Discours du pape François au foyer du Bon Samaritain

Vous trouverez ci-dessous le texte du discours du pape François lors de la visite au foyer du Bon Samaritain lequel a précédé la récitation de la prière de l’Angelus:

Chers jeunes,
Estimés directeurs collaborateurs et agents pastoraux, Chers amis, Merci, Père Domingo, pour les paroles que vous m’avez adressées au nom de tous. J’ai beaucoup désiré cette rencontre avec vous qui êtes ici dans ce foyer El Buen Samaritano, et aussi avec les autres jeunes présents venus du Centre Juan Pablo II, du foyer San José de las Hermanas de la Caridad et de la “Casa del Amor”, de la Congrégation Hermanos de Jesus Kkottonngae. Etre ici avec vous est pour moi un motif pour renouveler l’espérance. Merci de le permettre.

En préparant cette rencontre, j’ai pu lire le témoignage d’un membre de ce foyer qui m’a touché le cœur parce qu’il disait : « Ici, je suis né de nouveau ». Ce foyer, et tous les centres que vous représentez, sont le signe de cette vie nouvelle que le Seigneur veut nous donner. Il est facile de confirmer la foi de frères en la voyant agir, oindre les blessures, soigner l’espérance et encourager à croire. Ce ne sont pas seulement ceux que nous pourrions appeler les “premiers bénéficiaires” qui naissent ici de nouveau ; ici l’Eglise et la foi naissent et se recréent continuellement par la charité.

On commence à naître de nouveau quand l’Esprit Saint nous donne les yeux pour voir les autres, comme le disait le Père Domingo, non seulement comme nos proches – et c’est déjà beaucoup – mais comme notre prochain.

L’Evangile nous dit qu’une fois on demanda à Jésus : Qui est mon prochain ? (cf. Lc 10, 29). Il n’a pas répondu par des théories, il n’a pas fait de discours gentil ou élevé, mais il a utilisé une parabole – celle du Bon Samaritain –, un exemple concret de la vie réelle que vous tous connaissez et vivez très bien. Le prochain est avant tout un visage que nous rencontrons en chemin, et par lequel nous nous laissons déplacer et émouvoir : déplacer nos schémas, nos priorités, et émouvoir intimement par ce que vit cette personne, afin de lui donner un lieu et un espace dans notre agir. Le Bon Samaritain l’a compris ainsi face à l’homme qui avait été laissé à moitié mort sur le bord de la route, non seulement par des bandits mais aussi par l’indifférence d’un prêtre et d’un lévite qui ne firent rien pour l’aider, parce que l’indifférence, elle aussi, blesse et tue. Les uns pour quelques pauvres pièces, les autres par crainte de se contaminer, par mépris ou dégoût social, ils ne voyaient pas de problème à laisser cet homme étendu sur la route. Le Bon Samaritain, comme toutes vos maisons, nous montre que le prochain est en premier lieu une personne, quelqu’un avec un visage concret, réel, et non pas une chose par-dessus laquelle passer ou à ignorer, quelle que soit sa situation. C’est le visage qui révèle notre humanité tant de fois souffrante et ignorée.

C’est le visage qui gêne superbement la vie parce qu’il nous rappelle et nous met sur le chemin de ce qui est vraiment important, et nous délivre de banaliser et de rendre inutile notre suite du Seigneur.

Etre ici, c’est toucher le visage silencieux et maternel de l’Eglise qui est capable de prophétiser et de créer des foyers, de créer des communautés. Le visage de l’Eglise qui normalement ne se voit pas et passe inaperçu, mais qui est le signe de la miséricorde tendre et concrète de Dieu, le signe vivant de la bonne nouvelle de la résurrection qui agit aujourd’hui dans notre vie.

Créer un “foyer”, c’est créer une famille. C’est apprendre à se sentir unis aux autres au-delà des liens utilitaires ou fonctionnels qui nous font sentir la vie un peu plus humaine. Créer un foyer, c’est faire en sorte que la prophétie prenne corps et rende nos heures et nos jours moins inhospitaliers et anonymes. C’est créer des liens qui se construisent par des gestes simples, quotidiens et que nous pouvons tous faire. Un foyer, et tous, nous le savons très bien, a besoin de la collaboration de chacun. Personne ne peut être indifférent ou étranger puisque chacun est une pierre nécessaire à la construction. Et cela implique de demander au Seigneur de nous donner la grâce d’apprendre à avoir de la patience, à se pardonner ; apprendre tous les jours à recommencer. Et combien de fois pardonner ou recommencer ? Soixante-dix fois sept fois, chaque fois qu’il le faut. Créer des liens forts exige de la confiance qui se nourrit tous les jours de patience et de pardon.

Il se produit ainsi le miracle dans l’expérience qu’ici on naît de nouveau ; ici, tous, nous naissons de nouveau, parce que nous sentons agir la caresse de Dieu qui nous permet de rêver le monde plus humain et, par conséquent, plus divin.

Merci à vous tous pour l’exemple et la générosité ; merci à vos Institutions, aux volontaires et aux bienfaiteurs. Merci à ceux qui rendent possible le fait que l’amour de Dieu se fait chaque fois plus concret et réel, en regardant les yeux de ceux qui sont tout autour, et en nous reconnaissant comme prochains.

Maintenant que nous allons prier l’Angélus, je vous confie à notre Mère la Vierge. Nous lui demandons, en bonne Mère experte en tendresse et en proximité, de nous apprendre à être attentifs pour découvrir chaque jour qui est notre prochain, et de nous pousser à sortir avec diligence à sa rencontre, et de pouvoir lui donner une accolade, un foyer où il trouve refuge et amour des frères. Une mission dans laquelle nous sommes tous engagés.

Je vous invite maintenant à mettre sous son manteau toutes vos inquiétudes et besoins, les douleurs que vous portez, les blessures dont vous souffrez afin que, en Bonne Samaritaine, elle vienne à nous et nous porte secours par sa maternité, par sa tendresse, par son sourire de Mère.

Angelus Domini …

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