Une conférence pour la dignité des enfants dans le monde numérique

Le mardi 3 octobre, avait lieu, à l’université pontificale Grégorienne de Rome, l’ouverture officielle de la conférence sur la « Dignité des enfants dans le monde digital ». Pour l’occasion, dignitaires, politiciens, spécialistes et membres d’ONG et religieux sont réunis afin non seulement de manifester leur soutien à la cause de la protection des enfants mais également pour en apprendre un peu plus sur tous les dangers potentiels qui se trouvent au bout de leurs doigts lorsqu’ils surfent sur le net. Parmi les prises de parole, trois interventions ont particulièrement retenu l’attention.

Une approche multidisciplinaire et tournée vers l’action

S’est d’abord exprimé le père Hans Zollner s.j. Président du Centre pour la protection des mineurs de l’Université Grégorienne. Dans son allocution, l’organisateur principal de la conférence a démontré comment ce problème inédit de l’immense vulnérabilité des jeunes face aux médias sociaux nécessite une approche multidisciplinaire et multisectoriel : « Au-delà des disciplines et malgré la diversité des points de vue, nous sommes réunis par l’un des plus puissants principes qui tient l’humanité ensemble : la dignité des enfants » a-t-il affirmé.

Ainsi, ces deux jours d’écoute, de réflexion et de dialogue permettront aux participants de réaliser l’ampleur du problème et attireront l’attention du monde entier sur cette problématique : « Protéger les enfants est notre engagement ». Le problème est si grand qu’une action internationale et concertée s’avère incontournable. Tous doivent mettre la main à la pâte qu’ils soient gouvernements, industries du sport, de l’informatique, systèmes d’éducation et câblodistributeurs. C’est pourquoi une déclaration commune sera élaborée durant la conférence afin d’orienter et d’aider à la conscientisation aux dangers qui guettent de plus en plus d’enfants.

Un appui de taille

Le Cardinal secrétaire d’État du Vatican Pietro Parolin était également présent à l’ouverture de la conférence. Dans son allocution, il a tout d’abord manifesté l’appui du Saint-Siège à cette initiative : « L’Église doit travailler sur plusieurs fronts […] nous devons répandre et consolider une nouvelle culture de protection des enfants –une réelle protection- qui leur garantisse efficacement qu’ils peuvent grandir en santé et dans un environnement sécuritaire ».

Faisant écho aux mots choisis par le pape François pour décrire l’abus de mineurs, le Cardinal Parolin a terminé son intervention en montrant l’engagement de l’Église contre cette plaie sociale, en affirmant : « dénigrer l’enfant ou abuser d’enfants est pour le chrétien, non seulement un crime, mais aussi un sacrilège, une profanation de ce qui est sacré, à la présence de Dieu en chaque être humain.

Des solutions multisectorielles

L’une des interventions parmi les plus intéressantes fut, selon moi, celle de la baronne Joanna Shields qui a bien su démontrer l’urgence de la situation. Citant de nombreuses recherches, elle a souligné à quel point l’omniprésence des médias sociaux et leurs supports technologiques influencent les comportements, les relations, l’humeur, ayant même des conséquences biologiques sur le développement du cerveau. Elle affirme que « celle qu’on appelle la « iGeneration » dort moins, sort moins, se rencontre moins. Remettant à plus tard des comportements qui, pendant des décennies, marquaient la transition vers l’âge adulte […] des recherches montrent qu’une augmentation de temps passé devant les écrans est directement reliée au malheur ».

Ajoutant à cela le contenu souvent dégradant que l’on trouve sur internet tel que la pornographie, la présence de pédophiles et de prédateurs, le phénomène des bulles culturelles, les fausses nouvelles, il y a de quoi s’inquiéter. D’où, selon elle, l’importance d’une action globale et concertée. En ce sens, plusieurs solutions technologiques, politiques et judiciaires seront étudiées lors de cette semaine à l’Université grégorienne. Parmi ces initiatives, on retrouvera, bien sûr, au centre des conversations, l’organisation « Weprotect » fondée par Joanna Shields à la demande du gouvernement du Royaume-Unis et devenue un leader dans la lutte pour la protection des enfants dans le monde numérique.

Comme vous pouvez le constater, cette semaine dédiée à la protection des enfants dans le monde numérique n’est que le début d’une gigantesque entreprise. Devant l’immensité de la tâche, nous ne devons pas nous décourager mais y trouver une impulsion nouvelle vers l’engagement : « Si nous ne le faisons pas qui le fera ? » affirmait le père Zollner s.j. devant l’audience. Se joignant de tout cœur à cette cause, nous vous présenterons tout au long de la semaine des entrevues et des résumés des discutions de cette conférence internationale qui saura certainement influencer le monde dans la bonne direction.

Unis pour la protection des enfants

CNS photo/David Maung, EPA

Du 3 au 6 octobre prochain, se tiendra à l’Université pontificale grégorienne de Rome le Congrès mondial sur « La dignité des enfants dans le monde digital ». Organisée par le « Centre pour la protection des enfants » de cette Université des Jésuites qui n’a plus besoin de présentation, cette conférence internationale permettra auxacteurs universitaires, gouvernementaux, ecclésiastiques et représentants de diverses ONG de faire le point sur l’état actuel du respect de la dignité des mineurs sur internet.

Des défis inédits

Ce congrès aura d’abord pour but de dresser un portrait de la situation actuelle. Dans une entrevue accordée à nos collègues de Rome Reports, le père Hans Zollner s.j., organisateur de la conférence, explique comment la place de plus en plus importante d’internet dans notre monde n’est pas sans danger. En effet, bien que les nombreux avantages de ce moyen de communication soient indéniables, plusieurs problématiques nouvelles ou déjà existantes y trouvent un lieu de prolifération qui doit nous inquiéter.

En effet, on trouve d’une part, plusieurs phénomènes nouveaux comme celui des « sexting » ou de la « sextortion » découlant d’un mauvais usage des médias sociaux, spécialement chez les adolescents. D’autre part, par l’immense portée d’internet, des « images et vidéos d’abus sexuels peuvent trouver acheteurs partout sur la planète »[5], d’où la croissance de la criminalité.

Une nécessaire convergence

Devant l’ampleur que prennent de tels phénomènes, il est primordial d’enclencher une réflexion globale sur le sujet. Pour lutter efficacement pour la défense de la dignité des enfant sur le continent digital, une « convergence » doit avoir lieu entre spécialistes et les différents acteurs. D’où l’importance des rencontre internationales telle que celle qui se tiendra à l’Université grégorienne.

C’est pourquoi « compagnies de logiciels, médias sociaux, avocats, enquêteurs, policiers, psychologues, psychiatres, sociologues, ONG, Église, législateur, etc. pourront travailler ensemble et discuter de ce qui peut être mis de l’avant en termes de moyens et mesures afin que les jeunes soient mieux protégés… »[6].

De plus, considérant les statistiques alarmantes des images et différents forums de pédophiles qui se retrouvent sur internet (« quelque 200 000 clics par mois pour une site de nouvelles pour pédophiles »), la situation nécessite une approche holistique.

En ce sens, plusieurs panels seront organisés pour approfondir certaines questions fondamentales sur le sens de la vie privée aujourd’hui, du droit à l’intégrité, sur les différentes atteintes à la réputation et les différentes dépendances liées à l’usage d’internet, etc. Des jeunes seront également présents pour témoigner de leur réalité de jeunes dans le monde virtuel.

Une approche multisectorielle

Selon le père Zollner s.j, l’urgence et l’étendue de la problématique demandent une approche globale mettant à contribution tous les secteurs d’activités dont trois sont particulièrement soulignés. En effet, des éléments de solution doivent venir du monde technologique par le « développement de logiciels qui empêchent les abus sur les jeunes »[8]. Deuxièmement, il est impératif de miser sur l’éducation auprès des enfants, familles et des parents. En ce sens, mettre en place des programmes d’information « pour aider les jeunes ni à vendre leur âme ni leur corps; afin qu’ils ne nuisent ni à eux-mêmes ni aux autres »[9].

De plus, on ne peut faire l’économie d’une approche gouvernementale et législative. Sera donc discutée la possibilité d’instaurer « un système de lois supranational qui n’existe pas à l’heure actuelle »[10] tout en soulignant la nécessité d’approche à court terme telle que l’amélioration de la collaboration entre les gouvernements, instances policières et internationale comme Interpol ou l’ONU afin de protéger les victimes à l’heure actuelle.

Devant l’ampleur des défis qui s’imposent, la conférence émettra donc au nom des participants une « Déclaration sur la Dignité de l’enfant dans le monde digital » qui pourra servir de ligne directrice pour les instances du monde. Ce qui permettra une plus grande conscientisation ainsi qu’une éventuelle uniformisation des règles de protections des enfants. Fait important à noter, cette Déclaration sera remise au pape François à la fin de la Conférence lors d’une audience où le Saint-Père pourra également s’exprimer sur la question devant les participants rassemblés.

Sel et Lumière au premier rang

Au côté du pape François et de tous les acteurs sociaux engagés dans cette lutte pour la protection des enfants dans le monde digital, Sel et Lumière est fier de s’associer au Centre pour la protection de l’enfance (CCP) de l’Université grégorienne dans sa mission « de fournir des ressources pédagogiques aux personnes travaillant dans le domaine de la protection des mineurs ». À la demande du Vatican et de l’Université grégorienne, Sel et Lumière sera donc sur place à Rome pour couvrir cette conférence incontournable. Ainsi, du 3 au 6 octobre, le père Thomas Rosica c.s.b. et moi-même nous vous présenterons des entrevues exclusives avec les spécialistes, les autorités et les personnalités politiques présents. Un rendez-vous à ne pas manquer.

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