Allocution de Mgr Gérald Cyprien Lacroix, Archevêque de Québec, aux Chevaliers de Colomb

Le 129e congrès suprême des Chevaliers de Colomb s’est tenu à Denver, Colorado, la semaine dernière. Plus de 2 500 membres étaient rassemblés dont de nombreux évêques.

Le 2 août 2011 au soir durant le dîner des États, Mgr Gérald Cyprien Lacroix, Archevêque de Québec, Primat du Canada s’est adressé aux membres des Chevaliers de Colomb.
Voici l’intégrale de son allocution :

« Afin que le monde puisse connaître une nouvelle espérance. »

Éminences, Excellences,
M. Carl Anderson, Chevalier suprême,
Frères chevaliers et épouses,
Bonsoir ! Salutations chaleureuses de Québec et du Canada !

Je dois vous dire que je suis très ému d’être ici, avec vous, pour la première fois.

Dans quelques jours, le 6 août prochain, l’Église fêtera la Transfiguration du Seigneur. L’Évangile nous rappelle que « Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et les em-mène à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux » (Mt 17, 1).

Cette année, le Seigneur nous a emmenés sur une haute montagne, la « Mile High City », Denver, Colorado, pour y vivre une expérience très spéciale et, je l’espère, transfigurante. Dans la Bible, plusieurs rencontres particulières avec le Seigneur ont lieu sur des collines ou sur des mon-tagnes. Je prie et je souhaite que ce 129e Congrès suprême soit une vraie rencontre avec le Dieu de la Vie et une expérience inspirante qui développent en nous une relation profonde et durable afin que nous devenions de réels disciples et des témoins efficaces dans le monde d’aujourd’hui. [Read more…]

Profession des vœux perpétuels dans la Congrégation des sœurs de Sainte-Croix

Le samedi 30 juillet 2011, à 14h, dans la Crypte de l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, trois religieuses de la Congrégation des sœurs de Sainte-Croix ont fait leur profession des vœux perpétuels: Sœur Maria Nguyen Thi Thanh Thuy, c.s.c., Sœur Maria Do Thi Bich Hien – Becky, c.s.c. et Sœurs Maria Tran Thi Thuy Hang, c.s.c.

Ces trois religieuses sont toutes d’origine vietnamienne. Elles sont arrivées en Amérique du Nord après la fin de la guerre du Vietnam en 1975. Si toutes les trois cheminent avec la Congrégation des sœurs de Sainte-Croix à Montréal, Sœur Becky est originaire de Seattle, tandis que Sœur Thuy et Sœur Hang sont originaires de Toronto.

Toute la congrégation de Sainte-Croix, les sœurs, les frères et les prêtres, étaient réunis pour cette grande fête.

Voici un résumé vidéo d’une demi-heure qui comprend plusieurs parties:
– l’appel des professes par Sœurs Kesta Occident, c.s.c, l’animatrice générale de la congrégation des sœurs;
– la litanie des saints chantée par deux jeunes de la communauté Basile-Moreau;
– la profession;
– la signature de la formule des vœux;
– la remise de l’anneau;
– le renouvellement des vœux de tous les religieuses et religieux de Sainte-Croix;
– un chant de reconnaissance « Prière pour les parents », un chant vietnamien interprété pour toutes les sœurs vietnamiennes de Sainte-Croix.

Que nos prières accompagnent les sœurs Thuy, Becky et Hang pour leur « oui » à Dieu, dans leur apostolat.

Nouveau : les Pèlerinages Sel + Lumière !

Depuis 2009, fidèle à sa mission d’évangélisation, Sel+Lumière a mis en place les Blessed Journeys, un programme exclusif en anglais offrant des opportunités de voyages inspirants. Face aux nombreuses demandes de fidèles francophones et afin de ne pas vous priver de ces enrichissants pèlerinages, Sel+Lumière s’est uni avec l’agence de voyages Spiritours pour vous offrir ces voyages en français dès 2012. Cet automne, les Pèlerinages Sel + Lumière restent principalement anglophones, cependant un départ de Montréal vers la Terre Sainte est prévu du 14 au 23 septembre 2012 et de plus amples informations seront bientôt disponibles.

Sel + Lumière vous invite à vous joindre à des pèlerinages uniques en France du 27 octobre au 5 novembre 2011 et en Terre Sainte du 12 au 22 novembre 2011, spécialement créés pour vous, afin de vous aider à vivre une aventure pleine de foi, vous permettant d’étendre votre savoir et votre croissance spirituelle.

Venez visiter la magnifique Cathédrale de Notre Dame à Paris et marcher sur les pas de Sainte Bernadette à Nevers et de Sainte Thérèse à Lisieux. Assistez à la messe dans la Grotte de Notre Dame à Lourdes et appréciez les fameux aliments et vins de France.

Le voyage en Terre Sainte et en Jordanie inclut les lieux où le Christ a marché et a prêché, là où il a prié et enseigné, où il est né et où il est mort pour nous : la Mer de Galilée, Nazareth, Cana, Jérusalem, Bethléem, la Mer Morte et bien d’autres encore.

Pour plus d’information, rendez-vous sur www.seletlumieretv.org/pelerinages.

Erratum dans Perspectives

Aujourd’hui dans Perspectives, le 100ème anniversaire de Mère Julienne du Rosaire est présenté comme ayant été célébré aujourd’hui, le 15 juin. L’évenement s’est en fait produit il y a un mois : LE 15 MAI.
Vous pouvez consulter le site des Dominicaines Missionnaires Adoratrices sur www.op-dma.com

Discours d’adieu au peuple croate

Le mauvais temps a écourté la cérémonie de départ. Nous publions le discours du Pape:
« Monsieur le Président de la République,
illustres Autorités,
chers Frères dans l’Épiscopat,
frères et sœurs dans le Seigneur !
Ma visite sur votre terre arrive à son terme. Bien que brève, elle a été riche de rencontres qui ont fait que je me suis senti comme l’un des vôtres, faisant partie de votre histoire, et elles m’ont donné l’occasion de confirmer l’Église qui chemine en Croatie dans la foi en Jésus-Christ, l’unique Sauveur. Cette foi qui vous est parvenue par le témoignage courageux et fidèle de beaucoup de vos frères et sœurs, dont certains n’ont pas hésité à mourir pour le Christ et son Évangile, je l’ai retrouvée ici, vivante et authentique. Rendons louange à Dieu pour l’abondance des dons de sa grâce qu’il dispose largement sur le chemin quotidien de ses enfants ! Je désire remercier tous ceux qui ont collaboré à l’organisation de ma visite et à son déroulement ordonné.
Je garde vivantes dans mon esprit et dans mon cœur les impressions de ces journées. Unanime et sincère a été, ce matin, la participation à la sainte Messe à l’occasion de la Journée Nationale des Familles. La rencontre d’hier au Théâtre National m’a permis de partager une réflexion avec les représentants de la société civile et des communautés religieuses. Ensuite, les jeunes, durant la veillée de prière intense, m’ont montré le visage lumineux de la Croatie, tourné vers l’avenir, illuminé par une foi vive, comme la flamme d’une lampe précieuse, reçue des pères et qui demande à être gardée et alimentée au long du chemin. La prière auprès de la tombe du Bienheureux Cardinal Stepinac nous a permis de nous souvenir, d’une manière spéciale, de tous ceux qui ont souffert – et souffrent encore aujourd’hui – à cause de la foi en l’Évangile. Continuons à invoquer l’intercession de cet intrépide témoin du Seigneur ressuscité, afin que, tout sacrifice et toute épreuve, offerts à Dieu par amour pour lui et pour nos frères, puissent être comme le grain de blé qui, tombé dans la terre, meurt pour porter du fruit.
Ce fut pour moi un motif de joie de constater combien est encore vivante aujourd’hui l’antique tradition chrétienne de votre peuple. Je l’ai touchée du doigt surtout dans l’accueil chaleureux que les gens m’ont réservé, comme ils l’avaient fait lors des trois visites du Bienheureux Jean-Paul II, reconnaissant la visite du Successeur de Pierre qui vient confirmer ses frères dans la foi. Cette vitalité ecclésiale, qui est à maintenir et à renforcer, ne manquera pas de produire ses effets positifs sur la société entière, grâce à la collaboration, que je souhaite toujours sereine et fructueuse, entre l’Église et les institutions publiques. À cette époque, où semblent manquer des points de référence stables et fiables, puissent les chrétiens, unis « ensemble dans le Christ », pierre angulaire, continuer à constituer comme l’âme de la Nation, en l’aidant à se développer et à progresser.
Sur le point de repartir à Rome, je vous confie tous aux mains de Dieu. Donateur de tout bien et Providence infinie, qu’il bénisse toujours cette terre et le peuple croate et accorde paix et prospérité à chaque famille. Puisse la Vierge Marie veiller sur la marche de votre patrie dans l’histoire et sur celle de l’Europe tout entière, et que vous accompagne aussi ma Bénédiction Apostolique, que je vous accorde avec grande affection. »

Problème technique de retransmission

Un problème technique nous empêche de retransmettre la veillée avec les jeunes en français comme prevu. Nous nous excusons de ce contretemps.

La messe sera bien retransmise demain à 15h30.

Merci pour votre compréhension.

Proposer les vocations dans l’Eglise locale

En ce dimanche des vocations, c’est l’occasion de nous souvenir de notre vocation baptismale et de rendre grâces pour toutes celles et tous ceux qui témoignent de l’amour de Dieu dans les différents états de vie.

Dans notre communauté, deux jeunes femmes vont prononcer leur voeux perpétuels l’une à Toronto le 21 mai prochain et la seconde le 2 juin à Paris. A la paroisse, entourées de leurs familles, amis, membres des communautés et paroissiens, elles nous renouvelleront dans notre engagement et notre joie de servir en Eglise.

Le message du Pape nous redit combien l’Eglise locale a un rôle indispensable pour susciter des vocations.

« Proposer les vocations dans l’Eglise locale », en est le thème de cette 48e Journée mondiale de prière pour les Vocations célébrée ce dimanche 15 mai. Le voici dans son integralité:

 « Chers frères et sœurs,

La 48ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations qui sera célébrée le 15 mai 2011, quatrième dimanche de Pâques, nous invite à réfléchir sur le thème: «proposer les vocations dans l’Église locale». Il y a soixante dix ans, le Vénérable Pie XII a institué l’Œuvre Pontificale pour les Vocations Sacerdotales. Par la suite, dans de nombreux diocèses, des évêques ont fondé des œuvres semblables animées par des prêtres et des laïcs, en réponse à l’appel du Bon Pasteur, qui «voyant les foules, eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger». Et il dit: «La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson» (Mt 9,36-38).

L’art de promouvoir et d’accompagner les vocations trouve un lumineux point de référence dans les pages de l’Évangile où Jésus appelle ses disciples à le suivre et les instruit avec amour et sollicitude. Notre attention se porte particulièrement sur la manière avec laquelle Jésus a appelé ses plus proches collaborateurs en vue de l’annonce du Règne de Dieu (cf. Lc 10,9). Avant tout, il apparaît clairement que son premier geste a été de prier pour eux: avant de les appeler, Jésus a passé la nuit seul, en prière et à l’écoute de la volonté du Père (cf. Lc 6,12), en une ascèse intérieure qui prenait de la hauteur par rapport aux réalités du quotidien. La vocation des disciples naît précisément dans le dialogue intime de Jésus avec son Père. Les vocations au ministère sacerdotal et à la vie consacrée sont avant tout le fruit d’un contact permanent avec le Dieu vivant et d’une prière insistante qui s’élève vers le «Maître de la moisson» tant dans les communautés paroissiales, que dans les familles chrétiennes ou dans les groupes vocationnels.

Au début de sa vie publique, le Seigneur a appelé quelques pêcheurs, occupés à travailler sur les rives du lac de Galilée: «Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes» (Mt 4,19). Il leur a montré sa mission messianique par de nombreux «signes» qui indiquaient son amour pour les hommes et le don de la miséricorde du Père; il les a formés par la parole et par le témoignage de sa vie afin qu’ils soient prêts à continuer son œuvre de salut; enfin, «sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père» (Jn 13,1), il leur a confié le mémorial de sa mort et de sa résurrection, et avant d’être élevé au Ciel, il les a envoyés dans le monde entier avec le commandement: «Allez donc! De toutes les nations, faites des disciples» (Mt 28,19).

A ceux à qui il dit: «Suis-moi!», Jésus fait une proposition exigeante et exaltante: il les invite à entrer dans son amitié, à écouter attentivement sa Parole et à vivre avec lui; il leur enseigne le don total à Dieu et à la diffusion de son Règne selon la loi de l’Évangile: «Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12,24); il les invite à sortir de leur volonté fermée sur elle-même, de l’idée d’une réalisation de soi, pour se plonger dans une autre volonté, celle de Dieu, et se laisser conduire par elle; il leur fait vivre une fraternité qui naît de cette disponibilité totale à Dieu (cf. Mt 12,49-50), et qui devient le caractère distinctif de la communauté de Jésus: «Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres» (Jn 13,35).

Aujourd’hui encore, la suite du Christ est exigeante; elle signifie apprendre à fixer son regard sur Jésus, à le connaître intimement, à l’écouter dans la Parole et à le rencontrer dans les Sacrements; elle signifie encore apprendre à conformer sa propre volonté à la Sienne. Il s’agit d’une véritable et réelle école de formation pour ceux qui se préparent au ministère sacerdotal et à la vie consacrée, sous la conduite des autorités ecclésiales compétentes. Le Seigneur ne manque pas d’appeler, à tous les âges de la vie, à prendre part à sa mission et à servir l’Église par le ministère ordonné ou la vie consacrée. Et l’Église «est appelée à garder ce don, à l’estimer, à l’aimer: elle est responsable de la naissance et de la maturation des vocations sacerdotales» (Jean-Paul II, Ex. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, 41). Spécialement en notre temps où la voix du Seigneur semble étouffée par d’«autres voix» et où l’invitation à le suivre par le don de sa vie peut apparaître trop difficile, chaque communauté chrétienne, chaque fidèle, devrait accomplir consciencieusement son engagement pour la promotion des vocations. Il est important d’encourager et de soutenir ceux qui montrent des signes clairs de l’appel à la vie sacerdotale et à la consécration religieuse, afin qu’ils sentent la proximité de toute la communauté au moment où ils disent ‘oui’ à Dieu et à l’Église. Moi-même je les encourage comme je l’ai fait pour ceux qui se sont décidés à entrer au séminaire. Je leur ai écrit:«Vous avez bien fait d’agir ainsi. Car les hommes auront toujours besoin de Dieu, même à l’époque de la domination technique du monde et de la mondialisation: de Dieu qui s’est rendu visible en Jésus Christ et qui nous rassemble dans l’Église universelle pour apprendre avec lui et par lui la vraie vie et pour tenir présents et rendre efficaces les critères de l’humanité véritable (Lettre aux séminaristes, 18 octobre 2010).

Il faut que chaque Église locale se fasse toujours plus sensible et attentive à la pastorale des vocations, en amenant au niveau familial, paroissial et associatif – comme Jésus l’a fait pour ses disciples – surtout les adolescents, les adolescentes et les jeunes, à développer une amitié authentique et affectueuse avec le Seigneur, dans la prière personnelle et liturgique; à apprendre l’écoute attentive et féconde de la Parole de Dieu, par une familiarité croissante avec la Sainte Écriture; à comprendre qu’entrer dans la volonté de Dieu n’annihile ni ne détruit la personne, mais permet de découvrir et de suivre la vérité la plus profonde sur soi; à vivre la gratuité et la fraternité dans les relations avec les autres, car c’est seulement en s’ouvrant à l’amour de Dieu qu’on trouve la vraie joie et la pleine réalisation de ses aspirations. «Proposer les vocations dans l’Église locale», signifie avoir le courage d’indiquer, par une pastorale des vocations attentive et adaptée, ce chemin exigeant à la suite du Christ qui engage toute une vie, tellement il est riche de sens.

Je m’adresse particulièrement à vous, chers Frères dans l’Épiscopat. Pour assurer la continuité et la diffusion de votre mission de salut en Christ, il est important de favoriser «le plus possible les vocations sacerdotales et religieuses, et spécialement les vocations missionnaires» (Décr. Christus Dominus, 15). Le Seigneur a besoin de votre collaboration pour que ses appels puissent rejoindre le cœur de ceux qu’il a choisis. Soyez attentifs au choix de ceux qui œuvrent dans le Centre diocésain des vocations, instrument précieux pour la promotion et l’organisation de la pastorale des vocations et pour la prière qui la soutient et en garantit la fécondité. Je voudrais vous rappeler, chers Frères Évêques, la sollicitude de l’Église universelle pour une répartition équitable des prêtres dans le monde. Votre disponibilité à l’égard de diocèses plus pauvres en vocations, est une bénédiction de Dieu pour vos communautés et constitue pour les fidèles le témoignage d’un service sacerdotal qui s’ouvre généreusement aux nécessités de toute l’Église.

Le Concile Vatican II a rappelé explicitement que «le devoir de cultiver les vocations revient à la communauté chrétienne tout entière, qui s’en acquitte avant tout par une vie pleinement chrétienne» (Décr. Optatam totius, 2). Je désire donc adresser un salut fraternel et particulier, ainsi qu’un encouragement à tous ceux qui collaborent de diverse manière avec les prêtres dans les paroisses. Je m’adresse particulièrement à ceux qui peuvent offrir leur contribution à la pastorale des vocations: les prêtres, les familles, les catéchistes, les animateurs. Je recommande aux prêtres d’être disposés à donner un témoignage de communion avec leur évêque et les autres confrères, pour garantir l’humus vital aux nouveaux germes de vocations sacerdotales. Que les familles soient «animées par un esprit de foi, de charité et de piété» (Décr. Optatam totius, 2), pour aider leurs fils et leurs filles à accueillir avec générosité l’appel au sacerdoce et à la vie consacrée. Que les catéchistes et les animateurs des associations catholiques et des mouvements ecclésiaux, convaincus de leur mission éducative, aient le souci «d’éduquer les adolescents qui leur sont confiés, de manière qu’ils puissent percevoir la vocation divine et y répondre de grand cœur» (ibid.).

Chers frères et sœurs, votre engagement dans la promotion et l’accompagnement des vocations trouve tout son sens et son efficacité pastorale quand il s’effectue dans l’unité de l’Église et qu’il est orienté vers le service de la communion. C’est pour cela que chaque aspect de la vie de la communauté ecclésiale – la catéchèse, les rencontres de formation, la prière liturgique, les pèlerinages – est une occasion précieuse pour susciter dans le Peuple de Dieu, en particulier chez les plus petits et les jeunes, le sens de l’appartenance à l’Église et leur responsabilité quant à la réponse à l’appel au sacerdoce et à la vie consacrée, par un choix libre et conscient.

La capacité à cultiver les vocations est un signe caractéristique de la vitalité d’une Église locale.

Invoquons avec confiance et insistance le soutien de la Vierge Marie, afin que l’exemple de son accueil du plan divin du salut et que par sa puissante intercession, puisse se diffuser à l’intérieur de chaque communauté, une disponibilité à dire ‘oui’ au Seigneur qui ne cesse d’appeler de nouveaux ouvriers à sa moisson. Avec ce souhait, j’accorde volontiers à tous, ma Bénédiction Apostolique. »

Comme le Christ pour les disciples d’Emmaüs, Jean-Paul II a porté durant vingt-sept ans un regard éclairé par la révélation et la vie sacramentelle sur chaque homme et sur l’histoire des peuples de la terre.

Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris a prononcé cette homélie lors de la messe d’action de grâces pour la béatification du pape Jean-Paul II à  Notre-Dame de Paris
Samedi 7 mai 2011
Evocation du pape Jean-Paul II en lien avec la rencontre des pèlerins d’Emmaus.
La voici dans sa version intégrale.
« Comme le Christ pour les disciples d’Emmaüs, Jean-Paul II a porté durant vingt-sept ans un regard éclairé par la révélation et la vie sacramentelle sur chaque homme et sur l’histoire des peuples de la terre. ( Ac 2, 14.22b-33 ; Ps 15, 1-2a.5.7-10.2b.11 ; 1 P 1, 17-21 ; Lc 24, 13-35)
« Frères et Soeurs,
Rassemblés pour rendre grâce à Dieu pour la béatification du Pape Jean Paul II, nous venons d’entendre l’Évangile des disciples d’Emmaüs qui peut nous aider à méditer sur le sens des événements que nous venons de vivre.
Ces deux disciples qui font route tristement vers Emmaüs ont été témoins de ce qui vient de se dérouler à Jérusalem. Ils ont vu le Christ condamné, exécuté, mis en croix, enfermé dans son tombeau. Ils ont recueilli le témoignage des femmes qui ont trouvé le sépulcre vide, et celui des disciples qui sont allés vérifier. Cependant, tous ces événements sont restés à leurs yeux sans effet. Ils attendaient que Jésus rétablisse le Royaume d’Israël et ils doivent constater qu’il n’a rien rétabli du tout, et que l’aventure est terminée. Il s’agit maintenant de regagner ses pénates et de reprendre la vie ordinaire.
Soudain, chemine entre eux un compagnon de route dont ils ne connaissent pas le nom. Celui-ci les fait parler, les écoute, mais surtout il les introduit dans l’intelligence des événements qu’ils viennent de traverser (et qui restaient pour eux énigmatiques), à partir des Écritures, de Moïse, de la Loi et des prophètes. Plus encore, une fois à l’auberge, au moment de la fraction du pain, lorsqu’il fait les gestes et dit les paroles qui avaient marqué le dernier repas, ils comprennent brusquement que ce compagnon de marche mystérieux n’était autre que le Seigneur lui-même : « Alors leurs yeux s’ouvrir et ils comprirent tout ce qui était arrivé » (Lc 24, 31).
A travers ce récit condensé, l’évangile de saint Luc ouvre pour nous une réflexion très profonde : cette route de Jérusalem à Emmaüs est à la fois la route de l’humanité et la route de l’Église. L’une avec l’autre, comme les deux compagnons, elles cheminent au long de l’histoire, sans toujours comprendre le sens des événements auxquels elles sont mêlées.
Certes, elles voient, elles savent beaucoup de choses, elles reçoivent l’information sur tout ce qui se passe. Mais bien souvent, la portée des événements, leur enjeu réel et le mystère qui les habite, restent cachés à leurs yeux.
Dans la succession des siècles, nous sommes comme les disciples d’Emmaüs, les témoins attristés de ce qui nous apparait bien souvent comme une victoire de la mort sur la vie. Les disciples d’Emmaüs sont, comme nous, les témoins désabusés qui croyaient que le Christ allait changer le monde et qui voient que le monde continu à vivre comme avant.
Comme les disciples d’Emmaüs, nous sommes des esprits lents à croire, non que nous soyons particulièrement rétifs ou bornés, mais parce que nous avons besoin d’être éclairés sur le sens de ce qui advient. Cette lumière sur les événements ne nous vient pas d’un surcroit d’informations, mais de la parole de Dieu mise en rapport avec l’histoire des hommes, et du signe sacramentel de la présence du Christ à l’humanité.
D’une certaine façon, pendant les vingt-sept années de son pontificat, Jean Paul II a sans cesse cherché à donner l’interprétation profonde des événements du monde. Inlassablement, année après année, continent après continent, pays après pays, il a repris la lecture de l’histoire des hommes à la lumière de la révélation divine, et dans la célébration du sacrement du Christ. Là où d’autres ne voyaient que tel ou tel aspect plus frappant, plus perceptible et bien souvent plus désespérant, il portait sur l’aventure humaine un regard de foi et d’espérance ce qui lui donnait non pas de galvaniser les foules, mais d’éveiller les coeurs. A propos de la situation — qui semblait réellement sans issue
— de la Pologne dans les années 80, de l’avenir potentiel de l’empire soviétique en Europe centrale, des dynamismes de liberté qui pouvaient s’épanouir au coeur de l’Amérique latine, de l’avenir du continent Africain ou de la vitalité de la foi dans les vieilles chrétientés, jamais il ne s’est laissé enfermer dans la fatalité des diagnostics. Là où beaucoup d’analystes, de politiques, ou même de pasteurs ne voyaient qu’une impasse,_là où déjà on repliait les étals _en pensant que tout était fini, il se dressait pour annoncer que les épreuves à travers lesquelles nous passions et les défilés étroits où il nous fallait progresser, ne conduisaient pas vers le vide et la mort mais vers la résurrection et la vie.
Ainsi, le tournant de l’an 2000, qui aurait pu n’être qu’une date symbolique et sans grande signification particulière, est devenu dans sa visée pastorale un moment décisif qui, d’une certaine façon, a permis de secouer l’Église et de l’inviter à relire les deux millénaires précédents, non pas comme une suite d’événements incohérents mais comme le déroulement d’un processus de grâce par lequel l’Esprit Saint préparait au coeur de l’humanité un appel à la conversion, à la repentance et à l’espérance.
C’est ainsi que, pèlerin parmi les pèlerins à travers le monde, il a visité tous les peuples de la Terre, non pas pour constater la vitalité forte ou faible de telle ou telle église, mais pour déchiffrer à travers la situation diverses des chrétiens et des sociétés, l’invitation et la promesse que Dieu lançait à l’humanité. A partir de Moïse, de la Loi, des prophètes, et dans le signe sacramentel de l’Eucharistie, il révélait comment Dieu construit une histoire sainte à travers le déroulement banal et ordinaire de la vie des hommes. Jean Paul II n’a pas cherché à prouver une capacité visionnaire particulière, mais il a manifesté la puissance à l’oeuvre de la foi. Dans la contemplation du mystère du Christ mort et ressuscité et dans la communion quotidienne à ce mystère, il puisait la lumière pour manifester l’oeuvre de l’Esprit de Dieu à travers l’histoire des hommes. Il portait en lui la conviction qu’en dépit de ce que les événements pouvaient avoir de graves et parfois d’atroces ou d’inimaginables, il y toujours un chemin pour accueillir la miséricorde et la puissance de Dieu. C’est ainsi que lors de la célébration du grand Jubilé, il nous a invité à relire les grandes étapes de l’histoire de l’Église, non pas pour susciter des regrets a posteriori, mais pour nous faire comprendre que, dans la foi, Dieu conduisait son peuple infailliblement selon le plan de son amour, y compris à travers nos erreurs et nos péchés. Dans cette confiance absolue dans la puissance de la miséricorde de Dieu (dont il a établi la fête le premier dimanche après Pâques), il puisait le regard d’amour et de confiance qu’il portait sur l’humanité. Si tant d’hommes et de femmes ont reconnu en lui un personnage exceptionnel, c’est d’abord parce qu’ils ont perçu de manière certaine qu’il les aimait complètement, totalement, tels qu’ils étaient, avec leurs péchés, leurs erreurs, leurs limites, et en discernant en chacun d’eux la vocation extraordinaire de pouvoir devenir vraiment des enfants de Dieu dans le Christ.
Que le Bienheureux Jean Paul II intercède pour que nous portions un regard de foi et d’espérance sur l’histoire du monde. Qu’il nous aide à échapper à la pression du jugement immédiat. Qu’il prie pour que nous puissions découvrir à la fraction du pain que Celui que nous ne voyons pas est présent à l’histoire des hommes. Amen. »

Tu nous as ouvert le ciel…

Le dernier numéro Signes, dans sa rubrique Témoins du Seigneur offre une entrevue avec le Père Thomas Rosica, csb, notre directeur. Il évoque son cheminement spirituel et l’expérience inoubliable des JMJ de Toronto. Nous avons le privilège de la publier dans sa version intégrale.

« Tu nous as ouvert le ciel… »

« Dans la pénombre de la crypte, le Père Rosica est plongé dans la prière. En ce 21 septembre 2010, alors que la Télévision Sel + Lumière — dont il est le Directeur général — ouvrira dans quelques heures une antenne à Montréal, il revoit toutes les visites qu’il a faites à l’Oratoire Saint-Joseph, endroit très marquant de sa vie. Il se rappelle tout particulièrement la première : « Je suis venu ici pour la première fois, à 16 ans. J’avais l’idée d’une vocation, à ce moment-là, et j’ai prié à ce sujet : ‹Frère André, aide-moi ! Saint Joseph, aide-moi !› Chaque fois que je reviens, c’est pour moi un retour aux sources ! »

Au service de l’éducation

Prêtre de la congrégation de saint Basile, le Père Rosica a 51 ans et célébrera son 25e anniversaire de sacerdoce le 19 avril de cette année. Né à Rochester, NY, dans une famille italo-américaine bien catholique, il est l’aîné de six enfants. Il a complété un baccalauréat ès arts en langue italienne et en littérature française à St. John Fisher College, en 1980.

Il a eu la grâce d’étudier à Rome, puis à Jérusalem : « Imaginez, j’ai vécu quatre ans en Terre Sainte ! Presque quatre ans et demi à Jérusalem, dans la vieille ville ! Ça a été une période très marquante pour moi. » Puis, il a été envoyé diriger le Centre Newman (l’aumônerie catholique de l’Université de Toronto) et enseigner l’Écriture Sainte.

Le Père Rosica s’est spécialisé dans l’étude du Nouveau Testament, surtout dans l’évangile de saint Luc et les Actes des Apôtres et il a investi une bonne partie de son temps d’études sur les disciples d’Emmaüs. « Ma thèse en lecture biblique portait sur eux, et celle que j’ai rédigée à l’École biblique avait pour sujet Philippe et l’eunuque éthiopien (Ac 8, 26-40), qui est le parallèle des disciples d’Emmaüs. »

Pourquoi donc Emmaüs ? « Parce que c’est l’histoire de la vie chrétienne : souvent, le Seigneur chemine avec nous sans que l’on en soit conscient. À travers ses questions, son enseignement, sa présence douce et affable, on le découvre, ça réchauffe le cœur, qui devient brûlant. C’est un peu le thème de ma vie, car j’ai souvent été comme les deux disciples tout tristes sur le chemin : ils ont reconnu le Seigneur ! »

Le pasteur en lui est rejoint par ce passage évangélique : « J’espère aussi être souvent comme le Seigneur, qui rejoint les personnes où elles sont et chemine avec elles. De petites questions comme : ‹ Pourquoi es-tu triste ? ›, ‹ Qu’est-il arrivé ? ›, ‹ Qu’est-ce que tu fais ici ? › suscitent une ouverture, et les personnes sont confirmées dans leur foi. Emmaüs est un évangile très important pour moi. »

Directeur général des JMJ

En mai 1999, les Évêques du Canada demandent au Père Rosica de prendre en main les Journées Mondiales de la Jeunesse, qui se dérouleront à Toronto trois ans plus tard. « Ce n’est pas le genre de choses qu’on sollicite ! » Troisième candidat convoqué à Ottawa par la CECC, le religieux précise sa pensée aux Évêques : « Excellences, dit-il, si vous voulez que ce soit un concert d’un soir, un grand spectacle, un grand show, choisissez une autre personne ! Je veux que ce soit vraiment une retraite pour le pays ; ce doit être une profonde expérience de foi. » Même si, au début, ils ne savent pas trop à quoi s’attendre, les Évêques décident de lui faire confiance.

Les JMJ sont un immense bateau, et le Père Rosica reçoit toutes sortes de mises en garde : « Le gouvernement va être un problème. Les autres groupes religieux vont vous casser les pieds… ». Pourtant, le problème majeur était ailleurs : « Pour moi, ce n’étaient pas les forces extérieures qui étaient gênantes ou problématiques, c’était l’indifférence à l’intérieur de l’Église. Ça, c’était le défi le plus grand ! » Quelle solution trouve-t-il ? La prière. « J’ai beaucoup prié ! »

À peine apprend-il la nouvelle de sa nomination que le Père Rosica quitte son bureau du Centre Newman et prend le train pour Montréal. Dès son arrivée, il se rend à l’Oratoire Saint-Joseph. « Je voulais confier les JMJ au frère André ; je les ai mises à ses pieds. » Au tombeau de l’humble portier du Collège Notre-Dame, il prie ardemment : « Aide-moi à ouvrir les portes. » Ensuite il va au tombeau de Mère Marie-Rose Durocher, chez les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, et lui dit qu’il a besoin d’elle aussi. « Je crois à l’efficacité de ces gestes, j’accorde beaucoup de crédit à l’aide des saints ! » Le Père Rosica est convaincu que cet événement va constituer un réveil pour le pays.

Le travail et les grâces

Quelle somme de travail il lui faut abattre ! « Nous avons énormément souffert, durant la préparation. Il y avait des défis monstres : le 11 septembre, les abus sexuels et les graves scandales aux États-Unis, l’indifférence, la maladie de Jean-Paul II… » Pourtant, lors de la Vigile des JMJ, le samedi soir, il obtient sa récompense : « J’étais là, regardant la foule de 600 000 personnes, le Nonce Apostolique, Mgr Luigi Ventura, était à côté de moi. J’avais les larmes aux yeux et une profonde consolation dans mon cœur.

« Je me répétais les paroles prononcées par Jean-Paul II à New York, lors de sa visite à l’ONU, en 1995 : ‹ Nous ne devons pas avoir peur de l’avenir. Nous ne devons pas avoir peur de l’homme. Ce n’est pas par hasard que nous nous trouvons ici. …nous pouvons construire, dans le siècle qui est sur le point d’arriver et pour le prochain millénaire, une civilisation digne de la personne humaine, une vraie culture de la liberté. Nous pouvons et nous devons le faire ! Et, en le faisant, nous pourrons nous rendre compte que les larmes de ce siècle ont préparé la voie d’un nouveau printemps de l’esprit humain. › Ces paroles m’ont profondément marqué. Ce soir-là, le 27 juillet 2002, j’ai fait une nouvelle profession de foi en la Providence divine. Voilà la beauté… que nous avons vécue à travers cette expérience ! »

« Et que dire du passage de la croix des jeunes à travers notre vaste pays ! C’est le Canada qui a développé le sens du pèlerinage de la croix. Ils l’avaient fait avant, mais jamais d’une manière aussi coordonnée, en lui donnant un sens profond. » Des livrets sont publiés pour accompagner la croix. « Et même si, pour une raison ou une autre, on avait dû annuler les JMJ, s’il avait fallu y renoncer à cause des problèmes mondiaux, j’étais persuadé que, déjà, le Canada les avait vécues à travers le pèlerinage de la croix. » Cette croix a même été transportée à Ground zero, à New York. « Voilà un autre moment extrêmement touchant et profond ! » Ce moment de grâce, le Père Rosica l’a raconté au Pape : « Après notre visite à Ground Zero, j’ai expliqué au Saint-Père les émotions que nous avons tous vécues dans cet abîme de violence et haine. Le Pape pleurait. »

À mes yeux, les JMJ ont vraiment constitué une retraite. Et la plus grande surprise des JMJ, pour moi, c’est ce qui a suivi. Jamais je n’aurais cru que le plus beau fruit des JMJ au Canada, un fruit visible et de longue durée, allait être un projet avec le thème des JMJ : Télévision Sel + Lumière !

Des JMJ à la télévision

Après l’effervescence des JMJ, « moi, je voulais terminer le projet, quitter le bureau et reprendre l’enseignement à l’Université. » Or, en novembre 2002, « on me convoque à une réunion chez Mgr Nicola De Angelis, un des évêques auxiliaires de Toronto, pour me proposer l’idée de la télévision. J’ai refusé. » Mais cette rencontre est suivie d’une série d’événements et de coïncidences qui remettent en question le religieux.

Dès le lendemain, il partait pour Rome avec Mgr Berthelet, Mgr Lapierre et le cardinal Ambrozic. « Nous avions été invités à déjeuner avec le Pape pour faire le bilan des JMJ.  Je garde un souvenir vif de toute cette journée-là. C’était le jour où le Pape avait nommé Mgr Marc Ouellet Archevêque de Québec.»

« Nous avons été à table avec le Pape pendant deux heures. C’était si agréable, un moment mémorable ! » À la fin du repas, au moment de quitter la salle à manger, le Pape retient le Père Rosica. « Il m’a remercié pour les JMJ, il a blagué un peu, et m’a demandé : ‹ Qu’est-ce que vous allez faire ? Qu’est-ce qu’ils vous ont proposé de faire, maintenant ? › — « Je veux retourner à l’enseignement de l’Écriture Sainte, vous savez que j’étais professeur d’Écriture Sainte. »

Mais, pendant le repas : « J’avais raconté à son secrétaire, Mgr Dziwisz — qui était à côté de moi à table —, en rigolant un peu, ce qui m’avait été demandé : ‹ Il y a des gens qui veulent que je fasse de la télévision, maintenant ! Ça ne m’intéresse pas ! › Il avait ri, lui aussi. » Or, quand il a entendu le Pape poser sa question, Mgr Dziwisz dit au Père Rosica : « Dites au Saint-Père ce qu’ils vous ont proposé. » Le religieux avoue au Pape : « Padre Santo (je parlais en italien), il y a des gens qui m’ont proposé de lancer une chaîne de télévision catholique au Canada. » Le Pape le regarde, « il me prend par le bras, et me dit : ‹ La televisione cattolica ! › Je dis : ‹ Oui, oui, la télévision catholique. › Il me dit d’une voix forte : — ‹ Mais, il faut l’accepter, parce que vous vivez dans un pays de mission ! Alors, c’est très important ! › Il disait ça avec un grand sourire, comme en blaguant. Ce n’était pas de l’ordre de l’obéissance.

« Son secrétaire me dit : ‹ Avez-vous entendu le Pape ? › — ‹ Oui, oui, oui. › — ‹ Écoutez le Saint-Père ! › Je me suis mis à rire en moi-même, en disant : ‹ C’est la dernière chose que je voulais entendre aujourd’hui, que le Pape me confirme et qu’il dise : ‹ Accepte la télévision › ! » Dans les jours suivants, des conversations avec le Secrétaire d’État du Vatican, avec le Père Lombardi, avec le docteur Joaquín Navarro-Valls continuent de le faire réfléchir.

De Rome, le Père Rosica va passer quelques jours à Paris avec le cardinal Lustiger, son grand ami et mentor. « Il m’a beaucoup aidé pour les JMJ ; il a été un vrai père pour moi, un frère. » Pendant le dîner, le Cardinal lui demande ce qu’il entend faire. — « Éminence, ils m’ont proposé la télévision catholique. » — « C’est magnifique ! La même chose m’est arrivée à Paris, et après les JMJ, on a lancé KTO en France. Alors, on va t’aider avec tout ce que tu vas faire ! Demain, on va ensemble à KTO ! » Le lendemain, dans les bureaux de KTO, le cardinal Lustiger présente le Père Rosica : « Voilà le nouveau Directeur de la télévision catholique au Canada, qui est née après les JMJ. » Celui-ci est embarrassé : « Éminence, ne dites pas ça, parce que rien n’est public, je n’ai même pas parlé avec mes Supérieurs ! » L’Archevêque répond simplement : « C’est très important ! » Le Père Rosica reconnaît là un appel du Seigneur : « Il y a eu une série de signes, et tout cela m’a amené à reconsidérer ma décision. »

Un pasteur ardent

Étonnamment, les JMJ ne constituent pas l’expérience pastorale qui a le plus profondément frappé le Père Rosica. « L’épisode le plus pénétrant, le plus profond, de toute mon expérience pastorale reste un projet vécu avec les étudiants au moment où j’étais aumônier d’Université. »

À son arrivée au Centre Newman, le Père Rosica a fait de la lettre apostolique Tertio millenio ad­veniente — que le Pape venait de publier en préparation au Jubilé de l’an 2 000 — son plan pastoral pour les six années suivantes. « C’était le plan catéchétique le plus grand, le plus noble et le plus audacieux jamais lancé par l’Église, un plan de six ans ! » Pendant ces années où il a beaucoup travaillé à l’aumônerie de la plus grande institution universitaire catholique du Canada, il met l’accent sur la vie des saints.

« Chaque année, nous présentions aux étudiants de nouveaux saints, des bienheureux et des bienheureuses. »

Or, lors de la construction de la chapelle universitaire, des vitraux avaient été prévus, mais les moyens financiers manquant, on n’avait pu mettre que des fenêtres. « J’ai proposé aux jeunes que nous fassions une levée de fonds pour remplacer quelques fenêtres par d’authentiques vitraux représentant les nouveaux saints et les bienheureux de notre époque et, pourquoi pas, ceux qui sont en attente de béatification. J’en avais trois en tête : Teresa de Calcutta, Thérèse Bénédicte de la Croix (Édith Stein) et Thérèse de Lisieux. »

On rassemble tellement d’argent que, finalement, 12 fenêtres sont remplacées par de très beaux vitraux ! « Pour la fête de la Toussaint 1999, une magnifique cérémonie a réuni 1 000 personnes venues inaugurer les nouveaux vitraux. C’était un moment très important pour moi, le fruit d’une longue catéchèse et du choix des étudiants. » Des groupes d’étude avaient été organisés et, « dans mes prédications, j’avais mis l’accent sur certains saints ou serviteurs de Dieu très inspirants, dont : Pier Giorgio Frassatti, Gianna Beretta Molla, Franz Jägerstätter1, un martyr de la Deuxième Guerre mondiale que personne ne connaissait (il est maintenant béatifié), Kateri Tekakwitha, le pape Jean XXIII, Mère Teresa de Calcutta, le prêtre polonais Jerzy Popieluszko, le frère André et Oscar Romero. Les étudiants ont voté.

« Cette cérémonie-là a été pour moi très emblématique de mon travail pastoral à l’Université de Toronto, et peut-être de tout mon sacerdoce, parce que nous avons présenté aux jeunes les nouveaux héros et héroïnes de notre époque. C’était une inspiration d’une grande clairvoyance, car c’est parmi ce groupe que Jean-Paul II a choisi ensuite les patrons donnés pour modèles aux jeunes de la JMJ de Toronto. »

Un des jeunes présents à cette époque — il faisait son doctorat et enseigne maintenant la physique à l’Université d’Ottawa — lui a écrit, deux ou trois jours après la célébration : « Ce jour-là, tu nous as ouvert le ciel, et tu nous aS fait connaître nos amis, qu’on ignorait avant. » Le Père Rosica conserve précieusement cette lettre. « Si, à la fin de ma vie, on juge mon travail, j’espère qu’on pourra dire : ‹ Il a présenté aux jeunes leurs amis, des amis qui ne déçoivent pas. › »

1          Franz Jägerstätter est né le 20 mai 1907 à Sankt Radegund, près de Salzbourg, et mort le 9 août 1943 à Berlin. Il était un objecteur de conscience autrichien, béatifié le 26 octobre 2007.

Depuis toujours, Thomas Rosica croit que « le monde présente les héros du spectacle, du théâtre, de la musique, du sport, et ce sont souvent des types abominables, des types qui déçoivent : un jour ils sont célèbres, le lendemain, ils sont en prison. Tandis qu’en faisant connaître les saints, on offre aux jeunes leurs vrais amis ! »

Travailler à la nouvelle évangélisation

La Télévision Sel + Lumière joue un rôle très important au niveau de la nouvelle évangélisation. « Elle est au service de l’Église, ce n’est pas l’Église qui est au ser­vice de Sel + Lumière ! Nous sommes là pour con­firmer le message, pour re­joindre les personnes qui, souvent, ne franchissent pas la porte de l’église. »

Le nombre de téléspecta­teurs augmente jour après jour. « Nous sommes pré­sents dans plus de 2 500 000 maisons d’abonnés, mais­ plusieurs personnes habi­tent dans chaque maison ! Dieu seul sait combien de personnes nous suivent à travers notre site web. » (www.seletlumieretv.org ou www.saltandlighttv.org)

L’expression « Sel + Lu­mière » est inspirante. « Elle est très biblique, parce qu’il faut très peu de sel et très peu de lumière pour faire la différence. Vous savez ce que c’est quand un mets manque de sel : comme italien, je sais que le sel est primordial ! Si le sel manque, insipide est le repas, mais un peu de sel donne du goût. Donc, c’est le goût de l’Évangile, et c’est aussi ce qui préserve, qui conserve la vie. Et puis, quand il n’y a pas de lumière, vous pouvez vous casser la figure. Mais la plus petite lumière rompt les ténèbres et change toute l’atmosphère. »

Sel + Lumière, présente un message contraire à celui de la société contemporaine. « Il est toujours orienté vers les nouvelles familles, vers les jeunes adultes. C’est un instrument privilégié, providentiel, pour changer un peu notre culture, pour répondre aux grands besoins de la foi, de la culture catholique, et pour être un peu la présence de Dieu. Les milliers de lettres reçues – j’ai une table pleine de lettres et de messages –  ne proviennent pas seulement de personnes âgées.

Le défi de la durée

Évidemment, le plus grand défi matériel reste le financement. L’argent est nécessaire. « Ce qui m’agace, ce qui est très difficile à avaler, c’est quand les gens di­sent : ‹ Laissez payer l’Église. Le Pape va payer pour ça ! Les Évêques vont payer pour ça ! › Je dis : ‹ Vous êtes l’Église ! Vous êtes responsables de l’Église ! Vous pouvez vous plaindre tant que vous voulez du manque de formation. Mais vous avez maintenant entre vos mains, laïcs, un instrument privilégié, qui n’est pas guidé par les prêtres ni par la Curie, mais par de jeunes adultes solides dans leur foi, et convaincants. Alors, aidez-nous ! »

Jusqu’à présent, la Providence a pourvu aux besoins de Sel + Lumière. « Beaucoup de communautés religieuses du Québec nous ont énormément aidés. Des sœurs qui veulent rester inconnues, silencieuses. Des congrégations qui sont en train de mourir, mais qui voient, dans notre projet, la possibilité de la vie nouvelle et la confirmation de la foi des jeunes. Je leur serai éternellement reconnaissant. »

L’autre défi, c’est l’indifférence des catholiques. Des croyants demandent au Père Rosica : « À quoi ça sert ? On n’a pas besoin de ça ! Pourquoi êtes-vous positif sur l’Église ? Est-ce que vous croyez ce que vous dites à la télévision ? » Triste réaction ! « Je n’ai jamais dit à la télévision une chose à laquelle je ne crois pas ! Ce magnifique projet ne tourne pas autour de moi, ce sont les jeunes qui rendent témoignage. Ce sont les jeunes adultes du Canada qui sont les chevilles ouvrières de la production de Sel + Lumière. J’espère que, peu à peu, les gens vont se rendre compte que c’est vraiment l’espérance que nous présentons aux autres. Pour moi, tout ce qui compte, c’est d’aider les personnes à croire en Jésus, à le connaître davantage, c’est de contribuer à ce que l’Église soit plus aimée. C’est ça qui compte ! »

Propos recueillis par Diane POIRIER

Créée à l’automne 1966 par le Père Ludger Brien, jésuite, la revue Signes s’adresse particulièrement (mais pas exclusivement) aux laïcs. Elle veut transmettre, dans un langage accessible au plus grand nombre, la pensée authentique de l’Église et fournir à toute personne de bonne volonté une «manne» spirituelle substantielle qui l’aide à être  » à la face du monde, un témoin de la résurrection et de la vie du Seigneur Jésus et un signe du Dieu vivant « (Lumen Gentium). Signes comporte des articles traitant divers sujets à la lumière de l’Évangile, et de courtes méditations quotidiennes inspirées de la liturgie du jour.

Messe chrismale en la basilique St Pierre de Rome

Homélie du Saint-Père durant la messe Chrismale, ce matin jeudi 21 avril en la basilique St Pierre de Rome
Le Pape a rappelé la signification des trois huiles saintes.
Chers frères et sœurs,
Au centre de la liturgie de ce matin, se trouve la bénédiction des huiles saintes – de l’huile pour l’onction des catéchumènes, de celle pour l’onction des malades et du chrême pour les grands Sacrements qui confèrent l’Esprit Saint : la Confirmation, l’Ordination sacerdotale et l’Ordination épiscopale. Dans les Sacrements, le Seigneur nous touche au moyen des éléments de la création. L’unité entre la création et la rédemption se rend visible. Les Sacrements sont l’expression de la corporéité de notre foi qui embrasse corps et âme, l’homme entier. Le pain et le vin sont fruits de la terre et du travail de l’homme. Le Seigneur les a choisis comme porteurs de sa présence. L’huile est le symbole de l’Esprit Saint et, en même temps, elle nous renvoie au Christ : la parole « Christ » (Messie) signifie « l’Oint ». L’humanité de Jésus, à travers l’unité du Fils et du Père, est insérée dans la communion avec l’Esprit Saint et ainsi, elle est « ointe » de manière unique, elle est pénétrée par l’Esprit Saint. Ce qui, dans les rois et dans les prêtres de l’Ancienne Alliance s’était produit de manière symbolique lors de l’onction avec l’huile, avec laquelle ils étaient institués dans leur ministère, se produit en Jésus dans toute sa réalité : son humanité est pénétrée par la force de l’Esprit Saint. Il ouvre notre humanité par le don de l’Esprit Saint. Plus nous sommes unis au Christ, plus nous sommes remplis de son Esprit, de l’Esprit Saint. Nous nous appelons « chrétiens » : « oints » – personnes qui appartiennent au Christ et pour cela participent à son onction, sont touchées par son Esprit. Je ne veux pas seulement m’appeler chrétien, mais je veux aussi l’être, a dit saint Ignace d’Antioche. Laissons justement ces huiles saintes, qui vont être consacrées maintenant, nous rappeler la tâche intrinsèque du mot « chrétien » et prions le Seigneur pour que, toujours plus, non seulement nous nous appelions chrétiens, mais nous le soyons aussi.
Au cours de la Liturgie de ce jour, comme nous l’avons déjà dit, trois huiles sont bénies. Dans cette triade s’expriment trois dimensions essentielles de l’existence chrétienne, sur lesquelles nous voulons réfléchir à présent. Il y a tout d’abord l’huile des catéchumènes. Cette huile indique en quelque sorte une première manière d’être touchés par le Christ et par son Esprit – un toucher intérieur par lequel le Seigneur attire les personnes à lui. Par cette première onction, qui est faite encore avant le Baptême, notre regard se tourne donc vers les personnes qui se mettent en chemin vers le Christ – vers celles qui sont à la recherche de la foi, à la recherche de Dieu. L’huile des catéchumènes nous dit : ce ne sont pas seulement les hommes qui cherchent Dieu. Dieu Lui-même s’est mis à notre recherche. Le fait que lui-même se soit fait homme et soit descendu dans les abîmes de l’existence humaine, jusque dans la nuit de la mort, nous montre combien Dieu aime l’homme, sa créature. Poussé par l’amour, Dieu s’est mis en marche vers nous. « Me cherchant, Tu t’es assis, fatigué… qu’un tel effort ne soit pas vain ! » prions-nous dans le Dies Irae. Dieu est à ma recherche. Est-ce que je veux le reconnaître ? Est-ce que je veux qu’il me connaisse, qu’il me trouve ? Dieu aime les hommes. Il va au devant de l’inquiétude de notre cœur, de l’inquiétude de nos questions et de nos recherches, avec l’inquiétude de son propre cœur, qui le pousse à accomplir l’acte extrême pour nous. L’inquiétude envers Dieu, – le fait d’être en chemin vers lui pour mieux le connaître, pour mieux l’aimer –, ne doit pas s’éteindre en nous. En ce sens, nous devrions toujours rester des catéchumènes. « Recherchez sans relâche sa face », dit un psaume (105, 4). Augustin a commenté à ce propos : Dieu est tellement grand qu’il dépasse infiniment toute notre connaissance et tout notre être. La connaissance de Dieu ne s’épuise jamais. Toute l’éternité, nous pouvons, avec une joie grandissante, continuer sans cesse à le chercher, pour le connaître toujours plus et l’aimer toujours plus. « Notre cœur est inquiet, tant qu’il ne repose en toi », a dit Augustin au début de ses Confessions. Oui, l’homme est inquiet, car tout ce qui est temporel est trop peu. Mais sommes-nous vraiment inquiets à son égard ? Ne nous sommes-nous pas résignés à son absence et ne cherchons-nous pas à nous suffire à nous-mêmes ? Ne permettons pas de telles réductions de notre être humain ! Restons continuellement en marche vers lui, ayant la nostalgie de lui, accueillant de manière toujours nouvelle connaissance et amour !
Ensuite, il y a l’huile pour l’Onction des malades. Nous avons devant nous la multitude des personnes qui souffrent : les affamés et les assoiffés, les victimes de la violence sur tous les continents, les malades avec toutes leurs douleurs, leurs espérances et leurs désespoirs, les persécutés et les opprimés, les personnes au cœur brisé. À propos du premier envoi des disciples par Jésus, saint Luc raconte : « Il les envoya proclamer le Royaume de Dieu et faire des guérisons » (9, 2). Guérir est une tâche primordiale confiée par Jésus à l’Eglise, suivant l’exemple donné par lui-même alors qu’il parcourait les routes du pays en guérissant. Certes, la tâche principale de l’Eglise est l’annonce du Royaume de Dieu. Mais justement cette annonce elle-même doit être un processus de guérison : «… guérir ceux qui ont le cœur brisé », a-t-il été dit aujourd’hui dans la première Lecture du prophète Isaïe (61, 1). L’annonce du Royaume de Dieu, de la bonté infinie de Dieu, doit susciter avant tout ceci : guérir le cœur blessé des hommes. L’homme, de par sa propre essence, est un être en relation. Toutefois, si la relation fondamentale, la relation avec Dieu, est perturbée, alors tout le reste aussi est perturbé. Si notre rapport à Dieu est perturbé, si l’orientation fondamentale de notre être est erronée, nous ne pouvons pas non plus vraiment guérir dans le corps et dans l’âme. Pour cela, la guérison première et fondamentale advient dans la rencontre avec le Christ qui nous réconcilie avec Dieu et guérit notre cœur brisé. Mais en plus de cette tâche centrale, la guérison concrète de la maladie et de la souffrance fait aussi partie de la mission essentielle de l’Eglise. L’huile pour l’Onction des malades est l’expression sacramentelle visible de cette mission. Depuis les débuts, l’appel à guérir a muri dans l’Eglise, ainsi que l’amour prévenant envers les personnes tourmentées dans le corps ou dans l’âme. C’est là une occasion de remercier pour une fois les sœurs et les frères qui dans le monde entier portent aux hommes un amour qui guérit, sans tenir compte de leur position ou de leur confession religieuse. Depuis Elisabeth de Thuringe, Vincent de Paul, Louise de Marillac, Camille de Lellis jusqu’à Mère Teresa – pour ne rappeler que quelques noms – le monde est traversé par un sillon lumineux de personnes, qui tire son origine de l’amour de Jésus pour les souffrants et les malades. C’est pourquoi nous remercions maintenant le Seigneur. C’est pourquoi, nous remercions tous ceux qui, en vertu de leur foi et de leur amour, se mettent aux côtés des souffrants, apportant ainsi, en fin de compte, un témoignage de la propre bonté de Dieu. L’huile pour l’Onction des malades est un signe de cette huile de la bonté du cœur, que ces personnes – avec leur compétence professionnelle – portent aux personnes qui souffrent. Sans parler du Christ, elles le manifestent.
En troisième lieu, il y a enfin la plus noble des huiles ecclésiales, le chrême, une mixture d’huile d’olive et de parfums végétaux. C’est l’huile de l’onction sacerdotale et de l’onction royale, onctions qui se rattachent aux grandes traditions d’onction dans l’Ancienne Alliance. Dans l’Eglise, cette huile sert surtout pour l’onction lors de la Confirmation et lors des Ordinations sacrées. La liturgie d’aujourd’hui associe à cette huile les paroles de promesse du prophète Isaïe : « Vous serez appelés ‘prêtres du Seigneur’, on vous nommera ‘ministres de notre Dieu’ » (61, 6). Le prophète reprend par là la grande parole de charge et de promesse, que Dieu avait adressée à Israël au Sinaï : « Je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, une nation sainte » (Ex 19, 6). Dans le vaste monde et pour le vaste monde qui, en grande partie, ne connaissait pas Dieu, Israël devait être comme un sanctuaire de Dieu pour la totalité, il devait exercer une fonction sacerdotale pour le monde. Il devait conduire le monde vers Dieu, l’ouvrir à lui. Saint Pierre, dans sa grande catéchèse baptismale, a appliqué ce privilège et cette tâche d’Israël à l’entière communauté des baptisés, proclamant : « Mais vous, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis pour proclamer les louanges de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui, jadis, n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu » (1 P 2, 9 s.). Le Baptême et la Confirmation constituent l’entrée dans ce peuple de Dieu, qui embrasse le monde entier ; l’onction du Baptême et de la Confirmation est une onction qui introduit dans ce ministère sacerdotal en faveur de l’humanité. Les chrétiens sont un peuple sacerdotal pour le monde. Les chrétiens devraient rendre visible au monde le Dieu vivant, en témoigner et conduire à Lui. Quand nous parlons de notre charge commune, en tant que baptisés, nous ne devons pas pour autant en tirer orgueil. C’est une question qui, à la fois, nous réjouit et nous préoccupe : sommes-nous vraiment le sanctuaire de Dieu dans le monde et pour le monde ? Ouvrons-nous aux hommes l’accès à Dieu ou plutôt ne le cachons-nous pas ? Ne sommes-nous pas, nous – peuple de Dieu –, devenus en grande partie un peuple de l’incrédulité et de l’éloignement de Dieu ? N’est-il pas vrai que l’Occident, les Pays centraux du christianisme sont fatigués de leur foi et, ennuyés de leur propre histoire et culture, ne veulent plus connaître la foi en Jésus Christ ? Nous avons raison de crier vers Dieu en cette heure : Ne permets-pas que nous devenions un non-peuple ! Fais que nous te reconnaissions de nouveau ! En effet, tu nous as oints de ton amour, tu as posé ton Esprit Saint sur nous. Fais que la force de ton Esprit devienne à nouveau efficace en nous, pour que nous témoignions avec joie de ton message !
Malgré toute la honte que nous éprouvons pour nos erreurs, nous ne devons pas oublier cependant qu’il existe aussi aujourd’hui des exemples lumineux de foi ; qu’il y a aussi aujourd’hui des personnes qui, par leur foi et leur amour, donnent espérance au monde. Quand le 1er mai prochain sera béatifié le Pape Jean Paul II, nous penserons à lui, pleins de gratitude,  comme à un grand témoin de Dieu et de Jésus Christ à notre époque, comme à un homme rempli d’Esprit Saint. Avec lui, nous pensons au grand nombre de ceux qu’il a béatifiés et canonisés et qui nous donnent la certitude que la promesse de Dieu et sa charge ne tombent pas aujourd’hui dans le vide.
Je m’adresse enfin à vous, chers confrères dans le ministère sacerdotal. Le Jeudi Saint est de façon particulière notre jour. A l’heure de la Dernière Cène, le Seigneur a institué le sacerdoce du Nouveau Testament. « Consacre-les dans la vérité » (Jn 17, 17) a-t-il prié le Père – pour les Apôtres et pour les prêtres de tous les temps. Avec beaucoup de gratitude pour notre vocation et avec humilité pour tous nos manquements, renouvelons maintenant notre « oui » à l’appel du Seigneur : Oui, je veux m’unir intimement au Seigneur Jésus – renonçant à moi-même… poussé par l’amour du Christ. Amen.
Secured By miniOrange