« Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit », ainsi dit le Psaume (84, 13). Nous sommes invités à célébrer cela, cette mystérieuse communion entre Dieu et son Peuple, entre Dieu et nous. La pluie est le signe de sa présence dans la terre travaillée de nos mains. Une communion qui donne toujours du fruit, qui donne toujours la vie. Cette confiance jaillit de la foi, savoir que nous pouvons compter sur sa grâce, qui toujours transformera et irriguera notre terre.
Une confiance qui s’apprend, qui s’éduque. Une confiance qui se forme progressivement au sein d’une communauté, dans la vie d’une famille. Une confiance qui devient témoignage sur les visages de tous ceux qui nous stimulent à suivre Jésus, à être disciples de Celui qui ne déçoit jamais. Le disciple se sent invité à faire confiance, se sent invité par Jésus à être son ami, à partager son destin, à partager sa vie. « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jn 15,15). Les disciples sont ceux qui apprennent à vivre dans la confiance de l’amitié.
L’Évangile nous parle de ce fait d’être disciple. Il nous présente la carte d’identité du chrétien. Sa lettre de présentation, ses lettres de Créances.
Jésus appelle ses disciples et il les envoie en leur donnant des règles claires et précises. Il les place face à des défis avec une série d’attitudes, de comportements qu’ils doivent avoir. Elles ne sont pas rares les fois où elles peuvent nous paraître exagérées ou absurde ; des attitudes qu’il serait plus facile de lire symboliquement ou “spirituellement”. Mais Jésus est très précis, il est très clair. Il ne leur dit pas : « Faites en sorte que » ou « faites ce que vous pouvez ».
Rappelons-les ensemble : « Ne prenez rien pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie… Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y » (cf. Mc 6, 8-11). Cela semblerait quelque chose d’impossible.
Nous pourrions nous concentrer sur les paroles ‘‘pain’’, ‘‘argent’’, ‘‘sac’’, ‘‘bâtons’’, ‘‘sandales’’, ‘‘tunique’’. Et ce serait légitime. Mais il me semble qu’il y a une parole-clé, qui pourrait passer inaperçue. Une parole centrale dans la spiritualité chrétienne, dans l’expérience du fait d’être disciple : l’hospitalité. Jésus, en bon maître, pédagogue, les envoie pour vivre l’hospitalité. Il leur dit : « Restez là où l’on vous accueillera ». Il les envoie pour apprendre une des caractéristiques fondamentales de la communauté croyante. Nous pourrions dire que le chrétien est celui qui a appris à recevoir, à accueillir.
Homélie du pape François lors de la Messe au parc “Ñu Guazú” d’Asunción, Paraguay
Homélie du pape François lors de la célébration des vêpres à la Cathédrale d’Asunción
Qu’il est beau de prier tous ensemble les Vêpres ! Comment ne pas rêver une Église qui reflète et répète l’harmonie des voix et du chant dans la vie quotidienne ? Et nous le faisons dans cette Cathédrale, qui tant de fois a dû être reconstruite ; cette Cathédrale est signe de l’Église et de chacun de nous : parfois, les tempêtes du dehors et du dedans nous obligent à abattre ce qui a été construit et à recommencer, mais toujours avec l’espérance placée en Dieu ; et si nous regardons cet édifice, sans doute il n’a pas déçu les Paraguayens, parce que Dieu ne déçoit jamais et pour cela nous le louons avec gratitude.
La prière liturgique, avec sa structure et sa forme rythmée, veut exprimer toute l’Église, épouse du Christ, qui essaie de se conformer à son Seigneur. Chacun de nous dans notre prière, nous voulons progressivement ressembler à Jésus.
La prière fait émerger ce que nous vivons ou que nous devrions vivre dans la vie quotidienne, au moins la prière qui ne veut pas être aliénante ou seulement décorative. La prière nous donne impulsion pour agir ou nous examiner dans ce que nous récitions dans les Psaumes : nous sommes les mains de Dieu qui « du fumier retire le pauvre » (Ps 112, 7) et c’est à nous de travailler afin que la tristesse de la stérilité se transforme en un champ fertile. Nous qui chantons qu’« il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens » (Ps 115, 15), nous sommes ceux qui luttons, qui nous donnons du mal, nous défendons la valeur de toute vie humaine, de la naissance jusqu’à ce que le nombre des années s’accroisse et que la force se réduise. La prière est reflet de l’amour que nous ressentons pour Dieu, pour les autres, pour le monde créé ; le commandement de l’amour est la meilleure configuration à Jésus du disciple missionnaire. Être attachés à Jésus donne profondeur à la vocation chrétienne ; cette vocation liée au « faire » de Jésus – qui est beaucoup plus que des activités –, cherche à lui faire ressembler en tout ce qu’il a accompli. La beauté de la communauté ecclésiale naît de l’adhésion de chacun de ses membres à la personne de Jésus, formant un ‘‘ensemble vocationnel’’ dans la richesse de la variété harmonique.
Les antiennes des cantiques évangéliques de cette fin de semaine nous rappellent l’envoi des Douze par Jésus. Il est toujours bien de grandir dans cette conscience du travail apostolique en communion. Il est beau de vous voir collaborer pastoralement, toujours à partir de la nature et de la fonction ecclésiale de chaque vocation et de chaque charisme. Je désire vous exhorter tous, prêtres, religieux et religieuses, laïcs et séminaristes à vous engager dans cette collaboration ecclésiale, spécialement autour des plans pastoraux des diocèses et de la mission continentale, en coopérant avec toute votre disponibilité au bien commun. Si la division entre nous provoque la stérilité (cf. Evangelii gaudium, nn. 98-101), il n’y a pas de doute que de la communion et de l’harmonie naît la fécondité, parce qu’elles sont profondément consonantes avec l’Esprit Saint.
Nous avons tous des limites, et personne ne peut reproduire Jésus Christ dans sa totalité, et bien que chaque vocation se configure principalement avec certains traits de la vie et de l’œuvre de Jésus, il y en a quelques-uns qui sont communs et inaliénables. Nous venons de louer le Seigneur parce qu’il « ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu » (Ph 2, 6), et cela est une caractéristique de toute vocation chrétienne : celui qui est appelé par Dieu ne se vante pas, ne va pas à la recherche de reconnaissances ni d’applaudissements éphémères, ne croit pas avoir monté en grade et ne traite pas les autres comme s’il était sur un piédestal.
Le primat du Christ est décrit clairement dans la liturgie de la Lettre aux Hébreux ; nous venons de lire presque la fin de cette Lettre : ‘‘Qu’il vous forme en tout ce qui est bon comme le berger des brebis, le Pasteur par excellence’’ (cf. 13, 20-21) et cela suppose de reconnaître que chaque consacré se configure à Celui qui dans sa vie terrestre, ‘‘avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications’’ (cf. He 5, 7), a atteint la perfection quand il a appris, en souffrant, ce que signifiait obéir ; et cela fait aussi partie de notre appel.
Terminons de réciter nos Vêpres ; le campanile de cette cathédrale a été refait plusieurs fois ; le son des cloches précède et accompagne en de nombreuses occasions notre prière liturgique : refaits par Dieu chaque fois que nous prions, solides comme un campanile, joyeux d’annoncer les merveilles de Dieu, partageons le Magnificat et laissons le Seigneur accomplir, à travers notre vie consacrée, de grandes choses au Paraguay.
Discours du pape François lors de la rencontre avec les représentants de la société civile du Paraguay
Chers amis,
Je me réjouis de pouvoir être avec vous, les représentants de la société civile, pour partager des rêves et des espoirs d’un avenir meilleur. Je remercie Mgr Adalberto Martínez Flores, Secrétaire de la Conférence Épiscopale du Paraguay pour les paroles de bienvenue qu’il m’a adressées au nom de tous.
Vous voir tous, chacun provenant d’un secteur, d’une organisation de cette chère société paraguayenne, avec ses joies, ses préoccupations, ses luttes et ses recherches, m’amène à rendre grâce à Dieu. Un peuple qui ne maintient pas vivantes ses préoccupations, est peuple qui vit dans l’inertie de l’acceptation passive, c’est un peuple mort. Au contraire, je vois en vous la sève d’une vie qui court et qui veut germer. Cela, Dieu le bénit toujours. Dieu est toujours en faveur de tout ce qui aide à relever, à améliorer la vie de ses enfants. Il y a des choses qui sont mauvaises, certes ! Il y a des situations injustes, certes ! Mais de les voir et de les sentir, cela m’aide à renouveler l’espérance dans le Seigneur qui continue d’agir au milieu de son peuple. Vous venez de divers horizons, situations et recherches, tous ensemble vous formez la culture paraguayenne. Vous êtes tous nécessaires dans la recherche du bien commun. « Dans les conditions actuelles de la société mondiale, où il y a tant d’inégalités et où sont toujours plus nombreuses les personnes marginalisées » (Laudato si’, n. 158), vous voir ici est un cadeau.
Je voudrais remercier aussi les personnes qui ont posé des questions, puisqu’à travers elles, j’ai pu voir, avant tout, votre engagement à travailler unis et sans relâche pour le bien de la patrie.
1. Par rapport à la première question, cela m’a plu d’écouter de la bouche d’un jeune la préoccupation de faire en sorte que la société soit un espace de fraternité, de justice, de paix et de dignité pour tous. La jeunesse est le temps de grands idéaux. Comme c’est important que
vous les jeunes, vous compreniez que le vrai bonheur passe par la lutte pour un monde plus fraternel ! Comme il est bon que vous les jeunes, vous voyiez que bonheur et plaisir ne sont pas synonymes, mais que le bonheur exige l’engagement et le dévouement. Vous êtes trop précieux pour parcourir le chemin de la vie comme des anesthésiés ! Le Paraguay a une population très jeune et c’est une grande richesse. C’est pourquoi je pense que la première chose à faire est d’éviter que cette force, cette lumière, s’éteigne dans vos cœurs et de contrecarrer la mentalité croissante qui considère qu’il est inutile et absurde d’aspirer à des choses qui valent la peine, d’aspirer à jouer pour quelque chose, à jouer pour quelqu’un. N’ayez pas peur de tout donner sur le terrain de jeu. N’ayez pas peur de donner le meilleur de vous-mêmes.
Mais ne le faites pas seuls. Cherchez à échanger, profitez-en pour écouter la vie, les histoires, les contes de vos aînés, de vos grands-parents. Passez beaucoup de temps à écouter tout ce qu’ils ont de bon à enseigner. Ils sont les gardiens de ce patrimoine spirituel de foi et de valeurs qui définissent un peuple et éclairent son chemin. Trouvez aussi une consolation dans la force de la prière, en Jésus, dans sa présence quotidienne et constante. Il ne déçoit pas. Jésus, à travers la mémoire de votre peuple, est le secret pour que votre cœur se maintienne toujours en joie dans la recherche de fraternité, de justice, de paix et de dignité pour tous.
La poésie de Charles Miguel Giménez, que Mgr Adalberto Martínez a citée, m’a plu. Je crois qu’elle résume très bien ce que j’ai voulu dire : Je [rêve] d’un paradis sans guerre entre frères, riche d’hommes sains d’âme et de coeur….et d’un Dieu qui bénit sa nouvelle ascension. Oui, Dieu est la garantie de notre dignité d’hommes.
Homélie de la Messe au sanctuaire mariale de Caacupé, Paraguay
Me trouver avec vous, c’est me sentir à la maison, aux pieds de notre Mère, la Vierge des Miracles de Caacupé. Dans un sanctuaire nous, les enfants, nous rencontrons notre Mère et entre nous, nous nous rappelons que nous sommes frères. C’est un lieu de fête, de rencontre, de famille.
Nous venons présenter nos besoins, nous venons remercier, demander pardon et pour prendre un nouveau départ. Que de baptêmes, que de vocations sacerdotales et religieuses, que de fiançailles et de mariages sont nés aux pieds de notre Mère ! Que de larmes et que d’adieux ! Nous venons toujours avec notre vie, parce qu’ici, on est à la maison et la chose la meilleure est de savoir qu’il y a quelqu’un qui nous attend.
Comme tant d’autres fois, nous sommes venus parce que nous voulons renouveler notre enthousiasme pour vivre la joie de l’Évangile.
Comment ne pas reconnaître que ce sanctuaire est une part vitale du peuple paraguayen, de vous ? On le sent ainsi, on le prie ainsi, on le chante ainsi : « Dans ton Éden de Caacupé, Vierge de Caacupé, c’est ton peuple, Vierge pure, qui te donne son amour et sa foi ». Et aujourd’hui, nous sommes ici, comme peuple de Dieu, aux pieds de notre Mère, lui donnant notre amour et
notre foi.Dans l’Évangile, nous venons d’écouter l’annonce de l’Ange à Marie qui lui dit : « Réjouis- toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ». Réjouis-toi, Marie, réjouis-toi. Devant ce salut, elle est restée déconcertée et se demandait ce que cela voulait dire. Elle ne comprenait pas beaucoup ce qui était en train de se passer. Mais elle a compris que cela venait de Dieu et elle a dit : “oui”. Marie est la Mère du ‘‘oui’’. Oui au rêve de Dieu, oui au projet de Dieu, oui à la volonté de Dieu.
Un “oui” qui, comme nous le savons, ne fut en rien facile à vivre. Un “oui” qui ne la remplit pas de privilèges ou de distinctions, mais qui, comme le dira Siméon dans sa prophétie :
« Et toi-même une épée te transpercera l’âme ! » (Lc 2, 35). Et comment elle l’a transpercée ! Voilà pourquoi nous l’aimons tant et nous trouvons en elle une vraie mère qui nous aide à garder vivante la foi et l’espérance au milieu de situations compliquées. En suivant la prophétie de Siméon, cela nous fera du bien de parcourir à nouveau brièvement des moments difficiles dans la vie de Marie.
- La naissance de Jésus. Il n’y avait pas de place pour eux. Ils n’avaient pas de maison, d’habitation pour accueillir leur fils. Il n’y avait pas de place pour pouvoir le mettre au monde. Et pas de famille proche non plus, ils étaient seuls. L’unique place disponible était une étable d’animaux. Et dans sa mémoire résonnait sûrement les paroles de l’Ange : « Réjouis-toi, Marie, le Seigneur est avec toi ». Et il se peut qu’elle se soit demandé : Où est-il maintenant ?
- La fuite en Égypte. Ils durent partir, aller en exil. Là non seulement ils n’avaient pas de place, ni de famille, mais encore leurs vies étaient en danger. Ils durent se mettre en chemin et aller en terre étrangère. Ils ont été des migrants en raison de la convoitise et de l’avarice de l’empereur. Et là, il se peut qu’elle se soit demandé : Où est ce que m’a dit l’Ange ?
- La mort sur la croix. Il ne devait pas exister de situation plus difficile pour une mère que d’accompagner la mort d’un fils. Ce sont des moments déchirants. Là, nous voyons Marie au pied de la croix, comme toute mère, solide, sans faiblir, qui accompagne son Fils jusqu’à l’extrême de la mort et de la mort en croix. Et ensuite retenant et soutenant les disciples.
Visite du pape François à l’hôpital Pediatrique “Niños de Acosta Ñú” d’Asunción, Paraguay
Monsieur le Directeur, chers enfants,
membres du personnel, vous tous, chers amis,Merci pour votre accueil si chaleureux. Merci pour ce temps que vous m’accordez pour être avec vous.
Chers enfants, je veux vous poser une question, voyons si vous m’aidez. On m’a dit que vous êtes très intelligents, c’est pourquoi je me suis décidé à le faire. Jésus s’est-il jamais mis en colère ? Vous vous rappelez quand ? Je sais que c’est une question difficile, donc je vous aiderai. Ce fut quand on empêcha les enfants de s’approcher de lui. C’est l’unique fois où l’Évangile de Marc emploie cette expression (cf. 10, 13-15). Quelque chose de semblable à notre expression : il s’est fâché. Et vous, est-ce que vous vous êtes jamais mis en colère ? Bien, Jésus a ressenti la même chose, quand on ne lui a pas permis d’être proche des enfants, proche de vous. Il eut une grande colère. Les enfants sont parmi les privilégiés de Jésus. Ce n’est pas qu’il n’aime pas les grands, mais il se sentait heureux quand il pouvait être avec eux. Il appréciait beaucoup leur amitié et leur compagnie. Mais non seulement il aimait les avoir auprès de lui, mais plus encore. Il les donnait comme exemple. Il dit aux disciples : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (Mt 18, 3).
Les enfants étaient tenus à l’écart, les grands ne les laissaient pas s’approcher, mais Jésus les appela, les embrassa et les mit au milieu pour que tous nous apprenions à être comme eux. Aujourd’hui il nous dirait la même chose. Il nous regarde et dit : apprenez d’eux.
Nous devons apprendre de vous, de votre confiance, de votre joie, de votre tendresse. De votre capacité de lutte, de votre courage. De votre incomparable capacité de résistance. Vous êtes de vrais lutteurs ! Et quand on a de pareils ‘‘guerriers’’ devant soi, on se sent orgueilleux. N’est-ce pas, mamans ? N’est-ce pas, papas et grands-parents ? Vous voir, nous donne de la force, cela nous donne du courage pour avoir confiance, pour avancer.
Mamans, papas, grands-parents, je sais qu’il n’est pas du tout facile d’être ici. Il y a des moments de grande douleur, d’incertitude. Il y a des moments de forte angoisse qui accablent le cœur et il y a des moments de grande joie. Les deux sentiments cohabitent, ils sont en nous. Mais il n’y a pas de meilleur remède que votre tendresse, votre proximité. Et cela me réjouit de savoir que comme familles vous vous entraidez, vous vous stimulez, vous vous soutenez mutuellement pour avancer et traverser ce moment.
Vous pouvez compter sur l’appui des médecins, des infirmiers et de tout le personnel de cette maison. Merci pour cette vocation de service, merci d’aider non seulement à guérir mais aussi à accompagner la douleur de vos frères.
Ne l’oublions pas : Jésus est proche de vos enfants. Il est tout proche, dans le cœur. N’hésitez pas à le prier, n’hésitez pas à parler avec lui, à lui faire part de vos questions, de vos douleurs. Il est toujours là, mais toujours, et il ne vous laissera pas tomber.
Et nous sommes sûrs d’une chose et encore une fois je le confirme. Là où il y a un enfant, il y a la mère. Là où il y a Jésus, il y a Marie, la Vierge de Caacupé. Demandons lui de vous protéger avec son manteau, d’intercéder pour vous et vos familles.
Et n’oubliez pas de prier pour moi. Je suis sûr que vos prières arrivent au ciel.
[Texte original: Espagnol]
Discours du pape François au centre de réforme Santa Cruz-Palmasola
Chers frères et sœurs,
Je ne pouvais pas quitter la Bolivie sans venir vous rencontrer, sans partager la foi et l’espérance qui naissent de l’amour offert sur la croix. Merci de m’avoir accueilli. Je sais que vous vous êtes préparés et que vous avez prié pour moi. Je vous remercie beaucoup.
Dans les paroles de Mgr Jésus Juárez et dans les témoignages de ceux qui sont intervenus, j’ai pu constater combien la douleur n’est pas en mesure d’éteindre l’espérance au plus profond du cœur, et que la vie continue à germer avec force dans des circonstances adverses.
Qui est devant vous ? Vous pourriez vous le demander. J’aimerais répondre à la question avec une certitude de ma vie, avec une certitude qui m’a marqué pour toujours. Celui qui est devant vous est un homme pardonné. Un homme qui a été et qui est sauvé de ses nombreux péchés. Et c’est ainsi que je me présente. Je n’ai pas grand chose de plus à vous donner ou à vous offrir, mais ce que j’ai et ce que j’aime, oui, je veux vous le donner, oui, je veux vous le partager : Jésus Christ, la miséricorde du Père.
Il est venu nous montrer, rendre visible l’amour que Dieu a pour nous. Pour vous, pour moi. Un amour actif, réel. Un amour qui a pris au sérieux la réalité des siens. Un amour qui guérit, pardonne, relève, soigne. Un amour qui s’approche et restitue la dignité. Une dignité que nous pouvons perdre de multiples façons et formes. Mais Jésus est un obstiné en cela : il a donné sa vie pour cela, pour nous restituer l’identité perdue.
Il me vient à la mémoire une expérience qui peut nous aider : Pierre et Paul, disciples de Jésus, ont aussi été prisonniers. Ils ont aussi été privés de la liberté. En cette circonstance, il y a quelque chose qui les a soutenus, quelque chose qui ne les a pas laissé tomber dans le désespoir, dans l’obscurité qui peut jaillir du non sens. Ce fut la prière. Personnelle et communautaire. Ils ont prié et on priait pour eux. Deux mouvements, deux actions qui ensemble forment un réseau qui soutient la vie et l’espérance. Ce réseau nous soutient dans le désespoir et nous stimule à continuer à marcher. Un réseau qui soutient la vie, la vôtre et celle de vos proches.

Bolivian prisoner, wife listen to Pope Francis in Santa Cruz, Bolivia, July 10. (CNS photo/Paul Haring) See POPE-PRISON July 10, 2015.
Car, lorsque Jésus entre dans la vie de quelqu’un, celui-ci ne reste pas emprisonné dans son passé, mais il commence à regarder le présent d’une autre manière, avec une autre espérance. Il commence à se regarder lui-même d’autre autre œil, ainsi que sa propre réalité. Il ne reste pas ancré dans ce qui est arrivé, mais il est en mesure de pleurer et d’y trouver la force de recommencer. Et si à certains moments nous nous sentons tristes, mal, abattus, je vous invite à regarder le visage de Jésus crucifié. Dans son regard, nous pouvons tous trouver place. Nous pouvons tous lui confier nos blessures, nos douleurs ainsi que nos péchés. Dans ses plaies, nos plaies trouvent place. Pour être soignées, lavées, transformées, ressuscitées. Il est mort pour vous, pour moi, pour nous donner la main et nous soulager. Parlez avec les prêtres qui viennent, parlez… Jésus veut toujours nous relever.
Cette certitude nous pousse à travailler pour notre dignité. La réclusion n’est pas la même chose que l’exclusion, parce que la réclusion fait partie d’un processus de réinsertion dans la société. Les éléments qui jouent contre vous sont nombreux en ce lieu – je le sais bien – : le surpeuplement, la lenteur de la justice, le manque de thérapies d’occupation et de politiques de réhabilitation, la violence… Et cela rend nécessaire une synergie rapide et efficace entre les institutions pour trouver des réponses.
Toutefois, pendant qu’on lutte pour cela, nous ne pouvons pas considérer que tout est perdu. Il y a des choses que nous pouvons faire déjà maintenant.
Ici, dans ce Centre de Réhabilitation, la cohabitation dépend en partie de vous. La souffrance et la privation peuvent rendre notre cœur égoïste et donner lieu à des conflits, mais nous avons aussi la capacité de les transformer en occasion d’authentique fraternité. Aidez-vous entre vous. N’ayez pas peur de vous entraider. Le diable cherche la rivalité, la division, les factions. Luttez pour aller de l’avant.
Missionnaires des temps modernes

De g à d : Albéric Saint-Martin (cameraman), Romain et Rena de Chateauvieux, Charles Le Bourgeois (journaliste)
Romain et Rena de Chateauvieux, aujourd’hui âgés de 33 ans, forment avec leurs quatre garçons une famille ordinaire, qui vit de manière extraordinaire. Lui, originaire de Marseille, en France, est formé en architecture. Elle, éducatrice de formation, a grandi dans la favela de Salvador de Bahia, au Brésil, et s’est convertie à l’âge de 17 ans. Cette famille “normale” a fait un choix de vie radical et leur mission n’est pas commune. Ils la vivent auprès des plus pauvres à travers l’oeuvre Misericordia qu’ils ont créée en 2013 en périphérie de Santiago du Chili, à La Pincoya, un quartier marqué par la misère, la violence et la drogue. Là-bas, avec d’autres missionnaires volontaires, ils mènent une vie de prière et de pauvreté, au service de ceux qui souffrent. Ce projet “Misericordia” est le fruit d’une expérience missionnaire précédente qu’ont vécue Romain et Rena, avec leurs enfants, en voyageant à bord d’un schoolbus aménagé pendant 3 ans à travers l’Amérique latine, à la rencontre des plus pauvres, pour annoncer la joie de l’Évangile. Convaincus d’avoir reçu « l’appel à être un couple missionnaire », ils affirment aujourd’hui, tout sourire, vouloir poursuivre cette mission jusqu’à la fin de leur vie…
Rencontre du pape François avec le Mondiale des mouvements populaires de Bolivie
Bon après-midi à tous.
Il y a quelques mois, nous nous sommes réunis à Rome et j’ai présent à l’esprit cette première rencontre. Durant ce temps, je vous ai portés dans mon cœur et dans mes prières. Je me réjouis de vous voir ici, échangeant sur les meilleures façons d’affronter les graves situations d’injustice dont souffrent les exclus dans le monde entier. Merci, Monsieur le Président Evo Morales, d’accompagner si résolument cette rencontre.
La dernière fois, à Rome, j’ai senti quelque chose de très beau : la fraternité, l’entraide, l’engagement, la soif de justice. Aujourd’hui, à Santa Cruz de la Sierra, je ressens de nouveau la même chose. Merci pour cela. J’ai appris aussi à travers le Conseil Pontifical Justice et Paix que préside le Cardinal Turkson qu’ils sont nombreux dans l’Eglise ceux qui se sentent plus proches des mouvements populaires. Cela me réjouit beaucoup ! De voir l’Eglise ouvrant les portes à vous tous, l’Eglise qui s’implique, accompagne et arrive à systématiser dans chaque diocèse, dans chaque Commission de Justice et Paix, une collaboration réelle, permanente et engagée avec les mouvements populaires. Je vous invite tous, Evêques, prêtres et laïcs, ensemble avec les organisations sociales des périphéries urbaines et rurales, à approfondir cette rencontre.
Dieu a permis que nous nous voyions une fois encore. La Bible nous rappelle que Dieu écoute le cri de son peuple et je voudrais moi aussi unir de nouveau ma voix à la vôtre : terre, toit et travail pour tous nos frères et sœurs. Je l’ai dit et je le répète : ce sont des droits sacrés. Cela vaut la peine, cela vaut la peine de lutter pour ces droits. Que le cri des exclus soit entendu en Amérique Latine et par toute la terre.
Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société
LETTRE D’INTRODUCTION
par Mgr Paul-André Durocher
Archevêque de Gatineau et
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
sur la brochure Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société
publiée par la Commission épiscopale pour l’unité chrétienne,
les relations religieuses avec les juifs et le dialogue interreligieux
Chers frères et sœurs dans le Christ,
La Commission épiscopale pour l’unité chrétienne, les relations religieuses avec les juifs et le dialogue interreligieux de notre Conférence a publié une ressource intitulée Catholiques et musulmans au Canada : croyants et citoyens dans la société. La brochure vise à aider les catholiques du Canada à mieux comprendre leurs voisins musulmans. Notre pays est riche d’une magnifique mosaïque de cultures et de religions, et les évêques catholiques du Canada désirent y favoriser la compréhension et le dialogue entre les diverses populations.
Le christianisme et l’Islam sont les deux groupes religieux les plus nombreux du monde. Pour notre propre bien et pour le bien de toute l’humanité, nous devons apprendre à vivre en harmonie les uns avec les autres, et le Canada peut certainement jouer un rôle important comme modèle de cette relation harmonieuse. Dans ce but, il est essentiel de nous connaître les uns les autres. C’est dans cet espoir que la Conférence des évêques catholiques du Canada présente sa nouvelle ressource. Sa portée est limitée; elle n’approfondit pas nos différences théologiques, et elle ne commente pas non plus la situation géopolitique actuelle. Toutefois, elle constitue une étape importante que nous pouvons tous franchir pour répondre à l’invitation de saint Paul : « Recherchons donc ce qui contribue à la paix, et ce qui construit les relations mutuelles. » (Romains 14, 19)
La première partie présente les origines de l’Islam, ses principaux courants actuels ainsi que ses ressemblances et ses différences par rapport au christianisme. La deuxième partie donne un aperçu de l’historique et de l’état actuel du dialogue interreligieux entre catholiques et musulmans, au niveau international et national, et se termine par quelques suggestions sur ce que chacun peut faire pour contribuer à ce dialogue.
Comme le pape François l’a magnifiquement proclamé dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, nous sommes appelés par notre baptême à être les bâtisseurs d’une société juste et paisible :
« En annonçant Jésus Christ, qui est la paix en personne (cf. Ep 2, 14), la nouvelle évangélisation engage tout baptisé à être instrument de pacification et témoin crédible d’une vie réconciliée. C’est le moment de savoir comment, dans une culture qui privilégie le dialogue comme forme de rencontre, projeter la recherche de consensus et d’accords, mais sans la séparer de la préoccupation d’une société juste, capable de mémoire, et sans exclusions. [no 239]
+ Paul-André Durocher
Archevêque de Gatineau et
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
Vous pouvez vous procurer le document sur la page web de la CECC au lien suivant: https://esubmitit.sjpg.com/cccb/index.aspx?component=ProductDetails&id=184-892
Le Pape rencontre le monde de l’école et de l’université de l’Équateur
Chers amis :
C’est pour moi une grande joie d’être avec vous cet après-midi dans cette Université Pontificale de l’Équateur, qui depuis presque soixante-dix ans, réalise et actualise la fructueuse mission éducative de l’Église au service des hommes et des femmes de cette Nation. Je remercie pour les aimables paroles par lesquelles vous m’avez donné la bienvenue et par lesquelles vous m’avez fait part des inquiétudes et des espérances qui jaillissent en vous, face au défi, personnel et social, de l’éducation.
Dans l’Évangile, nous venons d’entendre comment Jésus, le Maître, enseignait à la foule et au petit groupe des disciples, en s’adaptant à leur capacité de compréhension. Il le faisait par des paraboles, comme celle du semeur (Lc 8, 4-15), de telle manière que tous pouvaient comprendre. Jésus ne cherchait pas à ‘‘faire le docteur’’. Au contraire, il veut atteindre le cœur de l’homme, son intelligence, sa vie, pour que celle-ci porte du fruit.
La parabole du semeur nous parle de cultiver. Elle nous montre les espèces de terre, les espèces de semence, les espèces de fruit et la relation qui est générée entre elles. Déjà depuis la Genèse, Dieu murmure à l’homme cette invitation : cultiver et prendre soin.
Non seulement Dieu lui donne la vie, la terre, la création ; non seulement il lui donne un partenaire et une infinité de possibilités ; il lui adresse aussi une invitation, il lui donne une mission. Il l’invite à prendre part à son œuvre créatrice et il lui dit : cultive ! Je te donne la semence, la terre, l’eau, le soleil, je te donne tes mains et celle de tes frères. Tu les as, là, ils sont aussi tiens. C’est un cadeau, un don, une offre. Ce n’est pas quelque chose d’acquis, d’acheté. Il nous précède et subsistera après nous.
C’est un don fait par Dieu pour qu’avec lui nous puissions le faire nôtre. Dieu ne veut pas une création pour lui-même, pour se regarder lui-même. C’est tout le contraire. La création, c’est un don destiné à être partagé. C’est l’espace que Dieu nous donne, pour construire avec nous, pour construire un nous. Le monde, l’histoire, le temps sont le lieu où nous construisons le nous avec Dieu, le nous avec les autres, le nous avec la terre. Notre vie cache toujours cette invitation, une invitation plus ou moins consciente, qui subsiste toujours.
Mais notons une particularité. Dans le récit de la Genèse, avec la parole cultiver, il en dit immédiatement une autre : protéger. L’une explique l’autre. L’une va de pair avec l’autre. Ne cultive pas qui ne protège pas et ne protège pas qui ne cultive pas.
Non seulement nous sommes invités à prendre part à l’œuvre créatrice en la cultivant, en la faisant croître, en la développant, mais aussi nous sommes invités à en prendre soin, à la protéger, à la garder. Aujourd’hui cette invitation s’impose à nous [de force]. Non plus comme une simple recommandation, mais comme une exigence qui naît « en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses pro¬priétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter…. C’est pourquoi, parmi les pauvres les plus abandon¬nés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée » (Laudato si’, n. 2).
Il existe une relation entre notre vie et celle de notre mère la terre, entre notre existence et le don que Dieu nous a fait. « L’environnement humain et l’environne¬ment naturel se dégradent ensemble, et nous ne pourrons pas affronter adéquatement la dégrada¬tion de l’environnement si nous ne prêtons pas attention aux causes qui sont en rapport avec la dégradation humaine et sociale » (Laudato si’, n. 48). Mais de même que nous disons ‘‘ils se dégradent’’, de la même manière nous pouvons dire ‘‘ils se soutiennent et peuvent se transfigurer’’. C’est une relation qui maintient une possibilité, tant d’ouverture, de transformation, de vie que de destruction et de mort.
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