Le ferment dans la pâte ou l’humanisation du Mondial

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Photo: Courtoisie de Catholic News Service

La coupe du monde de soccer, qui est sur le point de se terminer, nous invite à réfléchir sur la nature du sport et sur son rapport avec le développement de la personne humaine. La popularité du sport en général, dont le soccer est un représentant emblématique, manifeste l’universalité du phénomène. Peu importe l’âge, la nationalité, la race ou l’idéologie politique, le sport réussit à enflammer les cœurs et procure un sentiment de satisfaction et d’appartenance. Pourquoi ces deux sentiments réussissent-ils par leur intensité à procurer autant de joie ? La réponse à cette question trouve une réponse dans le Mystère de la Sainte Trinité. En effet, le Dieu Trine est une communion de personnes unies substantiellement par une communion d’amour divinement infinie. Qu’est-ce que cela à voir avec le soccer me direz-vous ? Le lien provient de la création de l’homme à l’image et à la ressemblance de Dieu. En effet, l’homme étant fait à l’image d’un Dieu « communautaire », c’est-à-dire d’une communion de Personnes si parfaites qu’elle est de toute éternité Une Substance, il aura nécessairement ce désir de communion inscrit au plus profond de son être. Les sentiments d’appartenance et de communion sont ce que le sport permet de réaliser, lui donnant ainsi un avant goût de l’accomplissement de sa nature profonde.

C’est la raison pour laquelle l’Église encourage l’exercice du sport mais tient à préciser les orientations fondamentales qui font que le sport sera un lieu de la communion. La première finalité du sport et des loisirs est de « détendre et fortifier la santé de l’esprit et du corps »[1]. D’un point de vue uniquement humain, le sport est donc un bon moyen pour réaliser l’équilibre constant et essentiel au bon fonctionnement corporel et psychique.

Dans un deuxième temps, le Concile Vatican II enseigne que :

« les activités sportives qui aident à conserver un bon équilibre psychique, individuellement et aussi collectivement, et à établir des relations fraternelles entre les hommes de toutes conditions, de toutes nations ou de races différentes. Que les chrétiens collaborent donc aux manifestations et aux actions culturelles collectives qui sont de leur temps, qu’ils les humanisent et les imprègnent d’esprit chrétien. » GS 61 § 3

En relisant ce texte, il m’est revenu à l’esprit un cours de théologie morale dans lequel nous avions traité d’une vertu peu connue : l’eutrapélie. Cette vertu, si peu connue que mon logiciel de traitement de texte ne reconnaît même pas le mot, est une espèce de la vertu de tempérance permettant de jouir des divertissements de manière convenable. Il s’agit d’une habitude acquise « modérant notre attitude devant la réalité du sport, du jeu et du divertissement en général »[2]. Le lien entre le texte conciliaire et la vertu d’eutrapélie est encore plus évident lorsqu’on l’analyse quelque peu. De fait, le sport aide au développement d’un bon équilibre psychique individuel et collectif. Cela manifeste ainsi l’importance que joue le sentiment de communion suscité par le sport mais également les balises dans lesquelles ce but peut se réaliser c’est-à-dire en relativisant son importance qui se trouve en dessous de la relation à Dieu, à la famille, etc.

Enfin, le sport est un bon moyen de construire des relations fraternelles entre les hommes. Le Mondial de soccer est, en ce sens, un grand défi de fraternité universelle puisque, d’un côté, les partisans et les joueurs doivent donner leur 110% et, de l’autre, ils doivent accepter la victoire de l’adversaire ou respecter le perdant dans l’humilité. Dans cette immense arène qu’est le sport, les chrétiens réalisent dès ici bas leur vocation à la communion en élevant tous les éléments du sport aux fins supérieures. Ainsi pourra se réaliser le désir du pape François qui sur tweeter souhaitait : « une très belle Coupe du Monde de football, jouée avec un esprit de vraie fraternité »[3].

[1] Gaudium et Spes 61 § 3

[2] Angel Rodríguez-Luño, Scelti in Cristo per essere Santi, Ed. Edusc, Rome, 2008, p.332.

[3]https://twitter.com/Pontifex_fr/status/476989852756365313

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