Pour faire tomber les barrières

University et Front

Le centre-ville de Toronto où j’habite est de plus en plus désert. Une forteresse a été érigée au coin de la rue. Les rares citoyens qui s’aventurent encore à pied au-delà de cette frontière sont salués par des hordes de policiers, certains francophones. Ils ont beau être gentils, plusieurs résidents et gens d’affaires craignent « des débordements ». Il y en a qui ont peur de manifestants-anarchistes, d’autres appréhendent la brutalité policière.

Le propre de l’érection de ce périmètre de sécurité est la source et l’apothéose de cette peur. Il faut bien sûr, assurer la sécurité de nos dirigeants qui, c’est une bonne chose, doivent bien se parler face à face de temps à autre. En érigeant toutefois cette large barrière, ne met-on pas en marge les citoyens ordinaires, les pauvres (dans tous les sens du terme), les sans-voix? Notre monde tolère de moins en moins les voix divergentes. Et pourtant…

Pourtant à Winnipeg se tient en ce moment un autre G8, celui des leaders religieux. En s’inspirant de valeurs communes, différentes religions du monde veulent se faire « la voix des sans-voix » et rappeler aux dirigeants du G8 et du G20 leur obligation à l’égard des plus faibles et de la création.

Journaliste à S+L, Rita Sawaya est à Winnipeg et nous fera part de ses observations aujourd’hui à Perspectives.

Et pour ma part, barrière ou pas, je reste chez moi ce weekend!

Le récit de Tibéhirine à Cannes: étonnante fécondité de sept moines

Quelle surprise de découvrir qu’un film sur les moines de Tibéhirine était en compétition officielle au festival de Cannes et avait des chances d’avoir un prix.

Des acteurs renommés jouent donc dans « Des homme et des dieux », de Xavier Beauvois. Ce film raconte les trois dernières années de la vie de sept moines trappistes d’Algérie ; ils avaient décidé de rester dans leur monastère malgré les menaces de mort. Ils ont vécu leur compagnonnage avec leurs amis algériens jusqu’au bout.

Leur témoignage est unique car il est à la fois personnel et communautaire.

Les courts extraits évoquent la profondeur et la simplicité de la vie monastique. Le réalisateur a voulu montrer des hommes qui se préoccupent des autres, vivant une vraie fraternité avec leurs voisins. Les acteurs eux-mêmes ont été marqués par ce tournage et ont même formé une sorte de communauté. Le chant monastique les a transformés.

La décision des moines de rester ensemble jusqu’au bout rejoint chacun de nous dans nos propres choix que nous soyons croyants ou non. Voir une petite communauté fragile de sept moines,  vivre dans un village algérien le quotidien avec les relations de voisinage peut inspirer. Surtout, ils ont cru au dialogue possible avec d’autres croyants de différentes religions.

Dans ses écrits et son testament, Christian de Chergé,  a toujours parlé de ses « frères » et a misé sur une conviction évangélique : reconnaitre chaque être humain comme un frère ou une sœur en Jésus-Christ, quoiqu’il fasse.

A présent, par ce film, la vie monastique, par le témoignage des sept moines, va être plus accessible au grand public. Cependant, quatorze ans seulement après leur mort, on peut se demander comment les familles des moines vont réagir.

Même si ce film n’obtient pas de prix, il reste qu’il a déjà touché une salle entière de spectateurs. Étonnante fécondité de sept moines.

Qu’en cette veille de Pentecôte, alors que les souvenirs sont ravivés, car c’est à la Pentecôte 1996 que l’annonce de la mort des moines a été officielle, l’Esprit nous pousse à aller de l’avant et à témoigner de l’amour de Dieu jusqu’au bout. Voyez un extrait.


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