Synode sur les jeunes: les vœux du pape François

(CNS photo/Paul Haring) See POPE-SYNOD-BEGINS Oct. 3, 2018.

Le synode sur les jeunes, la foi et le discernement s’est ouvert ce mercredi 3 octobre 2018, au Vatican. Pendant 3 semaines, des évêques, cardinaux, experts et jeunes du monde entier se rassemblent, autour du Saint-Père, pour échanger sur la manière dont l’Église aujourd’hui doit accompagner les jeunes dans leur vocation.

Jusqu’au 28 octobre prochain les 409 participants à cette Assemblée sont appelés à parler avec courage et franchise, en intégrant « liberté, vérité et charité ». C’est en ces termes que le Pape s’est adressé aux pères synodaux lors de son discours d’ouverture. Comme il l’avait déjà fait auparavant, le Pape François a insisté sur la nécessité de parler franc, car selon lui « une critique honnête et transparente est constructive », contrairement aux rumeurs et aux préjugés.

Si les participants sont invités à s’exprimer librement, ils sont aussi appelés à écouter humblement ; condition sine qua non à l’espace de dialogue. « C’est important pour le synode ! » a insisté le Pape qui demande que les travaux soient notamment rythmés par des moments de silence pour permettre à chacun d’intérioriser.

Mais « l’attitude de l’écoute ne peut pas se limiter aux paroles que nous échangerons » avertit François qui reconnait une Église en « déficit d’écoute » vis-à-vis des jeunes notamment qui ne se sentent ni compris ni accueillis, et parfois même rejetés par l’Église. Voilà pourquoi le Saint-Père invite ce synode à sortir des préjugés et des stéréotypes. Afin qu’il soit le signe d’une Église qui écoute, qui se laisse interpeler, sans toujours avoir une réponse toute faite, afin d’être plus crédible auprès des jeunes.

Le Saint-Père veut aussi mettre en garde contre les obstacles au dialogue et à la rencontre entre générations. Car « les jeunes sont tentés de considérer les adultes comme dépassés, et les adultes sont tentés de prendre les jeunes pour inexpérimentés. » Alors que les jeunes ne sont qu’une quarantaine au sein de cette Assemblée synodale, François veut éviter le risque de parler d’eux « à partir de catégories et de schémas mentaux désormais dépassés. » Voilà un des écueils à éviter lors de ce synode, afin de rendre possible une alliance entre générations.

L’autre risque auquel sont exposés les pères synodaux c’est le cléricalisme. Cette « perversion est la racine de nombreux maux dans l’Église », explique le Pape qui appelle les prélats à éviter ce fléaux en interprétant leur ministère non pas comme « un pouvoir à exercer », mais comme « un service gratuit et généreux à offrir. »

Si le présent, et notamment celui de l’Église, apparaît chargé d’ennuis, de problèmes, et de fardeaux, le Saint-Père exhorte toutefois à ne pas se laisser « tenter par les prophéties de malheur ». Au lieu de compter les échecs et ressasser les amertumes il invite plutôt à tourner le regard « sur le bien qui souvent ne fait pas de bruit, n’est pas le thème des blogs et ne fait pas la une des journaux. »

En conclusion de son discours le souverain pontife appelle de ses vœux « des propositions pastorales concrètes en mesure de réaliser la tâche du synode lui-même, c’est-à-dire de faire germer des rêves, susciter des prophéties et des visions, faire fleurir des espérances, stimuler la confiance, bander les blessures, tisser des relations, ressusciter une aube d’espérance, apprendre l’un de l’autre, et créer un imaginaire positif qui illumine les esprits, réchauffe les cœurs, redonne des forces aux mains, et inspire [à tous les jeunes] la vision d’un avenir rempli de la joie de l’Evangile. »

 

40 ans après sa mort, que retenir du « Pape au sourire » ?

(CNS photo/L’Osservatore Romano)

33 jours. C’est la très courte période durant laquelle Jean-Paul Ier a gouverné l’Église en tant que successeur de Pierre, du 26 août au 28 septembre 1978. Aujourd’hui, le quarantième anniversaire de sa mort nous donne l’occasion de revisiter ce pontificat, le plus court de l’histoire récente de la papauté.

Hormis son bref passage sur le Siège apostolique, que peut-on retenir d’Albino Luciani, surnommé « le Pape au sourire » ?

Au lendemain de son élection, le 27 août 1978,  le pontife fraîchement élu prend la parole place Saint-Pierre, lors de la prière de l’Angélus. Il revient alors sur les raisons qui l’ont poussées la veille à choisir son nom. « J’ai fait le raisonnement suivant : le pape Jean m’a consacré ici, dans la basilique de Saint-Pierre, puis, bien qu’indignement, je lui ai succédé sur le siège de saint Marc, en cette Venise qui est encore toute remplie de lui. Ensuite, […] le pape Paul m’a nommé cardinal, […] en quinze ans de pontificat, ce pape a montré, au monde entier, comment on aime, comment on sert, comment on travaille et on souffre pour l’Église du Christ. Pour cela, j’ai dit : “Je m’appellerai Jean-Paul”. Je n’ai ni la “sagesse du cœur” du pape Jean, ni la préparation et la culture du pape Paul. Cependant, je suis à leur place, je dois tâcher de servir l’Église. J’espère que vous m’aiderez par vos prières. » C’est donc en l’honneur de ses deux prédécesseurs que Jean-Paul Ier a choisi ce nom. Et c’était original, puisqu’aucun Pape avant lui n’avait choisi un prénom composé.

D’entrée de jeu, les premières paroles du nouveau pontife laissent transparaître, outre sa simplicité, une certaine humilité. Et du reste, c’est précisément le sujet de son allocution lors de sa première audience générale, le 6 septembre 1978.  « A ma droite et à ma gauche il y a des Cardinaux et des Evêques, mes frères dans l’épiscopat. Moi, je suis seulement leur frère aîné », lançait-il à la foule en introduction de sa catéchèse. « Nous devons nous sentir petits devant Dieu. Quand je dis : « Seigneur, je crois », je n’ai aucune honte à me sentir comme un enfant devant sa maman », disait-il encore avant d’exhorter les fidèles : « Même si vous avez accompli de grandes choses, dites : nous sommes des serviteurs inutiles. Nous avons une tendance toute contraire : nous voulons nous mettre en évidence. Humble, humble : c’est la vertu chrétienne qui nous concerne nous-mêmes. »

Les mots ne sont pas restés seuls. En effet, le 263ème Pape s’efforce dès son intronisation à humaniser la charge pontificale, en refusant par exemple de coiffer la tiare (lourde couronne à trois étages, symbole du pouvoir pétrinien). Le souverain pontife avait à cœur de rompre avec les lourdeurs protocolaires afin de se rendre plus accessible.

C’est précisément ce qu’explique l’actuel secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, dans la préface d’un ouvrage qui lui est consacré. Il décrit Jean-Paul Ier comme un pasteur proche du peuple de Dieu, insistant notamment sur « la proximité, l’humilité, la simplicité, la miséricorde de Dieu, la solidarité fraternelle et l’amour du prochain. » « Il n’a pas été choisi pour être un pasteur, mais parce qu’il l’était », avance encore le numéro 2 du Vatican, pour qui l’importance de son pontificat est inversement proportionnelle à sa durée.

Le 8 novembre 2017, le pape François a reconnu les vertus héroïques de Jean-Paul Ier, ouvrant ainsi la voie à sa béatification.

Retour sur le voyage du Pape dans les pays baltes

Pope Francis greets the crowd before celebrating Mass in Freedom Square in Tallinn, Estonia, Sept. 25. (CNS photo/Paul Haring) See POPE-ESTONIA Sept. 25, 2018.

Alors que le voyage du Pape dans les pays baltes s’est conclu ce mardi, il convient maintenant de tirer un bilan de ces 4 jours de visites en Lituanie, Lettonie et Estonie.

Pour son 25ème voyage apostolique hors d’Italie, le pape François venait célébrer le 100ème anniversaire de l’indépendance des états baltes. Tout au long de son voyage, le successeur de Pierre n’a cessé de s’arrêter sur les périodes sombres de leur histoire, demandant à chacun de garder la mémoire du passé, de l’assumer, et d’honorer les anciens qui se sont battus pour l’indépendance et la liberté.

S’adressant justement aux vieilles générations, le Pape a estimé qu’elles sont « les racines d’un peuple, les racines des jeunes bourgeons qui doivent fleurir du fruit. » Il les appelle donc à défendre ces racines, à les garder vivantes « pour que les enfants et les jeunes s’y greffent et comprennent que tout ce qui, sur l’arbre, a fleuri, vit de ce qui se trouve sous terre. »

Le Pape a également encouragé les chrétiens à s’engager dans le présent pour construire l’avenir, en oubliant ses peurs, et en se mettant en sortie, aux côtés notamment des plus petits et des oubliés : les minorités ethniques, les chômeurs, les personnes âgées isolées, ou même les jeunes qui ne trouvent pas de sens à leur vie. « C’est ce face à face avec les autres que nous devons risquer », a expliqué le Saint-Père en s’adressant aux jeunes, leur demandant de faire le pari de la sainteté à travers la rencontre avec l’autre.

Une rencontre avec l’autre qui se vit également dans l’œcuménisme. C’est ce qu’a souligné  François dans la cathédrale luthérienne de Riga, en Lettonie. En évoquant un « œcuménisme vivant », dans ce pays majoritairement luthérien, il a salué le parcours de respect, de collaboration et d’amitié entre les diverses Églises chrétiennes qui ont réussi à créer de l’unité tout en gardant la richesse et la singularité propre à chacune.

En Lettonie, pays pour sa part très catholique, le Pape a lancé un avertissement au clergé. Evoquant l’histoire spécifique de ce pays, et de ces martyrs anonymes dont on ne connait même pas les lieux de sépultures, le Pape met en garde contre de nouveaux dangers qui menacent les prêtres et les consacrés. « Ce ne sont plus les dictateurs qui persécutent, mais c’est un mal insidieux qui fait beaucoup de dégâts. C’est l’esprit de sécularisation et d’ennui », a-t-il lancé en invitant son auditoire à soigner son temps d’intimité avec le Seigneur.

Lors de sa dernière étape en Estonie, un des pays les plus athées du monde, le souverain pontife a appelé de ses vœux une Église plus lisible pour les jeunes. A l’approche justement du synode à Rome sur les jeunes, la foi et le discernement, le Saint-Père a rappelé les exigences des jeunes envers des Églises « qui parfois leur semblent trop lointaines. »

Bien que les trois pays baltes visités ces derniers jours par le Pape vivent  des réalités différentes, à chacun d’entre-deux le Saint-Père a voulu porter un message de paix et d’espérance, les invitant à puiser dans leur passé la force d’affronter les défis du présent et de l’avenir.

Au service du Pape, jusqu’à la mort si nécessaire

La plus ancienne armée du monde compte désormais 32 nouvelles recrues. Dans la cour Saint-Damase, derrière le palais apostolique au Vatican, la Garde suisse Pontificale accueillait ce dimanche ses nouveaux soldats, au son des tambours et des trompettes.

Fidèle à la tradition, en uniforme, très solennels, les nouveaux soldats du Pape ont prêté serment, les uns à la suite des autres. La main gauche sur le drapeau de la Garde pontificale, la main droite levée  vers le ciel, trois doigts tendus, pour symboliser la Sainte-Trinité, ils jurent de servir « fidèlement, loyalement et de bonne foi, le souverain pontife régnant, François, et ses légitimes successeurs. » Ils jurent de se dévouer pour eux de toutes leurs forces, sacrifiant si nécessaire leur vie pour leur défense.

Au cours de cette assermentation, les recrues s’engagent par ailleurs à assumer les mêmes devoirs vis-à-vis du Collège des cardinaux, en cas de vacance du Siège apostolique, et promettent aussi «respect, fidélité et obéissance» à leur Commandant et autres supérieurs. « Je le jure, disent-ils, aussi vrai que Dieu et nos Saints Patrons m’assistent. »

Cette prestation de serment se tient chaque année le 6 mai, date anniversaire du sacrifice de 189 gardes suisses qui ont défendu la vie du pape Clément VII, lors du sac de Rome par les troupes de Charles Quint, le 6 mai 1527.

Aujourd’hui, avec 135 militaires dans ses rangs, la Garde suisse Pontificale est la seconde plus petite armée du monde. Pour y rentrer, ses hommes doivent être citoyens suisses « de bonne réputation », célibataires et catholiques, avoir terminé l’école de recrue en Suisse et avoir de bonnes conditions physiques. Ils doivent mesurer au moins 1m74 et ne doivent pas avoir plus de 30 ans.

La laïcité selon Emmanuel Macron

Rencontre inédite entre les évêques de France et le président de la République Emmanuel Macron. Lundi 9 avril, au collège des Bernardins (Paris), traditionnel lieu de dialogue entre l’Église et la société, le président Français a donné un long discours, en soulignant d’entrée de jeu le lien abimé entre l’Église et l’État, et dans lequel il invite notamment les catholiques à s’engager en politique. Un appel qui a immédiatement suscité l’ire de ceux qui y voient une atteinte à la laïcité.

Pour un des représentants de la gauche ultra-laïque et anti-cléricale le discours tenu par le président constitue « un affront inédit et dangereux » à la loi de 1905. Cette loi dite de « séparation des Églises et de l’État », aussi laïque soit elle en ne reconnaissant aucun culte, ne signifie pas que l’État doit être étranger au fait religieux. Au contraire, dans la mesure où il s’engage à garantir à chacun le libre exercice des cultes.

C’est ce que semble penser Emmanuel Macron pour qui « la laïcité n’a certainement pas pour fonction de nier le spirituel […] ni de déraciner de nos sociétés la part sacrée qui nourrit tant de nos concitoyens ». Et le chef de l’État veut ainsi résumer son point de vue : «  un président de la République prétendant se désintéresser de l’Église et des catholiques manquerait à son devoir. »

Le président Français a donc fait le choix d’une laïcité inclusive, privilégiant la rencontre et le dialogue, et soulignant notamment la nécessité de réparer le lien abimé entre l’Église et l’État. Allusion à peine voilée aux relations entre son prédécesseur François Hollande et les catholiques qui, selon lui, avaient été « ignorés », voire « humiliés » lors du précédent quinquennat, dans le contexte des manifestations contre le Mariage pour Tous.

Mais pour certains, « réparer » ce qui est « abimé », relève du scandale, car « le lien entre l’Église et l’État n’a pas lieu d’être. » Pour le chef de l’État, au contraire, il  est de sa responsabilité « de ne pas laisser s’éroder la confiance des catholiques à l’égard de la politique – et des politiques –  en particulier dans ce moment de grande fragilité sociale, quand l’étoffe même de la nation risque de se déchirer. »

Quant à l’appel du Président qui demande aux catholiques de s’engager, pourquoi s’en offusquer ? La politique, pense Emmanuel Macron, a besoin « de l’énergie des engagés ». Ainsi, la République devrait attendre de ses citoyens, un engagement actif dans la société civile, afin que les débats, notamment, soient le reflet de cette société plurielle, dans ses composantes politiques, mais aussi religieuses, philosophiques et humanistes.

Confirmant ainsi sa vision de la laïcité, celle où la religion a voix au chapitre au même titre que les autres corps constitués, Emmanuel Macron souligne toutefois que la voix de l’Église ne peut pas être « injonctive », mais « questionnante »… Une manière certainement d’afficher clairement ses intentions vis-à-vis des prochaines lois sur la bioéthique…

En tout état de cause, à lire attentivement son discours à aucun moment le président Français ne semble commettre une infraction à la laïcité dont il sait qu’il est le garant. Il reconnait en revanche que la société quant à elle est plurielle, et que cette pluralité doit pouvoir s’exprimer, car la foi, estime-t-il, comme toute autre source d’absolu, « peut être nécessaire à la société si elle est au service de l’universel. »

Le cadre est donné. Désormais, tout reste à faire.

Il y a 5 ans Benoît XVI devenait « un simple pèlerin »

Ce n’était pas une journée comme les autres. Le pape émérite Benoît XVI le confiait avec émotion il y a 5 ans, le 28 février 2013, lorsqu’il se retirait définitivement de ses fonctions. Ce jeudi soir au Vatican, place Saint-Pierre, les lumières étaient éteintes dans ses appartements, et bon nombre de fidèles catholiques se sentaient orphelins.

La journée avait été longue, et éprouvante. Dans la matinée le Saint-Père, alors âgé de 85 ans, saluait une dernière fois le collège des cardinaux et autres prélats de la Curie romaine. Lors de cette ultime rencontre salle Clémentine au Vatican, le cardinal doyen, Angelo Sodano, s’adressait à Benoît XVI de la part de ses pairs, le remerciant pour son « service apostolique de grande abnégation, totalement tendu vers le bien de l’Église et de l’humanité ». Et en faisant référence à l’expérience des disciples d’Emmaüs, il poursuivait : « c’est avec amour que nous avons essayé d’accompagner votre chemin…Oui, très Saint-Père, notre cœur brulait ces dernières années à vos côtés et, aujourd’hui, nous voulons vous redire toute notre gratitude ».

Benoît XVI quant à lui, dans une courte allocution, revenait sur la nature de l’Église, faisant référence au philosophe et théologien Romano Guardini : « L’Église n’est pas une institution inventée,  mais une réalité vivante. Elle vit au long des siècles et grandit comme tout être vivant, en se transformant, tout en restant elle-même, car son cœur est le Christ…Vivant dans le monde, elle n’est pas du monde, mais de Dieu, du Christ et de l’Esprit ». Lors de ces échanges l’émotion était forte et certains laissaient couler leurs larmes. Benoît XVI, visiblement fatigué mais attentif, prenait le temps de saluer une toute dernière fois les cardinaux présents, en promettant révérence et obéissance inconditionnelles à son successeur.

Plus tard dans l’après-midi, aux alentours de 17h, le Pape démissionnaire embarquait à bord d’un hélicoptère pour se rendre, 15 km au sud de Rome, à sa résidence d’été, survolant notamment la place Saint-Pierre, dont les cloches de la basilique sonnaient à toute volée pour un dernier hommage.

À peine vingt minutes plus tard, le souverain pontife arrivait à Castel Gandolfo où l’attendaient plusieurs milliers de fidèles venus lui dire adieu. Face à eux, depuis le balcon du palais pontifical, il apparaissait une dernière fois, publiquement, en tant que Pape. Les remerciant pour leur amitié et leur affection il a redit son désir de continuer à travailler pour l’Église avec tout son cœur, avec tout son amour, avec sa prière et avec toutes ses forces intérieures. Puis il les a exhortés à aller « de l’avant avec le Seigneur pour le bien de l’Église et du monde ». Voilà en substance le dernier message lancé par Benoît XVI à la foule, en qualité de Pape.

C’était la première fois depuis 700 ans qu’un souverain pontife faisait ses adieux aux fidèles. Le Pape émérite devenait alors, selon ses propres mots, un simple « pèlerin qui entame la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre ». Aujourd’hui, alors que ses forces physiques déclinent considérablement, Benoît XVI dit être « en pèlerinage vers la maison. »

Persécution en hausse contre les chrétiens

215 millions. C’est le nombre de chrétiens persécutés dans le monde, et c’est un chiffre en constante augmentation depuis 5 ans, selon un document de l’ONG Portes Ouvertes. Cette organisation publie chaque année l’Index Mondial de Persécution qui recense les 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés en raison de leur foi.

Dans ce nouveau rapport, publié le 10 janvier 2018, c’est la Corée du Nord qui reste en tête de classement, depuis 17 ans. En effet, dans ce pays totalitaire la foi en Dieu est une grave entorse au culte rendu au « grand leader » du régime. Les 300 000 chrétiens du pays vivent donc dans le plus grand secret, par peur d’être dénoncés et considérés comme traitres à la Nation.

Deuxième au classement, l’Afghanistan, où selon l’ONG les islamistes occupent un territoire de plus en plus étendu, accentuant ainsi la pression sur les quelques chrétiens du pays. « Tout chrétien converti doit s’attendre à voir sa maison détruite ou à être mis à mort. En général il doit cacher sa foi, parfois même à ses propres enfants. »

La Somalie est le troisième pays où la persécution est la plus sévère. Sur cette terre musulmane, quiconque est suspecté d’être chrétien court le risque d’être persécuté à mort, par sa famille ou par les autorités locales. Notons par ailleurs que les combattants du groupe terroriste Al Shabab sont sans pitié pour les chrétiens…

Vient ensuite le Soudan, le Pakistan, l’Érythrée, la Libye, l’Irak, le Yémen, l’Iran et l’Inde. Dans tous ces pays la persécution est « extrême », précise l’association qui établit son classement grâce à une étude de terrain, en distinguant deux types de persécution. « La persécution marteau » qui relève d’une violence physique et matérielle, soudaine et brutale, et « la persécution étau » qui consiste en une oppression discrète et quotidienne, dans tous les domaines de la vie.

Dans le détail, le document révèle que ce sont au moins 3 066 chrétiens qui ont été tués l’année passée à cause de leur foi. Soit une augmentation de 154% par rapport à l’année précédente. En revanche, avec au moins 800 églises attaquées en 2017, le nombre d’édifices religieux pris pour cibles est en baisse de 40%.

Aujourd’hui, selon Portes Ouvertes, alors qu’au moins 1 chrétien sur 12 subit un fort niveau de persécution, il y aurait parmi eux 1 922 chrétiens détenus à travers le monde.

 

 

 

Frère André : un exemple de vie chrétienne, en toute simplicité

Le 150ème anniversaire du Canada nous invite à célébrer l’histoire du pays. Et plus encore, il nous pousse à faire mémoire de ceux qui lui ont tant apporté. Frère André est de ceux-là. Plus qu’une figure historique pour le pays, c’est un saint dont la réputation dépasse largement nos frontières.

La vie de frère André, né Alfred Bessette, commence en 1845 dans une famille pauvre du Québec. Huitième d’une famille de treize enfants, il devient orphelin dès l’âge de 12 ans.

Il passe sa jeunesse en s’essayant à plusieurs métiers, comme boulanger ou cordonnier, mais aucune de ces expériences ne lui offre un avenir intéressant, à cause notamment de ses problèmes de santé.

De 18 à 22 ans, malgré son manque d’instruction, il part travailler aux États-Unis où il est embauché dans les filatures de coton, jusqu’à son retour au pays, en 1867, lorsqu’est proclamée la confédération canadienne.

En connaissant très tôt la souffrance et la pauvreté il se réfugie dans la prière, et sa vie intérieure est intense, si bien qu’il discerne sa vocation à l’âge de 25 ans , avec l’aide de son curé le père André Provençal, dont il prendra le nom en rentrant à la congrégation de Sainte-Croix de Montréal en 1870.

Le jeune religieux se voit alors confier  la fonction de portier du collège Notre-Dame, où se trouve le noviciat de la Congrégation, mais il fait également office d’infirmier auprès des malades.

Avec eux, frère André prend le temps de prier. Lui qui voue une dévotion particulière à Saint Joseph, il donne aux malades quelques gouttes d’huile d’olive, qui brûle devant la statue de saint Joseph, dans la chapelle du collège. Et c’est ainsi que de plus en plus des personnes disent avoir été guéries ou soulagées.

Venant de plus en plus nombreux, les malades  sont alors reçus dans un abri construit en face du collège, où frère André les emmène prier devant une statue de saint Joseph, installée sur le mont Royal. Là,  il fait construire une chapelle, qui se transformera en basilique, pour devenir ce que nous connaissons aujourd’hui : le célèbre Oratoire Saint-Joseph.

Les malades ne viennent plus seulement du Québec, mais aussi de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick, de l’Ouest canadien et des États-Unis.

Le religieux, pourtant, ne se réclame d’aucun miracle, ni d’aucune vision, mais seulement de sa dévotion à saint Joseph. Et à cette ferveur particulière s’ajoute l’amour de Dieu, la fidélité à l’Évangile, ainsi qu’un culte à la sainte Famille et au Sacré-Cœur.

Son charisme, son sourire et son humour simple savaient gagner les plus indifférents. L’homme faisait preuve d’une charité sans limites, en accueillant tous les malheureux, riches ou pauvres, quelle que soit leur religion. Et lorsque les malades ne pouvaient pas se déplacer, c’est lui qui allait vers eux.

Avant sa mort, frère André était déjà la figure emblématique de l’Oratoire Saint-Joseph dont il était le gardien fidèle. Il y fut témoin d’innombrables guérisons et conversions. Et quand on lui attribuait les mérites des faveurs obtenues, il répondait : « ce n’est pas moi qui guéris. C’est saint Joseph. » Et à ceux qui venaient le visiter il disait « ne cherchez pas à vous faire enlever les épreuves, demandez plutôt la grâce de bien les supporter.»

Frère André est mort le 6 janvier 1937, et plus d’un million de personnes sont venues pour lui rendre hommage, le pleurer et prier auprès de lui. Il a été déclaré bienheureux en 1982 par le pape Jean-Paul II et canonisé en octobre 2010 par Benoît XVI. Sa fête est célébrée le 9 août.

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Marie de l’Incarnation : « Mère de l’Église au Canada »

Le 150ème anniversaire du Canada invite chacun à s’interroger sur l’identité du pays, et à se replonger dans son histoire. Si la Constitution canadienne est entrée en vigueur il y a 150 ans, le 1er juillet 1867, l’histoire du Canada est bien plus ancienne, comme en témoignent les peuples autochtones qui habitent ce territoire depuis des milliers d’années.

Progressivement, des hommes et des femmes sont venus habiter ces terres en construisant ce pays qui n’a cessé d’évoluer au gré des vagues d’immigration. Au XVIème siècle, ce sont les français qui ont commencé à coloniser les rives du Saint-Laurent, sur un territoire qu’ils ont nommé la Nouvelle-France.

Parmi les missionnaires arrivés sur ces terres depuis la France, on peut mentionner deux figures importantes canonisées en 2014 par le pape François : François de Laval, dont nous avons déjà parlé dans un précédent article, et Marie de l’Incarnation, dont la vie est intimement liée à l’histoire de la Nouvelle-France.

Née à Tours (France) en 1599, mariée et mère d’un enfant,  Marie devient veuve après la mort prématurée de son époux alors qu’elle n’avait que 19 ans. Tout en veillant à donner à son fils une éducation solide elle ressent un appel à devenir religieuse. Elle rentre alors au couvent des Ursulines, à Tours, et prononce ses vœux à 34 ans, sous le nom de Marie de l’incarnation. Un nom qui déjà en dit long sur sa mission et sa spiritualité.

A la veille de ses 40 ans, après avoir lu les Relations des Jésuites sur le Canada, la religieuse ressent un vif désir de venir en Nouvelle-France. En  débarquant à Québec, accompagnée de deux autres sœurs ursulines, elle devient ici la première religieuse missionnaire, et fonde en 1639 un couvent, fruit de nombreux sacrifices. La demeure brûle 12 ans plus tard et c’est un véritable coup dur pour les sœurs, qui dans un acte de foi à la divine Providence, parviennent à le reconstruire.

Malgré le poids des responsabilités de cette fondation mère Marie s’engage corps et âme dans l’éducation auprès des filles françaises et des autochtones dont elle apprend les langues. Elle compose des dictionnaires en différentes langues et rédige notamment un catéchisme en iroquois.

Son dévouement dans l’éducation des jeunes filles la rend très populaire et de nombreux visiteurs lui rendent visite pour lui demander des conseils. Si bien qu’à l’époque on disait que sans Marie de l’Incarnation, et ses sœurs ursulines, la ville de Québec et la Nouvelle-France auraient difficilement tenu le coup.

Avant de mourir, Marie de l’Incarnation a pu  donner l’habit religieux à plusieurs canadiennes de naissance venues prendre la relève. Elle meurt à Québec, à 72 ans, en laissant à ce pays et cette Église l’héritage que nous connaissons aujourd’hui. Elle est proclamée par Jean-Paul II,  lors de sa béatification en 1980, Mère de l’Église au Canada.

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François de Laval : un « géant » de la foi

Dans le contexte 150ème anniversaire du Canada, nous avons l’occasion de nous arrêter sur celles et ceux qui ont façonné ce grand pays tout au long de l’histoire.

Parmi ces grandes figures on retiendra ici saint François de Laval, car il est le premier évêque de Québec, et plus largement le fondateur de l’Église en Amérique du Nord.

Envoyé en Nouvelle-France au XVIIème siècle comme vicaire apostolique, ce missionnaire français arrive à Québec en 1659. Il participe activement au développement de la Nouvelle-France, notamment dans les domaines religieux et politiques.

Héritier du Concile de Trente dont il s’inspire ardemment, Mgr de Laval entreprend de grands travaux, en faveur notamment de l’instruction des jeunes et de la formation des prêtres. Il créé le séminaire de Québec, une communauté de prêtres chargés de la formation des futurs clercs afin d’assurer l’évangélisation de ce nouveau pays. Il fonde la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, église mère de toutes les autres dans cette région du monde, première paroisse américaine au nord des colonies espagnoles.

Attaché aux peuples amérindiens, il défend courageusement leur dignité en s’opposant au commerce de l’eau-de-vie, vendue aux autochtones pour mieux les exploiter. Détaché des biens matériels, il donne aux pauvres tout ce qu’il possède. Voyageur infatigable, il revient quatre fois en France pour y trouver des ressources humaines et financières. Il parcourt son diocèse à pied, en raquette, et en canot pour visiter ses fidèles aux périphéries.

Moderne, Mgr de Laval a fondé une Église nouvelle dans un pays neuf, en adaptant l’organisation ecclésiale à un contexte de mission et d’évangélisation. Ses œuvres sont nombreuses et son héritage est précieux.

Sa vie est un don total à Dieu et un abandon à la divine providence. Pour lui, la désappropriation n’est autre chose que l’Évangile vécue dans toute sa radicalité.

Saint François de Laval, ce « géant de la foi », selon son successeur le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, actuel archevêque de Québec, meurt à l’âge de 85 ans dans son propre diocèse à Québec.

Il a été canonisé par le pape François en avril 2014, et l’Église universelle célèbre sa fête le 6 mai.

 

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