Un rendez-vous à ne pas manquer

Vendredi dernier 5 juin 2009 était la Journée mondiale de l’environnement. L’Union des Supérieurs Majeurs nous invitait à prier et à réfléchir sur cette question. Ce même jour le film « Home », était diffusé gratuitement dans de nombreuses villes de la planète, nous faisant faire un tour de monde absolument inoubliable.

home-le-filmLe photographe français, Yann Arthus Bertrand, amoureux de la planète, célèbre pour son livre « La Terre vue du Ciel » l’avait programmé pour cette date. Il a l’habitude de filmer du ciel, ce qui permet de prendre de la hauteur dans tous les sens du terme.
Au début, je me suis demandée si le réalisateur ne se prenait pas pour Dieu le Père contemplant la planète qu’il a confiée à ses enfants. Puis, j’ai compris que le propos de Yann Arthus Bertrand était de nous partager ce qu’il a vu depuis des années et les  préoccupations et les espoirs qu’il porte.

Il nous explique le processus de la vie qui est un miracle et comment l’air, l’eau, le vivant sont liées. Que sur terre est en équilibre précaire, que l’humus est le manteau fertile qui unit. Il nous démontre comment l’homme a cherché à se nourrir. «Le génie de l’homme est de prendre conscience de sa faiblesse et de s’aider des animaux.» Il nous résume les  tournants de l’histoire de la planète.
– Le 1er : l’invention de l’agriculture par l’homme qui n’est plus nomade, avec pour conséquence directe le surplus.
– Le 2e : la découverte du pétrole « poche de soleil » avec pour conséquence la production démesurée. La population planétaire a triplé. Le confort est apparu.
Au milieu du film, le propos prend tout son sens. Avec cette accélération, nous sommes en train de casser le cycle d’une vie qui nous était offerte.

 «On n’a pas changé de modèle.» L’homme cherche toujours à produire plus pour sa survie. Mettant toutes ces changements en perspective, ce film nous montre que le but premier de l’agriculture depuis le début des temps, de nourrir les habitants de la planète, n’est plus honoré.

Plusieurs leitmotivs ponctuent ce film  «Tout est lié, l’air, la terre et le vivant», «Tout s’accélère ». «Il est trop tard pour être pessimiste.» S’appuyant sur la théorie de la destruction par l’épuisement des ressources, (exemple de l’Ile de Paque), Yann Arthus Bertrand fait le compte des changements économiques, agricoles et humains depuis 1950 avec des chiffres dont le plus parlant est celui-ci : 20 % des humains consomment 80% des ressources de la planète. En effet, de nombreux pays plein de ressources, (exemple du Nigeria), ne permettent qu’à un nombre restreint de leurs habitants de vivre.

Allant d’un continent à un autre, ce réalisateur nous invite à produire avec mesure, intelligence et partage. Il nous montre le comportement suicidaire dans lequel de nombreuses sociétés sont embarquées et d’autres voies possibles quand des pays, des personnes cherchent des solutions équitables (exemple du Costa Rica).

Ce film a le courage de dresser un bilan, d’appeler à notre intelligence responsable et d’offrir des changements dans les 10 ans à venir. Il peut permettre de prendre conscience que nous avons comme chrétiens à poser des gestes qui soient cohérents avec nos responsabilités. Dieu nous a confié cette planète et nous devons en prendre soin et faire en sorte que chaque personne puisse se nourrir, être éduqué et vivre en paix. Les évêques du Canada nous ont d’ailleurs interpellés récemment à ce sujet. Cherchons ensemble et montrons qu’il est possible de vivre sans démesure et en étant reliés les uns aux autres. Soyons de ceux et celles-là.

Il est possible de regarder Home sur Youtube jusqu’au 14 juin.

C’est à cause de la crise…

20-propositionsDepuis 6 mois, cette expression ponctue la plupart de nos conversations. De quoi nous donner un sentiment d’impuissance. Cependant, de nombreuses personnes chrétiennes du secteur financier ne baissent pas les bras.

Parmi celles-ci, une équipe pluridisciplinaire européenne, réunie par Gaël Giraud, s.j., et Cécile Renouard, r.a., a élaboré plusieurs propositions concrètes pour contribuer à une réforme du capitalisme en profondeur. Cette initiative a abouti un livre, sorti en France récemment : 20 propositions pour réformer le capitalisme.

Ce livre porte la conviction que la crise peut être une occasion de refondation du système économique capitaliste pour faire face désormais aux défis de plus en plus pressants de la lutte contre la pauvreté, du changement climatique, de l’épuisement des ressources naturelles et de la mise en place d’un développement humain soutenable. Surtout « cet ouvrage est avant tout une invitation à la réflexion partagée » afin de susciter un débat. Vous pouvez y contribuer grâce au site : http://www.20propositions.com/

Pour tourner la page : une rencontre historique

La rencontre privée entre Benoît XVI et une délégation des premières nations et de représentants de l’Église catholique au Canada a de quoi nous soulager et nous réjouir. En recevant le chef de l’Assemblée des Premières Nations Phil Fontaine et d’anciens élèves de pensionnats autochtones, le Saint-Père a manifesté sa peine et son regret, en son nom personnel et au nom de toute l’Église, pour les torts subis par plus de 100 000 jeunes dans les pensionnats catholiques pour autochtones. En plus de l’archevêque de Winnipeg et président de la Conférence épiscopale, un religieux (oblat de Marie-Immaculée) et une religieuse (sœur de Sainte-Anne) faisaient partie de la délégation. Depuis plusieurs années déjà, les communautés religieuses du Canada se sont engagées à fond dans un processus de guérison et de réconciliation avec les communautés des premières nations. Les propos tenus par ceux et celles qui étaient présents à la rencontre de ce matin laissent croire que nous parviendrons à clore un douloureux chapitre de notre histoire commune et ainsi nous tourner vers l’avenir.

Lors de son passage à la plénière annuelle des évêques catholiques du Canada à l’automne 2008, Phil Fontaine avait tendu une main ouverte à l’Église catholique pour construire un avenir meilleur pour les jeunes des premières nations.  « Je ne viens pas demander de l’argent, leur avait-il dit, je viens vous demander du soutien… car vous croyez en ce que nous sommes…, car vous avez de l’influence en tant qu’évêques…. Vous êtes écoutés…. Vous êtes compétents en éducation »

En juillet dernier à Sydney, Benoît XVI avait salué la courageuse décision du gouvernement australien de reconnaître les injustices subies par les peuples aborigènes. Ce matin à Rome, il a manifesté sa compassion et sa compréhension face à ce qu’ont subi des personnes et des communautés entières des premières nations du Canada. Dans un cas comme dans l’autre, le mot ‘excuse’ n’a pas été prononcé. Chez nous, des communautés religieuses et d’autres membres de l’Église au Canada l’ont fait, de même que le gouvernement canadien, qui avait confié l’éducation des autochtones aux églises.

L’accueil, l’écoute et les regrets du Pape constituent un geste fort qui ne laisse aucun doute sur le profond regret de l’Église et son désir de bâtir un monde meilleur avec les communautés des premières nations, . Le tapage médiatique passé, les parties engagées dans ce processus de réconciliation poursuivront leur travail avec, souhaitons-le, une espérance renouvellée.

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