Lettre de Mgr Pierre Morissette: une parole d’espérance dans un tourbillon médiatique

Évêque de Saint-Jérôme et président de la CECC, Mgr Pierre Morissette a rendu public à la fin de la semaine dernière une « Courte réflexion sur un sujet difficile ». Ce sujet est bien entendu l’avortement. S’adressant d’abord à ses prêtres et ses diocésains, la réflexion de Mgr Morissette nous dit qu’au-delà des principes qui nous guide, nos gestes doivent parler d’eux-mêmes. Sa réflexion qui mérite d’être lue, se veut certe une parole d’espérance, selon le veut même de l’évêque, mais aussi un appel aux membres de la communauté chrétienne de se regarder eux-mêmes et de voir comment il est possible, au nom de cette communauté, de poser des gestes concrets sans nécessairement attendre que le gouvernement le fasse à notre place. Voici la réflexion dans son intégralité.

COURTE RÉFLEXION SUR UN SUJET DIFFICILE

L’intervention de M. Le Cardinal Ouellet à une Campagne Québec-Vie à Québec a remis l’avortement à l’avant-plan de l’actualité. Déjà, la décision du gouvernement Harper de ne pas inclure l’avortement dans son plan pour la santé maternelle femmes au Tiers-Monde avait fait jaser dans les chaumières au Canada.

Une fois de plus, on peut constater jusqu’à quel point ce sujet est difficile à aborder publiquement et comment les émotions montent rapidement à la surface.

La position de l’Église catholique est bien connue : l’Église est « pour la vie ». C’est probablement d’ailleurs l’un des aspects les plus connus sur l’enseignement moral. C’est une position que l’Église partage avec bien d’autres intervenants d’horizons divers dans notre société; elle n’est donc pas isolée dans sa position « pour la vie ».

Mais que veut dire « être pour la vie »? Cela signifie, dans un premier temps, avoir des principes qui nous guident dans une position en faveur de la vie. Mais cela veut dire aussi poser des gestes qui aident à protéger la vie là où elle est particulièrement menacée :

  • Que faire pour cette jeune fille de 15 ans qui se découvre enceinte, qui craint la réaction de ses parents et qui subit toutes sortes de pressions qui la poussent vers l’avortement
  • Quel soutien apporter à cette jeune femme que son conjoint quitte dès qu’il apprend qu’elle est enceinte?
  • Quelle porte ouvrir à cette jeune mère de famille qui se retrouve enceinte alors qu’elle a déjà trois autres bouches à nourrir et qu’elle ne sait plus comment joindre les deux bouts?

Ces exemples nous rappellent qu’il ne suffit pas, dans notre position « pour la vie », de rappeler les principes. Il faut offrir des alternatives à celles qui ne voient plus comme option que l’avortement. Nous connaissons bien les paroles de Jésus rapportées en Mt.26 :
« J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire… »
Peut-être ajouterait-il aujourd’hui :
« J’étais enceinte et paniquée et vous m’avez accompagnée ».

Un tel agir se situe dans la longue tradition de l’Église, tradition qui consiste à répondre aux besoins concrets des personnes. Dans les époques et les sociétés où l’on ne s’occupe pas des malades, l’Église ouvre des hôpitaux. Dans les époques et les sociétés où l’éducation des enfants importe peu, l’Église ouvre des écoles. Dans notre monde où, pour certaines femmes, l’avortement apparaît comme la seule option possible pour sortir d’une situation difficile, que peut faire l’Église? La charité des chrétiens et des chrétiennes est sans doute assez inventive pour trouver des réponses de compassion, que ce soit par l’écoute, l’accompagnement personnel et même de ressources institutionnelles comme cela existe dans certains milieux.

+Pierre Morissette
Évêque de Saint-Jérôme

Les évêques canadiens signalent leur appui à BXVI

Le président de la CECC, Mgr Pierre Morissette, a envoyé le 29 mars une lettre au Pape pour réitérer leur appui indéfectible au souverain pontife. Nous la publions dans son intégralité. 

    
Très Saint-Père,

Au nom des évêques du Canada, je vous écris aujourd’hui pour vous assurer de notre appui sans équivoque à l’heure où nous trouvons dans la presse canadienne et étrangère un nombre sans précédent de reportages qui prétendent que vous n’auriez pas su réagir aux cas d’agression sexuelle de mineurs. Nous reconnaissons avec admiration et gratitude le leadership vigoureux et résolu dont vous faites preuve face à ces crimes odieux.

Nous en avons fait l’expérience ici au Canada, où la mise en application, depuis 1992, des dispositions du document De la souffrance à l’espérance a reçu votre appui et vos encouragements énergiques, avant comme après votre élection au siège pontifical. Nous apprécions tout spécialement le leadership dont vous avez fait preuve lors de votre rencontre avec le Chef national Phil Fontaine, Monseigneur V. James Weisgerber et d’autres invités en exprimant vos profonds regrets et votre vive empathie aux victimes de diverses formes d’abus parmi les membres des Premières Nations qui ont fréquenté nos anciennes écoles    résidentielles. Vos paroles de réconfort et de compréhension sont d’un grand prix pour toutes les personnes qui ont assisté, au Vatican, à cet événement historique.

Très Saint-Père, en abordant la semaine solennelle où nous marchons à la suite de Jésus vers la Croix et la Résurrection, nous vous assurons de nos prières pour vous et pour toutes les victimes de violence sexuelle dans l’Église catholique et dans presque tous les secteurs de la société. Nous savons que, sous votre direction, nous pourrons passer de la souffrance à la guérison.

Puisse Notre Seigneur, qui a manifesté par sa résurrection des morts le triomphe de l’amour divin sur le mal, vous donner sa force dans les jours qui viennent. Croyez bien que nous appuyons les efforts que vous faites pour guider l’Église sur la voie « de la guérison, du renouveau et de la réparation» et ne doutez pas de notre affection sincère dans le Christ notre Seigneur.

+ Pierre Morissette
Évêque de Saint-Jérôme
Président
Conférence des évêques catholiques du Canada

De nombreuses conférences épiscopales ont manifesté leur appui au Pape depuis quelques jours. C’est le cas des évêques de France qui étaient réunis en plénière à Lourdes la semaine dernière.

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