Salutation du pape François lors de la visite à l’Hôpital Pédiatrique « Federico Gomez », Mexique

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Vous trouverez ci-dessous le texte de l’allocution du pape François lors de visite à l’hôpital pédiatrique Federico Gomez:

Monsieur le Président, Madame la Première Dame,  Madame la Secrétaire à la Santé, Monsieur le Directeur, Membres du Conseil d’Administration, Familles ici présentes, Chers amis, chers enfants,

Bonsoir,

Je rends grâce à Dieu de me donner l’occasion de pouvoir vous visiter, de m’unir à vous et à vos familles dans cet hôpital. Pouvoir partager un moment de vos vies, de la vie de toutes les personnes qui travaillent comme médecins, infirmiers, membres du personnel et bénévoles qui vous assistent.

Merci.

Il y a un bref passage de l’Évangile qui nous raconte la vie de Jésus quand il était enfant. Il était tout petit, comme certains d’entre vous. Un jour ses parents, Marie et Joseph, l’emmènent au Temple pour le présenter à Dieu. Ils rencontrent alors un vieillard appelé Siméon qui, en le voyant, d’une manière très décidée, plein de joie et de reconnaissance, le prend dans ses bras et commence à bénir Dieu. Voir l’Enfant Jésus a provoqué en lui deux choses : un sentiment de reconnaissance, et l’envie de bénir.Capture d’écran 2016-02-14 à 18.19.03

Siméon est le « grand-père » qui nous enseigne ces deux attitudes fondamentales : remercier, et en même temps, bénir.

Moi, ici (et pas seulement en raison de l’âge), je me sens très proche de ces deux enseignements de Siméon. D’une part, franchir cette porte et voir vos yeux, vos sourires, vos visages, a suscité l’envie de dire merci. Merci pour la tendresse que vous manifestez en me recevant, merci de voir la tendresse avec laquelle on vous soigne et on vous accompagne. Merci pour l’effort de tous ceux qui font du mieux possible pour que vous puissiez récupérer rapidement. 

Il est très important de se sentir soigné et accompagné, de se sentir aimé et de savoir que l’on cherche la meilleure manière de vous soigner, pour toutes ces personnes je dis : merci.

Capture d’écran 2016-02-14 à 18.14.36En même temps, je veux vous bénir. Je veux demander à Dieu de vous bénir, de vous accompagner ainsi que vos familles, toutes les personnes qui travaillent dans cette maison et qui cherchent à ce que ces sourires continuent de grandir de jour en jour ; à toutes les personnes qui non seulement avec les médicaments mais aussi avec la ‘‘thérapie de la tendresse’’ contribuent à ce que ce temps soit vécu dans une plus grande joie. 

Connaissez-vous l’indio Juan Diego ? Quand l’oncle du petit Juan était malade, ce dernier était très inquiet et angoissé. A ce moment, la Vierge de Guadalupe apparaît et lui dit : « Que ton cœur ne soit pas troublé, et que rien ne t’inquiète. Ne suis-je pas là, moi qui suis ta Mère ? »

Nous avons  notre Mère, demandons-lui de nous donner son Fils Jésus. Fermons les yeux et demandons-lui ce qu’aujourd’hui notre cœur désire, et disons ensuite ensemble :

Je vous salue Marie…

Que le Seigneur et la Vierge de Guadalupe vous accompagnent toujours. Merci beaucoup. Et, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.

Angelus du pape François à la fin de la Messe à Ecatepec, Mexique

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Chers frères,

Dans la première lecture de ce dimanche, Moïse fait une recommandation au peuple. Lors de la moisson, dans l’abondance, lors des prémices n’oublie pas tes origines. L’action de grâce naît et grandit chez une personne et dans un peuple qui est capable de faire mémoire. Elle a ses racines dans le passé, qui, entre ombres et lumière, a progressivement généré le présent. Au moment où nous pouvons rendre grâce à Dieu parce que la terre a donné son fruit et produire ainsi du pain, Moïse invite son peuple à se souvenir en énumérant les situations difficiles qu’il a dû traverser (cf. Dt 26, 5-11). 

En ce jour de fête, en ce jour nous pouvons célébrer la bonté du Seigneur envers nous. Nous rendons grâce pour l’opportunité d’être réunis afin de présenter au Père plein de bonté les prémices de nos enfants, petits-enfants, de nos rêves et de nos projets. Les prémices de nos cultures, de nos langues et traditions. Les prémices de nos soucis… 

Que cela a été difficile à chacun de vous pour arriver jusqu’ici ! Combien chacun a-t-il dû « marcher » pour faire de ce jour une fête, une action de grâces ! Que de chemin d’autres ont fait, qui n’ont pas pu arriver, mais grâce à eux, nous avons pu continuer à avancer !

Aujourd’hui, suivant l’invitation de Moïse, nous voulons en tant que peuple faire mémoire, nous voulons être le peuple de la mémoire vivante du passage de Dieu au milieu son peuple, dans son peuple. Nous voulons regarder nos enfants, en sachant qu’ils hériteront non seulement d’une terre, d’une langue, d’une culture et d’une tradition, mais aussi du fruit vivant de la foi qui rappelle le passage assuré de Dieu en ce pays. La certitude de sa proximité et de sa solidarité. Une certitude qui nous aide à lever la tête et à espérer avec enthousiasme l’aurore. 

Avec vous aussi je m’unis à cette mémoire reconnaissante. A ce souvenir vivant du passage de Dieu dans vos vies. Regardant vos enfants, je ne peux pas ne pas faire miennes les paroles qu’un jour le bienheureux Paul VI a adressées au peuple mexicain :

« Un chrétien ne peut pas [ne pas] démontrer sa propre solidarité et ne peut pas donner le meilleur de lui-même pour résoudre la situation de tous ceux qui n’ont pas encore le pain de la culture ou l’opportunité d’un travail  digne […] On ne peut pas rester insensible alors que les nouvelles générations ne trouvent pas le moyen de transformer en réalité [leurs] légitimes aspirations ». Et il continue par une invitation à « être toujours en première ligne dans tous les efforts pour améliorer la situation de ceux qui sont dans le besoin », et à voir « en chaque homme, un frère, et en chaque frère, le Christ » (Paul VI, Message radiotélévisé aux Catholiques du Mexique, à l’occasion du 75ème anniversaire du couronnement de Notre-Dame de Guadalupe (12 octobre 1970), L’Osservatore Romano, éd. en langue française (23 octobre 1970), p. 1).

Je voudrais vous inviter de nouveau à être en première ligne, à être les premiers dans toutes les initiatives qui aident à faire de cette terre mexicaine bénie une terre d’opportunités, où il ne sera pas nécessaire d’émigrer pour rêver ; où il ne sera pas nécessaire d’être exploité pour travailler ; où il ne sera pas nécessaire de faire du désespoir et de la pauvreté d’un grand nombre l’opportunité de quelques-uns ;  une terre qui ne devra pas pleurer des hommes et des femmes, des jeunes et des enfants qui finissent, détruits, dans la main des trafiquants de la mort. 

Cette terre a le goût de la Guadalupana ; elle qui nous a toujours devancés dans l’amour, disons-lui :

Vierge Sainte « aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion, du service, de la foi ardente et généreuse, de la justice et de l’amour pour les pauvres, pour que la joie de l’Évangile parvienne jusqu’aux confins de la terre, et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière » (Evangelii gaudium, n. 288).

Homélie du pape François lors de la Messe au Centre d’Études de Ecatepec, Mexique

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Vous trouverez ci-dessous le texte de l’homélie du pape François lors de la Messe au Centre d’Études de Ecatepec au Mexique:

Mercredi dernier nous avons commencé le temps liturgique du Carême où l’Église nous invite à nous préparer à célébrer la grande fête de Pâques. C’est un temps spécial pour rappeler le don de notre baptême, lorsque nous avons été faits enfants de Dieu. L’Église nous invite à raviver le don qui nous a été fait, pour ne pas le laisser endormi comme une chose du passé, ou dans quelque « tiroir aux souvenirs ». Ce temps du Carême est un moment favorable pour retrouver la joie et l’espérance que nous ressentons du fait d’être enfants aimés du Père. Ce Père qui nous attend pour nous enlever les vêtements de la fatigue, de l’apathie, de la méfiance, et nous revêtir de la dignité que seuls un vrai père ou une vraie mère savent donner à leurs enfants, les vêtements qui naissent de la tendresse et de l’amour.

Notre Père est le Père d’une grande famille, il est notre Père. Il sait nourrir un amour unique mais ne sait engendrer ni éduquer des « fils uniques ». C’est un Dieu qui sait ce qu’est le foyer, la fraternité, le pain rompu et partagé. Il est le Dieu du « Notre Père », non pas du « Mon Père », ni du « Votre Père ». 

En chacun de nous se trouve, vit ce rêve de Dieu qu’à chaque Pâques, dans chaque Eucharistie nous célébrons de nouveau : nous sommes enfants de Dieu. Rêve que beaucoup de nos frères ont vécu tout au long de l’histoire. Rêve dont ont témoigné beaucoup de martyrs d’hier et Capture d’écran 2016-02-14 à 12.55.13d’aujourd’hui, en versant leur sang. 

Le Carême est un temps de conversion parce que nous faisons quotidiennement l’expérience dans notre vie de la façon dont ce rêve est sans cesse menacé par le père du mensonge, par celui qui cherche à nous séparer, en créant une société divisée et qui s’affronte. Une société d’un petit nombre et pour un petit nombre. Que de fois ne faisons-nous l’expérience dans notre chair, ou dans notre famille, à travers nos amis ou nos voisins, de la douleur qui naît de ne pas voir reconnue cette dignité que nous portons tous en nous ! Que de fois n’avons-nous pas dû pleurer et regretter de ne nous être pas rendu compte que nous n’avons pas reconnu cette dignité dans les autres ! Que de fois  – et je le dis avec douleur – ne sommes-nous pas aveugles et insensibles devant le manque de reconnaissance de notre propre dignité et de celle d’autrui ! 

Le Carême est un temps pour ajuster les sens, ouvrir les yeux devant tant d’injustices qui portent atteinte directement au rêve et au projet de Dieu. C’est un temps pour démasquer ces trois grandes formes de tentations qui brisent, divisent l’image que Dieu a voulu former.

Trois tentations du Christ…

Trois tentations du chrétien qui essayent de détruire la vérité à laquelle nous avons été appelés.

Trois tentations qui cherchent à dégrader et à nous dégrader.

  1. La richesse, en nous appropriant de biens qui ont été donnés à tous, les utilisant seulement pour moi ou ‘‘pour les miens’’. C’est avoir le « pain » à la sueur du front de l’autre, voire au prix de sa vie. Cette richesse, qui est un pain au goût de douleur, d’amertume, de souffrance. Dans une famille ou une société corrompue, c’est le pain que l’on donne à manger à ses propres enfants. 
  2. La vanité ; elle est la recherche de prestige sur la base de la disqualification continuelle et constante de ceux qui « ne sont pas comme nous ». La recherche exacerbée de ces cinq minutes de gloire, qui ne supporte pas la « gloire » des autres. « Transformant l’arbre tombé en bois de chauffage», elle conduit  à la troisièmetentation :
  3. L’orgueil ; c’est-à-dire se mettre sur un plan de supériorité en tout genre, sentant qu’on ne partage pas ‘‘la vie du commun des mortels’’, et prier tous les jours : « Merci Seigneur parce que tu ne m’as pas fait comme eux ». 

Capture d’écran 2016-02-14 à 12.54.54Trois tentations du Christ…

Trois tentations que le chrétien affronte tous les jours.

Trois tentations qui cherchent à dégrader, détruire et ôter la joie ainsi que la fraîcheur de l’Évangile ; qui nous enferment dans un cercle de destruction et de péché.

Il vaut donc la peine de nous demander :

Jusqu’à quel point sommes-nous conscients de ces tentations dans notre personne, en nous-mêmes ? Jusqu’à quel point sommes-nous habitués à un style de vie qui pense que dans la richesse, dans la vanité et dans l’orgueil se trouvent la source et la force de la vie ? Jusqu’à quel point croyons-nous que l’attention à l’autre, notre souci  et occupation pour le pain, pour le nom et pour la dignité des autres sont source de joie et d’espérance ?

Nous avons choisi Jésus et non le démon, nous voulons suivre ses traces, mais nous savons que ce n’est pas facile. Nous savons ce que signifie être séduit par l’argent, la gloire et le pouvoir. C’est pourquoi l’Église nous offre ce temps, elle nous invite à la conversion avec une seule certitude : Lui nous attend et il veut guérir nos cœurs de tout ce qui le dégrade, en étant dégradé ou en dégradant. Il est le Dieu qui porte un nom : miséricorde. Son nom est notre richesse, son nom est notre gloire, son nom est notre pouvoir et en son nom, une fois de plus, nous redisons avec le Psaume : « Tu es mon Dieu, en toi j’ai mis ma confiance ». Nous pouvons le répéter ensemble « Tu es mon Dieu, en toi j’ai mis ma confiance ».

Qu’en cette Eucharistie le Saint Esprit renouvelle en nous la certitude que son Nom est miséricorde et qu’il nous fasse expérimenter chaque jour que « la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus… Avec Jésus-Christ la joie naît et renaît toujours » (Evangelii gaudium, n. 1).

Missionnaires des temps modernes

De g à d : Albéric Saint-Martin (cameraman), Romain et Rena de Chateauvieux, Charles Le Bourgeois (journaliste)

Romain et Rena de Chateauvieux, aujourd’hui âgés de 33 ans, forment avec leurs quatre garçons une famille ordinaire, qui vit de manière extraordinaire. Lui, originaire de Marseille, en France, est formé en architecture. Elle, éducatrice de formation, a grandi dans la favela de Salvador de Bahia, au Brésil, et s’est convertie à l’âge de 17 ans. Cette famille « normale » a fait un choix de vie radical et leur mission n’est pas commune. Ils la vivent auprès des plus pauvres à travers l’oeuvre Misericordia qu’ils ont créée  en 2013 en périphérie de Santiago du Chili, à La Pincoya, un quartier marqué par la misère, la violence et la drogue. Là-bas, avec d’autres missionnaires volontaires, ils mènent une vie de prière et de pauvreté, au service de ceux qui souffrent. Ce projet « Misericordia » est le fruit d’une expérience missionnaire précédente qu’ont vécue Romain et Rena, avec leurs enfants, en voyageant à bord d’un schoolbus aménagé pendant 3 ans  à travers l’Amérique latine, à la rencontre des plus pauvres, pour annoncer la joie de l’Évangile. Convaincus d’avoir reçu « l’appel à être un couple missionnaire », ils affirment aujourd’hui, tout sourire, vouloir poursuivre cette mission jusqu’à la fin de leur vie…

À la rencontre de Misericordia

Misericordia est une oeuvre catholique fondée en Amérique Latine en 2013, près de Santiago du Chili, par Romain et Rena de Chateauvieux. Cette oeuvre veut être une « présence aimante et active » dans les lieux de souffrances, au coeur des quartiers pauvres et auprès des populations les plus démunies. Elle est une réponse concrète à l’appel du pape François qui nous invite à pratiquer la Charité, ainsi que la Miséricorde qui « change le monde, et qui le rend moins froid et plus juste ». Misericordia repose sur deux volets, comme nous l’explique Romain de Chateauvieux.

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