Discours du Saint-Père lors de la cérémonie œcuménique à Erfurt

Aujourd’hui, Benoît XVI a participé à une célébration œcuménique au couvent des augustiniens où Martin Luther est devenue moine en 1505. Le Saint-Père a invité tous les chrétiens à témoigner «  ensemble de la présence du Dieu vivant et par là de donner au monde la réponse dont il a besoin. » Le pape a aussi expliqué que la foi en Dieu anime les croyants à travailler pour le bien commun de l’humanité. La foi est donc une force positive pour la construction d’un monde d’unité.

Voici le discours du Saint-Père :

Chers Frères et Sœurs dans le Seigneur,

« Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi » (Jn 17, 20) : ainsi, a parlé Jésus à son Père, au Cénacle, selon l’Évangile de Jean. Il prie pour les générations futures de croyants. Il regarde au-delà du Cénacle vers l’avenir. Il a prié aussi pour nous. Et il prie pour notre unité. Cette prière de Jésus n’est pas simplement quelque chose du passé. Il se tient toujours devant le Père, intercédant pour nous, et ainsi en ce moment il se tient au milieu de nous et il veut nous attirer dans sa prière. Dans la prière de Jésus se trouve le lieu intérieur de notre unité. Nous deviendrons un si nous nous laissons attirer dans cette prière. Chaque fois que, comme chrétiens, nous nous trouvons réunis dans la prière, cette lutte de Jésus pour nous et avec le Père pour nous, devrait toucher profondément notre cœur. Plus nous nous laissons entraîner dans cette dynamique, plus se réalise l’unité. [Read more…]

Rencontre avec des représentants de la Communauté juive à Berlin

Benoît XVI a un agenda très chargé durant ce 3ème voyage dans sa terre natale. Il a rencontré dès le premier jour des membres de la communauté juive de Berlin, après avoir parlé au Parlement.
Moment très émouvant où le Pape a évoqué la Shoah « Aujourd’hui, je me trouve dans un lieu central de la mémoire, d’une mémoire effroyable : d’ici fut projetée et organisée la Shoah, l’élimination des citoyens juifs en Europe. Avant la terreur nazie en Allemagne vivaient environ un demi million de juifs, qui constituaient une composante stable de la société allemande.  »
Voici son intervention:

Mesdames et Messieurs,

Je suis heureux de cette rencontre avec vous ici à Berlin. Je remercie de tout cœur le Président, Dr Dieter Graumann, pour ses aimables paroles de bienvenue. Elles me montrent combien a grandi la confiance entre le Peuple juif et l’Église catholique, qui ont en commun une partie non négligeable de leurs traditions fondamentales. En même temps, nous savons bien, tous, qu’une communion affectueuse et compréhensive entre Israël et l’Église, dans le respect réciproque de l’être de chacun, doit toujours encore continuer à croître, et qu’elle est à inclure profondément dans l’annonce de la foi.

Durant ma visite à la synagogue de Cologne, il y a six ans, le Rabbin Teitelbaum a parlé de la mémoire comme l’une des colonnes dont on a besoin pour fonder sur elle un avenir pacifique. Et aujourd’hui, je me trouve dans un lieu central de la mémoire, d’une mémoire effroyable : d’ici fut projetée et organisée la Shoah, l’élimination des citoyens juifs en Europe. Avant la terreur nazie en Allemagne vivaient environ un demi million de juifs, qui constituaient une composante stable de la société allemande. Après la deuxième guerre mondiale, l’Allemagne fut considérée comme le « Pays de la Shoah » où, au fond, on ne pouvait plus vivre. Au début il n’y avait pratiquement plus aucun effort pour refonder les anciennes communautés juives, même si de l’Est arrivaient continuellement des personnes seules et des familles juives. Beaucoup d’entre elles voulaient émigrer et se construire une nouvelle existence, surtout aux Etats-Unis ou en Israël.

En ce lieu, il faut aussi rappeler le pogrom de la « nuit de cristal » du 9 au 10 novembre 1938. Seulement peu de personnes percevront toute la portée de cet acte de mépris comme le perçut le prévôt du Chapitre berlinois, Bernhard Lichtenberg qui, de la chaire de la cathédrale de Sainte-Hedwige, cria : « Le Temple est en flammes dehors – et il est aussi une maison de Dieu ». Le régime de terreur du national-socialisme se fondait sur un mythe raciste, dont faisait partie le refus du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, du Dieu de Jésus Christ et des personnes croyantes en lui. Le « tout-puissant » Adolf Hitler était une idole païenne, qui voulait se mettre à la place du Dieu biblique, Créateur et Père de tous les hommes. Avec le refus du respect pour ce Dieu unique se perd toujours aussi le respect pour la dignité de l’homme. Ce dont est capable l’homme qui refuse Dieu et quel visage peut prendre un peuple dans le « non » à ce Dieu, les horribles images provenant des camps de concentration à la fin de la guerre l’ont révélé.

Face à cette mémoire, il faut constater, avec gratitude, que depuis quelques décennies se manifeste un nouveau développement à propos duquel on peut même parler d’une nouvelle floraison de la vie juive en Allemagne. Il faut souligner qu’à cette même époque la communauté juive a eu, de façon particulière, un grand mérite pour son œuvre d’intégration des immigrés est-européens.

Avec grande appréciation je voudrais aussi évoquer le dialogue de l’Église catholique avec le Judaïsme, un dialogue qui s’approfondit. L’Église ressent une grande proximité avec le peuple juif. Avec la Déclaration Nostra aetate du Concile Vatican II, on a commencé à « parcourir un chemin irrévocable de dialogue, de fraternité et d’amitié » (Discours à la Synagogue de Rome, 17 janvier 2010). Ceci vaut pour l’Église catholique tout entière, dans laquelle le bienheureux Pape Jean-Paul II s’est engagé de façon particulièrement vigoureuse en faveur de ce nouveau chemin. Ceci vaut évidemment aussi pour l’Église catholique en Allemagne qui est bien consciente de sa responsabilité particulière en cette matière. Dans le domaine public on note surtout la « Semaine de la fraternité » qui est organisée chaque année au cours de la première semaine de mars par les associations locales pour la collaboration judéo-chrétienne.

Du côté catholique il y a en outre des rencontres annuelles entre Évêques et Rabbins, comme aussi des colloques structurés avec le Conseil central des Juifs. Déjà dans les années soixante-dix, le Comité Central des Catholiques allemands (ZdK) s’est distingué par la fondation d’un forum « Juifs et Chrétiens », qui au cours des années a produit, avec compétence, de nombreux documents utiles. On ne doit pas négliger ensuite la rencontre historique pour le dialogue judéo-chrétien de mars 2006, avec la participation du Cardinal Walter Kasper. Cette rencontre a porté beaucoup de fruits jusqu’à des temps récents.

A côté de ces louables initiatives concrètes il me semble que nous chrétiens nous devons nous rendre toujours plus compte de notre affinité intérieure avec le judaïsme. Pour les chrétiens il ne peut y avoir une rupture dans l’événement du salut. Le salut vient justement des Juifs (cf. Jn 4, 22). Là où le conflit de Jésus avec le Judaïsme de son temps est vu de manière superficielle comme un détachement de l’Ancienne Alliance, il finit par être réduit à une idée de libération qui considère la Torah seulement comme l’observance servile de rites et de prescriptions extérieures. De fait, le discours sur la Montagne n’abolit pas la Loi mosaïque, mais il révèle ses possibilités cachées et fait émerger de nouvelles exigences. Il nous renvoie au fondement le plus profond de l’agir humain, au cœur, où l’homme choisit entre le pur et l’impur, où se développent la foi, l’espérance et l’amour.

Le message d’espérance que les livres de la Bible hébraïque et de l’Ancien testament chrétien transmettent, a été assimilé et développé par des juifs et des chrétiens de diverses façons. « Après des siècles d’opposition, nous nous reconnaissons le devoir de faire en sorte que ces deux manières de faire une nouvelle lecture des écrits bibliques – celle des chrétiens et celle des juifs – entrent en dialogue entre elles, pour comprendre correctement la volonté et la parole de Dieu » (Jésus de Nazareth. Deuxième partie : De l’entrée à Jérusalem à la résurrection, p. 50). Dans une société toujours plus sécularisée, ce dialogue doit renforcer la commune espérance en Dieu. Sans cette espérance la société perd son humanité.

Tout compte fait, nous pouvons constater que l’échange entre l’Église catholique et le Judaïsme en Allemagne a déjà porté des fruits prometteurs. Des relations durables et confiantes ont grandi. Juifs et Chrétiens ont certainement une responsabilité commune pour le développement de la société, laquelle possède toujours aussi une dimension religieuse. Puissent tous les intéressés continuer ensemble ce chemin. Pour cela que l’Unique et le Tout-Puissant – Ha Kadosch Baruch Hu – donne sa Bénédiction.

Je suis la vigne, vous êtes ses sarments

Le Pape a célébré sa première messe  au stade olympique de Berlin en présence de 84 cardinaux et évêques et près de 70 000  fidèles,  stade où Jean-Paul II avait béatifié deux religieux lors de son voyage en 1996.   Dans son homélie, le Pape rappelle que la vraie source de la joie est de rester unis au Christ. 

Voici son homélie dans son integralité.

Chers frères dans l’Épiscopat,

Chers frères et sœurs,

Le regard sur l’ample circonférence du stade olympique que vous remplissez aujourd’hui en si grand nombre, suscite en moi grande joie et confiance. Je vous salue tous avec affection : les fidèles de l’archidiocèse de Berlin et des diocèses allemands, ainsi que les nombreux pèlerins venus des pays voisins. Il y a quinze années, pour la première fois, un Pape est venu dans la capitale fédérale, à Berlin. Tous, nous avons un vif souvenir de la visite de mon vénéré prédécesseur, le Bienheureux Jean-Paul II, et de la Béatification du prévôt de la cathédrale de Berlin, Bernhard Lichtenberg – avec celle de Karl Leisner – qui s’est justement déroulée ici, en ce lieu.

En pensant à ces Bienheureux et à toute la foule des Saints et Bienheureux, nous pouvons comprendre ce que signifie vivre comme des sarments de la vraie vigne qu’est le Christ, et porter beaucoup de fruit. L’Évangile d’aujourd’hui nous a rappelé l’image de cette plante qui est rampante de façon luxuriante dans l’orient et symbole de force vitale, une métaphore pour la beauté et le dynamisme de la communion de Jésus avec ses disciples et amis.

Dans la parabole de la vigne, Jésus ne dit pas : « Vous êtes la vigne », mais : « Je suis la vigne ; vous, les sarments » (Jn 15, 5). Ce qui signifie : « De même que les sarments sont liés à la vigne, ainsi vous m’appartenez ! Mais, en m’appartenant, vous appartenez aussi les uns aux autres ». Et cette appartenance l’un à l’autre et à Lui n’est pas une quelconque relation idéale, imaginaire, symbolique, mais – je voudrais presque dire – une appartenance à Jésus Christ dans un sens biologique, pleinement vital. C’est l’Église, cette communauté de vie avec Lui et de l’un pour l’autre, qui est fondée dans le Baptême et approfondie toujours davantage dans l’Eucharistie. «Je suis la vraie vigne», signifie cependant en réalité : « Je suis vous et vous êtes moi » une identification inouïe du Seigneur avec nous, son Église.

Le Christ lui-même, à l’époque, avant Damas, demanda à Saul, le persécuteur de l’Église : « Pourquoi me persécutes-tu ? »
(Ac 9, 4). De cette façon, le Seigneur exprime la communauté de destin qui dérive de l’intime communion de vie de son Église avec Lui, le Christ ressuscité. Il continue à vivre dans son Église en ce monde. Il est avec nous, et nous sommes avec Lui. – « Pourquoi me persécutes-tu ? » C’est donc Jésus que frappent les persécutions contre son Église. Et, en même temps, nous ne sommes pas seuls quand nous sommes opprimés à cause de notre foi. Jésus est avec nous.

Dans la parabole, Jésus dit : « Je suis la vigne véritable, et mon Père est le vigneron » ( Jn 15, 1), et il explique que le vigneron prend le couteau, coupe les sarments secs et émonde ceux qui portent du fruit pour qu’ils portent davantage de fruit. Pour le dire avec l’image du prophète Ézéchiel, comme nous l’avons entendu dans la première lecture, Dieu veut ôter de notre poitrine le cœur mort, de pierre, pour nous donner un cœur vivant, de chair (cf. Ez 36, 26). Il veut nous donner une vie nouvelle et pleine de force. Le Christ est venu appeler les pécheurs. Ce sont eux qui ont besoin du médecin, non les biens portants (cf. Lc 5, 31sv.). Et ainsi, comme dit le Concile Vatican II, l’Église est le « sacrement universel du salut » (LG 48) qui existe pour les pécheurs, pour leur ouvrir la voie de la conversion, de la guérison et de la vie. C’est la vraie et grande mission de l’Église, que le Christ lui a conférée.

Certains regardent l’Église en s’arrêtant sur son aspect extérieur. L’Église apparaît alors seulement comme l’une des nombreuses organisations qui se trouvent dans une société démocratique, selon les normes et les lois de laquelle le concept «Église » qui est difficilement compréhensible en lui-même, doit ensuite être jugée et traitée. Si on ajoute encore à cela l’expérience douloureuse que dans l’Église, il y a des bons et des mauvais poissons, le bon grain et l’ivraie, et si le regard reste fixé sur les choses négatives, alors ne s’entrouvre plus le mystère grand et profond de l’Église.

Par conséquent, ne sourd plus aucune joie pour le fait d’appartenir à cette vigne qui est l’« Église ». Insatisfaction et mécontentement se diffusent, si on ne voit pas se réaliser les propres idées superficielles et erronées sur l’« Église » et les propres « rêves d’Église » ! Alors cesse aussi le cantique joyeux « Je rends grâce au Seigneur qui, par grâce, m’a appelé dans son Église », que des générations de catholiques ont chanté avec conviction.

Le Seigneur continue dans son discours : « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut de lui-même porter du fruit s’il ne demeure pas sur la vigne, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi, … car sans moi – on pourrait aussi traduire : en dehors de moi – vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 4 ss.).

Chacun de nous est mis face à cette décision. Le Seigneur, dans sa parabole, nous dit de nouveau combien elle est sérieuse : « Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il se dessèche ; on les ramasse et on les jette au feu et ils brûlent » (Jn 15, 6). A ce propos, saint Augustin observe : « Il n’y a que deux choses qui conviennent à ces branches : ou la vigne ou le feu ; si elles sont unies à la vigne, elles ne seront pas jetées au feu ; afin de n’être pas jetées au feu, qu’elles restent donc unies à la vigne » (In Joan. Ev. tract. 81,3 [PL 35,1842]).

Le choix demandé ici nous fait comprendre, de façon insistante, la signification existentielle de notre décision de vie. En même temps, l’image de la vigne est un signe d’espérance et de confiance. En s’incarnant, le Christ lui-même est venu dans ce monde pour être notre fondement. Dans chaque nécessité et sécheresse, Il est la source qui donne l’eau de la vie qui nous nourrit et nous fortifie. Lui-même porte sur lui chaque péché, peur et souffrance, et, à la fin, nous purifie et nous transforme mystérieusement en bon vin. Dans ces moments de besoin, parfois nous nous sentons comme finis sous un pressoir, comme les grappes de raisin qui sont pressées complètement. Mais nous savons que, unis au Christ, nous devenons du vin mûr. Dieu sait transformer en amour aussi les choses pesantes et opprimantes dans notre vie. Il est important que nous « demeurions » dans la vigne, dans le Christ. En cette brève péricope, l’évangéliste utilise la parole « demeurer » une douzaine de fois. Ce « demeurer-en-Christ » marque le discours tout entier. A notre époque d’activisme et d’arbitraire où aussi tant de personnes perdent orientation et appui ; où la fidélité de l’amour dans le mariage et l’amitié est devenue si fragile et de brève durée ; où nous voulons crier, dans notre besoin, comme les disciples d’Emmaüs : « Seigneur, reste avec nous, car le soir tombe (cf. Lc 24, 29) oui, il fait sombre autour de nous ! » ; ici le Seigneur ressuscité nous offre un refuge, un lieu de lumière, d’espérance et de confiance, de paix et de sécurité. Là où la sécheresse et la mort menacent les sarments, là, il y a avenir, vie et joie dans le Christ.
Demeurer dans le Christ signifie, comme nous l’avons déjà vu, demeurer aussi dans l’Église. La communauté entière des croyants est solidement unie dans le Christ, la vigne. Dans le Christ, tous nous sommes unis ensemble. Dans cette communauté Il nous soutient et, en même temps, tous les membres se soutiennent mutuellement. Ils résistent ensemble aux tempêtes et se protègent les uns les autres. Nous ne croyons pas seuls, mais nous croyons avec toute l’Église.

L’Église en tant qu’annonciatrice de la Parole de Dieu et dispensatrice des sacrements nous unit au Christ, la vraie vigne. L’Église comme « plénitude et complément du Rédempteur » (Pie XII, Mystici corporis, AAS 35 [1943] p. 230 : « plenitudo et complementum Redemptoris ») est pour nous gage de la vie divine et médiatrice des fruits dont parle la parabole de la vigne. L’Église est le don le plus beau de Dieu. Par conséquent, dit aussi saint Augustin : « Autant on aime l’Église du Christ, autant on entre en participation de l’Esprit Saint » (In Ioan. Ev. Tract. 32,8 [PL 35, 1646]). Avec l’Église et dans l’Église, nous pouvons annoncer à tous les hommes que le Christ est la source de la vie, qu’Il est présent, qu’Il est la grande réalité après laquelle nous soupirons. Il se donne lui-même. Celui qui croit au Christ a un avenir. Parce que Dieu ne veut pas ce qui est aride, mort, artificiel, qui à la fin est jeté, mais il veut ce qui est fécond et vivant, la vie en abondance.

Chers frères et sœurs ! Je souhaite à vous tous de découvrir toujours plus profondément la joie d’être unis au Christ dans l’Église, de pouvoir trouver dans vos besoins réconfort et rédemption et de devenir toujours davantage le vin délicieux de la joie et de l’amour du Christ pour ce monde. Amen.

Benoît XVI rappelle l’importance de la justice dans la vie politique

Aujourd’hui, Benoît XVI a prononcé un discours devant le Bundestag, la première fois dans l’histoire de l’Allemagne qu’un pape s’est adressé devant le parlement. Le Saint-Père a rappelé aux hommes et aux femmes politiques que la justice constitue le fondement de toute gouvernance politique. Voulant partager une réflexion sur les fondements du droit et de la politique, Benoît XVI a invité tous les hommes et femmes politiques à travailler pour le bien-être de l’humanité. Voici le discours du Saint-Père:

Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Président du Bundestag,
Madame la Chancelière fédérale,
Monsieur le Président du Bundesrat,
Mesdames et messieurs les Députés,

C’est pour moi un honneur et une joie de parler devant cette Chambre haute – devant le Parlement de ma patrie allemande, qui se réunit ici comme représentation du peuple, élue démocratiquement, pour travailler pour le bien de la République fédérale d’Allemagne. Je voudrais remercier Monsieur le Président du Bundestag pour son invitation à tenir ce discours, ainsi que pour les aimables paroles de bienvenue et d’appréciation avec lesquelles il m’a accueilli. En cette heure, je m’adresse à vous, Mesdames et Messieurs – certainement aussi comme compatriote qui se sait lié pour toute la vie à ses origines et suit avec intérêt le devenir de la Patrie allemande. Mais l’invitation à tenir ce discours m’est adressée en tant que Pape, en tant qu’Évêque de Rome, qui porte la responsabilité suprême pour la chrétienté catholique. En cela, vous reconnaissez le rôle qui incombe au Saint Siège en tant que partenaire au sein de la communauté des Peuples et des États. Sur la base de ma responsabilité internationale, je voudrais vous proposer quelques considérations sur les fondements de l’État de droit libéral. [Read more…]

Arrivée de Benoît XVI en Allemagne

Benoît XVI est arrivé en Allemagne ce matin, où il a été accueilli par le président Christian Wulff et la chancelière Angela Merkel. Pendant la cérémonie de bienvenue, le Saint-Père a prononcé son premier discours, pendant lequel il a précisé qu’il est venu « pour rencontrer les personnes et parler de Dieu. » Voici le texte complet de son discours:

Monsieur le Président Fédéral,

Mesdames et messieurs,

Chers amis,

Je me sens très honoré par l’accueil chaleureux que vous me réservez ici au Château Bellevue. Monsieur le Président Wulff, je vous suis particulièrement reconnaissant pour l’invitation à cette Visite officielle. Elle est mon troisième séjour comme Pape dans la République Fédérale d’Allemagne. Je vous remercie de grand cœur pour les paroles amicales de bienvenue qui vous m’avez adressées. Ma gratitude va aussi aux représentants du Gouvernement Fédéral, du Bundestag et du Bundesrat, ainsi qu’à la ville de Berlin, pour leur présence par laquelle ils manifestent leur respect pour le Pape comme Successeur de l’Apôtre Pierre. Et finalement, je remercie les trois évêques hôtes : l’Archevêque Woelki, de Berlin, l’Évêque Wanke, d’Erfurt et l’Archevêque Zollitsch, de Fribourg, ainsi que tous ceux qui, aux divers niveaux ecclésiaux et publics, ont collaboré dans les préparatifs de ce voyage dans mon pays natal, contribuant ainsi à sa bonne réussite. [Read more…]

La paix et le dialogue interreligieux : une lutte pour apercevoir le vrai visage de Dieu.

Il y a seulement quelques jours, pendant que le monde commémorait les attentats meurtriers du 11 septembre 2001, plusieurs centaines de délégués de toutes les grandes traditions religieuses se sont réunies à Munich en Allemagne pour une conférence portant sur le thème « Destinés à vivre ensemble. Religions et cultures en dialogue. »
Depuis que certains terroristes ont utilisé le nom de Dieu pour justifier des actes qui ont apporté la mort et la peur à des milliers de personnes, la religion parait pour plusieurs comme une menace à la paix recherchée par des hommes et des femmes de bonne volonté. Avec l’image d’un Dieu vengeur et violent, on peut comprendre pourquoi plusieurs personnes dénoncent la religion comme étant une entrave à la construction d’une société de paix.
La rencontre à Munich avait pour but de montrer que le visage de Dieu n’est pas celui d’un Dieu menaçant, mais celui d’un Dieu de justice et de compassion qui désire ardemment que les gens travaillent pour l’unité.
Benoît XVI, qui a envoyé un message aux délégués de la rencontre, a écrit que la volonté de Dieu en faveur de la paix est inscrite dans la création : puisque Dieu est Créateur, nous avons été créés pour appartenir à la même famille humaine, nous sommes tous frères et sœurs. Le nom de Dieu ne peut donc jamais être utilisé pour des actes violents qui nuisent au bonheur de nos frères et sœurs. Malgré le fait que Dieu veut que la paix règne parmi les nations, elle n’est jamais un fait accompli ni un projet que le Seigneur accomplira tout seul. La paix, c’est notre choix, c’est notre responsabilité. Selon Benoît XVI, la paix est à la fois un don de Dieu et une œuvre de l’humanité.

 

Photo de Catholic News Service

Transmettez aux autres la joie de votre foi

Dans une ambiance à la fois  joyeuse et recueillie, la JMJ de Madrid a pris fin par la messe présidée par le Pape devant près de 2 millions de fidèles. A la fin de la messe il a annoncé que la prochaine JMJ aurait lieu à Rio de Janeiro au Brésil en 2013.
Benoit XVI les a encouragés à rencontrer le Christ personnellement et à partager cette joie en Eglise en la transmettant aux autres. Voici son homélie:

« Chers jeunes,

Avec la célébration de l’Eucharistie, nous arrivons au moment culminant de ces Journées Mondiales de la Jeunesse. En vous voyant ici, venus en grand nombre de tous les horizons, mon cœur est plein de joie, pensant à l’affection spéciale avec laquelle Jésus vous regarde. Oui, le Seigneur vous aime et il vous appelle ses amis (cf. Jn 15, 15). Il vient à votre rencontre et il désire vous accompagner dans votre cheminement pour vous ouvrir les portes d’une vie pleine et vous faire participants de sa relation intime avec le Père. Pour notre part, conscients de la grandeur de son amour, nous désirons répondre avec grande générosité à cette marque de prédilection par la résolution de partager aussi avec les autres la joie que nous avons reçue. Certes ! Ils sont nombreux de nos jours, ceux qui se sentent attirés par la figure du Christ et désirent mieux le connaître. Ils perçoivent qu’Il est la réponse à leurs multiples inquiétudes personnelles. Cependant, qui est-Il réellement ? Comment est-il possible que quelqu’un qui a vécu sur la terre il y a tant d’années, ait quelque chose à voir avec moi aujourd’hui ?

Dans l’Évangile que nous avons écouté (cf. Mt 16, 13-20), il y a comme deux manières distinctes de connaître le Christ qui nous sont présentées. La première consiste dans une connaissance externe caractérisée par l’opinion commune. À la demande de Jésus : « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? », les disciples répondent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste, pour d’autres, Elie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ». C’est-à-dire qu’on considère le Christ comme un personnage religieux supplémentaire qui s’ajoute à ceux connus. S’adressant ensuite personnellement aux disciples, Jésus leur demande : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre répond avec des paroles qui sont la première profession de foi : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » La foi va au-delà des simples données empiriques ou historiques ; elle est la capacité de saisir le mystère de la personne du Christ dans sa profondeur. [Read more…]

Conseils du Pape aux séminaristes

Ce matin, Benoit XVI a célébré la messe avec des milliers de séminaristes. Il leur a dit sa sollicitude et prodigué quelques conseils. Voici son homélie:

 « Monsieur le Cardinal Archevêque de Madrid,
Vénérés frères dans l’Épiscopat,
Chers prêtres et religieux,
Chers recteurs et formateurs,
Chers séminaristes,
Chers amis,

C’est avec une joie profonde que je célèbre la sainte Messe en votre présence, vous qui aspirez à être prêtres du Christ pour le service de l’Église et des hommes, et je reçois avec reconnaissance les aimables paroles par lesquelles vous m’avez accueilli. Cette sainte cathédrale Sainte Marie la Royale de la Almudena est aujourd’hui comme un immense cénacle où le Seigneur célèbre sa Pâque avec un ardent désir, en compagnie de ceux qui désirent présider un jour en son nom les mystères du salut. À dire vrai, je constate une nouvelle fois que le Christ appelle à Lui de jeunes disciples pour qu’ils soient ses apôtres, en poursuivant ainsi la mission de l’Église et le don de l’Évangile au monde. Comme s [Read more…]

Méditation du Chemin de croix

Lors de la méditation du chemin du Croix,   Benoît XVI et les jeunes ont pu contempler la Passion du Christ devant de magnifiques statues de bois peint.
A chaque étape la croix des JMJ était portée par des Jeunes de pays différents. A la fin de cette méditation du chemin de croix, célébrée dans un grand climat d’intériorité, le Pape s’est adressé aux jeunes. Il a évoqué Ste Thérèse d’Avila dont le cœur s’est transformé devant une représentation du Christ blessé et a interpellé les jeunes.

 » Chers jeunes,
Nous avons célébré avec piété et ferveur ce chemin de croix en accompagnant le Christ dans sa passion et sa mort. Les commentaires des Hermanitas de la Cruz, qui servent les plus pauvres et ceux qui sont dans le besoin, nous ont permis d’entrer dans le mystère de la croix glorieuse du Christ, qui renferme la vraie sagesse de Dieu, celle qui juge le monde et ceux qui se croient sages (cf. 1 Cor 1, 17-19). La contemplation des extraordinaires imágenes provenant du patrimoine religieux des diocèses espagnols, nous a aidé également dans cet itinéraire vers le calvaire. Ce sont des imágenes où la foi et l’art s’harmonisent pour arriver au cœur de l’homme et pour l’inviter à la conversion. Quand le regard de la foi est limpide et authentique, la beauté se met à son service et elle est capable de représenter les mystères de notre salut jusqu’à nous émouvoir profondément, et de transformer notre cœur, comme cela est arrivé à sainte Thérèse d’Avila en contemplant une représentation du Christ blessé (cf. Libro de la vida 9, 1).
Pendant que nous avancions avec Jésus pour arriver au sommet du don de lui-même au calvaire, les paroles de saint Paul nous sont venus en mémoire : « Le Christ m’a aimé et il s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). Devant un tel amour si désintéressé, pleins d’étonnement et de gratitude, nous nous demandons maintenant : Que ferons-nous nous-autres pour lui ? Quelle réponse lui donnerons-nous ? Saint Jean le dit clairement : « À ceci nous avons connu l’amour : celui-là a donné sa vie pour nous. Et nous devons, nous aussi, donner notre vie pour nos frères » (1 Jn 3 , 16). La passion du Christ nous pousse à charger sur nos épaules la souffrance du monde, avec la certitude que Dieu n’est pas quelqu’un qui est distant ou lointain de l’homme et de ses vicissitudes. Au contraire, il s’est fait l’un d’entre nous « pour pouvoir compatir avec l’homme de manière très réelle, dans la chair et le sang … De là, dans toute souffrance humaine est entré quelqu’un qui partage la souffrance et la patience; de là se répand dans toute souffrance la con-solatio; la consolation de l’amour qui vient de Dieu et ainsi surgit l’étoile de l’espérance » (Spes salvi, 39).
Chers jeunes, que l’amour du Christ pour nous augmente votre joie et vous aide à être proches de ceux qui sont dans le besoin. Vous qui êtes très sensibles à l’idée de partager la vie avec les autres, ne passez pas à côté de la souffrance humaine, où Dieu espère en vous afin que vous puissiez donner le meilleur de vous-mêmes : votre capacité d’aimer et de compatir. Les diverses formes de souffrance qui, tout au long du chemin de croix, ont défilé devant vos yeux, sont des appels du Seigneur pour édifier nos vies en suivant ses traces et pour faire de nous des signes de sa consolation et de son salut : « Souffrir avec l’autre, pour les autres; souffrir par amour de la vérité et de la justice; souffrir à cause de l’amour et pour devenir une personne qui aime vraiment – ce sont des éléments fondamentaux d’humanité; leur abandon détruirait l’homme lui-même » (ibid.).

Sachons recevoir ces leçons et les mettre en pratique ! Pour cela, regardons vers le Christ, cloué sur un bois rude, et demandons-lui qu’il nous montre cette sagesse mystérieuse de la croix par laquelle l’homme vit. La croix n’a pas été le développement d’un échec, sinon la manière d’exprimer le don aimant qui arrive jusqu’à un don plus grand : celui de sa propre vie. Le Père a désiré aimer les hommes dans l’accolade de son Fils crucifié par amour. Par sa forme et sa signification, la croix représente cet amour du Père et du Christ pour les hommes. En elle, nous reconnaissons l’image de l’amour suprême, où nous apprenons à aimer ce que Dieu aime et comme il le fait : c’est elle la Bonne Nouvelle qui redonne l’espérance au monde.

Tournons maintenant nos yeux vers la Vierge Marie qui nous fut donnée pour mère au calvaire, et supplions-la de nous soutenir par sa protection aimante sur le chemin de la vie, en particulier quand nous passons à travers la nuit de la souffrance, afin que nous réussissions comme elle à demeurer fermes dans la foi au pied de la croix. »

N.B Ce chemin de croix  sera rediffusé aujourd’hui à 16h30 et 20h

Pour la première fois au cours d’une JMJ, le Pape rencontre des jeunes universitaires

Toujours ce matin, au Monastère de l’Escurial et pour la première fois au cours des JMJ, le pape a rencontré 1 600 universitaires.
Sa fibre d’ancien universitaire est ressortie. Benoît XVI s’est adressé à ces derniers avec enthousiasme redisant l’importance de ce métier qui est « une magnifique collaboration à la diffusion de la vérité ».

 

« Chers frères dans l’Épiscopat,
Chers Pères Augustins,
Chers Professeurs,
Autorités,
Chers amis,

J’attendais avec joie cette rencontre avec vous, jeunes professeurs des universités espagnoles, vous qui prêtez une magnifique collaboration à la diffusion de la vérité, dans des circonstances qui ne sont pas toujours faciles. Je vous salue cordialement et je vous remercie pour les aimables paroles de bienvenue, ainsi que pour la musique exécutée, qui a résonné de façon merveilleuse dans ce monastère d’une grande beauté artistique, témoignage éloquent pour les siècles d’une vie de prière et d’étude. En ce lieu significatif la foi et la raison se sont fondues harmonieusement dans la pierre austère pour modeler l’un des monuments les plus renommés d’Espagne.
Je salue aussi avec une affection particulière ceux qui, ces jours-ci, ont participé à Avila au Congrès mondial des universités catholiques, sur le thème : « Identité et mission de l’université catholique ». 

En étant parmi vous, me reviennent à l’esprit mes premiers pas comme professeur à l’université de Bonn. Quand on constatait encore les blessures de la guerre et que les carences matérielles étaient nombreuses, tout était remplacé par un vif désir d’une activité passionnante, le contact avec des collègues des diverses disciplines et le souhait de répondre aux inquiétudes ultimes et fondamentales des étudiants. Cette « universitas », que j’ai vécue alors, de professeurs et d’étudiants qui ensemble cherchent la vérité dans tous les savoirs, ou, comme aurait dit Alphonse X le Sage, cette « union de maîtres et d’étudiants avec la volonté et l’objectif d’apprendre les savoirs » (Siete partidas, partida II, tit. XXXI), rend clair le projet jusqu’à la définition de l’Université.
Dans le thème des présentes Journées Mondiales de la Jeunesse «Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi » (Col 2, 7), vous pourrez trouver aussi la lumière pour mieux comprendre votre être et ce que vous devez faire. Avec cette pensée, et comme je l’ai déjà écrit dans le Message aux jeunes en préparation à ces journées, les mots « enracinés, fondés et affermis » orientent vers des fondements solides pour la vie (cf. n. 2).

Mais, où les jeunes trouveront-ils ces points de référence dans une société émiettée et instable ? Parfois on estime que la mission d’un professeur universitaire est aujourd’hui exclusivement de former des professionnels compétents et efficaces qui puissent satisfaire la demande du marché du travail à tout moment précis. On affirme également que l’unique chose que l’on doit privilégier dans la conjoncture actuelle est la pure capacité technique. Certainement, cette vision utilitaire de l’éducation, même universitaire, répandue spécialement dans des milieux extra-universitaires, s’installe aujourd’hui. Sans aucun doute, vous qui avez vécu comme moi l’université, et qui la vivez maintenant comme enseignants, vous sentez sans doute le désir de quelque chose d’autre de plus élevé qui corresponde à toutes les dimensions qui constituent l’homme. Nous savons que quand la seule utilité et le pragmatisme immédiat s’érigent en critère principal, les pertes peuvent être dramatiques : des abus d’une science sans limites, bien au-delà d’elle-même, jusqu’au totalitarisme politique qui se ravive facilement quand on élimine toute référence supérieure au simple calcul de pouvoir. Au contraire, l’idée authentique d’université est précisément celle qui nous préserve de cette vision réductrice et détachée de l’humain.
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