Quand je pense à la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, que nous vivons cette semaine, il y a une conversation qui revient sans cesse à ma mémoire. Il y a quelques années, alors que je me retrouvais dans un café, j’ai reçu l’appel d’une amie, qui était, elle aussi, catholique. Notre conversation est passée par plusieurs chemins, mais nous nous sommes arrêtées longtemps sur notre vie de foi. Notre échange était simple, facile et encourageant. Grâce à cet appel, j’étais remplie de joie et je me sentais revigorée.
M’apprêtant à repartir, et passant devant une dame qui était assise près de moi, celle-ci m’a interrompu. Elle avait entendu des bouts de ma conversation au téléphone avec mon amie et se réjouissait de rencontrer une jeune chrétienne. Nous nous sommes lancés dans une conversation sur la foi, en parlant de nos églises, de la prière, de notre relation avec le Christ. Il y avait un véritable désir de communion. Mais ce qui au départ semblait nous unir est subitement devenu un point de divergence. Au lieu de conclure dans la paix et la reconnaissance de l’autre, ça s’est terminé dans un tête-à-tête où ni l’une ni l’autre ne voulait céder.
L’Église nous propose, durant cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, de réfléchir sur le sens du récit de la rencontre entre la Samaritaine et Jésus au puits de Jacob (Jean 4, 1-42). Tiré du texte est le thème pour cette année : Jésus dit à la femme : « Donne-moi à boire ». Ce qui est au départ une rencontre inhabituelle, un dialogue incertain du point de vue de la femme, devient le point tournant dans la vie de la Samaritaine. Jésus va jusqu’au bout de la vérité sur cette femme. Par cette échange, elle est ensuite capable de reconnaitre la vérité sur Jésus, sur son identité de Messie. Profondément changée par cet évènement, elle l’annonce aux gens autour d’elle.
On a soif, comme la Samaritaine et comme Jésus, de cette reconnaissance. Elle est même nécessaire, selon le pape François, puisqu’elle nous révèle un peu plus du mystère de Dieu. Dans son exhortation apostolique Evangelii Gaudium, il dit « Et si vraiment nous croyons en la libre et généreuse action de l’Esprit, nous pouvons apprendre tant de choses les uns des autres! Il ne s’agit pas seulement de recevoir des informations sur les autres afin de mieux les connaître, mais de recueillir ce que l’Esprit a semé en eux comme don aussi pour nous ». On pourrait alors en tiré la conclusion suivante : ce que l’Esprit a semé en nous peut aussi être don pour les autres.
Le dialogue entre les chrétiens peut parfois être angoissant. Comme dans tout dialogue, on peut faire face au rejet voir jusqu’au mépris. Jésus a risqué cette humiliation lorsqu’il s’est arrêté pour demander à boire à la Samaritaine. Ce que le texte nous apprend, et auquel nous sommes invités, c’est que l’unité entre les chrétiens est rendue possible lorsque nous risquons, comme Jésus, de faire le premier pas.
Si je pouvais retourner en arrière, reprendre cette conversation avec cette femme, et dialoguer avec elle dans l’humilité plutôt que dans la peur, je pourrais plutôt m’émerveiller devant l’œuvre de Dieu dans sa vie plutôt que de lui imposer mes attentes et mes propres normes. Mais nous n’arriverions pas, du premier coup, à trouver l’unité parfaite ce qui restera, pour tous les chrétiens, un travail long et « artisanale » (Evangelii Gaudium, 244), comme le dit le pape François.
De plus, la recherche de l’unité entre les chrétiens doit s’étendre à nos relations avec toutes les églises chrétiennes. En novembre dernier, nous avons célébré le 50e anniversaire du décret sur l’œcuménisme, pour la restauration de l’unité entre les chrétiens, qui est paru suite au Concile Vatican II. La conférence des évêques du Canada a même publié un document, « Une Église en dialogue », qui donne un compte rendu des progrès mais aussi des défis qui apparaissent dans le dialogue œcuménique depuis le Concile jusqu’à aujourd’hui. Le document évoque d’ailleurs le rôle de la prière pour et avec d’autres chrétiens. Cette prière, comme on l’affirme, peut renforcer notre désir de communion et soutenir notre dialogue.
Je dois laisser le dernier mot au pape François qui nous rappelle que « nous sommes pèlerins, et que nous pérégrinons ensemble. Pour cela il faut confier son cœur au compagnon de route sans méfiance, sans méfiance, et viser avant tout ce que nous cherchons : la paix dans le visage unique de Dieu » (Evangelii Gaudium, 244).