Il ne parle pas les langues étrangères mais il communique beaucoup. Le pape François semble incarner un nouveau modèle d’expression au sein même du Vatican. Pour en parler, Charles Le Bourgeois s’est entretenu avec le père Federico Lombardi, porte-parole de la salle de presse du Saint-Siège, et directeur de Radio Vatican.
Les débuts du pape François : « un véritable séisme »
Le 13 mars 2013 marque le début du pontificat du pape François. En quelques jours, par ses premiers mots et ses premiers gestes, il a imposé son style : direct, spontané, proche des gens. Provoquant « un engouement très fort », et allant jusqu’à changer l’image de l’Eglise « auprès des fidèles chrétiens ». C’est l’analyse de Romilda Ferrauto, rédactrice en chef de la section française de Radio Vatican. Dans un entretien accordé à Sel et Lumière, elle livre ses impressions, sur les premiers mois du pape François. Elle est interrogée par Charles Le Bourgeois.
Entretien avec l’aumônier des gardes suisses
C’est en janvier 1506 que le pape Jules II fonde la Garde suisse pontificale. Considérée à l’époque comme une troupe d’élite, ses soldats sont recrutés pour leur fidélité, leur noblesse et leur force. Leur mission principale ? Veiller constamment sur la sécurité de la personne sacrée du Saint-Père et de sa résidence. Sacrifiant si nécessaire leur vie pour sa défense. En cinq siècles, la Garde suisse est devenue une communauté d’hommes, qui par son caractère catholique, confère une importance centrale à la pratique religieuse. C’est pourquoi cette troupe dispose d’un aumônier qui accompagne quotidiennement ses soldats dans la foi.
C’est actuellement, Mgr Alain de Raemy qui est l’aumônier de la Garde suisse. Il répond aux questions de Charles Le Bourgeois
Habemus Franciscum
« Annuntio vobis gaudium magnum: habemus papam ». Puis c’est l’effervescence, l’excitation, des cris de joies sur la place Saint-Pierre où sont rassemblés des milliers de personnes dans une ambiance très festive. Vient ensuite la surprise et la stupéfaction dans la foule lorsque le cardinal Jean-Louis Tauran, depuis la loggia centrale de la basilique vaticane, annonce le nom du cardinal élu : « Cardinalem Bergoglio ». « Qui est-ce ? », s’interrogent très simplement les gens visiblement pris de court. Jorge Mario Bergoglio n’avait pas son nom dans la courte liste des « papabili », il a déjoué les pronostics des fidèles, des spécialistes et de la presse. C’est sûr, les critères dans l’Église ne sont pas ceux du monde. Et la surprise ne s’arrête pas là, car le nouveau pape choisit de prendre un nom encore jamais porté par ses prédécesseurs : Franciscum. C’est le prénom de Saint François d’Assises, un homme riche qui se fait pauvre, solidaire des plus démunis et des marginalisés, dénonçant les injustices. Celui qui dans un rêve voit l’Eglise s’effondrer, et à qui Jésus dit : « François, ma maison tombe en ruines et s’écroule. Va et reconstruis-là ».
En choisissant son nom, le pape François annonce donc son programme : reconstruire le visage de l’Église entaché par de nombreux scandales. Autre mission : évangéliser par la simplicité et l’humilité. Et c’est ainsi qu’il est apparu mercredi soir à la loggia de la basilique Saint-Pierre, très simplement : sans mozette rouge ni croix pectorale dorée, en se présentant comme « l’évêque de Rome ». Avec une attention toute particulière pour son prédécesseur : « Avant tout je voudrais faire une prière pour notre évêque émérite Benoît XVI, prions ensemble pour que le Seigneur le bénisse et que la Madone le protège ». Après la récitation du Notre Père et de l’Ave Maria, le nouveau Souverain Pontife a souhaité un monde de « fraternité », d’ « amour » et de « confiance » : « Prions pour le monde entier, qu’il y ait une grande fraternité, je vous souhaite que ce chemin de l’ Église que nous commençons aujourd’hui soit pour l’évangélisation de la Ville ». « Maintenant, a-t-il poursuivit, je voudrais vous donner la bénédiction mais avant je vous demande une faveur, que vous priiez, que vous donniez la bénédiction à votre évêque ». Et en s’inclinant, dans un silence chargé d’émotion, le pape François demande à la foule de prier pour lui, avant qu’à son tour il ne donne sa bénédiction à l’Église et au monde. [Read more…]
« Extra Omnes », les cardinaux en conclave
« Extra Omnes », c’est par cette formule latine que les portes de la chapelle Sixtine se sont fermées ce mardi, à 17h35, heure de Rome. Désormais tous les regards sont tournés vers la cheminée de la chapelle Sixtine. Celle qui annoncera par une fumée blanche l’élection du successeur de Benoît XVI, le 266ème pape de l’Église catholique. Ce mardi, à 16h15, les 115 cardinaux électeurs en habit de chœur, soutane rouge et surplis blanc, sont entrés en procession dans la Chapelle Sixtine, en chantant la litanie des saints d’Orient et d’Occident, pour souligner le caractère universel du conclave. Après s’être installés à la place qui leur a été attribuée, les cardinaux ont invoqué l’Esprit-Saint en entonnant le chant du Veni Creator,puis ils ont prêté serment, tous ensemble, de garder le secret du conclave : « Nous promettons et nous jurons surtout de garder avec la plus grande fidélité et avec tous, clercs et laïcs, le secret sur tout ce qui concerne d’une manière quelconque l’élection du pontife romain et sur ce qui se fait dans le lieu de l’élection et qui concerne directement ou indirectement les scrutins ; de ne violer en aucune façon ce secret aussi bien pendant qu’après l’élection du nouveau pontife, à moins qu’une autorisation explicite en ait été accordée par le pape lui-même ». Puis individuellement, les uns après les autres selon l’ordre de préséance, les cardinaux ont juré la main sur l’Évangile : « Et moi, N. Cardinal N., je le promets, j’en fais le vœu et je le jure… Que Dieu m’y aide ainsi que ces saints Évangiles que je touche de ma main ». [Read more…]
Benoît XVI devient un « simple pèlerin »
« Ce n’est bien évidemment pas un jour comme les autres » disait Benoît XVI avant de se retirer définitivement de ses fonctions. Et pour cause, les lumières sont éteintes dans ses appartements place Saint-Pierre ce jeudi soir. Une journée particulièrement longue et éprouvante pour ce pape émérite qui a salué une dernière fois ce matin le collège cardinalice, et autres prélats de la Curie. Lors de cette ultime rencontre salle Clémentine au Vatican, le cardinal doyen, Angelo Sodano, s’est adressé à Benoît XVI de la part de ses pairs, le remerciant pour son « service apostolique de grande abnégation, totalement tendu vers le bien de l’Église et de l’humanité ». Et en faisant référence à l’expérience des disciples d’Emmaüs, il poursuit : « c’est avec amour que nous avons essayé d’accompagner votre chemin…Oui, très Saint-Père, notre cœur brulait ces dernières années à vos côtés et, aujourd’hui, nous voulons vous redire toute notre gratitude ». Benoît XVI quant à lui, dans une courte allocution est revenu sur la nature de l’Église, faisant référence au philosophe et théologien Romano Guardini : « L’Église n’est pas une institution inventée, mais une réalité vivante. Elle vit au long des siècles et grandit comme tout être vivant, en se transformant, tout en restant elle-même, car son cœur est le Christ…Vivant dans le monde, elle n’est pas du monde, mais de Dieu, du Christ et de l’Esprit ». Lors de ces échanges l’émotion était forte, certains pleuraient, d’autres étaient au bord des larmes. Benoît XVI, visiblement fatigué mais attentif, a pris le temps de saluer une toute dernière fois les cardinaux présents, et a promis révérence et obéissance inconditionnelles à son successeur. [Read more…]
Noble départ de Benoît XVI
C’est un coup de tonnerre au plus haut sommet de l’Église. Le renoncement de Benoît XVI à poursuivre son pontificat a pris tout le monde de court. Partout, l’annonce a provoqué une onde de choc. Une grande partie des fidèles salue le courage du souverain pontife et juge son choix lucide, mais d’autres comprennent mal sa décision.
Il a pris le monde entier au dépourvu, mais il n’avait pas caché cet éventuel départ. Dans Lumière du Monde, publié en 2010, Benoît XVI déclarait : « Quand un pape en vient à reconnaître en toute clarté que physiquement, psychiquement et spirituellement, il ne peut plus assumer la charge de son ministère, alors il a le droit et, selon les circonstances, le devoir de se retirer ».
C’est désormais chose faite. La décision est grave reconnait Benoît XVI, et d’une grande importance pour la vie de l’Église. L’annonce a suscité de nombreuses réactions. Dans l’Église d’abord. Le cardinal Angelo Sodano, doyen du collège des cardinaux, a été le premier à réagir, en exprimant sa solidarité au nom des cardinaux. « Nous vous sommes plus que jamais proches, comme nous l’avons été au long de ces huit années d’un pontificat lumineux » a-t-il confié au Saint-Père directement après sa déclaration officielle. Mais la stupeur s’étend au-delà de l’Église catholique. Le chef spirituel des anglicans, Justin Welby, dit « comprendre » la démission de Benoît XVI, mais confie avoir le « cœur lourd ». De son côté le grand rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger, a déclaré que le Pape Benoît XVI avait amélioré les relations entre le christianisme et le judaïsme, contribuant à une « diminution des actes antisémites dans le monde ». [Read more…]