La corruption au Québec : vers un examen de conscience (2e partie)

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photo courtoisie: dszpiro

Le 19 février 2015, le Conseil Église et société de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec publiait un document intitulé : « Dans l’attente du rapport de la Commission Charbonneau, une réflexion sur la corruption ». Comme le titre l’indique, ce document se veut une réflexion portant sur le phénomène de la corruption, sur ses différents effets, causes et solutions. Faisant référence à l’exaspération et à l’indignation de « beaucoup de citoyennes et de citoyens qui peinent à gagner leur vie en respectant leurs devoirs de justice », l’AECQ souhaite offrir un outil qui pourra aider à faire face à ce « cancer qui ronge le corps social de nos pays en particulier, et la communauté internationale en général »

Des pistes de solution

Après avoir clarifié que la posture de l’Église ne consiste pas à se substituer aux actions de l’État mais à encourager les décideurs et acteurs de la société civile à favoriser un climat incitant à l’honnêteté et au respect de la primauté du Bien commun, les évêques du Québec poursuivent, à l’instar des premiers pasteurs chrétiens, et « insistent sur la nécessité de la conversion et de la transformation des consciences […] plus que sur les exigences de changement des structures sociales et politiques » (p.8). [2] Bien sûr, les actions politiques et sociales sur ce qui a été appelé les « causes externes » sont utiles, voir même essentielles. Cependant, elles doivent être accompagnées d’un biais plus en profondeur puisque la « multiplication des lois engendre nécessairement une bureaucratie de plus en plus envahissante » (p.9) ce qui peut entraîner l’effet pervers de légitimer les citoyens à contourner les lois. Par exemple, on remarque que le travail au noir augmente lorsque les taxes augmentent. De plus, il est important de retrouver le lien entre la politique et le monde de l’économie. En ce sens, nous devons refuser la logique qui tend à séparer ces deux sphères : « C’est pourquoi » écrivent les évêques, « il faut avoir présent à l’esprit que séparer l’agir économique, à qui il reviendrait seulement de produire de la richesse, de l’agir politique, à qui il reviendrait de rechercher la justice au moyen de la redistribution, est une cause de graves déséquilibres » [3]. L’agir moral concerne tout le monde et c’est pourquoi l’AECQ mentionne son admiration devant « les personnes qui dans le monde politique ou le milieu des affaires se sont élevées contre des situations de corruption ou qui ont passé leur vie sans se laisser corrompre » (p.12).

L’AECQ y va donc d’un discours original et étranger au discours ambiant. En effet, selon les évêques du Québec, c’est par la vertu, spécialement la vertu de justice et de courage, que cette pratique de la corruption pourra tendre davantage à la diminution qu’à l’augmentation. Pour ce faire, l’État devrait favoriser l’action d’organismes comme l’Église catholique, pour qu’elles puissent réaliser librement leur mission, par exemple dans les écoles ; et ainsi porter et transmettre « des convictions morales et religieuses » (p.9) à la société. En effet, il existe un lien entre le déni de la dimension transcendante de l’homme ou, en d’autres termes, la fermeture aux réalités spirituelles et l’appât du gain qui engendre la corruption.

Je recommande la lecture du document de réflexion du Conseil Église et société de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec. Il s’agit d’un excellent instrument pour nourrir la réflexion et trouver des solutions viables au problème de corruption dont le Québec n’est malheureusement pas exempt. Devant l’imminence de la publication du rapport de la Commission Charbonneau, il est de mise de non seulement surmonter la tentation du cynisme mais, surtout, de retrouver la dimension chrétienne de la vie citoyenne.

[2] Compendium, no 328. Le no 329 cite de très beaux textes de Pères de l’Église.

[3] Caritas in veritate, no 36.

Le corruption au Québec : vers un examen de conscience (1ère partie)

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photo courtoisie:  Paulo Barcelos

Le 19 février 2015, le Conseil Église et société de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec publiait un document intitulé : « Dans l’attente du rapport de la Commission Charbonneau, une réflexion sur la corruption ». Comme le titre l’indique, ce document se veut une réflexion portant sur le phénomène de la corruption, sur ses différents effets, causes et solutions. Faisant référence à l’exaspération et à l’indignation de « beaucoup de citoyennes et de citoyens qui peinent à gagner leur vie en respectant leurs devoirs de justice », l’AECQ souhaite offrir un outil qui pourra aider à faire face à ce « cancer qui ronge le corps social de nos pays en particulier, et la communauté internationale en général »[2] . Pour ce faire, le document se divise en 3 parties que nous explorerons plus en détails.

Qu’est-ce que la corruption :

La corruption est, selon le document de l’AECQ, une perversion du don (p.1), du caractère gratuit que peuvent prendre certaines de nos actions. En effet, nous pouvons aisément voir que la corruption ne réduit pas seulement les interactions humaines à leur simple utilité, elle détourne la portée des actions humaines pour les réduire à un intérêt particulier. Par exemple, lorsqu’une personne offre un pot de vin pour obtenir un contrat de construction, elle demande à ce que les lois qui sont orientées vers le Bien commun ne s’appliquent pas dans son cas. Ainsi, cette personne s’imagine être une exception par rapport à la population en ignorant sciemment la raison d’être de ces lois. En d’autres termes, la corruption se moque du principe selon lequel nous sommes tous égaux devant la loi (principe fondamental de tout état de droit) et qui nous empêche de vivre comme des animaux c’est-à-dire vivant selon la loi du plus fort. Comment donc vaincre ce fléau ? [Read more…]

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