Image: Courtoisie de CNS
La semaine dernière, le représentant du Saint-Siège aux Nations-Unies l’archevêque Bernardito Auza a prononcé un discours important devant les participants de la 59e Session de la Commission sur la condition de la femme. Ce discours peut, non seulement nous informer sur les grandes orientations de la diplomatie vaticane dans le monde mais également nous donner d’importantes informations sur les véritables défis auxquels font face les femmes aujourd’hui dans le monde.
Une diplomatie au service de la paix
Comme l’a affirmé le Cardinal Parolin, Secrétaire d’État du Vatican dans une entrevue accordée au père Thomas Rosica dans le cadre de l’émission Témoin sur Sel + Lumière : « la diplomatie du Saint-Siège a pour but fondamental d’aider les pays à garder la paix au centre de leurs préoccupations ». Cette orientation fondamentale se retrouve dans la déclaration de Mgr Auza. En effet, bien que le Saint-Siège ait souvent été dépeint d’une manière négative par beaucoup de médias idéologiquement orientés, cela ne l’empêche pas d’être l’une des plus grandes diplomaties du monde et des plus actives. Face aux fausses idées reçues, il est important de réaffirmer que le Vatican est officiellement présent dans presque tous les pays du monde et que dans chacun de ceux-ci, il est directement impliqué dans des œuvres d’éducation, de soins de santé, d’aide aux plus démunis, etc. Les informations recueillies dans chacun de ces pays sont envoyées au Vatican. Celui-ci est donc en mesure de se faire une idée claire et précise, entre autres, de la situation réelle des femmes dans le monde et des défis auxquels elles sont confrontées. De plus, contrairement à d’autres États qui ont à défendre d’abord et avant tout leurs propres intérêts, le Saint-Siège dispose, outre une probité morale indéniable, une grande objectivité puisqu’il n’a pas d’autres intérêts que la défense des droits de la personne et la promotion de la paix. Pour toutes ces raisons, les gouvernements du monde auraient avantage à lire ce discours du Saint-Siège et, au regard de celui-ci, réexaminer leurs propres politiques.
Des progrès à souligner
Pour le Saint Siège, la lutte constante pour faire respecter la dignité des femmes porte des fruits et doit être poursuivie. En effet, selon le Nonce apostolique et observateur permanent du Vatican au Nations Unies :
« Il y a eu des progrès considérables en ce qui a trait à la cause des femmes dans plusieurs pays, spécialement dans les domaines de l’éducation, de la représentation politique et économique. Aussi, de plus en plus de femmes dirigent d’importantes initiatives publiques et privées pour remédier à la discrimination, à la pauvreté et pour faire face à tous les défis que rencontrent les femmes aujourd’hui. »[4]
Selon le Vatican, la lutte contre la pauvreté en général et, particulièrement celle qui touche les femmes, passe par davantage d’éducation. En effet, l’Église catholique a toujours priorisé l’éducation comme moyen privilégié pour lutter contre la pauvreté. Au Québec, sainte Marie de l’Incarnation manifeste parfaitement le souci constant de l’Église dans l’éducation des jeunes filles. Aujourd’hui encore, trop de femmes n’ont pas eu la chance de recevoir le minimum d’éducation requis pour fonctionner en société, comme par exemple savoir lire et écrire, et ainsi ne peuvent pas faire respecter leurs droits et prendre leur place dans la société. Lorsqu’un tel état de fait touche une société, on ne peut se surprendre que ce même pays ait de la difficulté à émerger et à sortir de la pauvreté. À l’exemple de l’Église catholique, les gouvernements du
monde devraient comprendre que l’une des priorités d’une société en santé se trouve dans l’éducation de toute sa population, femmes comprises.
Une promotion intégrale et réaliste
Un autre aspect de la déclaration de Mgr Auza se trouve dans le lien qu’il fait entre la pauvreté des femmes et la crise de la famille. La particularité de ce lien est qu’il est malheureusement négligé voir même nié. En effet, il n’est pas rare de voir certaines organisations, se revendiquant des droits de l’homme, faire la promotion d’une culture individualiste qui tend à ne plus reconnaître la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme comme étant la cellule de base de la société. C’est, par exemple, ce que l’on voit lorsque les gouvernements font la promotion de « l’idéologie du genre ». Cela est d’autant plus vrai que ces mêmes pays font parfois du chantage auprès des populations dans le besoin pour qu’elles souscrivent à leurs idées opérant ainsi un véritable « colonialisme idéologique ». Comme l’affirme l’archevêque Auza :
« Les études démontrent que des structures familiales fragiles et le déclin du mariage des populations pauvres sont étroitement liés à la pauvreté des femmes. Des mères monoparentales sont abandonnées et se retrouvent seules avec leurs enfants. Beaucoup de mères dans ces situations de détresse ne peuvent envoyer leurs enfants à l’école et, ainsi, cela les entraîne dans le cercle vicieux de la pauvreté et de la marginalisation »[8].
Entreprendre une lutte contre la pauvreté faite aux femmes présuppose donc des politiques cohérentes et fidèles aux droits de l’homme faisant la promotion de la famille au niveau national et international. Cela peut se faire en favorisant des politiques familiales qui respectent les exigences d’une « écologie globale » [9] et, donc, les spécificités masculines et féminines. Par exemple, une reconnaissance accrue, par des allocations familiales, du rôle des mères de famille qui choisissent librement de dédier leur vie à l’éducation d’une famille nombreuse pourrait être un pas vers une plus grande justice, en plus de contrecarrer la « culture du déchet » par un environnement familial apte à inculquer une culture du don de soi.
En conclusion, le discours du représentant du Saint-Siège à l’ONU doit être considéré comme un pas important vers la compréhension des véritables causes de la pauvreté des femmes dans le monde. Tant dans sa connaissance de la réalité du terrain que par son expérience à enseigner, défendre et faire valoir les droits de l’homme partout dans le monde, l’Église est en mesure de participer à l’élaboration d’une lutte globale contre les injustices faites aux femmes. Espérons que son message trouvera dans nos gouvernements une oreille attentive.
[4] (Traduction : Francis Denis) http://www.news.va/fr/news/244773
[8] Traduction : Francis Denis) http://www.news.va/fr/news/244773