Discours d’adieu au peuple croate

Le mauvais temps a écourté la cérémonie de départ. Nous publions le discours du Pape:
« Monsieur le Président de la République,
illustres Autorités,
chers Frères dans l’Épiscopat,
frères et sœurs dans le Seigneur !
Ma visite sur votre terre arrive à son terme. Bien que brève, elle a été riche de rencontres qui ont fait que je me suis senti comme l’un des vôtres, faisant partie de votre histoire, et elles m’ont donné l’occasion de confirmer l’Église qui chemine en Croatie dans la foi en Jésus-Christ, l’unique Sauveur. Cette foi qui vous est parvenue par le témoignage courageux et fidèle de beaucoup de vos frères et sœurs, dont certains n’ont pas hésité à mourir pour le Christ et son Évangile, je l’ai retrouvée ici, vivante et authentique. Rendons louange à Dieu pour l’abondance des dons de sa grâce qu’il dispose largement sur le chemin quotidien de ses enfants ! Je désire remercier tous ceux qui ont collaboré à l’organisation de ma visite et à son déroulement ordonné.
Je garde vivantes dans mon esprit et dans mon cœur les impressions de ces journées. Unanime et sincère a été, ce matin, la participation à la sainte Messe à l’occasion de la Journée Nationale des Familles. La rencontre d’hier au Théâtre National m’a permis de partager une réflexion avec les représentants de la société civile et des communautés religieuses. Ensuite, les jeunes, durant la veillée de prière intense, m’ont montré le visage lumineux de la Croatie, tourné vers l’avenir, illuminé par une foi vive, comme la flamme d’une lampe précieuse, reçue des pères et qui demande à être gardée et alimentée au long du chemin. La prière auprès de la tombe du Bienheureux Cardinal Stepinac nous a permis de nous souvenir, d’une manière spéciale, de tous ceux qui ont souffert – et souffrent encore aujourd’hui – à cause de la foi en l’Évangile. Continuons à invoquer l’intercession de cet intrépide témoin du Seigneur ressuscité, afin que, tout sacrifice et toute épreuve, offerts à Dieu par amour pour lui et pour nos frères, puissent être comme le grain de blé qui, tombé dans la terre, meurt pour porter du fruit.
Ce fut pour moi un motif de joie de constater combien est encore vivante aujourd’hui l’antique tradition chrétienne de votre peuple. Je l’ai touchée du doigt surtout dans l’accueil chaleureux que les gens m’ont réservé, comme ils l’avaient fait lors des trois visites du Bienheureux Jean-Paul II, reconnaissant la visite du Successeur de Pierre qui vient confirmer ses frères dans la foi. Cette vitalité ecclésiale, qui est à maintenir et à renforcer, ne manquera pas de produire ses effets positifs sur la société entière, grâce à la collaboration, que je souhaite toujours sereine et fructueuse, entre l’Église et les institutions publiques. À cette époque, où semblent manquer des points de référence stables et fiables, puissent les chrétiens, unis « ensemble dans le Christ », pierre angulaire, continuer à constituer comme l’âme de la Nation, en l’aidant à se développer et à progresser.
Sur le point de repartir à Rome, je vous confie tous aux mains de Dieu. Donateur de tout bien et Providence infinie, qu’il bénisse toujours cette terre et le peuple croate et accorde paix et prospérité à chaque famille. Puisse la Vierge Marie veiller sur la marche de votre patrie dans l’histoire et sur celle de l’Europe tout entière, et que vous accompagne aussi ma Bénédiction Apostolique, que je vous accorde avec grande affection. »

Homélie du pape Benoît XVI dimanche 5 juin à Zagreb

Dimanche, dans l’hippodrome de Zagreb, plus de 500 000 personnes ont participé à la messe à l’occasion de la journee nationale des familles catholiques croates.

Le pape a exhorté les familles à être « un signe spécial de la présence et de l’amour du Christ et qu’elle est appelée à donner une contribution spécifique et irremplaçable à l’évangélisation. »

Voici l’intégrale de son homélie:

« Chers frères et sœurs,
Au cours de cette Sainte Messe que j’ai la joie de présider, concélébrant avec de nombreux Frères dans l’épiscopat et avec un grand nombre de prêtres, je rends grâce au Seigneur pour toutes les familles bien-aimées réunies ici, et pour tant d’autres qui sont reliées à nous par la radio et la télévision. Je remercie particulièrement le Cardinal Josip Bozanić, Archevêque de Zagreb, pour ses chaleureuses paroles du début de la Messe. A tous, j’adresse mon salut et je vous exprime ma grande affection avec un baiser de paix !
Nous avons célébré, il y a peu, l’Ascension du Seigneur et nous nous préparons à recevoir le grand don du Saint-Esprit. Dans la première lecture, nous avons vu comment la communauté apostolique était réunie en prière dans le Cénacle avec Marie, la Mère de Jésus (cf. Ac 1, 12-14). C’est là un portrait de l’Église qui plonge ses racines dans l’événement pascal : le Cénacle, en effet, est le lieu où Jésus institua l’Eucharistie et le Sacerdoce, au cours de la Dernière Cène, et où, ressuscité des morts, il répandit l’Esprit Saint sur ses Apôtres le soir de Pâques (cf. Jn 20, 19-23). A ses disciples, le Seigneur avait ordonné « de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis » (cf. Ac 1, 4) ; il avait plutôt demandé qu’ils restent ensemble pour se préparer à recevoir le don de l’Esprit Saint. Et ils se réunirent pour prier avec Marie au Cénacle dans l’attente de l’événement promis (cf. Ac 1, 14). Rester ensemble fut la condition mise par Jésus pour accueillir la venue du Paraclet, et la prière prolongée fut la condition nécessaire de leur concorde. Nous trouvons ici une formidable leçon pour chaque communauté chrétienne. On pense parfois que l’efficacité missionnaire dépend principalement d’une programmation consciencieuse et de son intelligente mise en œuvre par un engagement concret. Certes, le Seigneur demande notre collaboration, mais avant n’importe quelle réponse de notre part, son initiative est nécessaire : c’est son Esprit le vrai protagoniste de l’Église, à invoquer et à accueillir.
Dans l’Évangile, nous avons écouté la première partie de ce qu’on appelle « la prière sacerdotale » de Jésus (cf. Jn 17, 1-11a) – en conclusion des discours d’adieux – pleine de confidence, de douceur et d’amour. Elle est appelée « prière sacerdotale », parce qu’en elle, Jésus se présente dans l’attitude du prêtre qui intercède pour les siens, au moment où il va quitter ce monde. Le passage est dominé par le double thème de l’heure et de la gloire. Il s’agit de l’heure de la mort (cf. Jn 2, 4 ; 7, 30 ; 8, 20), l’heure au cours de laquelle le Christ doit passer de ce monde au Père (13, 1). Mais elle est aussi, en même temps, l’heure de sa glorification qui s’accomplit à travers la croix, appelée par l’évangéliste Jean « exaltation », c’est-à-dire élévation, montée dans la gloire : l’heure de la mort de Jésus, l’heure de l’amour suprême, est l’heure de sa gloire la plus haute. Pour l’Église aussi, pour chaque chrétien, la gloire la plus haute est celle de la Croix, c’est vivre la charité, don total à Dieu et aux autres.
Chers frères est sœurs ! J’ai accueilli très volontiers l’invitation que m’ont adressée les Évêques de la Croatie à visiter ce pays à l’occasion de la première Rencontre Nationale des Familles Catholiques Croates. Je désire exprimer ma vive appréciation pour l’attention et l’engagement envers la famille, non seulement parce que cette réalité humaine fondamentale aujourd’hui, dans votre pays comme ailleurs, doit affronter des difficultés et des menaces et donc a particulièrement besoin d’être évangélisée et soutenue, mais aussi parce que les familles chrétiennes sont une ressource décisive pour l’éducation à la foi, pour l’édification de l’Église comme communion et pour sa présence missionnaire dans les situations les plus diverses de la vie. Je connais la générosité et le dévouement avec lequel, vous, chers Pasteurs, servez le Seigneur et l’Église. Votre travail quotidien pour la formation à la foi des nouvelles générations, comme aussi pour la préparation au mariage et pour l’accompagnement des familles, est la route fondamentale pour régénérer toujours de nouveau l’Église et aussi pour vivifier le tissu social du pays. Poursuivez avec disponibilité votre précieux engagement pastoral !
Il est bien connu de tous que la famille chrétienne est un signe spécial de la présence et de l’amour du Christ et qu’elle est appelée à donner une contribution spécifique et irremplaçable à l’évangélisation. Le bienheureux Jean-Paul II, qui a visité par trois fois ce noble pays, affirmait que « la famille chrétienne est appelé à prendre une part active et responsable à la mission de l’Église d’une façon propre et originale, en se mettant elle-même au service de l’Église et de la société dans son être et dans son agir, en tant que ‘communauté intime de vie et d’amour’ » (Familiaris consortio, 50). La famille chrétienne a toujours été la première voie de transmission de la foi et elle conserve aujourd’hui de grandes possibilités pour l‘évangélisation dans de multiples domaines.
Chers parents, engagez-vous toujours à enseigner à vos enfants à prier, et priez avec eux ; faites-les approcher des Sacrements, particulièrement de l’Eucharistie – cette année vous célébrez les 600 ans du ‘miracle eucharistique de Ludbreg’ – ; et introduisez-les dans la vie de l’Église ; dans l’intimité domestique, n’ayez pas peur de lire la Sainte Écriture, illuminant la vie familiale de la lumière de la foi et louant Dieu comme Père. Soyez presque un petit cénacle, comme celui de Marie et des disciples, dans lequel se vit l’unité, la communion, la prière !
Aujourd’hui, grâce à Dieu, de nombreuses familles chrétiennes acquièrent toujours plus la conscience de leur vocation missionnaire et s’engagent sérieusement dans le témoignage au Christ Seigneur. Le bienheureux Jean-Paul II a dit : « A notre époque, les familles qui collaborent activement à l’évangélisation sont de plus en plus nombreuses… Dans l’Église a mûri l’heure de la famille, qui est également l’heure de la famille missionnaire » (Angelus, 21 octobre 2001). Dans la société d’aujourd’hui, la présence des familles chrétiennes exemplaires est plus que jamais nécessaire et urgente. Malheureusement, nous devons constater, spécialement en Europe, que se répand une sécularisation qui porte à la marginalisation de Dieu dans la vie et à une croissante désagrégation de la famille. On absolutise une liberté sans engagement pour la vérité, et on entretient comme idéal le bien-être individuel à travers la consommation des biens matériels et des expériences éphémères, négligeant la qualité des relations avec les personnes et les valeurs humaines plus profondes ; on réduit l’amour à une émotion sentimentale et à une satisfaction de pulsions instinctives, sans s’engager à construire des liens durables d’appartenance réciproque et sans ouverture à la vie. Nous sommes appelés à contester une telle mentalité ! Auprès de la parole de l’Église, le témoignage et l’engagement des familles sont très importants, votre témoignage concret, surtout pour affirmer l’intangibilité de la vie humaine de la conception à sa fin naturelle, la valeur unique et irremplaçable de la famille fondée sur le mariage et la nécessité de mesures législatives qui soutiennent les familles dans la tâche d’engendrer et d’éduquer les enfants. Chères familles, soyez courageuses ! Ne cédez pas à la mentalité sécularisée qui propose la cohabitation comme préparatoire, ou même substitutive au mariage ! Montrez par votre témoignage de vie qu’il est possible d’aimer, comme le Christ, sans réserve, qu’il ne faut pas avoir peur de s’engager pour une autre personne ! Chères familles, réjouissez-vous de la paternité et de la maternité ! L’ouverture à la vie est signe d’ouverture à l’avenir, de confiance dans l’avenir, de même que le respect de la morale naturelle libère la personne au lieu de l’humilier ! Le bien de la famille est aussi le bien de l’Église. Je voudrais rappeler tout ce que j’ai affirmé dans le passé : «L’édification de chaque famille chrétienne se situe dans le contexte de la famille plus vaste de l’Église, qui la soutient et la conduit avec elle… Et, réciproquement, l’Église est édifiée par les familles, ‘petites Églises domestiques’ » (Discours d’ouverture du Congrès ecclésial diocésain de Rome, 6 juin Insegnamenti di Benedetto XVI, I, 2005, p. 205). Prions le Seigneur pour que les familles soient toujours plus de petites Églises et que les communautés ecclésiales soient toujours plus une famille !
Chères familles croates, en vivant la communion de foi et de charité, soyez témoins de façon toujours plus transparente de la promesse que le Seigneur monté au ciel fait à chacun de nous : « …je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt, 28, 20). Chers chrétiens croates, sentez-vous appelés à évangéliser par toute votre vie ; écoutez avec force la parole du Seigneur : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19). Que la Vierge Marie, Reine des croates, accompagne toujours votre chemin. Amen ! Loués soient Jésus et Marie ! »

Problème technique de retransmission

Un problème technique nous empêche de retransmettre la veillée avec les jeunes en français comme prevu. Nous nous excusons de ce contretemps.

La messe sera bien retransmise demain à 15h30.

Merci pour votre compréhension.

Le Pape s’adresse aux jeunes de Zagreb

Benoit XVI s’est adressé aux jeunes de Zagreb les incitant à construire leur vie en s’appuyant sur le Christ ; le Pape les attend à Madrid pour la Journée mondiale de la jeunesse.

Voici son discours en totalité:

« Chers jeunes,

Je vous salue tous avec beaucoup d’affection ! Je suis particulièrement heureux d’être avec vous sur cette place historique qui est le cœur de la ville de Zagreb. C’est un lieu de rencontres et d’échanges, où prévalent souvent les bruits et les mouvements de la vie quotidienne. Maintenant, votre présence la transforme presqu’en un « temple », dont la voûte est le ciel lui-même qui, ce soir, semble se pencher sur nous. Dans le silence, nous voulons accueillir la Parole de Dieu qui a été proclamée afin qu’elle illumine nos esprits et réchauffe nos cœurs.

Je remercie vivement Mgr Srakić, Président de la Conférence Épiscopale, de ses paroles pour introduire à notre rencontre ; et, de façon particulière, je salue et je remercie les deux jeunes, qui nous ont offert leurs beaux témoignages. L’expérience que Daniel a vécue rappelle celle de saint Augustin : c’est l’expérience de la recherche de l’amour « au-dehors » puis de la découverte qu’il est plus proche de moi que moi-même, qu’il me « touche » en mon for intérieur et me purifie… Mateja, par contre, nous a parlé de la beauté de la communauté, qui ouvre le cœur, l’esprit et le caractère… Merci à tous les deux !

Dans la Lecture qui a été proclamée, saint Paul nous a invités à être « toujours dans la joie du Seigneur » (Ph 4, 4). C’est une parole qui fait vibrer l’âme, si nous considérons que l’Apôtre des nations écrit cette Lettre aux chrétiens de Philippes alors qu’il est en prison, en attente d’être jugé. Il est enchaîné, mais l’annonce et le témoignage de l’Évangile ne peuvent être emprisonnés. L’expérience de saint Paul révèle qu’il est possible, dans notre cheminement, de conserver la joie même dans les moments d’obscurité. À quelle joie se réfère-t-il ? Nous savons tous que dans le cœur de tout homme demeure un fort désir de bonheur. Toute action, tout choix, toute intention renferme en soi cette exigence intime et naturelle. Toutefois, très souvent, nous nous rendons compte que nous avons mis notre confiance en des réalités qui ne satisfont pas ce désir, bien plus, qui montrent toute leur précarité. Et c’est en ces moments que nous expérimentons le besoin de quelque chose qui va « au-delà », qui donne un sens à notre vie quotidienne.

Chers amis, votre jeunesse est un temps que le Seigneur vous donne pour découvrir le sens de l’existence ! C’est le temps des grands horizons, des sentiments vécus avec intensité, mais aussi des peurs pour les choix qui engagent et qui sont durables, des difficultés dans les études et dans le travail, des interrogations sur le mystère de la douleur et de la souffrance. Plus encore, ce temps merveilleux de votre vie porte en lui une aspiration profonde, qui n’annule pas tout le reste mais l’élève pour lui donner sa plénitude. Dans l’Évangile de Jean, Jésus dit en s’adressant à ses premiers disciples : « Que cherchez-vous ? » (Jn 1, 38). Chers jeunes, cette parole, cette question franchit le temps et l’espace, elle interpelle tout homme et toute femme qui s’ouvre à la vie et cherche la juste route… Et voici ce qui est surprenant : la voix du Christ vous répète à vous aussi : « Que cherchez-vous ? ». Jésus vous parle aujourd’hui à travers l’Évangile et l’Esprit Saint, il est votre contemporain. C’est lui qui vous cherche, encore avant que vous ne le cherchiez ! Respectant pleinement votre liberté, il s’approche de chacun de vous et il se propose comme la réponse authentique et décisive à cette aspiration qui vous habite, au désir d’une vie qui vaille la peine d’être vécue. Laissez-le vous prendre par la main ! Laissez-le s’introduire toujours plus comme un ami et un compagnon de route ! Faites-lui confiance, il ne vous décevra jamais ! Jésus vous fait connaître de près l’amour de Dieu le Père, il vous fait comprendre que votre bonheur se réalise dans l’amitié avec lui, dans la communion avec lui, parce que nous avons été créés et sauvés par amour et c’est uniquement dans l’amour, celui qui veut et recherche le bien de l’autre, que nous expérimentons vraiment le sens de la vie et que nous sommes contents de la vivre, même dans les difficultés, les épreuves, les déceptions, en allant aussi à contre-courant.

Chers jeunes, enracinés dans le Christ, vous pourrez vivre pleinement ce que vous êtes. Comme vous le savez, c’est sur ce thème que j’ai écrit mon Message pour la prochaine Journée Mondiale de la Jeunesse, qui nous réunira en août à Madrid et vers laquelle nous sommes en marche. Je suis parti d’une expression incisive de saint Paul : « Soyez enracinés en lui, construisez votre vie sur lui ; restez fermes dans la foi » (Col 2, 7). En grandissant dans l’amitié avec le Seigneur, à travers sa Parole, l’Eucharistie et par votre appartenance à l’Église, avec l’aide de vos prêtres, vous pourrez témoigner à tous votre joie d’avoir rencontré Celui qui vous accompagne constamment et vous appelle à vivre dans la confiance et dans l’espérance. Le Seigneur Jésus n’est pas un Maître qui leurre ses disciples : il dit clairement que marcher avec lui requiert engagement et sacrifice personnel, mais cela en vaut la peine ! Chers jeunes amis, ne vous laissez pas désorienter par des promesses alléchantes de succès faciles, de styles de vie qui privilégient le paraître au détriment de l’intériorité. Ne cédez pas à la tentation de mettre votre confiance entière dans l’avoir, dans les choses matérielles, en renonçant à découvrir la vérité qui va au-delà, comme une étoile haut dans le ciel, là où le Christ veut vous conduire. Laissez-vous conduire vers les hauteurs de Dieu !

Durant le temps de votre jeunesse, le témoignage de nombreux disciples du Seigneur qui, à leur époque, ont vécu en portant dans leur cœur la nouveauté de l’Évangile, vous soutient. Pensez à François et Claire d’Assise, à Rose de Viterbe, à Thérèse de l’Enfant-Jésus, à Dominique Savio : combien de jeunes saints et saintes dans la grande assemblée de l’Église ! Mais ici, en Croatie, nous pensons, vous et moi, au Bienheureux Ivan Merz. Un jeune homme brillant, pleinement inséré dans la vie sociale qui, après la mort de la jeune Greta, son premier amour, entreprend le chemin universitaire. Durant la Première Guerre mondiale, il se trouve face à la destruction et à la mort, mais tout cela le modèle et le forge, lui faisant surmonter des moments de crise et de combat spirituel. La foi d’Ivan se renforce à tel point qu’il se consacre à l’étude de la Liturgie et commence un apostolat intense parmi les jeunes eux-mêmes. Il découvre la beauté de la foi catholique et comprend que la vocation de sa vie c’est de vivre et de faire vivre l’amitié avec le Christ. De combien d’actes de charité, de bonté, qui étonnent et émeuvent, est rempli son chemin ! Il meurt le 10 mai 1928, alors qu’il n’a que 32 ans, après quelques mois de maladie, en offrant sa vie pour l’Église et pour les jeunes.

Cette jeune existence, donnée par amour, exhale le parfum du Christ et est pour tous une invitation à ne pas avoir peur de s’en remettre au Seigneur, tel que nous le contemplons, de façon particulière en la Vierge Marie, la Mère de l’Église, qui est ici vénérée et aimée sous le titre de « Majka Božja od Kamenutih vrata » [« Mère de Dieu de la Porte de Pierre »]. Ce soir, je veux lui confier chacun de vous, pour qu’elle vous accompagne de sa protection et surtout pour qu’elle vous aide à rencontrer le Seigneur et à trouver en lui le plein sens de votre existence. Marie n’a pas eu peur de se donner tout entière au projet de Dieu. En elle, nous voyons le but auquel nous sommes appelés : la pleine communion avec le Seigneur. Notre vie entière est une marche vers l’Unité et Trinité d’Amour qu’est Dieu. Nous pouvons vivre en étant certains de n’être jamais abandonnés. Chers jeunes croates, je vous embrasse tous comme des fils et des filles ! Je vous porte dans mon cœur et je vous donne ma Bénédiction. « Soyez toujours dans la joie du Seigneur » ! Que sa joie, la joie du véritable amour, soit votre force. Amen. Que Jésus et Marie soient loués ! »

Témoin ce soir avec Anne Godbout, fondatrice et directrice de Spiritours

Ce soir à Témoin, le père Thomas Rosica s’entretient avec Anne Godbout, fondatrice et directrice de Spiritours, une agence de pèlerinages pas comme les autres.

Ils aborderont la différence entre tourisme et pèlerinage. Anne Godbout nous livre son cheminement qui lui a permis de découvrir sa mission et son choix de travailler dans le tourisme équitable.

Témoin mercredi 19h35 – rediffusion jeudi 12h05

Proposer les vocations dans l’Eglise locale

En ce dimanche des vocations, c’est l’occasion de nous souvenir de notre vocation baptismale et de rendre grâces pour toutes celles et tous ceux qui témoignent de l’amour de Dieu dans les différents états de vie.

Dans notre communauté, deux jeunes femmes vont prononcer leur voeux perpétuels l’une à Toronto le 21 mai prochain et la seconde le 2 juin à Paris. A la paroisse, entourées de leurs familles, amis, membres des communautés et paroissiens, elles nous renouvelleront dans notre engagement et notre joie de servir en Eglise.

Le message du Pape nous redit combien l’Eglise locale a un rôle indispensable pour susciter des vocations.

« Proposer les vocations dans l’Eglise locale », en est le thème de cette 48e Journée mondiale de prière pour les Vocations célébrée ce dimanche 15 mai. Le voici dans son integralité:

 « Chers frères et sœurs,

La 48ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations qui sera célébrée le 15 mai 2011, quatrième dimanche de Pâques, nous invite à réfléchir sur le thème: «proposer les vocations dans l’Église locale». Il y a soixante dix ans, le Vénérable Pie XII a institué l’Œuvre Pontificale pour les Vocations Sacerdotales. Par la suite, dans de nombreux diocèses, des évêques ont fondé des œuvres semblables animées par des prêtres et des laïcs, en réponse à l’appel du Bon Pasteur, qui «voyant les foules, eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger». Et il dit: «La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson» (Mt 9,36-38).

L’art de promouvoir et d’accompagner les vocations trouve un lumineux point de référence dans les pages de l’Évangile où Jésus appelle ses disciples à le suivre et les instruit avec amour et sollicitude. Notre attention se porte particulièrement sur la manière avec laquelle Jésus a appelé ses plus proches collaborateurs en vue de l’annonce du Règne de Dieu (cf. Lc 10,9). Avant tout, il apparaît clairement que son premier geste a été de prier pour eux: avant de les appeler, Jésus a passé la nuit seul, en prière et à l’écoute de la volonté du Père (cf. Lc 6,12), en une ascèse intérieure qui prenait de la hauteur par rapport aux réalités du quotidien. La vocation des disciples naît précisément dans le dialogue intime de Jésus avec son Père. Les vocations au ministère sacerdotal et à la vie consacrée sont avant tout le fruit d’un contact permanent avec le Dieu vivant et d’une prière insistante qui s’élève vers le «Maître de la moisson» tant dans les communautés paroissiales, que dans les familles chrétiennes ou dans les groupes vocationnels.

Au début de sa vie publique, le Seigneur a appelé quelques pêcheurs, occupés à travailler sur les rives du lac de Galilée: «Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes» (Mt 4,19). Il leur a montré sa mission messianique par de nombreux «signes» qui indiquaient son amour pour les hommes et le don de la miséricorde du Père; il les a formés par la parole et par le témoignage de sa vie afin qu’ils soient prêts à continuer son œuvre de salut; enfin, «sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père» (Jn 13,1), il leur a confié le mémorial de sa mort et de sa résurrection, et avant d’être élevé au Ciel, il les a envoyés dans le monde entier avec le commandement: «Allez donc! De toutes les nations, faites des disciples» (Mt 28,19).

A ceux à qui il dit: «Suis-moi!», Jésus fait une proposition exigeante et exaltante: il les invite à entrer dans son amitié, à écouter attentivement sa Parole et à vivre avec lui; il leur enseigne le don total à Dieu et à la diffusion de son Règne selon la loi de l’Évangile: «Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit » (Jn 12,24); il les invite à sortir de leur volonté fermée sur elle-même, de l’idée d’une réalisation de soi, pour se plonger dans une autre volonté, celle de Dieu, et se laisser conduire par elle; il leur fait vivre une fraternité qui naît de cette disponibilité totale à Dieu (cf. Mt 12,49-50), et qui devient le caractère distinctif de la communauté de Jésus: «Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres» (Jn 13,35).

Aujourd’hui encore, la suite du Christ est exigeante; elle signifie apprendre à fixer son regard sur Jésus, à le connaître intimement, à l’écouter dans la Parole et à le rencontrer dans les Sacrements; elle signifie encore apprendre à conformer sa propre volonté à la Sienne. Il s’agit d’une véritable et réelle école de formation pour ceux qui se préparent au ministère sacerdotal et à la vie consacrée, sous la conduite des autorités ecclésiales compétentes. Le Seigneur ne manque pas d’appeler, à tous les âges de la vie, à prendre part à sa mission et à servir l’Église par le ministère ordonné ou la vie consacrée. Et l’Église «est appelée à garder ce don, à l’estimer, à l’aimer: elle est responsable de la naissance et de la maturation des vocations sacerdotales» (Jean-Paul II, Ex. ap. post-synodale Pastores dabo vobis, 41). Spécialement en notre temps où la voix du Seigneur semble étouffée par d’«autres voix» et où l’invitation à le suivre par le don de sa vie peut apparaître trop difficile, chaque communauté chrétienne, chaque fidèle, devrait accomplir consciencieusement son engagement pour la promotion des vocations. Il est important d’encourager et de soutenir ceux qui montrent des signes clairs de l’appel à la vie sacerdotale et à la consécration religieuse, afin qu’ils sentent la proximité de toute la communauté au moment où ils disent ‘oui’ à Dieu et à l’Église. Moi-même je les encourage comme je l’ai fait pour ceux qui se sont décidés à entrer au séminaire. Je leur ai écrit:«Vous avez bien fait d’agir ainsi. Car les hommes auront toujours besoin de Dieu, même à l’époque de la domination technique du monde et de la mondialisation: de Dieu qui s’est rendu visible en Jésus Christ et qui nous rassemble dans l’Église universelle pour apprendre avec lui et par lui la vraie vie et pour tenir présents et rendre efficaces les critères de l’humanité véritable (Lettre aux séminaristes, 18 octobre 2010).

Il faut que chaque Église locale se fasse toujours plus sensible et attentive à la pastorale des vocations, en amenant au niveau familial, paroissial et associatif – comme Jésus l’a fait pour ses disciples – surtout les adolescents, les adolescentes et les jeunes, à développer une amitié authentique et affectueuse avec le Seigneur, dans la prière personnelle et liturgique; à apprendre l’écoute attentive et féconde de la Parole de Dieu, par une familiarité croissante avec la Sainte Écriture; à comprendre qu’entrer dans la volonté de Dieu n’annihile ni ne détruit la personne, mais permet de découvrir et de suivre la vérité la plus profonde sur soi; à vivre la gratuité et la fraternité dans les relations avec les autres, car c’est seulement en s’ouvrant à l’amour de Dieu qu’on trouve la vraie joie et la pleine réalisation de ses aspirations. «Proposer les vocations dans l’Église locale», signifie avoir le courage d’indiquer, par une pastorale des vocations attentive et adaptée, ce chemin exigeant à la suite du Christ qui engage toute une vie, tellement il est riche de sens.

Je m’adresse particulièrement à vous, chers Frères dans l’Épiscopat. Pour assurer la continuité et la diffusion de votre mission de salut en Christ, il est important de favoriser «le plus possible les vocations sacerdotales et religieuses, et spécialement les vocations missionnaires» (Décr. Christus Dominus, 15). Le Seigneur a besoin de votre collaboration pour que ses appels puissent rejoindre le cœur de ceux qu’il a choisis. Soyez attentifs au choix de ceux qui œuvrent dans le Centre diocésain des vocations, instrument précieux pour la promotion et l’organisation de la pastorale des vocations et pour la prière qui la soutient et en garantit la fécondité. Je voudrais vous rappeler, chers Frères Évêques, la sollicitude de l’Église universelle pour une répartition équitable des prêtres dans le monde. Votre disponibilité à l’égard de diocèses plus pauvres en vocations, est une bénédiction de Dieu pour vos communautés et constitue pour les fidèles le témoignage d’un service sacerdotal qui s’ouvre généreusement aux nécessités de toute l’Église.

Le Concile Vatican II a rappelé explicitement que «le devoir de cultiver les vocations revient à la communauté chrétienne tout entière, qui s’en acquitte avant tout par une vie pleinement chrétienne» (Décr. Optatam totius, 2). Je désire donc adresser un salut fraternel et particulier, ainsi qu’un encouragement à tous ceux qui collaborent de diverse manière avec les prêtres dans les paroisses. Je m’adresse particulièrement à ceux qui peuvent offrir leur contribution à la pastorale des vocations: les prêtres, les familles, les catéchistes, les animateurs. Je recommande aux prêtres d’être disposés à donner un témoignage de communion avec leur évêque et les autres confrères, pour garantir l’humus vital aux nouveaux germes de vocations sacerdotales. Que les familles soient «animées par un esprit de foi, de charité et de piété» (Décr. Optatam totius, 2), pour aider leurs fils et leurs filles à accueillir avec générosité l’appel au sacerdoce et à la vie consacrée. Que les catéchistes et les animateurs des associations catholiques et des mouvements ecclésiaux, convaincus de leur mission éducative, aient le souci «d’éduquer les adolescents qui leur sont confiés, de manière qu’ils puissent percevoir la vocation divine et y répondre de grand cœur» (ibid.).

Chers frères et sœurs, votre engagement dans la promotion et l’accompagnement des vocations trouve tout son sens et son efficacité pastorale quand il s’effectue dans l’unité de l’Église et qu’il est orienté vers le service de la communion. C’est pour cela que chaque aspect de la vie de la communauté ecclésiale – la catéchèse, les rencontres de formation, la prière liturgique, les pèlerinages – est une occasion précieuse pour susciter dans le Peuple de Dieu, en particulier chez les plus petits et les jeunes, le sens de l’appartenance à l’Église et leur responsabilité quant à la réponse à l’appel au sacerdoce et à la vie consacrée, par un choix libre et conscient.

La capacité à cultiver les vocations est un signe caractéristique de la vitalité d’une Église locale.

Invoquons avec confiance et insistance le soutien de la Vierge Marie, afin que l’exemple de son accueil du plan divin du salut et que par sa puissante intercession, puisse se diffuser à l’intérieur de chaque communauté, une disponibilité à dire ‘oui’ au Seigneur qui ne cesse d’appeler de nouveaux ouvriers à sa moisson. Avec ce souhait, j’accorde volontiers à tous, ma Bénédiction Apostolique. »

Tu nous as ouvert le ciel…

Le dernier numéro Signes, dans sa rubrique Témoins du Seigneur offre une entrevue avec le Père Thomas Rosica, csb, notre directeur. Il évoque son cheminement spirituel et l’expérience inoubliable des JMJ de Toronto. Nous avons le privilège de la publier dans sa version intégrale.

« Tu nous as ouvert le ciel… »

« Dans la pénombre de la crypte, le Père Rosica est plongé dans la prière. En ce 21 septembre 2010, alors que la Télévision Sel + Lumière — dont il est le Directeur général — ouvrira dans quelques heures une antenne à Montréal, il revoit toutes les visites qu’il a faites à l’Oratoire Saint-Joseph, endroit très marquant de sa vie. Il se rappelle tout particulièrement la première : « Je suis venu ici pour la première fois, à 16 ans. J’avais l’idée d’une vocation, à ce moment-là, et j’ai prié à ce sujet : ‹Frère André, aide-moi ! Saint Joseph, aide-moi !› Chaque fois que je reviens, c’est pour moi un retour aux sources ! »

Au service de l’éducation

Prêtre de la congrégation de saint Basile, le Père Rosica a 51 ans et célébrera son 25e anniversaire de sacerdoce le 19 avril de cette année. Né à Rochester, NY, dans une famille italo-américaine bien catholique, il est l’aîné de six enfants. Il a complété un baccalauréat ès arts en langue italienne et en littérature française à St. John Fisher College, en 1980.

Il a eu la grâce d’étudier à Rome, puis à Jérusalem : « Imaginez, j’ai vécu quatre ans en Terre Sainte ! Presque quatre ans et demi à Jérusalem, dans la vieille ville ! Ça a été une période très marquante pour moi. » Puis, il a été envoyé diriger le Centre Newman (l’aumônerie catholique de l’Université de Toronto) et enseigner l’Écriture Sainte.

Le Père Rosica s’est spécialisé dans l’étude du Nouveau Testament, surtout dans l’évangile de saint Luc et les Actes des Apôtres et il a investi une bonne partie de son temps d’études sur les disciples d’Emmaüs. « Ma thèse en lecture biblique portait sur eux, et celle que j’ai rédigée à l’École biblique avait pour sujet Philippe et l’eunuque éthiopien (Ac 8, 26-40), qui est le parallèle des disciples d’Emmaüs. »

Pourquoi donc Emmaüs ? « Parce que c’est l’histoire de la vie chrétienne : souvent, le Seigneur chemine avec nous sans que l’on en soit conscient. À travers ses questions, son enseignement, sa présence douce et affable, on le découvre, ça réchauffe le cœur, qui devient brûlant. C’est un peu le thème de ma vie, car j’ai souvent été comme les deux disciples tout tristes sur le chemin : ils ont reconnu le Seigneur ! »

Le pasteur en lui est rejoint par ce passage évangélique : « J’espère aussi être souvent comme le Seigneur, qui rejoint les personnes où elles sont et chemine avec elles. De petites questions comme : ‹ Pourquoi es-tu triste ? ›, ‹ Qu’est-il arrivé ? ›, ‹ Qu’est-ce que tu fais ici ? › suscitent une ouverture, et les personnes sont confirmées dans leur foi. Emmaüs est un évangile très important pour moi. »

Directeur général des JMJ

En mai 1999, les Évêques du Canada demandent au Père Rosica de prendre en main les Journées Mondiales de la Jeunesse, qui se dérouleront à Toronto trois ans plus tard. « Ce n’est pas le genre de choses qu’on sollicite ! » Troisième candidat convoqué à Ottawa par la CECC, le religieux précise sa pensée aux Évêques : « Excellences, dit-il, si vous voulez que ce soit un concert d’un soir, un grand spectacle, un grand show, choisissez une autre personne ! Je veux que ce soit vraiment une retraite pour le pays ; ce doit être une profonde expérience de foi. » Même si, au début, ils ne savent pas trop à quoi s’attendre, les Évêques décident de lui faire confiance.

Les JMJ sont un immense bateau, et le Père Rosica reçoit toutes sortes de mises en garde : « Le gouvernement va être un problème. Les autres groupes religieux vont vous casser les pieds… ». Pourtant, le problème majeur était ailleurs : « Pour moi, ce n’étaient pas les forces extérieures qui étaient gênantes ou problématiques, c’était l’indifférence à l’intérieur de l’Église. Ça, c’était le défi le plus grand ! » Quelle solution trouve-t-il ? La prière. « J’ai beaucoup prié ! »

À peine apprend-il la nouvelle de sa nomination que le Père Rosica quitte son bureau du Centre Newman et prend le train pour Montréal. Dès son arrivée, il se rend à l’Oratoire Saint-Joseph. « Je voulais confier les JMJ au frère André ; je les ai mises à ses pieds. » Au tombeau de l’humble portier du Collège Notre-Dame, il prie ardemment : « Aide-moi à ouvrir les portes. » Ensuite il va au tombeau de Mère Marie-Rose Durocher, chez les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, et lui dit qu’il a besoin d’elle aussi. « Je crois à l’efficacité de ces gestes, j’accorde beaucoup de crédit à l’aide des saints ! » Le Père Rosica est convaincu que cet événement va constituer un réveil pour le pays.

Le travail et les grâces

Quelle somme de travail il lui faut abattre ! « Nous avons énormément souffert, durant la préparation. Il y avait des défis monstres : le 11 septembre, les abus sexuels et les graves scandales aux États-Unis, l’indifférence, la maladie de Jean-Paul II… » Pourtant, lors de la Vigile des JMJ, le samedi soir, il obtient sa récompense : « J’étais là, regardant la foule de 600 000 personnes, le Nonce Apostolique, Mgr Luigi Ventura, était à côté de moi. J’avais les larmes aux yeux et une profonde consolation dans mon cœur.

« Je me répétais les paroles prononcées par Jean-Paul II à New York, lors de sa visite à l’ONU, en 1995 : ‹ Nous ne devons pas avoir peur de l’avenir. Nous ne devons pas avoir peur de l’homme. Ce n’est pas par hasard que nous nous trouvons ici. …nous pouvons construire, dans le siècle qui est sur le point d’arriver et pour le prochain millénaire, une civilisation digne de la personne humaine, une vraie culture de la liberté. Nous pouvons et nous devons le faire ! Et, en le faisant, nous pourrons nous rendre compte que les larmes de ce siècle ont préparé la voie d’un nouveau printemps de l’esprit humain. › Ces paroles m’ont profondément marqué. Ce soir-là, le 27 juillet 2002, j’ai fait une nouvelle profession de foi en la Providence divine. Voilà la beauté… que nous avons vécue à travers cette expérience ! »

« Et que dire du passage de la croix des jeunes à travers notre vaste pays ! C’est le Canada qui a développé le sens du pèlerinage de la croix. Ils l’avaient fait avant, mais jamais d’une manière aussi coordonnée, en lui donnant un sens profond. » Des livrets sont publiés pour accompagner la croix. « Et même si, pour une raison ou une autre, on avait dû annuler les JMJ, s’il avait fallu y renoncer à cause des problèmes mondiaux, j’étais persuadé que, déjà, le Canada les avait vécues à travers le pèlerinage de la croix. » Cette croix a même été transportée à Ground zero, à New York. « Voilà un autre moment extrêmement touchant et profond ! » Ce moment de grâce, le Père Rosica l’a raconté au Pape : « Après notre visite à Ground Zero, j’ai expliqué au Saint-Père les émotions que nous avons tous vécues dans cet abîme de violence et haine. Le Pape pleurait. »

À mes yeux, les JMJ ont vraiment constitué une retraite. Et la plus grande surprise des JMJ, pour moi, c’est ce qui a suivi. Jamais je n’aurais cru que le plus beau fruit des JMJ au Canada, un fruit visible et de longue durée, allait être un projet avec le thème des JMJ : Télévision Sel + Lumière !

Des JMJ à la télévision

Après l’effervescence des JMJ, « moi, je voulais terminer le projet, quitter le bureau et reprendre l’enseignement à l’Université. » Or, en novembre 2002, « on me convoque à une réunion chez Mgr Nicola De Angelis, un des évêques auxiliaires de Toronto, pour me proposer l’idée de la télévision. J’ai refusé. » Mais cette rencontre est suivie d’une série d’événements et de coïncidences qui remettent en question le religieux.

Dès le lendemain, il partait pour Rome avec Mgr Berthelet, Mgr Lapierre et le cardinal Ambrozic. « Nous avions été invités à déjeuner avec le Pape pour faire le bilan des JMJ.  Je garde un souvenir vif de toute cette journée-là. C’était le jour où le Pape avait nommé Mgr Marc Ouellet Archevêque de Québec.»

« Nous avons été à table avec le Pape pendant deux heures. C’était si agréable, un moment mémorable ! » À la fin du repas, au moment de quitter la salle à manger, le Pape retient le Père Rosica. « Il m’a remercié pour les JMJ, il a blagué un peu, et m’a demandé : ‹ Qu’est-ce que vous allez faire ? Qu’est-ce qu’ils vous ont proposé de faire, maintenant ? › — « Je veux retourner à l’enseignement de l’Écriture Sainte, vous savez que j’étais professeur d’Écriture Sainte. »

Mais, pendant le repas : « J’avais raconté à son secrétaire, Mgr Dziwisz — qui était à côté de moi à table —, en rigolant un peu, ce qui m’avait été demandé : ‹ Il y a des gens qui veulent que je fasse de la télévision, maintenant ! Ça ne m’intéresse pas ! › Il avait ri, lui aussi. » Or, quand il a entendu le Pape poser sa question, Mgr Dziwisz dit au Père Rosica : « Dites au Saint-Père ce qu’ils vous ont proposé. » Le religieux avoue au Pape : « Padre Santo (je parlais en italien), il y a des gens qui m’ont proposé de lancer une chaîne de télévision catholique au Canada. » Le Pape le regarde, « il me prend par le bras, et me dit : ‹ La televisione cattolica ! › Je dis : ‹ Oui, oui, la télévision catholique. › Il me dit d’une voix forte : — ‹ Mais, il faut l’accepter, parce que vous vivez dans un pays de mission ! Alors, c’est très important ! › Il disait ça avec un grand sourire, comme en blaguant. Ce n’était pas de l’ordre de l’obéissance.

« Son secrétaire me dit : ‹ Avez-vous entendu le Pape ? › — ‹ Oui, oui, oui. › — ‹ Écoutez le Saint-Père ! › Je me suis mis à rire en moi-même, en disant : ‹ C’est la dernière chose que je voulais entendre aujourd’hui, que le Pape me confirme et qu’il dise : ‹ Accepte la télévision › ! » Dans les jours suivants, des conversations avec le Secrétaire d’État du Vatican, avec le Père Lombardi, avec le docteur Joaquín Navarro-Valls continuent de le faire réfléchir.

De Rome, le Père Rosica va passer quelques jours à Paris avec le cardinal Lustiger, son grand ami et mentor. « Il m’a beaucoup aidé pour les JMJ ; il a été un vrai père pour moi, un frère. » Pendant le dîner, le Cardinal lui demande ce qu’il entend faire. — « Éminence, ils m’ont proposé la télévision catholique. » — « C’est magnifique ! La même chose m’est arrivée à Paris, et après les JMJ, on a lancé KTO en France. Alors, on va t’aider avec tout ce que tu vas faire ! Demain, on va ensemble à KTO ! » Le lendemain, dans les bureaux de KTO, le cardinal Lustiger présente le Père Rosica : « Voilà le nouveau Directeur de la télévision catholique au Canada, qui est née après les JMJ. » Celui-ci est embarrassé : « Éminence, ne dites pas ça, parce que rien n’est public, je n’ai même pas parlé avec mes Supérieurs ! » L’Archevêque répond simplement : « C’est très important ! » Le Père Rosica reconnaît là un appel du Seigneur : « Il y a eu une série de signes, et tout cela m’a amené à reconsidérer ma décision. »

Un pasteur ardent

Étonnamment, les JMJ ne constituent pas l’expérience pastorale qui a le plus profondément frappé le Père Rosica. « L’épisode le plus pénétrant, le plus profond, de toute mon expérience pastorale reste un projet vécu avec les étudiants au moment où j’étais aumônier d’Université. »

À son arrivée au Centre Newman, le Père Rosica a fait de la lettre apostolique Tertio millenio ad­veniente — que le Pape venait de publier en préparation au Jubilé de l’an 2 000 — son plan pastoral pour les six années suivantes. « C’était le plan catéchétique le plus grand, le plus noble et le plus audacieux jamais lancé par l’Église, un plan de six ans ! » Pendant ces années où il a beaucoup travaillé à l’aumônerie de la plus grande institution universitaire catholique du Canada, il met l’accent sur la vie des saints.

« Chaque année, nous présentions aux étudiants de nouveaux saints, des bienheureux et des bienheureuses. »

Or, lors de la construction de la chapelle universitaire, des vitraux avaient été prévus, mais les moyens financiers manquant, on n’avait pu mettre que des fenêtres. « J’ai proposé aux jeunes que nous fassions une levée de fonds pour remplacer quelques fenêtres par d’authentiques vitraux représentant les nouveaux saints et les bienheureux de notre époque et, pourquoi pas, ceux qui sont en attente de béatification. J’en avais trois en tête : Teresa de Calcutta, Thérèse Bénédicte de la Croix (Édith Stein) et Thérèse de Lisieux. »

On rassemble tellement d’argent que, finalement, 12 fenêtres sont remplacées par de très beaux vitraux ! « Pour la fête de la Toussaint 1999, une magnifique cérémonie a réuni 1 000 personnes venues inaugurer les nouveaux vitraux. C’était un moment très important pour moi, le fruit d’une longue catéchèse et du choix des étudiants. » Des groupes d’étude avaient été organisés et, « dans mes prédications, j’avais mis l’accent sur certains saints ou serviteurs de Dieu très inspirants, dont : Pier Giorgio Frassatti, Gianna Beretta Molla, Franz Jägerstätter1, un martyr de la Deuxième Guerre mondiale que personne ne connaissait (il est maintenant béatifié), Kateri Tekakwitha, le pape Jean XXIII, Mère Teresa de Calcutta, le prêtre polonais Jerzy Popieluszko, le frère André et Oscar Romero. Les étudiants ont voté.

« Cette cérémonie-là a été pour moi très emblématique de mon travail pastoral à l’Université de Toronto, et peut-être de tout mon sacerdoce, parce que nous avons présenté aux jeunes les nouveaux héros et héroïnes de notre époque. C’était une inspiration d’une grande clairvoyance, car c’est parmi ce groupe que Jean-Paul II a choisi ensuite les patrons donnés pour modèles aux jeunes de la JMJ de Toronto. »

Un des jeunes présents à cette époque — il faisait son doctorat et enseigne maintenant la physique à l’Université d’Ottawa — lui a écrit, deux ou trois jours après la célébration : « Ce jour-là, tu nous as ouvert le ciel, et tu nous aS fait connaître nos amis, qu’on ignorait avant. » Le Père Rosica conserve précieusement cette lettre. « Si, à la fin de ma vie, on juge mon travail, j’espère qu’on pourra dire : ‹ Il a présenté aux jeunes leurs amis, des amis qui ne déçoivent pas. › »

1          Franz Jägerstätter est né le 20 mai 1907 à Sankt Radegund, près de Salzbourg, et mort le 9 août 1943 à Berlin. Il était un objecteur de conscience autrichien, béatifié le 26 octobre 2007.

Depuis toujours, Thomas Rosica croit que « le monde présente les héros du spectacle, du théâtre, de la musique, du sport, et ce sont souvent des types abominables, des types qui déçoivent : un jour ils sont célèbres, le lendemain, ils sont en prison. Tandis qu’en faisant connaître les saints, on offre aux jeunes leurs vrais amis ! »

Travailler à la nouvelle évangélisation

La Télévision Sel + Lumière joue un rôle très important au niveau de la nouvelle évangélisation. « Elle est au service de l’Église, ce n’est pas l’Église qui est au ser­vice de Sel + Lumière ! Nous sommes là pour con­firmer le message, pour re­joindre les personnes qui, souvent, ne franchissent pas la porte de l’église. »

Le nombre de téléspecta­teurs augmente jour après jour. « Nous sommes pré­sents dans plus de 2 500 000 maisons d’abonnés, mais­ plusieurs personnes habi­tent dans chaque maison ! Dieu seul sait combien de personnes nous suivent à travers notre site web. » (www.seletlumieretv.org ou www.saltandlighttv.org)

L’expression « Sel + Lu­mière » est inspirante. « Elle est très biblique, parce qu’il faut très peu de sel et très peu de lumière pour faire la différence. Vous savez ce que c’est quand un mets manque de sel : comme italien, je sais que le sel est primordial ! Si le sel manque, insipide est le repas, mais un peu de sel donne du goût. Donc, c’est le goût de l’Évangile, et c’est aussi ce qui préserve, qui conserve la vie. Et puis, quand il n’y a pas de lumière, vous pouvez vous casser la figure. Mais la plus petite lumière rompt les ténèbres et change toute l’atmosphère. »

Sel + Lumière, présente un message contraire à celui de la société contemporaine. « Il est toujours orienté vers les nouvelles familles, vers les jeunes adultes. C’est un instrument privilégié, providentiel, pour changer un peu notre culture, pour répondre aux grands besoins de la foi, de la culture catholique, et pour être un peu la présence de Dieu. Les milliers de lettres reçues – j’ai une table pleine de lettres et de messages –  ne proviennent pas seulement de personnes âgées.

Le défi de la durée

Évidemment, le plus grand défi matériel reste le financement. L’argent est nécessaire. « Ce qui m’agace, ce qui est très difficile à avaler, c’est quand les gens di­sent : ‹ Laissez payer l’Église. Le Pape va payer pour ça ! Les Évêques vont payer pour ça ! › Je dis : ‹ Vous êtes l’Église ! Vous êtes responsables de l’Église ! Vous pouvez vous plaindre tant que vous voulez du manque de formation. Mais vous avez maintenant entre vos mains, laïcs, un instrument privilégié, qui n’est pas guidé par les prêtres ni par la Curie, mais par de jeunes adultes solides dans leur foi, et convaincants. Alors, aidez-nous ! »

Jusqu’à présent, la Providence a pourvu aux besoins de Sel + Lumière. « Beaucoup de communautés religieuses du Québec nous ont énormément aidés. Des sœurs qui veulent rester inconnues, silencieuses. Des congrégations qui sont en train de mourir, mais qui voient, dans notre projet, la possibilité de la vie nouvelle et la confirmation de la foi des jeunes. Je leur serai éternellement reconnaissant. »

L’autre défi, c’est l’indifférence des catholiques. Des croyants demandent au Père Rosica : « À quoi ça sert ? On n’a pas besoin de ça ! Pourquoi êtes-vous positif sur l’Église ? Est-ce que vous croyez ce que vous dites à la télévision ? » Triste réaction ! « Je n’ai jamais dit à la télévision une chose à laquelle je ne crois pas ! Ce magnifique projet ne tourne pas autour de moi, ce sont les jeunes qui rendent témoignage. Ce sont les jeunes adultes du Canada qui sont les chevilles ouvrières de la production de Sel + Lumière. J’espère que, peu à peu, les gens vont se rendre compte que c’est vraiment l’espérance que nous présentons aux autres. Pour moi, tout ce qui compte, c’est d’aider les personnes à croire en Jésus, à le connaître davantage, c’est de contribuer à ce que l’Église soit plus aimée. C’est ça qui compte ! »

Propos recueillis par Diane POIRIER

Créée à l’automne 1966 par le Père Ludger Brien, jésuite, la revue Signes s’adresse particulièrement (mais pas exclusivement) aux laïcs. Elle veut transmettre, dans un langage accessible au plus grand nombre, la pensée authentique de l’Église et fournir à toute personne de bonne volonté une «manne» spirituelle substantielle qui l’aide à être  » à la face du monde, un témoin de la résurrection et de la vie du Seigneur Jésus et un signe du Dieu vivant « (Lumen Gentium). Signes comporte des articles traitant divers sujets à la lumière de l’Évangile, et de courtes méditations quotidiennes inspirées de la liturgie du jour.

«Dans le souffle du Renouveau»

«Dans le souffle du Renouveau»

Dernier épisode de la série Pour Toi, Seigneur Visages de la vie consacrée

Cette retransmission n’a pas pu être possible dimanche 1er mai du fait de la durée de la messe de la béatification du pape Jean-Paul II.

De ce fait, cet épisode«Dans le souffle du Renouveau» sera rediffusé dimanche prochain 8 mai à 17h30.

Dans cet épisode des membres de deux communautés nouvelles témoignent de leur appel spécifique en Église.

Cette série sera disponible en DVD fin mai.

Déclarations de la CECC et du Saint-Siège concernant Monseigneur Raymond Lahey

Le procès de Monseigneur Raymond Lahey a débuté ce matin. Il plaide coupable.
La Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) vient de publier une déclaration :

« Monseigneur Raymond Lahey, ancien évêque d’Antigonish, a plaidé coupable de possession de pornographie juvénile. La Conférence des évêques catholiques du Canada condamne toute forme d’exploitation sexuelle, en particulier si elle implique des mineurs, et continue de travailler à prévenir de tels comportements et à apporter la guérison aux victimes et à leurs familles.
Conscients de la confusion et de la colère que cette affaire a suscitées chez les fidèles, nous tenons à témoigner notre sollicitude pastorale à ceux et celles que ces événements ont beaucoup fait souffrir. Nos pensées et nos prières vont notamment à la population du diocèse d’Antigonish et de toute la région de l’Atlantique.
L’Église catholique condamne depuis longtemps la possession, la distribution et l’utilisation de toute forme d’images de pornographie juvénile; nous réitérons cette condamnation et renouvelons notre détermination à faire tout ce que nous pouvons pour promouvoir la dignité et le respect de la personne humaine. »

Le Saint Siège a aussi déclaré:

« Monseigneur Raymond Lahey, ancien évêque d’Antigonish, a plaidé coupable de possession de pornographie juvénile.
L’Église catholique condamne l’exploitation sexuelle sous toutes ses formes, surtout quand elle est perpétrée auprès de jeunes mineurs.
Indépendamment du procès civil,  le Saint-Siège continue de suivre les procédures canoniques prévues en la matière, qui conduiront à des mesures disciplinaires ou pénales.

Joie et recueillement

Joie et recueillement, ce sont les mots qui me viennent à  l’esprit après avoir suivi les célébrations de la béatification du pape Jean-Paul II.  Cérémonies rassemblant plus d’un million de personnes venues de tous les continents, joyeuses et silencieuses tour à tour.

Appel à s’engager à faire respecter la dignité de tout être humain, en cette fête de St Joseph travailleur et du dimanche de la Divine miséricorde; cette béatification de Jean-Paul II en ce 1er mai 2011 sera inoubliable pour l’Eglise universelle.

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