Conclusion de la Semaine de prière pour l’Unité des chrétiens

Texte en provenance du site français de Radio Vatican:

(RV) Le Pape François a présidé ce lundi soir, 25 janvier 2016, en la basilique de Saint-Paul-Hors-les-Murs, une célébration œcuménique pour conclure la Semaine de prière pour l’Unité des chrétiens.

Le Pape a traversé la Porte Sainte (ouverte officiellement le 13 décembre dernier) avec le métropolite Gennadios, représentant du Patriarcat œcuménique d Constantinople, et avec Sir David Moxon, évêque anglican néo-zélandais, représentant personnel à Rome de l’archevêque de Canterbury, «pour rappeler que l’unique porte qui nous conduit au salut est Jésus-Christ notre Seigneur, le visage miséricordieux du Père.»

Dans son homélie, en ce 25 janvier qui marque la commémoration liturgique de la Conversion de Saint Paul, François s’est appuyé sur l’expérience de Paul sur le chemin de Damas pour rappeler que ce bouleversement «n’était pas d’abord un changement moral, mais une expérience transformante de la grâce de Dieu, et en même temps l’appel à une nouvelle mission, celle d’annoncer à tous ce Jésus qu’avant il persécutait en persécutant ses disciples». Une mission qui ne se fondait donc pas sur ses mérites, mais sur «la bonté de Dieu».

«Pour les premiers chrétiens, comme aujourd’hui pour nous tous, baptisés, c’est un motif de réconfort et de constante stupeur de savoir avoir été choisis pour faire partie du dessein de salut de Dieu, acté en Jésus-Christ et dans l’Église», a rappelé le Pape. Tout repose donc sur l’appel de Dieu : «Nous pouvons progresser sur la voie de la pleine communion visible entre les chrétiens, pas seulement quand nous nous rapprochons les uns des autres, mais surtout dans la mesure à laquelle nous nous convertissons au Seigneur, qui par sa grâce nous choisit et nous appelle à être ses disciples.»

«L’unité se fait en chemin», a lancé le Pape en sortant de son texte, en appelant que les chrétiens des différentes Églises travaillent ensemble à la diffusion de l’Évangile.

Un appel au pardon et à la miséricorde

Le Pape François a voulu situer ce temps de prière dans la démarche du Jubilé de la Miséricorde et dans une demande de pardon, utilisant des termes proches de ceux utilisés par Saint Jean-Paul II lors du Jubilé de l’an 2000 : «comme évêque de Rome et pasteur de l’Église catholique, je veux invoquer miséricorde et pardon pour les comportements non évangéliques tenus de la part de catholiques dans les confrontations avec des chrétiens d’autres Églises, a déclaré le Pape François. Dans le même temps, j’invite tous les frères et sœurs catholiques à pardonner si, aujourd’hui ou dans le passé, ils ont subi des offenses d’autres chrétiens. Nous ne pouvons pas annuler ce qui s’est passé, mais nous ne voulons pas permettre que le poids des fautes passées continue à falsifier nos rapports. La miséricorde de Dieu renouvellera nos relations.»

Le Pape a aussi évoqué les martyrs communs aux différentes communautés chrétiennes : «Ici devant la tombe de Saint Pierre, apôtre et martyr, (…) nous sentons que notre humble requête est soutenus par l’intercession de la multitude des martyrs chrétiens d’hier et d’aujourd’hui. Ils ont répondu avec générosité à l’appel du Seigneur, ils ont donné un témoignage fidèle, avec leur vie, des œuvres merveilleuses que Dieu a accompli pour nous, et expérimentent déjà la pleine communion à la présence de Dieu le Père». Un exemple qui manifeste «l’œcuménisme du sang», a rappelé le Pape, sortantde son texte pour reprendre une expression qu’il utilise régulièrement.

Dans un geste improvisé, à la fin de la cérémonie, le Pape a demandé aux deux représentants des Églises sœurs de venir à ses côtés pour qu’ils puissent donner ensemble la bénédiction finale.

(CV)

Messe pour les vocations sacerdotales de l’Archidiocèse de Montréal

En EXCLUSIVITÉ sur les ondes de Sel et Lumière, voyez la télé diffusion de la Messe pour les vocations sacerdotales de l’Archidiocèse de Montréal le vendredi 29 janvier prochain à 20h30. Cette Messe célébrée à la magnifique chapelle du Grand Séminaire de Montréal sera présidée par S.E. Mgr Christian Lépine, archevêque de Montréal. L’animation de cette Messe aux accents de l’Europe de l’Ouest a été confiée à la Schola de Marie-Auxiliatrice, la communauté italienne présente sur le territoire de l’Archidiocèse de Montréal et à des séminaristes étudiants du Grand Séminaire de Montréal.

Veuillez noter que cette Messe sera disponible en direct sur la chaîne web (Livestream) de Sel et Lumière dès 19h30. Un rendez-vous à ne pas manquer !

Message du pape François pour la 50e journée des communications sociales

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(Photo: Courtoisie Catholic News Service)

Vous trouverez ci-dessous le texte complet du message du pape François pour la 50e journée des communications sociales:

Communication et miséricorde: une rencontre féconde

Chers frères et sœurs,

L’Année Sainte de la Miséricorde nous invite à réfléchir sur le rapport entre communication et miséricorde. En effet l’Église, unie au Christ, incarnation vivante de Dieu Miséricordieux, est appelée à vivre la miséricorde comme un trait distinctif de tout son être et de tout son agir. Ce que nous disons et la manière dont nous le disons, chaque parole et chaque geste, devrait pouvoir exprimer la compassion, la tendresse et le pardon de Dieu pour tous. L’amour, par nature, est communication, il conduit à s’ouvrir et non pas à s’isoler. Et si notre cœur et nos gestes sont animés par la charité, par l’amour divin, notre communication sera porteuse de la force de Dieu.

En tant qu’enfants de Dieu, nous sommes appelés à communiquer avec tous, sans exclusion. En particulier, c’est le propre du langage et des actions de l’Église que de transmettre la miséricorde, en sorte de toucher les cœurs des personnes et de les soutenir sur le chemin vers la plénitude de la vie que Jésus Christ, envoyé par le Père, est venu apporter à tous. Il s’agit d’accueillir en nous et de répandre autour de nous la chaleur de l’Église Mère, pour que Jésus soit connu et aimé ; cette chaleur qui donne consistance aux paroles de la foi et qui allume dans la prédication et dans le témoignage l’ « étincelle » qui les rend vivantes.

La communication a le pouvoir de créer des ponts, de favoriser la rencontre et l’inclusion, enrichissant ainsi la société. Comme il est beau de voir des personnes engagées à choisir avec soin des paroles et des gestes pour dépasser les incompréhensions, guérir la mémoire blessée et construire la paix et l’harmonie. Les paroles peuvent jeter des ponts entre les personnes, les familles, les groupes sociaux, les peuples ; que ce soit dans le domaine physique ou dans le domaine numérique. Que les paroles et les actions soient donc telles qu’elles nous aident à sortir des cercles vicieux des condamnations et des vengeances, qui continuent à piéger les individus et les nations, et qui conduisent à s’exprimer avec des messages de haine. La parole du chrétien, au contraire, se propose de faire grandir la communion et, même quand il faut condamner le mal avec fermeté, elle cherche à ne jamais briser la relation et la communication.

Je voudrais donc inviter toutes les personnes de bonne volonté à redécouvrir le pouvoir de la miséricorde de guérir les relations déchirées, et de ramener la paix et l’harmonie entre les familles et dans les communautés. Nous savons tous de quelle manière les vieilles blessures et les ressentiments peuvent piéger les personnes et les empêcher de communiquer et de se réconcilier. Et ceci vaut aussi pour les relations entre les peuples. Dans tous ces cas, la miséricorde est capable de créer une nouvelle manière de parler et de dialoguer, comme l’a ainsi très bien exprimé Shakespeare : « La miséricorde n’est pas une obligation. Elle descend du ciel comme la fraîcheur de la pluie sur la terre. Elle est une double bénédiction : elle bénit celui qui la donne et celui qui la reçoit » (Le Marchand de Venise, Acte 4, Scène 1).

Il est souhaitable que le langage de la politique et de la diplomatie se laisse aussi inspirer par la miséricorde, qui ne donne jamais rien pour perdu. Je fais appel surtout à tous ceux qui ont des responsabilités institutionnelles, politiques et dans la formation de l’opinion publique, pour qu’ils soient toujours vigilants sur la manière de s’exprimer envers celui qui pense ou agit autrement, et aussi envers celui qui peut s’être trompé. Il est facile de céder à la tentation d’exploiter de semblables situations et d’alimenter ainsi les flammes de la défiance, de la peur, de la haine. Il faut au contraire du courage pour orienter les personnes dans des processus de réconciliation ; et c’est justement cette audace positive et créative qui offre de vraies solutions à de vieux conflits, et l’occasion de réaliser une paix durable. « Bienheureux les miséricordieux, parce qu’ils obtiendront miséricorde […] Bienheureux les artisans de paix, parce qu’ils seront appelés fils de Dieu » (Mt 5, 7.9).

Comme je voudrais que notre manière de communiquer, et aussi notre service de pasteurs dans l’Église, n’exprime jamais l’orgueil fier du triomphe sur un ennemi, ni n’humilie ceux que la mentalité du monde considère comme perdants et à rejeter ! La miséricorde peut aider à tempérer les adversités de la vie et à offrir de la chaleur à tous ceux qui ont seulement connu la froideur du jugement. Que le style de notre communication soit en mesure de dépasser la logique qui sépare nettement les pécheurs des justes. Nous pouvons et devons juger des situations de péché – violence, corruption, exploitation, etc. – mais nous ne pouvons pas juger les personnes, parce que seul Dieu peut lire en profondeur dans leur cœur. C’est notre devoir d’avertir celui qui se trompe, en dénonçant la méchanceté et l’injustice de certains comportements, afin de libérer les victimes et de soulager celui qui est tombé. L’Évangile de Jean nous rappelle que « La vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). Cette vérité est, en définitive, le Christ lui-même, dont la douce miséricorde est la mesure de notre manière d’annoncer la vérité et de condamner l’injustice. C’est notre principal devoir d’affirmer la vérité avec amour (Cf. Ep 4, 15). Seules les paroles prononcées avec amour et accompagnées de douceur et de miséricorde touchent les cœurs des pécheurs que nous sommes. Des paroles et des gestes durs ou moralisants risquent d’aliéner plus tard ceux que nous voudrions conduire à la conversion et à la liberté, en renforçant leur sens du refus et de la défense.

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Invitation à la Messe pour les chrétiens persécuté du Moyen-Orient

indexVous êtes tous et toutes invités à la Messe pour les chrétiens persécutés au Moyen-Orient ce vendredi 22 janvier à 19h30, à la Basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde. Cette célébration est le fruit de la collaboration entre l’Archidiocèse de Montréal et Aide à l’Église en Détresse Canada. Pour de plus ample renseignements vous pouvez consulter le site internet de l’Aide à l’Église en Détresse à l’adresse suivante:

http://www.acn-aed-ca.org/fr/tag/chretiens-persecutes/

Commentaire sur la nouvelle liturgie du lavement des pieds

Voici un commentaire de Mgr Arthur Roche, secrétaire de la congrégation pour le culte divin, sur le nouveau décret publié le 21 janvier 2016:

Je vous ai donné l’exemple 

Avec le décret In Missa in cena Domini, la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, par disposition du Pape, a retouché la rubrique du Missale Romanum concernant le lavement des pieds (p. 300 n. 11), geste lié de diverses manières depuis des siècles au Jeudi Saint et qui, dans la réforme de la Semaine sainte de 1955, peut se faire aussi dans la Messe du soir qui inaugure le Triduum Pascal.

Eclairé par l’évangile de Jean, le rite présente traditionnellement un double aspect: imitation de ce que Jésus a fait dans le Cénacle en lavant les pieds aux apôtres, et expression du don de soi signifié par ce geste du serviteur. Non sans raison il était appelé Mandatum, selon l’incipit de la première antienne qui l’accompagnait : «Mandatum novum do vobis, ut diligatis invicem, sicut dilexi vos, dicit Dominus» (Jn 13,14). Le commandement de l’amour fraternel, en effet, engage tous les disciples de Jésus, sans aucune distinction ou exception.

Dans un ancien ordo du VIIème siècle on pouvait déjà lire : «Pontifex suis cubicularibus pedes lavat et unusquisque clericorum in domo sua». Appliqué de manière différente dans divers diocèses et abbayes, ce geste est attesté aussi dans le Pontifical Romain du XIIème siècle, après les Vêpres du Jeudi Saint, et dans les usages de la Curie Romaine du XIIIème siècle («facit mandatum duodecim subdiaconos»). Le Mandatum est ainsi décrit dans le Missale Romanum de saint Pie V (1570) : «Post denudationem altarium, hora competenti, facto signo cum tabula, conveniunt clerici ad faciendum mandatum. Maior abluit pedes minoribus: tergit et osculatur». Il se déroule au chant des antiennes, dont la dernière est Ubi caritas, et se termine par le Pater noster et par une oraison qui associe le commandement du service avec la purification des péchés : «Adesto Domine, quæsumus, officio servitutis nostræ: et quia tu discipulis tuis pedes lavare dignatus es, ne despicias opera manuum tuarum, quæ nobis retinenda mandasti: ut sicut hic nobis, et a nobis exteriora abluuntur inquinamenta; sic a te omnium nostrum interiora laventur peccata. Quod ipse præstare digneris, qui vivis et regnas, Deus, per omnia sæcula sæculorum». L’action est réservée au clergé («conveniunt clerici»), et elle est éclairée par l’évangile qui a été entendu à la Messe du matin; la non indication du nombre “douze” semblerait faire penser qu’il ne faut pas seulement mimer ce que Jésus a fait au Cénacle, mais encore mettre en pratique sa valeur exemplaire, qui est toujours actuelle pour les disciples.

La description « De mandato seu lotione pedum » dans le Cæremoniale Episcoporum de 1600 est plus détaillée. On mentionne la coutume de l’Evêque (après les Vêpres ou au repas du midi, dans l’église ou dans la salle capitulaire ou dans un lieu idoine) de laver, essuyer et baiser les pieds à « treize » pauvres, après les avoir vêtus et nourris et en ajoutant à la fin une aumône, ou bien à treize chanoines, et cela selon les habitudes locales et la volonté de l’Evêque, qui peut préférer des pauvres même là où c’est l’habitude que ce soit des chanoines : «videtur enim eo pacto maiorem humilitatem, et charitatem præ se ferre, quam lavare pedes Canonicis». Réservé donc au clergé, sans exclure les usages locaux qui contemplent des pauvres ou des enfants (par exemple dans le Missale Parisiense), le lavement des pieds est vraiment un geste significatif, mais pas pour l’ensemble du peuple de Dieu. Le Cæremoniale Episcoporum la prescrivait expressément pour les cathédrales et les collégiales.

Avec la réforme de Pie XII, qui a reporté la Missa in cena Domini en soirée, le lavement des pieds, pour des motifs pastoraux, peut se faire à l’intérieur de cette même Messe, après l’homélie, pour « duodecim viros selectos », disposés « in medio presbyterii vel in ipsa aula ecclesiæ » : à ceux-ci le célébrant lave et essuie les pieds (on ne parle plus du baiser). Le rite a désormais outrepassé le sens plutôt clérical et réservé ; il se déroule devant l’assemblée et l’indication de « douze hommes » le rend plus explicitement un signe imitatif, presqu’une représentation sacrée, qui aide à garder en mémoire ce que Jésus a accompli au premier Jeudi Saint.

Le Missale Romanum de 1970 a repris le rite réformé depuis peu, en simplifiant certains éléments : on omet le nombre « douze », on dit qu’il se déroule « in loco apto », on délaisse une antienne et on en allège d’autres, on assigne Ubi caritas à la procession des dons, on exclut la partie conclusive (Pater noster, verset et oraison), héritage d’un acte distinct qui s’accomplissait hors de la Messe. Toutefois, il demeure réservé aux seuls « hommes » pour la valeur mimétique.

Le changement actuel prévoit que soient désignées des personnes choisies parmi tous les membres du peuple de Dieu. La valeur du geste est reportée désormais pas tant à l’imitation extérieure de ce que Jésus a fait, mais plutôt à la signification de ce qu’il a accompli avec une portée universelle, c’est-à-dire le don de soi « jusqu’au bout » pour le salut du genre humain, sa charité qui embrasse tous et rend tous frères par la pratique de son exemple. L’exemplum qu’il nous a donné afin que nous aussi nous fassions comme lui (cf. Jn 13,14-15) va au-delà, en effet, de l’acte de laver physiquement les pieds de l’autre, pour englober tout ce qu’un tel geste exprime en service d’amour tangible pour le prochain. Toutes les antiennes proposées dans le Missale durant le lavement des pieds rappellent et illustrent ce sens du geste, que ce soit pour celui qui le pose que pour celui qui le reçoit, pour celui qui le suit avec le regard et l’intériorise par le moyen du chant.

Le lavement des pieds n’est pas obligatoire dans la Missa in cena Domini. Ce sont les pasteurs à devoir en évaluer la convenance, selon les circonstances et les motifs pastoraux, de manière à ce qu’il ne devienne pas presque automatique ou artificiel, privé de signification et réduit à un simple élément scénique. Il ne doit pas non plus devenir important au point de catalyser toute l’attention de la Messe de la Cène du Seigneur, célébrée le « jour très saint où notre Seigneur Jésus Christ fut livré pour nous » (Communicantes propre du Canon Romain) ; dans les indications pour l’homélie, le Missel Romain rappelle la particularité de cette Messe, commémorative de l’institution de l’Eucharistie et du Sacerdoce, ainsi que du commandement du Seigneur sur la charité fraternelle, qui est la loi suprême pour tous et envers tous dans l’Eglise.

Il appartient aux pasteurs de choisir un petit groupe de personne qui représente tout le peuple de Dieu – laïcs, ministres ordonnés, époux, célibataires, religieux, personnes saines et malades, enfants, jeunes et personnes âgées – et non pas une seule catégorie ou condition. Il revient à ceux qui sont choisis d’offrir leur propre disponibilité avec simplicité, et finalement, il appartient è ceux qui organisent les célébrations liturgiques de préparer et disposer chaque chose pour aider tous et chacun à participer d’une manière fructueuse à ce moment : c’est la vie de chaque disciple du Seigneur, l’anamnèse du « commandement nouveau » entendu dans l’Evangile.

Arthur Roche Archevêque,

Secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.

 

Le Pape modifie le rite du lavement des pieds

Un nouveau décret a été publié concernant le rite du lavement des pieds. La congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a annoncé la décision du pape François le 21 janvier 2016. Voici le texte du décret dans son intégralité:

DÉCRET

Par le décret Maxima Redemptionis nostræ mysteria (30 novembre 1955) la réforme de la Semaine Sainte a donné la faculté, là où pastoralement cela semble bon, de faire le lavement des pieds à douze hommes pendant la Messe de la Cène du Seigneur, après la lecture de l’Evangile selon saint Jean, comme pour exprimer d’une manière représentative l’humilité et l’amour du Christ envers ses disciples.

Ce rite, dans la liturgie romaine, a été transmis sous le nom de Mandatum du Seigneur sur la charité fraternelle suivant les paroles de Jésus (cfr. Jn 13,34) qui sont chantées comme antienne durant la célébration.

En accomplissant ce rite, les Evêques et les prêtres sont invités à se conformer intimement au Christ, qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Mt 20,28) et, poussé par un amour qui va « jusqu’au bout » (Jn 13,1), donner sa vie pour le salut de tout le genre humain.

Pour manifester ce sens plénier du rite à ceux qui participent, il a paru bon au Souverain Pontife François de changer la norme qu’on lit dans les rubriques du Missalis Romani (p. 300 n. 11) : « Les hommes qui ont été choisis sont conduits … », qui doit être changée de la manière suivante : « Ceux qui ont été choisis parmi le peuple de Dieu sont conduits … » (et, par conséquent, aussi dans le Cæremoniale Episcoporum au n. 301, alors qu’au n. 299b on lira ainsi : « des sièges pour ceux qui ont été désignés »), de manière à ce que les pasteurs puissent choisir un petit groupe de fidèles qui représentent la variété et l’unité de chaque portion du peuple de Dieu. Ce petit groupe peut être composé d’hommes et de femmes et, comme il convient, de jeunes et d’anciens, de personnes en santé ou malades, de clercs, de consacrés et de laïcs.

Cette Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, en vertu des facultés concédées par le Souverain Pontife, introduit ce changement dans les livres liturgiques du Rite Romain, tout en rappelant aux pasteurs leur devoir d’instruire adéquatement aussi bien les fidèles choisis pour ce rite que les autres, afin qu’ils y participent de façon consciente, active et fructueuse.

Nonobstant toute chose contraire. De la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, le 6 janvier 2016, solennité de l’Epiphanie du Seigneur.

Robert Card. Sarah Préfet

Arthur Roche Archevêque Secrétaire

Discours du pape François lors de sa visite à la Grande Synagogue de Rome

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Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François lors de sa visite à la Grande Synagogue de Rome le 17 janvier 2016. [Texte original : italien, et hébreu© Traduction de Zenit, Anita Bourdin :

Chers frères et sœurs,
Je suis heureux de me trouver avec vous aujourd’hui dans cette Grande synagogue. Je remercie de leurs paroles courtoises le Dr Di Segni, Mme Dureghello et l’Avocat Gattegna, et je vous remercie tous de votre accueil chaleureux. Toda rabba, merci!

Lors de cette première visite que je fais dans cette synagogue en tant qu’évêque de Rome, je désire vous exprimer, en l’étendant à toutes les communautés juives, le salut fraternel de paix de cette Eglise et de toute l’Eglise catholique. Nos relations me tiennent beaucoup à cœur. A Buenos Aires déjà, j’avais l’habitude de me rendre dans les synagogues pour y rencontrer les communautés qui s’y réunissent, suivre de près les fêtes et les commémorations juives et rendre grâce au Seigneur qui nous donne la vie et qui nous accompagne sur le chemin de l’histoire. Au cours du temps, un lien spirituel s’est créé, qui a favorisé la naissance d’authentiques relations d’amitié et qui ont aussi inspiré un engagement commun.

Dans le dialogue interreligieux, il est fondamental que nous nous rencontrions comme des frères et sœurs devant notre Créateur et que nous lui rendions louange, que nous nous respections, et que nous nous apprécions mutuellement et que nous cherchions à collaborer. Et dans le dialogue judéo-chrétien, il y a un lien unique et particulier, en vertu des racines juives du christianisme : juifs et chrétiens doivent donc se sentir frères, unis par le même Dieu et par un riche patrimoine spirituel commun (cf. Déclaration Nostra aetate, 4), sur lequel se fonder pour continuer à construire l’avenir.

Par ma visite, je suis les pas de mes prédécesseurs. Le pape Jean-Paul II est venu ici il y a trente ans, le 13 avril 1986. Et le pape Benoît XVI a été parmi vous il y a déjà six ans. A cette occasion, Jean-Paul II a forgé cette expression de « frères aînés » et en effet vous êtes nos frères et nos sœurs aînés dans la foi. Nous appartenons tous à une unique famille, la famille de Dieu, qui nous accompagne et qui nous protège comme son peuple. Ensemble, en tant que juifs et en tant que catholiques, nous sommes appelés à assumer nos responsabilités pour cette ville, en apportant notre contribution, avant tout spirituelle, et en favorisant la résolution des différents problèmes actuels. Je souhaite que grandisse toujours plus la proximité, la connaissance réciproque, et l’estime entre nos deux communautés de foi. C’est pourquoi il est significatif que je sois venu parmi vous aujourd’hui, le 17 janvier, alors que la Conférence épiscopale italienne célèbre la Journée du dialogue entre catholiques et juifs.

Nous venons de commémorer le 50e anniversaire de la Déclaration du concile Vatican II, Nostra ætate, qui a rendu possible le dialogue systématique entre l’Eglise catholique et le judaïsme. Le 28 octobre dernier, place Saint-Pierre, j’ai pu saluer aussi de nombreux représentants juifs et je me suis exprimé ainsi : « Dieu mérite une gratitude particulière pour la véritable transformation qu’a subie, au cours de ces 50 années, la relation entre les chrétiens et les juifs. L’indifférence et l’opposition se sont transformées en collaboration et bienveillance. D’ennemis et étrangers, nous sommes devenus amis et frères. Le Concile, avec la déclaration Nostra ætate, a tracé la route : « oui » à la redécouverte des racines juives du christianisme ; « non » à toute forme d’antisémitisme et condamnation de toute injure, discrimination et persécution qui en découlent. »

Nostra ætate a défini théologiquement pour la première fois, de façon explicite, les relations de l’Eglise catholique avec le judaïsme. Elle n’a naturellement pas résolu toutes les questions théologiques qui nous concernent mais elle y a fait référence de façon encourageante, en fournissant un stimulant très important pour des réflexions ultérieures nécessaires. A ce propos, le 10 décembre 2015, la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme a publié un nouveau document qui affronte les questions théologiques qui ont émergé ces dernières décennies, depuis la promulgation de Nostra ætate. En effet, la dimension théologique du dialogue judéo-chrétien mérite d’être toujours plus approfondie, et je désire encourager tous ceux qui sont engagés dans ce dialogue, à continuer dans ce sens avec discernement et persévérance. Justement, d’un point de vue théologique, le lien indissoluble qui unit chrétiens et juifs apparaît clairement. Les chrétiens, pour se comprendre eux-mêmes, ne peuvent pas ne pas se référer à leurs racines juives, et l’Eglise, tout en professant le salut par la foi dans le Christ, reconnaît le caractère irrévocable de l’Ancienne Alliance, et l’amour constant et fidèle de Dieu pour Israël.

Avec les questions théologiques, nous ne devons pas perdre de vue les grands défis que le monde d’aujourd’hui doit affronter. Celui d’une écologie intégrale est désormais prioritaire, et, en tant que chrétiens et juifs, nous pouvons et nous devons offrir à l’humanité tout entière le message de la Bible sur la protection de la Création. Conflits, guerres, violences et injustices ouvrent des blessures profondes dans l’humanité, et nous appellent à renforcer l’engagement pour la paix et pour la justice. La violence de l’homme contre l’homme est en contradiction avec toute religion digne de ce nom, et en particulier les trois grandes religions monothéistes. La vie est sacrée, en tant que don de Dieu. Le cinquième commandement du Décalogue dit : « Tu ne tueras pas » (Ex 20, 13). Dieu est le Dieu de la vie, et il veut toujours la promouvoir et la défendre. Et nous, créés à son image et à sa ressemblance, nous sommes tenus de faire de même. Tout être humain, en tant que créature de Dieu, est notre frère, indépendamment de son origine ou de son appartenance religieuse. Toute personne doit être regardée avec bienveillance, comme Dieu le fait, lui qui tend à tous sa main miséricordieuse, indépendamment de leur foi et de leur provenance, et qui prend soin de ceux qui ont le plus besoin de Lui : les pauvres, les malades, les marginaux, les sans-défense. Là où la vie est en danger, nous sommes encore plus appelés à la protéger. Ni la violence ni la mort n’auront le dernier mot devant Dieu, qui est le Dieu de l’amour et de la vie.

Nous devons le prier avec insistance afin qu’il nous aide à mettre en pratique en Europe, en Terre sainte, au Moyen Orient, en Afrique et dans tout autre partie du monde, la logique de la paix, de la réconciliation, du pardon et de la vie. Au cours de son histoire, le peuple juif a dû faire l’expérience de la violence et de la persécution, jusqu’à l’extermination des juifs européens durant la Shoah. Pour la seule raison de leur appartenance au peuple juif, six millions de personnes ont été victimes de la barbarie la plus inhumaine, perpétrée au nom d’une idéologie qui voulait remplacer Dieu par l’homme. Le 16 octobre 1943, plus de mille hommes, femmes et enfants de la communauté juive de Rome ont été déportés à Auschwitz. Aujourd’hui, je désire me souvenir d’eux de façon spéciale : leurs souffrances, leurs angoisses, leurs larmes ne doivent jamais être oubliées. Et le passé doit nous servir de leçon pour le présent et pour l’avenir. La Shoah nous enseigne qu’il faut toujours la plus grande vigilance pour pouvoir intervenir rapidement pour défendre la dignité humaine et la paix.

Je voudrais exprimer ma proximité à chaque témoin de la Shoah encore vivant. Et je salue particulièrement ceux qui sont présents ici aujourd’hui. Chers frères aînés, nous devons vraiment être reconnaissants pour tout ce qu’il a été possible de réaliser ces cinquante dernières années, parce qu’entre nous ont grandi et se sont approfondies la compréhension réciproque, la confiance mutuelle et l’amitié.

Prions ensemble le Seigneur afin qu’il conduise notre chemin vers un avenir bon, meilleur. Dieu a pour nous des projets de salut, comme le dit le prophète Jérémie :« Je connais mes projets pour vous – oracle du Seigneur – des projets de paix et non de malheur, pour vous accorder un avenir plein d’espérance » (Jérémie 29, 11).

Que le Seigneur nous bénisse et nous protège. Qu’il fasse briller sur nous son visage et nous donne sa grâce. Qu’il tourne vers nous son visage et nous accorde la paix (cf. Nombres 6,24-26). Shalom alechem !

Message du pape François pour le Jubilé de la Miséricorde des jeunes garçons et filles

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Vous trouvez ci-dessous le texte complet du message du pape François pour le Jubilé de la Miséricorde des jeunes garçons et filles à Rome du 23 au 25 avril 2016:

Grandir en étant miséricordieux comme le Père

Chers jeunes,

l’Église vit l’Année Sainte de la Miséricorde, un temps de grâce, de paix, de conversion et de joie qui implique tout le monde : petits et grands, proches et lointains. Il n’y a pas de frontière ou de distance qui puissent empêcher la miséricorde du Père de nous rejoindre et de se rendre présente au milieu de nous. Désormais la Porte Sainte est ouverte à Rome et dans tous les diocèses du monde.

Ce temps précieux vous concerne vous aussi, chers jeunes garçons et filles, et je m’adresse à vous pour vous inviter à y prendre part, à en devenir les acteurs, vous découvrant enfants de Dieu (cf. 1 Jn 3, 1). Je voudrais vous appeler un par un, je voudrais vous appeler par votre nom, comme fait Jésus chaque jour, parce que vous savez bien que vos noms sont inscrits dans les cieux (Lc 10, 20), sont gravés dans le cœur du Père qui est le Cœur miséricordieux d’où naît toute réconciliation et toute douceur.

Le Jubilé est une année entière où chaque moment est dit saint afin que notre existence devienne entièrement sainte. C’est une occasion où nous redécouvrons que vivre en frères est une grande fête, la plus belle que nous puissions rêver, la fête sans fin que Jésus nous a enseigné à chanter dans son Esprit. Le Jubilé est la fête à laquelle Jésus invite vraiment chacun, sans distinctions et sans exclure personne. Pour cela j’ai désiré vivre aussi avec vous des journées de prière et de fête. Je vous attends nombreux, donc, au mois d’avril prochain.

“Grandir en étant miséricordieux comme le Père” est le titre de votre Jubilé, mais c’est aussi la prière que nous faisons pour vous tous, vous accueillant au nom de Jésus. Grandir en étant miséricordieux signifie apprendre à être courageux dans l’amour concret et désintéressé, signifie devenir grands aussi bien au physique qu’à l’intérieur. Vous vous préparez à devenir des chrétiens capables de choix et de gestes courageux, en mesure de construire chaque jour, aussi dans les petites choses, un monde de paix.

Vous êtes à un âge d’incroyables changements, où tout semble possible et impossible en même temps. Je vous répète avec beaucoup de force : « Demeurez sur le chemin de la foi avec une ferme espérance dans le Seigneur. Là se trouve le secret de notre chemin ! Lui nous donne le courage d’aller à contrecourant. Croyez-moi: cela fait du bien au cœur, mais il faut du courage pour aller à contrecourant et lui nous donne ce courage ! Avec lui nous pouvons faire de grandes choses ; il nous fera sentir la joie d’être ses disciples, ses témoins. Misez sur les grands idéaux, sur les grandes choses. Nous chrétiens nous ne sommes pas choisis par le Seigneur pour de petites bricoles, allez toujours au- delà, vers les grandes choses. Jouez votre vie pour de grands idéaux ! » (Homélie pour la journée des confirmés de l’Année de la Foi, 28 avril 2013).

Je ne peux pas vous oublier, jeunes garçons et filles, qui vivez dans des contextes de guerre, d’extrême pauvreté, de lutte quotidienne, d’abandon. Ne perdez pas l’espérance, le Seigneur a un grand rêve à réaliser avec vous ! Vos amis de votre âge qui vivent dans des conditions moins dramatiques que la vôtre, se souviennent de vous et s’engagent pour que la paix et la justice puissent appartenir à tous. Ne croyez pas aux paroles de haine et de terreur qui sont souvent répétées ; construisez au contraire des amitiés nouvelles. Offrez votre temps, préoccupez-vous toujours de celui qui vous demande de l’aide. Soyez courageux et à contrecourant, soyez des amis de Jésus, qui est le Prince de la paix (cf. Is 9, 6), « tout en Lui parle de miséricorde. Rien en Lui ne manque de compassion » (Misericordiae vultus, n. 8).

Je sais que vous ne pourrez pas tous venir à Rome, mais le Jubilé est vraiment pour tous et sera célébré aussi dans votre Églises locales. Vous êtes tous invités à ce moment de joie ! Ne préparez pas seulement les sacs et les banderoles, préparez surtout votre cœur et votre esprit. Méditez bien les désirs que vous remettrez à Jésus dans le sacrement de la Réconciliation et dans l’Eucharistie que nous célébrerons ensemble.

Quand vous traverserez la Porte Sainte, rappelez-vous que vous vous engagez à rendre sainte votre vie, à vous nourrir de l’Évangile et de l’Eucharistie, qui sont la Parole et le Pain de la Vie, pour pouvoir construire un monde plus juste et plus fraternel.

Que le Seigneur bénisse chacun de vos pas vers la Porte Sainte. Je prie pour vous l’Esprit Saint, afin qu’il vous guide et vous éclaire. Que la Vierge Marie, qui est Mère de tous, soit pour vous, pour vos familles et pour tous ceux qui vous aident à grandir en bonté et en grâce, une vraie Porte de la Miséricorde.

Du Vatican, le 6 janvier 2016, Solennité de l’Épiphanie du Seigneur

FRANCISCUS

Échos du Vatican

Retour dans cette émission sur le discours du Pape au corps diplomatique, et sur les 26 baptêmes administrés par le Pape lui-même en la chapelle Sixtine.

Discours du pape François à l’occasion des voeux du corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège

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Vous trouverez ci-dessous le texte complet du discours du pape François à l’occasion des voeux du corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège:

Excellences, Mesdames et Messieurs,

Je vous adresse une cordiale bienvenue à ce rendez-vous annuel, qui m’offre l’opportunité de vous présenter mes vœux pour la nouvelle année, me permettant de réfléchir avec vous sur la situation de notre monde, béni et aimé de Dieu, pourtant tourmenté et affligé de nombreux maux. Je remercie le nouveau Doyen du Corps diplomatique, Son Excellence Monsieur Armindo Fernandes do Espírito Santo Vieira, Ambassadeur d’Angola, pour les aimables paroles qu’il m’a adressées au nom de tout le Corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, alors que je désire rappeler d’une façon spéciale – à presqu’un mois de leur disparition – les regrettés Ambassadeur de Cuba, Rodney Alejandro López Clemente, et du Libéria, Rudolf P. von Ballmoos.

L’occasion m’est offerte aussi d’adresser une pensée particulière à tous ceux qui participent pour la première fois à cette rencontre, relevant avec satisfaction que, au cours de l’année passée, le nombre d’Ambassadeurs résidant à Rome s’est encore accru. Il s’agit d’une indication significative de l’attention avec laquelle la Communauté internationale suit l’activité diplomatique du Saint-Siège. Les Accords internationaux souscrits ou ratifiés au cours de l’année qui vient de s’achever en sont une preuve supplémentaire. Je désire, en particulier, citer ici les ententes spécifiques en matière fiscale signées avec l’Italie et les États-Unis d’Amérique, qui témoignent de l’engagement accru du Saint-Siège en faveur d’une plus grande transparence dans les questions économiques. Non moins importants sont les accords de caractère général, en vue de réguler des aspects essentiels de la vie et de l’activité de l’Église dans les différents pays, comme l’entente signée à Díli avec la République du Timor-Oriental.

Je désire également rappeler l’échange des Instruments de ratification de l’Accord avec le Tchad sur l’état juridique de l’Église catholique dans le pays, comme aussi l’Accord signé et ratifié avec la Palestine. Il s’agit de deux accords qui, avec le Mémorandum d’Entente entre la Secrétairerie d’État et le Ministère des Affaires étrangères du Koweït, montrent, entre autre, comment le vivre-ensemble pacifique entre des personnes appartenant à des religions différentes est possible, là où la liberté religieuse est reconnue et où la possibilité effective de collaborer à l’édification du bien commun, dans le respect réciproque de l’identité culturelle de chacun, est garantie.

D’autre part, chaque expérience religieuse authentiquement vécue ne peut que promouvoir la paix. Noël, que nous venons de célébrer et où nous avons contemplé la naissance d’un enfant sans défense, « appelé : Conseiller merveilleux, Dieu-fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix » (cf. Is 9, 5), nous le rappelle. Le mystère de l’Incarnation nous montre le vrai visage de Dieu, pour qui puissance ne signifie pas force et destruction, mais bien amour ; justice ne signifie pas vengeance, mais bien miséricorde. C’est dans cette perspective que j’ai voulu proclamer le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, inauguré exceptionnellement à Bangui au cours de mon voyage apostolique au Kenya, en Ouganda et en République Centrafricaine. Dans un pays longuement éprouvé par la faim, la pauvreté et les conflits, où la violence fratricide des dernières années a laissé des blessures profondes dans les âmes, déchirant la communauté nationale et engendrant misère matérielle et morale, l’ouverture de la Porte Sainte de la Cathédrale de Bangui a voulu être un signe d’encouragement à élever le regard, à reprendre la route et à retrouver les raisons du dialogue. Là où l’on a abusé du nom de Dieu pour commettre l’injustice, j’ai voulu rappeler, avec la communauté musulmane de la République Centrafricaine, que « celui qui dit croire en Dieu doit être aussi un homme, une femme de paix » [1], et donc de miséricorde, puisqu’on ne peut jamais tuer au nom de Dieu. Seule une Capture d’écran 2016-01-11 à 09.57.35forme idéologique et déviée de la religion peut penser rendre justice au nom du Tout-Puissant, en massacrant délibérément des personnes sans défense, comme cela est arrivé dans les attentats terroristes sanglants des mois derniers en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient.

La miséricorde a été comme le “fil conducteur” qui a guidé mes voyages apostoliques déjà au cours de l’année passée. Je me réfère surtout à la visite à Sarajevo, ville profondément blessée par la guerre dans les Balkans et capitale d’un pays, la Bosnie Herzégovine, qui revêt une signification spéciale pour l’Europe et pour le monde entier. Un tel carrefour de cultures, nations et religions s’efforce, avec des résultats positifs, de construire toujours de nouveaux ponts, de valoriser ce qui unit et de regarder les différences comme des opportunités de croissance dans le respect de tous. Cela est possible grâce au dialogue patient et confiant, qui sait faire siennes les valeurs de la culture de chacun et accueillir le bien provenant des expériences d’autrui [2].

Ma pensée va ensuite au voyage en Bolivie, en Équateur et au Paraguay, où j’ai rencontré des peuples qui ne se rendent pas face aux difficultés et affrontent avec courage, détermination et esprit de fraternité les nombreux défis qui les tourmentent, à commencer par la pauvreté diffuse et les inégalités sociales. Au cours du voyage à Cuba et aux États-Unis d’Amérique, j’ai pu embrasser deux pays qui ont été longuement divisés et qui ont décidé d’écrire une nouvelle page de l’histoire, en entreprenant un chemin de rapprochement et de réconciliation.

À Philadelphie, à l’occasion de la Rencontre mondiale des familles, comme aussi au cours du voyage au Sri Lanka et aux Philippines et avec le récent Synode des Évêques, j’ai rappelé l’importance de la famille, qui est la première et la plus importante école de miséricorde, où l’on apprend à découvrir le visage affectueux de Dieu et où notre humanité grandit et se développe. Malheureusement, nous connaissons les nombreux défis que la famille doit affronter en ce temps, où elle est « menacée par les efforts croissants de certains pour redéfinir l’institution-même du mariage à travers le relativisme, la culture de l’éphémère et un manque d’ouverture à la vie » [3]. Il y a aujourd’hui une peur diffuse face au caractère définitif que la famille exige et en font les frais surtout les plus jeunes, souvent fragiles et désorientés, et les personnes âgées qui finissent par être oubliées et abandonnées. Au contraire, « de la fraternité vécue en famille, naît (…) la solidarité dans la société » [4], qui nous porte à être responsable les uns des autres. Cela est possible seulement si dans nos maisons, de même que dans nos sociétés, nous ne laissons pas se sédimenter les peines et les ressentiments, mais donnons place au dialogue, qui est le meilleur antidote à l’individualisme si largement répandu dans la culture de notre temps.

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