeu réel et le mystère qui les habite, restent cachés à leurs yeux.
Dans la succession des siècles, nous sommes comme les disciples d’Emmaüs, les témoins attristés de ce qui nous apparait bien souvent comme une victoire de la mort sur la vie. Les disciples d’Emmaüs sont, comme nous, les témoins désabusés qui croyaient que le Christ allait changer le monde et qui voient que le monde continu à vivre comme avant.
Comme les disciples d’Emmaüs, nous sommes des esprits lents à croire, non que nous soyons particulièrement rétifs ou bornés, mais parce que nous avons besoin d’être éclairés sur le sens de ce qui advient. Cette lumière sur les événements ne nous vient pas d’un surcroit d’informations, mais de la parole de Dieu mise en rapport avec l’histoire des hommes, et du signe sacramentel de la présence du Christ à l’humanité.
D’une certaine façon, pendant les vingt-sept années de son pontificat, Jean Paul II a sans cesse cherché à donner l’interprétation profonde des événements du monde. Inlassablement, année après année, continent après continent, pays après pays, il a repris la lecture de l’histoire des hommes à la lumière de la révélation divine, et dans la célébration du sacrement du Christ. Là où d’autres ne voyaient que tel ou tel aspect plus frappant, plus perceptible et bien souvent plus désespérant, il portait sur l’aventure humaine un regard de foi et d’espérance ce qui lui donnait non pas de galvaniser les foules, mais d’éveiller les coeurs. A propos de la situation — qui semblait réellement sans issue
— de la Pologne dans les années 80, de l’avenir potentiel de l’empire soviétique en Europe centrale, des dynamismes de liberté qui pouvaient s’épanouir au coeur de l’Amérique latine, de l’avenir du continent Africain ou de la vitalité de la foi dans les vieilles chrétientés, jamais il ne s’est laissé enfermer dans la fatalité des diagnostics. Là où beaucoup d’analystes, de politiques, ou même de pasteurs ne voyaient qu’une impasse,_là où déjà on repliait les étals _en pensant que tout était fini, il se dressait pour annoncer que les épreuves à travers lesquelles nous passions et les défilés étroits où il nous fallait progresser, ne conduisaient pas vers le vide et la mort mais vers la résurrection et la vie.
Ainsi, le tournant de l’an 2000, qui aurait pu n’être qu’une date symbolique et sans grande signification particulière, est devenu dans sa visée pastorale un moment décisif qui, d’une certaine façon, a permis de secouer l’Église et de l’inviter à relire les deux millénaires précédents, non pas comme une suite d’événements incohérents mais comme le déroulement d’un processus de grâce par lequel l’Esprit Saint préparait au coeur de l’humanité un appel à la conversion, à la repentance et à l’espérance.
C’est ainsi que, pèlerin parmi les pèlerins à travers le monde, il a visité tous les peuples de la Terre, non pas pour constater la vitalité forte ou faible de telle ou telle église, mais pour déchiffrer à travers la situation diverses des chrétiens et des sociétés, l’invitation et la promesse que Dieu lançait à l’humanité. A partir de Moïse, de la Loi, des prophètes, et dans le signe sacramentel de l’Eucharistie, il révélait comment Dieu construit une histoire sainte à travers le déroulement banal et ordinaire de la vie des hommes. Jean Paul II n’a pas cherché à prouver une capacité visionnaire particulière, mais il a manifesté la puissance à l’oeuvre de la foi. Dans la contemplation du mystère du Christ mort et ressuscité et dans la communion quotidienne à ce mystère, il puisait la lumière pour manifester l’oeuvre de l’Esprit de Dieu à travers l’histoire des hommes. Il portait en lui la conviction qu’en dépit de ce que les événements pouvaient avoir de graves et parfois d’atroces ou d’inimaginables, il y toujours un chemin pour accueillir la miséricorde et la puissance de Dieu. C’est ainsi que lors de la célébration du grand Jubilé, il nous a invité à relire les grandes étapes de l’histoire de l’Église, non pas pour susciter des regrets a posteriori, mais pour nous faire comprendre que, dans la foi, Dieu conduisait son peuple infailliblement selon le plan de son amour, y compris à travers nos erreurs et nos péchés. Dans cette confiance absolue dans la puissance de la miséricorde de Dieu (dont il a établi la fête le premier dimanche après Pâques), il puisait le regard d’amour et de confiance qu’il portait sur l’humanité. Si tant d’hommes et de femmes ont reconnu en lui un personnage exceptionnel, c’est d’abord parce qu’ils ont perçu de manière certaine qu’il les aimait complètement, totalement, tels qu’ils étaient, avec leurs péchés, leurs erreurs, leurs limites, et en discernant en chacun d’eux la vocation extraordinaire de pouvoir devenir vraiment des enfants de Dieu dans le Christ.
Que le Bienheureux Jean Paul II intercède pour que nous portions un regard de foi et d’espérance sur l’histoire du monde. Qu’il nous aide à échapper à la pression du jugement immédiat. Qu’il prie pour que nous puissions découvrir à la fraction du pain que Celui que nous ne voyons pas est présent à l’histoire des hommes. Amen. »

« Il nous a redonné la force de croire au Christ ! « 

La joie et l’action de grâce étaient au rendez-vous Place Saint-Pierre ce dimanche 1er main. Ils étaient venus de partout, par centaines de milliers, jeunes et moins jeunes. Nous publions ici l’intégrale de l’homélie prononcée par Benoît XVI ce matin.

Chers frères et sœurs. Il y a six ans désormais, nous nous trouvions sur cette place pour célébrer les funérailles de Jean-Paul II. La douleur causée par sa mort était profonde, mais supérieur était le sentiment qu’une immense grâce enveloppait Rome et le monde entier. Cette grâce qui était en quelque sorte le fruit de toute la vie de mon bien-aimé prédécesseur et, en particulier, de son témoignage dans la souffrance. Ce jour-là, nous sentions déjà flotter le parfum de sa sainteté, et le Peuple de Dieu a manifesté de nombreuses manières sa vénération envers lui. C’est pourquoi j’ai voulu, tout en respectant la réglementation de l’Eglise, que sa cause de béatification puisse avancer avec une certaine célérité. Et voici que le jour tant attendu est arrivé. Il est promptement arrivé, car il en a plu ainsi au Seigneur. Jean-Paul II est bienheureux! Je désire adresser mes cordiales salutations à vous tous qui, pour cette heureuse circonstance, êtes venus si nombreux à Rome de toutes les régions du monde, aux Cardinaux, Patriarches des Eglises orientales catholiques, à nos confrères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, aux Délégations officielles, aux Ambassadeurs et autres autorités, aux personnes consacrées et fidèles laïcs, ainsi qu’à tous ceux qui nous sont unis à travers la radio et la télévision.

Ce dimanche est le deuxième dimanche de Pâques, que le bienheureux
Jean-Paul II a dédié à la divine Miséricorde. C’est pourquoi ce jour a été
choisi pour cette cérémonie, car, par un dessein providentiel, mon
prédécesseur a rendu l’âme justement la veille au soir de cette fête.
Aujourd’hui, de plus, c’est le premier jour du mois de mai, le mois de
Marie, et c’est aussi la mémoire de saint Joseph travailleur. Ces éléments
contribuent à enrichir notre prière et ils nous aident, nous qui sommes
encore pèlerins dans le temps et dans l’espace, tandis qu’au Ciel, la fête
parmi les anges et les saints est bien différente ! Toutefois unique est
Dieu, et unique est le Christ Seigneur qui, comme un pont, relie la terre et
le Ciel, et nous, en ce moment, nous nous sentons plus que jamais proches,
presque participants de la Liturgie céleste. Heureux ceux qui n’ont pas vu
et qui ont cru, rapporte Jean. Dans l’Evangile de ce jour, Jésus prononce
cette béatitude de la foi. Elle nous frappe de façon particulière parce que
nous sommes justement réunis pour célébrer une béatification, et plus encore
parce qu’aujourd’hui a été proclamé bienheureux un Pape, un Successeur de
Pierre, appelé à confirmer ses frères dans la foi. Jean-Paul II est
bienheureux pour sa foi, forte et généreuse, apostolique. Et, tout de suite,
nous vient à l’esprit cette autre béatitude:  Tu es heureux, Simon fils de
Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de
mon Père qui est dans les cieux. Qu’a donc révélé le Père céleste à Simon?
Que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant. Grâce à cette foi, Simon
devient Pierre, le rocher sur lequel Jésus peut bâtir son Eglise. [Read more…]

« VRAIMENT, CELUI-CI ETAIT FILS DE DIEU ! »

P. Raniero Cantalamessa, ofmcap.

Prédication du Vendredi Saint 2011 en la basilique Saint-Pierre

Dans sa Passion – écrit saint Paul à Timothée – le Christ Jésus « a rendu son beau témoignage » (1 Tm 6, 13). On se demande : témoignage de quoi ? Pas de la vérité de sa vie et de sa cause. Beaucoup sont morts, et meurent encore aujourd’hui, pour une mauvaise cause, pensant qu’elle est juste. La résurrection elle, oui, rend témoignage de la vérité du Christ : « Dieu a offert à tous une garantie sur Jésus, en le ressuscitant des morts », dira l’apôtre à l’Aréopage d’Athènes (Ac 17, 31).

La mort ne témoigne pas de la vérité, mais de l’amour du Christ. Ou plutôt, elle constitue la preuve suprême de cet amour : « Nul n’a plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). On pourrait objecter qu’il existe un amour plus grand que donner sa vie pour ses amis, et c’est donner sa vie pour ses ennemis. C’est justement ce que Jésus a fait : « Le Christ est mort pour des impies, écrit l’apôtre dans l’Epître aux Romains. A peine, en effet, voudrait-on mourir pour un homme juste ; pour un homme de bien, oui, peut-être osera-t-on mourir ; mais la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort pour nous » (Rm 5, 6-8). « Il nous a aimés alors que nous étions ses ennemis, pour faire de nous ses amis »[1].

Une certaine « théologie de la croix » unilatérale peut nous faire oublier l’essentiel. La croix n’est pas seulement jugement de Dieu sur le monde, réfutation de sa sagesse et révélation de son péché. Elle n’est pas le NON de Dieu au monde, mais son ‘OUI’ d’amour : « L’injustice, le mal comme réalité – écrit le Saint-Père dans son dernier livre sur Jésus –, ne peut pas être simplement ignoré, ne peut être laissé là. Il doit être éliminé, vaincu. C’est là seulement la vraie miséricorde. Et puisque les hommes n’en sont pas capables, Dieu lui-même s’en charge maintenant – c’est là la bonté ‘inconditionnelle’ de Dieu »[2].

*  *  *

Mais comment avoir le courage de parler de l’amour de Dieu, alors que se déroulent sous nos yeux tant de tragédies humaines, comme la catastrophe qui s’est abattue sur le Japon, ou les hécatombes en mer des dernières semaines? Ne pas en parler du tout ? Mais garder totalement le silence serait trahir la foi et ignorer le sens du mystère que nous célébrons.

Il y a une vérité qui doit être proclamée haut et fort le Vendredi Saint. Celui que nous contemplons sur la croix est Dieu « en personne ». Il est aussi l’homme Jésus de Nazareth, oui, mais celui-ci et le Fils du Père éternel ne sont qu’une seule et même personne. Tant qu’on ne reconnaîtra pas et qu’on ne prendra pas au sérieux le dogme de foi fondamental des chrétiens – la première définition dogmatique formulée à Nicée – à savoir que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, Dieu lui-même, de même nature que le Père, la souffrance humaine restera sans réponse.

On ne peut pas dire que « la demande de Job est restée sans réponse », ni que la foi chrétienne ne donne pas de réponse par rapport à la souffrance humaine, si au départ on refuse la réponse que celle-ci dit avoir. Que faire pour garantir à quelqu’un qu’une certaine boisson ne contient pas de poison ? La boire avant lui, devant lui ! C’est ce que Dieu a fait avec les hommes. Il a bu le calice amer de la passion. La souffrance humaine ne peut donc pas être empoisonnée, ne peut être seulement négativité, perte, absurdité, si Dieu lui-même a choisi de la goûter. Au fond du calice, il doit y avoir une perle.

Le nom de la perle, nous le connaissons : résurrection ! « J’estime en effet que les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit se révéler en nous » (Rm 8, 18), et encore « Il essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus ; de pleur, de cri et de peine, il n’y en aura plus, car l’ancien monde s’en est allé » (Ap 21, 4).

Si la course pour la vie devait finir ici-bas, il y aurait vraiment de quoi désespérer à la pensée des millions et peut-être des milliards d’êtres humains qui partent avec un tel désavantage, cloués au point de départ par la pauvreté et le sous-développement, sans pouvoir même participer à la compétition. Mais il n’en est pas ainsi. La mort non seulement annule les différences, mais les renverse. « Or il advint que le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche aussi mourut et on l’ensevelit, dans l’Hadès » (cf. Lc 16, 22-23). On ne peut pas appliquer de façon simpliste ce schéma à la réalité sociale, mais il est là pour nous avertir que la foi en la résurrection ne laisse personne dans la tranquillité de sa vie. Il nous rappelle que la formule « vivre et laisser vivre » ne doit jamais se transformer en « vivre et laisser mourir ».

La réponse de la Croix n’est pas seulement pour nous chrétiens, elle est pour tous, car le Fils de Dieu est mort pour tous. Il y a dans le mystère de la rédemption un aspect objectif et un aspect subjectif ; il y a le fait en soi et la prise de conscience, la réponse de foi à celui-ci. Le premier aspect s’étend au-delà du second. « L’Esprit Saint – dit un texte de Vatican II – offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal. »[3].

Une façon d’être associé au mystère pascal est justement la souffrance : « Souffrir – écrivait Jean-Paul II au lendemain de son attentat et de la longue période d’alitement qui s’ensuivit – signifie devenir particulièrement réceptif, particulièrement ouvert à l’action des forces salvifiques de Dieu offertes à l’humanité dans le Christ »[4]. La souffrance, toute souffrance, mais particulièrement celle des innocents, met en contact de façon mystérieuse, « connue seulement de Dieu », avec la croix du Christ.

*  *  *

Après Jésus, ceux qui ont « rendu leur beau témoignage » et qui « ont bu le calice » sont les martyrs ! Les récits de leur mort s’intitulaient au début « passio », passion, comme celui des souffrances de Jésus, que nous venons tout juste d’entendre. Le monde chrétien est revisité par l’épreuve du martyre que l’on pensait révolue avec la chute des régimes totalitaires athées. On ne peut passer sous silence leur témoignage. Les premiers chrétiens honoraient leurs martyrs. Les actions de leur martyre étaient lues et diffusées dans l’Eglise avec un immense respect. Aujourd’hui même, en ce Vendredi Saint 2011, dans un grand pays d’Asie, les chrétiens ont prié et marché en silence dans les rues pour conjurer la menace qui plane sur eux.

Il y a une chose qui distingue les actes authentiques des martyrs de ceux légendaires, forgés sur le papier après la fin des persécutions. Dans les premiers, il n’y a pour ainsi dire pas trace de polémique contre les persécuteurs ; l’attention tout entière est concentrée sur l’héroïsme des martyrs, non sur la perversité des juges et des bourreaux. Saint Cyprien ira jusqu’à ordonner aux siens de donner vingt-cinq monnaies d’or au bourreau qui lui tranchera la tête. Ils sont les disciples de celui qui est mort en disant : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». « Le sang de Jésus – nous rappelle le Saint-Père dans son dernier livre – parle un autre langage que celui d’Abel (cf. He 12, 24) : il n’exige ni vengeance ni punition, mais il est réconciliation »[5].

De même, le monde s’incline devant les témoins modernes de la foi. Ainsi s’explique le succès inattendu en France du film « Des hommes et des dieux », qui relate l’histoire des sept moines cisterciens massacrés à Tibhirine en mars 1996. Et comment ne pas être admiratifs des paroles écrites dans son testament par Shahbaz Bhatti, homme politique catholique tué pour sa foi, le mois dernier ? Son testament nous est laissé à nous aussi, ses frères dans la foi, et ce serait de l’ingratitude de le laisser vite tomber dans l’oubli.

« De hautes responsabilités au gouvernement – écrivait-il – m’ont été proposées et on m’a demandé d’abandonner ma bataille, mais j’ai toujours refusé, même si je sais que je risque ma vie. Je ne cherche pas la popularité, je ne veux pas de positions de pouvoir. Je veux seulement une place aux pieds de Jésus. Je veux que ma vie, mon caractère, mes actions parlent pour moi et disent que je suis en train de suivre Jésus-Christ. Ce désir est si fort en moi que je me considérerai comme un privilégié si – dans mon effort et dans cette bataille qui est la mienne pour aider les nécessiteux, les pauvres, les chrétiens persécutés du Pakistan – Jésus voulait accepter le sacrifice de ma vie. Je veux vivre pour le Christ et pour Lui je veux mourir ».

On a l’impression de réentendre le martyr Ignace d’Antioche, lorsqu’il venait à Rome pour subir le martyre. Mais le silence des victimes ne justifie pas l’indifférence coupable du monde face à leur sort. « Le juste périt, et personne ne s’en inquiète, les hommes pieux sont moissonnés, et nul n’y prend garde » (Is 57,1) !

* * *

Les martyrs chrétiens ne sont pas les seuls, nous l’avons vu, à souffrir et mourir autour de nous. Que pouvons-nous offrir à celui qui ne croit pas, en dehors de notre certitude de foi qu’il y a un rachat pour la souffrance ? Nous pouvons souffrir avec qui souffre, pleurer avec qui pleure (Rm 12,15). Avant d’annoncer la résurrection et la vie, devant le deuil des sœurs de Lazare, Jésus « pleura  » (Jn 11, 35). En ce moment, souffrir et pleurer, en particulier, avec le peuple japonais, qui vient de sortir d’une des plus effroyables catastrophes naturelles de l’histoire. Nous pouvons aussi dire à ces frères en humanité que nous admirons leur dignité et l’exemple de tenue et de solidarité mutuelle qu’ils ont donné au monde.

La mondialisation produit au moins cet effet positif : la souffrance d’un peuple devient la souffrance de tous, suscite la solidarité de tous. Elle nous offre l’occasion de découvrir que nous formons une seule famille humaine, liée dans le bien comme dans le mal. Elle nous aide à dépasser les barrières de race, de couleur et de religion. Comme dit le verset d’un de nos poètes italiens, « Hommes, paix ! Sur la terre penchée il y a trop de mystère »[6].

Mais nous devons aussi tirer la leçon d’évènements comme celui que nous venons d’évoquer. Séismes, cyclones et autres catastrophes qui frappent en même temps coupables et innocents ne sont jamais un châtiment de Dieu. Affirmer le contraire, signifie offenser Dieu et les hommes. Mais ils constituent un avertissement : dans ce cas, l’avertissement à ne pas nous bercer d’illusions en pensant que la science et la technique suffiront à nous sauver. Si nous ne savons pas nous imposer des limites, celles-ci justement peuvent devenir, nous le voyons, la menace la plus grave de toutes.

Il y eut un tremblement de terre au moment de la mort du Christ : « Quant au centurion et aux hommes qui gardaient Jésus, à la vue du séisme et de ce qui se passait, ils furent saisis d’une grande frayeur et dirent : ‘Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu » (Mt 27, 54). Mais un autre séisme encore « plus grand » se produisit au moment de sa résurrection. « Et voilà que se fit un grand tremblement de terre : l’Ange du Seigneur descendit du ciel et vint rouler la pierre, sur laquelle il s’assit » (Mt 28,2). Il en sera toujours ainsi. A chaque tremblement de terre de mort succèdera un tremblement de terre de vie. Quelqu’un a dit : « Désormais seul un dieu peut nous sauver », « Nur noch ein Gott kann uns retten »[7]. Nous sommes assurés qu’il le fera car « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16).

Nous nous apprêtons à chanter avec une conviction renouvelée et une gratitude émue les paroles de la liturgie : « Ecce lignum crucis, in quo salus mundi pependit : Voici le bois de la croix, auquel a été suspendu le salut du monde. Venite, adoremus : venez, adorons-Le ».

Traduit de l’italien par ZENIT


[1] S. Agostino, Commento alla Prima Lettera di Giovanni 9,9 (PL 35, 2051).

[2] Cf. J. Ratzinger – Benoît XVI, Jésus de Nazareth, Editions du Rocher 2011, p. 157

[3] Gaudium et spes, 22.

[4] Salvifici doloris, 23.

[5] J. Ratzinger – Benoît XVI, Jésus de Nazareth, Editions du Rocher 2011, p.215.

[6] G. Pascoli, I due fanciulli (Les deux enfants).

[7] Antwort. Martin Heidegger im Gespräch, Pfullingen 1988.

Homélie du pape Benoît XVI à la messe de la Cène

Le Pape a parlé de l’unité et de l’humilité dans son homélie.
Voici le texte intégral de l’homélie du Saint-Père prononcée ce Jeudi Saint, durant la messe de la Cène en la Basilique Saint-Jean de Latran
Chers frères et sœurs,
« J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ! » (Lc 22, 15). Par ces mots, Jésus a ouvert la célébration de son dernier banquet et de l’institution de la sainte Eucharistie. Jésus est allé au devant de cette heure, en la désirant. Au fond de lui-même, il a attendu ce moment où il se donnerait lui-même aux siens sous les espèces du pain et du vin. Il a attendu ce moment qui aurait dû être en quelque sorte les véritables noces messianiques : la transformation des dons de cette terre et le fait de devenir un avec les siens, pour les transformer et inaugurer ainsi la transformation du monde. Dans le désir de Jésus, nous pouvons reconnaître le désir de Dieu lui-même – son amour pour les hommes, pour sa création, un amour en attente. L’amour qui attend le moment de l’union, l’amour qui veut attirer les hommes à soi, pour ainsi réaliser entièrement le désir de la création elle-même : en effet, celle-ci est tendue vers la manifestation des fils de Dieu (cf. Rm 8, 19). Jésus nous désire, il nous attend. Et nous, le désirons-nous vraiment ? Nous sentons-nous poussés intérieurement à le rencontrer ? Désirons-nous ardemment sa proximité, devenir un avec lui, don qu’il nous fait dans la sainte Eucharistie ? Ou bien sommes-nous indifférents, distraits, remplis d’autres choses ? D’après les paraboles de Jésus sur les banquets, nous savons qu’il connaît la réalité des places restées vides, la réponse négative, le désintérêt pour lui et pour sa proximité. Les places vides au banquet nuptial du Seigneur, avec ou sans excuses, sont pour nous, depuis longtemps désormais, non pas une parabole, mais une réalité présente, précisément dans ces pays auxquels il avait manifesté sa proximité particulière. Jésus savait aussi que des invités seraient venus, oui, mais sans être revêtus de l’habit nuptial – sans la joie de sa proximité, suivant seulement une habitude, et avec une tout autre orientation de leur vie. Saint Grégoire le Grand, dans une de ses homélies, se demandait : quel genre de personnes sont celles qui viennent sans habit nuptial ? En quoi consiste cet habit et comment l’acquiert-on ? Sa réponse est : ceux qui ont été appelés et viennent ont en quelque sorte la foi. C’est la foi qui leur ouvre la porte. Mais il leur manque l’habit nuptial de l’amour. Celui qui ne vit pas la foi en tant qu’amour n’est pas préparé pour les noces et il est jeté dehors.
La communion eucharistique requiert la foi, mais la foi requiert l’amour, autrement elle est morte aussi comme foi.
À travers les quatre Évangiles, nous savons que le dernier banquet de Jésus, avant sa Passion, a été aussi un lieu d’annonce. Jésus a proposé encore une fois avec insistance les éléments fondamentaux de son message. Parole et Sacrement, message et don sont inséparablement unis. Cependant, durant son dernier banquet, Jésus a surtout prié. Matthieu, Marc et Luc utilisent deux mots pour décrire la prière de Jésus au moment central de la Cène : « eucharistesas » et « eulogesas » – « remercier » et « bénir ». Le mouvement ascendant du remerciement et celui descendant de la bénédiction vont ensemble. Les paroles de la transsubstantiation font partie de cette prière de Jésus. Ce sont des paroles de prière. Jésus transforme sa Passion en prière, en offrande au Père pour les hommes. Cette transformation de sa souffrance en amour possède une force transformante pour les dons dans lesquels, à présent, il se donne lui-même. Il nous les donne afin que nous-mêmes et le monde soyons transformés. Le but véritable et dernier de la transformation eucharistique c’est notre transformation elle-même dans la communion avec le Christ. L’Eucharistie vise l’homme nouveau, le monde nouveau tel qu’il peut naître uniquement à partir de Dieu à travers l’œuvre du Serviteur de Dieu.
Grâce à Luc et surtout à Jean, nous savons que Jésus dans sa prière durant la Dernière Cène a aussi adressé des suppliques au Père – suppliques qui, en même temps, contiennent des appels à ses disciples d’alors et de tout temps. En cette heure, je voudrais choisir uniquement une supplique que, selon Jean, Jésus a répétée quatre fois au cours de sa Prière sacerdotale. Combien a-t-elle dû le préoccuper en son for intérieur ! Elle reste constamment sa prière au Père pour nous : c’est la prière pour l’unité. Jésus dit explicitement que cette supplique n’est pas valable seulement pour les disciples présents à ce moment-là, mais qu’elle concerne tous ceux qui croiront en lui (cf. Jn 17, 20). Elle demande que tous soient un « comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, afin que le monde croie » (Jn 17, 21). L’unité des chrétiens ne peut se réaliser que si les chrétiens sont intimement unis à lui, à Jésus. Foi et amour pour Jésus, foi dans son être un avec le Père et ouverture à l’unité avec lui sont essentiels. Cette unité n’est donc pas seulement quelque chose d’intérieur, de mystique. Elle doit devenir visible, visible au point de constituer pour le monde la preuve que Jésus a été envoyé en mission par le Père. C’est pour cela que cette supplique a un sens eucharistique caché que Paul a clairement mis en évidence dans la Première Lettre aux Corinthiens : « Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique. » (1 Co 10, 16s). Avec l’Eucharistie naît l’Église. Nous tous nous mangeons le même pain, nous recevons le même corps du Seigneur, ce qui signifie qu’Il ouvre chacun de nous, au-delà de lui-même. Il nous rend tous un. L’Eucharistie est le mystère de la proximité et de la communion intimes de chacun avec le Seigneur. Et, en même temps, elle est l’union visible de tous. L’Eucharistie est Sacrement de l’unité. Elle parvient jusque dans le mystère trinitaire, et elle crée ainsi, en même temps, l’unité visible. Disons-le encore une fois : elle est la rencontre très personnelle avec le Seigneur et, toutefois, elle n’est jamais seulement un acte individuel de dévotion. Nous la célébrons nécessairement tous ensemble. Dans chaque communauté, le Seigneur est présent de manière totale. Mais il est un seul dans toutes les communautés. C’est pourquoi les paroles : « Una cum Papa nostro et cum Episcopo nostro » font nécessairement partie de la prière eucharistique de l’Église. Ce n’est pas un ajout extérieur à ce qui se produit intérieurement, mais une expression nécessaire de la réalité eucharistique elle-même. Et nous mentionnons le Pape et l’Évêque par leur nom : l’unité est tout-à-fait concrète, elle porte des noms. Ainsi l’unité devient visible, elle devient signe pour le monde et elle établit pour nous-mêmes un critère concret.
Saint Luc a conservé pour nous un élément concret de la prière de Jésus pour l’unité : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment ; mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lc 22, 31s). Aujourd’hui nous constatons de nouveau avec douleur qu’il a été concédé à Satan de cribler les disciples, de manière visible, face au monde entier. Et nous savons que Jésus prie pour la foi de Pierre et de ses successeurs. Nous savons que Pierre qui, à travers les eaux agitées de l’histoire va à la rencontre du Seigneur et risque de couler, est toujours à nouveau soutenu par la main du Seigneur et guidé sur les eaux. Mais après suit une annonce et une tâche. « Toi donc, quand tu seras revenu… » : Tous les êtres humains, excepté Marie, ont continuellement besoin de conversion. Jésus prédit à Pierre sa chute et sa conversion. De quoi Pierre a-t-il dû se convertir ? Au début, lors de son appel, effrayé par le pouvoir divin du Seigneur et par sa propre misère, Pierre avait dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ! » (Lc 5, 8). À la lumière du Seigneur, il reconnaît son imperfection. C’est précisément ainsi, dans l’humilité de celui qui se sait pécheur, qu’il est appelé. Il doit toujours retrouver à nouveau cette humilité. Près de Césarée de Philippe, Pierre n’avait pas voulu accepter que Jésus ait à souffrir et à être crucifié. Cela n’était pas conciliable avec l’image qu’il se faisait de Dieu et du Messie. Au Cénacle, il n’a pas voulu accepter que Jésus lui lave les pieds : cela n’allait pas avec son idée de la dignité du Maître. Au Jardin des Oliviers, il a frappé de son glaive. Il voulait démontrer son courage. Cependant, devant la servante, il a affirmé ne pas connaître Jésus. À ce moment-là, cela ne lui semblait qu’un petit mensonge, pour pouvoir rester près de Jésus. Son héroïsme s’est effondré à cause d’un jeu mesquin pour une place au centre des évènements. Nous tous nous devons toujours à nouveau apprendre à accepter Dieu et Jésus Christ tel qu’il est, et non tel que nous voudrions qu’il soit. Nous aussi nous avons du mal à accepter qu’il se soit lié aux limites de son Église et de ses ministres. Nous non plus nous ne voulons pas accepter qu’il soit sans pouvoir en ce monde. Nous aussi nous nous cachons derrière des prétextes, lorsque notre appartenance au Christ devient trop coûteuse et trop dangereuse. Nous tous nous avons besoin de conversion pour accueillir Jésus dans son être-Dieu et son être-Homme. Nous avons besoin de l’humilité du disciple qui observe la volonté du Maître. En cette heure, nous voulons le prier de nous regarder nous aussi comme il a regardé Pierre, au moment propice, avec ses yeux bienveillants, et de nous convertir.
Pierre, le converti, est appelé à affermir ses frères. Ce n’est pas un fait extérieur que cette tâche lui soit confiée au Cénacle. Le service de l’unité a son lieu visible dans la célébration de la sainte Eucharistie. Chers amis, pour le Pape c’est un grand réconfort que de savoir qu’au cours de chaque Célébration eucharistique, tous prient pour lui ; que notre prière s’unit à la prière du Seigneur pour Pierre. C’est seulement grâce à la prière du Seigneur et de l’Église que le Pape peut accomplir sa tâche d’affermir ses frères – de paître le troupeau de Jésus et de se porter garant de cette unité qui devient témoignage visible de la mission de Jésus de la part du Père.
« J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous ». Seigneur, tu nous désires, tu me désires. Tu désires te donner toi-même à nous dans la sainte Eucharistie, t’unir à nous. Seigneur, suscite aussi en nous le désir de toi. Renforce-nous dans l’unité avec toi et entre nous. Donne à ton Église l’unité, afin que le monde croie. Amen.

Messe de la fête de saint Joseph, en direct à 12h30 et retransmission à 15h30

La Messe de la fête de saint Joseph sera transmise aujourd’hui à 12 h 30 en direct de la crypte de l’Oratoire Saint-Joseph, et encore en retransmission à 15 h 30. Nous nous excusons de ce changement important dans la programmation. Des difficultés techniques à la régie de S+L ont empêché la diffusion de la messe de 9h00. Veuillez nous en excuser. Bonne fête de saint Joseph.

Un maître spirituel

[NDLR: Nous publions une réflexion du cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque de Montréal, envoyé hier aux abonnées du courriel du mercredi à l’occasion de la fête liturgique de saint frère André.] 

frere_andre_1[Aujourd’hui], nous célébrons la fête du frère André. La fête de saint frère André. Pour la première fois. Après un automne rempli d’activités, d’entrevues et de célébrations qui ont marqué sa canonisation et ont rappelé la vie qui l’a mené jusque sur les autels, que pouvons-nous ajouter à sa louange sans répéter ce qui a déjà été dit ou écrit?

Pourtant, le Frère André a encore beaucoup de choses à nous apprendre sur la façon de vivre aujourd’hui notre vie de chrétien et de chrétienne. Quand on parcourt le livre : Frère André disait souvent…(1), on découvre un maître spirituel qui, par ses paroles chargées de foi et d’amour, balise la route vers la maison du Père de ceux et celles qui cherchaient conseil et réconfort auprès de lui.

Ces paroles n’ont pas d’âge. La sagesse qui s’y dégage ne saurait vieillir. La vérité qu’elles formulent en simples mots peut, aujourd’hui comme hier, guider la vie de qui les écoute et les médite.

Si le frère André a attiré des milliers de personnes sur les flancs du Mont-Royal, c’était parce qu’elles espéraient trouver un réconfort dans ses paroles et son intercession auprès de saint Joseph.

Son écoute des personnes qui le tenait de longues heures attentif et accueillant à leur requête, sa compassion qui l’amenait à se pencher sur celles que la souffrance et la maladie frappaient, ont fait de lui un homme dont la renommée ne lui laissait pas de repos. Mais sa célébrité n’est jamais venue à bout de sa simplicité et de sa charité. [Read more…]

Il est né…

Réflexion du père Thomas Rosica à l’occasion de la fête de Noël.

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