Ce n’était pas une journée comme les autres. Le pape émérite Benoît XVI le confiait avec émotion il y a 5 ans, le 28 février 2013, lorsqu’il se retirait définitivement de ses fonctions. Ce jeudi soir au Vatican, place Saint-Pierre, les lumières étaient éteintes dans ses appartements, et bon nombre de fidèles catholiques se sentaient orphelins.
La journée avait été longue, et éprouvante. Dans la matinée le Saint-Père, alors âgé de 85 ans, saluait une dernière fois le collège des cardinaux et autres prélats de la Curie romaine. Lors de cette ultime rencontre salle Clémentine au Vatican, le cardinal doyen, Angelo Sodano, s’adressait à Benoît XVI de la part de ses pairs, le remerciant pour son « service apostolique de grande abnégation, totalement tendu vers le bien de l’Église et de l’humanité ». Et en faisant référence à l’expérience des disciples d’Emmaüs, il poursuivait : « c’est avec amour que nous avons essayé d’accompagner votre chemin…Oui, très Saint-Père, notre cœur brulait ces dernières années à vos côtés et, aujourd’hui, nous voulons vous redire toute notre gratitude ».
Benoît XVI quant à lui, dans une courte allocution, revenait sur la nature de l’Église, faisant référence au philosophe et théologien Romano Guardini : « L’Église n’est pas une institution inventée, mais une réalité vivante. Elle vit au long des siècles et grandit comme tout être vivant, en se transformant, tout en restant elle-même, car son cœur est le Christ…Vivant dans le monde, elle n’est pas du monde, mais de Dieu, du Christ et de l’Esprit ». Lors de ces échanges l’émotion était forte et certains laissaient couler leurs larmes. Benoît XVI, visiblement fatigué mais attentif, prenait le temps de saluer une toute dernière fois les cardinaux présents, en promettant révérence et obéissance inconditionnelles à son successeur.
Plus tard dans l’après-midi, aux alentours de 17h, le Pape démissionnaire embarquait à bord d’un hélicoptère pour se rendre, 15 km au sud de Rome, à sa résidence d’été, survolant notamment la place Saint-Pierre, dont les cloches de la basilique sonnaient à toute volée pour un dernier hommage.
À peine vingt minutes plus tard, le souverain pontife arrivait à Castel Gandolfo où l’attendaient plusieurs milliers de fidèles venus lui dire adieu. Face à eux, depuis le balcon du palais pontifical, il apparaissait une dernière fois, publiquement, en tant que Pape. Les remerciant pour leur amitié et leur affection il a redit son désir de continuer à travailler pour l’Église avec tout son cœur, avec tout son amour, avec sa prière et avec toutes ses forces intérieures. Puis il les a exhortés à aller « de l’avant avec le Seigneur pour le bien de l’Église et du monde ». Voilà en substance le dernier message lancé par Benoît XVI à la foule, en qualité de Pape.
C’était la première fois depuis 700 ans qu’un souverain pontife faisait ses adieux aux fidèles. Le Pape émérite devenait alors, selon ses propres mots, un simple « pèlerin qui entame la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre ». Aujourd’hui, alors que ses forces physiques déclinent considérablement, Benoît XVI dit être « en pèlerinage vers la maison. »