40 ans après sa mort, que retenir du « Pape au sourire » ?

(CNS photo/L’Osservatore Romano)

33 jours. C’est la très courte période durant laquelle Jean-Paul Ier a gouverné l’Église en tant que successeur de Pierre, du 26 août au 28 septembre 1978. Aujourd’hui, le quarantième anniversaire de sa mort nous donne l’occasion de revisiter ce pontificat, le plus court de l’histoire récente de la papauté.

Hormis son bref passage sur le Siège apostolique, que peut-on retenir d’Albino Luciani, surnommé « le Pape au sourire » ?

Au lendemain de son élection, le 27 août 1978,  le pontife fraîchement élu prend la parole place Saint-Pierre, lors de la prière de l’Angélus. Il revient alors sur les raisons qui l’ont poussées la veille à choisir son nom. « J’ai fait le raisonnement suivant : le pape Jean m’a consacré ici, dans la basilique de Saint-Pierre, puis, bien qu’indignement, je lui ai succédé sur le siège de saint Marc, en cette Venise qui est encore toute remplie de lui. Ensuite, […] le pape Paul m’a nommé cardinal, […] en quinze ans de pontificat, ce pape a montré, au monde entier, comment on aime, comment on sert, comment on travaille et on souffre pour l’Église du Christ. Pour cela, j’ai dit : “Je m’appellerai Jean-Paul”. Je n’ai ni la “sagesse du cœur” du pape Jean, ni la préparation et la culture du pape Paul. Cependant, je suis à leur place, je dois tâcher de servir l’Église. J’espère que vous m’aiderez par vos prières. » C’est donc en l’honneur de ses deux prédécesseurs que Jean-Paul Ier a choisi ce nom. Et c’était original, puisqu’aucun Pape avant lui n’avait choisi un prénom composé.

D’entrée de jeu, les premières paroles du nouveau pontife laissent transparaître, outre sa simplicité, une certaine humilité. Et du reste, c’est précisément le sujet de son allocution lors de sa première audience générale, le 6 septembre 1978.  « A ma droite et à ma gauche il y a des Cardinaux et des Evêques, mes frères dans l’épiscopat. Moi, je suis seulement leur frère aîné », lançait-il à la foule en introduction de sa catéchèse. « Nous devons nous sentir petits devant Dieu. Quand je dis : « Seigneur, je crois », je n’ai aucune honte à me sentir comme un enfant devant sa maman », disait-il encore avant d’exhorter les fidèles : « Même si vous avez accompli de grandes choses, dites : nous sommes des serviteurs inutiles. Nous avons une tendance toute contraire : nous voulons nous mettre en évidence. Humble, humble : c’est la vertu chrétienne qui nous concerne nous-mêmes. »

Les mots ne sont pas restés seuls. En effet, le 263ème Pape s’efforce dès son intronisation à humaniser la charge pontificale, en refusant par exemple de coiffer la tiare (lourde couronne à trois étages, symbole du pouvoir pétrinien). Le souverain pontife avait à cœur de rompre avec les lourdeurs protocolaires afin de se rendre plus accessible.

C’est précisément ce qu’explique l’actuel secrétaire d’État du Saint-Siège, le cardinal Pietro Parolin, dans la préface d’un ouvrage qui lui est consacré. Il décrit Jean-Paul Ier comme un pasteur proche du peuple de Dieu, insistant notamment sur « la proximité, l’humilité, la simplicité, la miséricorde de Dieu, la solidarité fraternelle et l’amour du prochain. » « Il n’a pas été choisi pour être un pasteur, mais parce qu’il l’était », avance encore le numéro 2 du Vatican, pour qui l’importance de son pontificat est inversement proportionnelle à sa durée.

Le 8 novembre 2017, le pape François a reconnu les vertus héroïques de Jean-Paul Ier, ouvrant ainsi la voie à sa béatification.

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