Discours du pape François à l’aéroport de Philadelphie

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Vous trouvez ci-dessous le discours du pape François aux organisateurs, bénévoles et bienfaiteurs de la Rencontre Mondiale des Familles à l’aéroport international de Philadelphie (27 septembre 2015)

Monsieur le Vice-Président,
Distinguées autorités,
chers frères Evêques,
chers amis,

Mons séjour au milieu de vous a été bref. Mais ces jours ont été des jours d’immense grâce pour moi, et j’espère, pour vous aussi. S’il vous plaît, sachez qu’au moment de partir, j’ai le cœur plein de gratitude et d’espérance.

Je suis reconnaissant à vous tous et à tous ceux qui ont travaillé si dur pour rendre cette visite possible et pour préparer la Rencontre Mondiale des Familles. En particulier, je remercie l’Archidiocèse de Philadelphie, les autorités civiles, les organisateurs ainsi que tous les volontaires et bienfaiteurs qui y ont contribué, dans les grandes comme dans les petites choses.

Je remercie aussi les familles qui ont partagé leur témoignage durant la Rencontre. Il n’est pas si facile de parler ouvertement de son propre parcours de la vie ! Mais leur honnêteté ainsi que leur humilité devant le Seigneur et devant chacun de nous ont montré la beauté de la vie familiale dans toute sa richesse et sa diversité. Je prie pour que les jours de prière et de réflexion sur l’importance de la famille pour une société saine inspirent les familles à continuer de tendre vers la sainteté et de voir l’Eglise comme leur compagne fidèle, quels que soient les défis qu’elles pourraient affronter.

A la fin de ma visite, je voudrais aussi remercier tous ceux qui ont préparé mon séjour dans les Archidiocèses de Washington et de New York. C’était particulièrement émouvant pour moi de canoniser saint Junipéro Serra, qui nous rappelle à tous notre appel à être des disciples missionnaires ; et aussi de me trouver avec mes frères et sœurs d’autres religions au Ground Zero, cet endroit qui nous parle si puissamment du mystère du mal. Cependant, nous savons
avec assurance que le mal n’a jamais le dernier mot, et que, dans le plan miséricordieux de
Dieu, l’amour et la paix triomphent de tout.Capture d’écran 2015-09-27 à 19.27.07

Monsieur le Vice-Président, je vous prie de renouveler ma gratitude au Président Obama et aux Membres du Congrès, avec l’assurance de mes prières pour le peuple américain. Ce pays a été béni à travers d’immenses dons et opportunités. Je prie pour que vous puissiez tous être de bons et généreux intendants des ressources humaines et matérielles qui vous ont été confiées.

Je remercie le Seigneur d’avoir pu expérimenter la foi du peuple de Dieu dans ce pays, manifestée dans nos moments de prière commune et exprimée dans de si nombreuses œuvres de charité. Jésus déclare dans les Ecritures : ‘‘Vraiment, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait’’. Votre sollicitude envers moi et votre généreux accueil sont le signe de votre amour pour Jésus et de votre foi en lui. Il en est de même de votre sollicitude envers les pauvres, les malades, les sans-abri et les migrants, de votre défense de la vie à toutes ses étapes, et de votre souci de la vie familiale. Dans tout cela, vous reconnaissez que Jésus est au milieu de vous et que votre sollicitude les uns pour les autres est sollicitude pour Jésus lui-même.

En prenant congé, je vous demande tous, surtout aux volontaires et aux bienfaiteurs qui ont apporté une contribution pour la Rencontre Mondiale des Familles : ne laissez pas votre enthousiasme pour Jésus, pour l’Eglise, pour nos familles, et pour la famille plus grande de la société se dessécher. Puissent nos jours passés ensemble porter du fruit qui dure, une générosité et une sollicitude pour les autres qui perdurent ! Tout comme nous avons reçu beaucoup de Dieu – des dons librement accordés, et non pas issus de notre propre effort – de la même manière donnons librement aux autres en retour.

Chers amis, je vous embrasse tous dans le Seigneur et je vous confie à la maternelle protection de Marie Immaculée, Patronne des Etats-Unis. Je prierai pour vous et pour vos familles, et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi. Que Dieu vous bénisse tous ! Que Dieu bénisse l’Amérique !

Homélie du pape François lors de la Messe au Benjamin Franklin Parkway

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Vous trouverez le texte intégral de l’homélie du pape François lors de la Messe de clôture de la Rencontre Mondiale des Familles sur l’Avenue Benjamin Franklin, Philadelphie (dimanche 27 septembre 2015). Le Pape s’est exprimé à plusieurs reprises spontanément. Ce texte est donc sujet à certaines modifications.

Aujourd’hui, la parole de Dieu nous surprend par des images puissantes et provocantes incitant à la réflexion. Des images qui nous lancent un défi, mais aussi attisent notre enthousiasme.

Dans la première lecture, Josué dit à Moïse que deux membres du peuple prophétisent, annoncent la parole de Dieu, sans mandat. Dans l’Evangile, Jean dit à Jésus que les disciples avaient empêché quelqu’un de chasser les mauvais esprits au nom de Jésus. Voici la surprise : tous deux, Moïse et Jésus ont réprimandé ces proches pour leur étroitesse d’esprit ! Puissent tous ceux-là être des prophètes de la parole de Dieu ! Puisse chacun accomplir des miracles au nom du Seigneur !

Jésus a rencontré l’hostilité de la part de personnes qui n’ont pas accepté ce qu’il a dit et fait. Pour ceux-là, son ouverture, à la fois honnête et sincère, de nombreux hommes et femmes qui ne faisaient pas partie du peuple de Dieu choisi, semblait intolérable. Les disciples, de leur côté, ont agi de bonne foi. Mais la tentation d’être scandalisé par la liberté de Dieu, qui fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes (cf. Mt 5, 45), en contournant la bureaucratie, les cerclesCapture d’écran 2015-09-27 à 16.27.54 administratifs et restreints, menace l’authenticité de la foi. Par conséquent, cela doit être vigoureusement rejeté.

Une fois que nous réalisons cela, nous pouvons comprendre pourquoi les paroles de Jésus sur le fait de provoquer ‘‘scandale’’ sont si dures. Pour Jésus, le vrai scandale ‘‘intolérable’’ consiste en tout ce qui rompt et détruit notre confiance dans l’œuvre de l’Esprit !

Notre Père ne se laissera pas vaincre en générosité et il continue de répandre des semences. Il répand des semences de sa présence dans notre monde, car l’amour consiste en ceci : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu mais, mais c’est lui qui nous a aimés en premier lieu (cf. 1Jn 4, 10). Cet amour nous donne une profonde certitude : nous sommes désirés par Dieu ; il nous attend. C’est cette confiance qui fait que les disciples encouragent, soutiennent et entretiennent les bonnes choses arrivant tout autour d’eux. Dieu veut que tous ses enfants prennent part au festin de l’Evangile. Jésus dit : ‘‘N’entravez rien qui soit bon, au contraire aidez-le à croître !’’. Emettre des doutes sur l’œuvre de l’Esprit, donner l’impression qu’il ne peut trouver place en ceux qui ne ‘‘font pas partie de notre groupe’’, qui ne sont pas ‘‘comme nous’’, est une tentation dangereuse. Non seulement cela bloque la conversion à la foi, mais aussi c’est une perversion de la foi.

La foi ouvre une ‘‘fenêtre’’ à la présence et à l’œuvre de l’Esprit. Elle nous montre que, comme le bonheur, la sainteté est toujours liée à de petits gestes. Quiconque vous donne un verre d’eau en mon nom ne restera pas sans récompense, a dit Jésus (cf. Mc 9, 41). Ces petits gestes sont ceux que nous apprenons à la maison, en famille ; ils se perdent dans toutes les autres choses que nous faisons, cependant ils rendent chaque jour différent. Ce sont les simples choses faites par les mères et les grands-mères, par les pères et les grands-pères, par les enfants. Ce sont les petits signes de tendresse, d’affection et de compassion. Comme la soupe chaude que nous attendons avec impatience la nuit, ou bien le petit déjeuner attendant quelqu’un qui se lève tôt pour aller au travail. Des gestes familiers. Comme une bénédiction avant d’aller au lit, ou bien une étreinte à notre retour après une dure journée de travail. L’amour se montre par de petites choses, par l’attention aux petits signes quotidiens qui font que nous nous sentons chez nous. La foi grandit lorsqu’elle est vécue et avivée par l’amour. Voilà pourquoi nos familles, nos maisons, sont de vraies Eglises domestiques. Elles sont le lieu approprié pour que la foi devienne vie, et que la vie devienne foi.

Jésus nous dit de ne pas entraver ces petits miracles. Au contraire, il veut que nous les encouragions, que nous les diffusions. Il nous demande de vivre la vie, notre vie quotidienne, en encourageant tous ces petits signes d’amour comme des signes de sa propre vie et de sa présence agissante dans notre monde.

Alors, nous pourrions nous demander : comment essayons-nous de vivre de cette manière dans nos maisons, dans nos sociétés ? Quel genre de monde voulons-nous laisser à nos enfants (cf. Laudato Si’, n. 160) ? Nous ne pouvons pas répondre à ces questions seuls, par nous-mêmes. C’est l’Esprit qui nous lance le défi de répondre en tant que membres de cette grande famille humaine. Notre maison commune ne peut plus tolérer des divisions stériles. Le défi urgent de sauvegarde de notre maison inclut l’effort de réunir la famille humaine tout entière dans la recherche d’un développement intégral et durable, car nous savons que les choses peuvent changer (cf. Ibid, n. 13). Puissent nos enfants trouver en nous des modèles et des incitations à la communion !  Puissent nos enfants trouver en nous des hommes et des femmes capables de se joindre à d’autres pour faire fleurir toutes les bonnes semences que le Père a plantées.

Sèchement, mais avec affection, Jésus nous dit : « Si vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11, 13). Que de sagesse dans ces quelques paroles ! Certes, en ce qui concerne la bonté et la pureté de cœur, nous les hommes, nous n’avons beaucoup pas à faire valoir ! Mais Jésus sait que, quand il s’agit des enfants, nous sommes capables d’une générosité Capture d’écran 2015-09-27 à 16.28.15sans bornes. Ainsi, il nous rassure : si seulement nous avions la foi, le Père nous donnerait son Esprit.

Nous les chrétiens, disciples du Seigneur, nous demandons aux familles du monde de nous aider ! Combien sommes-nous ici à cette célébration ! Cela même est prophétique, une sorte de miracle dans le monde d’aujourd’hui. Puissions-nous être tous des prophètes ! Puissions-nous tous être ouverts aux miracles de l’amour pour toutes les familles du monde, et ainsi vaincre le scandale de l’amour étroit, mesquin, enfermé sur lui-même, impatient envers les autres.

Et qu’il serait beau si, partout, même au-delà de nos frontières, nous pouvions apprécier et encourager cette prophétie et ce miracle ! Nous renouvelons notre foi dans la parole du Seigneur qui invite les familles croyantes à cette ouverture. Elle invite tous ceux qui veulent partager la prophétie de l’alliance entre l’homme et de la femme, qui donne vie et révèle Dieu !

Quiconque veut fonder dans ce monde une famille qui enseigne aux enfants à être enthousiasmés par chaque geste visant à vaincre le mal – une famille qui montre que l’Esprit est vivant et à l’œuvre –  trouvera notre gratitude et notre appréciation. Quels que soient la famille, le peuple, la région ou la religion auxquels il appartient.

Puisse Dieu accorder à nous tous, en tant que disciples du Seigneur, la grâce d’être dignes de cette pureté de cœur qui n’est pas scandalisée par l’Evangile !

Discours du pape François aux évêques au Séminaire Saint-Charles-Borromé

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Discours du pape François lors de la rencontre avec les évêques au Séminaire Saint-Charles Bromée, Philadelphie (dimanche 27 septembre 2015). Notez que le pape François s’est exprimé spontanément à quelques reprises. Ce texte est donc sujet à certaines modifications.

Chers frères Evêques,

Je suis heureux de pouvoir partager ces moments de réflexion pastorale avec vous, dans le cadre des joyeuses célébrations de la Rencontre Mondiale des Familles.

Pour l’Eglise, la famille n’est pas d’abord et avant tout une cause de préoccupations, mais plutôt la joyeuse confirmation de la bénédiction de Dieu sur le chef d’œuvre de la création. Chaque jour, à travers le monde, l’Eglise peut se réjouir du don du Seigneur de tant de familles qui, même au milieu de dures épreuves, restent fidèles à leurs promesses et gardent la foi !

Je voudrais dire que le principal défi pastoral de notre époque en évolution est d’aller résolument vers la reconnaissance de ce don. Malgré tous les obstacles devant nous, gratitude et appréciation devraient prévaloir sur les préoccupations et les plaintes. La famille est le lieu fondamental de l’alliance entre l’Eglise et la création de Dieu. Sans la famille, même l’Eglise n’existerait pas. Et elle ne pourrait pas non plus être ce qu’elle est appelée à être, à savoir «le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen Gentium, n. 1).

Cela va sans dire, notre compréhension, forgée par l’interaction de la foi de l’Eglise et l’expérience conjugale de la grâce sacramentelle, ne doit pas nous conduire à faire fi des changements sans précédent en cours dans la société contemporaine, avec leurs effets sociaux, culturels – et désormais juridiques – sur les liens familiaux. Ces changements nous affectent tous, croyants comme non-croyants. Les chrétiens ne sont pas ‘‘immunisés’’ contre les changements de leurs temps. Ce monde concret, avec tous ses nombreux problèmes et ses nombreuses possibilités, est là où nous devons vivre, croire et témoigner.

Jusqu’à récemment, nous avons vécu dans un contexte social où les similitudes entre l’institution civile du mariage et le sacrement chrétien étaient considérables et partagées. Les deux étaient en corrélation et se soutenaient mutuellement. Ce n’est plus le cas. Pour décrire notre situation aujourd’hui, j’utiliserais deux images familières : les boutiques de quartier et nos grands supermarchés.

Il y eut une époque où une boutique de quartier avait tout ce qui était nécessaire pour la vie personnelle et familiale. Les produits pouvaient n’être pas exposés adéquatement, ou ne pas offrir beaucoup de choix, mais il y avait un lien personnel entre le marchand et ses clients. Le commerce se faisait sur la base de la confiance, les gens se connaissaient, ils étaient des voisins. Ils se faisaient confiance mutuellement. Ils avaient construit la confiance. Ces boutiques étaient souvent connus simplement comme ‘‘le marché local’’.

Par la suite, un autre genre de commerce s’est répandu : le supermarché. D’immenses espaces avec une gamme variée de marchandises. Le monde semble devenir l’un de ces grands supermarchés ; notre culture est devenue de plus en plus compétitive. Le commerce n’est plus mené sur la base de la confiance ; on ne peut plus faire confiance aux autres. Il n’y a plus de relations personnelles de proximité. La culture d’aujourd’hui semble encourager les gens à ne nouer de relations avec rien ni avec personne, à ne pas faire confiance. Aujourd’hui, suivre la dernière tendance ou activité semble être la chose la plus importante. C’est vrai, même de la religion. De nos jours, le consumérisme détermine ce qui est important. Consommer les relations, consommer les amitiés, consommer les religions, consommer, consommer… Peu importent le coût ou les conséquences. Une consommation qui ne favorise pas la relation, une consommation qui a peu à voir avec les relations humaines. Les liens sociaux sont de purs ‘‘moyens’’ pour la satisfaction de ‘‘mes besoins’’. Ce qui est important, ce n’est plus notre voisin, avec son visage familier, son histoire et sa personnalité.

Le résultat est une culture qui écarte tout ce qui, au goût du consommateur, n’est plus ‘‘utile’’ ou ‘‘satisfaisant’’. Nous avons transformé notre société en une énorme vitrine multiculturelle liée uniquement aux goûts de certains ‘‘consommateurs’’, tandis que tant d’autres sont réduits à Capture d’écran 2015-09-27 à 13.02.42manger «les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » (Mt 15, 27).

Cela provoque de grands dommages. Je voudrais dire qu’à la racine de nombreuses situations contemporaines se trouve un genre d’appauvrissement né d’un sens de la solitude, répandu et radical. En courant après la dernière mode, en accumulant les ‘‘amis’’ sur l’un des réseaux sociaux, nous sommes pris au piège de ce que la société contemporaine a à offrir. La solitude avec la peur de l’engagement dans un effort, sans limites, de nous sentir reconnus.

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Discours du pape François à la prison Curran-Fromhold

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Vous trouvez ci-dessous le texte intégral du discours du pape François lors de la visite avec les détenus de la prison Curran-Fromhold (27 septembre 2015)

Chers frères et sœurs,

Je vous remercie de me recevoir et de m’offrir l’occasion d’être ici avec vous et de partager ces moments de vos vies. C’est un temps difficile, un temps de luttes. Je sais que c’est un temps douloureux non seulement pour vous, mais pour vos familles et pour toute la société. Toute société, toute famille, qui ne peut pas partager ou prendre au sérieux la peine de ses enfants, et voit cette peine comme une chose normale ou bien prévisible, est une société ‘‘condamnée’’ à demeurer otage d’elle-même, proie de tout ce qui provoque cette peine.

Je suis ici en tant que pasteur, mais avant tout comme un frère, pour partager votre situation et la faire mienne. Je suis venu pour que nous puissions prier ensemble et offrir à notre Dieu tout ce qui nous cause de la peine, mais aussi tout ce qui nous donne de l’espérance, afin que nous puissions recevoir de lui la puissance de la résurrection.

Je pense à la scène de l’Evangile où Jésus lave les pieds de ses disciples lors de la dernière Cène. C’était quelque chose que ses disciples ont eu du mal à accepter. Même Pierre a refusé, et lui a dit : ‘‘Tu ne me laveras pas les pieds’’ (Jn 13, 8).

A cette époque, c’était la coutume de laver les pieds aux gens lorsqu’ils arrivaient chez vous. C’était la façon d’accueillir les hôtes. Les routes n’étaient pas pavées, elles étaient couvertes de poussière, et de petites pierres pouvaient se coincer dans vos sandales. Tout le monde empruntait ces routes, qui couvraient de poussière les pieds, meurtris ou blessés par les pierres. Voilà pourquoi vous voyez Jésus laver les pieds, nos pieds, les pieds de ses disciples, en son Capture d’écran 2015-09-27 à 10.51.38temps et maintenant.

La vie est un voyage, au long de différentes routes, de différents chemins, qui laissent leurs marques sur nous.

Nous savons dans la foi que Jésus va à notre recherche. Il veut guérir nos blessures, soulager nos pieds meurtris en voyageant seuls, laver chacun de nous de la poussière de notre voyage. Il ne nous demande pas où nous avons été, il ne nous pose pas de questions sur ce que nous avons fait. Plutôt, il nous dit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi » (Jn 13, 8). Si je ne lave pas tes pieds, je ne serai pas en mesure de te donner la vie dont le Père a toujours rêvé, la vie pour laquelle il t’a créé. Jésus vient nous rencontrer, pour pouvoir restaurer notre dignité d’enfants de Dieu. Il veut nous aider à nous rétablir, à reprendre notre route, à retrouver l’espérance, à restaurer notre foi et notre confiance. Il veut que nous continuions à marcher au long des sentiers de la vie, à réaliser que nous avons une mission, et que l’enfermement n’est pas la même chose que l’exclusion.

La vie, c’est ‘‘avoir les pieds sales’’ à cause de la poussière des routes de la vie et de l’histoire. Tous, nous avons besoin d’être nettoyés, d’être lavés. Tous, nous sommes recherchés par le Maître, qui veut nous aider à reprendre le voyage. Le Seigneur va à notre recherche ; il étend une main secourable à nous tous.

Cela fait mal de voir les systèmes carcéraux qui ne se préoccupent pas de soigner les blessures, de soulager la peine, d’offrir de nouvelles possibilités. Cela fait mal de voir des personnes qui pensent que ce sont seulement les autres qui ont besoin d’être nettoyés, purifiés, et qui ne reconnaissent pas que leur épuisement, leur peine et leurs blessures sont aussi l’épuisement, la peine et les blessures de la société. Le Seigneur nous le dit clairement par un signe : il lave nos Capture d’écran 2015-09-27 à 10.51.31pieds en sorte que nous puissions revenir à table. La table de laquelle il ne veut que personne soit exclu. La table qui est dressée pour tous et à laquelle nous sommes tous invités.

Ce temps dans votre vie peut seulement avoir un objectif : vous tendre la main pour retourner sur le bon chemin, vous tendre la main pour vous aider à rejoindre la société. Nous sommes tous partie intégrante de cet effort, nous sommes tous invités à encourager, à aider et à rendre possible votre réhabilitation. Une réhabilitation que chacun cherche et désire : les détenus et leurs familles, les autorités carcérales, les programmes sociaux et éducatifs. Une réhabilitation qui bénéficie à la morale de la communauté entière et l’élève.

Jésus nous invite à partager son destin, sa façon de vivre et d’agir. Il nous enseigne à voir le monde à travers son regard. Un regard qui n’est pas scandalisé par la poussière ramassée au long du chemin, mais qui veut nettoyer, guérir et restaurer. Il nous demande de créer de nouvelles opportunités : pour les détenus, pour leurs familles, pour les autorités carcérales et
pour la société tout entière.

Je vous encourage à avoir cette attitude les uns envers les autres et envers tous ceux qui d’une façon ou d’une autre font partie de cette institution. Puissiez-vous rendre possibles de nouvelles opportunités, de nouveaux parcours, de nouveaux chemins.

Nous avons tous quelque chose dont nous devons être lavés, ou bien purifiés. Puisse la reconnaissance de ce fait nous inspirer à vivre dans la solidarité, à nous soutenir les uns les autres et à rechercher le meilleur pour les autres.

Regardons Jésus, qui lave nos pieds. Il est « le chemin, la vérité et la vie ». Il vient nous sauver du mensonge selon lequel personne ne peut changer. Il nous aide à parcourir les sentiers de la vie et de l’épanouissement. Puissent la puissance de son amour et sa résurrection être toujours un chemin qui vous conduit à une nouvelle vie.

Discours du pape François lors de la rencontre pour la liberté religieuse

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Vous trouvez ci-dessous le discours de Sa Sainteté le Pape François lors de la rencontre pour la liberté religieuse Salle de l’indépendance, Philadelphie (samedi, 26 septembre 2015)

Chers amis,

L’un des points de ma visite est ici, devant l’Indépendance Hall, le lieu de naissance des Etats-Unis d’Amérique. C’est ici que les libertés qui définissent ce pays ont été d’abord proclamées. La Déclaration de l’Indépendance a affirmé que tous les hommes et toutes les femmes sont créés égaux, qu’ils sont dotés par leur Créateur de certains droits inaliénables, et que les gouvernements existent pour protéger et défendre ces droits. Ces paroles vibrantes continuent de nous inspirer aujourd’hui, tout comme elles ont inspiré d’autres peuples de par le monde afin de combattre pour la liberté de vivre conformément à leur dignité.

Mais l’histoire montre aussi que ces vérités, comme toute vérité, doit être constamment réaffirmée, réappropriée et défendue. L’histoire de cette nation est aussi celle d’un effort constant, jusqu’à nos jours, pour donner corps à ces hauts principes dans la vie sociale et politique. Nous nous souvenons des grandes luttes qui ont conduit à l’abolition de l’esclavage, à l’extension du droit de vote, à la croissance du mouvement des travailleurs, et à l’effort progressif pour éliminer toute forme de racisme et de préjudice dirigés contre les vagues successives de nouveaux américains. Cela montre que, lorsqu’un pays est déterminé à demeurer fidèle à ses principes fondateurs, basés sur le respect de la dignité humaine, il en devient plus fort et est renouvelé.

Nous tous, nous gagnons à nous souvenir de notre passé. Un peuple qui se souvient ne répète pas les erreurs du passé ; au contraire, il regarde, confiant, les défis du présent et de l’avenir. Le souvenir sauve l’âme d’un peuple de tout ce que ou de tous ceux qui pourraient tenter de la dominer ou de l’utiliser pour leurs intérêts. Lorsque l’exercice effectif de leurs droits est garanti aux individus et aux communautés, ils ne sont pas seulement libres de réaliser leur potentiel, mais aussi ils contribuent aussi au bien-être et à l’enrichissement de la société.Capture d’écran 2015-09-26 à 16.49.34

En ce lieu, qui est un symbole de l’esprit américain, je voudrais réfléchir avec vous sur le droit à la liberté religieuse. Il est un droit fondamental qui forge la façon dont nous interagissons socialement et personnellement avec nos voisins dont les visions religieuses diffèrent de la nôtre.

La liberté religieuse signifie certainement le droit d’adorer Dieu, individuellement et en communauté, comme notre conscience le dicte. Mais la liberté religieuse, par sa nature, transcende les lieux de culte ainsi que la sphère des individus et des familles.

Nos diverses traditions religieuses servent en premier lieu la société par le message qu’elles proclament. Elles appellent les individus et les communautés à adorer Dieu, la source de toute vie, de la liberté et du bonheur. Elles nous rappellent la dimension transcendante de l’existence humaine et notre irréductible liberté face à toute prétention de pouvoir absolu. Mais il nous faut jeter un regard sur l’histoire, spécialement sur l’histoire du siècle dernier, pour voir les atrocités perpétrées par les systèmes qui prétendaient bâtir l’un ou l’autre ‘‘paradis terrestre’’ en dominant des peuples, en les asservissant à des principes apparemment irrécusables et en leur déniant toute espèce de droit. Nos riches traditions religieuses cherchent à offrir signification ainsi que direction, «et ont une force de motivation qui ouvre toujours de nouveaux horizons, stimule la pensée et fait grandir l’intelligence et la sensibilité” (Evangelii Gaudium, n. 256). Elles appellent à la conversion, à la réconciliation, au souci de l’avenir de la société, au sacrifice de soi dans le service du bien commun, et à la compassion pour ceux qui sont dans le besoin. Au cœur de leur mission spirituelle, se trouve la proclamation de la vérité et de la dignité de la personne humaine ainsi que des droits humains.

Nos traditions religieuses nous rappellent que, comme êtres humains, nous sommes appelés à reconnaître l’autre/l’Autre qui révèle notre identité relationnelle face à toute tentative visant « une uniformité que l’égoïsme du fort, le conformisme du faible, ou bien l’idéologie de l’utopiste pourraient chercher à nous imposer » (M. de Certeau).

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Homélie du pape François dans la cathédrale de Philadelphie

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Vous trouvez ci-dessous le texte complet de l’homélie prononcée par le pape François durant la Messe à la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Philadelphie (samedi 26 septembre 2015)

Ce matin, j’ai appris quelque chose concernant l’histoire de cette belle Cathédrale : l’histoire derrière ses hauts murs et ses fenêtres. Je dirais, cependant, que l’histoire de l’Eglise dans cette ville et dans cet Etat est réellement une histoire, non pas de la construction de murs, mais de leur démolition. C’est une histoire de générations successives de catholiques engagés, allant vers les périphéries et construisant des communautés d’adoration, d’éducation, de charité et de service à la société dans son ensemble.

Cette histoire est visible dans plusieurs sanctuaires de cette ville, et dans les nombreuses églises paroissiales dont les tours et les clochers témoignent de la présence de Dieu au sein de nos communautés. Elle est visible dans les efforts de tous ces prêtres, religieux et laïcs dévoués, qui durant plus de deux siècles ont pourvu aux besoins spirituels des pauvres, des migrants, des malades et des prisonniers. Et elle est visible dans les centaines d’écoles où les religieux et les religieuses enseignent aux enfants à lire et à écrire, à aimer Dieu et le voisin, et à contribuer, en tant que bons citoyens, à la vie de la société américaine. Tout cela est un grand héritage que vous avez reçu, et que vous avez été appelés à enrichir et à transmettre.

La plupart d’entre vous connaît l’histoire de sainte Catherine Drexel, qui fait partie des grands saints issus de cette Eglise locale. Quand elle a fait part au Pape Léon XIII des besoins des missions, le Pape – c’était un Pape très sage – lui a demandé sèchement : ‘‘Et vous ? Qu’allez-vous faire ?’’. Ces paroles ont changé la vie de Catherine, parce qu’elles lui ont rappelé, qu’après tout, chaque chrétien ou chrétienne, en vertu du baptême, a reçu une mission. Chacun de nous doit répondre, de son mieux, à l’appel du Seigneur pour bâtir son Corps, l’Eglise.

‘‘Et vous ?’’. Je voudrais m’arrêter sur deux aspects de ces mots dans le contexte de notre mission particulière de transmettre la joie de l’Evangile et de bâtir l’Eglise, que nous soyons prêtres, diacres ou membres d’instituts de vie consacrée.

En premier lieu, ces paroles – ‘‘Et vous?’’ – ont été adressées à une jeune personne, une jeune femme ayant de hauts idéaux, et elles ont changé sa vie. Elles lui ont fait penser à l’immense tâche à accomplir, et à réaliser qu’elle était appelée à y prendre sa part. Que de jeunes gens dans leurs paroisses et leurs écoles ont les mêmes hauts idéaux, la même générosité d’esprit, et le même amour pour le Christ et pour l’Eglise ! Les mettons-nous au défi ? Leur faisons-nous place et les aidons-nous à accomplir leur part ? A trouver des manières de partager leur enthousiasme et leurs dons avec nos communautés, surtout à travers des œuvres de charité et le souci des autres ? Partageons-nous notre joie et notre enthousiasme en servant le Seigneur?

L’un des plus grands défis auquel l’Eglise est confrontée dans cette génération est d’encourager chez tous les fidèles le sens de la responsabilité personnelle pour la mission de l’Eglise, et à leur permettre d’assumer cette responsabilité en tant que disciples missionnaires, en tant que levain de l’Evangile dans notre monde. Cela demande de la créativité dans l’adaptation aux situations changeantes, en préservant l’héritage du passé non pas d’abord en maintenant les structures et les institutions, qui nous ont bien servi, mais surtout en étant ouverts aux possibilités que Capture d’écran 2015-09-26 à 10.55.18l’Esprit nous révèle et en communiquant la joie de l’Evangile, jour après jour et à chaque étape de notre vie.

‘‘Et vous ?’’. Il est significatif que ces paroles d’un Pape âgé aient été adressées aussi à une fidèle laïque. Nous savons que l’avenir de l’Eglise dans une société en évolution rapide appellera et même appelle déjà, à un engagement beaucoup plus actif du laïcat. L’Eglise aux Etats-Unis a toujours consacré un immense effort au travail de catéchèse et d’éducation. Notre défi, aujourd’hui, est de construire sur ces fondations solides et d’encourager un sens de la collaboration et de la responsabilité partagée dans la planification de l’avenir de nos paroisses et de nos institutions. Cela ne signifie pas renoncer à l’autorité spirituelle dont nous avons été investis, mais cela signifie plutôt discerner et employer avec sagesse les multiples dons que l’Esprit répand sur l’Eglise. En particulier, cela signifie évaluer l’immense contribution que chaque femme, laïque et religieuse, a apportée et continue d’apporter à la vie de nos communautés.

Chers frères et sœurs, je vous remercie pour la façon dont chacun de vous a répondu à la question de Jésus qui a inspiré votre vocation : ‘‘Et vous ?’’. Je vous encourage à vous renouveler dans la joie de cette première rencontre avec Jésus et à puiser dans cette joie une fidélité et une force renouvelées. J’attends impatiemment d’être avec vous durant ces prochains jours et je vous demande de porter mes affectueuses salutations à ceux qui n’ont pas pu être avec nous, spécialement aux nombreux prêtres âgés et aux religieux qui nous joignent par la pensée.

Durant ces jours de la Rencontre Mondiale des Familles, je voudrais vous demander, de façon particulière, de réfléchir sur notre ministère auprès des familles, auprès des couples se préparant au mariage et auprès des jeunes. Je sais que beaucoup se fait dans les Eglises locales pour répondre aux besoins des familles et pour les soutenir sur le chemin de la foi. Je vous demande de prier avec ferveur pour elles, et pour les délibérations du prochain Synode sur la Famille.

A présent, avec gratitude pour tout ce que nous avons reçu, et avec une assurance confiante dans tous nos besoins, tournons-nous vers Marie, notre Mère Bénie. Avec un amour maternel, puisse-t-elle intercéder pour la croissance de l’Eglise en Amérique à travers le témoignage prophétique du pouvoir de la Croix de son Fils d’apporter joie, espérance et force à notre monde. Je prie pour chacun de vous, et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi.

Homélie du pape François lors de la Messe au Madison Square Garden

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Homélie du Pape François
Messe à Madison Square Garden, New York
Vendredi 25 septembre 2015

Nous sommes à Madison Square Garden, un lieu synonyme de cette cité. C’est le lieu d’évènements sportifs, artistiques et musicaux importants, qui attirent des personnes non seulement de cette cité mais aussi du monde entier. En ce lieu, qui représente à la fois la variété et la communion d’intérêts de si nombreux peuples différents, nous avons entendu ces paroles : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » (Is 9, 1).

Le peuple qui marchait – rattrapé dans ses activités et ses habitudes, dans ses succès et ses échecs, ses inquiétudes et ses attentes – a vu une grande lumière. Le peuple qui marchait – avec ses joies et ses espérances, ses déceptions et ses regrets – a vu une grande lumière.

A toutes les époques, le Peuple de Dieu a été appelé à contempler cette lumière. Une lumière pour les nations, comme le vieillard Siméon l’a exprimé. Une lumière destinée à resplendir dans chaque recoin de la ville, sur nos concitoyens, dans chaque partie de nos vies.

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ». Une qualité particulière du peuple de Dieu est sa capacité à voir, à contempler, même dans les « moments d’obscurité », la lumière que le Christ apporte. Le peuple fidèle de Dieu peut voir, discerner et contempler sa présence vivante au cœur de sa vie, au cœur de sa ville. Avec le prophète Isaïe nous pouvons dire : ‘Le peuple qui marche, respire et vit au milieu du brouillard, a vu une grande lumière, a expérimenté un souffle d’air frais’.

Vivre dans une grande ville n’est pas toujours facile. Un contexte multiculturel présente plusieurs défis complexes. Mais les grandes villes sont un rappel des richesses cachées présentes dans notre monde : dans la diversité de ses cultures, de ses traditions et de ses
expériences historiques. Dans la variété de ses langues, de ses costumes et de ses cuisines. Les grandes villes réunissent ensemble toutes les manières différentes que les êtres humains ont découvertes pour exprimer le sens de la vie, où que nous soyons.

Mais les grandes villes cachent aussi les visages de toutes ces personnes qui ne semblent pas lui appartenir, ou être des citoyens de seconde classe. Dans les grandes villes, dans le grondement du trafic, au ‘‘rythme rapide du changement’’, beaucoup de visages passent inaperçus, parce qu’ils n’ont pas le ‘‘droit’’ d’être là, le droit de faire partie de la ville. C’est l’étranger, l’enfant sans instruction, ceux qui sont privés d’assurance médicale, le sans toit, le vieillard délaissé. Ces personnes restent sur les bords de nos grandes avenues, dans nos rues, dans un anonymat assourdissant. Elles font désormais partie, à nos yeux, et surtout dans nos cœurs, d’un paysage urbain qui est de plus en plus considéré comme allant de soi.

Savoir que Jésus marche encore dans nos rues, qu’il fait partie de la vie des siens, qu’il est engagé avec nous dans une grande histoire de salut, nous remplit d’espérance. Une espérance libératrice des forces qui nous poussent à l’isolement et au manque de souci pour la vie des autres, pour la vie de notre ville. Une espérance qui nous libère des ‘‘connexions’’ vides, des analyses abstraites, ou des habitudes sensationnalistes. Une espérance qui n’a pas peur de l’engagement, qui agit comme un levain partout où il nous arrive de vivre et de travailler. Une espérance qui nous fait voir, même au milieu du brouillard, la présence de Dieu qui continue à marcher dans les rues de nos villes.

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Discours du pape François avec les enfants de l’école Notre-Dame Reine des anges à Harlem

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Rencontre avec les Enfants et les Familles d’Immigrés
Ecole Notre-Dame, Reine des Anges, Harlem
Vendredi, 25 septembre 2015

Chers enfants,

Je suis heureux d’être ici aujourd’hui avec vous, avec toute cette grande famille qui vous accompagne. Je vois vos enseignants, vos éducateurs, vos parents et proches. Merci de m’accueillir et je demande pardon, surtout aux enseignants, de ‘‘leur voler’’ quelques minutes de classe.

On m’a dit que l’une des belles caractéristiques de cette école est que certains de ses élèves viennent d’autres endroits, voire d’autres pays. Que c’est bien, cela ! Même si je sais qu’il n’est pas toujours facile de devoir déménager et de trouver une nouvelle maison, de nouveaux voisins, des amis ; ce n’est pas du tout facile. Au début, cela peut être fatigant – n’est-ce pas ? – bien des fois, d’apprendre une nouvelle langue, de s’adapter à une nouvelle culture, à un nouveau climat. Que de choses vous devez apprendre ! Pas seulement les leçons de l’école.

Ce qui est bon, c’est que nous rencontrons aussi de nouveaux amis, nous rencontrons des personnes qui nous ouvrent les portes et nous manifestent leur tendresse, leur amitié, leur compréhension et cherchent à nous aider pour que nous ne soyons pas dépaysés, pour que nous nous sentions chez nous. Qu’il est beau de pouvoir sentir l’école comme une seconde maison. Non seulement c’est important pour vous, mais aussi pour vos familles. De cette manière, l’école devient une grande famille pour tous, où avec nos mères, nos pères, nos grands-parents, nos éducateurs, nos enseignants et nos copains, nous apprenons à nous entraider, à partager ce qui est bon en chacun, à donner le meilleur de nous-mêmes, à travailler en équipe et à persévérer dans nos projets.

Bien proche d’ici, il y a une rue très importante portant le nom d’une personne qui a fait beaucoup de bien aux autres, et je veux la rappeler avec vous. Je me réfère au Pasteur Martin Luther King. Il a dit un jour : ‘‘j’ai un rêve’’. Il a rêvé que beaucoup d’enfants, beaucoup de personnes aient les mêmes opportunités. Il a rêvé que beaucoup d’enfants comme vous aient accès à l’éducation. Il est beau d’avoir des rêves et de pouvoir lutter pour eux.

Aujourd’hui, nous voulons continuer de rêver et nous célébrons toutes les opportunités, qui nous permettent, aussi bien à vous qu’à nous les adultes, de ne pas perdre l’espérance d’un monde meilleur, avec d’avantage de possibilités. Je sais que l’un des rêves de vos parents, de vos éducateurs est que vous puissiez grandir dans la joie. Il est toujours bon de voir un enfant sourire. Ici, on vous voit souriants, continuez à être ainsi et aidez à communiquer la joie à toutes les personnes autour de vous.

Chers enfants, vous avez le droit de rêver et je suis très heureux que vous puissiez trouver dans cette école, chez vos amis, chez vos enseignants cet appui nécessaire pour pouvoir le faire. Là où il y a des rêves, là où il y a de la joie, il y a toujours Jésus. Car Jésus est joie et il veut nous aider pour que cette joie se maintienne tous les jours.

Avant de m’en aller, je veux vous laisser un  homework – un travail de maison -, vous le permettez ? C’est une demande simple mais très importante : n’oubliez pas de prier pour moi pour que je puisse partager avec beaucoup la joie de Jésus. Et priez aussi afin que beaucoup puissent connaître cette joie que vous avez.

Que Dieu vous bénisse aujourd’hui et que la Vierge vous protège.

Discours du Saint-Père au Mémorial de Ground Zero

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Discours du Saint-Père au Mémorial du Ground Zero, New York Vendredi, 25 septembre 2015

Chers amis,

Être à Ground Zero, où des milliers de vie ont été arrachées dans un acte insensé de destruction, suscite en moi divers sentiments, diverses émotions. Ici, la douleur est palpable. L’eau que nous voyons s’écouler vers ce centre vide nous rappelle toutes ces vies qui s’en sont allées sous le pouvoir de ceux qui croient que la destruction est l’unique façon d’apporter une solution aux conflits. C’est le cri silencieux  de ceux qui ont souffert dans leur chair de la logique de la violence, de la haine, de la revanche. Une logique qui ne peut que provoquer douleur, souffrance, destruction, larmes. L’eau qui tombe est aussi un symbole de nos larmes. Des larmes pour les destructions d’hier, qui s’unissent aux nombreuses destructions d’aujourd’hui. C’est un lieu où nous pleurons, nous pleurons la douleur que provoque le sentiment d’impuissance face à l’injustice, face au fratricide, face à l’incapacité d’apporter une solution à nos différences en dialoguant. En ce lieu, nous pleurons la perte injuste et gratuite d’innocents pour n’être pas en mesure de trouver des solutions en faveur du bien commun. C’est une eau qui nous rappelle les pleurs d’hier et les pleurs d’aujourd’hui.

Il y a un instant, j’ai rencontré quelques familles des premiers secouristes tombés en service. Au cours de cette rencontre, j’ai pu constater une fois encore combien la destruction n’est jamais impersonnelle, abstraite ou ne concernant que les choses, mais surtout combien elle a un visage et une histoire, elle est concrète, elle a des noms. Chez les proches de ces victimes, on peut voir le visage de la douleur, une douleur qui nous laisse sans voix et crie vers le ciel.

Mais à leur tour, ils ont su me montrer l’autre face de cet attentat, l’autre face de la douleur : la puissance de l’amour et du souvenir. Un souvenir qui ne nous laisse pas vides. Les noms de tant
d’êtres chers sont inscrits ici en ce qui était les bases des tours ; ainsi, nous pouvons les voir, les toucher et ne jamais les oublier.

Ici, au milieu de la douleur déchirante, nous pouvons toucher la capacité de bonté héroïque dont l’être humain est aussi capable, la force cachée à laquelle nous devons toujours recourir. Au moment d’une douleur immense, de souffrance, vous avez été témoins d’actes exceptionnels de don et d’aide. Des mains tendues, des vies livrées. Dans une métropole qui peut paraître impersonnelle, anonyme, où il y a de grandes solitudes, elles ont été capables de montrer la puissante solidarité de l’aide mutuelle, de l’amour et du sacrifice personnel. À ce moment-là, il n’était pas question de sang, d’origine, de quartier, de religion ou d’option politique ; il était question de solidarité, d’urgence, de fraternité. Il était question d’humanité. Les pompiers de New York sont entrés dans les tours qui étaient en train de tomber sans prêter attention à leur propre vie. Beaucoup sont tombés en service et à travers leur sacrifice ils ont sauvé la vie de tant d’autres.

Ce lieu de mort se transforme aussi en un lieu de vie, de vies sauvées, en un chant qui nous conduit à affirmer que la vie est toujours destinée à triompher sur les prophètes de la destruction, sur la mort, que le bien l’emportera toujours sur le mal, que la réconciliation et l’unité vaincront la haine et la division.

L’opportunité de m’associer, en ce lieu de douleur et de souvenir,  aux leaders représentant de nombreuses traditions religieuses qui enrichissent la vie de cette grande ville, me remplit d’espérance. J’espère que notre présence ici est un signe puissant de nos volontés de partager et de réaffirmer le désir d’être des forces de réconciliation, des forces de paix et de justice dans Capture d’écran 2015-09-25 à 11.53.00cette communauté et partout dans notre monde. Dans les différences, dans les désaccords, il est possible de vivre dans un monde de paix. Face à toute tentative uniformisatrice, il est possible
et nécessaire de nous réunir à partir des différentes langues, cultures, religions, et  d’élever la voix contre tout ce qui veut l’empêcher. Ensemble, aujourd’hui, nous sommes invités à dire : non à toute tentative d’uniformiser et oui à une différence acceptée et réconciliée.

Pour cela, nous avons besoin de nous libérer de nos sentiments de haine, de vengeance, de rancœur. Et nous savons que c’est possible seulement comme un don du ciel. Ici, en ce lieu de la mémoire, chacun à sa manière, mais ensemble, je vous propose que nous observions un moment de silence et de prière.

Demandons au ciel le don d’œuvrer pour la cause de la paix. Paix dans nos maisons, dans nos familles, dans nos écoles, dans nos communautés. Paix en ces endroits où la guerre semble sans fin. Paix sur ces visages qui ont connu uniquement la douleur. Paix dans ce vaste monde que Dieu nous a donné comme maison de tous et pour tous. Seulement, PAIX.

Ainsi, la vie de nos êtres chers ne sera pas une vie qui demeurera dans l’oubli, mais elle se fera présente chaque fois que nous luttons pour être prophètes de construction, prophètes de réconciliation, prophètes de paix.

Discours du pape François devant les Nations Unies

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Vous trouvez ci-dessous le texte intégral du pape François devant l’Assemblée générale des Nations Unies (discours prononcé en espagnol):

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Une fois encore, en suivant une tradition dont je me sens honoré, le Secrétaire Général des Nations Unies a invité le Pape à s’adresser à cette honorable assemblée des nations. En mon nom propre et au nom de toute la communauté catholique, Monsieur Ban Ki-moon, je voudrais vous exprimer la plus sincère et cordiale gratitude. Je vous remercie aussi pour vos aimables paroles. Je salue également les Chefs d’Etat et de Gouvernement ici présents, les Ambassadeurs, les diplomates et les fonctionnaires politiques et techniques qui les accompagnent, le personnel des Nations Unies impliqué dans cette 70ème session de l’Assemblée Générale, le personnel de tous les programmes et agences de la famille de l’ONU, et tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, participent à cette réunion. A travers vous, je salue aussi les citoyens de toutes les nations représentées dans cette rencontre. Merci pour les efforts de tous et de chacun en faveur de l’humanité.

C’est la cinquième fois qu’un Pape visite les Nations Unies. Ainsi de mes prédécesseurs : Paul VI en 1965, Jean-Paul II en 1979 et en 1995 et mon prédécesseur immédiat, aujourd’hui le Pape émérite Benoît XVI, en 2008. Aucun d’eux n’a été avare d’expressions de reconnaissance pour l’Organisation, la considérant comme la réponse juridique et politique appropriée au moment historique caractérisé par le dépassement technologique des distances et des frontières et, apparemment, par le dépassement de toute limite naturelle de l’affirmation du pouvoir. Une réponse indispensable puisque le pouvoir technologique, aux mains d’idéologies nationalistes et faussement universalistes, est capable de provoquer de terribles atrocités. Je ne peux que m’associer à l’appréciation de mes prédécesseurs, en réaffirmant l’importance que l’Eglise catholique accorde à cette institution et l’espérance qu’elle met dans ses activités.

L’histoire de la communauté organisée des Etats représentée par les Nations Unies, qui célèbre ces jours-ci son 70ème anniversaire, est une histoire d’importants succès communs, dans une période d’accélération inhabituelle des événements. Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut mentionner la codification et le développement du droit international, la construction de la législation internationale des droits humains, le perfectionnement du droit humanitaire, la résolution de nombreux conflits ainsi que des opérations de paix et de réconciliation, et tant d’autres acquis dans tous les domaines de portée internationale de l’activité humaine. Toutes ces réalisations sont des lumières en contraste avec l’obscurité du désordre causé par les ambitions incontrôlées et par les égoïsmes collectifs. Certes, les graves problèmes non résolus sont encore nombreux, mais il est évident que si toute cette activité internationale avait manqué, l’humanité pourrait n’avoir pas survécu à l’utilisation incontrôlée de ses propres potentialités. Chacun de ces progrès politiques, juridiques et techniques est un chemin d’accomplissement de l’idéal de fraternité humaine et un moyen pour sa plus grande réalisation.

Je rends hommage, pour cela, à tous les hommes et femmes qui ont servi loyalement, et dans un esprit de sacrifice, toute l’humanité durant ces 70 ans. En particulier, je voudrais rappeler aujourd’hui ceux qui ont donné leur vie pour la paix et la réconciliation des peuples, depuis Dag Hammarskjöld jusqu’aux très nombreux fonctionnaires de tous niveaux, décédés dans des missions humanitaires, dans des missions de paix et de réconciliation.

L’expérience de ces 70 années, au-delà de tous les acquis, montre que la réforme et l’adaptation aux temps est toujours nécessaire, progressant vers l’objectif ultime d’accorder à tous les peuples, sans exception, une participation et une incidence réelle et équitable dans les décisions. Cette nécessité de plus d’équité vaut en particulier pour les corps dotés d’une capacité d’exécution effective, comme c’est le cas du Conseil de Sécurité, des Organismes Financiers et des groupes ou mécanismes spécialement créés pour affronter les crises économiques. Cela aidera à limiter tout genre d’abus et d’usure surtout par rapport aux pays en voie de développement. Les Organismes Financiers Internationaux doivent veiller au développement durable des pays, et à ce qu’ils ne soient pas soumis, de façon asphyxiante, à des systèmes de crédits qui, loin de promouvoir le progrès, assujettissent les populations à des mécanismes de plus grande pauvreté, d’exclusion et de dépendance.

 

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